Le wokisme est mort, vive le wokisme ? Donald Trump de retour à la Maison-Blanche. Elon Musk, patron de X et chantre de l’antiwokisme au gouvernement. Mark Zuckerberg, comme nombre d’enseignes américaines avant lui, à la manœuvre d’un virage à 180 degrés sur les politiques de diversité au sein de Meta. Autant de raisons pour lesquelles une partie du milieu intellectuel américain, mais pas seulement, en arrive à la même conclusion : “woke is dead” (“le wokisme est mort”).Eric Kaufmann n’est pas de ceux-là. Ce professeur de sciences politiques canadien, qui lance un cours dédié au sein de l’université de Buckingham et publie The third awokening : A 12-Point Plan for Rolling Back Progressive Extremism, est formel : “bien que le wokisme ait subi un recul, il pourrait ressurgir fortement dans une génération. Il faudra sans doute attendre vingt ans pour voir s’il a vraiment reculé…”Auprès de L’Express, le chercheur décrit une “idéologie fonctionn[ant] par vagues” et juge que “la dernière en date, dont le pic a sans doute été atteint aux alentours de 2021, est simplement en train de retomber en intensité. Mais, comme cela s’est vérifié par le passé, elle repartira encore plus fort que les précédentes”. A l’heure où l’idée d’un “wokisme de droite” semble gagner du terrain, y compris parmi les cercles conservateurs, Eric Kaufmann explique pourquoi, à la différence de la gauche woke qui “fait tout pour excommunier de la société tout entière celui qui a ‘trahi’ l’orthodoxie”, la droite “ne fait pas campagne pour rendre ses totems universels”. Même à l’heure où Donald Trump promet une “révolution du bon sens” ? Entretien.L’Express : En 2024, vous avez à la fois développé un cours en ligne sur le wokisme à l’université de Buckingham et publié un nouveau livre intitulé The third awokening : A 12-Point Plan for Rolling Back Progressive Extremism. Mais entre la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, l’arrivée d’Elon Musk au sein de son administration ou encore le virage de Meta en matière de politique de diversité, certains pronostiquent la fin du wokisme. N’arrivez-vous pas un peu tard ?Eric Kaufmann : Je ne crois pas que le wokisme soit en voie de disparition. Comme je l’explique dans mon livre, cette idéologie fonctionne par vagues. Il y a d’abord eu celle des années 1960 via le mouvement antiraciste, qui a fini par retomber. Mais quand elle est repartie à la hausse sous la forme d’une vague de politiquement correct régi par des codes de langage, dans les années 1990, c’était d’un seuil encore plus élevé que la précédente. La dernière en date, que nous vivons actuellement et dont le pic d’intensité a sans doute été atteint aux alentours de 2021, est elle aussi en train de retomber en intensité. Mais, comme cela s’est vérifié par le passé, elle repartira encore plus fort que les précédentes. Voilà pour le tableau global. Ensuite, qu’il s’agisse du recul des programmes de “diversité, équité et inclusion” (DEI) ou autre, la plupart des indices qui semblent indiquer un recul émanent surtout des Etats-Unis. En Europe, en Grande-Bretagne ou au Canada – même si Justin Trudeau y est aujourd’hui très impopulaire – c’est tout de même beaucoup moins le cas.Et puis n’oublions pas que les jeunes – la génération Z, et dans une moindre mesure les millenials – sont beaucoup plus woke que leurs aînés. Tous les sondages le montrent ! Or ce sont les électeurs et les professionnels de demain : il y a donc une forte probabilité pour qu’ils tentent de faire appliquer leur idéologie lorsqu’ils en auront l’occasion professionnelle ou dans les urnes. Pour toutes ces raisons, je vous dirai que bien que le wokisme ait subi un recul, il pourrait ressurgir fortement dans une génération. Il faudra sans doute attendre vingt ans pour voir s’il a vraiment reculé…Selon certains intellectuels, le wokisme serait le produit d’une forme de marxisme. Qu’en pensez-vous ?Je ne suis pas totalement d’accord. Il ne fait aucun doute que la philosophie sous-jacente de ce phénomène se nourrit notamment d’anciens marxistes mécontents qui ont intellectuellement vacillé dans les années 60 – la première vague – pour adopter une lecture plus centrée sur les questions identitaires. Ce sont des profils comme Herbert Marcuse, Angelas Davis, Paolo Frieire… Cela étant dit, il me semble que le wokisme se nourrit aussi beaucoup de la tradition de la psychothérapie humaniste – une sorte de dérivé des idées de Freud qui a largement influencé la gauche libérale. Et j’entends par là plutôt la culture de gauche au sens large que l’extrême gauche en tant que telle. Dans mon livre, je parle beaucoup de la gauche molle, la gauche libérale, comme étant la clef du problème.Car il me semble que cette façon de mettre la fragilité et la sensibilité sur un piédestal est davantage de nature à parler à cette gauche-là. Donc pour le dire autrement : oui, la théorie critique de la race, l’idéologie radicale du genre, qui font partie du wokisme, proviennent d’un courant intellectuel post-marxiste. Mais les formations à la diversité, les codes de la parole, la discrimination positive, la législation sur le harcèlement proviennent davantage d’une tradition d’une gauche libérale influencée par le courant psychothérapeutique. Je ne parlerais donc pas de “marxisme culturel”, mais plutôt de “socialisme culturel”.Quelle est la ligne directrice de ce “socialisme culturel” ?Partant du principe que le wokisme consiste à sacraliser des totems, comme le fait d’être racisé, femme, ou membre d’une minorité historiquement désavantagée ou opprimée, le socialisme culturel qui est son pendant philosophique considère que tout écart de revenu et de richesse entre les hommes et les femmes, les Noirs et les Blancs, relève de la discrimination, donc de la violation du sacré. Tous ces préjudices – y compris émotionnels – perçus devraient donc être corrigés. Comment ? En mettant en place des quotas ou toute sorte de programme de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI). Mais aussi en imposant des codes ou restrictions d’expression – accompagnée de sanctions… Comme l’exclusion sociale. Au fond, on pourrait aussi appeler ce socialisme culturel “l’idéologie DEI”.Vous n’êtes pas tendre avec les programmes de diversité, équité et inclusion (DEI). Qu’y a-t-il de mal à vouloir favoriser de telles valeurs ?Les programmes de DEI sombrent par nature dans la discrimination – notamment raciale – puisqu’ils accordent une préférence à des étudiants “racisés” par rapport à des “non-racisés”, même s’ils ont des notes inférieures ! Si les personnes admises avec des notes inférieures grâce aux programmes de DEI réussissaient aussi bien ou mieux après leur admission que celles admises sans ces programmes, cela signifierait que les premières ont probablement été victimes de discrimination académique dans le passé et donc que ces programmes fonctionnent !Mais les études montrent que la majorité des individus admis dans les universités grâce à ces derniers ont de moins bons résultats. Ces programmes ne font rien d’autre que porter atteinte au principe du mérite et à l’égalité de traitement. Il existe pourtant bien d’autres moyens d’encourager la diversité et l’équité dans des universités comme Harvard ou certaines grandes entreprises que de privilégier les individus en fonction des origines ou du sexe… Une entreprise pourrait tout à fait élargir son champ de recrutement en permettant aux candidats de briguer un poste même s’ils ne viennent pas de l’Ivy League [qui rassemble huit universités très prestigieuses aux Etats-Unis : Ndlr] ! Vous obtiendriez alors un mélange différent, tout en respectant la notion de mérite.Quant à l’idée de veiller à “l’inclusion” – donc prévenir les préjudices contre les personnes, une chose est sûre : organiser des formations ou des programmes dont l’hypothèse centrale est que seules les populations LGBT, racisées ou femmes subissent des discriminations ne fait que renforcer les antagonismes. Ce récit est tellement biaisé politiquement… Les gens ont des yeux ! Oui il existe des discriminations contre ces groupes, mais aussi des discriminations de classe, de religion, de convictions politiques. Et même s’il y a bien évidemment des groupes qui ont été historiquement désavantagés, il n’y a qu’en élargissant le pool de ce qu’inclut la « lutte contre les discriminations » que les gens accepteront plus facilement ce concept.Quel rôle a joué le wokisme dans l’élection de Donald Trump en 2024, par rapport à 2015 ?Le wokisme est une cause majeure de populisme. C’est un peu comme un grand magasin soviétique qui ne vendrait qu’un seul type de pantalon. Mécaniquement, le marché noir va se mettre en place pour fournir ce que les gens veulent et ne trouvent pas dans les grands magasins. C’est la même chose en politique, car le public est demandeur de discussions sur les sujets rendus tabous par le wokisme – et le populisme est le marchand noir de la politique. C’est ainsi qu’il faut comprendre la montée du populisme en général, mais surtout celle de Donald Trump qui, en 2015, est apparu comme étant le seul à vouloir prendre à bras–le–corps certains sujets dont plus personne ne parlait comme l’immigration.L’immigration a également été la clé de sa victoire en 2024, mais la réaction de la gauche a été différente : c’est-à-dire pas aussi hystérique qu’en 2016. Pourquoi ? En partie, sans doute, parce que Trump fait partie du paysage. En France, lorsque Jean-Marie Le Pen obtenait presque 20 % des voix, il y avait des manifestations massives. Mais aujourd’hui, Marine Le Pen obtient le double et c’est beaucoup plus calme. Pour cause, elle est, à l’instar de Trump, devenue une figure familière ! La deuxième chose, c’est qu’une partie de la gauche libérale américaine – et en particulier l’élite – s’est montrée cette fois plus réfléchie. Plus disposée à se demander “qu’avons-nous raté par le passé ?”, “comment en sommes-nous arrivés-là”…La lutte contre le wokisme ne peut-elle parfois confiner à son tour à une forme d’idéologie ? Même l’auteur conservateur James Lindsay a évoqué l’idée d’un “wokisme de droite”…Il y a des ressemblances familiales entre la gauche woke et une partie de la droite, c’est sûr. Dans les cercles MAGA (Make America Great Again), il y a aussi des positions orthodoxes – c’est par exemple l’idée que l’élection de 2020 a été “volée”. Mais si, dans ces cercles de droite, remettre en question certains dogmes vaudra certainement un torrent d’opprobre, il est plus difficile d’imaginer de véritables cabales visant à détruire la réputation sociale de quelqu’un ou le priver de ses moyens de subsistance au sein de la société entière. C’est la grande différence avec la gauche woke qui, dès que l’un de ses totems sacrés est attaqué, adopte une réponse quasi religieuse et fait tout pour excommunier de la société tout entière celui qui a “trahi” l’orthodoxie.Autre point de différence important : la gauche woke tente tout pour que ses valeurs soient institutionnalisées, au sein des écoles, des gouvernements, de la société… En fait, ses partisans essaient d’installer un code moral. Au sein de MAGA, il y a également un désir de conformité, mais il ne s’agit pas d’une croisade moralisatrice à vocation universelle, mais d’une conformité au sein d’un groupe. Au fond, la droite ressemble davantage à une équipe sportive. Si vous arrivez dans un bar qui soutient le Paris-Saint-Germain avec un maillot de l’OM, vous ne ferez pas partie de la tribu, mais il y a peu de chances que l’on vienne vous traquer en dehors de ce bar, sur les réseaux sociaux ou sur votre lieu de travail pour vous détruire. En clair : la droite entend imposer ses codes au sein de son groupe, mais elle ne fait pas campagne pour rendre ses totems universels.Le wokisme de droite n’existe donc pas ?Si, mais ailleurs. Au Pakistan, par exemple, où la droite religieuse est très puissante, toute insulte au Coran ou au Prophète est sanctionnée par l’exclusion – non seulement socialement, mais même au prix de votre vie voire celle de votre famille. De même que dans le Massachussetts puritain du XVIIe siècle, mieux valait ne pas transgresser la morale sacrée de l’époque. Sans quoi, vous étiez passible de procès en sorcellerie. C’est cela, le wokisme de droite dans les sociétés religieuses. Or force est de constater que dans l’Occident d’aujourd’hui, la droite se limite encore à une sorte de conformisme tribal.N’est-il pas possible que Donald Trump, qui promet une “révolution du bon sens” en arrive à vouloir établir à son tour un code moral dans le futur ?Mais quel serait le code moral en question ? Avec Trump au pouvoir, si vous dites “j’aime les programmes de diversité”, serez-vous ostracisé au point de devenir socialement radioactif ? Sans totem sacré équivalent à ceux qui animent la gauche woke – la race, le genre, les minorités sexuelles – cela me semble peu probable. Oui, bien sûr, la droite aimerait que les gens s’opposent aux programmes de DEI, mais je ne pense pas qu’elle sera animée par la même motivation religieuse pour chasser le “mal”.Pour certains, le wokisme serait une forme de “panique morale”. Qu’en pensez-vous ?Les effets du wokisme sont bien réels ! Aux Etats-Unis, 35 % des citoyens disent craindre pour leur emploi ou leur réputation à cause de ce qu’ils ont dit par le passé ou pourraient dire à l’avenir. De fait, beaucoup d’individus ressentent un certain niveau de restriction en matière de liberté d’expression, et s’en inquiètent. Et pour cause : quand la liberté d’expression n’est pas respectée, une série d’effets néfastes commencent à se produire ! Si un politicien ne peut pas parler d’immigration, de criminalité, ou d’éducation – parce que cela pourrait éventuellement froisser certaines communautés et donc violer un totem woke sacré – alors comment voulez-vous que les questions importantes soient étudiées et traitées ? Sans compter que, comme je l’ai déjà évoqué à propos de Trump, en réduisant le champ d’expression sur certains sujets, le wokisme ouvre la voie au populisme, à la polarisation et la division dans la société.Je vous donne un autre exemple : avec l’affaire George Floyd, le mouvement Defund the Police a conduit à la suppression de la police dans des zones dangereuses. Conséquence : le nombre de meurtre et la violence ont explosé dans les zones où les forces de l’ordre étaient moins nombreuses qu’avant. Et les premières victimes ont principalement été des personnes noires. Et l’on peut tirer ce fil sur tout un tas de sujets : il ne faut pas parler des bloqueurs de puberté parce que ce serait transphobe ? Vous privez les médecins de réellement s’interroger sur l’efficacité et la nocivité des soins prodigués…A la fin des années 2010, lors de la publication de votre livre Whiteshift, qui portait sur les effets futurs d’un déclin démographique des Blancs en Occident, vous aviez vous-même été la cible de virulentes critiques, notamment sur les réseaux sociaux. Le climat est-il différent aujourd’hui ?Un petit nombre de radicaux, principalement des étudiants et des universitaires, ont eu recours à des rassemblements sur Twitter et à des plaintes officielles pour me mettre en difficulté, mais le climat est meilleur qu’il ne l’était à l’époque. Les grands médias de centre-gauche sont aujourd’hui plus équilibrés à bien des égards, même si tout dépend du pays. Je pense par exemple au New York Times ou au Washington Post aux États-Unis. Mais à part une partie de l’élite américaine qui s’est déplacée vers le centre, au Canada, d’où je viens, je n’ai pas vu beaucoup de changement. Et si l’on regarde la situation dans son ensemble, la gauche domine toujours un grand nombre d’institutions. Dans les universités et la fonction publique, il n’y a eu pratiquement aucun déclin des pratiques de DEI en dehors de l’Amérique de Trump.Comment jugez-vous la situation de la France vis-à-vis de ce phénomène ?La France me semble un peu plus raisonnable sur ces questions. En tout cas au Canada, le Québec francophone est définitivement perçu comme tel. Et je pense que ça n’est pas tellement différent de votre pays. J’ai réalisé une enquête sur les attitudes des Québécois vis-à-vis du wokisme et la plus grande différence ne concerne pas le public mais les élites. Les élites québécoises ont tendance à être moins woke que les élites canadiennes anglophones. En partie car les premières perçoivent le wokisme comme une importation anglophone loin de leur culture. Et puis, quand vous défendez la laïcité, il est difficile d’être complètement woke… Certes, certaines connaissances me rapportent parfois que des professeurs se font parfois canceller (NDLR : annuler) ou attaquer dans vos universités. Mais je pense que vos élites résistent mieux qu’ailleurs et sont plus raisonnables. Je pense à certaines voix comme celle de Gilles Kepel, qui rendent l’atmosphère plus respirable.Quel est, selon vous, le meilleur outil pour lutter contre les excès du wokisme ?Un gouvernement élu reste la seule institution que la majorité de la population peut contrôler. Elle doit l’utiliser si elle veut réformer les institutions viciées par le wokisme. J’approuve totalement la décision de Donald Trump de se débarrasser des programmes de DEI ! Certains intellectuels libéraux ‘classiques’ comme Greg Lukianoff ou Yascha Mounk prônent davantage une ligne de persuasion, de dialogue, que le levier gouvernemental. Je ne suis pas de cet avis. Je pense qu’il est parfaitement permis de faire ce que fait Trump tant que ses actions sont examinées par les médias et qu’elles sont en accord avec la loi. Tout simplement parce que la plupart des institutions qui pourraient faire office de lien entre le gouvernement et les citoyens sont aujourd’hui pourries de l’intérieur. Il ne s’agit pas de dire aux professeurs d’université ce qu’ils ne peuvent pas enseigner tel ou tel sujet – je serais contre car ce serait une violation de la liberté académique. Mais s’il s’agit simplement de dire “vous pouvez toujours enseigner la théorie critique de la race mais nous ne vous financerons pas”, cela ne me choque pas. C’est ma logique : utiliser les cordons de la bourse pour éroder le soutien à ce qui n’est pas soutenu par l’électorat, c’est-à-dire le wokisme.Elon Musk fait aujourd’hui figure de pape autoproclamé de l’antiwokisme. Est-il un bon ambassadeur ?C’est le dilemme, n’est-ce pas ? Le même, d’ailleurs, que concernant Donald Trump. Préfère-t-on le package “woke” qui ne contient donc pas les mauvais côtés “antiwoke”, ou le package “antiwoke” qui inclut de lutter contre cette idéologie, mais avec les excès qui vont avec ? A mes yeux, il est préférable d’opter pour la seconde option, même si je pense qu’il faudra, tôt ou tard, que woke et antiwoke se parlent.
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Author : Alix L’Hospital
Publish date : 2025-02-08 15:00:00
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Eric Kaufmann : “Ne vous y trompez pas, le wokisme va repartir et frapper encore plus fort”
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