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Expropriation, apartheid… Pourquoi le ton monte entre les Etats-Unis et l’Afrique du Sud

Le président américain Donald Trump à Washington le 6 février 2025, et le président sud-africain Cyril Ramaphosa à à Maputo le 15 janvier 2025.

C’est une querelle qui est en train de se transformer en vraie crise diplomatique. Après le Mexique, le Canada, le Panama ou encore le Groenland, les Etats-Unis de Donald Trump s’attaquent désormais frontalement à l’Afrique du Sud. Prenant prétexte d’une loi sur l’expropriation qu’il juge discriminatoire contre la minorité blanche, le président américain a ainsi signé ce vendredi un décret gelant toute aide à Pretoria, suscitant de vives réactions dans le pays et chez ses dirigeants.Le ministère des Affaires étrangères sud-africain s’est dit dans un communiqué “très préoccupé” par “le postulat de base de ce décret” qui “manque d’exactitude factuelle et ne reconnaît pas l’histoire profonde et douloureuse de l’Afrique du Sud en matière de colonialisme et d’apartheid”, alors que la présidence sud-africaine a réfuté ces derniers jours toute intention de “confisquer des terres”.La grande majorité des terres restent détenues en Afrique du Sud par la minorité blanche, héritage d’une politique d’expropriation de la population noire pendant l’apartheid – qui a pris fin il y a une trentaine d’années – et avant, pendant la colonisation. “Nous sommes préoccupés par ce qui semble être une campagne de désinformation et de propagande visant à déformer notre grande nation”, affirme le ministère des Affaires étrangères. “Il est décevant de constater que de tels récits semblent avoir la faveur des décideurs des États-Unis d’Amérique”, ajoute-t-il.Washington se dit prêt à accueillir des “victimes innocentes”Pretoria juge particulièrement “ironique” que le décret américain prévoie “l’octroi du statut de réfugié aux États-Unis à un groupe de Sud-Africains qui compte parmi les plus privilégiés sur le plan économique” alors que dans le même temps “des personnes vulnérables originaires d’autres régions du monde sont expulsées aux États-Unis et se voient refuser l’asile en dépit de réelles difficultés”.Le décret américain promet spécifiquement de porter assistance à “la minorité ethnique afrikaner”, descendante des premiers colons européens, y compris en leur offrant le statut de réfugiés, estimant la récente loi sud-africaine sur l’expropriation discriminatoire à leur égard. Cette loi “permettra au gouvernement de saisir les propriétés agricoles de la minorité ethnique des Afrikaners sans compensation”, a dénoncé Donald Trump ce vendredi dans son décret ordonnant le gel de tout financement, tant que le gouvernement sud-africain continue “ses pratiques injustes et immorales”.Ce samedi, la porte-parole de la diplomatie américaine a par ailleurs annoncé que les Etats-Unis étaient prêts à accueillir “des agriculteurs sud-africains persécutés et d’autres victimes innocentes prises pour cible uniquement en raison de leur race”.”Afrikaners ou Amerikaners ?”Jeudi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait affirmé, lors de son discours annuel à la nation, que son pays ne se laisserait pas “intimider” par les mesures américaines. De l’avis de la plupart des juristes, la loi promulguée en janvier clarifie le cadre juridique des expropriations, sans nouveauté sur le fond. Mais elle cristallise les peurs d’une petite partie de la minorité blanche. Le texte permet au gouvernement sud-africain, par mesure d’intérêt général, de décider d’expropriations sans compensation dans certaines circonstances exceptionnelles où cela serait “juste et équitable”, sans autre précision.Depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, de nombreux Sud-Africains de toutes les couleurs de peau se sont indignés ou moqués des positions américaines. “Faut-il désormais les appeler des Amerikaners ?”, ironisait ce samedi un internaute noir. “Doit-on s’attendre à ce que des domaines viticoles ou réserves” pour safaris “soient évacués”, plaisantait une autre, la plupart appartenant à des familles blanches.Ce samedi, la petite organisation AfriForum, destinée à “protéger et promouvoir l’identité Afrikaner”, a remercié les Etats-Unis pour leur position, tout en estimant que la place des Sud-Africains blancs était dans leur pays. AfriForum a exprimé dans un communiqué sa “grande satisfaction à l’égard de Trump et de la reconnaissance par les États-Unis de l’injustice à laquelle les Afrikaners sont soumis”. Mais elle dit rester “attachée à l’avenir des Afrikaners”, qui ne représentent qu’une partie des moins de 7,3 % de Sud-Africains blancs recensés en 2022, “à la pointe sud de l’Afrique”.Une crise qui s’enfonceDe nombreux autres éléments renforcent et risquent d’encore faire escalader les tensions entre les deux pays. A commencer par la présence dans l’équipe du président Donald Trump du milliardaire américain Elon Musk, qui a grandi en Afrique du Sud sous l’apartheid et dont les parents étaient de riches Afrikaners, qui a qualifié la loi sur les expropriations d'”ouvertement racistes”. Les sanctions américaines décidées contre la Cour pénale internationale (CPI), que Donald Trump accuse d’avoir engagé des actions “sans fondement” contre son “proche allié” Israël, risquent aussi d’accroître les tensions. Car Pretoria s’est placé en pointe des efforts internationaux pour faire qualifier de “génocide” la guerre à Gaza.Ce mercredi, le nouveau chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a affirmé qu’il ne se rendrait pas à Johannesburg pour une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 courant février, taxant l’Afrique du Sud, qui assure sa présidence tournante cette année, d'”anti-américanisme”. Pretoria, membre fondateur du bloc diplomatique des BRICS, s’est aussi vu accusé par le sénateur républicain Ted Cruz de “faire tout son possible pour s’aliéner les Etats-Unis” après avoir demandé à Taïwan de déménager sa délégation hors de sa capitale Pretoria. Sans compter que Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 100 % aux membres des BRICS pour les dissuader de renoncer au dollar dans leurs échanges. La crise ne fait peut-être que commencer.



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Publish date : 2025-02-08 17:00:00

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Tags : L’Express

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