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Face à Trump, Milei, Xi Jinping… La carte maîtresse des Européens, par Pascal Demurger

Le président-élu américain Donald Trump s'exprimant le 5 décembre 2024 lors d'une cérémonie à Miami (Etats-Unis)




Faut-il renoncer à ce que nous sommes pour regagner puissance et liberté ? A l’aube de la seconde investiture de Donald Trump, nous, dirigeantes et dirigeants européens d’entreprises, sommes préoccupés par une politique commerciale américaine dont l’agressivité risque d’atteindre des niveaux inédits, mais aussi par une nouvelle sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris ou encore par la fin revendiquée des politiques de diversité et d’inclusion chez des groupes comme Walmart, Ford et Harley-Davidson. Cette contre-révolution nous pousse donc à nous interroger : sommes-nous condamnés à suivre la même voie ? De la remise en cause du Pacte vert chargé de conduire l’Europe vers la neutralité carbone, jusqu’aux appels, plus marginaux, à importer chez nous les méthodes du président argentin Javier Milei ou du milliardaire Elon Musk pour attaquer notre modèle social et nos institutions “à la tronçonneuse”, la logique est la même : il nous faudrait nous aligner sur les règles du jeu de la concurrence – américaine et chinoise principalement – afin de survivre. Bien évidemment, dans un monde où domine le rapport de force, la naïveté n’a pas sa place. Et naturellement, notre réglementation et nos coûts doivent intégrer un objectif de compétitivité. Cependant, ajustement ne veut pas dire renoncement.La menace de décrochage a beau être réelle, ce serait un profond contresens d’y répondre en engageant un nivellement par le bas qui signifierait un abandon de nos ambitions européennes. Outre les conséquences écologiques, sociales et donc politiques d’un tel scénario, ce serait un mauvais choix stratégique. Notre affaiblissement découle justement d’une mondialisation et d’une concurrence débridées. La crise du Covid suivie de la guerre en Ukraine ont illustré sans équivoque la dépendance et donc la fragilité dans laquelle nous place cette foi aveugle dans l’infaillibilité des marchés.La réponse passe, au contraire, par une réaffirmation de notre singularité européenne. Si nous sommes en phase de décrochage, plutôt que d’effacer ce qui nous distingue, protégeons-le et faisons-en la base de notre puissance. Faisons le choix d’un rapport de force par le haut plutôt que par le bas.Protégeons-nous pour mieux nous émanciperAu moment où nous voulons engager une réindustrialisation verte et l’émergence de filières d’avenir dans la santé ou les semi-conducteurs, n’ayons pas peur d’un protectionnisme assumé pour les secteurs stratégiques concernés. Soutenons la Commission européenne lorsqu’elle augmente les droits de douane sur les voitures électriques importées de Chine et, surtout, appelons à un renforcement de la taxe carbone aux frontières de l’Europe. Au moment où Airbus, modèle de collaboration européenne, fait la démonstration de sa réussite face à un Boeing rongé de l’intérieur par un court-termisme systématique, rendons possible la naissance de nouveaux champions européens pour ne pas être définitivement dominés. Au moment où les Etats-Unis comme la Chine subventionnent massivement la transition de leurs économies, donnons-nous les moyens d’agir par l’emprunt commun, la conditionnalité des marchés publics et un approfondissement du marché unique des capitaux. Au moment, enfin, où la hausse des prix de l’énergie percute nos économies et aggrave notre déficit commercial, avançons sans relâche vers des énergies décarbonées, locales et souveraines. Ce sera la clé pour garantir notre indépendance.Mais ne nous arrêtons pas là. La solidité de notre réponse ne dépendra pas seulement de choix économiques, techniques, opérationnels. Elle dépendra ultimement d’une vision à la fois culturelle, sociétale et politique. L’Europe s’est construite sur des valeurs de paix, de solidarité, de dignité humaine et d’attachement à la démocratie. Les entreprises ont, bien entendu, un rôle à jouer dans la vivacité de ces promesses. Par leurs choix stratégiques, leurs modes de production, leurs pratiques de gouvernance, de recrutement et de management, les entreprises contribuent – ou non – à la stabilité de la société et à la confiance dans l’avenir de tout un chacun. Pour 2025, ne tremblons pas. Protégeons-nous pour mieux nous émanciper.* Pascal Demurger est directeur général du groupe Maif et coprésident du Mouvement Impact France.



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Publish date : 2025-01-06 06:30:00

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Tags : L’Express

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