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“Julie se tait”, un beau (et lent) long-métrage sur les abus dans le sport

"Julie se tait", film de Leonardo Van Dijl




Le film de Leonardo Van Dijl s’intitule Julie se tait. Tout se passe dans un centre d’entraînement de jeunes sportifs, en Belgique. Il met en scène une jeune joueuse de tennis, Julie (Tessa Van den Broeck). Suffisamment douée pour ambitionner une carrière professionnelle, Julie est l’élève favorite de Jeremy, son coach, avec lequel, on le comprend vite, l’histoire n’est pas claire. Le trouble se précise quand la direction du club informe les élèves que Jeremy est suspendu après qu’une autre jeune joueuse du club, placée sous sa responsabilité, à la fois meilleure amie et concurrente de Julie, s’est suicidée.On ne sait pas ce qui est reproché au coach, mais on pense à des trucs. Sans indice, sans histoire ni témoignage, on est livré à la folle du logis, l’imagination, celle qui ne produit, comme on le sait, que des lieux communs. Ça doit être l’intention du metteur en scène, le sujet de son film n’étant pas de nous raconter ce qui s’est passé entre Julie et son coach, mais peut-être de respecter le silence de Julie, son refus obstiné ou son incapacité physique à raconter ce qui s’est passé (s’il s’est passé quelque chose) et sa résistance face à l’acharnement de son entourage qui veut à tout prix lui faire dire ce qu’elle n’a pas envie de dire. La direction du centre a besoin de sa parole pour étoffer l’enquête dont est l’objet le coach, et pour comprendre les éventuelles erreurs qui auraient pu être commises. Mais il s’agit aussi de “libérer Julie” qui, en effet, on le voit, n’a pas l’air d’aller bien du tout. “Ça va, Julie ? – Oui, ça va. – Tu sais, si tu veux parler, je suis là.” C’est gentil mais non, elle ne veut pas parler.Mon meilleur ami d’enfance était comme ça, taciturne. Violé par son beau-père, il ne m’a lâché le morceau que le jour de ses 50 ans. Allais-je devoir attendre que Julie ait 50 ans ?Le tic de la lenteurPlans fixes, esthétiques, longs, lumières contradictoires, cadrages recherchés, le choc des balles de tennis, sans le poids des mots de Julie qui tape et retape sur la balle, toujours de la même façon, sans qu’on puisse même déceler dans sa manière de frapper ces balles, la nature ni les variations de ses sentiments. Entre deux séries de services-volées, l’actrice n’ayant rien à faire d’autre que se taire, elle en fait trop, son inexpressivité vire au cabotinage.Heureusement, arrive la grande scène du film : Julie et son coach sont assis à une table de café, face-à-face. Lui aussi il veut la faire parler. Mais elle continue de se taire. Ne pouvant soutenir le malaise, il se lance : “Elle n’a pas supporté que tu sois meilleure qu’elle, c’est pour ça qu’elle s’est suicidée.” Maintenant c’est clair, le coach est un gros pervers. Après avoir rendu Julie responsable de ce qui s’est passé, il s’innocente : “Quand tu as parlé d’arrêter, j’ai arrêté… Hein, Julie !…. J’ai arrêté ?” Mais arrêté quoi ? Je vous ai dit que ça n’était pas le sujet du film !Julie retourne à l’entraînement, des balles, encore des balles, de la musculation. Son nouveau coach, croyant bien faire, lui demande alors de réaliser un “kick”, je n’ai pas compris ce qu’était un kick, même en la voyant en faire une série. Ça non plus le cinéaste ne veut pas nous le dire. Serait-il gagné par le mutisme de son personnage ? Le nouveau coach veut que toute la classe regarde Julie faire un kick, pour prendre exemple sur elle. Julie n’aime pas ça, servir d’exemple. Et elle le dira au coach. Lequel semblera comprendre. Nous apprenons ainsi que Julie ne se laissera plus faire, désormais.Julie se tait est le premier long-métrage de Leonardo Van Dijl qui a réalisé trois courts-métrages avant, que je n’ai pas vus. Mais ce long-métrage a le défaut paradoxal, remarqué dans nombre de courts-métrages : la lenteur. Un tic qui rythme souvent la lourdeur des démonstrations. Démontrer qu’on a du talent, démontrer que l’amour est plus fort que tout. Que la guerre est une connerie. Et ici, que le viol des jeunes tenniswomen par leur coach est une abomination. En général.



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Author : Christophe Donner

Publish date : 2025-01-29 10:00:00

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Tags : L’Express

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