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“Les Damnés” et “Mates” : vivent les hommes au cinéma ! Par Christophe Donner

"Les Damnés", film de Roberto Minervini

Si vous en avez marre des films de femmes, avec trop de femmes qui parlent de leurs problèmes de femmes, et, vu le déchaînement des réseaux sociaux contre Toutes pour une, c’est une tendance forte, alors, pour vous laver la tête, vous irez voir deux films avec que des hommes, comme au bon vieux temps. Le premier, Les Damnés, est un film de guerre qui se passe en Amérique pendant la guerre de Sécession (1861-1865), une époque où les femmes n’étaient pas appelées sur les champs de bataille. Réalisé par Roberto Minervini, cinéaste italo-américain “considéré comme un des auteurs de documentaires narratifs les plus importants en activité”, le film a été tourné en hiver, sous la neige, donc c’est beau.Minervini fait partie des cinéastes qui ont compris que les intempéries sont leurs meilleures alliées. Il se passe toujours quelque chose dans un film tourné dans des conditions météo extrêmes. Les philosophes qui ont glosé sur la temporalité dans le 7e art n’ont guère tenu compte du temps qu’il fait sur les tournages. Le beau temps ne sert à rien, au cinéma, mais le vent, le froid, la pluie, et si on a la chance de tourner pendant un tremblement de terre, ma parole, ça ne garantit pas le succès mais l’intérêt du film s’en trouve haussé. Un principe que Jean-Luc Godard avait théorisé : “Le bon cinéma, disait-il (de mémoire) n’est jamais autre chose qu’un documentaire sur le cinéma.” Hollywood l’avait compris bien avant lui (A travers l’orage, David W. Griffith), quitte à reconstituer les intempéries en studio (Chantons sous la pluie, Gene Kelly et Stanley Donen), ou à rester sur place à attendre que le typhon Olga s’invite sur le tournage et pourrisse une ambiance que Coppola, ses acteurs et le scénario n’arrivaient pas à créer (Apocalypse Now).La météo prime sur le scénarioDans Les Damnés de Minervini, l’histoire racontée n’est pas celle de la guerre, pas même celle d’une bataille. En fait, il n’y a pas vraiment d’histoire, juste une question que le spectateur se pose : est-ce que les acteurs ne sont pas morts de froid ? La lenteur fait le style, l’émotion est esthétique, l’ennui suscite l’analyse, avec cette nouvelle interrogation, plus profonde : c’est quoi, ce film ? Si c’est un documentaire sur la guerre, réalisé à une époque où le cinéma n’existait pas, c’est génial. Le problème c’est que la façon dont les vieux soldats parlent, commentent la guerre et apprennent aux mômes de 16 ans à charger une arme, ça sonne aussi faux qu’un docu tourné par une équipe de TF1 en immersion au Centre d’aguerrissement de Collioure (Pyrénées-Orientales). On ne peut pas croire que les soldats de cette guerre-là aient pu tenir des propos aussi pompeux sur la vie et la mort. Si l’oxymore du docu-fiction est le sujet du film, il est réussi et magnifique, le pitch serait : un réalisateur fait marcher ses acteurs sous une tempête de neige jusqu’à ce que la météo prime sur le scénario.Le second film avec (pratiquement) que des hommes, s’intitule Mates (les copains). Vous le trouverez sur Prime video. C’est le premier film d’Arno Crous. Au départ, trois garçons entre 18 et 20 ans qui ne se posent pas la question de savoir à quoi ça rime, la guerre, et si Dieu les protège. Ces trois bienheureux contemporains ne savent pas quoi faire de la chance qu’ils ont, alors ils partent en randonnée. Rafe Bird interprète le rôle du grand gars, beau et sportif qui protège son petit voisin (James Wiles) qui joue au minet timide et pas du tout sportif, tellement différent du troisième (Sam Law) qui ne pense qu’à boire de la bière et parler de filles (on ne les voit qu’une dizaine de secondes, ne vous affolez pas).Le minet protégé est déçu de ne pas se retrouver seul avec son protecteur. Tandis que le buveur de bière se demande pourquoi son pote a convié cette chiffe molle à leur randonnée. Ambiance pourrie. Jusqu’à l’arrivée d’un quatrième mec (Jonathan Cobb) ouvertement amoureux du minet. Là, les choses deviennent sérieuses. Et délicieusement comiques.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/les-damnes-et-mates-vivent-les-hommes-au-cinema-par-christophe-donner-5UODNPQJNBB2BOBS3JZV6RGLKM/

Author : Christophe Donner

Publish date : 2025-02-12 05:45:00

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Tags : L’Express

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