Ah, l’Europe, ce bastion de la pensée avancée, terre de l’innovation et du progrès… ou pas. Si l’on suit le mantra du président Macron, une “nouvelle internationale réactionnaire” serait en train de naître. Mais ne vous y trompez pas, chers lecteurs, l’ennemi n’est pas là où il le prétend. Non, l’internationale réactionnaire véritable, celle qui fait reculer le progrès et ferme les portes de l’avenir, n’a pas le visage d’un milliardaire génial et mégalomaniaque. Elle a celui, banal, d’un bureaucrate par la faute duquel, comme nous l’apprend le Financial Times, des fabricants de voitures européens, déjà exsangues, pourraient devoir payer des milliards d’euros à des entreprises chinoises de véhicules électriques sous forme de crédits carbone pour compenser la pollution qu’elles émettent. Ou celui d’un législateur qui encadre et brime l’intelligence artificielle avant même qu’émergent de grands acteurs européens dans ce domaine.”Progressistes” : quel beau label ! La réalité ? Ce sont eux les vrais réactionnaires, les écrevisses de notre temps. Comme l’a si bien dit Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues : “Ecrevisse : Marche à reculons. Toujours appeler les réactionnaires des écrevisses”. Et qui mieux que l’Union européenne et ses politiques délirantes pour illustrer cette marche à reculons ?Des politiques nées de la mouvance écologiste, de ces bien-pensants convaincus que le progrès est le mal incarné, la nature parfaite telle quelle, et toute intervention humaine, une hérésie. Ils ne voient pas que le monde est une course aux technologies vertes, dont les règles sont fondées sur des rapports de force brutaux. Pendant que l’Europe se gargarise de ses quotas de CO2 et de ses initiatives de recyclage, la Chine et les Etats-Unis investissent dans les véritables technologies de demain. L’Europe, elle, prêche, espérant que les autres suivront.Un effet inflationnisteLes peuples européens grondent, pour l’instant dans les urnes, en donnant de plus en plus de voix aux extrêmes. Car ce beau monde, sous couvert de sauver la planète, sacrifie le pouvoir d’achat des classes moyennes dans un continent fait par et pour les classes moyennes. L’UE, dans sa sagesse infinie, a décidé que la meilleure façon de lutter contre le changement climatique était d’augmenter le coût de la vie pour les citoyens : comment ça, vous n’avez pas les moyens de vous payer une pompe à chaleur ou une voiture électrique fabriquée par Elon Musk ? Et ils continuent de gronder, les Européens, pour le plus grand bonheur des réactionnaires de tous bords, verts, bruns, rouges, antilibéraux au dernier degré. Ils grondent d’autant plus que l’impact de leur action sur le changement climatique global s’amenuise. Car, soyons clairs, ni la Chine ni les Etats-Unis ne suivent ces pieuses recommandations européennes. Pas grave ! Allons plus loin, continuons : cap sur 2040 et sur 90 % de réduction des émissions dans l’Union. Oui, c’est le sujet en pointe à Bruxelles…La vraie réaction est celle qui freine l’innovation, ignore les réalités géopolitiques et pénalise les plus vulnérables. Les réactionnaires modernes, ces écrevisses adeptes de la propulsion inversée, sont ceux qui, sous prétexte de sauver la planète, nous plongent dans une stagnation, voire une régression économique et sociale, en se berçant de l’illusion d’un impact global.Ce n’est pas avec des quotas et des taxes que l’Europe changera le monde, mais en se réveillant, en reconnaissant que le progrès technologique et l’innovation sont les vraies clés pour un avenir durable. En attendant, on continue de payer plus cher pour moins de liberté, tout en regardant nos voisins courir vers l’avenir. “L’enfer, c’est les autres” ? Non, Jean-Paul. Raymond avait, une fois encore, raison. A une nuance près : “L’Europe n’est pas une grande puissance, elle n’en sera pas une de sitôt, et elle le sait.” En vérité, elle ne le sait plus car, à force de vertu signalée, elle a fini par se convaincre qu’elle était dans le vrai. La preuve ? Elle est “progressiste”. Compris ?Cécile Maisonneuve est fondatrice de Decysive et conseillère auprès du centre Energie et Climat de l’Ifri
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Author : Cécile Maisonneuve
Publish date : 2025-01-19 07:00:00
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Climat : de Bruxelles à Paris, l’internationale des nouveaux réactionnaires
