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IA : les bonnes affaires de Masayoshi Son, le discret ami de Donald Trump

PALM BEACH, FLORIDA - DECEMBER 16: SoftBank CEO Masayoshi Son (C), accompanied by U.S. President-elect Donald Trump (R) and Trump's choice for Secretary of Commerce, Cantor Fitzgerald Chairman and CEO Howard Lutnick (L), speaks at a news conference at Trump's Mar-a-Lago resort on December 16, 2024 in Palm Beach, Florida. In a news conference that went over an hour, Trump announced that SoftBank will invest over $100 billion in projects in the United States including 100,000 artificial intelligence related jobs and then took questions on Syria, Israel, Ukraine, the economy, cabinet picks, and many other topics.   Andrew Harnik/Getty Images/AFP (Photo by Andrew Harnik / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)




Elon Musk n’est pas le seul ami de Donald Trump. Plus discret, Masayoshi Son, le patron du géant de l’investissement tech SoftBank, multiplie de longue date les marques de confiance dans la politique du républicain. Déjà, en 2016, il avait célébré les débuts du premier mandat de Donald Trump en s’engageant à investir 50 milliards de dollars aux Etats-Unis. Le Japonais a mis la barre encore plus haut pour ce deuxième mandat. En décembre, invité dans la fastueuse demeure de Mar-a-Lago, il annonce 100 milliards de dollars d’investissements aux Etats-Unis. Donald Trump taquine à cette occasion Masayoshi Son en lui demandant de doubler la mise : “Il peut se le permettre, vous savez !”, déclare-t-il au public. “Masa” botte en touche mais complimente l’élu pour ses talents de négociateur. Un show bien huilé.SoftBank avait un dernier tour en réserve. Lors de la cérémonie d’investiture, il a dévoilé, avec le spécialiste des bases de données Oracle et le leader de l’IA OpenAI, un titanesque chantier de construction de data centers doté de 500 milliards de dollars de budget sur cinq ans et baptisé Stargate. Un vrai “plan Marshall de l’IA, observe Kevin Polizzi le président d’Unitel Group, spécialisé dans le cloud. Et l’idéal pour OpenAI qui pourra ajuster précisément l’architecture des centres à ses besoins.”SoftBank joue gros ici. Ces dernières années, plusieurs de ses paris n’ont pas eu le succès escompté. Le Covid-19 a chahuté son poulain Uber. Le monde a boudé les robots pizzaïolos de sa start-up Zume. Et l’aventure WeWork dans laquelle SoftBank avait investi 9 milliards de dollars a été un échec retentissant. Des ratés qui ont pesé sur les comptes de SoftBank et écorné son image de roi Midas au flair infaillible.Derrière Stargate, le soutien de Donald TrumpSon nouveau projet Stargate présente, lui aussi, des défis. Le premier ? L’approvisionnement en électricité. Déjà, le réseau américain donne des signes de faiblesse face à la voracité de l’IA – les centres de données devraient consommer 9 % de l’électricité du pays d’ici 2030, soit le double de leur niveau actuel. “Les Américains ont besoin d’augmenter leur production rapidement. Ils savent que le développement du nucléaire va prendre du temps, c’est pour cela qu’ils accélèrent dans le gaz et le pétrole”, observe Dali Kilani, cofondateur et CTO de FlexAI.Il faudra également que les acteurs du projet Stargate trouvent des zones inoccupées près de ces sources d’énergie et d’interconnexion internet. “Il ne reste guère plus de terrains privés disponibles adéquats, raison pour laquelle l’Etat va mobiliser des terres fédérales”, note ce spécialiste des infrastructures IA.Trouver les puces adéquates pour équiper ces futurs data centers sera également un sujet de préoccupation majeur. SoftBank, qui a pris un cap affirmé vers l’IA bien avant l’annonce du projet Stargate, a beaucoup mis en avant le spécialiste du design de semi-conducteurs Arm qu’il détient à 90 %. A raison : l’expertise de ce groupe dans les puces pour les smartphones et les objets connectés sera précieuse pour faire basculer ces petits appareils dans l’ère de l’IA générative. Arm ne développe, en revanche, pas de puissants processeurs comme ceux de Ndivida que tout le secteur s’arrache. Et TSMC qui se charge de fabriquer ces derniers est “au maximum de ses capacités de production, il ne pourra pas aller plus vite”, confie Dali Kilani.Elon Musk se moque de StargateDernier challenge à relever : la gestion des coûts. Un tel chantier requiert énormément d’argent. Etonnamment – vu son soutien à Donald Trump – Elon Musk a été l’un des premiers à le pointer, en moquant le projet vanté par le président qu’il soutient mais auquel participe son vieil adversaire, Sam Altman, aux côtés de l’investisseur japonais. “SoftBank n’a pas l’argent. Je tiens de bonne source qu’il n’a pour le moment pas sécurisé plus de 10 milliards de dollars”, a tweeté le milliardaire le 22 janvier. “C’est faux, comme vous le savez indubitablement. Voulez-vous venir visiter notre premier site déjà en construction ?”, a rapidement rétorqué le patron d’OpenAI. Ce projet titanesque sera néanmoins complexe à dimensionner.”Combien de ces milliards de dollars seront vraiment bien employés, c’est délicat à dire. Ceux qui montent vite dans le train de l’IA n’ont pas toujours un modèle économique optimal et sont susceptibles d’acheter des équipements qui seront dépassés dans quelque temps vu la vitesse à laquelle cela évolue. Mais les pays qui ne font rien courent un risque plus grand : ils créent un retard structurel”, met en garde Kevin Polizzi d’Unitel Group. Même s’il présente certains risques, le pari de SoftBank est malin. Car ces derniers mois, une découverte a bouleversé toutes les projections dans le monde de l’IA.Une découverte bouleverse le monde de l’IAAvec les récentes familles d’IA capables de “raisonner” telles que le modèle o1 d’OpenAI, “on s’aperçoit que la puissance de calcul importe plus encore qu’on ne le pensait il y a un an”, explique Karim Beguir, le fondateur de la start-up InstaDeep. Elle n’est pas uniquement stratégique lors de la phase entraînement d’un modèle. “Il peut aussi être utile de réallouer de la puissance de calcul lorsqu’on demande quelque chose à une IA (NDLR, ce qu’on appelle “l’inférence”) afin de la faire réfléchir à une question précise. Le modèle va, grâce à cela, générer de nouvelles données, explorer tout un champ de possibles autour de notre demande et raisonner dessus”, détaille l’expert. Au lieu d’avoir une réponse quasi instantanée comme avec les premières versions de ChatGPT, des IA comme o1 prennent quelques minutes pour réfléchir, mais leurs réponses sont bien meilleures.”Nous envisageons de futures versions où [l’IA] réfléchirait pendant des heures, des jours voire des semaines. Les coûts d’inférence seraient bien plus élevés. Mais quel prix serions-nous prêts à payer pour un nouveau traitement contre le cancer ? Pour des batteries révolutionnaires ? Pour une preuve de l’hypothèse de Riemann (NDLR, l’un des problèmes mathématiques non résolus jugés les plus importants de notre époque). L’IA peut être bien davantage qu’un chatbot”, soulignait sur X Noam Brown, un des chercheurs de premier plan d’OpenAI. Dans ce contexte, se positionner dans les infrastructures IA est judicieux. SoftBank l’a bien compris. La Bourse aussi : après l’annonce du projet Stargate, le cours de l’entreprise a bondi de 10 %.Même si l’Europe dispose d’un réseau de supercalculateurs EuroHPC de pointe (dont trois sont dans le top dix mondial), elle fait pâle figure, cette semaine, au regard des 500 milliards de dollars mis sur la table outre-Atlantique. “L’administration Trump a bien compris que l’IA et sa capacité à augmenter la productivité allaient être un vrai enjeu de guerre économique. Après avoir restreint la vente de processeurs Nvidia à 120 pays, dont certains Européens, les Etats-Unis se structurent pour tirer pleinement parti de l’IA quand l’UE, elle, ne prévoit que 1,5 milliard sur les usines IA”, déplore dans un communiqué Stéphane Roder, président d’AIBuilder. La partie n’est pour autant pas perdue. Les recommandations avisées de Mario Draghi pour rendre l’UE plus compétitive semblaient prendre la poussière depuis septembre. Ursula von der Leyen a cependant promis, le 21 janvier, que la feuille de route que la Commission présenterait la semaine prochaine s’appuierait largement dessus pour redresser l’Europe. Touchons du bois.



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Author : Anne Cagan

Publish date : 2025-01-24 06:30:00

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Tags : L’Express

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