A seulement 23 ans, Paul-Loup Sulitzer est “un combiné de self-made-man et de fils de famille” qui se présente volontiers comme “le plus jeune PDG d’Europe”. Il a exercé plusieurs métiers : garçon de courses, chauffeur de taxi dans le Sinaï, publicitaire, avant de se lancer dans les affaires. Bientôt, il connaîtra la fortune et le succès avant une descente aux enfers entre démêlés judiciaires et divorce ruineux.Dans L’Express du 24 novembre 1969CH23 contre NénetteLe pactole dans une éponge. Paul-Loup Sulitzer, le petit jeune homme pâle aux yeux gris qui avait fait – entre autres choses – fortune dans le porte-clefs, a trouvé un nouveau job : il va vendre des éponges aux automobilistes.Il les appelle CH 23. Le mystérieux sigle bleu et rouge qui est, dès cette semaine, apposé sur des mallettes de représentants ou à l’arrière des voitures apparaît comme un redoutable concurrent de la “Nénette”. Et de Swipe.Solvant, lustrant et protecteur, le détergent que dispense l’éponge grise et jaune de M. Sulitzer entend sauver les automobiles de la crasse : CH 23 assure 35 nettoyages pour le prix modique de 18 F. Et pour le plus grand bénéfice, évidemment, de M. Sulitzer.Paul-Loup Sulitzer dans L’Express du 24 novembre 1969″J’espère gagner 10 millions de francs d’ici à huit mois”De son salon Louis XVI sur les bords de la Seine, “Paul-Loup”, 23 ans, a minutieusement étudié la stratégie du détergent Swipe et évalué les bénéfices de ses promoteurs australiens. “J’espère, dit-il doucement, gagner 10 millions de francs d’ici à huit mois.” Son projet, colporté de bouche à oreille, a déjà suscité des vocations. Les chèques des candidats vendeurs qui veulent s’assurer un stock d’éponges affluent, à grandes vagues, chez M. Sulitzer. Les bénéfices escomptés dans le détergent viendront consolider les sommes rondelettes qu’il a déjà gagnées au hasard de l’import-export et de l’immobilier. “Et je n’ai que 23 ans”, répète-t-il : 23 est pour lui un chiffre magique.Le promoteur du CH 23, qui se présente volontiers comme “le plus jeune PDG d’Europe”, est un combiné de self-made-man et de fils de famille. Habitué des petits métiers – il fut, dit-il, garçon de courses, chauffeur de taxi dans le Sinaï, puis publicitaire – mais héritier d’une confortable fortune issue des remorques paternelles Titan, il s’est baptisé président de sept ou huit sociétés et s’est taillé, en dépensant beaucoup d’énergie, une réputation de roi du gadget, ou de spécialiste des “coups” : le “coup” du club des copocléphiles, celui de l’agence de mannequins laids, celui du stylo géant, celui du parapluie automobile importé du Japon, et d’autres qu’il a, peut-être, lui-même oubliés.Pour son dernier “coup”, le jeune homme, entouré de conseils en tout genre et soucieux de dégadgétiser son personnage, a voulu être utile. Mieux : désireux d’être imité, il prépare une Fondation Sulitzer, qui attribuera un prix de 20 000 francs à un jeune de moins de 25 ans, pour récompenser l’esprit d’entreprise. Entreprise utile ou inutile.
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Publish date : 2025-02-07 12:32:52
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