“Les Etats-Unis prendront le contrôle de la bande de Gaza, et nous ferons du bon travail avec elle”. Sa déclaration, “tout le monde l’adore”, s’est vanté le président américain. Tout le monde sauf les Palestiniens. Les Nations unies. De nombreux alliés et ennemis des Etats-Unis. En réalité, pas grand monde ne “l’adore”. Surtout pas la plupart des membres du gouvernement américain, qui, pour certains, ont tenté ce mercredi d’atténuer les annonces de Donald Trump.Alors que ce dernier s’est demandé pourquoi les Palestiniens voudraient retourner à Gaza après avoir été déplacés et a imaginé que la région pourrait devenir la “Côte d’Azur du Moyen-Orient”, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a affirmé que le président américain souhaitait simplement que la Jordanie et l’Egypte accueillent “temporairement” des Palestiniens. Dans son élan, la porte-parole a également déclaré que Donald Trump ne s’était pas engagé à envoyer des troupes militaires sur place, bien que celui-ci a déclaré qu’il “ferait ce qui est nécessaire” et que si cela “est nécessaire, nous le ferons”. Des propos violents qui auraient pu être évités si son administration avait été mise au courant de ses intentions.Donald Trump, seul décisionnaireDans son cercle privé, le magnat de l’immobilier parlait de sa volonté de s’emparer de la bande de Gaza depuis plusieurs semaines, selon les informations du New York Times. Une réflexion qui s’est accélérée, d’après deux responsables de l’administration Trump, à la suite du retour, la semaine dernière, de l’émissaire pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui a décrit les conditions épouvantables qui règnent sur place.Lors de la conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, le président américain avait affirmé que cette décision “d’aller de l’avant” avait été étudiée pendant des mois et qu’elle n’avait aucunement été “prise à la légère”. Pourtant, deux proches de Donald Trump ont insisté sur le fait que lui seul était à l’origine de cette idée : l’un d’eux a même déclaré qu’il ne l’avait jamais entendu mentionner l’implication de troupes américaines avant mardi. Personne à la Maison-Blanche ne s’attendait à ce que Donald Trump ne s’aventure sur ce terrain (plus que) glissant.Une déclaration officielle… qui n’a rien d’officielleD’autant plus que si l’annonce pouvait paraître officielle, celle-ci n’avait rien de formelle. Selon quatre personnes, interrogées par le quotidien new-yorkais, ayant eu connaissance des discussions, l’administration du président américain n’a pas pu examiner la faisabilité de son idée en amont. D’après cette même source, aucune réunion avec le département d’Etat ou avec le Pentagone n’a été organisée, comme il est de coutume pour toute proposition sérieuse de politique étrangère. Le département de La Défense, lui, n’a produit aucune évaluation des effectifs nécessaires, aucune estimation des coûts, ni même une ébauche du plan d’action. Cette annonce n’était autre qu’une idée dans la tête de Donald Trump.La déclaration, par son caractère fracassant, n’a tout de même pas manqué de faire réagir la communauté internationale. “Le Royaume d’Arabie saoudite affirme que sa position est ferme et indéfectible […]. Atteindre une paix durable et juste ne peut être réalisé sans l’obtention des droits légitimes du peuple palestinien, […] comme explicité aux administrations américaines précédentes et actuelles”, a par exemple déclaré le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué. Plusieurs dirigeants ont fait savoir qu’une telle annonce pourrait enflammer les conflits dans la région, et si elle est menée à exécution, équivaudrait au déplacement forcé d’une population civile. Autrement dit, un “crime de guerre” en vertu du droit international.Malgré la gravité des propos de Donald Trump, plusieurs de ses conseillers ont déclaré qu’ils s’attendaient à ce que l’idée de s’emparer de Gaza s’éteigne à mesure qu’il deviendrait évident pour le président que celle-ci était irréalisable. Ce jeudi, cela semblait déjà se produire.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2025-02-06 15:42:40
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