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Face à Donald Trump, une Europe inquiète et tétanisée, par Marion Van Renterghem

Le président américain Donald Trump à la Maison Blanche, le 27 janvier 2025 à Washington




Ça y est, les Etats-Unis de Donald Trump nous ont quittés. “Nous”, c’est l’Occident, dans sa définition politico-culturelle et non géographique : l’attachement à la démocratie libérale, à la primauté du droit sur la force et au multilatéralisme, cet ordre international créé en 1945 pour organiser les relations entre Etats selon des règles communes. Une partie de la planète se réjouit que les cartes de ce système d’après guerre soient rebattues. Vladimir Poutine et Xi Jinping, car le “nouvel ordre mondial” est l’objectif commun auquel ils travaillent depuis toujours. Une majorité de pays du “Sud global”, car ils veulent en finir avec l’hégémonie des empires post­coloniaux. Les nationalistes d’ici et d’ailleurs, par proximité naturelle avec les chefs virils et carnivores qui usent de leurs gros muscles et de leurs mâchoires. Ce qui reste de l’Occident herbivore est inquiet et tétanisé. Nous, les alliés de l’Amérique, de ces Etats-Unis qui partageaient avec nous un même type de valeurs politiques, un même régime économique et assuraient notre sécurité au sein de l’Otan, avons le plus à perdre.Avec le Canada, le Japon, la Corée du Sud ou l’Australie et bien sûr le Royaume-Uni, qui se mord les doigts d’être reparti de son côté de la Manche, l’UE éprouve un désagréable sentiment de solitude à la tête d’un Occident rétréci. Elle se retrouve de fait la première puissance de l’Occident par sa démographie (450 millions d’habitants) et par son PIB (17 000 milliards d’euros, loin devant les 4,2 milliards de dollars du Japon et les 2,4 milliards de dollars du Canada) et par ses dépenses de défense (326 milliards d’euros en 2024). Son marché unique, qui est la plus grande zone de libre-échange du monde et le premier débouché com­mercial des Etats-Unis, est un levier de pouvoir inestimable. Reste à le reconnaître et à ­l’assumer, face à ces puissances hégémoniques et impérialistes qui sont désormais trois et non plus seulement deux : la Russie de Poutine, la Chine de Xi et l’Amérique de Trump. En serons-nous capables ?Apaiser l’ogreC’est mal parti. Ursula von der Leyen et Christine Lagarde, qui président respectivement la Commission et la Banque centrale européennes, ont fait des concessions à Trump avant même qu’il ne soit investi, dans l’espoir de le faire renoncer à la hausse drastique des droits de douane qu’il a dé­cidé d’imposer aux produits européens. Le 8 novembre, la première a indiqué lui avoir proposé que l’UE remplace ses achats de gaz russe par du gaz naturel liquéfié (GNL) américain. Le 26 novembre 2024, la seconde suggérait au Financial Times que les Etats membres adoptent une “stratégie du carnet de chèques [et] achètent davantage de GNL aux Etats-Unis” ainsi que du matériel de défense. On sait ce que les ogres comme Trump et Poutine, qui ne comprennent que la force, font des faibles qui montrent patte douce. Au Forum économique mondial de Davos, Ursula von der Leyen a rappelé l’énormité des volumes d’échanges entre l’Europe et les Etats-Unis et prôné le pragmatisme, n’écartant pas une “collaboration étroite” avec le président américain face aux défis mondiaux.Le jour de sa prestation de serment, Trump a pourtant été clair : le mot “allié” est absent de son vocabulaire. Comme la Chine, l’Amérique n’a que des adversaires. Tout ce qui est à elle est à elle, tout ce qui ne l’est pas est négociable et à son service, tels les Canadiens ou les Européens du Groenland, qu’il entend avaler. A moins de prendre conscience de leur solitude et de la force commerciale dont ils disposent, investir massivement dans la défense et l’organiser ensemble, bref, se constituer en puissance politique, les Européens se vassaliseront. “Ne demandez pas ce que l’Amérique peut faire pour l’Europe et sa sécurité, demandez-vous plutôt ce que nous pouvons faire pour elle. L’Europe a été, est et sera toujours grande”, a tweeté le Premier ministre polonais, Donald Tusk. Son volontarisme pèse d’autant plus qu’il assure la présidence tournante de l’UE et que la Pologne fait partie des pays européens les plus attachés à l’Alliance atlantique. En nouveau fer de lance de l’Occident et dernier garant de l’ordre mondial inventé par les Etats-Unis en 1945, n’est-il pas temps pour l’UE d’élargir son club, non seulement à l’est mais aussi à l’ouest, et de fonder un groupe capable de défendre les valeurs politiques, économiques et culturelles de l’Occident ?



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Author : Marion Van Renterghem

Publish date : 2025-01-29 11:30:00

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Tags : L’Express

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