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Malgré la crise économique, l’Allemagne a un avantage par rapport à la France, par Jean-François Copé

Olaf Scholz et son probable successeur Friedrich Merz lors d'un vote au Bundestag, le 16 décembre dernier.




L’économie française a rarement été aussi déstabilisée qu’au cours des six derniers mois. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, le CAC 40 a chuté de 7 %, la note souveraine du pays a été une nouvelle fois dégradée, le déficit public a atteint 6,1 % du PIB. Une dérive qui inquiète légitimement 90 % des Français, un niveau record depuis le Covid-19. En ce début d’année 2025, la France n’est cependant pas seule à affronter les turbulences. Tandis que, dans l’Hexagone, la crise politique menace de devenir économique, de l’autre côté du Rhin, c’est une crise économique qui a fait chuter la coalition menée par Scholz.Renversé le 16 décembre 2024, le chancelier a payé le prix de la triple dépendance de l’économie allemande : énergétique, sécuritaire et commerciale. Ces relations, qui garantissaient encore récemment la prospérité de l’Allemagne dans une Europe en paix, sont devenues des contraintes majeures et exigent d’importants efforts pour s’en libérer. Sur le plan énergétique, après avoir renoncé au nucléaire, l’Allemagne a bâti sa compétitivité sur le gaz russe, bon marché et abondant, qui représentait jusqu’à 55 % de ses importations. Mais la guerre en Ukraine a bouleversé cet équilibre : ruptures d’approvisionnement et flambée des coûts ont frappé de plein fouet l’industrie allemande. Le débat sur un retour de l’atome, garant d’une souveraineté énergétique et de la stabilité des prix, refait aujourd’hui surface, soutenu par une partie de l’opinion publique et une droite plus pragmatique. La sécurité constitue une autre dépendance allemande. Longtemps protégée par les Etats-Unis, Berlin a limité ses dépenses militaires. Mais le retour de la guerre sur le continent européen, combiné à une Amérique de plus en plus isolationniste, oblige désormais le pays à rattraper le retard accumulé. Enfin, sur le plan commercial, l’Allemagne subit à la fois les menaces protectionnistes d’un président américain déterminé à augmenter les droits de douane – une mesure qui pourrait coûter 1 % du PIB allemand –, et les conséquences du marasme économique chinois. Pékin, longtemps moteur des exportations allemandes est désormais un concurrent redoutable dans plusieurs secteurs industriels. De plus, la nouvelle stratégie allemande visant à réduire la dépendance aux composants chinois pour sécuriser ses chaînes d’approvisionnement a pesé sur les échanges. Ainsi en un an, les exportations totales allemandes ont d’ores et déjà chuté de 3,5 %.Résultat, l’Allemagne entre dans sa deuxième année consécutive de récession, une situation inédite depuis 2009. Les mastodontes de l’industrie, symboles de la renommée de la “Deutsche Qualität”, se retrouvent dans la tourmente. Volkswagen prévoit la suppression de 35 000 emplois, soit 29 % de ses effectifs en Allemagne. L’équipementier automobile ZF Friedrichshafen va réduire ses effectifs d’un quart soit de 14 000 postes. Bosch prévoit 3 850 licenciements dans le pays, Continental, 5 000 suppressions de postes principalement dans ses usines allemandes. Ces annonces ne sont probablement que le début d’une longue série noire : près de 40 % des entreprises envisagent des suppressions de postes en 2025, et un tiers d’entre elles vont réduire leurs investissements sur le territoire allemand.C’est dans ce contexte et face à l’incapacité à s’accorder sur des mesures de soutien à l’économie que la rupture entre sociaux-démocrates, libéraux et écologistes a été consommée : renvoi le 6 novembre dernier du ministre des Finances, suivi le mois suivant de l’échec du vote de confiance envers le chancelier. Un désaveu qui a conduit à la dissolution du Bundestag et entraînera la tenue de nouvelles élections en février. Mais contrairement aux Français, contraints de subir l’instabilité la plus anxiogène qui soit pendant encore de longs mois, nos voisins allemands auront l’opportunité de clarifier rapidement la situation : sortir leur pays de la paralysie politique mais surtout permettre au nouveau gouvernement fédéral d’apporter des solutions pour relancer l’économie. De quoi nous laisser rêveur sur l’autre rive du Rhin…Jean-François Copé, ancien ministre, est maire (LR) de Meaux



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Author : Jean-François Copé

Publish date : 2025-01-13 15:15:00

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Tags : L’Express

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