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François Bayrou à l’épreuve de la censure : les dilemmes du PS, la nouvelle ligne rouge du RN

Le Premier ministre François Bayrou lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 28 janvier 2025




Les valeurs ou le budget ? Censurer ou ne pas censurer ? Ou bien suggérer une chose et finalement appliquer l’inverse ? En pleines négociations sur le budget avec François Bayrou, le Parti socialiste n’en a pas fini de faire monter les enchères à mesure que l’aile droite du gouvernement tire sur l’élastique. L’expression “submersion migratoire”, lancée par François Bayrou, le maintien de l’interrogation autour de l’Aide Médicale d’Etat… Mais aussi la demande, par la députée EPR Maud Bregeon, de réintégration des articles sortis de la loi immigration par le Conseil constitutionnel ou l’interview offensive de Gérald Darmanin sur CNews. “Il ne faut pas être naïf, c’est une attaque coordonnée frappant les valeurs fondatrices du front républicain”, s’indigne la socialiste Johanna Rolland. Cette dernière, si elle avait été députée, aurait opté pour la censure. De même que le numéro 3 du parti, Pierre Jouvet. Mais la première est maire de Nantes, et le second eurodéputé. Voilà tout le problème. Chacun parle de là où il est et les voix ne s’accordent pas. Car les députés PS, eux, ne sont pas aussi fermes. Ils sont même très indécis.”Aucun moyen de réconcilier la question de l’identité de gauche avec celle de la stabilité”Au PS, comme il y a deux semaines, l’une des urgences est de mettre en adéquation la position du groupe parlementaire avec celle du parti. La question de fond fait pourtant office de dilemme : “Dans ce cas de figure, il n’y a aucun moyen de réconcilier la question de l’identité de gauche avec celle de la stabilité. Mieux vaut un budget de droite ou pas de budget du tout ?”, interroge dépité, le parlementaire Laurent Baumel.Pour l’instant, le PS a choisi de ne pas vraiment choisir. Au milieu du guet, ils laissent passer les balles des insoumis. Et ne veulent ni retourner dans leurs bras – ce temps-là est révolu, jurent-ils – ni se jeter dans ceux du gouvernement. L’équation est donc difficile pour Olivier Faure, le Premier secrétaire, et Boris Vallaud, le chef de file des députés socialistes. Comment censurer sans censurer ? Vous suivez ? “Avec l’accord de non-censure, on a démontré aux Français que nous voulions vraiment changer leur vie, agir, obtenir des petites victoires sociales, mais des victoires quand même. Ce que LFI ne voulait pas visiblement”, décryptait un député PS il y a quelques semaines, au lendemain du discours de politique générale de François Bayrou. Le même, aujourd’hui : “Force est de constater que c’est le gouvernement qui nous empêche de changer la vie des gens.” Certains caciques des Roses appuient d’ores et déjà pour que le PS dépose sa propre motion de censure. Histoire de “s’affranchir des insoumis”…Avant même la polémique autour du “sentiment de submersion migratoire”, les socialistes faisaient monter les enchères, réclamant (même le week-end dernier) de nouvelles dépenses en menaçant, sinon, de voter la censure. Certains socialistes plus responsables que d’autres s’en sont d’ailleurs émus. Mais François Bayrou et ses amis voudraient surtout faire comprendre une chose au PS : puisqu’ils sont dans l’opposition, il est normal qu’ils s’opposent. Qu’ils s’opposent aux différentes politiques menées par le gouvernement, soit. Mais il ne faut pas tout ramener au budget.Le Parlement est un lieu où l’on discute. Au-delà des postures, les ponts ne sont pas rompus entre Matignon et les socialistes. François Bayrou reste convaincu que le PS ne censurera pas le budget. Lui qui n’est pas entré sur le plateau de LCI avec l’intention de lâcher une bombe en employant le mot “submersion”, ne veut pas se placer dans les mains du RN.Car depuis quelques heures, les lepénistes ont assisté à leur propre résurrection. Et cela bien malgré eux. Le RN, condamné depuis des semaines à regarder passer les trains, se retrouve soudainement propulsé au quasi-centre du jeu, et peut remercier Matignon et les socialistes. Le premier, pour avoir marché sur ses plates-bandes lexicales, les seconds, pour faire à nouveau de lui la force pivot qui permettrait, ou non, de faire tomber le gouvernement.Au RN, “il est hors de question que l’on donne un blanc-seing à un budget sans vision”Bien silencieux depuis des semaines, les frontistes se réveillent. Et commencent par jurer que jamais le gouvernement n’a manqué de les traiter. Y compris pendant la période de négociation intenses avec les socialistes. Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme et émissaire désigné sur les questions économiques, a multiplié les rendez-vous avec les différents représentants du gouvernement, de Laurent Saint-Martin à Eric Lombard en passant par Catherine Vautrin, quand Marine Le Pen, elle, a rencontré Manuel Valls après son voyage à Mayotte.Courageux mais pas téméraire, François Bayrou a retenu les leçons de la censure du mois de décembre, et intégré qu’il devrait inclure Marine Le Pen et ses camarades dans les discussions. A tel point que certains ministres sont persuadés d’avoir trouvé l’astuce pour les neutraliser. “Le RN a été mis sur la touche, ils n’ont pas le chemin pour appuyer sur le bouton, assure un membre du gouvernement. Ils ont besoin de calmer le truc, et d’ailleurs je ne les entends plus beaucoup, ils n’ont pas de position forte.” François Bayrou, lui, n’est pas si catégorique. Il n’a pas oublié la loi immigration, ni la censure Barnier : ces gens-là peuvent changer à la dernière minute, ils peuvent vous faire tomber même si vous leur donnez tout…Il ne croit pas si bien dire. Voilà que le RN, qui assurait que sa position depuis décembre n’avait pas varié, se met à brandir de nouvelles “lignes rouges” qui pourraient le pousser à censurer le budget. Selon nos informations, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont indiqué lundi à Jean-Philippe Tanguy que le budget ne devra pas dépasser les 5 % de déficit (il est construit sur une hypothèse de 5,4 %). Une requête bien plus problématique que celle concernant la désindexation des retraites, ou le déremboursement de certains médicaments, et qui pourrait faire office de ligne rouge “valise” permettant au RN de faire monter les enchères. Façon déguisée, aussi, de s’ouvrir de nouvelles voies de justification d’une éventuelle censure.Un dernier argument vient de faire son apparition : l’absence de “vision” inhérente à ce budget. “Il est hors de question que l’on donne un blanc seing à un budget sans vision” justifie par avance une voix qui porte au sein du parti. Un changement de pied assumé à demi-mot par les frontistes. “Si nous reprenions mot pour mot les lignes rouges de décembre, nos négociations étaient finies et nous étions out, puisque la chute de Barnier a effacé la dernière ligne rouge à savoir l’indexation des retraites, il fallait que nous en ajoutions de nouvelles”, concède un député. Censurer pour exister ? La réponse dépendra du résultat de la commission mixte paritaire, qui se tient ce jeudi. “Et, comme d’habitude, on prendra notre décision ce week-end”, assure un proche de Marine Le Pen.



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Author : Marylou Magal, Olivier Pérou, Mattias Corrasco

Publish date : 2025-01-30 04:45:00

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Tags : L’Express

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