C’est un scandale dont se seraient bien passées les autorités de Kiev, en difficulté pour renouveler leurs forces sur le front. Les enquêteurs ukrainiens ont indiqué ce jeudi 2 janvier à l’AFP avoir lancé des investigations sur des cas d’abus de pouvoir et de désertions au sein de la brigade “Anne de Kiev”, en partie formée et équipée par la France dans la guerre contre la Russie. “Le Bureau d’enquête de l’État étudie effectivement les faits présentés dans les médias dans le cadre de la procédure pénale engagée en vertu des articles” liés à l’abus de pouvoir et à la désertion, a affirmé à l’AFP Tatyana Sapian, la porte-parole de cette instance officielle.Cette brigade, annoncée par Emmanuel Macron lors de son discours durant les commémorations du 80e anniversaire du débarquement, fait l’objet d’une controverse depuis son retour le mois dernier de France, où ont été formés 2 300 des 4 500 soldats qui la composent. Selon le journaliste ukrainien réputé Iouri Boutoussov, près de 1 700 soldats de la brigade ont déserté, pour la plupart avant même que leur unité ne soit déployée sur le front, et 50 durant la formation en France.Des soldats envoyés “colmater les trous”Ce journaliste a accusé mardi dans un long message sur Facebook le commandement militaire ukrainien d’avoir failli à la formation initiale de la brigade, qui s’est déroulée dans un “chaos organisationnel complet” et d’avoir envoyé ses soldats dans d’autres unités pour y “colmater les trous” en termes d’effectifs. Selon lui, ce qu’il restait de la brigade a été envoyé notamment à Pokrovsk, l’un des secteurs les plus chauds du front Est, tandis que son commandant a été démis de ses fonctions, ainsi que plusieurs de ses subalternes.Le coût de la création de cette nouvelle brigade formée en France est estimé à 900 millions d’euros, avec 80 % de ces fonds qui devaient être investis directement dans l’équipement technique et la formation des soldats. La France a de son côté rempli toutes ses obligations en matière d’armement et de formation de la brigade, souligne le journaliste ukrainien, qui affirme également que le résultat final a “amené les dirigeants français à s’interroger sur le sérieux de l’attitude des Ukrainiens vis-à-vis de la mise en œuvre d’un projet aussi coûteux”.Une “attitude criminelle” envers la vie des soldatsToujours selon Iouri Boutoussov, la brigade n’a pas été équipée en drones ni en équipement de brouillage électronique, des outils devenus essentiels pour les unités militaires dans cette guerre. “A cause de cette attitude criminelle envers la vie des soldats, la 155e brigade a subi des pertes importantes dès les premiers jours”, a-t-il accusé, expliquant que la plupart des soldats de cette unité envoyés sur le front essayaient d’accomplir honnêtement leur devoir, mais n’étaient tout simplement pas suffisamment formés pour les combats.Le journaliste ukrainien pointe comme responsable la chaîne de commandement ukrainienne, que ce soit le président Volodymyr Zelensky, “qui a fait des promesses irréalistes au [président français] Macron et n’a pas du tout contrôlé la situation”, le ministre de la Défense Rustam Umerov, “qui n’a pas prêté attention à la préparation et à l’équipement d’une brigade de combat aussi importante”, ou encore le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky, “qui n’est pas en mesure d’organiser le processus prévu d’organisation, d’entraînement et d’utilisation des réservistes”. “L’enquête est en cours. Il est trop tôt pour parler de résultats préliminaires”, a expliqué pour sa part Tatyana Sapian, la porte-parole du Bureau d’enquête de l’État ukrainien.Les problèmes au sein de la brigade “Anne de Kiev” avaient déjà été dénoncés par la députée ukrainienne Mariana Bezougla, connue pour ses critiques virulentes du haut commandement militaire, qui avait évoqué début décembre une “brigade zombie” formée à des fins de “publicité”.Le président français Emmanuel Macron avait rendu visite début octobre aux soldats de la 155e brigade ukrainienne lors de leur entraînement en France. La France a cédé à cette brigade 128 véhicules de transport de troupes VAB, 18 chars AMX-10, 18 canons automoteurs Caesar ainsi que des camions, des blindés d’évacuation sanitaire, des postes de tirs de missiles antiaériens Mistral et antichars Milan.
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Publish date : 2025-01-03 09:57:14
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