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“Tu es encore malade ?” : entre boutade et malaise, ces petites phrases au travail qui nous agacent

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Dans le monde du travail, certaines phrases surgissent ou reviennent en boucle au point de saper le moral de ceux qui les reçoivent. Du “C’est ton combientième déjà ?” lancé à un futur parent au “Tu es encore malade ?” adressé à un collègue grippé, la liste est infinie. D’un côté, une remarque anodine, maladroite ou malveillante, de l’autre, un collaborateur chez qui ces quelques mots en apparence inoffensifs suscitent une forme de malaise ou font remonter un traumatisme à la surface. Car sous couvert d’humour, pléthore de réflexions “ironiques” n’ont, en réalité, rien de drôle pour ceux qui les entendent. “Dire à un collègue dont on sait qu’il a un enfant, tu prends ton après-midi ?, alors qu’il court le chercher à la crèche peut-être irritant, surtout dans une entreprise qui prétend promouvoir l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle”, analyse ainsi Philippe Zawieja, psychosociologue du travail, directeur de la recherche d’Ekilibre Conseil, un cabinet spécialisé en qualité de vie et conditions de travail (QVCT).Dans un environnement de travail de plus en plus flexible, le malaise peut venir aussi des “non-dits ou des règles tacites non écrites”, ajoute Philippe Zawieja. Aussi, une question comme “Tu as eu un pépin ?” peut aussi bien traduire une inquiétude que de l’agacement de ne pas avoir été prévenu d’un éventuel retard.Savoir à qui l’on s’adresse” demeure une règle fondamentale des interactions sociales, mais elle peut donner lieu à des frictions lorsque “l’émetteur” et le “récepteur” surinterprètent une situation somme toute banale. “Les présupposés refont surface. Cette vieille théorie de la communication, où le message passe par une ‘boîte noire’ est soumise aux biais cognitifs, aux filtres, aux interprétations, aux surinterprétations et à la mésinterprétation”, analyse Philippe Zawieja, également chercheur associé à l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail de l’Université de Montréal. La clé pour prévenir tout risque d’escalade ? Clarifier dès le départ l’intention qui sous-tend le propos. Cette mise au point permettra de lever toute ambiguïté.Des ego surdimensionnés ?Au-delà du message lui-même, un autre facteur peut expliquer ce malaise : “nous évoluons désormais dans une société où nous avons des ego surdimensionnés avec une image que nous avons ou que nous projetons de nous-mêmes de plus en plus importante”, développe le chercheur. “Notre ego peut être heurté par des remarques que nous ne ressentons comme peu bienveillantes et qui provoquent notre susceptibilité, voire notre indignation. Ce type de remarque devient donc de moins en moins accepté socialement”. Ainsi, des phrases comme “Je n’ai pas le temps” ou “Ce n’est pas à moi de le faire” sont souvent des manières impolies de se débarrasser du problème d’autrui. Pourtant, personne n’a réellement le temps de faire autre chose quand il travaille et derrière cette réponse désagréable, se cache un refus d’aider qui peut être source de malaise ou de souffrance. Celle-ci, toutefois, reste relative. Si certains vivent mal certaines remarques, ne serait-ce pas le signe d’une hypersensibilité accrue dans un monde du travail où tout s’accélère ? “Nous avons tous nos irritants, souligne Philippe Zawieja, du ‘OK’ laconique ou ‘je te partage’ tout droit sortis de la novlangue managériale”.”Sauf erreur”, “Sans vouloir te commander” ou “Il me semble que”… autant d’expressions que nous utilisons à longueur de journée sans malice, quasiment en mode automatique. L’idéal serait de les recevoir avec distance, sans s’appesantir sur des mots qui, au fond, restent un simple moyen de communiquer, et surtout sans y mettre aucun affect. Car les combattre, c’est s’astreindre à ne pas dire à autrui ce que l’on n’aimerait pas entendre soi-même. Les tolérer, c’est apprendre à relativiser leur impact en se détachant d’éventuelles blessures passées. Enfin, si la situation est trop pesante et qu’en tant que “récepteur”, on se surprend à ressasser toute la journée une malheureuse boutade, il est préférable d’en parler directement à l’émetteur. Dans la majorité des cas, il sera surpris mais il écoutera, comprendra et aura au moins l’opportunité d’ajuster son discours pour éviter que tout cela ne débouche sur un problème qui n’aurait jamais dû avoir eu lieu pour commencer…



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Author : Claire Padych

Publish date : 2025-01-28 06:30:00

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Tags : L’Express

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