Vendredi 3 janvier, 8h03. Les négociations sont en cours. Les gardes du corps du président déchu sud-coréen donnent finalement le feu vert. Une cinquantaine de fonctionnaires du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) et des policiers pénètrent dans l’enceinte de la résidence présidentielle. Mais la mission est encore loin d’être remplie.Des minibus et des voitures utilisés par le Service de sécurité présidentiel (PSS) bloquent les portes intérieures du bâtiment. Derrière les véhicules : des centaines d’agents du PSS se donnent la main et forment une chaîne humaine. Les enquêteurs devront passer cette nouvelle épreuve pour tenter d’exécuter le mandat d’arrêt contre le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, accusé d’insurrection.Après six heures de confrontation, à 13h30 (heure locale), le CIO renonce finalement à l’arrestation du président déchu, invoquant des inquiétudes pour la sécurité de son personnel. Dans une déclaration, le Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités a exprimé de “profonds regrets” face à cette situation, accusant l’homme politique et son service de sécurité de ne pas avoir respecté les procédures légales. Mais quelques heures après les faits, une question demeure : qui sont ces gardes, prêts à défier la justice pour protéger un président déchu ?Park Jong-joon, l’homme derrière le blocusCréé en 1963, le PSS est l’équivalent sud-coréen du Secret Service américain, chargé d’assurer notamment la sécurité du chef de l’Etat et de la résidence présidentielle. Problème : la loi sur la sécurité présidentielle lui octroie des pouvoirs considérables, lui permettant, par exemple, de prendre toutes les mesures qu’il juge nécessaires pour sécuriser le lieu où se trouve le chef de l’Etat. Ses membres, triés sur le volet parmi les rangs de la police, de l’armée et des services de renseignement, sont commandés par des responsables directement choisis par le président. Son premier chef, Kim Yong-hyun, était d’ailleurs un ancien camarade d’école de Yoon Suk-yeol.A sa tête désormais : Park Jong-joon, le personnage à l’initiative de ce blocus. Né en 1964 à Gongju, dans la province du Chungcheong du Sud, l’actuel chef du PSS a commencé sa carrière en passant l’examen de la fonction publique supérieure en 1985, en tant que plus jeune candidat du concours. Le Sud-Coréen a ensuite passé 26 ans dans les rangs de la police, évoluant à divers postes, avant de prendre sa retraite fin 2011.De 2013 à 2015, il devient le chef adjoint du PSS, sous la présidence de Park Geun-hye, avant de marquer son grand retour au sein du service en septembre 2024, en tant que chef du PSS. Dès sa nomination le ton était donné : “La sécurité du président est une tâche importante directement liée à la sécurité nationale. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour m’acquitter de ma tâche de manière irréprochable et veiller à ce qu’il n’y ait aucune faille dans la protection du président”, avait-il déclaré lors de sa prise de fonction.Un mandat d’arrêt valable jusqu’au 6 janvierD’autres personnes avaient également fait le déplacement ce 3 janvier. Pendant que Yoon Suk-yeol était retranché dans sa résidence, des centaines de ses partisans s’étaient rassemblées à l’extérieur du bâtiment, scandant des slogans promettant de protéger le président déchu. Certains brandissaient même des drapeaux sud-coréens et américains, estimant que l’enquête était motivée par des considérations politiques.Les évènements qui ont conduit à cette crise politique remontent au 3 décembre dernier, date à laquelle le président Yoon Suk-yeol a décrété la loi martiale pour tenter de contrer les “forces antiétatiques” et l’opposition politique. Cette décision, perçue comme un coup de force, a suscité une indignation générale et des retombées politiques immédiates. Quelques heures plus tard, l’Assemblée nationale sud-coréenne annulait la décision à la quasi-unanimité. Le 14 décembre, le Parlement votait la destitution du président. Si le mandat d’arrêt contre le chef de l’Etat est valable jusqu’au 6 janvier, le CIO a, pour le moment, décidé d’annuler son arrestation, jugeant que celle-ci était “pratiquement impossible”.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2025-01-03 16:38:11
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