Bernard Arnault (LVMH), Guillaume Faury (Airbus), Florent Menegaux (Michelin)… Plusieurs grands patrons français se sont exprimés dans les médias et au Sénat ces dernières semaines pour se plaindre de la hausse temporaire des taxes sur les grandes entreprises prévue dans le budget en préparation en France pour l’année 2025, tout en affirmant qu’il ne fallait pas s’étonner si les industries décidaient de délocaliser. Ce jeudi 30 janvier, c’était au tour du président du Medef de fustiger sur RTL le système de taxation français, et de considérer que Bernard Arnault avait “raison” de menacer de partir pour les Etats-Unis : “Il a évidemment raison, comme d’autres grands chefs d’entreprise qui se sont exprimés dans le même sens sur la fiscalité”, a estimé Patrick Martin. Selon lui, “la colère monte” parmi les adhérents du Medef, face aux choix économiques du gouvernement.Menaces de délocalisation”Aux USA, les impôts vont descendre à 15 %, les ateliers sont subventionnés dans une série d’Etats et le président (Trump) encourage ça”, a salué mardi Bernard Arnault lors de la présentation des résultats 2024 de LVMH. “Quand on revient en France et qu’on voit qu’on s’apprête à augmenter de 40 % les impôts des entreprises qui fabriquent en France, c’est incroyable. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal !”, a dénoncé le milliardaire, fustigeant “la taxation du made in France”.Le dirigeant du géant français du luxe faisait référence à la surtaxe d’impôt temporaire sur les sociétés prévue dans le projet de loi de finances pour 2025, pour les entreprises qui réalisent plus de 3 milliards de chiffre d’affaires uniquement, qui devrait rapporter 8 milliards d’euros cette année.”L’incompréhension tourne à la colère” parmi les adhérents du Medef, abonde Philippe Martin, et “les conséquences, c’est que ceux qui peuvent partir partent. Et ils ont raison”. “Quand vous avez un pays qui a de la croissance, des conditions attractives en termes de prix de l’énergie, de fiscalité, vous y allez, c’est normal”, a jugé le président du Medef.Des menaces de délocalisation qui rejoignent les déclarations de Guillaume Faury, directeur général d’Airbus. Pointant du doigt “trop de charges, trop de règlements, trop de contraintes, trop de taxes”, celui-ci avait souligné début janvier qu’il était “extrêmement difficile de résister à l’attractivité américaine”, “quand on voit la non-attractivité européenne et l’incertitude”. Florent Ménégaux, directeur de Michelin, avait également tenu des propos similaires lors de son audition devant le Sénat, mercredi 22 janvier, tout comme Patrick Pouyanné, dirigeant de TotalEnergies, lors d’un colloque organisé en décembre par l’Union française de l’électricité (UFE).”Indécents”Ces critiques ont du mal à passer à gauche et au sein du gouvernement. “Je comprends sa colère. Je comprends que dans la condition budgétaire dans laquelle nous nous trouvons, chacun doit prendre part aux efforts”, a réagi Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement, mercredi lors du compte-rendu du Conseil des ministres, tout en rappelant que la surtaxe envisagée devait être temporaire. Le sénateur PCF de Paris, Ian Brossat, a lui estimé que les propos de Bernard Arnault étaient “indécents”, rappelant qu’aux Etats-Unis, les entreprises paient moins cher puisqu'”il n’y a même pas de sécurité sociale.”Selon le sénateur écologiste Guillaume Gontard, interrogé par Public Sénat, la surtaxe envisagée par le gouvernement “est peut-être le seul élément, justement, qui remet un tout petit peu de justice fiscale” : “Je rappelle que LVMH, c’est 17 milliards de bénéfices cette année. Je rappelle que les entreprises du CAC40 ont reversé 100 milliards de dividendes”, a-t-il ajouté. Le groupe LVMH a atteint 12,55 milliards d’euros de bénéfice net annuel, bien qu’en baisse de 17 %. “On voit qu’il y a des entreprises qui se portent bien, qui font des bénéfices et qui licencient. Michelin, par exemple. Donc oui, on a besoin de mettre de la conditionnalité dans les aides d’Etat et de faire participer tout le monde à l’effort national”, a encore estimé Guillaume Gontard.
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Publish date : 2025-01-30 11:57:59
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