“Escroc”. Sur son réseau social, Elon Musk a le don de savoir flatter ses vieux amis. Surtout lorsque ceux-ci jouent sur le terrain de la provocation. Lundi, le Wall Street Journal et le New York Times ont révélé que le consortium mené par le milliardaire avait proposé 97,4 milliards de dollars pour l’acquisition d’OpenAI. Une offre à laquelle Sam Altman, PDG de la start-up californienne et ancien ami d’Elon Musk, a répondu plein d’ironie sur le réseau social X : “Non merci, mais nous achèterons Twitter pour 9,74 milliards de dollars si vous le souhaitez”. Répartie qui lui a valu le qualificatif d'”escroc”.Pourtant, il y a quelques années encore, Sam Altman comptait parmi l’entourage proche d’Elon Musk. Rien ne semblait pouvoir les éloigner. Si ce n’est l’entreprise qu’ils ont co-fondée : OpenAI.La naissance d’une amitié… et d’OpenAID’après le Wall Street Journal, les anciens amis se sont rencontrés en 2012, par le biais de Geoff Ralston, associé chez Y Combinator, l’accélérateur de start-ups. Sam Altman a alors la vingtaine et est associé à temps partiel de l’entreprise depuis 2011. Elon Musk ne tarde pas à entrer en contact avec lui. Les deux hommes partagent un centre d’intérêt commun : l’intelligence artificielle (IA). Mieux, tous deux s’inquiètent des dangers de la technologie. En février 2015, Sam Altman, désormais président de l’entreprise, a même écrit que l’IA était “probablement la plus grande menace pour l’existence continue de l’humanité”.Trois mois plus tard, celui-ci envoie un mail à Elon Musk, lui proposant que Y Combinator lance un “projet Manhattan” pour l’intelligence artificielle, en référence au projet de recherche du gouvernement américain dont l’objectif était de produire une bombe atomique durant la Seconde Guerre mondiale. Ce à quoi le PDG de Tesla s’est montré particulièrement réceptif.Preuve en est. Quelques mois plus tard, en décembre 2015, OpenAI voit le jour, co-fondée par Sam Altman, Elon Musk et neuf autres personnes. À cette époque, elle bénéficie d’un statut d’organisation à but non lucratif dans le but, affiché, d’œuvrer pour le bien de l’humanité grâce à des programmes d’intelligence artificielle en “open source”.Mais en 2017, OpenAI se met en quête d’une puissance de calcul capable de réaliser une percée majeure dans l’IA, ce qui nécessite des milliards de dollars supplémentaires. Selon les mails publiés dans un article de blog d’OpenAI, Elon Musk et Sam Altman ont alors tous deux convenu que l’entreprise devait passer à un modèle à but lucratif afin d’obtenir les ressources nécessaires pour la prochaine phase de développement. Problème : les associés ont des opinions divergentes sur la façon d’y parvenir. D’après OpenAI, Elon Musk avait proposé de fusionner la start-up d’IA avec Tesla, ce qui, selon lui, aurait donné à OpenAI de quoi concurrencer des titans comme Google. Face au refus de l’équipe, celui-ci décide de partir.”Il me fait de la peine”Il ne faudra pas attendre plus longtemps pour qu’Elon Musk devienne le plus grand critique d’OpenAI. Peu de temps après la sortie de ChatGPT, le dirigeant de Tesla annonce qu’il coupe l’accès d’OpenAI à un pipeline de données de Twitter, réseau social qu’il vient d’acquérir. Une façon de mettre des bâtons dans les roues de la start-up californienne qui envisageait d’utiliser les données de Twitter pour former ses modèles. Parallèlement, Elon Musk essaye de convaincre les employés d’OpenAI de rejoindre xAI, son entreprise concurrente créée en 2023. La rivalité s’accentue. Les proches de Sam Altman défendent qu’Elon Musk est jaloux de la façon dont son ancien mentor l’a dépassé dans la course à l’lA tandis que ses détracteurs assurent que les préoccupations du milliardaire en matière de sécurité sont réelles et qu’il voit xAI comme cruciale pour développer une meilleure alternative technologique.En mars 2024, la saga continue. Elon Musk poursuit OpenAI en justice pour avoir prétendument violé son accord fondateur de développer une IA qui profite à l’humanité, en passant à une structure à but lucratif et en refusant de publier son modèle pour une utilisation open source. Une bataille juridique qui a pris un nouveau tournant à l’été 2024 pour le directeur de SpaceX qui a poursuivi une seconde fois en justice son ancien ami. Toujours dans l’idée d’empêcher l’entreprise de devenir une organisation à but lucratif.Depuis l’élection de Donald Trump à la présidence américaine et la position d’Elon Musk dans la nouvelle administration, les querelles entre les deux hommes se sont multipliées. Deux jours après l’investiture du chef de l’Etat, Sam Altman est apparu aux côtés de Donald Trump pour annoncer le projet Stargate, destiné à développer de puissants centres de données d’intelligence artificielle à travers les Etats-Unis. Une apparition publique qui n’a pas manqué de faire réagir le dirigeant de SpaceX. Presque immédiatement après la conférence de presse, Elon Musk a commencé à affirmer que les organisations impliquées dans l’entreprise Stargate n’avaient pas assez de financement pour le projet. Déclaration que Sam Altman a rapidement démentie, l’invitant à venir visiter le premier site Stargate, déjà en construction.Leur relation ne devrait pas aller en s’arrangeant. Désormais le dirigeant d’OpenAI n’hésite plus à suggérer que les actions de son ex-associé viennent de son regret d’être parti, d’autant plus que xAI peine à décoller. “Je crois que toute sa vie s’explique par un manque de confiance. Il me fait de la peine”, a affirmé ce mardi, Sam Altman à Bloomberg TV. En toute amitié, bien sûr.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2025-02-13 06:45:00
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Sam Altman vs Elon Musk : comment les deux ex-associés sont devenus ennemis jurés
