2003 voit naître Greta Thunberg, une canicule frappe l’Europe (un phénomène alors exceptionnel) et de grandes manifestations s’opposent, en France, à la réforme des retraites. La guerre à l’Irak est déclarée tandis que disparaissent Elliott Smith, Johnny Cash et la Yougoslavie.
Toujours cette année-là, Dominique Blanc bouleverse en Phèdre dans une mise en scène de Patrice Chéreau tout comme Julianne Moore dans Loin du Paradis de Todd Haynes. Un Elephant est palmé à Cannes, Daft Punk collabore avec le créateur d’Albator, est publié l’Expiation de Ian McEwan et Jacques-Pierre Amette obtient le Goncourt.
Benjamin Biolay et OutKast voient double
Au rayon musiques, New York révèle The Rapture et confirme les Strokes ; les White Stripes, à l’image de leur musique, explosent enfin tandis que Madonna déconstruit l’american way of life et que Radiohead brille une nouvelle fois avec Hail to the Thief.
Blur (sans Graham Coxon) et Massive Attack (sans Daddy G et Mushroom) impressionnent quand Outkast signe un double album schizo (chacun des membres du duo publiant le sien). Double aussi est l’insaisissable et fascinant Négatif de Benjamin Biolay dans une France où perce un énième pic (d’Auvergne) dans l’œuvre de Jean-Louis Murat : Lilith.
The White Stripes Seven Nation Army
Qu’écrire qui ne l’a pas encore été sur Seven Nation Army de The White Stripes ? Bien que galvaudé, transformé en beuglements de stade, le morceau garde toujours la même aura vénéneuse vingt ans après. Rock’n’roll’s not dead…
The Kills Cat Claw
Un duo mixte qui fait un bruit d’enfer et joue un blues-rock rêche et souvent sale : la paire anglo-américaine Jamie Hince/Alison Mosshart est souvent présentée comme des cousins proches des White Stripes. La preuve avec Cat Claw.
Chicks on Speed We Don’t Play Guitars
Issues de l’Académie des beaux-arts de Munich, les Chicks on Speed clament leur goût du do it yourself sur We Don’t Play Guitars pour délivrer un electroclash pop cumulant culot, joie de vivre et de jouer.
Peaches I She U
Autre éminente electroclasheuse, la Canadienne (impliquée sur le morceau précédent) aime faire turbuler les lignes et troubler les genres (ainsi a-t-elle intitulé son deuxième album Fatherfucker). Et assume pleinement son indépendance avec une seule philosophie : I Don’t Give a Fuck.
The Strokes The Way It Is
Moins unanimement acclamé que Is This It, Room on Fire contient pourtant autant de bombinettes rock, telle The Way It Is, que l’album qui avait révélé les Strokes deux ans plus tôt.
The Rapture Olio
De l’electro-rock comme on est en droit de l’attendre chez DFA Records (maison fondée par le LCD Soudsystem James Murphy) jusqu’à ce que la voix de Luke Jenner donne à Olio une autre dimension.
Cat Power Free
Après une série de reprises surprenantes et attachantes, The Covers Records (2000), Cat Power revient aux compositions originales avec You Are Free, nouvelle collection de chansons à vous briser le cœur même lorsque Chan évoquait la liberté.
Grandaddy Now It’s On
Depuis le coup d’éclat The Sophtware Slump trois ans plus tôt, Grandaddy est un des groupes les plus respectés de la sphère rock (tendance atmosphérique). Son successeur, Sumday, frappe encore les esprits, mais ne lui apporte toujours pas la notoriété que la troupe de Modesto mériterait.
Nick Cave & The Seeds Babe, I’m on Fire
Que choisir dans le Nocturama enregistré en une semaine par Nick Cave et quelques Bad Seeds ? Dans le doute, on opte pour la longue suite finale toujours aussi insondable, ce qui ne la rend pas moins addictive…
Blur Jets
En dépit des turbulences (dont la principale est le départ de Graham Coxon), Blur maintient le cap en s’enrichissant d’instruments venus d’ailleurs et de textures renouvelées comme sur l’envolée répétitive et groovy Jets.
Venus Beautiful Days
Ces Beaufiful Days du groupe belge soutiennent ce qu’ils avancent : un morceau galvanisant au refrain à reprendre en chœur dans la fosse. À savourer en version longue et baudelairienne sur la BO du Immortel, ad vitam d’Enki Bilal.
LFO Freak
À la sortie de Freak, le duo Mark Bell/Gez Varley a déjà plus de dix ans de carrière et s’est déjà employé à pervertir la jeunesse en lui tapant dessus à grands coups de basses plus ou moins infra. Ici, la note d’intention du texte d’intro sera respectée à la lettre : “This is going to make you freak.”
Ellen Allien Sehnsucht
Fondatrice du label Bpitch Control en 1999, Ellen Allien s’adjoint les services de Sascha Ring, alias Apparat, pour son deuxième album, Berlinette, hommage à sa ville tout en intelligent dance music minimale et aboutie.
Britney Spears Toxic
Écrite à l’origine pour Janet Jackson, Toxic est surtout une perfection de production due au duo suédois Bloodshy & Avant qui propulse Britney Spears dans un nouvel imaginaire. Extrait de In the Zone, Toxic va exploser les charts l’année suivante lors de sa sortie en single.
Kylie Minogue Slow
S’il n’est en apparence question que de danse, tout dans Slow et son clip langoureux exsude le sexe. Kylie Minogue, plus désirante que jamais, appelle à la lecture de son “body language” et imprime son tempo : ce sera lent, long et bon (cf. clip ci-dessous).
Madonna American Life
Madonna retrouve son producteur de Music, Mirwais, pour American Life, où elle ose les teintes folk et surtout s’offre une énième polémique en s’attaquant à l’american way of life et en s’opposant à la guerre en Irak. On en recommande ici le heavy métallique rap headcleanr rock mix.
Outkast Hey Ya!
Après l’excellent Stankonia (2000), Outkast se scinde en deux sur le faux double album Speakerboxx/The Love Below où chacun se fend de son disque solo (Speakerboxx pour Big Boi, The Love Below pour André 3000). Avec un tube indiscutable : Hey Ya!
50 Cent P.I.M.P.
Le coup de force de P.I.M.P., c’est bien sûr le son des steel drums qui en fait l’armature. Avec, en bonus, le flow saccadé de 50 Cent accompagné par celui plus à la cool de Snoop Dog dans sa version remix.
Jay-Z 99 Problems
“I got 99 problems, but a bitch ain’t one” : riff heavy et paroles outrancières (empruntées à un morceau de Ice-T de 1993) et pas à juste titre inconcevables aujourd’hui. Ainsi Jay-Z construit un de ses plus grands succès.
Beyoncé Crazy in Love
On retrouve Jay-Z aux côtés de Beyoncé sur l’énorme Crazy in Love qui, à lui seul, démontre que Beyoncé peut désormais se passer de ses ex-partenaires de Destiny’s Child. La première étape de la montée en puissance de celle qui, bientôt, sera Queen B.
Moloko Familiar Feeling
Après une intro presque soul vient la cavalcade house-funk, où la joie est dans la répétition tant dans l’interprétation de Róisín Murphy que dans la rythmique pour illustrer tout le talent de Moloko qui sait, dès la première écoute de ses morceaux, nous procurer un sentiment familier.
Keren Ann Not Going Anywhere
Keren Ann se lance dans la langue de Shakespeare avec sept chansons originales et quatre adaptations de La Disparition, épaulée par Benjamin Biolay et Barði Jóhannsson. Un changement d’idiome qui n’altère en rien ses qualités déjà établies de mélodiste et d’interprète.
Benjamin Biolay Des lendemains qui chantent
C’est paradoxalement sur le double et deuxième album Négatif qu’on entend Des lendemains qui chantent mais Biolay reste tout de même Biolay, issu de la génération désenchantée (“Des lendemains qui chantent, une cheminée crépitante ; même si la vie ne vaut pas le coup quand on n’y pense qu’après-coup.”)
Jean-Louis Murat Le Mou du chat
Qui d’autre que lui pouvait consacrer une odyssée de sept minutes au mou du chat tout en imitant “le cri du faon” ? Nul autre que Jean-Louis Murat, unique et à jamais irremplaçable.
Lhasa La Confession
Après le fascinant La Llorona chanté entièrement dans sa langue d’origine, Lhasa se fait polyglotte sur The Living Road ajoutant à l’espagnol (Abro la ventana, Pa’ llegar a tu lado) l’anglais (Small Song) et le français (La Confession, J’arrive à la ville) sans rien perdre de son intense magnétisme.
Stupeflip J’fume pu d’shit
Le stupéfiant et sautillant J’fume pu d’shit installe Stupeflip parmi les héros déviants de la scène française hurlante et toujours punk, mais intégrant des tropes hip-hop. Indissociable de sa suite stupeflippante J’refume du shit.
The Coral Pass It On
Une pop désuète et toutefois séduisante comme le meilleur des Housemartins à leur sommet. Voici ce que propose Pass It On des Liverpuldiens de The Coral depuis leur premier album publié deux ans auparavant.
Tricky Stay
D’Alison Goldfrapp à Martina Topley-Bird en passant par Björk, les voix féminines ont toujours été essentielles dans l’œuvre de Tricky. Pour son septième album, Vulnerable, le Bristolien confie ainsi l’ensemble des parties vocales à l’Italienne Costanza Francavilla.
Massive Attack Everywhen
Daddy G et Mushroom s’étant mis en retrait du groupe, c’est le seul 3D (Robert Del Naja) qui assure la succession impossible du fantabuleux Mezzanine de Massive Attack. Si 100th Window a toujours souffert de la comparaison avec son prédécesseur, il contient pourtant nombre de moments grandioses.
Radiohead Scatterbrain
Après leur génial diptyque Kid A/Amnesiac, on se demande bien dans quel état on va trouver Radiohead sur Hail to the Thief. Et les Oxfordiens nous étonnent une nouvelle fois en revenant aux guitares et à des formats moins expérimentaux faisant écho à leurs jeunes années.
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Author : Laurent Malet
Publish date : 2023-11-15 13:15:03
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