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Au lieu de se morfondre, l’Europe doit défendre son modèle face à Donald Trump et Vladimir Poutine

Des matriochkas, poupées gigognes traditionnelles russes, arborent les portraits du président russe Vladimir Poutine, du président américain Donald Trump et de son épouse Melania Trump, dans un magasin de souvenirs de Moscou, le 20 janvier 2025




Depuis son entrée à la Maison-Blanche, Donald Trump ne cesse de répéter que les Etats-Unis vont enfin retrouver leur grandeur après une ère de déclin à nulle autre pareille. Economiquement, il est malaisé de voir à quelle décrépitude le président Trump fait allusion. La croissance économique est de l’ordre de 2,5 % par an depuis la sortie du Covid. Plus grand monde ne pense que le PIB chinois va rattraper prochainement le PIB américain, alors que cette théorie faisait florès il y a encore cinq ans. Les entreprises qui dominent les technologies du XXIe siècle, dans le numérique, l’intelligence artificielle, le hardware, les robots humanoïdes, le streaming, sont toutes américaines. Malgré certaines extrémités wokistes et des droits d’inscription exorbitants, les universités du pays restent attractives. Et la puissance militaire américaine n’est contestée nulle part dans le monde. Grâce à l’Inflation Reduction Act, l’administration Biden a même enclenché un mouvement de réindustrialisation et de décarbonation spectaculaire. Comme déclin, on a vu pire.Empêtrée dans ses normes, l’UE peut corriger le tirCertes, les inégalités de revenus ont explosé outre-Atlantique depuis vingt ans mais ce n’est pas un sujet que dénonçait particulièrement le candidat Trump. Quant au problème bien réel de l’immigration irrégulière, il démontre en creux que nombre de personnes préfèrent vivre aux Etats-Unis plutôt qu’en Amérique latine. Ce sentiment de déclassement est plus fort encore en Europe, et notamment en France. L’Union européenne, empêtrée dans les normes et les impôts, ne s’est pas donné les moyens de l’innovation et de la puissance. L’erreur peut être corrigée. Rien n’empêche les Etats membres de mettre en place un ambitieux plan de simplification, de geler les projets normatifs, de faire monter rapidement leurs capacités de production d’énergie décarbonée et d’investir 3 à 4 % de leur PIB dans la défense. L’Europe ne réagit que quand elle est acculée : nous y sommes. L’arrivée probable à la chancellerie allemande du président de la CDU Friedrich Merz pourrait être l’impulsion politique qui placera le continent dans la bonne direction.Ceci étant dit, les pays occidentaux, en dépit de leurs difficultés supposées (aux Etats-Unis) ou réelles (en Europe), demeurent ceux au monde où l’on vit le mieux, qu’il s’agisse des revenus, de la sécurité des personnes ou de la liberté qui y règne. C’est la raison pour laquelle ce sont eux qui attirent le plus de flux migratoires, la Russie ou la Chine n’étant des eldorados que pour des populations extrêmement pauvres. Dans l’un des livres les plus lucides et passionnants de ce début d’année, La Malédiction du vainqueur, qui vient de sortir aux éditions de l’Observatoire, l’économiste Pierre Bentata donne les raisons de ce paradoxe occidental entre pessimisme et réalité objective. Au fil d’un chapitre au titre explicite (“L’introuvable déclin”), il tourne en ridicule la prolifération d’ouvrages qui, depuis plus d’un siècle, annoncent la fin de l’Occident.Le mécontentement, moteur du progrèsLa thèse de Pierre Bentata est double. L’Occident est en proie au doute car les pays libres ont une tendance à l’introspection qui les fait analyser leur fonctionnement dans les plus infimes détails. Or, nos sociétés sont loin d’être parfaites et elles sont incapables de tenir leurs promesses de prospérité partagée et de justice totale comme l’avait déjà remarqué jadis Raymond Aron. Le paradis social sur Terre n’existe pas. Mais dans le même temps, cette autocritique permanente est la meilleure assurance-vie des démocraties libérales occidentales.Nous avons toujours une raison d’être mécontents, ce qui entretient la dynamique du progrès. A condition de ne pas considérer nos succès comme des acquis immuables. Nos modes de vie démocratiques sont à défendre et à protéger face à ceux qui veulent les détruire. C’est le cas des ennemis de l’extérieur, comme la Russie de Poutine. Ou des ennemis de l’intérieur, comme les islamistes encouragés par des factions révolutionnaires ou des partis comme LFI. Face à ces apôtres de l’intolérance, la tolérance de l’Occident est suicidaire.Nicolas Bouzou, économiste et essayiste, est directeur du cabinet de conseil Astères



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Author : Nicolas Bouzou

Publish date : 2025-01-30 06:00:00

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Tags : L’Express

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