Une pluie de décrets s’est abattue sur les Etats-Unis durant la première semaine au pouvoir de son 47e président, investi le 20 janvier. En quelques jours seulement, Donald Trump en a signé plus de 42 décrets, déclenchant notamment une politique plus hostile que jamais à l’encontre des populations immigrées, se retirant de la principale agence de santé mondiale, et actant de nouveau la sortie de l’accord de Paris sur la crise climatique… Sans compter toutes les déclarations excessives dont il est coutumier. Récit.Lundi : la signature de 26 décrets”J’ai été sauvé par Dieu pour rendre à l’Amérique sa grandeur”, a déclaré Donald Trump lors de son discours d’investiture. Démonstration immédiate de sa puissance renouvelée : le 47e président des États-Unis s’est empressé, après deux rallyes et une conférence de presse, de signer 26 décrets présidentiels dans la journée. Parmi eux, l’accord de grâces présidentielles à plus de 1 500 participants condamnés pour l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, qu’il avait lui même encouragé. Une première décision radicale qui a largement été célébrée en ligne par l’extrême droite, rapporte le quotidien britannique The Guardian, mais qui a choqué certains de ses alliés. Parmi ces condamnés, 250 avaient été reconnus coupables d’agressions, dont à l’encontre des forces de l’ordre.Dès lundi, Donald Trump a aussi annoncé le départ des Etats-Unis de l’organisation mondiale de la Santé (OMS), alors que Washington en est le plus grand bailleur de fonds. Une décision qui met en péril le travail humanitaire et fragilise la lutte contre les épidémies et maladies infectieuses. Et comme lors de son premier mandat, le républicain a aussi retiré son pays de l’accord mondial de Paris pour le climat, signé en 2015 par 195 Etats. S’il faudra environ un an pour que le retrait soit formalisé, Donald Trump a déjà annoncé des allègements à venir sur des lois environnementales qui limitaient l’exploration gazière et pétrolière.Son retour à la Maison-Blanche a aussi été marqué, dès les premières heures, par la déclaration d’une guerre à l’encontre des populations immigrées. Le milliardaire a déclaré l’Etat d’urgence national à la frontière mexicaine, ouvrant la voie à l’envoi de troupes américaines dans la zone… Et changeant au passage le nom du “golfe du Mexique” en “Golf de l’Amérique”. Les vols de milliers de réfugiés ayant obtenu l’asile aux Etats-Unis pour fuir la guerre et la persécution ont également été suspendus. Parmi eux, 1 600 afghans qui avaient aidé l’effort de guerre aux Etats-Unis.The US Marine Corps Is On The Border Assisting CBP With The Mission To Secure America
Promise Made –> Promise KEPT! pic.twitter.com/t384DH1FDl— The White House (@WhiteHouse) January 24, 2025Autre minorité visée par le nouveau président : les communautés LGBTQ + et transsexuelles. Deux ordonnances de Joe Biden visant à prévenir la discrimination fondée sur l’identité de genre ou l’orientation sexuelle ont été révoquées. Elles ont été remplacées par un décret reconnaissant seulement 2 sexes – homme et femme – qui ne pourront plus être changés. Une journée très chargée sur le plan politique. Et c’était sans compter sur la polémique déclenchée par son ministre de l’Efficacité gouvernementale, aussi patron de X et Tesla, Elon Musk, accusé d’avoir effectuun salut nazi sur scène lors de la cérémonie d’investiture.Mardi : la fin des programmes de diversité et d’inclusionPoursuivant son attaque contre les immigrés, Donald Trump a ordonné, mardi 21 janvier, que tout le personnel du gouvernement américain travaillant sur les programmes de diversité, d’équité et d’inclusion (les programmes DEI, qui visent à promouvoir la participation sur les lieux de travail par des personnes issues de différents horizons) soit immédiatement mis en congé administratif payé, avant que les bureaux et les programmes en question ne soient fermés dans les 60 jours à venir.Dans le décret correspondant, il a qualifié ces programmes de “dangereux, humiliants et immoraux”, explique la BBC. Dans son discours inaugural, il s’était engagé à “forger une société daltonienne et fondée sur le mérite”.Mercredi : pression sur la Russie et sur Joe BidenAlors qu’il avait promis de mettre fin à la guerre en Ukraine, Donald Trump a débuté son dialogue diplomatique avec Vladimir Poutine par une offensive aux airs d’ultimatum. “Réglez ça maintenant, et ARRETEZ cette guerre ridicule” a-t-il fait savoir via son réseaux social Truth Social. Il a menacé d’imposer des droits de douane élevés, et d’autres sanctions à la Russie. En réponse, le Kremlin a déclaré qu’il restait “prêt pour un dialogue égal, un dialogue mutuellement respectueux”, mais que ces signaux n’étaient “pas encore arrivés”. Selon Donald Trump, un échange téléphonique est prévu “très bientôt” entre les deux chefs d’Etat, rappelle la BBC.Dans une interview donnée à Fox News le même jour, Donald Trump a affirmé que son prédécesseur, Joe Biden, aurait dû se gracier lui-même, sous entendant qu’il pourrait être poursuivi. “Joe Biden a de très mauvais conseillers. Quelqu’un a conseillé à Joe Biden de donner des grâces à tout le monde sauf à lui…” a-t-il déclaré. L’ancien président a effectivement utilisé le dernier jour de sa présidence pour accorder des grâces préventives à certains politiciens et fonctionnaires, rappelle Politico, mais aussi à des membres de sa famille, pour se prémunir contre ce qu’il a dit être des “menaces” de la part de l’administration entrante.Jeudi : nouvelle menace d’une augmentation des droits de douanePour l’heure, l’augmentation des droits de douane à grande échelle voulue par Donald Trump n’a pas encore été actée. Mais “les pays du monde entier se préparent à ceux que M. Trump a annoncés pour le mois de février”, relève le New York Times suite aux annonces du président lors du Forum de Davos. Ces derniers mois déjà, il menaçait d’imposer des droits de douane allant jusqu’à 60 % sur les produits chinois, et de 25 % sur les articles en provenance du Mexique et du Canada. Cette fois, il prévoit aussi d’augmenter les droits douaniers pour son allié commercial, l’Union européenne. “Mon message à toutes les entreprises du monde est très simple : venez fabriquer votre produit en Amérique, et nous vous donnerons parmi les taxes les plus basses de toutes les nations sur terre”, a-t-il prévenu. Avant de mentionner (à nouveau) l’idée que le Canada intègre son pays : “Si vous deveniez un Etat, nous n’aurions pas de déficit.”Dans les Etats justement, les premières contre-attaques font entendre. A Seattle (Washington), un juge fédéral a bloqué le nouveau décret présidentiel qui interdit désormais aux enfants issus d’immigrants, mais nés sur le territoire américain, d’être considérés comme américains. Il a qualifié la décision d’”ouvertement anticonstitutionnelle”. Une bataille juridique est en cours, car la citoyenneté de naissance est protégée par le 14e amendement. En plus de ce juge, l’ordonnance a déjà fait l’objet de plusieurs poursuites intentées par des groupes de défense des droits civiques. Le procureur général de Californie, Rob Bonta, a lui aussi déclaré que Donald Trump “a en fait trop”.Vendredi : premiers vols d’expulsions de réfugiésLes conséquences des décisions du début de semaine n’ont pas tardé à se faire ressentir. Vendredi 24 janvier, les premiers vols militaires d’expulsion de la présidence Trump, transportant des centaines de migrants sans papier et “criminels”, ont atterri au Guatemala et au Mexique, selon la Maison-Blanche et les autorités locales. Trois avions militaires sont respectivement arrivés chez le premier, et quatre chez le second. Les jours précédents, l’administration américaine avait annoncé avoir arrêté des milliers de personnes en deux jours, jugeant que “la plus grande opération de déportation massive de l’histoire est bien avancée”.Just as he promised, President Trump is sending a strong message to the world: those who enter the United States illegally will face serious consequences. pic.twitter.com/yqgtF1RX6K— The White House (@WhiteHouse) January 24, 2025Le même jour, le président Trump montait lui aussi dans un avion, rapporte le quotidien USA Today, en direction des territoires touchés par des catastrophes naturelles : la Caroline du Nord, victime d’inondations, et la Californie, où des incendies dévastateurs sont encore en cours à Los Angeles. Il a au passage suggéré la fermeture de l’agence fédérale de gestion de crise, estimant que cette charge devrait revenir aux Etats eux-mêmes.Samedi : proposition de déplacer tous les Palestiniens de GazaS’attaquant à des dossiers toujours plus sensibles, le président des Etats-Unis a évoqué, ce samedi 25 janvier, l’idée d’un plan visant à “nettoyer” la bande de Gaza. La solution, selon lui : le déplacement des Palestiniens de Gaza en Egypte et en Jordanie. “On parle d’environ 1,5 million de personnes, et on fait tout simplement le ménage là-dedans. Vous savez, au fil des siècles, ce site a connu de nombreux conflits. Et je ne sais pas, quelque chose doit se passer”, a-t-il déclaré à des journalistes, comparant le territoire palestinien à un “site de démolition” après quinze mois de guerre avec Israël.Plus tôt dans la semaine, le candidat de Donald Trump au poste d’ambassadeur des États-Unis auprès des Nations Unies avait approuvé les revendications israéliennes de “droits bibliques” sur l’ensemble de la Cisjordanie occupée, rapporte le Guardian. Sa deuxième semaine dans le bureau Ovale sera-t-elle tout aussi intense ?
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Author : Enola Richet
Publish date : 2025-01-26 15:47:00
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