* . * . *
close

Criminels, immigrés… Comment la Russie trouve de nouveaux soldats pour son armée

Le siège du mininstère russe des Affaires étrangères à Moscou vu derrière un panneau publicitaire de l'armée avec pour slogan "L'Unité mène à la Victoire!", le 21 novembre 2024




Le 24 février prochain, la guerre entre l’Ukraine et la Russie entrera dans sa quatrième année. Quatre ans d’affrontements meurtriers, de lignes de front presque figées, et de soldats tombés au combat. Et si Kiev rencontre de plus en plus de difficultés à recruter pour renouveler ses effectifs, la situation est tout aussi complexe pour la Russie. Voire davantage : sa tactique visant à pilonner le front de vagues de soldats, très coûteuse en hommes, nécessite un renouvellement quasi permanent des forces. Et alors que le Kremlin se refuse à une impopulaire plus large mobilisation générale, tous les moyens sont bons pour remplacer ses effectifs.Une population représente tout particulièrement une vraie manne de recrutement pour l’armée de Vladimir Poutine : les personnes ciblées par la justice. Alors que depuis 2022, l’envoi de criminels sur le front ne concernait que les personnes condamnées et envoyées en colonies pénitentiaires, le tout en échange d’une amnistie, les conditions ont été largement élargies cette année par de nouvelles lois. Désormais, tous les suspects arrêtés et détenus, mais pas encore jugés, sont désormais informés que les charges à leur encontre disparaîtront s’ils venaient à s’engager sur le front. Le New York Times prend ainsi l’exemple de deux hommes arrêtés pour avoir dissimulé pour 200 kilogrammes de cocaïne dans des conteneurs, et dont toutes les charges ont été abandonnées après que tous deux ont rejoint une brigade d’assaut sur le front.”Vous pouvez tuer des gens, dévaliser une banque ou commettre n’importe quel autre crime, et ensuite aller au front”, explique auprès du New York Times Ruslan Leviev, un analyste militaire russe, expliquant que les autorités russes ont “désespérément besoin d’un grand nombre de personnes” au vu des pertes dans les combats.Mais pour Olga Romanova, à la tête de l’ONG de défense des droits des prisonniers Russia Behind Bars (la Russie derrière les barreaux), cette stratégie s’avère particulièrement dangereuse. Celle-ci explique au quotidien américain que l’État russe est actuellement en train de rompre le lien entre crime et condamnation, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses à long terme sur les taux de criminalité. D’autant plus que tout incite les autorités à développer ce système : selon Olga Romanova, les policiers reçoivent une prime de 100 dollars pour chaque suspect envoyé dans l’armée, un montant grimpant à 500 dollars à Moscou. L’activiste affirme ainsi que près d’un suspect sur cinq fait le choix de rejoindre l’armée plutôt que de suivre la procédure judiciaire jusqu’à son terme ; un recrutement bien moins coûteux pour la Russie que de devoir offrir des primes et incitations financières à des populations civiles pour les convaincre de rejoindre le front.La guerre plutôt que la prisonNéanmoins, cette technique de recrutement est loin de ne concerner que des criminels dont la culpabilité ne fait pas de doute, et qui échapperaient à la prison en partant combattre. De nombreuses personnes innocentes sont également ciblées par des arrestations arbitraires, dans l’espoir qu’elles préfèrent aller sur le front plutôt que de subir une interminable procédure de justice ou une incarcération dans des conditions inhumaines. L’activiste Olga Romanova prend notamment l’exemple d’un ancien procureur et militant d’opposition, qui a préféré signer un contrat avec l’armée plutôt que d’aller en prison, estimant que ses chances d’être tué dans les combats étaient plus faibles. “Les prisons russes sont l’un des endroits les plus horribles au monde. Les conditions sont terribles. En général, les gens choisissent la guerre parce qu’en prison, vous n’êtes personne, vous n’avez aucun droit. Dans la guerre, on peut au moins faire quelque chose, prendre des décisions”, explique Olga Romanova auprès du New York Times.Un autre exemple mis en avant par le quotidien new-yorkais n’est autre que celui d’un ancien médaillé d’or de marche aux Jeux olympiques de Barcelone de 1992, Andrey Perlov. Ce dernier a été arrêté car accusé d’avoir détourné près de 30 000 dollars du club de football qu’il dirigeait, sans qu’aucune preuve n’ait jamais été apportée. Alors qu’il est enfermé dans une colonie pénitentiaire en Sibérie depuis mars à l’âge de 62 ans, et que tous ses comptes bancaires ont été gelés, les autorités russes le poussent à rejoindre le front en repoussant sans cesse sa détention. Sa fille a expliqué au New York Times qu’il songeait de plus en plus à finir par rejoindre l’armée, afin de permettre à sa famille de vivre correctement à nouveau.Les populations immigrées cibléesD’autres publics sont ciblés par Moscou pour gonfler les rangs de son armée. C’est le cas des politiciens emprisonnés pour corruption et cherchant à réparer leur honneur – même si beaucoup d’entre eux rejoignent des unités fantômes destinées aux élites pour faire semblant d’être allé combattre. Les personnes endettées sont également incitées par le Kremlin à rejoindre l’armée : une nouvelle loi, entrée en vigueur le 1er décembre, permet ainsi d’effacer jusqu’à 10 millions de roubles de dettes – l’équivalent d’un peu plus de 86 000 euros – et de suspendre les procédures à l’encontre des personnes acceptant de partir pour le front.Enfin, Moscou recrute également beaucoup dans l’immigration, notamment celle venue de l’ancien bloc soviétique d’Asie centrale. Le New York Times raconte que les autorités russes font régulièrement des descentes à tous les endroits où elles sont susceptibles de trouver de larges groupements d’immigrés ayant récemment obtenu leur citoyenneté russe, que ce soient les gares, les entrepôts ou les marchés, afin de les convoquer au bureau local de conscription, les inscrire pour le service militaire et les emmener de force. Toutes ces personnes sont destinées à rejoindre les brigades d’assaut de l’armée de Poutine, et de servir de chair à canon dans cette guerre dont il est toujours aussi difficile d’apercevoir la fin.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/criminels-immigres-comment-la-russie-trouve-de-nouveaux-soldats-pour-son-armee-HDY2MQZRS5BK5FWZDUFKBGQ4HM/

Author :

Publish date : 2025-01-03 14:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express

.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . %%%. . . * . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - . . . . .