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En Allemagne, cette révolution économique qui se prépare, par Eric Chol

Friedrich Merz lors de sa nomination comme candidat direct de la CDU pour la circonscription du Bundestag du district de Hochsauerland.

Comprendre la paralysie de l’Allemagne en un mot : le terme Schulden, qui signifie dette. Il partage sa racine avec le mot schuldig, qui se traduit par coupable (1). Tout est résumé, et pourtant après plus de deux ans de débats politiques, la chute de la coalition du chancelier Scholz au pouvoir, une économie à l’arrêt, le futur gouvernement allemand qui sortira des urnes le 23 février s’apprête à faire l’impensable : desserrer le fameux frein à l’endettement, inscrit en lettres d’or dans la Constitution.Longtemps, nos voisins ont juré urbi et orbi qu’il ne fallait pas s’endetter. Car, comme le précise encore aujourd’hui le manifeste électoral de la CDU, le parti largement en tête dans les sondages, “les dettes d’aujourd’hui sont les augmentations d’impôts de demain”. Une logique qui se vérifie tous les jours en France, mais côté allemand, l’urgence a changé de camp. Patronat, banquiers, industriels, tous en sont désormais convaincus, il faut desserrer le frein à l’endettement, qui, depuis 2009, plafonne le déficit structurel à 0,35 % du PIB. Plus de 1 Allemand sur 2 est désormais favorable à cet assouplissement. Le très probable futur chancelier, Friedrich Merz, candidat chrétien-démocrate, a lui-même admis du bout des lèvres qu’il était “possible de parler” d’une réforme de cette règle d’airain.Tant mieux pour l’économie allemande, en pleine récession. Il faut dire que contrairement à Paris, Berlin dispose de marges considérables : son taux d’endettement n’excède pas 62,4 % du PIB, soit la moitié seulement du niveau français. Revers de la médaille, l’Allemagne affiche un niveau d’investissement public parmi les plus faibles de l’OCDE. En consentant à recourir (un peu) à l’endettement, elle pourra enfin commencer à répondre à une liste toujours plus longue de priorités : réparer ses infrastructures de transports, lancer un vaste plan de digitalisation dans le secteur public, développer l’électrification du pays. Mais aussi financer ses dépenses de défense, parer les offensives commerciales de Trump, se préparer au vieillissement de la population… “C’est sans doute le seul levier qui n’a pas encore été actionné et qui pourrait potentiellement porter ses fruits à moyen terme”, estime Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM. “Et si l’Allemagne va mieux, le reste de l’Europe ira mieux”, complète Shahin Vallée, chercheur au Conseil allemand pour les affaires étrangères.”Changement majeur”Mais il ne faut pas s’attendre à une solution miracle. L’élargissement attendu, résultat d’un compromis au sein de la future coalition, risque d’être riquiqui. Et “il ne va pas transformer la nature d’une économie encore phagocytée par le secteur automobile, qui a de fortes chances de rester sur le déclin pendant longtemps”, précise Christopher Dembik.Reste que le virage que s’apprête à négocier l’Allemagne n’est pas anodin. “En termes de consensus intellectuel et doctrinaire, il s’agit d’un changement majeur”, juge Shahin Vallée. Un peu comme lorsque, à une autre époque, le chancelier social-démocrate Helmut Schmidt professait : “Les investissements d’aujourd’hui sont les profits de demain et les emplois d’après-demain.”(1) “La crise allemande du Schuldenbremse”, par Clara Bösche, Schuman Papers, 29 janvier 2024.



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Author : Eric Chol

Publish date : 2025-02-12 10:30:00

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