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Réforme des retraites : le Fonds de réserve, la solution deux en un pour la France, par Nicolas Marques

Un rassemblement à Paris pour demander que les retraites soient augmentées en fonction de l'inflation, le 3 décembre 2024




Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, vient de proposer de piocher dans le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) pour financer la pause sur la réforme des retraites. Ce projet témoigne d’une fuite en avant. Au lieu de vider les réserves, il faut les renforcer. Et pour ceux qui sont attachés au redressement des finances publiques, l’objectif consisterait même à faire du FRR un fonds souverain dédié aux retraites des fonctionnaires.Le FRR est une création de Lionel Jospin. Au début des années 2000, le Premier ministre de François Mitterrand voulait garantir la pérennité des retraites par répartition en créant des réserves significatives, avec un “objet” investissant sur les marchés pour faire face aux déséquilibres à venir. Une idée de bon aloi. Mais sa mise en œuvre fut chaotique.Comme l’a souligné Eric Lombard lorsqu’il était patron de la Caisse des dépôts, avant de devenir ministre de l’Economie, les gouvernements successifs n’ont pas résisté à la tentation de puiser dans ce fonds. Bilan : les réserves placées n’ont jamais atteint le niveau prévu. Elles représentent aujourd’hui à peine une vingtaine de milliards d’euros, alors que Lionel Jospin tablait sur sept fois plus. Du point de vue financier, cela constitue une gabegie, avec un manque à gagner pour le contribuable qui se chiffre en dizaines de milliards d’euros.Depuis 2011, le FRR a rapporté 13 milliards d’euros de gains, en dépit de sa petite taille. S’il avait été alimenté comme prévu initialement, il aurait rapporté 76 milliards d’euros à la collectivité, soit six fois plus, selon la dernière étude de l’Institut Molinari. Le brûlant sujet des retraites serait donc moins problématique.Renforcer le Fonds de réserve des retraitesQu’Olivier Faure propose de vider ce trésor de guerre mis en place par l’un de ses prédécesseurs à la tête du Parti socialiste témoigne d’un fort degré d’incompréhension. Ces réserves sont insuffisantes et la priorité devrait être de les consolider car dans tous les régimes de retraite bien gérés – qu’il s’agisse de l’Agirc-Arrco ou des professions libérales -, elles ont montré leur utilité. Et lorsque l’Etat cherche périodiquement à s’en emparer, les partenaires sociaux montent au créneau pour l’en dissuader. C’est d’ailleurs ce qui a manqué au Fonds de réserve pour les retraites : une vraie protection, avec des acteurs défendant les intérêts collectifs de long terme contre les appétits à court terme de l’Etat.Une vraie façon de protéger le FRR serait d’en faire un fonds souverain dédié aux retraites des fonctionnaires. Cela permettrait à l’Etat d’économiser à terme une soixantaine de milliards d’euros par an. On l’oublie souvent, mais l’Etat gère les retraites de ses agents sans respecter les règles qui sont imposées aux employeurs classiques. Or ses dépenses de retraite ont triplé en plus de quarante ans. Elles représentent 62 milliards d’euros en 2023, contre l’équivalent de 20 milliards d’aujourd’hui en 1977. L’explosion de cette dépense explique une part significative du déficit public structurel et la dégradation du service public rendu aux contribuables. L’Etat n’a rien provisionné, n’a pas placé de capitaux pour autofinancer les pensions qu’il verse à ses anciens employés. A titre d’illustration, si l’Etat avait provisionné une partie des retraites de ses fonctionnaires, comme le fait le Sénat, il aurait économisé 35 milliards d’euros en 2023. Mieux, il aurait réalisé 60 milliards d’économies s’il avait provisionné toutes les retraites de ses personnels, comme le fait la Banque de France pour les pensions de ses agents.Plutôt que de vider définitivement le Fonds de réserve des retraites, il faudrait donc le renforcer, quitte à financer cet investissement par de l’endettement, à l’instar des projets de nos voisins allemands ou espagnols. Si le FRR se voyait confier le provisionnement des retraites de la fonction publique d’Etat, une montée en puissance sur une quarantaine d’années, avec 1 % du PIB investi par an, permettrait de créer un fonds souverain représentant 90 % du PIB. D’ici à 2070, les intérêts dégagés permettraient de financer l’intégralité des retraites versées par l’Etat à ses personnels et la charge d’intérêt liée à la montée en puissance du fonds. Accessoirement, nous disposerions d’un fonds souverain, dont une partie serait investie en France et en Europe, zones où l’innovation et la croissance sont à la traîne, faute de financements de long terme. Si l’on veut préserver nos retraites, il faut accepter d’investir, ce qui devrait aussi rassurer les marchés financiers, inquiets de l’incapacité de la France à corriger ses lacunes structurelles.* Nicolas Marques est directeur général de l’Institut économique Molinari



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Author : Béatrice Mathieu

Publish date : 2025-01-11 11:00:00

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Tags : L’Express

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