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L’Express

Elisabeth Badinter : “Dix ans après l’attentat contre Charlie, je pense que la peur l’a emporté”

Elisabeth Badinter en 2020 lors du documentaire "Laïcité, 30 ans de fracture à gauche"




Huit ans avant l’attentat contre Charlie Hebdo, un procès emblématique s’était tenu au tribunal de grande instance de Paris : celui intenté par des associations musulmanes à l’encontre de l’hebdomadaire satirique, lequel avait publié les caricatures de Mahomet – parues initialement dans le journal danois Jyllands-Posten. Parmi les personnalités appelées à témoigner en défense de Charlie figurait Elisabeth Badinter. Pour L’Express, la philosophe revient sur ce procès (gagné par le journal) et dresse un bilan inquiet.L’Express : Comment vous êtes-vous retrouvée à aller témoigner en faveur de Charlie Hebdo au procès dit “des caricatures” en 2007 ?Elisabeth Badinter : C’est très simple. J’ai reçu l’appel d’un jeune avocat, que je ne connaissais pas personnellement : Richard Malka. Il allait défendre Charlie Hebdo avec Georges Kiejman. J’ai dit oui tout de suite à sa proposition. J’avais le sentiment que quelque chose de fondamental se jouait. Peut-être que quand vous êtes spécialiste du XVIIIe siècle, vous regardez tout ce qui concerne la liberté d’expression avec un œil aux aguets… Ma conviction intime était que si Charlie était condamné pour ces caricatures, c’eut été un retour en arrière inouï par rapport à notre histoire, à Voltaire, à son travail sur le sacrilège etc. Je voyais la presse qui avait publié ces caricatures comme le dernier rempart de ma liberté. Je l’ai dit à la barre : si le tribunal venait à donner raison aux accusateurs de Charlie, alors le silence s’imposerait par la peur. Et le silence fait mauvais ménage avec la démocratie. Il ne fallait surtout pas mettre le doigt dans ce processus mortifère.Ce témoignage fut-il un moment important pour vous ?Oui. J’ai témoigné le premier jour. J’ai dû parler cinq ou dix minutes : l’idée n’était pas de faire un cours sur Voltaire et le chevalier de La Barre (elle rit). J’ai parlé peu, mais j’ai le souvenir d’un moment grave, car je ressentais vraiment le danger pour notre démocratie. Quand j’ai cessé de parler, la partie adverse ne m’a posé aucune question. Maître Szpiner s’est approché, puis il a renoncé. A la sortie du tribunal, j’ai dit devant les caméras à quel point les dessinateurs et les journalistes de Charlie étaient courageux, et que “Dieu sait ce qu’il pouvait leur arriver”. On craignait déjà pour eux.A l’époque, quelle était la tendance de l’opinion ? Etait-elle plutôt pro ou anti Charlie ?C’est surtout à l’étranger que les réactions et les opinions étaient extrêmement violentes. Le scandale était international. Ce qui m’inquiétait beaucoup, c’était que sous la pression et l’influence de cultures qui n’étaient pas les nôtres, de façons de voir qui n’étaient pas les nôtres, certains, finalement, envisageaient de revenir à l’interdiction du blasphème comme au XVIIIe siècle. Autour de moi – et même si, me connaissant, les gens mettaient des précautions oratoires –, je sentais bien que l’argument prenait du “il ne faut pas offenser”, “c’est grave d’insulter les religions”, “pourquoi provoquer ?”, etc. Ces gens pensaient et pensent toujours qu’ils sont dans le camp du progrès. Pourtant, historiquement, philosophiquement, ils plaident pour la grande régression.Charlie a gagné le procès. Depuis, dix-huit ans ont passé, pendant lesquels la France a été meurtrie par les attentats islamistes, l’un décimant la rédaction de l’hebdomadaire satirique. Diriez-vous aujourd’hui que vous vous sentez moins seule ou plus seule sur ces questions qu’à l’époque ?Je pense que la peur l’a emporté. La peur, d’abord, de ce qu’il peut en coûter physiquement, pour sa vie, quand on prend la parole sur ces sujets-là, et je pense bien sûr aux morts de Charlie mais aussi à Samuel Paty, décapité à la sortie de son collège. Les réseaux sociaux jouent un rôle délétère, car on sait désormais comment un “bad buzz” peut se former et grossir jusqu’à atterrir dans le téléphone d’un candidat au djihad. Notre actualité est émaillée d’affaires comme celles du proviseur du Lycée Maurice Ravel, à Paris, menacé de mort après avoir demandé à une élève d’enlever son voile dans l’enceinte de l’établissement. Ces affaires-là ne peuvent que confirmer la peur qu’a la majorité de parler. S’ajoute une autre crainte : celle d’être pointé du doigt comme appartenant au “mauvais camp” ; de se faire traiter de raciste, d’islamophobe, etc. Alors, il y a quand même encore très peu de gens qui parlent. A part, bien sûr, dans le secret des conversations en famille ou entre amis. Cette dichotomie totale entre la conversation publique et la parole privée n’est pas un signe de santé démocratique.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/elisabeth-badinter-dix-ans-apres-lattentat-contre-charlie-je-pense-que-la-peur-la-emporte-TY4WDFHMHVAZBPM6VW2ZO6YBPQ/

Author : Anne Rosencher

Publish date : 2025-01-05 17:00:00

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L’Ukraine a-t-elle lancé une “contre-attaque” dans la région russe de Koursk ? Ce que l’on sait

Des soldats ukrainiens dans l'est de l'Ukraine le 12 décembre 2024




Un assaut inattendu, à deux semaines du retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Moscou a affirmé, ce dimanche 5 janvier, que l’Ukraine avait lancé une contre-offensive dans la région russe de Koursk, où les forces de Kiev contrôlent déjà plusieurs centaines de kilomètres carrés depuis une offensive en août 2024. “Vers 9 h (7 h, heure de Paris), l’ennemi a lancé une contre-attaque afin de stopper l’avancée des troupes russes dans la zone de Koursk”, a affirmé l’armée russe dans un communiqué. Selon elle, “le groupe d’assaut de l’armée ukrainienne a été vaincu par l’artillerie et l’aviation” et “l’opération de destruction des unités des forces ukrainiennes se poursuit”.L’armée ukrainienne, qui est restée silencieuse pour le moment, occupe depuis la fin de l’été dernier plusieurs centaines de kilomètres carrés de la région russe de Koursk, à la frontière, contrôlant notamment la petite ville de Soudja. La Russie est désormais appuyée dans la zone par des milliers de soldats nord-coréens, d’après les Occidentaux et Kiev.Le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, a publié un message assez clair sur Telegram, sans confirmer directement la prise d’initiative ukrainienne : “Région de Koursk, bonne nouvelle. La Russie reçoit ce qu’elle mérite.” Andriï Kovalenko, un responsable du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, a, lui, affirmé que les Russes “ont été attaqués de plusieurs côtés, ce qui les a surpris” et a provoqué une “grande inquiétude”.2 000 soldats ukrainiens ?Mais les informations les plus complètes sur cette probable offensive ukrainienne sont à retrouver du côté des blogueurs militaires russes, souvent bien informés sur les combats. La chaîne Telegram Mash, réputée proche des autorités russes, a assuré que “les hommes de l’armée ukrainienne se déplacent en petits groupes. Le nombre total de leurs troupes s’élève à 2 000”. “Les équipements de guerre électronique de l’ennemi sont de plus en plus actifs sur le site, ce qui entrave l’utilisation des drones”, a complété sur Telegram la chaîne “Rybar”, proche de l’armée russe et suivie par plus de 1,3 million d’abonnés.Selon certains blogueurs russes, les forces ukrainiennes tenteraient notamment de prendre le contrôle de Berdine, une petite localité située à environ 20 kilomètres de la frontière. D’autres assurent que les troupes de Kiev chercheraient à capturer la centrale nucléaire de Koursk, dans la ville de Kurchatov – un objectif démenti par Kiev à plusieurs reprises précédemment.Cette offensive aurait notamment été rendue possible par un temps glacial, ayant gelé certaines portions de terrain et facilité la progression des unités de blindés ukrainiennes. Selon The Guardian, des véhicules de combat Bradley, fournis par les États-Unis, auraient été déployés pour transporter l’infanterie ukrainienne vers des positions avancées situées derrière une zone forestière.La date du retour de Trump comme objectifCette possible nouvelle offensive ukrainienne dans la région russe de Koursk intervient à deux semaines du retour à la Maison-Blanche de Donald Trump, qui a appelé à un cessez-le-feu “immédiat” et promis d’obtenir un accord de paix pour arrêter “le carnage”, sans toutefois jamais détailler son plan. Il s’est aussi dit opposé aux frappes ukrainiennes contre le territoire russe avec des missiles américains ATACMS, une ligne rouge pour Moscou.Cette avancée survient aussi cinq mois après un premier assaut transfrontalier dans la même région russe de Koursk, qui avait pris par surprise les forces russes, un échec pour le président Vladimir Poutine qui vante une Russie “plus souveraine” depuis le déclenchement de l’assaut de ses hommes contre l’Ukraine en février 2022. Le maître du Kremlin, qui était apparu irrité à la télévision russe en août dans la foulée de l’assaut ukrainien, avait appelé ses troupes à “repousser l’ennemi” hors de Russie. “L’ennemi recevra assurément une réponse digne de ce nom”, avait-il juré.Les objectifs de Kiev étaient alors de forcer Moscou à redéployer ses troupes, à l’attaque sur le front est, vers ce nouveau front installé sur le sol russe, en plus de renforcer sa position à la table des négociations avant d’éventuels pourparlers de paix.Fin novembre, une source haut placée au sein de l’état-major ukrainien avait souligné que l’Ukraine restera dans la région russe de Koursk “aussi longtemps que cela aura un intérêt”, précisant contrôler à ce moment-là toujours “environ 800 km2”, contre près de 1 400 km2 au “maximum” de l’assaut lancé en août. Mais si l’armée ukrainienne reste toujours bien présente en Russie, l’effet principal escompté n’a pas eu lieu et les forces russes avancent depuis l’automne sur le front oriental à une vitesse inédite depuis mars 2022.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/lukraine-a-t-elle-lance-une-contre-attaque-dans-la-region-russe-de-koursk-ce-que-lon-sait-OQA46KNSIVDKRIVMLGZCD6IX5I/

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Publish date : 2025-01-05 15:59:52

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La désillusion des Allemands vue par Katja Hoyer : “Si les partis traditionnels n’entendent pas la colère populaire…”

BERLIN, GERMANY - DECEMBER 08: German Chancellor Olaf Scholz holds a press conference on the developments in Syria on December 8, 2024, in Berlin




Une économie en grande difficulté, une crise politique qui s’installe durablement, des tensions toujours plus fortes liées à l’immigration… C’est peu dire que les Allemands démarrent 2025 dans un climat morose. Pour couronner le tout, voici que le milliardaire Elon Musk vient ajouter son grain de sel. Le patron de X (ex-Twitter) a en effet signé le 28 décembre une tribune pro-AfD dans l’édition dominicale du journal conservateur libéral Die Welt, l’un des plus grands quotidiens du pays. Le futur ministre de l’”efficacité gouvernementale” de Donald Trump prévoit même de s’entretenir sur son réseau le 9 janvier avec Alice Weidel, la cheffe du parti d’extrême droite. Une situation politique explosive à quelques semaines des élections législatives, dans un contexte où l’attaque de Magdebourg le 20 décembre a relancé l’épineux débat sur l’immigration et alors que l’AfD, actuellement deuxième dans les sondages, pourrait réaliser une nouvelle percée.Jugeant “excessif” de parler d'”effondrement” de l’Allemagne, comme l’a fait Elon Musk, Katja Hoyer, historienne germano-britannique et chercheuse associée au King’s College de Londres, estime que le pays est à un tournant décisif. Si, prévient-elle, les partis traditionnels ne prennent pas enfin la mesure de la colère qui traverse une bonne partie de la population, le pays ira au-devant de difficultés encore plus importantes : “De nombreux Allemands considèrent que l’attaque de Magdebourg est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.” L’auteure du très remarqué Beyond the Wall (“Au-delà du Mur”, 2023, Allen Lane, non traduit en français), qui apportait un éclairage nouveau et controversé sur la vie en ex-RDA avant 1990, analyse pour L’Express les différentes crises qui touchent actuellement l’Allemagne et l’état d’esprit de ses concitoyens : “Ils ont le sentiment que leur pays ne compte plus vraiment sur la scène mondiale.” Et partage son point de vue sur des sujets brûlants : la polémique Elon Musk (“un évènement majeur”), le bilan d’Olaf Scholz (“un chancelier de transition”), l’héritage d’Angela Merkel et la personnalité d’Alice Weidel (qualifiée de “visage respectable” de l’AfD mais ayant “peu de contrôle sur les éléments les plus extrêmes”). Katja Hoyer évoque au passage un épisode récent qui illustre comment les Allemands regardent parfois la France avec… envie.Après l’attaque du marché de Noël de Magdebourg par un ressortissant saoudien arrivé dans le pays en 2006 (qui a fait cinq morts et plus de 200 blessés), vous avez écrit dans le journal conservateur britannique The Spectator : “Quelles que soient les motivations spécifiques de l’auteur, l’effet psychologique (sur les Allemands) de son acte de terreur sera profond.” Pourquoi, selon vous, les motivations du suspect comptent-elles peu s’agissant du ressenti des Allemands ?Katja Hoyer Eh bien, je pense qu’il s’agit essentiellement d’un changement d’humeur dans le pays, que j’ai pu observer lors de mon séjour en Allemagne pour Noël. C’est un changement comparable à celui observé après l’attaque au couteau à Solingen cet été [NDLR : l’attaque, qui a fait trois morts lors d’une grande fête locale, a été revendiquée par le groupe Etat islamique]. Il s’agit là d’événements qui déclenchent ou ravivent des sentiments déjà présents. Ils font remonter à la surface des sujets de mécontentement qui existaient avant que ces attaques ne surviennent, notamment l’ampleur de l’immigration et les problèmes de sécurité qui y sont associés. Et avec les élections qui approchent, je crois que cela jouera un rôle considérable, parce que de nombreux Allemands considèrent que l’attaque de Magdebourg est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ils veulent que des mesures soient prises, en particulier contre l’immigration illégale.La question désormais est de savoir si les partis traditionnels saisiront cette colère et tenteront de la canaliser en expliquant aux gens : “Vous n’avez pas besoin de voter pour l’extrême droite, suivez-nous et nous agirons sur ces questions.” Si ce n’est pas le cas, l’AfD [Alternative für Deutschland] recueillera encore plus de votes que par le passé.Cette colère que vous mentionnez est-elle partagée partout dans tout le pays ?Oui, c’est un phénomène qui concerne toute l’Allemagne, bien qu’il soit plus marqué à l’Est. Cela ne tient pas seulement au fait que le drame de Magdebourg a eu lieu dans cette région du pays. Nous avons en effet observé la même chose après l’attaque de Solingen cet été, qui s’est produite en Allemagne de l’Ouest. Les sondages montrent qu’environ un tiers des électeurs de l’Est votent dorénavant pour l’AfD. Au niveau national, on est autour de 20 %. Donc, vous voyez, la tendance est la même partout, mais elle est simplement plus prononcée à certains endroits. Je crois qu’il s’agit davantage d’une question sociale que d’un phénomène strictement régional. Il y a en effet davantage de travailleurs et de personnes issues des classes populaires à l’Est qu’à l’Ouest. Et de manière globale, si l’on prend par exemple des élections européennes de juin, les analyses post-électorales ont montré que l’AfD avait remporté le vote des classes populaires dans toute l’Allemagne.A ce stade, l’AfD est créditée de 17 à 19,5 % des intentions de vote, derrière les conservateurs de la CDU-CSU mais devant les sociaux-démocrates. Que savons-nous du soutien des Allemands aux idées de l’AfD ?Un sondage publié en septembre dernier a montré qu’environ trois quarts des personnes réclament un changement fondamental dans la politique d’asile. Or, comme vous le souligniez, seuls environ 20 % des électeurs déclarent avoir l’intention de voter pour l’AfD. On constate donc un énorme décalage entre cette colère et le soutien électoral direct à ce parti. La CDU et les conservateurs en général semblent avoir pris conscience de l’importance de ce sujet pour l’électorat et la nécessité d’y répondre. Dans leur nouveau programme de campagne, ils sont d’ailleurs beaucoup plus fermes sur l’immigration qu’auparavant. Ils affirment essentiellement qu’ils ne sont plus le parti d’Angela Merkel. Ils veulent se positionner comme un parti très conservateur, plus strict sur cette question.Le fait que Musk ait été autorisé à écrire un article en faveur de l’AfD dans un journal grand public est un évènement majeurSi la CDU parvient à convaincre l’opinion qu’elle appliquera réellement son programme, elle pourrait améliorer son score au détriment de l’AfD. En effet, beaucoup d’Allemands souhaitent des actions concrètes sur l’immigration mais dans le même temps ne veulent pas de l’AfD au pouvoir. En revanche, si les électeurs voient que la CDU est prête à s’allier avec des partis comme les Verts, qui ne soutiennent pas ces politiques, ils pourraient alors se tourner vers l’AfD pour envoyer un message clair : ce sujet est important pour eux, et il doit être pris au sérieux. Le total des intentions de vote combinées entre les conservateurs et l’AfD montre une majorité des Allemands en faveur d’une action ferme sur l’immigration. Par conséquent, quel que soit le parti qui formera une coalition avec la CDU, probablement le parti social-démocrate (SPD), il devra, dans une certaine mesure, intégrer cette donne pour contenir une nouvelle progression de l’AfD à l’avenir.Sur la question de l’immigration, vous avez écrit : “Les politiciens allemands doivent réfléchir attentivement à la manière dont ils reconnaissent l’intensité des sentiments sur un sujet qu’ils ont trop longtemps ignoré.” Olaf Scholz et les sociaux-démocrates vous semblent-ils prendre ce chemin ? Qu’avez-vous pensé de la réaction du chancelier allemand après l’attaque du marché de Magdebourg ?Il y a eu une réaction immédiate de la gauche pour dire qu’il fallait d’abord examiner les motivations du suspect. Lesquelles sont difficiles à cerner à ce stade. En regardant son profil sur les réseaux sociaux, on observe en effet un mélange de messages contradictoires. Mais je ne pense pas que se concentrer sur les réelles motivations de l’assaillant aide à comprendre l’état d’esprit de l’opinion publique. Car ce que les gens voient, c’est une attaque perpétrée par un étranger radicalisé arrivé dans le pays par le système d’asile et ayant commis un crime horrible. Les motivations spécifiques de cet individu ou le fait de savoir s’il est mentalement instable importent peu [NDLR : le gouvernement allemand a mis en avant son “psychisme pathologique”] pour les Allemands. Ce qu’ils retiennent, c’est qu’il s’agissait de quelqu’un dont les autorités avaient déjà été averties de la dangerosité mais qu’elles n’ont pas agi. Elles ont semblé accorder plus d’importance au respect des lois sur l’asile qu’à la prise en compte des implications en matière de sécurité. Si tout ce que la gauche peut dire à ce sujet est qu’il s’agit d’un cas exceptionnel et qu’il n’y a aucune leçon à tirer, cela ne fera qu’exacerber la colère de nombreux électeurs.Vous considérez que la question de l’immigration a été trop longtemps ignorée par la classe politique allemande. Pourquoi ?Ce n’est pas seulement en Allemagne que la classe politique semble être en décalage par rapport à la majorité de la population sur cette question. C’est quelque chose que nous avons observé dans de nombreux pays occidentaux. Cependant, en Allemagne, il y a toujours cette crainte de se positionner à la droite du centre, en raison du passé du pays pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ne veulent pas être perçus comme des extrémistes de droite ou des néonazis, compte tenu de ce contexte allemand très sensible. De nombreux politiciens, même parmi ceux qui sont à l’extrémité conservatrice du spectre, font ainsi le choix de ne pas apparaître trop à droite, notamment sur des sujets aussi sensibles que l’immigration. Selon moi, c’est problématique car on laisse tout un domaine aux mains de groupes extrêmement radicaux, prêts à ignorer le consensus en Allemagne. Cela mène à une radicalisation de cette partie du spectre politique, précisément parce qu’elle est laissée à l’écart par tous les autres acteurs. Je crois qu’il s’agit d’une spécificité allemande, dans la mesure où tout parti situé à la droite de la CDU sera systématiquement étiqueté comme étant d’extrême droite. Et une fois cette étiquette apposée, comme nous l’avons vu avec l’AfD à ses débuts, ils n’ont plus aucune raison de se modérer ou de revenir au centre. Ainsi, lors de la création de l’AfD en 2013, alors qu’il s’agissait encore d’un parti de tendance néolibérale, ils étaient déjà accusés d’être des néonazis. Cette dynamique n’a fait qu’amplifier leur radicalisation jusqu’à aujourd’hui.Elon Musk a réitéré son soutien à l’AfD dans une tribune controversée du journal conservateur Die Welt, l’un des plus grands quotidiens du pays. Que pensez-vous de l’ingérence du patron de X dans les affaires intérieures allemandes ?Ce qui choque, ce n’est pas tant le fait que ce soit une intervention étrangère. On a déjà vu par exemple de nombreux commentateurs allemands essayer d’intervenir dans les élections américaines. Certains se sont même rendus aux Etats-Unis pour faire campagne, notamment pour les démocrates. Donc, à cet égard, il serait un peu hypocrite de dénoncer une ingérence étrangère. En revanche, ce que je trouve dramatique et important de relever, c’est qu’Elon Musk ait été autorisé à rédiger un article pro-AfD dans l’un des journaux allemands grand public pour appeler les électeurs à soutenir ce parti. Il est inhabituel en Allemagne que des personnalités appellent explicitement à voter pour un parti politique dans l’un de ces journaux traditionnels, car même si les médias peuvent afficher certaines opinions politiques, ils s’efforcent généralement de maintenir un style de format neutre qui n’appelle pas directement à voter pour un parti. Donc en cela, ce qu’on vient de voir avec Elon Musk est nouveau.Après la publication de cette tribune, vous avez écrit qu’un tabou avait été briséLa publication de cette tribune marque une étape significative dans l’évolution des perceptions et du traitement médiatique de l’AfD en Allemagne. Il n’y a pas si longtemps, on débattait encore du fait de savoir si les représentants politiques de ce parti devaient être invités dans des émissions politiques et des débats. Puis les choses ont évolué : on a finalement accepté de les inviter, car leur poids politique est devenu trop important pour être ignoré. Ils participent désormais à des débats télévisés, mais jusqu’ici, aucun journal particulier ne leur avait offert une plateforme favorable. En général, lorsqu’ils sont présents dans les médias, ces derniers veillent à ce qu’il y ait un autre journaliste ou un autre intervenant face à eux pour contre-argumenter. Donc le fait qu’Elon Musk ait été autorisé à écrire un article en faveur de l’AfD dans un journal grand public constitue un évènement majeur. Pour ceux qui admirent Elon Musk, cela signifie qu’il devient désormais possible de voir l’AfD sous un jour différent.Est-ce de nature à influencer la campagne des législatives ?Pas à court terme, mais je pense qu’à long terme, cela pourrait conférer à l’AfD une respectabilité qu’il n’avait pas auparavant. En effet, la prochaine personne qui voudra leur offrir une tribune pourra simplement dire : “Notre journal traditionnel allemand leur a déjà donné une plateforme pour exprimer une opinion pro-AfD, alors pourquoi ne ferions-nous pas de même ?” L’épisode de la tribune pourrait aussi faire évoluer les relations entre la droite allemande, le centre droit, les conservateurs et l’AfD.C’est-à-dire ?Actuellement, la CDU-CSU partage déjà beaucoup de points de vue avec l’AfD. Mais pour le moment, ce parti est infréquentable pour eux en raison du passé historique de l’Allemagne et de l’existence d’un “cordon sanitaire” robuste autour de l’AfD. Cependant, si des personnalités comme Elon Musk, admirées par de nombreux libertariens et des personnes du centre droit, tiennent ce genre de propos dans un journal de droite, cela contribue, dans une certaine mesure, à gommer la frontière entre les conservateurs, les libertariens et l’extrême droite. Et cela représente, à mon avis, un tournant majeur.Selon Elon Musk, l’Allemagne est “au bord de l’effondrement économique et culturel”. Partagez-vous ce point de vue ?Le terme “effondrement” est excessif. La situation se dégrade, c’est évident. Et ce n’est pas que mon opinion : de nombreux économistes partagent ce constat. L’Allemagne est en récession pour la deuxième année consécutive, ce qui est un fait. Et il existe des indicateurs clairs de problèmes structurels profonds dans l’économie allemande.En ce qui concerne l’effondrement sociétal, les tensions sont très fortes en ce moment. On observe une polarisation profonde de la société. Et le fait que tant de gens descendent désormais dans la rue pour manifester est révélateur. Je sais qu’en France, cela se produit tout le temps, mais en Allemagne, c’est inhabituel [Rires.]. Il faut une bonne dose de colère avant de voir les Allemands descendre dans la rue plutôt que de simplement râler derrière des portes closes.Nous avons atteint la fin d’une époque et pas seulement pour l’AllemagneC’est quelque chose que je ressens chaque fois que je retourne en Allemagne. On perçoit cette colère, cette frustration, et même une certaine agressivité dans les rues. Elon Musk a raison lorsqu’il dit qu’on a atteint un point critique. Car si l’Allemagne n’est pas au bord de l’effondrement, il est vrai que des changements sont nécessaires, et rapidement. Sinon, comme on le voit dans d’autres pays européens, ou du moins en France, lorsque la colère et la polarisation atteignent un tel niveau, il devient presque impossible de parvenir à un consensus, et cela crée de graves problèmes pour toute démocratie parlementaire.Björn Höcke, le leader de l’AfD en Thuringe, a été condamné cette année pour avoir utilisé un slogan nazi. Plusieurs membres de l’AfD ont des liens avec le mouvement néonazi autrichien… Assiste-t-on à une résurgence des idées nazies en Allemagne ?Je ne considère pas l’AfD comme un parti explicitement néonazi, mais comme vous le dites, il y a des éléments en son sein qui sont extrêmement à droite. Et certains d’entre eux s’aventurent sur un terrain raciste. C’est l’un des problèmes de ce parti : les gens regardent Alice Weidel (la cheffe de fil de l’AfD pour les législatives) et, à l’instar d’Elon Musk, pensent qu’elle représente l’ensemble du parti. Mais en réalité, elle a très peu de contrôle sur ce qui se passe dans les rangs inférieurs. Par exemple, elle a souvent critiqué Björn Höcke et a même tenté, sans succès, de l’exclure du parti, mais elle n’a aucun moyen de l’écarter ou d’écarter d’autres éléments très radicaux. Donc les électeurs doivent être très prudents lorsqu’ils votent pour eux, car ils ne savent pas exactement quel type de représentants ils contribuent à faire élire. J’ai toujours fait une distinction claire entre les électeurs de l’AfD et le parti lui-même : les gens votent pour l’AfD pour des raisons très spécifiques, pas nécessairement parce qu’ils approuvent tous les politiciens de cette formation.En ce qui concerne une possible résurgence du nazisme, des études indiquent qu’environ 10 % de la société allemande est d’extrême droite. Ce chiffre semble assez stable au fil du temps. La question est de savoir s’ils disposent désormais d’une plus grande plateforme pour exprimer leurs idées ou agir en conséquence. C’est probablement le cas, en particulier dans certaines régions de l’Est, mais aussi ailleurs. Les frustrations populaires sont souvent récupérées par des éléments d’extrême droite, qui les transforment en activisme. Par exemple, lors des périodes de passages massifs de frontières par des migrants en situation irrégulière, on a vu des milices d’extrême droite “chasser” ces réfugiés de manière violente. Il y a également des marches d’extrême droite dans les rues. Je ne dirais pas nécessairement qu’il y a davantage d’Allemands qui partagent cette idéologie, mais il y a certainement plus de gens prêts à agir, à s’exprimer publiquement ou à se rassembler avec d’autres personnes partageant les mêmes vues. Et c’est une tendance inquiétante.Que sait-on d’Alice Weidel ? Les Français ne la connaissent pas vraiment…Elle est le visage respectable de l’AfD : une économiste, ouvertement homosexuelle, vivant avec sa partenaire originaire du Sri Lanka. Et c’est aussi un argument que Musk a utilisé, disant, en substance : “Cela ne ressemble pas à Hitler.” Elle incarne à la fois une droite conservatrice et libertarienne capable de s’exprimer de manière cohérente et d’offrir une image présentable. Elle est davantage une figure de proue, choisie pour sa capacité à séduire un public plus large. Cependant, comme je vous le disais, elle ne contrôle pas les éléments plus extrêmes qui coexistent sous la bannière de l’AfD. Bien qu’elle en soit la leader, elle ne reflète pas nécessairement les opinions ou les actions des autres membres du parti, ni même la diversité idéologique des cadres de l’AfD.Merkel, Obama… Ce ne sont pas forcément leurs politiques qui manquent aux gensIl existe une aile beaucoup plus radicale au sein du parti. A un moment donné, elle était appelée “l’aile” (Der Flügel), dirigée par Björn Höcke, Mais cette faction a été officiellement dissoute après avoir été jugée extrémiste par les services de renseignement intérieur. Cela montre bien que ni Weidel ni personne d’autre ne reflète le parti dans sa globalité, car l’AfD regroupe une gamme très variée de profils allant des conservateurs désabusés aux néonazis avérés.Il y a quelques années, lorsque Angela Merkel était au pouvoir, l’Allemagne était au sommet de l’Europe. Aujourd’hui, le déclin frappe le pays. En tant qu’historienne, cette période est-elle particulièrement intéressante à étudier ?Oui, je crois que nous avons effectivement atteint la fin d’une époque et le début d’une nouvelle. Pas seulement pour l’Allemagne, mais aussi pour l’ensemble de l’Occident. En Allemagne, en particulier, il y avait ce désir profond d’adhérer à l’idée de la “fin de l’histoire”. Après les horreurs du XXe siècle allemand, avec le nazisme et ses conséquences, la chute du mur de Berlin était censée représenter une sorte de fin heureuse à cette histoire tourmentée. L’idée que le libéralisme et la démocratie libérale avaient triomphé de l’autoritarisme a résonné dans le monde entier. Pour les Allemands, c’était une histoire rassurante, une manière de laisser derrière eux ce passé sombre et de progresser vers un avenir basé sur un consensus général. Les partis politiques offraient alors des nuances légèrement différentes d’une même vision commune. Or ce consensus semble aujourd’hui s’être définitivement dissous.Jusqu’à la dernière élection, où l’AfD atteignait à peine 10 %, beaucoup pensaient encore qu’il s’agissait d’un parti marginal. Il existait, bien sûr, mais ne faisait pas partie intégrante du paysage politique. Aujourd’hui, cette perception a changé, et cela reflète une transformation majeure du contexte politique. Il est intéressant de se demander si ce décalage entre la majorité de la population et ceux qui font la politique peut être comblé. S’ils n’y parviennent pas, il est probable que nous assisterons à davantage de perturbations et d’agitation à l’avenir.Après deux années de récession, la situation économique de l’Allemagne est elle aussi complexe…Oui. Le modèle industriel allemand, qui date du XIXe siècle et qui s’est affirmé comme la base de sa puissance, semble ne plus être adapté à un monde de plus en plus numérique, orienté vers les services, et nécessitant un type d’économie différent. Ce modèle repose sur l’importation de matières premières bon marché, la fabrication de produits et leur exportation à des prix élevés. Cependant, ce schéma semble être de moins en moins viable. L’Allemagne se trouve aujourd’hui à un carrefour : soit elle stabilise l’ancien modèle industriel, comme le souhaitent les conservateurs et certains au sein de l’AfD, en essayant de le moderniser pour prolonger son efficacité, soit elle adopte une approche radicalement différente. Les Verts, par exemple, prônent une transformation environnementale, impliquant un abandon progressif de l’industrie traditionnelle pour adopter un modèle économique complètement nouveau. Mais personne ne sait vraiment à quoi cela ressemblerait ni si l’Allemagne est capable de mener à bien cette transition.Face à ces bouleversements, quel est l’état d’esprit des Allemands aujourd’hui ?De nombreuses enquêtes vont dans le même sens et mettent en évidence le sentiment général que l’Allemagne n’est plus une “grande” nation. Qu’elle aurait perdu son statut de puissance mondiale. Par exemple, un événement qui a marqué les esprits récemment est la réouverture de Notre-Dame le 7 décembre. Cette image d’Emmanuel Macron réuni en marge de cette cérémonie avec Donald Trump et Volodymyr Zelensky, sans Olaf Scholz [NDLR : l’Allemagne était représentée à la cérémonie par son président] a beaucoup marqué les Allemands. Cela a renforcé l’idée chez beaucoup que l’Allemagne ne compte plus vraiment sur la scène mondiale, alors qu’on parle de la troisième économie planétaire. Mais paradoxalement, elle semble avoir perdu un certain leadership et son statut de pays influent dans les grandes décisions de ce monde. C’est un sujet d’inquiétude majeur pour les Allemands. Cela soulève également chez eux des questions, à savoir par exemple si l’Allemagne a jamais vraiment eu le pouvoir que certains lui prêtaient.Si Olaf Scholz perd les élections en février, que retiendra l’Histoire de son passage à la chancellerie ? Les Allemands sont-ils nostalgiques de l’époque Merkel ?Vous savez, la réputation d’Angela Merkel a beaucoup évolué ces dernières années, notamment depuis l’invasion de l’Ukraine et la crise énergétique. Certaines de ses politiques ont été réévaluées. Mais elle conserve une base de fans, petite mais solide, comme j’ai pu le constater récemment lors d’un événement à Londres où elle présentait ses Mémoires et où de nombreux Allemands étaient présents. Cela me rappelle un peu la nostalgie qui entoure Barack Obama. Ce ne sont pas forcément leurs politiques qui manquent aux gens, mais plutôt le sentiment que les choses allaient bien à l’époque, notamment sur le plan économique. C’est cette période qu’on idéalise.Quant à Scholz, les sondages semblent indiquer qu’il ne sera pas reconduit comme chancelier. A long terme, je pense qu’il sera perçu comme ayant été un chancelier de transition entre l’ère Merkel et ce qui viendra ensuite. Il a remporté les élections en 2021 en se présentant comme une sorte de “Merkel 2.0”. La couverture d’un célèbre journal allemand le montrait même reprenant le geste emblématique du “losange” de Merkel, pour signifier qu’il serait une continuité de ce que les gens avaient appris à apprécier durant son mandat. Cependant, en formant une coalition avec les Verts et les libéraux du FDP, deux partis souhaitant moderniser l’Allemagne, il a dû proposer un programme bien plus progressiste que ce qu’il avait initialement promis. Cela, ajouté à des politiques perçues comme très à gauche et qui n’étaient pas forcément ce pour quoi les gens avaient voté, a provoqué des tensions. La guerre en Ukraine ou encore l’inflation n’ont fait qu’amplifier les difficultés. Il a gouverné à une période où le pays devait s’adapter à des changements importants, mais il n’a pas réussi à poursuivre la trajectoire précédente de manière convaincante.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/la-desillusion-des-allemands-vue-par-katja-hoyer-si-les-partis-traditionnels-nentendent-pas-la-NLNHBWSHAVFSTEDHIJILZFWPRI/

Author : Laurent Berbon

Publish date : 2025-01-05 16:00:00

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Elon Musk, Donald Trump et le “Doge” : les premiers pas du projet fou pour sabrer les dépenses publiques

Donald Trump et Elon Musk assistent au lancement du sixième vol d'essai de la fusée SpaceX Starship, le 19 novembre 2024 à Brownsville, au Texas.




C’est une mission qui ne pouvait pas davantage ressembler à Elon Musk. Le “Projet Manhattan de notre époque”, a même prophétisé Donald Trump, du nom du programme de recherche secret ayant mené à la création de la bombe atomique durant la Seconde Guerre mondiale. Aux côtés de Vivek Ramaswamy, entrepreneur et candidat à la primaire républicaine qui s’était démarqué durant sa campagne pour son aversion contre “l’Etat profond”, le fondateur de Tesla a été nommé par le président élu – investi le 20 janvier prochain – à la tête d’un futur ministère chargé de réduire drastiquement les dépenses publiques et fédérales.Pour mener ce projet à bien, Elon Musk et Vivek Ramaswamy ont été chargés par Donald Trump de piloter un nouveau programme : le “département de l’Efficacité gouvernementale”. Le nom ne doit rien au hasard : son acronyme, le Doge, rappelant ouvertement la cryptomonnaie favorite du fondateur de Tesla. Son objectif sera de soumettre des propositions au président américain pour réduire le train de vie de l’Etat américain. Et ce, au plus tard le 4 juillet 2026, date du 250e anniversaire de la signature de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis.Pour composer ce Doge, Elon Musk et Vivek Ramaswamy ont choisi de s’affranchir des pratiques courantes. Les deux milliardaires ont ainsi décidé de lancer le processus de recrutement directement… sur X. Les candidats doivent ainsi directement envoyer leur CV sur le réseau social auprès du compte du département de “l’Efficacité gouvernementale”, et les deux milliardaires assurent qu’ils éplucheront eux-mêmes les meilleures candidatures. “Nous avons besoin de révolutionnaires au QI très élevé, prêts à travailler plus de 80 heures par semaine sur des mesures peu glamoureuses de réduction des dépenses”, a résumé le compte X du Doge. Et le tout pour… zéro dollar. “En effet, il s’agira d’un travail fastidieux, il faudra se faire beaucoup d’ennemis et la rémunération sera nulle. Quelle bonne affaire !”, a ironisé Elon Musk sur son compte X.”Nous agissons différemment. Nous sommes des entrepreneurs, pas des politiciens. Nous serons des bénévoles extérieurs, et non des fonctionnaires ou des employés fédéraux. Contrairement aux commissions gouvernementales ou aux comités consultatifs, nous ne nous contenterons pas de rédiger des rapports ou de couper des rubans. Nous réduirons les dépenses”, ont de leur côté assuré, sur un ton plus sérieux, Musk et Ramaswamy dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal en novembre dernier.”Une façon unique de servir le pays”Malgré ces conditions de travail qui paraissent peu attrayantes, le Doge semble trouver son public. Le Wall Street Journal a pu s’entretenir avec plusieurs candidats ayant postulé pour rejoindre ce ministère. Parmi eux, on retrouve de nombreux soutiens de Donald Trump issus du monde de l’entreprise, parfois à de hauts niveaux de responsabilités, et souhaitant apporter leur part à la révolution promise par le tandem formé par les deux milliardaires. On retrouve par exemple Sarah Armstrong, 55 ans, adjointe à la direction d’une entreprise fabriquant du matériel électrique, prête à renoncer à son emploi et à devenir bénévole auprès de Trump. “Je pense que c’est une façon unique de servir le pays, et plus important encore, les gens”, explique-t-elle auprès du journal économique américain.Ou encore James Tagg, 26 ans et analyste dans une entreprise de fabrication d’infrastructures électriques, qui explique être “ardemment prêt à investir d’innombrables jours et nuits blanches pour réaliser cette vision” auprès du WSJ. “Je crois que l’Amérique peut atteindre son plein potentiel avec Doge à la tête de la charge”, abonde-t-il, alors que de nombreux candidats expliquent voir cette expérience comme un “stage non rémunéré”.Un champ d’action limitéMais des “stagiaires non rémunérés” ont-ils la capacité de complètement métamorphoser la structure de l’Etat américain ? Le Doge n’étant pas une agence gouvernementale, et qui devrait agir comme un organe de conseil auprès de la Maison-Blanche, pourrait très vite se retrouver limité. La grande majorité des modifications au budget doivent en effet être validées par le Congrès américain et le Sénat. Et même si les Républicains y détiennent la majorité pour les deux prochaines années, cela rendra nécessairement beaucoup plus lent tout changement de grande ampleur.De plus, de très nombreuses dépenses semblent inamovibles : comme le rappelle CNN, près de 60 % du budget du gouvernement fédéral est notamment destiné à la sécurité sociale et à la protection sociale, des dépenses populaires sur lesquelles Trump a promis de ne pas revenir durant sa campagne. 10 % sont également destinés au remboursement de la dette de l’Etat, avec là aussi donc des dépenses intangibles. Autant dire que le champ d’action se retrouve déjà bien réduit.Face à cela, Elon Musk et Vivek Ramaswamy ont un plan : s’attaquer à “l’Etat profond”, à comprendre les bureaucrates qui, à leurs yeux, gouverneraient dans le dos des Américains. “La plupart des dépenses du gouvernement et des décisions pour appliquer les lois ne sont pas prises par le président démocratiquement élu, ni même par ses représentants politiques, mais par des millions de fonctionnaires non élus et non nommés au sein des agences gouvernementales, qui se considèrent à l’abri des licenciements grâce aux protections de la fonction publique”, ciblent-ils dans leur tribune dans le Wall Street Journal. Les deux hommes expliquent qu’ils se fonderont “sur la législation existante plutôt que par l’adoption de nouvelles lois” pour trancher dans ces dépenses publiques qu’ils considèrent “antidémocratiques”.Un projet similaire sous ReaganMais quelles sont réellement les dépenses qui seront attaquées ? Le compte X du Doge semble donner une première tonalité de ce qui semble être dans le viseur de Musk et Ramaswamy. “Comment le gouvernement américain a dépensé vos impôts en 2024 : 7 millions de dollars pour divers projets d’étude de la magie ; 1 513 299 dollars pour utiliser des chatons dans une étude visant à analyser le mal des transports ; 419 470 dollars pour déterminer si les rats solitaires recherchent la cocaïne plus fréquemment que les rats heureux, 123 000 dollars pour apprendre à des enfants du Kirghizistan comment devenir viral sur les médias sociaux”, a-t-il publié le 27 décembre dernier. Des chiffres venant d’un rapport d’un sénateur républicain libertarien, Rand Paul, mais qui n’hésite pas à tronquer une partie de la réalité au service de son idéologie. Le premier exemple cité est en réalité une subvention pour un musée pour enfants nommé le “Centre de découverte de Magic City”, dans la petite ville de Minot, dans le Dakota du Nord.Même si Elon Musk considère que ce genre de subventions devaient être coupées, elles ne représentent qu’une infime partie des 2 000 milliards d’économies – soit un tiers des dépenses annuelles du gouvernement fédéral américain – que le patron de Tesla se vante d’être capable de trouver. Vivek Ramaswamy, durant sa campagne promettait de son côté de fermer le ministère fédéral de l’Education, le FBI ou encore l’IRS, l’agence fédérale de collecte de très nombreux impôts. Des mesures qui surplombent légèrement les recherches sur les rats ou les chatons.Surtout, un autre exemple semble également tempérer le caractère révolutionnaire de ce projet. En 1982, après son élection à la Maison-Blanche sur la promesse de “drainer le marais” bureaucratique, Ronald Reagan annonce le lancement de la “Grace Commission”. L’objectif de cette dernière était de réunir des entrepreneurs et chefs d’entreprise afin qu’ils élaborent des propositions pour réduire drastiquement le train de vie de l’Etat américain. Le résultat, selon la majorité des experts : aucune des plus de 2 500 mesures qu’ils avaient préconisées dans leur rapport présenté au Sénat n’avait finalement été traduite concrètement par l’administration présidentielle…



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/elon-musk-donald-trump-et-le-doge-les-premiers-pas-du-projet-fou-pour-sabrer-les-depenses-publiques-UQJIVYULRRBEJFME5WBN6HMLRQ/

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Publish date : 2025-01-05 15:24:49

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Algérie : ces “doutes” de la France sur les intentions d’Alger

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot à une conférence humanitaire pour Gaza au Caire le 2 décembre 2024




Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a émis ce dimanche 5 janvier des “doutes” sur la volonté d’Alger de respecter la feuille de route des relations bilatérales franco-algériennes. “Nous avons en 2022 […] rédigé une feuille de route […], nous tenons à ce (qu’elle) puisse être suivie”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères lors d’un entretien sur la radio privée RTL.”Mais nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l’intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Parce que pour la tenir, il faut être deux”, a-t-il ajouté.Jean-Noël Barrot s’est aussi déclaré, “comme le président de la République, très préoccupé par le fait que la demande de libération adressée par Boualem Sansal et ses avocats a été rejetée”. Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, né d’un père d’origine marocaine et d’une mère algérienne, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’Etat et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre.”Nous souhaitons entretenir les meilleures relations””Je suis préoccupé par son état de santé et […] la France est très attachée à la liberté d’expression, la liberté d’opinion et considère que les raisons qui ont pu conduire les autorités algériennes à l’incarcérer ne sont pas valables”, a relevé le ministre des Affaires étrangères. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait évoqué pour la première fois dimanche dernier l’arrestation de l’écrivain à la mi-novembre à Alger, le qualifiant d'”imposteur” envoyé par la France.L’auteur de “2084 : la fin du monde”, naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne “comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions”. “Nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec l’Algérie […] mais ce n’est pas le cas aujourd’hui”, a regretté Jean-Noël Barrot.Alger a retiré son ambassadeur à Paris fin juillet 2024 quand le président français Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé aux propositions marocaines concernant le Sahara occidental, avant de se rendre à Rabat fin octobre.



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Publish date : 2025-01-05 14:06:47

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“Comme un chien qui s’est fait tabasser. Toute sa vie, il a cette vibration en lui.” Dix ans après Charlie.

Le procès des attentats de Charlie Hebdo s'ouvre mercredi 2 septembre à Paris. (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)




Bernard Verlhac, dit “Tignous”, avait cela en commun avec son animal fétiche – le panda – qu’il était un cœur tendre, mais du genre impressionnant quand il se mettait en colère. Et en ce mardi de l’été 2013, Tignous était en rogne. Ce qui tourmentait le dessinateur de Charlie – il officiait alors également à Marianne où nous étions collègues –, c’était une information selon laquelle les deux policiers chargés de la sécurité de Charb allaient certainement être réaffectés, car considérés comme une “protection de confort”. Cela faisait plusieurs fois en quelques mois qu’au travers de fuites dans la presse, le dispositif de sécurité du directeur de la publication de Charlie Hebdo était pointé du doigt, parmi d’autres, comme superflu. “Profiteurs de la République”, titrerait même VSD le 4 décembre 2014.Alors ce jour-là, Tignous fulminait. Son visage de rocker bonhomme – rouflaquettes brunes et dents du bonheur – avait viré à la tempête. Assis à son bureau, au cœur de l’open space aux murs rouges de Marianne, il rappelait que Charb était menacé par de très sérieuses fatwas ; qu’en 2011, un incendie au cocktail Molotov avait ravagé les locaux de Charlie ; qu’en septembre 2012, un jeune homme avait été arrêté à Toulon en possession d’un couteau : il parlait de s’en servir à Paris contre les dessinateurs de l’hebdomadaire… Alors : “qui [étaient] ces connards qui [laissaient] sous-entendre un caprice de VIP ?”Bien sûr, personne n’imaginait ce qui allait se passer rue Nicolas Appert, le 7 janvier 2015. Et notamment : pas ceux de Charlie. Reste que les années précédant l’attentat, dessinateurs, journalistes, employés du journal satirique persistaient à défendre un droit – le nôtre –, une liberté – la nôtre -, malgré les menaces d’ennemis qu’ils savaient sérieux. Le courage, voilà ce que disait la colère de Tignous. L’inconscience, voilà ce que répondait la désinvolture en écho. Dans un magnifique chapitre de son Lambeau, le journaliste et écrivain Philippe Lançon, grièvement blessé au visage par une rafale des frères Kouachi, décrit la scène suivant l’attentat, où il se retrouve allongé à côté des corps inertes de Bernard Maris et de Tignous : “Je n’ai pas vu sur le moment ce que le rapport de police, lu dix-huit mois plus tard m’a révélé : un stylo restait planté droit entre les doigts d’une main, en position verticale. Tignous était en train de dessiner ou d’écrire quand ils ont fait irruption. Les enquêteurs ont noté ce détail qui indique la rapidité du massacre et la stupeur qui a précédé l’exécution de chacun d’entre nous. Tignous est mort un stylo à la main comme un habitant de Pompéi saisi par la lave […]”. L’image dit la soudaineté de la violence qui fige les gestes de l’ordinaire dans sa brutalité – un dessinateur en train de dessiner. On ne peut s’empêcher de voir également dans ce feutre planté à la verticale, l’image d’un homme mort avec, à la main, l’instrument de son droit et de sa liberté.Où en sommes-nous, dix ans plus tard ?Dix ans ont passé. “Le drame est achevé. Quel est donc celui qui s’avance ? – Moi car il y eut un survivant au naufrage.” Quand j’ai rencontré Riss pour la première fois, au printemps dernier, ces mots de la fin de Moby Dick se sont frayé un chemin. Un survivant s’avançait, assez fidèle aux photos : grand et mélancolique. Au cours de la conversation, nous avons parlé de Salman Rushdie, dont Flammarion venait de publier Le Couteau. Dans ce récit, on apprend qu’au moment de l’attaque à laquelle il a survécu, Rushdie vivait à sa demande sans protection policière : l’écrivain voulait croire que l’eau avait coulé sous les ponts, que la fatwa s’était émoussée, et que la haine l’avait oublié. Je demandais à Riss, désormais directeur de la publication de Charlie, ce qu’il en pensait. Lui qui, depuis 2015, vit avec l’ombre des policiers qui le précèdent en tout lieu. “Je comprends la tentation de l’optimisme, a-t-il répondu. On voudrait croire à un moment qu’on peut respirer, se passer de la protection. Mais cet espoir-là, c’est quand on n’a jamais vécu le surgissement de la violence, la confrontation avec la mort… Parce qu’après, ça ne te quitte plus jamais. C’est comme une vibration dans le corps, en permanence : tu sais que ça peut basculer à tout instant. Comme un chien qui s’est fait tabasser. Toute sa vie, il a cette vibration en lui…”A quoi servent les anniversaires qu’on ne fête pas ? Les anniversaires douloureux, comme celui des dix ans des attentats de janvier 2015, qui ont tué rue Nicolas Appert, à Paris, le mercredi 7 ; à Montrouge le jeudi 8 ; et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes le vendredi 9 ? A commémorer les morts, c’est entendu ; à célébrer les vivants. Mais aussi : à faire le bilan. Où en sommes-nous, dix ans plus tard ? Que dirions-nous aux 11 de Charlie Hebdo ? Que la liberté d’expression a triomphé ? Il faudrait leur taire la vérité : Samuel Paty, décapité à la sortie de son collège pour avoir donné un cours sur la liberté d’expression à ses élèves de 4e et, pour illustrer son propos, montré deux caricatures de Mahomet publiées par Charlie. Il faudrait leur taire Dominique Bernard, poignardé dans son lycée d’Arras parce qu’il était professeur de français et que, selon les termes de son assassin, “c’est l’une des matières où l’on transmet la passion de la République, de la démocratie, des droits de l’homme, des droits français et mécréants”. Il faudrait leur taire la peur qui s’installe partout – “la trouille bleue”, comme l’avait décrite un jour Riss dans un éditorial. Que dirions-nous à Ahmed Merabet ? A Clarissa Jean-Philippe ? Que la République tient ferme face à l’islamisme ? Que dirions-nous aux quatre de l’Hyper Cacher ? Que l’antisémitisme a reculé ? Alors que depuis le 7 octobre 2023, il a flambé comme jamais depuis des décennies ? Que pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de Français juifs ont peur au point d’enlever leurs noms des boîtes aux lettres ? Cet anniversaire n’est pas seulement triste parce qu’il commémore des attentats qui ont meurtri la France. Il l’est aussi parce que, dix ans plus tard, on ne peut s’empêcher de tirer un bilan amer, et inquiet.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/la-confrontation-avec-la-mort-ca-ne-te-quitte-plus-jamais-dix-ans-apres-charlie-le-triste-bilan-ZC3TGRYH7JHUNNS4QCADTYFPYY/

Author : Anne Rosencher

Publish date : 2025-01-05 07:45:00

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Autriche : le chancelier annonce sa démission après l’échec des négociations pour une coalition

Le chancelier autrichien sortant, le conservateur Karl Nehammer à Vienne, en Autriche, le 29 septembre 2024




Le chancelier conservateur autrichien Karl Nehammer a annoncé, ce samedi 4 janvier, qu’il quittera ses fonctions de chancelier et de président de son parti “dans les prochains jours”, après avoir mis fin aux négociations avec les sociaux-démocrates pour tenter de former le prochain gouvernement. “Je permettrai une transition ordonnée”, a-t-il indiqué dans un message écrit et vidéo posté le réseau social X, plus de trois mois après les élections législatives du 29 septembre.Cette décision inattendue pourrait entraîner des élections anticipées ou forcer les conservateurs à négocier avec l’extrême droite, arrivée en tête aux législatives. Elle intervient au lendemain de la décision du parti libéral Neos de se retirer des négociations tripartites visant à former un gouvernement centriste, dont le but était d’écarter du pouvoir le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême droite). Le FPÖ avait rassemblé 28,8 % des voix aux législatives, mais a été incapable de trouver des alliés pour former un gouvernement dans le pays alpin membre de l’UE.”Rempart contre les radicaux”Le Parti populaire autrichien (ÖVP, conservateurs) était arrivé en seconde position avec 26,3 % des voix, suivi par le Parti social-démocrate d’Autriche (SPÖ, centre-gauche) avec 21,1 %. Ces résultats avaient conduit Karl Nehammer à engager des discussions avec le SPÖ et Neos (9 % des suffrages) pour former un gouvernement et faire barrage à l’extrême droite. Mais les négociations ont échoué. 24 heures après le départ de Neos, le chancelier a annoncé sur X qu’un “accord avec le SPÖ est impossible sur des questions clés” et que “par conséquent”, il mettait “fin aux négociations avec le SPÖ”.Les principaux sujets de discorde cités par les médias autrichiens sont l’impôt sur la fortune, les droits de succession, les retraites, et des divergences sur la façon de contrôler le déficit budgétaire. Karl Nehammer a déploré n’avoir pu créer une “force du centrisme politique afin de bâtir un rempart contre les radicaux”. “J’ai la conviction profonde que les radicaux n’offrent pas la solution à un seul problème, mais ne vivent que pour souligner les problèmes”, a-t-il ajouté, affirmant s’être “toujours battu pour la stabilité”, même si ce n’était “pas sexy en politique”.Dans un communiqué, le chef du parti d’extrême droite, Herbert Kickl, a qualifié de “losers” les partis impliqués dans les discussions de coalition. “Au lieu de la stabilité, nous avons le chaos” après trois “mois gâchés”, a-t-il ajouté. Le leader des sociaux-démocrates, Andreas Babler, a estimé que ceux qui, au sein du parti conservateur, “ont toujours flirté” avec l’extrême droite “l’ont emporté”, pointant le risque d’un “gouvernement FPÖ-ÖVP avec un chancelier extrémiste d’extrême droite”.Vers de nouvelles élections ?Vendredi, le président Alexander Van der Bellen avait appelé l’ÖVP et le SPÖ à former un gouvernement “sans délai”. Il avait initialement demandé aux conservateurs de former un gouvernement stable qui respecte les “fondations de notre démocratie libérale”. Par le passé, il a plusieurs fois exprimé des réserves concernant le radical leader du FPÖ, Herbert Kickl.Si les conservateurs de l’ÖVP décident de former un gouvernement avec le FPÖ d’extrême droite, le président “doit se préparer à introniser Kickl comme chancelier”, a prévenu auprès de l’AFP l’analyste politique Peter Filzmaier. Si les deux partis n’engagent pas de discussions ou échouent à s’entendre, “il y aura de nouvelles élections”, a-t-il ajouté. Les derniers sondages placent le FPÖ autour de 35 %.Une coalition de trois partis pour former un gouvernement aurait été une première depuis 1949 en Autriche, où l’économie est en perte de vitesse tandis que le déficit public s’envole. Le chancelier conservateur avait déjà prévenu que les discussions de coalition, qui avaient commencé en octobre – initialement sans les libéraux -, s’annonçaient ardues.L’ÖVP a participé aux différents gouvernements du pays de 9 millions d’habitants depuis 1987. Il a déjà gouverné à deux reprises avec le FPÖ en tant que partenaire minoritaire, en 2000 et en 2017. Le chancelier Nehammer s’était dit ouvert à des discussions avec le FPÖ, mais il a toujours exclu de travailler avec son leader Herbert Kickl.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/autriche-le-chancelier-annonce-sa-demission-apres-lechec-des-negociations-pour-une-coalition-MRCH7FRUJBAPVCLWOJZTNPPUNE/

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Publish date : 2025-01-05 07:54:36

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Marine Le Pen à Mayotte : ce que la cheffe du RN a prévu pour sa visite sur l’île dévastée

Marine Le Pen, lundi 25 novembre, à son arrivée à Matignon où elle a été reçue par le Premier ministre Michel Barnier.




C’est une visite qui devrait s’annoncer bien moins tendue que celles d’Emmanuel Macron, François Bayrou ou encore Elisabeth Borne ces derniers jours. La cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, entame ce dimanche 5 janvier une visite de deux jours à Mayotte où elle prévoit de rencontrer secouristes et sinistrés, trois semaines après le passage du cyclone Chido.Marine Le Pen doit arriver sur l’île dévastée “en début d’après-midi, par un vol militaire”, précise son entourage. Une fois sur place, “elle rencontrera la sécurité civile, puis ira à la rencontre des habitants”, avant “un temps d’échange prévu en fin d’après-midi à Mamoudzou avec des sinistrés”. La suite de son programme, lundi et mardi, n’est pas encore connue, mais “l’objectif est d’aller à la rencontre des sinistrés sur plusieurs points de l’île”.A défaut d’apporter des tonnes d’aide, ou de pouvoir annoncer des mesures comme Emmanuel Macron puis François Bayrou avant elle, cette visite de Marine Le Pen est “un signe de soutien (et) d’affection pour nos compatriotes Mahorais”, a affirmé son porte-parole Laurent Jacobelli, samedi sur France Inter.A la suite de la présentation par François Bayrou du plan “Mayotte debout” pour reconstruire l’île, la triple candidate à la présidentielle avait affirmé que “les annonces faites par le Premier ministre vont incontestablement dans le bon sens”. Mais par ce déplacement, l’opposante d’extrême droite entend également exercer “une pression supplémentaire sur le gouvernement”, à quelques jours de la présentation d’un projet de loi d’urgence pour Mayotte, avait souligné vendredi le député Thomas Ménagé sur Franceinfo. @lexpress Mayotte ravagée par le cyclone Chido. Une catastrophe historique pour l’île et ses habitants. Emmanuel Macron préside ce lundi soir une réunion de crise sur la situation. #mayotte #chido #sinformersurtiktok #apprendreavectiktok ♬ original sound – L’Express Une nette popularité aux électionsDans le département le plus pauvre de France, en proie à une forte pression migratoire venue notamment des Comores voisines, le RN et sa dirigeante ont été plébiscités aux dernières élections présidentielles et législatives. Le parti à la flamme y a même obtenu, en juillet dernier, un de ses deux premiers sièges de députés en Outre-mer. “Marine Le Pen est très appréciée à Mayotte”, où “la population réclame sa descente”, assure ainsi l’élue mahoraise à l’Assemblée, Anchya Bamana.L’accueil s’annonce en tout cas moins hostile que pour le chef de l’Etat, chahuté lors de sa venue, quelques jours à peine après la catastrophe. Une prise à partie qu’il a attribuée à “des gens du Rassemblement national”. “Que des élus de cette envergure nationale pensent à nous en ces temps troublés, c’est important”, estime le président du collectif des citoyens de Mayotte, Fatihou Ibrahim.Mais pour d’autres, la présence de Marine Le Pen est au mieux un non-événement. “Je ne vois pas ce qu’elle peut nous apporter en ce moment”, juge Anfida, une auxiliaire de vie de 32 ans, interrogée vendredi par l’AFP. Abou, un employé de TotalEnergies de 28 ans, considère, lui, que “tous ces politiciens viennent pour nous bluffer”.Du côté de l’exécutif, Laurent Marcangeli se montre plus conciliant. “Je jugerai sur pièce”, déclare le ministre de la Fonction publique dans La Tribune Dimanche, relevant que la finaliste des deux dernières élections présidentielles “n’avait pas tenu de discours caricatural sur la visite du Premier ministre” en début de semaine.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/marine-le-pen-a-mayotte-ce-que-la-cheffe-du-rn-a-prevu-pour-sa-visite-sur-lile-devastee-EY5PGRJ34NC5HHZKUGUMBOITTY/

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Publish date : 2025-01-05 09:52:46

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Les startupeurs à succès sont-ils tous psychopathes ?

Le PDG de Tesla et SpaceX, Elon Musk, le 15 mai 2023 à l'Elysée à Paris




Longtemps, les startupeurs ont rêvé de faire partie du célèbre “30 Under 30” de Forbes, ce classement qui liste les jeunes talents jugés les plus prometteurs. Mais depuis quelque temps, ce classement fait l’objet d’autant de convoitises que de quolibets. Car plusieurs de ses lauréats s’avèrent peu dignes de la récompense. Le mois dernier encore, le FBI a accusé l’une d’entre elles, Joanna Smith-Griffin, fondatrice d’AllHere Education, d’avoir commis une fraude envers ses investisseurs pour un montant de près de 10 millions de dollars. Elle risque une peine de prison maximale de vingt ans si elle est reconnue coupable. Joanna Smith-Griffin avait été distinguée dans la liste Forbes de 2021. L’année précédente, elle aurait pu y côtoyer Charlie Javice, fondatrice de Frank, une start-up aidant les étudiants à financer leurs études, acquise par JPMorgan Chase pour 175 millions de dollars. Sauf que les cinq millions d’étudiants que l’entrepreneuse revendiquait comme clients n’étaient en fait que 300 000. Son procès aura lieu en février 2025 et elle encourt une peine maximale de trente ans.La liste Forbes est devenue l’objet de moqueries récurrentes car ces deux cas ne sont pas ses seuls ratés. Elle a également distingué Sam Bankman-Fried, le fondateur de la plateforme crypto FTX par la suite condamné à vingt-cinq ans de prison. Mais aussi Martin Shkreli (MSMB Capital Management) condamné pour monopole et banni à vie de l’industrie pharmaceutique. Ou encore Trevor Milton, fondateur de Nikola Motor, un camion électrique dont la vidéo de démonstration était tournée en descente, caméra inclinée, pour donner l’impression qu’il roulait par ses propres moyens. Condamnée à passer onze ans derrière les barreaux, Elizabeth Holmes (Theranos) n’a quant à elle jamais figuré sur la liste des “30 de moins de 30 ans”, mais elle a été la tête d’affiche du Forbes Under 30 Summit.De multiples commentaires ont été faits sur la propension de psychopathes chez les créateurs d’entreprise et, plus globalement, les dirigeants. En 1941, le livre de référence de Hervey Cleckley, The Mask of Sanity [NDLR : Le Masque de la raison] a défini les psychopathes comme un type distinct de personne identifiable selon 16 traits de personnalité et comportements. Le psychopathe est charmant mais insincère, intelligent mais sans remords. Il ment sans vergogne et agit de manière impulsive. Le plus troublant est qu’il est indifférent à la douleur des autres et éprouve peu d’émotions lui-même. Il a tendance à avoir une estime de soi exagérée. Environ 1 % des personnes pourraient répondre aux critères d’une psychopathie totale même s’il faut rappeler que, quatre-vingt ans après sa définition, la psychopathie n’est pas un diagnostic officiel dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association américaine de psychiatrie.Une diabolisation qui n’est pas sans risqueEn 2010, Robert Hare, un psychologue spécialiste des criminels, qui a établi un lien entre la psychopathie et la violence, publie une étude intitulée “Corporate Psychopathy : Talking the Walk”, qui estime que près de 4 % d’un groupe de 203 managers ont des traits psychopathiques. Les médias ont largement relayé ces résultats. Et des livres de développement personnel surfant sur l’intérêt pour le sujet sont apparus. Le psychopathe archétypal du XXIe siècle est apparu comme le criminel en col blanc, de Bernard Madoff à Bill Hwang. Les séries populaires retraçant la vie d’hommes d’affaires, telle que Succession avec les personnages de Logan Roy et ses enfants, ont eu tendance à mettre en avant ces traits de caractère. L’idée du psychopathe carriériste, dont le terme a dérivé en sociopathe dans une forme de version atténuée, est devenue si répandue que l’habitude a été prise de diagnostiquer ainsi toute personne qui a réussi en étant antipathique, comme Donald Trump ou Elon Musk.Cette diabolisation des fondateurs et dirigeants d’entreprise présentés comme des malades mentaux n’est pas sans risque. L’assassinat début décembre du PDG d’UnitedHealthcare, Brian Thompson, par Luigi Mangione le rappelle. Au lendemain de cet acte prémédité, de nombreux Américains ont défendu l’acte de Mangione, estimant que Thompson, patron d’une importante compagnie d’assurance-maladie, était lui-même le psychopathe, complice de refus ou de report de soins nécessaires. Dans un contexte d’accroissement des inégalités salariales, notamment aux Etats-Unis, la popularité de ces thèses n’est pas près de faiblir.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/high-tech/les-startupeurs-a-succes-sont-ils-tous-psychopathes-KLJAPIRVONH2NPVWI2B6UO2CFQ/

Author : Robin Rivaton

Publish date : 2025-01-05 11:00:00

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Paul Lynch : “Il y a quelque chose de particulier dans l’écriture irlandaise”

Paul Lynch, Un ciel rouge le matin




Epuisé ! Paul Lynch n’a pas d’autre mot pour qualifier son état. Depuis le 26 novembre 2023, jour de la remise du Booker Prize pour Le Chant du prophète (Prophet’s Song), époustouflant roman dystopique sur une Irlande basculant dans la tyrannie, l’écrivain de 47 ans a effectué deux à trois tours du monde, vendu plus de 500 000 exemplaires en langue anglaise de son best-seller, dont les droits ont été achetés par un producteur britannique et a été traduit dans une bonne trentaine de pays.Pour autant, eu égard à la fidélité de son éditeur français, Albin Michel, le romancier au débit TGV, petite barbe de trois jours, yeux de loup et sourire d’agneau, accueille longuement la presse dans son antre dublinois. Aussi, en ce début décembre, lorsque, confortablement installé devant une bière, on lui demande ce que ce prestigieux prix a changé pour lui, la réponse est nette : “Tout ! Le lendemain de ma victoire, mon nom est apparu dans 3 000 médias et j’ai été en quelque sorte catapulté sur la scène mondiale, alors que je passe ma vie à écrire, au calme, du matin au soir.” Cinquième Irlandais à recevoir la prestigieuse distinction anglophone depuis 1969, Paul Lynch revient de loin. Confidences de Francis Geffard, son éditeur de chez Albin : “Peu avant le prix, Paul était très mal financièrement, il sortait d’une grave maladie, d’un Covid long, d’un divorce, avec la garde de ses deux enfants une semaine sur deux. Il en était réduit à acheter un vélo électrique d’occasion.”Mais n’exagérons pas, Paul Lynch n’est pas passé soudainement de l’ombre à la lumière. Ses quatre précédents romans, Un ciel rouge, le matin, La Neige noire, Grace et Au-delà de la mer ont tous reçu des prix divers et été loués par la critique qui a vu dans cet ancien critique de cinéma un digne héritier de Cormac McCarthy ou encore un petit frère de Colum McCann, tandis qu’en bon Irlandais, il avoue avoir “absorbé” Joyce, Beckett et Yeats.”Il y a quelque chose de particulier dans la façon dont nos écrivains abordent la langue, l’écriture irlandaise est unique, confie l’auteur. Vous savez, je plaisante toujours en disant que les Anglais ont colonisé les Irlandais, mais, nous, nous avons colonisé leur langue.” C’est à 30 ans que le natif de Limerick s’est décidé à se consacrer à la fiction. “J’étais dans un taxi sur l’île de Lipari et j’ai eu une révélation absolue, cette épiphanie qu’il me fallait écrire, que je vivais un mensonge et que si je ne changeais pas ma vie, je mourrais en homme amer. Je devais entrer en terra incognita.”Fin 2018, autre changement de cap subit, Lynch abandonne un manuscrit travaillé depuis six mois. “C’était un vendredi. Je savais au fond de moi que ce n’était pas le bon livre, je suis un conteur avant tout et là, je ne racontais pas d’histoire.” Le déclic est venu de la relecture du Loup des steppes d’Hermann Hesse, dévoré à l’âge de 20 ans. Harry Haller, son héros, regarde l’Allemagne de 1927, et voit le chaos, l’antisémitisme, la xénophobie et la guerre à venir, inéluctable. “Je me suis souvenu de ce passage, et j’ai eu un frisson, je me suis dit “mon Dieu, nous y sommes maintenant. C’est différent, mais nous y sommes maintenant”.Et c’est comme cela que, dès le lundi, Paul Lynch a écrit sa première page, avec Alice au centre.” Alice ? Le personnage clé de ce roman, épouse d’un enseignant syndicaliste arrêté par une police secrète, qui va, tout au long de ce récit édifiant aussi angoissant qu’exaltant, tenter de protéger ses quatre enfants dans une Irlande tombant peu à peu dans l’arbitraire et la violence – jusqu’à ce que ses citoyens cherchent à s’exiler à l’instar de tous les persécutés du monde. Le lecteur est pris à la gorge, notamment en raison du style riche en longues phrases qui le propulsent au plus près des événements et des émotions, tandis que l’absence de paragraphes provoque une sensation de claustrophobie et d’asphyxie.Afin de rendre le drame universel, l’action se déroule en Irlande, pays démocratique par excellence, et non en Syrie, en Ukraine ou à Gaza. C’est que Paul Lynch est très pessimiste : “Hier, nous avions un consensus sur ce qu’était la vérité objective, nous respections les experts et les institutions. Avec les médias sociaux, la raison objective se fragmente et le tribalisme, souvent destructeur, prend le dessus sur la civilisation.” Mais rassurons-nous, comme dit Lynch : “Je ne suis pas un prophète, je suis juste un romancier”.Le Chant du prophète, par Paul Lynch, trad. de l’anglais (Irlande) par Marina Boraso, Albin Michel, 304 p., 22,90 €.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/livre/paul-lynch-prophete-en-son-pays-6HFDYZMHSVB7BIQKWKFVL7XLXY/

Author : Marianne Payot

Publish date : 2025-01-05 10:00:00

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Ces trois résolutions à prendre pour votre épargne (sans être un expert de la Bourse)

CT 3827 PLACEMENTS RETRAITE




En quête permanente du placement le plus rentable, on en oublierait presque que la performance d’un patrimoine dépend de nombreux critères, dont la fiscalité ou la qualité de l’allocation. Bonne nouvelle : sans être un expert de la Bourse, il est possible d’améliorer sa situation en adoptant quelques bonnes habitudes. Tout d’abord, commencez par une analyse de la composition de vos placements : quelle est la part accordée à l’épargne de précaution ? De nombreux Français y conservent des montants bien trop élevés. Pour cela, cumulez les encours du livret A, du livret de développement durable et solidaire (LDDS), de l’épargne logement et des livrets fiscalisés. Vous pouvez aussi y ajouter les sommes placées dans des comptes à terme ou dormant sur un compte courant. Il est généralement recommandé de conserver l’équivalent de six mois de salaire sur ces supports, mais ce chiffre est indicatif et il peut grimper jusqu’à douze mois en fonction de l’ampleur de vos revenus et de la stabilité de votre situation professionnelle. Au-delà, mieux vaut réfléchir à un placement de plus longue durée et, de ce fait, plus rentable : immobilier, obligations, actions…Ensuite, prenez votre courage à deux mains et faites la liste des contrats d’épargne en votre possession, sans oublier les enveloppes collectives auxquelles vous avez adhéré via une entreprise. S’agissant de ces dernières, il est souvent possible de les transférer : une démarche fastidieuse mais qui vous évitera des oublis à l’avenir et vous permettra une meilleure vision globale de vos avoirs et donc une meilleure gestion. C’est en particulier le cas pour les anciens dispositifs retraite, à rassembler sur un PER nouvelle génération. En cas de doute, recourez au service Mes contrats épargne retraite, accessible sur le site info-retraite.fr et sur l’application mobile Mon compte retraite. En matière d’assurance vie, un bilan des performances passées permettra d’identifier les contrats à préserver et ceux à mettre de côté, voire à clôturer.Troisième étape : automatisez ce qui peut l’être pour avoir l’esprit tranquille tout au long de l’année. Mettez en place des versements programmés sur vos différentes enveloppes (assurances-vie, plans d’épargne en actions ou plans d’épargne retraite notamment). Fixez-vous des montants raisonnables étant donné votre capacité d’épargne, car il sera toujours possible de réaliser un versement complémentaire en fin d’année. Vous pouvez aussi opter pour une gestion pilotée, proposée dans de nombreux contrats. Renseignez-vous toutefois sur les performances passées et le tarif avant de signer.



Source link : https://www.lexpress.fr/argent/placements/ces-trois-resolutions-a-prendre-pour-votre-epargne-sans-etre-un-expert-de-la-bourse-GFOIOF4DE5BFBKMAVCT22VU3FE/

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Publish date : 2025-01-05 09:00:00

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Israël confirme la reprise des négociations avec le Hamas pour la libération des otages

Une manifestation pour demander la libération des otages retenus à Gaza, le 4 janvier 2025 à Tel-Aviv




Israël a confirmé, ce samedi 4 janvier, la reprise de négociations indirectes avec le Hamas au Qatar en vue de la libération des otages retenus dans la bande de Gaza, où des frappes israéliennes ont fait plus de 30 morts selon les services de secours locaux.La branche armée du Hamas, comme elle l’avait déjà fait à plusieurs reprises, a publié une vidéo d’une des personnes kidnappées lors de l’attaque du 7 octobre 2023 : Liri Albag, une Israélienne de 19 ans. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a informé ses parents “des efforts en cours pour libérer les otages, notamment la délégation israélienne partie hier (vendredi) pour des pourparlers au Qatar”. Si Israël met l’accent sur la libération des otages, le Hamas, qui avait fait état vendredi de la reprise des discussions, souligne quant à lui l’objectif de parvenir à une trêve à Gaza.Les infos à retenir⇒ La branche armée du Hamas diffuse une vidéo d’une otage retenue à Gaza⇒ L’armée israélienne annonce avoir intercepté un missile tiré depuis le Yémen⇒ L’administration Biden annonce une nouvelle vente d’armes à IsraëlLa branche armée du Hamas diffuse une vidéo d’une otage retenue à GazaLa branche armée du Hamas a diffusé ce samedi une nouvelle vidéo d’une des personnes kidnappées le 7 octobre 2023. La vidéo d’environ 3 minutes et 30 secondes, dont la date d’enregistrement ne peut être vérifiée, montre une jeune femme s’exprimant en hébreu et appelant le gouvernement israélien à agir pour obtenir sa libération.Liri Albag, 19 ans, a été enlevée alors qu’elle faisait son service militaire à la base de Nahal Oz, dans le sud d’Israël, en même temps que six autres soldates, dont cinq sont encore captives. Alors qu’Israël a confirmé samedi la reprise de négociations indirectes avec le Hamas à Doha pour une libération des otages, les parents de l’otage ont affirmé dans un message vidéo avoir “demandé au Premier ministre et au ministre de la Défense que l’équipe des négociateurs ne revienne pas (du Qatar) sans un accord”.L’armée israélienne annonce avoir intercepté un missile tiré depuis le YémenL’armée israélienne a annoncé ce dimanche matin avoir intercepté un missile en provenance du Yémen avant qu’il ne pénètre sur son territoire, un tir revendiqué par les rebelles houthis soutenus par l’Iran. “A la suite des sirènes d’alerte qui ont retenti […] à Talmei Elazar (dans le nord d’Israël, NDLR), un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté avant de pénétrer le territoire israélien”, a annoncé l’armée dans un message sur le réseau social Telegram.Un peu plus tard, les rebelles yéménites ont revendiqué l’attaque. L’opération militaire visait “la centrale électrique Orot Rabin liée à l’ennemi israélien au sud de la région de Haïfa”, et a été menée à l’aide d'”un missile balistique hypersonique”, a affirmé le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree.Des combats en Syrie entre Kurdes et pro turcsPlus de 100 combattants ont été tués ces deux derniers jours dans les affrontements dans le nord de la Syrie entre factions armées soutenues par la Turquie et forces kurdes syriennes, a indiqué ce dimanche l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).Depuis vendredi soir, les combats dans des villages aux alentours de la ville de Manbij ont fait 101 morts, 85 membres des factions syriennes pro turques et 16 des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), a précisé à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. Dans un communiqué, les FDS ont affirmé avoir repoussé “toutes les attaques des mercenaires de la Turquie appuyés par les drones et l’aviation turcs”.Le ministre syrien des Affaires étrangères entame sa première visite au QatarLe nouveau chef de la diplomatie syrienne, Asaad Al-Shaibani, a entamé une visite officielle au Qatar, sa première dans le pays du Golfe depuis la chute du président Bachar al-Assad il y a près d’un mois. Le ministre est arrivé ce dimanche matin pour des réunions, ont affirmé à l’AFP un diplomate syrien à Doha et un responsable qatari. Le Qatar a été le deuxième pays, après la Turquie, à rouvrir son ambassade dans la capitale syrienne après la chute du pouvoir d’Assad.L’administration Biden annonce une nouvelle vente d’armes à IsraëlL’administration américaine de Joe Biden a annoncé samedi une vente d’armes à Israël estimée à 8 milliards de dollars, peu avant le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. La vente, qui doit encore être approuvée par le Congrès, comprend notamment des munitions de défense antiaérienne, selon une source proche du dossier.Avant son départ du pouvoir, Joe Biden balaie ainsi une nouvelle fois la pression mise par certaines organisations de défense des droits humains et des élus démocrates, qui s’opposent à de telles ventes à Israël. “Le président a exprimé de manière claire qu’Israël a le droit de défendre ses citoyens, conformément au droit international et au droit humanitaire international, et de dissuader toute agression venant de l’Iran et de ses organisations affiliées”, a déclaré cette même source.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/israel-confirme-la-reprise-des-negociations-avec-le-hamas-pour-la-liberation-des-otages-RGWQQYJOSBDKPFBATXNH22BW3U/

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Publish date : 2025-01-05 09:02:35

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“C’est peut-être le plus important de mes livres” : Dans les nuits tourmentées de BHL

Entre deux insomnies, Bernard-Henri Lévy, ici à Rome le 21 octobre 2021, publie aujourd'hui "Nuit blanche".




Yeux écarquillés, air surpris, “BHL” ne comprend pas la question, et ça paraît sincère. Non, vraiment, pourquoi à la parution de Nuit blanche (Grasset), son dernier livre, lui reprocherait-on un quelconque snobisme ? Narrer ses insomnies et se présenter ainsi à la face du monde en perpétuel état de conscience et de cogitation, pendant que d’autres, moins tourmentés, oublient le monde le temps d’une nuit, cela n’a rien d’une crânerie.Que ses “frères en insomnie” s’appellent Pessoa et Lautréamont – certainement pas Proust, “trop voluptueuses” ses heures sans sommeil –, ou encore Emmanuel Macron, président de la République, dont il observe, de sa fenêtre, la dernière lumière qui s’éteint, n’a rien d’une fanfaronnade. “C’est une maladie”, nous coupe-t-il, sévère. Alors, ceux qui se moqueront… Il s’en fout royalement. Même s’il lira chaque ligne écrite sur lui, car “ceux qui ne lisent pas sont des mauvais guerriers”. Il lira, mais il promet qu’il n’en sera en rien entamé. Sans doute vrai, sinon se serait-il autorisé, à la fin de son ouvrage, ce qui ressemblerait presque à une provocation : “Je ne comprends pas qu’on puisse consacrer son temps à autre chose qu’à écrire (sur Lautréamont), penser (à l’Ukraine et Israël), travailler (sur Raymond Roussel ou le Maharal de Prague)” ?Bernard-Henri Lévy a le calme des auteurs sûrs d’avoir enfanté une œuvre essentielle. Pas nécessairement pour les autres mais pour eux-mêmes. Il dit : “C’est peut-être le plus important de mes livres”, il complète : “Peut-être celui dont j’attends le moins”, il précise : “Je ne cherche pas à convaincre”. Et on songe qu’il y a dans ces derniers mots beaucoup de sagesse et de résilience, puisque c’est le terme à la mode. Convaincre sur l’Ukraine, convaincre sur Israël, convaincre sur la Libye, mais ne pas chercher à convaincre que lui, le philosophe à la chemise blanche malgré ses guerres, est autre chose que sa caricature publique. Raisonnable.Depuis bien longtemps donc, il ne dort plus et cet éveil ininterrompu peuple ses nuits des figures qui comptent : ses amours, celui de sa vie, Arielle Dombasle, sa fille adorée Justine, les amis précieux… Voilà pour la joie. Puis ses morts. Voici le problème, lui suggérait le camarade Philippe Sollers, “c’est que tu en as trop vu”. Comment se laisser aller après avoir observé les charniers, les cadavres, les blessés ? Tous le persécutent, il y tient : “Défendre Israël et sa stratégie n’empêche pas d’être bouleversé par ce qui se passe à Gaza à moins d’être un barbare, une brute.” Il insiste : “Les gens pensent que je fais le malin quand je dis que j’en ai trop vu. Mais non. Pas tant que ça. […] Mais s’il y en a un qui sait, qui a vu et entendu, je crois hélas que c’est moi, et ce n’est pas évident de retrouver le sommeil après ça.” On grimace. A peine 20 pages et déjà le BHLisme point. Cette tentation toujours de se tenir au centre. Au centre de l’événement, au centre des guerres, au centre de l’image…On poursuit notre lecture, et on croise au fil de ses nuits agitées d’autres personnages, plus intimes ceux-là. Ici le père, André Lévy, qui dort peu et surgit au milieu de la nuit pour lire les pages raturées par son fils avant que l’encre n’ait fini de sécher. Aux côtés de “ce roi secret qui régnait sur la plupart de ceux qui l’approchaient, j’ai assisté à des renversements d’ascendant avec des personnages extrêmement considérables qui avaient toutes les raisons d’avoir de l’ascendant sur lui, confie BHL. Je me souviens de François Mitterrand face à mon père, en six minutes l’autorité s’était retournée, un phénomène chimique étrange.” Admiration sereine pour cet homme ou angoisse narcissique de ne pas le talonner ? Bernard-Henri Lévy n’en dit rien, pas un mot, et soudain le lecteur repense avec plus de compassion au beau rôle qu’il s’est façonné.Enfin, la mort apparaît. La sienne. “Je me demande si l’insomnie n’est pas mortelle et je n’ai pas de réponse”, murmure-t-il. Serait-il inquiet ? Bien sûr que non, lui qui en a tellement vécu qu’il a “tendance à se sentir hors d’atteinte”. Il relate “les risques inconsidérés” pris sur ses tournages, il espère, il réclame une mort consciente, hanté par ces gens qui rêvent de mourir dans leur sommeil. On songe : “Encore une bravade toute BHLienne.” Il clarifie : “Je veux habiter ma mort, pour transmettre. C’est l’un des moments où on a des choses à dire à ses proches.” Alors tout s’éclaire. La cause de ses insomnies, de ce bouillonnement, de ces excès… La peur de partir sans bruit, sans trace.Nuit blanche, par Bernard-Henri Lévy. Grasset, 190 p., 18,50 €.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/livre/cest-peut-etre-le-plus-important-de-mes-livres-dans-les-nuits-tourmentees-de-bhl-R2FKF4DX25HCHH3OOZSPP64MFU/

Author : Laureline Dupont

Publish date : 2025-01-05 08:15:00

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Frédéric Beigbeder : “On dit que les boomers étaient tous des dingues, et c’est peut-être vrai”

L'écrivain Frédéric Beigbeder, ici lors du 75e Festival de Cannes, le 22 mai 2022.




On avait laissé Frédéric Beigbeder avec ses Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé (Albin Michel), livre au succès ambivalent : il a plu à un lectorat conservateur mais a valu à son auteur les foudres des néo-féministes. Dans la foulée, Beigbeder a perdu son père. Ecrire aujourd’hui sur ce géniteur insaisissable dans Un homme seul (Grasset, parution le 8 janvier) lui permet de doubler l’analyse psycho-généalogique d’une réflexion sociologique sur une figure aujourd’hui décriée : le mâle blanc du XXe siècle. Pionnier dans le secteur des chasseurs de têtes en France, Jean-Michel Beigbeder (1938-2023) fut un homme d’affaires international, couvert de femmes et doté d’une empreinte carbone à donner des cauchemars à Marine Tondelier. Mais, bien avant cela, il fut aussi un enfant brisé, envoyé par ses parents dans un pensionnat sinistre (Sorèze, dans le Tarn) où l’on se demande jusqu’où allèrent les châtiments, voire les abus. Sans l’excuser, son fils cherche à comprendre cet homme miné toute sa vie par une profonde mélancolie – les transfuges de classe n’ont pas le monopole du spleen…Au bar de l’hôtel des Saints-Pères, où il nous reçoit un matin, Beigbeder a toujours la silhouette et la bonne humeur de sa vingtaine alors qu’il fêtera ses 60 ans dans quelques mois. Le “jeune homme dérangé” des années 1990 a désormais l’âge d’être grand-père. Assagi, mais toujours aussi drôle, il répond à nos questions avec son éternel esprit.L’Express : La mort du père est un sujet intemporel, mais on observe en ce moment une tendance : Clémentine Mélois et Thibault de Montaigu à la dernière rentrée littéraire, Vanessa Springora ce mois-ci. Comment l’expliquez-vous ?Frédéric Beigbeder : Tous ces auteurs que vous citez sont nés dans les années 1970-1980, je suis un peu plus vieux mais nous avons le même cheminement. Ils tentent de savoir qui ils sont, et pour ça on ne peut pas faire l’impasse sur ce qu’ont été ces hommes qui ont connu la guerre ou l’après-guerre, et ont ensuite eu envie de faire exploser toutes les structures (familiales, religieuses, sociales), des schémas qui duraient depuis des siècles. Ma génération essaie de comprendre quelles ont été les conséquences de la libération sexuelle, de la société de consommation, comment c’était pour nous de grandir dans une période de perte des repères, de disparition des structures qui faisaient tenir le monde occidental. Pardon pour cette réponse un peu ambitieuse !En exergue, vous citez Balzac : “La patrie périra si les pères sont foulés aux pieds. Cela est clair. La société, le monde roulent sur la paternité, tout croule si les enfants n’aiment pas leurs pères.” Vous partagez cet avis ?La fin du Père Goriot est déchirante, mais elle raconte le contraire que j’ai vécu : dans le roman de Balzac, les filles récupèrent un héritage et ne viennent pas le voir quand leur père meurt ; à l’inverse, je n’ai hérité de rien et j’étais là avec mon frère à tenir la main de notre père. Honnêtement, je ne voulais pas faire ce livre. J’ai écrit un discours pour l’enterrement de mon père, et des choses me sont revenues. Il y a une émotion incontrôlable à perdre celui sans lequel on ne serait pas là. Des émotions contradictoires vous envahissent et vous inspirent. Cela dit, j’espère que tous les écrivains qui perdront leur père ces prochaines années ne nous infligeront pas leurs 200 pages. Il y a beaucoup de livres sur la mort du père qui me plaisent, mais aussi beaucoup qui m’emmerdent !Quels sont vos préférés ?Franz et François de François Weyergans est l’un des plus beaux. Weyergans dit qu’il a un rapport idolâtre et rancunier avec son père, qui était écrivain comme lui. Ces mots me vont bien, je les lui emprunte volontiers pour qualifier mon propre livre. J’ai lu La Place d’Annie Ernaux, et j’ai trouvé que c’était plutôt réussi : elle est remontée dans mon estime ! Autant Edouard Louis a été trop rancunier et pas assez idolâtre, autant Annie Ernaux a trouvé le bon équilibre. Eric Neuhoff dit qu’il est impossible de rater un livre sur ce sujet, il n’a pas tort : même Alexandre Jardin a réussi Le Zubial…Un homme seul est-il une défense du mâle blanc bourgeois, si décrié depuis quelques années ?Au contraire, je crois que je suis assez sévère avec lui. Dans le milieu bourgeois béarnais dont était issu mon père, né en 1938, on traitait les enfants comme des objets et on les exilait à l’âge de 8 ans dans des pensionnats sinistres. Les parents voyaient leurs enfants deux fois dans l’année. J’ai peu échangé avec mon père. Il était claquemuré, incapable de parler à ses fils. Son enfance l’a fait souffrir, puis il a voulu s’échapper, il a eu ce rêve américain, des vies cachées… Dans mon livre, je ne cherche pas à l’excuser, mais à faire connaissance avec lui. Il a voulu vivre dans une utopie de voitures de sport, d’agences de mannequins, d’hommes d’affaires internationaux. Le capitalisme, la jet society, les clubs de dirigeants en costume-cravate qui ne parlent que de fric et de sexe : ce monde à la Mad Men, dont je me suis moqué dans mes livres, c’est le sien.”Le divorce est un cataclysme”Votre père pesait 150 kilos. Le fait que vous soyez si mince est une réaction ?C’est sûr que sa silhouette m’angoissait… Son laisser-aller physique me semblait contraire au dandysme. J’y voyais un manque d’exigence. En étudiant son enfance, j’ai compris que s’y cachait probablement un secret qu’il ne nous a jamais dit, un traumatisme au pensionnat qui expliquerait son obésité. Ce n’était pas de la négligence, mais un appel au secours : il avait toujours trois pull-overs tellement il était frileux, il mangeait tout le temps pour compenser quelque chose dont il ne parlait pas. Je suis assez critique envers l’exhibitionnisme ambiant, mais écrire permet parfois d’aller percer quelques mystères, combler quelques non-dits… On dit que les boomers étaient tous des dingues, des Harvey Weinstein en puissance – et c’est peut-être vrai. Il faut se demander d’où cela venait. Je suis convaincu qu’éduquer les garçons dans des pensionnats n’a pas aidé à former des hommes équilibrés et respectueux. Ils étaient aux mieux victimes de châtiments corporels, au pire d’abus sexuels. En Angleterre, c’est encore le cas. L’élite anglaise n’est constituée que boomers traumatisés.Vous écrivez : “Le divorce est un cataclysme que mes deux parents ont tenu à faire passer pour un non-événement, banal et détendu.” Puis : “La plus grande honte de ma vie est d’avoir fait subir le même sort à ma fille aînée.” La banalisation du divorce vous semble être un fléau civilisationnel ?Vous m’entraînez sur un terrain réactionnaire… J’ai divorcé deux fois. Quand on ne s’aime plus, il faut se quitter, on n’a pas le choix. Mais je n’aime pas qu’on fasse semblant que ce n’est pas grave et que tout va bien, alors que c’est un cataclysme. Pour protéger l’enfant, on lui raconte n’importe quoi, et il grandit dans le mensonge. J’ai attendu l’âge de 40 ans pour apprendre que c’est ma mère qui avait quitté mon père. Je pensais que c’était lui le salaud, alors que l’histoire était plus complexe… Le divorce est un chagrin. En ce qui me concerne, il y a un lien entre le divorce de mes parents et l’écriture, car j’ai commencé à écrire quand mon père nous emmenait en vacances. On le voyait tellement peu qu’il me fallait en garder une trace.Votre père ne s’est vraiment pas du tout occupé de vous ?Quand il venait me rendre visite au Pays basque et qu’il me voyait m’occuper de mes enfants, il était sidéré. Nous sommes la première génération à l’avoir fait. C’est parfois pénible, mais on l’a fait ! Quand on doit jouer au Uno ou aux Lego, le temps peut sembler long… Dans un de mes livres précédents, Un barrage contre l’Atlantique, j’écrivais que mon métier, c’est ramasseur de Playmobil. Nous sommes les premiers ramasseurs de Playmobil de l’histoire de l’humanité.Votre père fut un pionnier de la chasse de têtes en France. Il a brillamment réussi mais est mort ruiné. Dans votre livre, vous n’en donnez pas clairement la raison…Je parle d’une vérification fiscale qui a dû être entreprise sur délation. Au sommet de sa gloire, dans les années 1980, mon père avait des maisons à Londres, New York, Verbier, Paris, Saint-Tropez… Du jour au lendemain, il a tout vendu pour payer une énorme dette fiscale – c’était ça ou la prison. Il a fait fortune et il a tout perdu, ce qui le rend romanesque mais m’a fait me construire sur un sable mouvant. Si des patrons du CAC 40 lisent Un homme seul, ils seront surpris : ils ont dû croiser mon père au Club des Cent, au Siècle, au Travellers, au polo. Il donnait le change : il était cultivé, brillant, original. Jusqu’au bout, quand il a eu la maladie de Parkinson et un cancer, il faisait bonne figure. Personne ne se doutait qu’en fait il ramait, qu’il n’avait plus son mode de vie flamboyant d’antan. Mon père était un homme du XXe siècle qui n’a pas su s’adapter au XXIe siècle.Une émission de télé transformée en tribunal, j’avais trouvé ça hallucinant.Et vous, quelle est votre place dans le paysage littéraire actuel ? Vos Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé ont été un succès commercial, mais j’ai l’impression qu’elles ont nui à votre image…C’est un livre que j’assume, qui est composite : dans un chapitre, je raconte pourquoi j’ai arrêté la cocaïne, dans un autre je fais une retraite dans un monastère, puis je passe un séjour extraordinaire dans l’infanterie de marine. Cette démarche a été perçue comme un éloge de la réaction, alors que c’est purement empirique : quand on cesse de se droguer, on a besoin de retrouver des structures. Chez les moines et les militaires, je me suis bien senti. Après, j’ai ajouté mon délire hétéro en me présentant comme un obsédé fou des femmes. Je n’avais pas l’impression que c’était scandaleux. La plupart des gens qui ont attaqué ce livre ne l’ont pas lu. Et quand ils le lisent, ils sont très déçus. C’est un livre assez tranquille, le bilan d’un quinquagénaire. Dans Un homme seul, je me demande aussi d’où vient ma fascination pour la beauté féminine, mon goût pour la satire et le sarcasme. Je réponds à mes détracteurs : si vous m’en voulez pour mes Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé, sachez que tout est la faute de mon père !La promo des Confessions… n’avait pas été de tout repos. A C à vous, Anne- Elisabeth Lemoine et ses chroniqueurs vous étaient tombés dessus…Une émission de télé transformée en tribunal, j’avais trouvé ça hallucinant. Hors antenne, Anne-Elisabeth Lemoine me disait “j’ai adoré ton livre, c’est bien de dire tout ça”, et dès qu’on était en direct : “Comment osez-vous ?” Quelle tartufferie ! Je parle de mes problèmes avec transparence, j’interroge l’atrocité d’être un homme, je m’autoflagelle en me présentant comme un pauvre toxicomane obsédé sexuel qui essaie de se soigner. Et on me répond que je suis un porc dégueulasse, que je ferais mieux de m’écraser et de foutre le camp. C’est fou ! Je crois qu’Un homme seul tente de comprendre ce pétage de plombs et de déconstruire l’hétéro dépassé…Vous avez longtemps travaillé à la télé. Comment jugez-vous l’évolution moralisatrice des émissions de divertissement ?Au risque de vous décevoir, je trouve ça très bien, la morale. Je pense qu’il y a le bien et le mal, et qu’il est préférable de faire le bien plutôt que le mal. C’est un scoop : je suis un individu moral ! En revanche, je n’aime pas qu’on fasse la morale dans les livres et les films. Des œuvres d’art n’ont pas à nous expliquer quoi penser, avec manichéisme. Les journalistes s’abandonnent à une forme de lâcheté par rapport à l’air du temps, ils veulent être dans le camp du bien pour se faire aimer du public. Il y a une tendance à l’aseptisation des artistes, ce qui transforme les interviews en séances d’autocritique ou en procès, c’est un mélange de démagogie et d’inculture – j’y vois une méconnaissance de toute l’histoire de l’art. Les médias traditionnels devraient se méfier : en devenant des endroits où l’on reçoit des leçons de morale, ils poussent le public vers les extrêmes, jugés plus libres, et favorisent à terme l’élection de populistes à la Donald Trump. Heureusement, il y a encore des endroits où l’on peut converser librement, comme nous le faisons là.Vous n’êtes plus l’écrivain à la mode de l’époque de 99 francs et, bien que travaillant pour Le Figaro Magazine, vous ne pouvez pas être une icône de la droite conservatrice. Je dirais que vous devenez peu à peu un François Nourissier pop. Quelle peut être la place d’un Nourissier pop en 2025 ?Tout à fait centrale ! Indispensable ! Blague à part, physiquement, je ne peux plus être ce branché qui se couchait à 6 heures du matin tous les jours. “Nourissier pop”, je trouve ça flatteur ! J’aimais beaucoup ses livres, et je suis triste qu’on l’oublie. Un petit-bourgeois est un chef-d’œuvre – c’est d’ailleurs un livre où il raconte que son père est mort à côté de lui dans un cinéma. Il m’a sûrement influencé, comme Franz et François de Weyergans. Il y a quelques années, un patron de Livres Hebdo, Pierre-Louis Rozynès, m’avait surnommé “François Nourrisson” – il y a donc une continuité dans ce que vous dites. Quand j’étais jeune, je voulais faire partie de ce milieu, être publié, parler des livres des autres, recevoir les nouveaux romans gratuitement par la poste, rencontrer les auteurs que j’admirais, descendre les autres, grenouiller dans ce monde de gens intelligents, marrants, alcooliques… De ce point de vue, je suis heureux : je vis loin de Paris et, quand je viens, je rencontre des gens pas complètement cons, qui ont un autre but dans la vie que le fric. Le monde entier devrait nous envier ce luxe !Je vous prédis qu’Edouard Louis va devenir intéressant.Vers la fin de votre livre, vous écrivez : “Aujourd’hui encore, crier’ouin-ouin’me rapporte du pognon.” Pourquoi vous dénigrez-vous ainsi ? Vous valez bien mieux que ça !C’est un petit pied de nez aux néo-féministes radicales : chaque fois que je parlais de la souffrance intense du mâle blanc quinquagénaire, j’entendais des “ouin-ouin” de manifestantes dans les librairies où je signais. Elles ont raison : je suis un pleurnichard, et c’est mon fonds de commerce depuis Mémoires d’un jeune homme dérangé. Je me lamente sur mon sort, si possible avec quelques blagues pour désamorcer.De nos jours, beaucoup d’auteurs font “ouin-ouin” sans la moindre plaisanterie…C’est l’autodérision qui manque. Le “ouin-ouin” n’est supportable que s’il est suivi d’un “ah ! ah !”. S’il est suivi de “snif snif”, ça ne va pas. La tournure qu’est en train de prendre cette interview !Qui rangez-vous dans la catégorie “ouin-ouin snif snif” ? Edouard Louis ?L’Effondrement, qu’il a fait paraître en octobre, est à mon avis son meilleur livre. J’ai l’impression qu’il va bien évoluer. Il a fait le tour de sa famille, il va falloir qu’il parle d’autre chose. Louis a beaucoup de défauts, c’est le Calimero des lettres, mais il est lucide sur son embourgeoisement. Je vous prédis qu’il va devenir intéressant.Vous qui connaissez bien les deux milieux, êtes-vous d’accord avec Eric Neuhoff quand il dit que les écrivains sont moins susceptibles que les cinéastes ?C’est à relativiser : les nouvelles générations ne sont pas du tout prêtes à être critiquées. Les jeunes sont très douillets, ce que Bret Easton Ellis a bien décrit dans White. J’ai grandi en lisant dans la presse les articles souvent saignants de Renaud Matignon et Angelo Rinaldi. Je tiens l’éreintement pour un art respectable. J’ai d’ailleurs eu la chance d’être descendu par Rinaldi pour Windows on the World. J’en avais été blessé mais honoré. Il faut de la polémique, ou la littérature mourra.Un peu de culture générale pour finir. Le livre préféré de votre père était Les Thibault de Roger Martin du Gard. L’avez-vous lu ?Oui, et j’ai été très agréablement surpris. C’est ample, impressionnant. Ce n’est pas pour rien que Martin du Gard a reçu le prix Nobel de littérature en 1937. Sur la psychologie des personnages, il est parfois meilleur que Proust. J’ai été touché par la relation des deux frères, par cette famille qui ressemble à la mienne, la description d’un milieu engoncé, hypocrite… Cette saga mérite d’être redécouverte. C’est facile à lire, les phrases y sont moins longues que chez Proust. Et la description du pensionnat, que Martin du Gard compare à un pénitencier, me fait comprendre pourquoi mon père aimait tant ce livre – il devait lui rappeler son enfance…Au début de votre livre, vous mettez en boucle Never Going Back Again de Fleetwood Mac ; à la fin, votre père n’écoute plus que la Sonate pour piano n°16 de Mozart. Vos goûts musicaux évoluent-ils avec le temps ?J’ai travaillé pendant deux saisons sur Radio Classique. N’étant pas tellement mélomane, cela m’a permis de me cultiver, grâce aux morceaux que mes invités passaient dans mon émission. J’ai des goûts de vieux : j’aime la musique baroque, Lascia ch’io pianga de Haendel, les compositeurs français… Pour clore cette interview, j’ai d’ailleurs une proposition à vous soumettre. Je suis favorable à ce qu’on remplace La Marseillaise par Les Indes galantes de Rameau. Relisez les paroles : “Forêts paisibles/Forêts paisibles/Jamais un vain désir ne trouble ici nos cœurs…” Ça ferait un excellent hymne national, vous ne trouvez pas ?Un homme seul, par Frédéric Beigbeder. Grasset, 213 p., 20 €. Parution le 8 janvier.



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Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld

Publish date : 2025-01-05 08:00:00

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Claude Allègre, ancien ministre de l’Education nationale, est mort

Former Education minister Claude Allegre poses on April 5, 2008 during the Cit? de la R?ussite in Paris. This year?s key focus of the Cit? de la R?ussite was "Commitment". Since 1989, La Cit? de la R?ussite has gathered students from Europe?s most prestigious universities and elite schools to listen to an exceptional panel of speakers coming from various backgrounds. Tackling political, cultural and scientific issues, it is highly regarded as a forum for reflection, debate and discussion in order to better understand the world of today and to envisage its foundations of tomorrow.    AFP PHOTO/FRANCOIS GUILLOT




L’ancien ministre de l’Education nationale, Claude Allègre, est décédé ce samedi 4 janvier à Paris à l’âge de 87 ans, a annoncé son fils à l’AFP. Ce géochimiste de formation, connu pour son franc-parler, a occupé la rue de Grenelle de 1997 à 2000, lorsque Lionel Jospin, un de ses proches, était Premier ministre. A peine quelques semaines à ce poste que ses déclarations détonnent, notamment celle promettant de “dégraisser le mammouth” de l’Education nationale – qui perdurera.Longtemps membre du Parti socialiste, avant de se rallier à Nicolas Sarkozy en 2007, Claude Allègre, scientifique internationalement reconnu et ayant exercé un rôle majeur à l’Institut de physique du Globe de Paris, s’était aussi fait remarqué, plus récemment, pour des prises de position très controversées sur le changement climatique.>>> Plus d’informations à venir



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Publish date : 2025-01-04 17:21:05

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