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“Il ne l’aime pas, et alors ?” Face à Donald Trump, Ursula von der Leyen va devoir opérer un virage

Ursula von der Leyen et Donald Trump à Davos en Suisse le 21 janvier 2020




“Il parait c’est une négociatrice très dure, voilà une mauvaise nouvelle pour nous”. Ce 20 janvier 2020, en marge du forum de Davos en Suisse, un Donald Trump souriant accueille la nouvelle présidente de la Commission européenne. Mais une fois les portes closes, le rendez-vous se passe très mal. Comme l’ex-commissaire Thierry Breton l’a raconté devant le Parlement européen, le président américain menace de ne pas venir au secours de l’Europe si elle est attaquée. “Vous les Allemands, vous me devez 400 milliards, parce que vous n’avez pas payé pour votre défense”, attaque-t-il, lors de ce qui reste son unique face-à-face avec Ursula von der Leyen.A ce jour, l’ancienne ministre de la Défense d’Angela Merkel n’a eu qu’un contact, au téléphone, avec le président réélu – début novembre, pour le féliciter —, alors que plusieurs dirigeants européens dont Emmanuel Macron, l’italienne Giorgia Meloni ou le secrétaire général de l’Otan, le néerlandais Mark Rutte, l’ont, eux, déjà rencontré en personne. De l’avis général, cela s’annonce nettement plus compliqué pour elle. “Si Donald Trump appelle, c’est potentiellement négatif ; s’il n’appelle pas, aussi”, s’inquiète une source française. Allemande, femme, réputée très proche de Joe Biden et, de surcroît, dirigeante d’une institution que le Républicain exècre, Ursula von der Leyen part avec peu d’atouts dans sa manche. “Trump a été traumatisé par les leçons de morale de la chancelière Angela Merkel, cela a laissé des traces durables”, soupire un diplomate européen.”Quand Biden a été élu, c’était la fête !”Depuis son arrivée fin 2019 au Berlaymont, le siège de la Commission, la dirigeante chrétienne-démocrate a pourtant donné de nombreux gages d’atlantisme. Trop même, aux yeux de ses détracteurs. “Quand Joe Biden a été élu, c’était la fête ! Il fallait absolument trouver un agenda positif”, confie un insider. Son chef de cabinet, l’allemand Björn Seibert, qui a travaillé dans plusieurs universités américaines, s’entendait à merveille avec Jack Sullivan, le Conseiller à la sécurité nationale du président démocrate.Ce lien de confiance lui vaudra d’ailleurs d’être informé très précisément sur la marche vers la guerre en Ukraine. “Résultat, quand celle-ci a éclaté, nos services étaient déjà prêts à dégainer les sanctions”, se souvient un haut fonctionnaire de la Commission. Mais ce tropisme peut aussi expliquer des réticences à aller au rapport de force avec les Etats-Unis. Quand en 2021, Washington impose des restrictions à l’exportation sur les vaccins contre le Covid, c’est Thierry Breton qui doit monter au front. Et, en août 2022, quand l’administration démocrate dégaine l’Inflation reduction act, le grand programme de subventions qui fait planer une lourde menace sur l’économie européenne, Ursula von der Leyen s’empresse de saluer sa signature sur les réseaux sociaux.Alors qu’elle avait parlé de “soulagement” au moment de la victoire de Joe Biden en 2020, elle va donc devoir opérer un délicat virage sur l’aile face à son successeur. “Nos équipes sont en contact. C’est la manière dont cela se passe habituellement, a-t-elle évacué le 29 janvier en répondant à la presse. Tôt ou tard, il y aura sans aucun doute une visite et une intensification des contacts”. Mais pas de fumée blanche pour l’instant et à Bruxelles, certains s’interrogent déjà. “J’ai le sentiment qu’ils parlent avec des gens qui sont certes dans l’équipe de Donald Trump, mais qui n’ont pas véritablement accès au président”, soupire un diplomate de haut rang. “Il préfère parler d’Europe avec Orban”, persifle un autre de nos interlocuteurs.Il devra forcément traiter avec la Commission européenneL’ancienne ministre de la Défense d’Angela Merkel demeure cependant incontournable dans les relations entre les deux rives de l’Atlantique. Si Donald Trump veut réduire le déficit commercial avec l’Union européenne, il devra forcément passer par Bruxelles où la Commission gère la politique commerciale des 27. “Il ne l’aime pas, et alors ? Il devra faire avec. Nous, c’est lui que nous n’aimons pas et nous n’avons pas le choix non plus” résume un diplomate. Et si le discours d’Ursula von der Leyen à Davos, au sortir de son absence pour une sévère pneumonie, n’a pas imprimé dans le grand public, il a agréablement surpris dans les cercles d’initiés. ” On s’est dit qu’elle avait enfin vu la lumière !”, souffle-t-on à Paris.”Les entreprises européennes aux Etats-Unis emploient 3,5 millions d’Américains. Et un million d’emplois américains supplémentaires dépendent du commerce avec l’Europe”, a opportunément glissé la patronne de la Commission, avant d’annoncer vouloir multiplier dans les prochains mois les alliances avec d’autres régions du monde que les Etats-Unis, dont la Chine. “Nous nous montrerons pragmatiques mais nous ne renoncerons pas à nos principes” a-t-elle aussi lancé en direction de Washington. “Un discours volontariste, il faudra que cela soit rapidement suivi d’actions”, estime le ministre français des affaires étrangères Jean-Noël Barrot. En tout cas, au 30 janvier, Donald Trump n’avait toujours pas imposé de taxe douanière à l’UE. Même s’il tarde à former le numéro de téléphone de la dirigeante européenne, il a quand même peut-être entendu ses premiers messages.



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Author : Isabelle Ory

Publish date : 2025-01-31 04:45:00

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Tags : L’Express

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