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Grippe : une épidémie “exceptionnelle”, vraiment ?

Le déclenchement de l'épidémie de grippe, plutôt précoce cette année, vient mettre à l'épreuve un système de santé éprouvé par les vagues récurrentes de Covid, actuellement en pleine reprise, et, chez les bébés, une épidémie de bronchiolite sans précédent depuis une dizaine d'années




Une “centaine” d’hôpitaux, selon le ministère de la Santé, ont dû déclencher leur plan blanc en cette fin de semaine, autrement dit rappeler du personnel normalement en congés et déprogrammer des opérations pour faire face à l’afflux de malades. La faute à la grippe, précoce cette année avec un démarrage juste avant Noël, et qui ne cesse de gagner du terrain depuis. Début janvier, près de 4 000 patients ont dû être hospitalisés après s’être présentés aux urgences pour des syndromes respiratoires.Si l’épidémie est intense, et qu’elle provoque des tensions rarement vues ces dernières années dans les établissements de soins, certains spécialistes se refusent pour autant à la qualifier d’”exceptionnelle”, au moins pour l’instant. A l’instar de la Pr Marie-Anne Rameix-Welti, la responsable du Centre national de référence des infections respiratoires de l’Institut Pasteur à Paris. “Nous avons déjà connu des épisodes de grippe de même ampleur. En ville, la circulation du virus n’est pour l’instant pas beaucoup plus élevée que d’autres années”, constate-t-elle.Une analyse partagée par le Pr Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à Genève et spécialiste de la grippe : “L’épidémie de l’hiver 2024-25 ressemble pour le moment en tous points à une épidémie d’une année de taille moyenne à importante, même si on ne pourra bien sûr préciser cette évaluation qu’après le pic, qui ne semble pas encore atteint.”Trois virus différents en circulationComment expliquer, dans ces conditions, que les hôpitaux débordent ? Pour Marie-Anne Rameix-Welti, l’explication est plutôt à chercher du côté des difficultés propres au système de soins, combiné au calendrier précoce de l’épidémie, qui a démarré juste avant les vacances de Noël. “Pendant la période des fêtes, le relais en médecine de ville a peut-être été un peu moins important. Et on sait que les établissements de soins étaient déjà sous tension avant l’arrivée de la grippe”, souligne-t-elle.Car les virus actuellement présents dans l’Hexagone ne présentent pas de particularité notable. “Aucune donnée n’indique à ce stade que les souches circulantes auraient une virulence exacerbée”, note Antoine Flahault. Principale différence avec les dernières années : trois souches virales circulent actuellement, contre deux habituellement – deux virus A (un H1N1 et un H3N2) et un virus B. Chacun de ces virus attaque plus sévèrement des tranches d’âge différentes dans la population.La grippe de type B est souvent plus sévère pour les plus jeunes. Le virus H1N1 touche plutôt les 18-59 ans. Quant au H3N2, il provoque des formes sévères plutôt chez les personnes âgées, qui n’y ont pas été exposées dans leur enfance car il est apparu dans les années 1960. Cette présence concomitante de trois virus ne suffit toutefois pas à expliquer la situation actuelle selon Marie-Anne Rameix-Welti : “Le H3N2 est en train de monter en puissance mais jusqu’à ces derniers jours, il circulait assez peu.”Vaccination insuffisantePlutôt que les caractéristiques des virus, la vaccination insuffisante de la population semble peser cet hiver encore. Si les chiffres manquent car la campagne n’est pas encore finie, Le Parisien indiquait mi-novembre que le nombre de doses livrées aux pharmacies s’affichait en baisse – 5,9 millions de doses contre 6,7 millions un an auparavant. D’une année sur l’autre, la part de la population immunisée, y compris parmi les populations à risques, ne cesse de s’éroder.Regrettable, alors que jusqu’ici, le vaccin semble plutôt protecteur. “Les premières données encore très préliminaires montrent qu’il évite l’infection chez 40 % des personnes immunisées”, précise Marie-Anne Rameix-Welti. On le sait, ces performances varient tous les ans. Mais cet hiver, les souches retenues correspondent aux virus en circulation. En tout cas pour l’instant, car la souche vaccinale de H3N2 semble un peu moins adaptée : si ce virus venait à prendre plus de place, cela pourrait dégrader l’efficacité du vaccin.Impossible toutefois de savoir comment l’épidémie va évoluer dans les prochains jours et semaines. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte. Le retour des enfants à l’école, moteur traditionnel des épidémies. La météo, le froid étant plus favorable au virus. “Le virus B pourrait disparaître plus vite que d’autres années, et donner une épidémie plus courte, H3N2 pourrait prendre de l’ampleur… avec les virus grippaux, on peut s’attendre à tout”, résume la Pr Rameix-Welti. Une chose est sûre : il est encore temps de se faire vacciner pour se protéger d’une maladie dont on oublie trop souvent qu’elle peut être sévère, voire létale.



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Author : Stéphanie Benz

Publish date : 2025-01-11 15:00:00

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