“Le dérapage du déficit public depuis deux ans place la France au pied du mur”, s’inquiète la Cour des comptes dans son premier rapport de l’année 2025 dédié à l’ensemble des dépenses publiques et rendu public ce jeudi 13 février. Depuis 2022, l’écart entre ces dépenses et les sommes collectées par l’Etat via des prélèvements obligatoires se creuse. Il atteindrait ainsi 6 % en 2024 contre “seulement” 4,8 % deux ans plus tôt.Plusieurs phénomènes expliquent cette dégradation du solde public. D’abord, la révision à la baisse de la croissance : à chaque fois, le budget voté à l’automne surestimait l’augmentation du PIB et donc le montant des recettes fiscales finales. Par ailleurs, la Cour met en évidence une augmentation “du cœur de la dépense publique” qui progresse “nettement plus rapidement que la croissance”.A l’origine de cette dérive ? Le rapport pointe une explosion des dépenses de protection sociale – le “dépassement de l’objectif national des dépenses d’assurance maladie”, “une dégradation des comptes de l’Unédic due à la détérioration du marché du travail” mais aussi la “revalorisation des retraites” pour compenser une période d’inflation passée. Il met également en cause les collectivités locales, dont les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 2,6 % entre 2023 et 2024.A elles seules, ces dérives des dépenses par rapport aux prévisions budgétaires seraient à l’origine d’un accroissement du déficit de quasiment 1 % de PIB entre 2022 et 2024, le reste étant en partie provoqué par des dépenses exceptionnelles dues au contexte géopolitique et énergétique par exemple.Pour l’instant, le gouvernement mise sur un déficit public à 5,4 % pour l’année 2024. Il s’est également fixé comme objectif de revenir dans les critères de Maastricht à l’horizon 2029 – en l’occurrence, cela signifierait revenir sous la barre des 3 % de déficit public.Les risques d’un déficit trop hautCorriger la trajectoire est un impératif. Aujourd’hui, la dette publique française correspond à environ 112 % du PIB français. Sa charge sur les dépenses publiques, c’est-à-dire le montant des intérêts que l’Etat français doit rembourser chaque année, est actuellement son deuxième poste de dépenses, juste derrière le budget de l’Education nationale… et les choses pourraient rapidement empirer.Avec un déficit public aussi important que celui des deux dernières années la Cour des comptes anticipe un accroissement de la dette à environ 125 % du PIB. A un tel niveau, les taux d’emprunt pourraient eux aussi progresser, aggravant la charge de cet endettement qui pourrait atteindre 3,4 % du PIB (soit environ 112 milliards d’euros). C’est plus de deux fois le budget de l’Education nationale en 2023 ; plus de onze fois celui de la Justice.Pour y remédier, la juridiction administrative note que le budget adopté tardivement fait reposer exclusivement la réduction du déficit sur “des hausses de prélèvements obligatoires plutôt que sur des efforts globaux d’économies”. Si ces objectifs de redressement ne sont pas maintenus, la France risque de décrocher de ses partenaires de la zone Euro qui sont déjà tous “dans une perspective proche de retour du déficit sous le seuil de 3 %”.
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Author : Mathias Penguilly
Publish date : 2025-02-13 15:13:47
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Dette publique : le dérapage de la France illustré en deux graphiques
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