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Historique, mais décevant : le bilan controversé de Justin Trudeau sur l’environnement

Le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, annonce sa démission, le 6 janvier 2025 à Ottawa.




En novembre 2015, quelques semaines seulement après l’investiture de son gouvernement libéral, Justin Trudeau faisait une apparition remarquée à la COP21 de Paris. Bien décidé à marquer l’histoire en construisant un accord qui ferait la fierté “de nos enfants et de nos petits-enfants”, le Premier ministre canadien voyait l’avenir en vert. Près de dix ans plus tard, son “bilan climatique” est plutôt mitigé. D’un côté, ce qu’il a fait est historique. “Justin Trudeau a réussi là où ses prédécesseurs ont échoué en matière d’environnement. Par exemple, il a été le premier à mettre en place une tarification fédérale sur le carbone, ce qui, en soi, est un accomplissement important”, assure Johanne Whitmore, chercheuse principale à la chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.Côté chiffres, pourtant, le bilan du Premier ministre démissionnaire reste peu flatteur. En émissions de CO2 par habitant, le Canada dépasse la Chine et les Etats-Unis. Entre 2005 et 2023, le pays n’a réduit ces dernières que de 8,5 %, ce qui signifie que le gouvernement n’a plus que quelques années devant lui pour réaliser son objectif ambitieux, une baisse de près de 50 % d’ici à 2030.Parmi les accrocs les plus notables à la feuille de route environnementale canadienne, l’histoire retiendra la déconfiture du plan Arbre, qui devait reconstituer un puits de carbone à l’aide de milliards de plantations, ou l’investissement du gouvernement dans l’oléoduc Trans Mountain. Une infrastructure utile pour l’économie mais qui a heurté la sensibilité des électeurs écolos, sans pour autant rallier les partisans des hydrocarbures.Une taxe carbone contestée mais appliquée”Justin Trudeau a dû faire des compromis, reconnaît Pierre-Olivier Pineau, professeur titulaire de la chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal. Et pour cause : il est très difficile de mettre en place des mesures sur tout le territoire parce que les dix provinces sont très différentes, en particulier l’Alberta qui produit 4,3 millions de barils de pétrole par jour.” Celle-ci serait le sixième producteur mondial, devant le Brésil, si elle était un pays.L’Alberta a aussi une orientation très conservatrice, refusant les taxes, valorisant le transport routier ainsi que les grandes maisons familiales, ce qui fait que la consommation d’énergie par habitant dans cette province est extrêmement élevée, tout comme en Saskatchewan. Ces deux provinces consomment près de 500 gigajoules par personne, contre une moyenne de 220 pour le Canada et moins de 200 en Ontario et au Québec. “Cet appétit les rend particulièrement vulnérables à des taxes carbones, parce que leurs énergies proviennent avant tout du pétrole et du gaz naturel. La résistance du lobby industriel, comme des électeurs, y est donc extrême. Dans ce contexte, il est remarquable que Justin Trudeau ait réussi à mettre une taxe carbone en place, ainsi que plusieurs mesures pour tenter de réduire les émissions de gaz à effet de serre”, assure Pierre-Olivier Pineau.”Sa défaite est davantage liée à son approche décisionnelle qui, de plus en plus, écartait ses conseillers, de même qu’à une série de conflits d’intérêts et de bévues qui nuisaient à sa popularité. Ce long déclin rappelle un peu le parcours de son père, Pierre Elliott Trudeau”, analyse Johanne Whitmore. Reste maintenant à savoir ce qui persistera de son héritage environnemental.Le départ de Justin Trudeau, mais surtout l’élection probable d’un gouvernement conservateur – dans un contexte où même le Nouveau Parti démocratique s’affiche contre la taxe carbone – devraient mener au minimum à un gel des efforts. Le scénario le plus probable est celui d’une régression des politiques environnementales : abolition de la taxe carbone, du barème appliqué à l’industrie basé sur l’intensité des émissions, du plafond de CO2 pour le secteur pétrolier…Philosophe, l’économiste ajoute : “Beaucoup de provinces et de Canadiens, malgré leurs différences, se disaient en faveur de ces politiques au moment où elles ont été votées. Il n’est donc pas impossible qu’un socle minimum reste en place, dans la mesure où les conservateurs n’ont pas de plan cohérent au-delà de leurs slogans.” La raison pourrait prévaloir, même si le contexte politique actuel en fait douter.



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Author : Sébastien Julian

Publish date : 2025-01-10 05:30:00

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Tags : L’Express

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