Juste avant de céder le pouvoir à Donald Trump, Joe Biden a frustré ce lundi 20 janvier son successeur d’une possible revanche personnelle en graciant préventivement des élus, des fonctionnaires et cinq membres de sa famille pour leur épargner des enquêtes ou des poursuites “partisanes”.Parmi eux figurent l’ancien chef d’état-major des armées, le général Mark Milley, et l’ex-architecte de la stratégie de la Maison-Blanche contre le Covid-19, le Dr Anthony Fauci. L’ancienne parlementaire républicaine Liz Cheney en bénéficiera également, comme tous les élus et fonctionnaires ayant participé à la commission d’enquête sur l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021, ainsi que les policiers ayant témoigné devant cette commission.”Je crois en l’Etat de droit et je suis sûr que la solidité de notre système judiciaire finira par s’imposer face aux débats politiciens. Mais nous vivons dans des circonstances exceptionnelles et je ne peux pas, en bonne conscience, ne rien faire”, explique dans un communiqué le président démocrate sortant, 82 ans, pour justifier une initiative exceptionnelle. Certains de ces serviteurs de l’Etat ont été intimidés et “même menacés de poursuites pénales”, s’alarme Joe Biden, qui a cédé le pouvoir à son grand rival républicain juste après 12h00 à Washington. En septembre, Donald Trump, qui a notamment choisi un très proche, Kash Patel, taxé de complotisme, pour diriger la police fédérale (FBI), avait ainsi promis qu’après sa victoire “ces gens qui ont triché seront poursuivis avec toute la rigueur de la justice, ce qui inclura de longues peines de prison”.”Injustement chercher revanche”Le général Milley, chef d’état-major des armées lors du premier mandat de Donald Trump, avait averti pendant la campagne que le milliardaire républicain était un “fasciste jusqu’au bout des ongles” et la “personne la plus dangereuse pour ce pays”.L’intéressé avait laissé entendre que l’officier s’était rendu coupable de “trahison” et qu’en d’autres temps il aurait été exécuté. “Ma famille et moi-même sommes profondément reconnaissants au président pour sa décision”, a déclaré lundi le général Milley dans un communiqué. Il a confié ne pas vouloir, après 43 ans sous l’uniforme, passer le restant de ses jours à “se défendre contre ceux qui pourraient injustement chercher revanche”.Quant au Dr Fauci, dont le franc-parler lors de la pandémie de coronavirus l’a souvent mis en porte-à-faux avec Donald Trump pendant son premier mandat, il est depuis devenu une des personnalités les plus honnies pour une partie de la droite et des mouvements complotistes, qui réclament son inculpation. Le praticien de 84 ans a remercié lundi le président Biden mais a assuré n’avoir “commis aucun crime” susceptible de motiver “une enquête ou des poursuites pénales”.Liz Cheney, elle, incarne la résistance à Donald Trump au sein du camp républicain. Elle avait perdu en 2022 son siège au Congrès au profit d’une trumpiste.Peine d’un militant amérindien commuéePlus tard dans la matinée, quelques minutes avant la passation de pouvoirs, Joe Biden a préventivement gracié son frère James Biden, sa soeur Valerie Biden Owens, leurs conjoints respectifs, ainsi que son frère Francis Biden, comme il l’avait fait en décembre pour son fils, Hunter.Ce dernier, une des cibles privilégiées de la droite dure américaine, avait été reconnu coupable dans deux affaires distinctes de détention illégale d’arme à feu et de fraude fiscale. “Ma famille a été visée par des attaques et des menaces incessantes, motivées par le seul désir de m’atteindre – la pire sorte de politique partisane. Malheureusement, je n’ai aucune raison de penser que ces attaques vont s’arrêter”, a fait valoir Joe Biden. Il a également commué en assignation à résidence la peine de prison à perpétuité de Leonard Peltier, 80 ans, un militant amérindien incarcéré pour l’homicide en 1975 de deux agents du FBI, une affaire montée de toutes pièces selon ses défenseurs, et gracié deux condamnés ayant purgé leur peine. Il s’agissait des ultimes mesures de clémence de la présidence sortante.Joe Biden avait déjà annoncé vendredi avoir commué un nombre record de près de 2 500 peines de condamnés pour des délits non violents liés à la drogue. Et en décembre, il avait prononcé 39 grâces et 1 500 commutations, dont 37 des 40 condamnations à mort prononcées par la justice fédérale.
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Publish date : 2025-01-20 18:27:44
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