Votée en 2023, la réforme des retraites suscite toujours des débats, et son maintien ou non pourrait être déterminant pour le gouvernement de François Bayrou. Alors que l’ex-Premier ministre Michel Barnier refusait toute évolution, François Bayrou a rouvert le dialogue, proposant une concertation de “neuf mois” – avant d’évoquer plutôt “six” – pour “reprendre” la réforme, sans stopper sa mise en œuvre et sans compromettre l’équilibre financier du système. Certains partis et partenaires sociaux réclament néanmoins sa suspension, ou un gel, voire une abrogation. Interviewée sur France 2 samedi matin, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas (LR), a affirmé “qu’aujourd’hui tout (était) sur la table”. “Toutes les demandes ont été entendues”, mais “il faut trouver le chemin qui permette de ne pas dégrader les finances publiques et même de les améliorer”, a-t-elle dit. L’Express fait le point. Demande d’abrogation Des socialistes aux insoumis, la gauche et l’ensemble des grandes organisations syndicales, demandent toujours l’abrogation de la mesure phare de la réforme des retraites de 2023, qui décale progressivement l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. A la sortie d’une réunion de travail mercredi dernier à Bercy, menée par le ministre de l’Économie Éric Lombard, la cheffe des écologistes, Marine Tondelier a ainsi déclaré que “l’abrogation de la réforme des retraites est une condition nécessaire”. La CGT, par la voix de sa secrétaire générale, Sophie Binet, a également donné sa position en faveur de l’abrogation, indiquant toutefois être dans le flou par rapport aux velléités du gouvernement Bayrou. “Les choses sont beaucoup trop nébuleuses, nous n’avons pas eu de réponse à nos questions sur la nécessité, un, de parler du financement de l’abrogation de la réforme des retraites et pas d’autres sujets, et deux, la nécessité de bloquer immédiatement l’application de la réforme”, a déclaré Sophie Binet à l’issue d’un entretien à Bercy avec le ministre. Mais l’abrogation ne semble pas être une option pour le gouvernement car elle coûterait – selon un document de l’Assurance retraite révélé par Les Echos – 3,4 milliards d’euros en 2025, et près de 16 milliards en 2032. La Sécu est déjà à l’os, son déficit atteignant 18 milliards en 2024.Gel de l’entrée en vigueur Si le parti socialiste prône, comme le reste de la gauche, une abrogation, il ne s’est pas montré réticent à un compromis, avec plutôt l’idée d’un gel de la réforme. Autrement dit, que l’âge légal de départ, censé atteindre progressivement 64 ans, soit “figé” à son niveau actuel de 62 ans et demi, et ce sans poser une limite de temps a priori, a-t-il précisé auprès de l’AFP. “La concession majeure que nous demandons, c’est de geler l’entrée en vigueur de la réforme des retraites”, a une nouvelle fois martelé sur BFMTV samedi le porte-parole du groupe PS à l’Assemblée, Arthur Delaporte, selon qui l’exécutif “a envie d’aboutir”. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a de fait affirmé dimanche attendre du Premier ministre François Bayrou qu’il prononce mardi lors de sa déclaration de politique générale (DPG) le mot “suspension” de la réforme des retraites.Pour sa part, l’ex-président François Hollande, député PS de Corrèze, a appelé sur France 3 à ouvrir une négociation “le plus tôt possible” avec les partenaires sociaux et à une suspension dans le même temps des “effets les plus négatifs” de la réforme des retraites. “S’il y a une grande avancée sur les retraites, ça vaut accord de non-censure”, a reconnu de son côté le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel ce lundi matin sur RTL.Le Premier ministre paraît enclin à une suspension du texte pendant six mois, rapporte Le Point. “Quand je lui ai dit qu’il fallait bloquer l’application immédiate de la réforme des retraites […] il ne m’a pas dit “non””, a déclaré à l’hebdomadaire la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, après avoir été reçue à Matignon mercredi. Dans sa dernière édition, le journal La Tribune Dimanche indique en outre que l’exécutif envisage une mise en pause de la réforme jusqu’à l’été, laissant les partenaires sociaux à la manœuvre. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a affirmé dimanche “ne pas être opposée par principe” au fait d'”arrêter” brièvement la réforme des retraites pour en “rediscuter”. La réforme “n’est pas parfaite”, et même “injuste”, et “il y a beaucoup de sujets à discuter encore”, que ce soit sur la pénibilité, les carrières longues ou les retraites des femmes, a-t-elle souligné, sans se dire explicitement pour une “suspension” de la réforme des retraites.La droite pour le statu quoMais cette suspension divise le camp présidentiel, certains mettant en avant le coût d’une telle manœuvre. “Suspendre c’est abroger, il faut arrêter de jouer sur les mots. On ne peut pas se permettre de détricoter la réforme des retraites”, a prévenu le député macroniste Mathieu Lefèvre sur RMC.Sur l’aile droite de l’échiquier politique, le refus de concessions sur la réforme semble implacable. La droite menace ainsi de quitter le gouvernement si François Bayrou cède trop face à la gauche. Dans un entretien accordé au Parisien, le patron des députés LR Laurent Wauquiez a estimé que “suspendre (la réforme) sans scénario alternatif” reviendrait à “sauter dans le vide sans parachute”. “Ce sera sans la Droite républicaine !”, a-t-il mis en garde.Toujours dans les colonnes du Parisien dimanche, le président du Sénat, Gérard Larcher, a aussi déclaré ne vouloir “ni suspension ni abrogation” de la réforme des retraites. “Le message est clair : ni suspension ni abrogation ! Mardi, le Premier ministre fera le choix. Au Sénat, je ne conduirai pas une procédure de suspension ou d’abrogation”, a dit le responsable LR, qui prévient : “participation (au gouvernement) ne veut pas dire renoncement”.
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Publish date : 2025-01-13 12:45:06
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