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Ukraine : comment Donald Trump mobilise toute son administration pour lancer son plan de paix

Photo fournie par la présidence ukrainienne le 27 septembre 2024, à l'occasion de la rencontre à New York de Volodymyr Zelensky et Donald Trump, alors encore candidat

Assiste-t-on à une semaine décisive pour l’Ukraine ? Dans un entretien donné au New York Post, Donald Trump a confirmé pour la première fois depuis sa réélection avoir eu un appel téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine concernant l’avenir de la guerre en Ukraine. Le président américain a assuré que son homologue russe “veut que les gens arrêtent de mourir”, affirmant que le conflit “n’aurait jamais eu lieu” s’il avait été à la tête des Etats-Unis en 2022. A la suite de ce premier appel officiellement confirmé entre la Maison-Blanche et le Kremlin depuis début 2022, Donald Trump a de nouveau affirmé avoir un plan concret pour mettre un terme à la guerre, disant “espérer que ce soit rapide”.Ce fameux plan, que Trump répète avoir depuis le début du conflit sans en avoir jamais détaillé les contours, pourrait cependant bien être étayé cette semaine. Car se tient du 14 au 16 février la conférence sur la sécurité de Munich, sorte de “Davos de la défense” et plus grand rendez-vous annuel du monde diplomatico-militaire. Un événement où se rendra Volodymyr Zelensky du côté ukrainien.Mais c’est surtout du côté américain qu’il faut regarder la liste des invités, avec un déplacement en masse de la nouvelle administration Trump. Se trouvera ainsi en Allemagne le vice-président J.D. Vance, fervent critique du soutien américain pour l’Ukraine et qui doit rencontrer le chef d’Etat ukrainien durant le week-end. Mais aussi l’envoyé spécial des Etats-Unis pour l’Ukraine Keith Kellogg, le chef du Pentagone Pete Hegseth ou encore le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, pour les premières visites officielles de hauts américains en Europe depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. “Nous supposons que des discussions auront lieu en marge” de l’événement, a déclaré à la presse le président de la conférence, Christoph Heusgen.Des ressources rares convoitéesSi Donald Trump n’a jusqu’ici jamais vraiment développé son projet pour mettre un terme au conflit en Ukraine dans les “cent prochains jours”, son objectif afin de ne plus avoir à financer la défense ukrainienne, une piste semble se dessiner. L’Ukraine dispose de quelque chose qui aiguise l’appétit de Washington : des ressources naturelles rares. Ainsi, selon le New York Post, Donald Trump voudrait conclure un accord de 500 millions de dollars avec Volodymyr Zelensky pour accéder aux minéraux rares comme le lithium, l’uranium ou le titane, ainsi qu’au gaz ukrainien, en échange de garanties de sécurité dans le cadre d’un éventuel accord de paix. Fidèle à lui-même, Donald Trump menace également la Russie de sanctions économiques et de hausses des droits de douane pour la convaincre de participer aux négociations – pas forcément le levier le plus inquiétant pour Moscou, au vu du nombre très réduit d’échanges commerciaux entre les deux pays aujourd’hui.Le projet de Donald Trump comporte en effet un problème : la plupart des ressources rares en Ukraine se trouvent à l’est du pays, soit exactement là où la Russie continue de grignoter lentement de jour en jour. Cela rend donc nécessaire pour Washington d’assurer l’intégrité territoriale de l’Ukraine afin de pouvoir exploiter les richesses de son sol. Et donc de ne pas laisser la Russie valider ses acquis territoriaux lors d’éventuelles négociations pour un cessez-le-feu.L’Ukraine “prête à signer” un accord avec les Etats-UnisCette proposition américaine semble en tout cas trouver un certain écho en Ukraine, qui semble prête à ces concessions auprès de Washington afin d’assurer sa sécurité. Un haut fonctionnaire ukrainien a affirmé au Washington Post que l’administration ukrainienne était “prête à signer des documents pour un accord” et que “l’intérêt stratégique des Etats-Unis pour l’Ukraine est un élément clé de notre sécurité à l’avenir”.Du côté européen, cependant, l’idée fait grincer des dents. Le chancelier allemand Olaf Scholz a affirmé qu’un tel projet serait “très égoïste et égocentrique”, assurant que l’Ukraine aura besoin de ses ressources naturelles pour reconstruire le pays après la guerre. Mais il est pour l’instant difficile de savoir l’Union européenne parviendra à peser d’une quelconque manière dans ces éventuelles négociations entre l’Ukraine et la Russie. Les ministres des Affaires étrangères français, allemand, polonais, italien, espagnol, britannique ainsi que la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas doivent se réunir ce mercredi 12 février à Paris afin d’aboutir à une position commune.De nouvelles élections en Ukraine ?Les possibles négociations entre Moscou et Kiev pour aboutir à une paix pourraient également dépendre d’un dernier élément, non négligeable : la tenue de nouvelles élections présidentielles en Ukraine. Jusqu’ici reportées sine die en raison de la loi martiale en vigueur dans le pays, un cessez-le-feu pourrait être l’occasion de remédier à cela. Volodymyr Zelensky, à la tête de l’Ukraine depuis mai 2019, a déjà dépassé de près de huit mois le mandat de cinq ans prévu par la constitution ukrainienne, avec des conditions rendant évidemment jusqu’ici impossibles la tenue de nouvelles élections. Selon CNN, un calendrier semblerait déjà être imaginé du côté américain : un cessez-le-feu vers la fin avril, une conférence de paix et un accord plus large en mai, avant des élections en août.L’idée sous-jacente derrière cette proposition, celle d’écarter Volodymyr Zelensky du pouvoir, semble ainsi faire son chemin du côté de Washington, alors que les relations entre le président ukrainien et Donald Trump sont bien loin d’être aussi harmonieuses que celles avec son prédécesseur Joe Biden. Mais elles pourraient aussi et surtout être un gage envoyé à Vladimir Poutine et la Russie, pour qui le maintien de Volodymyr Zelensky au pouvoir dans le pays représenterait vraisemblablement une ligne rouge. Reste à savoir s’il est bien légitime que la Russie puisse définir en partie le calendrier électoral ukrainien. Surtout lorsque l’on sait la capacité d’ingérence dont Moscou a fait preuve lors des derniers scrutins européens.



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Publish date : 2025-02-10 16:06:58

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