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Face à Donald Trump, la stratégie de la Chine pour inonder le monde de ses exportations

Le président chinois Xi Jinping salue à son arrivée sur la base aérienne de Callao, près de Lima où il doit participer au sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec), au Pérou, le 14 novembre 2024




“L’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combat”. Ce précepte de Sun Tzu, issu de L’Art de la guerre, semble avoir été suivi par Pékin à la lettre dans sa politique commerciale. Des panneaux solaires aux biens de consommation, les produits chinois bon marché ont submergé le monde, mettant en péril la compétitivité des industriels en Europe et ailleurs. Rien ne semble arrêter cette déferlante : la Chine a affiché cette semaine des exportations en hausse de 7 % en yuans en 2024, propulsant son excédent commercial à un nouveau record.On le sait, son secteur manufacturier est toujours puissant, mais la demande intérieure ne suit plus. Si bien que le pays se retrouve en surcapacité dans une vaste panoplie de produits. Face à la menace de Washington de lui infliger des tarifs douaniers de 60 %, la deuxième économie mondiale va devoir trouver d’autres marchés pour déverser son surplus. Et elle ne manque pas d’options. “La mise en place de nouveaux droits de douane américains ne fera qu’accélérer le développement des échanges commerciaux de la Chine avec les pays du Sud global – l’Afrique, l’Asie du Sud-Est et les BRICS +”, explique Olivier Scalabre, directeur général de BCG France. Dans un récent rapport, le cabinet de conseil prédisait que, même en l’absence d’une nouvelle politique douanière, le commerce de la Chine avec les pays du Sud global augmenterait de 1 250 milliards de dollars d’ici 2033, soit un rythme de croissance annuel moyen de 5,9 %.Fragilité européenneEt l’Europe dans tout ça ? Sur le Vieux Continent, dont l’économie est déjà ralentie, l’inquiétude monte. “Ce flot chinois risque d’accentuer la désindustrialisation européenne, d’autant plus que les pressions américaines inciteront les entreprises chinoises à baisser encore plus leurs prix à l’export pour écouler leurs marchandises”, anticipe Camille Boullenois, directrice adjointe de l’organisme de recherche Rhodium Group. Si l’Union européenne a haussé le ton face à la Chine, notamment sur la question des véhicules électriques, sa fragilité persiste. “Le problème est que les leviers européens pour assurer sa défense commerciale sont limités. La Commission peut lancer des investigations anti-subventions, mais ces procédures sont longues et doivent être menées produit par produit, ce qui limite leur réactivité et leur portée”, poursuit la chercheuse.En parallèle, les entreprises chinoises pourraient être incitées à investir directement dans des pays cibles afin de contourner les éventuelles mesures protectionnistes, soulignent les experts de Coface dans un rapport. En Europe, c’est déjà le cas : la Hongrie a accueilli à bras ouverts la construction d’une usine du géant des batteries CATL, tandis que le fabricant de turbines d’éoliennes Mingyang prévoit de s’installer en Italie. Olivier Scalabre ne s’en inquiète pas, jugeant même que les Européens pourraient tirer profit de cette présence : “il y a quelques années, les Chinois avaient sollicité l’aide de l’Europe pour bâtir leur tissu industriel. A notre tour, nous pourrions solliciter leur soutien pour développer des filières où ils possèdent une avance significative, comme celles des batteries ou de la microélectronique par exemple”.Relancer la demande intérieureEn attendant, rien ne garantit que Pékin parviendra à écouler tous ses stocks. Car les Etats-Unis ne sont pas les seuls à être irrités par le déversement du “made in China” et à considérer des barrières pour endiguer ce rouleau compresseur. L’Indonésie, par exemple, a évoqué de possibles droits de douane de 200 % sur certains produits. “À plus long terme, si les entreprises chinoises peinent à diversifier leurs débouchés, les barrières douanières pourraient entraîner des faillites dans le secteur industriel”, imagine l’expert de BCG France.Une autre solution pour absorber ce surplus serait de stimuler la consommation intérieure. Sauf que la confiance des consommateurs n’est pas au rendez-vous. “Pour l’instant, les mesures annoncées par le gouvernement sont insuffisantes pour relancer cette demande sur le long terme”, estime Camille Boullenois.A Pékin, on ferme les yeux sur le problème. Dans un communiqué datant d’avril dernier, l’ambassade chinoise en France s’est autorisée quelques piques. “La théorie de la surcapacité chinoise révèle au fond le déclin de la compétitivité des industries occidentales”. Et en a profité pour donner un conseil : “l’Occident devra redoubler d’efforts pour rattraper son retard, plutôt que de se plaindre du système économique “trop efficace” de la Chine”. A méditer.



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Author : Tatiana Serova

Publish date : 2025-01-18 06:45:00

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Tags : L’Express

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