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L’Express

Du micro-main au micro-casque en entreprise, ces gestes qui vous trahissent, par Julia de Funès

La philosophe Julia de Funès, auteure notamment de "Socrate au pays des process" et "Le développement (im)personnel".




Si Roland Barthes vivait encore, de nouvelles Mythologies auraient assurément vu le jour. Le micro aurait pu en faire partie, cet objet si singulier, porteur d’un langage en soi, reflétant les personnalités qu’il fait parler. Sans nous prendre pour l’indétrônable sémiologue, observons qu’il y a d’abord ceux qui s’agrippent au micro avec une ferveur presque obstinée, une poigne si ferme, si rigide que leur main transpire sous l’effort, enserrant l’objet jusqu’à l’engourdissement.Et lorsque le hasard nous place dans la fâcheuse situation de devoir reprendre ce micro poisseux laissé par un tel acharné, il nous faut déployer un éventail de stratégies pour le récupérer. Certains, dans l’urgence, adoptent le même geste que celui qu’ils font machinalement pour une barre de métro : ils s’en emparent résolument, à pleine main, acceptant microbes et aléas de la vie avec une certaine virilité. D’autres, moins intrépides – dont je fais partie –, préfèrent le saisir du bout des doigts, paume ouverte, espérant ainsi l’assécher, comme pour effacer cette moiteur d’énergie obstinée.A l’opposé des agrippés, il y a les étourdis. Ceux-là commencent leur discours avec le micro sagement tenu à bonne distance de la bouche, mais, peu à peu, leur bras s’abandonne, glisse lentement au gré de l’exposé. Un collègue bienveillant tente de leur rappeler, en remontant gentiment leur coude, qu’il faut (oh surprise !) parler dans le micro, mais cette évidence se dissipe malgré tout. Le bras redescend comme un pont-levis, le public, agacé, peine à saisir le propos, la prestation est ratée.Pour pallier ces maladresses naturelles et dompter la prise en main du micro, certains coachs en prise de parole dispensent trucs et astuces. Le plus répandu d’entre eux consiste à coller le micro contre le menton. Derrière cette technique prétendument imparable, une faiblesse néanmoins s’entretient insidieusement : on bride le corps à défaut d’apprendre à le conduire. On le contraint au lieu de l’entraîner, on le réprime sans l’exercer. L’aisance et le “naturel”, qui ne s’acquièrent que par un exercice répété, cèdent la place à une sorte de colle imaginaire. Mais le micro collé c’est comme une tétine à une chaîne, ou un téléphone pendu à un collier, c’est une attache qui se prend pour une délivrance.Le micro ne se contente pas de transmettre une voixFace aux défis du maniement du micro, une dernière solution s’offre à nous : le micro-casque dit Madonna. C’est l’instrument des stars, des chanteurs et des danseurs, dont les mouvements scéniques empêchent l’usage d’un micro main. Mais, pour présenter le budget du premier trimestre de l’année 2025 dans l’auditorium B de la tour C, la chorégraphie, on le sait, ne promet guère d’envolées spectaculaires. Cela n’empêche pas les régisseurs de poser systématiquement cette question saugrenue avant d’entrer en scène : “Vous êtes plutôt main ou Madonna ?”Bref, le micro ne se contente pas de transmettre une voix ; il est lui-même porteur de discours. Ce n’est pas seulement un amplificateur, c’est un objet signifiant, un interprète autonome. Tout en nous mime l’être : la voix, l’intonation, le geste, jusqu’à la manière d’appréhender un objet. Comme le disait Victor Hugo, “la forme est l’expression du fond”. Marcel Proust ajoutait, lui, que l’expressivité est le reflet de la qualité d’âme. Ainsi dans A la recherche du temps perdu, le personnage de Saniette parle à demi-mot, caressant à peine les syllabes : “On sentait que son articulation trahissait moins un défaut de la langue qu’une qualité de l’âme […] toutes les consonnes qu’il ne pouvait prononcer figuraient comme autant de duretés dont il était incapable.”Ne nous arrêtons pas simplement à l’extériorité, ni à l’intonation seule, ni même à la façon de saisir un micro, car s’en tenir à ces indices serait bien sûr superficiel et réducteur. Il est néanmoins indéniable que chaque détail est révélateur, que chaque geste, aussi anodin soit-il, pointe vers l’intimité de l’être. Si l’extériorité mime l’intériorité, si la forme se fait le miroir du fond, c’est que l’authenticité d’un individu se dévoile moins par ce qu’il dit volontairement de lui-même que par ce que son corps laisse involontairement transparaître. Le corps dans son langage incontrôlé nous dévoile bien des vérités cachées.* Julia de Funès est docteur en philosophie.



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Author : Julia De Funès

Publish date : 2024-11-18 11:00:00

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Etats-Unis : qui est Brendan Carr, choisi par Donald Trump pour s’attaquer aux géants de la tech ?

Brendan Carr, commissaire à la Commission fédérale des communications américaine (FCC)




C’est “un guerrier de la Liberté d’Expression”, a affirmé Donald Trump dimanche, dans un communiqué annonçant la nomination de Brendan Carr, 45 ans, pour diriger le régulateur américain des télécoms, la FCC. Ancien avocat, Brendan Carr en était déjà l’un des commissaires depuis sept ans. S’il souhaite s’attaquer aux géants de la tech, il est aussi soutenu par Elon Musk.Brendan Carr a sans tarder réagi sur X : “Nous devons démanteler le cartel de la censure”, imposé selon lui par les géants de la tech que sont Facebook, Google, Apple ou encore Microsoft, “et restaurer le droit à la liberté d’expression des Américains”, a-t-il écrit. Comme le rappelle toutefois le quotidien américain New York Times, c’est le Congrès qui gère le budget de la FCC, et il “faudrait probablement une nouvelle législation pour étendre la surveillance réglementaire de l’agence à des entreprises comme Google et Meta, qui ne sont pas définies comme des services de communication”, selon des experts juridiques cités par le quotidien.Pourfendeur du “cartel de la censure”Brendan Carr travaille à la FCC depuis 2012, et en est l’un des commissaires depuis 2017, nommé à ce poste par Donald Trump au cours de son premier mandat. Comme le rappelle l’agence de presse Associated Press, il a été confirmé à l’unanimité par le Sénat à trois reprises et a été nommé “à la fois par Donald Trump et par le président Joe Biden”. Diplômé en droit de l’université catholique de Washington, il avait, auparavant, travaillé comme avocat spécialisé notamment dans les questions de réglementation.”Facebook, Google, Apple, Microsoft et d’autres ont joué un rôle central dans le cartel de la censure”, déclarait-il deux jours avant sa nomination, vendredi sur le réseau X également. “L’organisme orwellien nommé NewsGuard, ainsi que des groupes de ‘vérification des faits’ et des agences de publicité, ont contribué à faire respecter les récits unilatéraux. Le cartel de la censure doit être démantelé”, avait-il ajouté.Pour Donald Trump, Brendan Carr “mettra fin à l’assaut réglementaire qui a paralysé les créateurs d’emplois et les innovateurs américains”. Il “veillera à ce que la FCC réponde aux attentes des régions rurales de l’Amérique”, a encore assuré le président élu dans son communiqué.”Les médias audiovisuels ont le privilège d’utiliser une ressource publique rare et précieuse : nos ondes. En contrepartie, ils sont tenus par la loi d’agir dans l’intérêt public. Une fois la transition terminée, la FCC fera respecter cette obligation d’intérêt public”, a déclaré Brendan Carr ce lundi 18 novembre sur X. Il a également d’ores et déjà déclaré que la FCC mettrait fin à sa promotion de la DEI (diversité, équité et inclusion) “à partir de l’année prochaine”.Broadcast media have had the privilege of using a scarce and valuable public resource—our airwaves. In turn, they are required by law to operate in the public interest.

When the transition is complete, the FCC will enforce this public interest obligation.— Brendan Carr (@BrendanCarrFCC) November 18, 2024Défenseur de Starlink, le projet d’Elon MuskL’accès à internet dans les zones rurales est le sujet qui a valu à Brendan Carr de s’assurer du soutien d’Elon Musk, nommé par Donald Trump à la tête d’une commission pour l'”efficacité gouvernementale”. En 2022 en effet, la FCC avait révoqué une subvention de 885 millions de dollars qui avait été accordée fin 2020 à Starlink, fournisseur d’accès internet par satellite, et l’une des sociétés d’Elon Musk. Ce financement devait permettre d’apporter l’internet à haut débit aux foyers et aux entreprises rurales, mais Starlink et l’autre compagnie bénéficiaire de ces fonds “n’ont pas réussi à démontrer que les fournisseurs étaient capables de fournir le service promis”, avait indiqué la FCC. Brendan Carr s’était alors élevé contre cette décision.Le 14 octobre, alors que la campagne électorale battait son plein, il avait évoqué cette décision dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal : “à mon avis, il ne s’agit de rien d’autre que d’une mesure de rétorsion réglementaire contre une des principales cibles de la gauche : Elon Musk”.Auteur d’un chapitre du “Projet 2025″Brendan Carr est également l’auteur du chapitre sur les télécoms du “projet 2025″, un document de près de 900 pages élaboré par le cercle de réflexion conservateur Heritage Foundation, et feuille de route pour la refonte de l’Etat fédéral sous Donald Trump.”La FCC doit changer de cap” et “atteindre quatre objectifs principaux : reprendre le contrôle des Big Tech, promouvoir la sécurité nationale, libérer la prospérité économique et garantir la responsabilité et la bonne gouvernance de la FCC”, y écrit-il.Sa nomination pourrait également avoir des conséquences dans le domaine des médias. Durant sa campagne, Donald Trump avait menacé de retirer leurs licences de diffusion aux chaînes CBS et ABC, qu’il a accusées de favoriser Kamala Harris, des procédures très complexes qui passeraient par la FCC.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/etats-unis-qui-est-brendan-carr-choisi-par-donald-trump-pour-sattaquer-aux-geants-de-la-tech-7T7DWFOCCZGKVM7AVUALB25ZFU/

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Publish date : 2024-11-18 12:20:02

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L’inépuisable influence artistique des “Misérables” de Victor Hugo

Victor Hugo n'y aura passé que six semaines, mais c'est l'occasion pour Besançon de célébrer sa mémoire : la maison natale de l'écrivain français le plus lu au monde ouvre vendredi ses portes au public.




“Ma conviction est que ce livre sera un des principaux sommets, sinon le principal, de mon œuvre”, écrivait Victor Hugo à son éditeur en 1862. Le fait est que Les Misérables, devenue histoire universelle, a traversé le temps, les frontières et les arts. Comme la comédie musicale d’Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg créée en 1980, et vue par plus de 130 millions de spectateurs dans 53 pays et dans 27 langues. C’est ce spectacle, dans une nouvelle mise en scène de Ladislas Chollat, qui est repris aujourd’hui au théâtre du Châtelet jusqu’au 2 janvier. Las ! Les meilleures places sont parties comme des petits pains. Les déçus peuvent se reporter sur l’ouvrage J’avais rêvé… Une amitié en musique par Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg en conversation avec Rémy Batteault (Edition du Rocher), dans lequel les deux créateurs reviennent sur leurs parcours et l’histoire de cette comédie musicale mythique.Ou sur le Folio classique, reprenant en couverture l’affiche de la comédie, publié ces jours-ci. Un Folio qui a connu fin août un de ces mélis-mélos dont la toile se repaît. En effet, est apparue sur les sites de vente une première couverture indiquant Les Misérables d’après la comédie musicale. Et les internautes de s’enflammer. Florilège : “Que Victor Hugo s’estime heureux que les producteurs de la comédie musicale ne l’attaquent pas pour plagiat !” “Waow. Victor Hugo aurait donc écrit Les Misérables en s’inspirant de la comédie musicale Les Misérables […]” Ajoutez à cela quelques illustrations de grands classiques détournés par quelques plaisantins tels que “Proust Du côté de chez Swan, d’après la célèbre chanson de Dave” ou “Alexandre Dumas Le Comte de Monte-Cristo, D’après le super film avec le mec qui joue Yves Saint-Laurent mais dans un autre film”.Une couverture de travailVent de panique chez Folio qui rectifie fissa le tir avec ce nouveau titre Les Misérables Version abrégée, expliquant que la première apparition était une couverture de travail, envoyée malencontreusement aux plateformes par un (misérable ?) assistant et que cette édition n’est ni le livret du spectacle, ni une novélisation, mais bel et bien le texte original de Victor Hugo. Ce Folio abrégé (416 pages pour 5,70 €, versus la version complète de 1 344 pages, tous les passages non retenus étant résumés) suit la chronologie des épisodes chantés dans le spectacle et “nous publions à la fin du volume toutes les chansons présentes dans le roman, ainsi que d’autres ‘Chansons de Gavroche’ composées par Hugo”, a tenu à préciser la maison.A lire, donc, avant de regarder l’une des d’adaptations du best-seller (une cinquantaine depuis 1913), celle de Jean-Paul Le Chanois, scénarisée par Barjavel et datant de 1958, tout juste restaurée par Pathé et disponible sous la forme de coffrets DVD et Blu-Ray. Histoire de retrouver Jean Gabin en Jean Valjean, Bourvil en Thénardier mais aussi Bernard Blier en Javert et Danièle Delorme en Fantine…



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/livre/linepuisable-influence-artistique-des-miserables-de-victor-hugo-Y73U7VBSQVFTBNYHJMHS2UTYDY/

Author : Marianne Payot

Publish date : 2024-11-18 08:15:00

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Colère des agriculteurs : à quoi faut-il s’attendre cette semaine ?

Des agriculteurs manifestent sur la nationale N118 près de Vélizy-Villacoublay (Yvelines) le 17 novembre 2024




Moins d’un an après un ample mouvement de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier à des blocages de sections d’autoroutes dans le pays, les syndicats agricoles appellent à nouveau leurs troupes à manifester mais en ordre dispersé, à l’approche de leurs élections professionnelles qui se tiennent en janvier. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et son allié Jeunes agriculteurs (JA) ont choisi de relancer la mobilisation ces lundi 18 et mardi 19 novembre.Percutés par les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes, les syndicats regrettent le retard pris dans la concrétisation des 70 engagements pris l’an dernier par le gouvernement Attal, et jugent les normes toujours aussi complexes et les revenus insuffisants. Si les taxes sur le carburant agricole (GNR) avaient été un des ferments de la mobilisation l’an dernier, c’est l’aboutissement du projet d’accord de libre-échange de l’Union européenne avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), que la Commission européenne souhaite signer avant la fin de l’année, qui pourrait mettre le feu aux poudres cette année. Cet accord permettrait notamment aux pays latino-américains d’écouler plus de bœuf, poulet ou sucre sans droits de douane en Europe. “Nous allons continuer de nous opposer” à l’accord, a assuré ce dimanche Emmanuel Macron, en déplacement en Argentine avant le G20, cherchant à “rassurer les agriculteurs”.Je veux rassurer tous nos agriculteurs :

Nous ne renoncerons pas à notre souveraineté alimentaire. La France ne soutiendra pas l’accord UE-Mercosur dans sa version actuelle. pic.twitter.com/8qyqJQeaCo— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 17, 2024Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a quant à lui averti qu’il y aurait une “tolérance zéro” en cas de “blocage durable”, avec un déploiement des “forces mobiles”.Rassemblements devant les préfectures ou sur des ronds-pointsSur le terrain, la mobilisation, qui pourra “durer jusque mi-décembre”, se traduira par des rassemblements devant les préfectures et sur des places ou ronds-points baptisés “de l’Europe”. Ainsi, des adhérents de la FNSEA et des JA prévoient d’occuper symboliquement le “pont de l’Europe” qui relie Strasbourg à la commune allemande de Kehl. À Avignon, France Bleu a également constaté que plusieurs dizaines de tracteurs bloquaient temporairement, ce lundi matin, le pont de l’Europe, entre les départements du Gard et du Vaucluse.Ces actions sont avant tout symboliques, à l’instar du déversement de déchets vendredi devant le centre des impôts de Tarascon (Bouches-du-Rhône) rebaptisé “ambassade du Brésil”, ou d’un convoi funéraire prévu lundi dans le Gers.”Feux de la colère” et bâchages de panneauxCe lundi soir, des “feux de la colère” seront allumés simultanément dans les départements et, localement, des exploitants continuent de bâcher des panneaux de communes ou les rebaptiser du nom de villes sud-américaines du Mercosur, comme dans la Somme ou le Cantal.Près de 400 panneaux ont par exemple été déposés devant la préfecture de Haute-Saône.Les agriculteurs haut-saônois déposent plus de 400 panneaux de communes devant la préfecture.
➡️ https://t.co/dwaqt0VeiO pic.twitter.com/EpuBsFBxuS— France Bleu Belfort Montbéliard (@bleubelfort) November 18, 2024De rares opérations escargotQuelques opérations escargot pourraient perturber le trafic automobile, comme en Île-de-France où une manifestation d’agriculteurs est prévue jusqu’à ce lundi 14h, notamment sur la N118 en direction de Paris.🚜Une manifestation d’agriculteurs est prévue en IDF dès demain 16h jusqu’à lundi 14h !
⚠️Evitez les déplacements dimanche sur A10, N118, RN104, RN20, RD74, RD17, RD117, RD19, RN12, D44 de 16h à 18h sens province>Paris et lundi jusqu’à 14h sens Paris>province pic.twitter.com/7fbhbvPbmW— Sytadin (@sytadin) November 16, 2024Mais l’objectif de la mobilisation n’est pas de “bloquer” ou “d’ennuyer” les Français mais de faire passer le message selon lequel l’agriculture vit aujourd’hui “une situation d’urgence, dramatique dans certains endroits”, a souligné dimanche le président de la FNSEA Arnaud Rousseau sur BFMTV.”Si d’autres ont d’autres modes d’action, veulent utiliser la violence ou, comme je l’ai entendu, veulent […] affamer Toulouse, ça n’est pas notre mode d’action”, a-t-il souligné, en référence aux appels de certains responsables de la Coordination rurale (2e syndicat agricole) qui ont proposé ces derniers jours d'”encercler” ou d'”affamer” certaines métropoles.Vers un blocage du fret alimentaire dans le sud-ouest ?La Coordination rurale a choisi d’attendre la tenue de son congrès (mardi et mercredi) pour amplifier sa mobilisation. Le syndicat promet “une révolte agricole” avec un “blocage du fret alimentaire” dès mercredi dans le sud-ouest si “aucune avancée” n’est constatée sur le dossier du Mercosur.Opposée depuis 25 ans aux traités de libre-échange, la Confédération paysanne, 3e force syndicale, a participé à des rassemblements anti-Mercosur à Bruxelles ou en Aveyron, manifestant symboliquement devant le restaurant McDonald’s de Millau que ses militants avaient démonté en 1999.Cette semaine, la Confédération prévoit d’autres actions pacifiques pour défendre le revenu des paysans, l’accès au foncier mais aussi réclamer un soutien à la transition agro-écologique, contre la logique des syndicats majoritaires qui réclament moins de contraintes environnementales et plus de stockage d’eau.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/colere-des-agriculteurs-a-quoi-faut-il-sattendre-cette-semaine-YW5PK5EFLVGYVG5GT5QFCBWUAI/

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Publish date : 2024-11-18 09:17:43

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Ukraine : un député russe met en garde contre “un pas très important vers le début de la Troisième Guerre mondiale”

Un missile ATACMS lancé depuis une installation de l'armée américaine à White Sands (Nouveau-Mexique), le 14 décembre 2021




Le réseau énergétique ukrainien, déjà très fragile, a fait face dimanche à l’une des plus importantes attaques russes de ces derniers mois, des frappes faisant neuf morts et une vingtaine de blessés à travers le pays, selon les autorités. Washington a ensuite donné l’autorisation à l’Ukraine de frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée fournis par les États-Unis, a dit dimanche à l’AFP un responsable américain, une nouvelle accueillie avec prudence par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ce lundi 18 novembre débute par ailleurs le sommet du G20, où les discussions sur l’Ukraine risquent d’être tendues.Les infos à retenir⇒ Les États-Unis ont autorisé l’Ukraine à utiliser des missiles à longue portée en Russie⇒ La Chine appelle à la paix en Ukraine⇒ Début d’un G20 sous tension notamment sur l’UkraineL’autorisation d’utiliser les missiles américains “ne changera rien” à l’action des forces russesLe feu vert donné par Washington à Kiev pour l’utilisation des missiles américains à longue portée pour frapper la Russie “ne changera rien” à la conduite par Moscou de ses combats avec l’Ukraine, a prévenu ce lundi un député russe. “Cela ne changera en rien le cours de l’opération, absolument en rien. Nous continuerons à remplir nos missions comme nous l’avons toujours fait”, a déclaré à l’agence publique russe Ria Novosti, Andreï Kartapolov, président de la commission défense de la chambre basse du parlement russe. “Ce facteur sera bien sûr pris en compte, mais les objectifs fixés par” Vladimir Poutine en Ukraine “seront atteints”, a-t-il poursuivi.Andreï Kartapolov a expliqué que pour contrer ces missiles, il faudrait “empêcher les avions de décoller”. “Nous nous concentrons activement sur cette tâche, en ciblant de manière intensive l’infrastructure des aérodromes. C’est une priorité, car si un avion ne décolle pas, le missile ne sera pas lancé”, a-t-il souligné.”C’est une démarche sans précédent”, a estimé de son côté Vladimir Jabarov, membre lui de la commission des affaires internationales de la chambre haute. “C’est un pas très important vers le début de la Troisième Guerre mondiale, et les Américains le feront sous l’impulsion d’un vieillard sur le départ, qui ne sera plus responsable de rien dans deux mois”, a-t-il relevé, prévenant que “la réponse de la Russie” serait “immédiate”.La Chine appelle à la paix en UkraineLa Chine a de nouveau appelé ce lundi à la paix en Ukraine, qui a été autorisée par Washington à frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée fournis par les Etats-Unis. “Un cessez-le-feu rapide et une solution politique sont dans l’intérêt de toutes les parties”, a déclaré lors d’une conférence de presse régulière Lin Jian, interrogé sur cette décision américaine. “Le plus urgent est d’encourager un apaisement de la situation aussi vite que possible”, a-t-il affirmé.La Chine se présente comme un pays neutre concernant la guerre en Ukraine et assure ne pas vendre d’équipements létaux aux belligérants, contrairement aux Etats-Unis et à d’autres nations occidentales qui soutiennent Kiev. Pékin reste néanmoins un allié économique et politique majeur de Moscou et n’a jamais condamné l’offensive russe. “La Chine a toujours encouragé et soutenu tous les efforts allant vers une résolution pacifique de la crise”, a poursuivi Lin Jian lundi, ajoutant que Pékin avait la volonté de “continuer à jouer un rôle constructif […] à sa façon” dans cette optique.La Russie dit avoir abattu 59 drones ukrainiensLe ministère russe de la Défense a annoncé ce lundi matin avoir abattu 59 drones ukrainiens, notamment au-dessus des régions frontalières de l’Ukraine et dans la région de Moscou. “Pendant la nuit, des tentatives du régime de Kiev d’effectuer des attaques terroristes avec des drones aériens contre des sites sur le territoire russe ont été empêchées”, a indiqué le ministère dans un communiqué.La Russie annonce quasi quotidiennement avoir détruit des drones ukrainiens lancés contre son territoire, mais en nombre en général inférieur. Kiev dit mener ces frappes, qui visent souvent des sites énergétiques, en réponse aux bombardements russes sur son territoire.Huit morts dont deux enfants dans une frappe russe au nord-est de l’UkraineUne frappe de missile russe a fait huit morts, dont deux enfants, et au moins dix blessés dimanche soir à Soumy, une ville du nord-est de l’Ukraine, a annoncé le bureau du procureur régional, le pays ayant déjà été visé par une attaque aérienne d’ampleur la nuit précédente. Dix immeubles et des véhicules ont été endommagés, selon le bureau du procureur. Des photos, publiées par cette même source, montrent un immeuble aux vitres soufflées et des voitures aux fenêtres brisées.Soumy est la ville principale d’une région du même nom, frontalière de plusieurs régions russes dont celle de Koursk, où l’Ukraine a pris le contrôle de dizaines de localités lors d’une offensive d’ampleur en août.Risque de tensions sur l’Ukraine au G20L’Ukraine a été ce week-end la cible d’attaques massives et meurtrières, notamment contre ses infrastructures énergétiques. Après cette offensive, “je crois qu’il est clair que les intentions du président Poutine sont d’intensifier” les combats, a estimé dimanche Emmanuel Macron à Buenos Aires. “Quelles que soient ses déclarations, il ne veut pas la paix et n’est pas prêt à la négocier”, a poursuivi le président français, qui n’a pas exclu de recontacter son homologue russe, mais seulement quand le “contexte” s’y prêtera.Les dirigeants du G20 se retrouvent lundi à Rio de Janeiro pour un sommet sous forte pression. “Les discussions sur l’Ukraine et le Proche-Orient […] sont les plus difficiles. Nous verrons jusqu’où nous arrivons à aller dans le communiqué, ça va être un défi”, a reconnu avant le G20 une source gouvernementale allemande. Sur l’Ukraine, qui vient de subir l’une des plus importantes attaques russes de ces derniers mois, “on s’opposera fermement à toute dégradation de langage”, a prévenu la présidence française. Le président russe Vladimir Poutine, qui avait déjà manqué les derniers sommets, sera le grand absent à Rio.Les Etats-Unis autorisent l’Ukraine à utiliser des missiles à longue portée en RussieL’autorisation donnée par Washington à Kiev de frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée est “un langage que (le président russe Vladimir) Poutine comprend”, a affirmé dimanche soir le chef de la diplomatie polonaise. “À l’entrée en guerre des troupes nord-coréennes et à l’attaque massive de missiles russes (dimanche matin, ndlr), le président (américain Joe) Biden a répondu avec un langage que V. Poutine comprend”, a estimé Radoslaw Sikorski sur X. Selon le ministre polonais, “la victime d’une agression a le droit de se défendre”. Membre de l’Union européenne et de l’Otan et voisine directe de l’Ukraine, la Pologne reste depuis l’agression russe, il y a près de mille jours, un ferme soutien de Kiev.Na wejście do wojny żołnierzy Korei Północnej i zmasowany nalot rosyjskich rakiet Prezydent Biden odpowiedział w języku, który W.Putin rozumie – zdjęciem ograniczeń na użycie przez Ukrainę zachodnich rakiet.
Ofiara agresji ma prawo się bronić.
Siła odstrasza, słabość prowokuje.— Radosław Sikorski 🇵🇱🇪🇺 (@sikorskiradek) November 17, 2024Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a quant à lui accueilli avec prudence cette annonce. Rappelant dans son adresse du soir l’importance de la “capacité longue portée” de son armée, il a noté dimanche qu'”aujourd’hui, de nombreux médias rapportent que nous avons reçu l’autorisation de prendre des mesures appropriées”. “Mais les frappes ne se conduisent pas à l’aide de mots. Les choses comme cela ne sont pas annoncées”, a repris Volodymyr Zelensky. “Les missiles parleront d’eux-mêmes”.Ces missiles d’une portée maximale de plusieurs centaines de kilomètres permettraient à l’Ukraine d’atteindre des sites logistiques de l’armée russe et des aérodromes d’où décollent ses bombardiers. Les missiles ATACMS fournis par les Etats-Unis devraient initialement être utilisés dans la région frontalière russe de Koursk, où ont été déployés des soldats nord-coréens en appui des troupes russes, selon le New York Times, qui cite des responsables américains s’exprimant sous couvert de l’anonymat. La décision par Washington d’autoriser l’Ukraine à utiliser ces missiles est venue en réaction à ce déploiement de militaires nord-coréens, selon ces responsables.Le président russe Vladimir Poutine avait prévenu qu’une telle décision signifierait que “les pays de l’Otan sont en guerre contre la Russie”.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/guerre-en-ukraine-la-russie-dit-avoir-abattu-59-drones-ukrainiens-4KS4TU2EHVDZPDQVATUAGIZWNM/

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Publish date : 2024-11-18 09:04:54

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La Méditerranée victime du réchauffement climatique : “La région a été chanceuse, mais c’est terminé”

Des personnes et des soldats participent à une opération de nettoyage dans une rue inondée à Catarroja, dans la région de Valence, dans l'est de l'Espagne, à la suite d'inondations meurtrières, le 6 novembre 2024




Les images des rues boueuses et dévastées de plusieurs villes de l’agglomération de Valence, en Espagne, ont fortement marqué les esprits après les violentes inondations du 29 octobre qui ont tué 210 personnes, selon un bilan toujours provisoire. L’ampleur de la catastrophe pourrait cependant s’avérer minime face aux menaces futures qui guettent le bassin méditerranéen en raison du changement climatique. Alors que la COP29 organisée à Bakou, en Azerbaïdjan, entame sa deuxième semaine, 55 experts du réseau MedECC, venant de 17 pays, publient ce lundi 18 novembre un état des lieux des risques climatiques et environnementaux affectant les zones côtières en Méditerranée.Vagues de chaleur marine en augmentation, pollution plastique, élévation du niveau de la mer encore trop négligée… Les risques courus par les Etats riverains de cette mer intercontinentale sont nombreux et toujours plus intenses. “À mesure que le réchauffement global progresse, les écosystèmes côtiers, terrestres et d’eau douce atteindront leurs limites d’adaptation, particulièrement dans les scénarios à 3 °C au nord, et encore plus tôt au Sud et à l’Est”, préviennent les auteurs. Le diplomate italien Grammenos Mastrojeni, secrétaire général adjoint de l’Union pour la Méditerranée (UpM), met lui aussi en garde : “Nous sommes au début d’un cycle qui risque de connaître une accélération exponentielle, non seulement dans la violence des événements, mais surtout dans leur imprévisibilité.” Entretien.L’Express : La Méditerranée est un point chaud du changement climatique mondial. Le dernier rapport spécial du MedECC dresse un état des lieux inquiétant de tous les risques autour du bassin, et de leur gestion qui sera de plus en plus difficile. Des scénarios comme les récentes inondations de Valence, en Espagne, vont-ils devenir une nouvelle normalité ?Grammenos Mastrojeni : Permettez-moi de commencer par un fondement : nous sommes qui nous sommes à cause de la présence de cette mer. La Méditerranée, cette grande masse d’eau qui n’est pas océanique, a eu le rôle de stabilisateur de climat pendant des milliers d’années. Elle nous a assuré un environnement favorable à la productivité et a garanti la prévisibilité des cycles climatiques. Ce sont certaines des raisons pour lesquelles la révolution la plus importante de l’histoire, la révolution agricole, s’est principalement passée dans notre région. C’est seulement dans un endroit où l’on sait plus ou moins quand il va pleuvoir que l’on peut commencer à concevoir l’agriculture, à organiser le territoire, etc.Cette fonction de la Méditerranée est désormais inversée. Au lieu d’être un moteur de stabilité, elle devient un moteur de chaos. Elle est la mer qui se réchauffe le plus vite au monde. Les conséquences sont donc très graves. Vous avez parlé de nouvelle normalité. Malheureusement, ce serait bien si c’était une nouvelle normalité. Mais nous sommes juste au début d’un cycle qui risque de connaître une accélération exponentielle, non seulement dans la violence des événements, mais surtout dans leur imprévisibilité. L’agriculture va en pâtir, mais pas uniquement : la distribution de l’eau aux centres urbains, la planification des infrastructures…Les événements extrêmes vont se multiplier sur les côtes méditerranéennes à cause du changement climatique. Le pire est-il à venir ?Ils sont ce qui attire l’attention du public. Mais il y a quelque chose de bien plus dangereux, je le répète, même si cela ne fait pas forcément de victimes dans l’immédiat : le climat est de moins en moins prévisible. Sans cela, nous avons du mal à organiser notre production, nos sociétés. Il y a ce côté très violent des phénomènes extrêmes qui vont frapper, mais le côté imprévisibilité est tout aussi impressionnant. Il est même très dangereux pour notre identité. Nous sommes les gens de la révolution agricole. Notre région a été plus chanceuse – et c’est peut-être pour cela que nous avons été historiquement un peu plus visibles que la moyenne – mais cette chance est terminée. C’est le mauvais côté. Il y en a un bon : la menace est tellement grave qu’elle commence à faire bouger les choses. Parmi les menaces, je voudrais d’ailleurs en souligner une que je trouve particulièrement négligée : comme la Méditerranée est la mer qui se réchauffe le plus vite, elle est aussi celle dont le niveau monte le plus rapidement.Le rapport pointe justement le fait que l’élévation future du niveau de la mer n’est pas suffisamment prise en compte dans les politiques de protection…Exactement, et c’est très grave. On prévoit une élévation d’un mètre, voire un peu plus, avant la fin du siècle. Cet horizon temporaire nous paraît psychologiquement lointain, donc semble ne pas nous concerner. Mais on parle d’une hausse d’une vingtaine de centimètres dans une quinzaine d’années. Cela ne fait pas vraiment peur si on considère le problème uniquement comme de l’eau qui submerge quelques terres, sauf si on se préoccupe pour des villes merveilleuses et fragiles comme Venise ou Alexandrie. Or la situation est pire, puisqu’il s’agit d’eau salée submergeant les plaines côtières. Les Romains disaient que si on voulait soumettre une population, il fallait la vaincre lors d’une guerre ; et que si on ne voulait plus jamais en entendre parler, il fallait éparpiller du sel sur ses champs. C’est-à-dire stériliser les terres et les aquifères. C’est ce qui va arriver avec le changement climatique.Dans les plaines côtières de la région méditerranéenne, une partie de la sécurité alimentaire est possiblement compromise. Il y a des endroits qui sont particulièrement délicats : les deltas des fleuves. On le sait en Italie dans le delta du Pô, aussi en Espagne, mais surtout en Egypte. La plupart de la sécurité alimentaire du pays est concentrée dans le delta du Nil. Une montée du niveau de la mer d’une vingtaine de centimètres pourrait y achever la productivité.La croissance de la population sur les côtes va augmenter, selon le rapport, qui évoque même, d’ici à 2100, un risque de déplacement permanent pour 20 millions de personnes à cause de la montée du niveau de la mer. C’est énorme.Et c’est un chiffre prudent, parce qu’il prend seulement en compte les déplacements directs. Mais un déplacement en cause un autre. Donc si on fait ce genre de calcul, c’est bien plus que 20 millions de personnes. Il y a tellement de problèmes qui sont liés à la montée du niveau de la mer : l’érosion, l’activité touristique, la conservation du patrimoine culturel… Les Grecs, par exemple, le savent très bien : il y a déjà des cas de submersion de patrimoine archéologique. Tout cela risque d’être une petite bombe géostratégique.Ce rapport dresse également le triste constat que les actions sont très largement insuffisantes pour garantir le bien-être des populations et la durabilité des ressources.En l’état actuel des choses, c’est la pure vérité. Un événement extrême tel que celui de Valence frappe les esprits, mais une dynamique qui n’est pas perçue au quotidien motive un peu moins à l’action… On le sait et on cherche à faire bouger les choses. L’Union pour la Méditerranée est en train d’établir un système intégré régional pour faire face à cette menace qui n’est pas vraiment intégrée dans les préoccupations.Peut-on dire que la Méditerranée subit toutes les conséquences néfastes du changement climatique ?Chaque région du monde dépend du climat à sa façon. Certaines, en ce moment, se retrouvent dans une position socio-économique encore plus grave. Par exemple la désertification dans le Sahel, avec le rétrécissement du lac Tchad : c’est absolument dévastateur pour la population locale. La montée de Boko Haram est très liée à cette situation. Dans la zone méditerranéenne, on a déjà pu voir des conséquences au-delà des faits climatiques en eux-mêmes. Les printemps arabes, par exemple, ont une composante climatique dans leurs causes. De même que la déstabilisation en Syrie. Donc oui, on subit notre part des conséquences du changement climatique, et elle est assez dure. Mais tout le monde en souffre.La COP29 est en cours, et les discussions sont difficiles autour de la question de l’aide financière aux pays en développement. Le bassin méditerranéen, entre le Nord d’un côté et le Sud et l’Est de l’autre, ne représente-t-il pas en miniature les tensions globales autour du changement climatique ?Oui et non. D’un côté, c’est vrai qu’il y a de grandes différences : la Méditerranée est une mer très asymétrique d’un point de vue économique, démocratique, etc. Parmi les membres de notre organisation, il y a évidemment des décalages qui se reflètent aussi dans les négociations. Mais on a tous reconnu une chose : même si c’est une mer où il y a des riches et des pauvres, des fragiles et des forts, personne n’a, à lui seul, les moyens suffisants pour faire face à une crise d’une telle envergure et d’une telle vitesse. Si on se rassemble, on se retrouve avec un éventail de solutions qui est bien plus large.L’énergie est un cas emblématique. On a justement lancé une dynamique visant à intégrer les systèmes et les marchés de l’énergie autour du bassin. Le point de départ est une constatation très simple : l’Union européenne doit se décarboner d’ici 2050. Or cet objectif est impossible à réaliser sans compter sur le potentiel solaire du sud ou sur le potentiel hydraulique des Balkans. Sauf que ces derniers ne peuvent pas se développer et n’auraient pas suffisamment de financements en comptant seulement sur leur marché intérieur. Il y a des complémentarités intéressantes.Cela vaut aussi pour les systèmes agroalimentaires. Dans quelques années, le sud de l’Europe va avoir le même climat que le sud de la Méditerranée – un climat auquel nous ne sommes pas adaptés et que nous ne savons pas gérer. On commence donc à assister à une espèce de mise de côté sectorielle : on discute, on se dispute sur plein de sujets, mais sur le climat, on sait bien qu’on a des intérêts communs et qu’il faut accélérer.



Source link : https://www.lexpress.fr/environnement/la-mediterranee-victime-du-rechauffement-climatique-la-region-a-ete-chanceuse-mais-cest-termine-ICXYSWF42NFTZNFZH2BWIFV5SI/

Author : Baptiste Langlois

Publish date : 2024-11-18 08:30:00

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Face à la déferlante des fast-foods, la stratégie de Lyon pour sauver ses commerces de proximité

La ville de Lyon a réussi dans un premier temps à bloquer l'installation d'un KFC dans sa principale artère commerçante. Dans un premier temps seulement.




La rue de la République est la grande artère commerciale de Lyon. Autant dire que les élus n’ont pas caché leur inquiétude lorsqu’un KFC a failli s’installer à la place du restaurant L’Entrecôte, véritable institution du lieu. Une catastrophe, aux yeux de Camille Augey, l’adjointe chargée de l’emploi et de l’économie durable. Et pour cause : dans les alentours immédiats du vénérable établissement trônent déjà un McDo, un Quick, sans oublier Les Burgers de papa. En termes de diversité, on a déjà vu mieux… “Heureusement, se félicite l’élue écologiste, nous sommes intervenus auprès du bailleur et avons pu négocier un accord concernant le loyer, qui a permis de maintenir L’Entrecôte.”Les Français le proclament sondage après sondage : ils plébiscitent les petits commerces de proximité. Seulement voilà : en raison de la hausse du foncier, les meilleurs emplacements sont souvent récupérés par les grandes marques. De surcroît, la restauration rapide se rapproche des centres-villes pour capter l’énorme marché de la livraison à domicile. L’évolution de la rue de la République ces dernières décennies en témoigne. L’ancien Pierre Cardin est aujourd’hui dévolu à un Prêt à manger. Le magasin de sport Sporama a été remplacé par un Starbucks ; l’ancienne pâtisserie-chocolaterie-glacerie Debeaux a laissé place à un Quick…Il ne s’agit pas de s’opposer par principe à ces magasins. “Un centre-ville qui fonctionne a besoin à la fois de commerces locaux et de grandes enseignes, rappelle Emmanuel Le Roch, le délégué général de Procos, la Fédération du commerce spécialisé. En fait, le consommateur exige à la fois les marques célèbres qu’il connaît et les boutiques originales qui donnent à chaque ville sa spécificité.”Une arme de dissuasion massivePour préserver ce délicat équilibre, les élus disposent d’une arme de dissuasion massive : le droit de préemption, qui leur permet de se substituer à un acquéreur pressenti. A ceci près qu’aucune municipalité n’a les moyens financiers de tout acheter. “Nous faisons face à des limites budgétaires, plaide Camille Augey. Et puis, le droit de préemption permet certes de bloquer une vente, mais pas d’exproprier les commerces déjà existants.”Dans ces conditions, que faire ? Certaines municipalités font preuve de volontarisme politique. Rennes a proscrit les chaînes de restauration rapide de son hypercentre. Montpellier préempte des locaux pour favoriser des commerces indépendants moyens et haut de gamme. Paris, qui possède 10 % des pieds d’immeuble, y installe en priorité des magasins de proximité et revendique le titre de “première ville d’Europe en nombre de commerçants et artisans par habitant”.A Lyon, Camille Augey plaide pour une modification de la loi. “Il faudrait permettre aux maires d’encadrer les loyers commerciaux, comme cela existe pour les logements”, plaide-t-elle, en s’inspirant d’une idée de Martine Aubry, la maire de Lille. Une suggestion qui laisse sceptique Johanna Benedetti, la présidente de l’association de commerçants lyonnais My Presqu’île. “Dans bien des cas, cela reviendrait à accorder un cadeau à McDo et aux autres, qui n’en ont aucunement besoin.” Aussi suggère-t-elle une tout autre idée. “Les préfets devraient pouvoir interdire les établissements de restauration rapide autour d’un établissement scolaire. Il en va de la santé de nos enfants !”Il est vrai que l’on n’est jamais à l’abri de mauvaise surprise. Voilà quelque temps, la ville de Lyon avait réussi à bloquer un autre KFC, qui souhaitait s’implanter dans le quartier de la Croix-Rousse. Qu’à cela ne tienne : le spécialiste du poulet cuit a finalement jeté son dévolu sur un autre local, situé… rue de La République.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/region/face-a-la-deferlante-des-fast-foods-la-strategie-de-lyon-pour-sauver-ses-commerces-de-proximite-MUKL4UDEI5DWRGRVZJ5RFDS6IE/

Author : Michel Feltin-Palas

Publish date : 2024-11-18 08:00:00

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Budget de la Sécu : les mesures qui pourraient enflammer les débats au Sénat

Le Sénat se penche dès mercredi sur les budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale en commission, avec une occasion unique de peser dans les débats tout en soutenant le gouvernement de Michel Barnier




L’examen du budget de la Sécurité sociale au Sénat, à partir de ce lundi 18 novembre, promet des passes d’armes importantes sur plusieurs mesures clé, entre revalorisation des retraites, création d’une deuxième journée de solidarité ou allègements de charges patronales.Cotisations patronalesSoucieux de faire participer les entreprises à l’effort collectif de redressement des comptes, le gouvernement s’attaque à un dossier ultrasensible, celui des allègements de charges patronales. Il propose ainsi de limiter et répartir différemment ces exonérations, notamment pour les salaires au niveau du Smic. L’exécutif, qui voulait initialement retirer 4 milliards d’euros de cette mesure, a finalement proposé dimanche de diminuer de moitié l’effort demandé, à deux milliards.Le Sénat, lui, a proposé en commission une voie intermédiaire, chiffrée à trois milliards, qui passerait par un rééquilibrage en faveur des allègements sur les salaires proches du Smic. La mesure ulcère en tout cas le patronat, qui craint des dizaines de milliers de suppressions d’emploi, ainsi que le camp macroniste, bien déterminé à obtenir sa suppression. Matignon, pour sa part, a fait savoir que les choses restaient “ouvertes” sur ce dossier.RetraitesLe compromis trouvé entre Les Républicains et le gouvernement pour indexer les retraites sur la moitié de l’inflation dès le 1er janvier – avec un complément au 1er juillet pour les retraites sous le Smic – devrait être intégré au texte lors des débats au Sénat, où la majorité soutient le gouvernement. La mesure initiale – un report de six mois de l’indexation pour tous – devait rapporter 4 milliards. Elle se voit rabotée de 500 à 800 millions d’euros avec ce nouveau “deal”, selon le gouvernement.Mais les débats s’annoncent nourris, la gauche promettant notamment de relancer la discussion sur l’abrogation de la réforme des retraites, sans aucun espoir d’aboutir au vu de la composition de l’hémicycle, bien différente de celle de l’Assemblée.”Heures de solidarité”Particulièrement scruté, le débat sur la suppression d’un deuxième jour férié en plus de la “journée de solidarité” risque de faire un grand pas en avant au Sénat. Un compromis s’est en effet dessiné en commission pour la mise en place d’une “contribution de solidarité” dédiée au financement de mesures en faveur du grand âge, sous la forme d’un forfait de sept heures annuelles supplémentaires travaillées sans rémunération par chaque salarié. Il reviendrait alors aux entreprises de choisir les modalités de mise en place de cette contribution. Gain envisagé : 2,5 milliards d’euros.Le ministre de l’Economie Antoine Armand a jugé la proposition “intéressante” et “judicieuse”. Si la gauche s’y oppose frontalement, certains voudront au contraire aller encore plus loin : des sénateurs centristes proposent ainsi que ce forfait soit porté à 18 heures annuelles supplémentaires, assumant une proposition potentiellement très impopulaire.Soda et tabacLe Sénat entend reprendre l’amendement voté à l’Assemblée nationale sur la “taxe soda” (destinée à limiter la quantité de sucres dans ce type de boisson), en l’alourdissant, avec un rendement escompté de 200 millions d’euros. En commission, les parlementaires de la Haute assemblée ont également voté pour accélérer l’augmentation des taxes sur les tabacs, pour s’approcher dès 2025 d’un prix moyen du paquet de cigarettes à 13 euros (150 millions d’euros attendus). Ils proposent aussi de renforcer la fiscalité des jeux et loteries en ligne (200 millions d’euros à nouveau). Ces mesures de “fiscalité comportementale” devront à nouveau être votées dans l’hémicycle.”Taxe lapin”, le retourDéjà proposée l’année dernière par le Sénat, mais non conservée par le gouvernement, l’idée de faire payer les patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux va revenir dans le débat au Palais du Luxembourg. Soutenu par la droite, le dispositif, surnommé “Taxe lapin”, a de bonnes chances d’être adopté à nouveau, une manière de remettre la question entre les mains du gouvernement. L’ancien Premier ministre Gabriel Attal avait en effet lancé ce chantier, laissé en suspens par la dissolution survenue au printemps.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/budget-de-la-secu-les-mesures-qui-pourraient-enflammer-les-debats-au-senat-MU72OEZGJZFHRLCJSDUW2FCTEU/

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Publish date : 2024-11-18 07:20:59

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Jérôme Durain : “En travaillant sur le narcotrafic, j’ai compris que tout le monde avait un prix”

Des policiers français lors d'une "opération XXL" Place Nette, lancée simultanément dans plusieurs villes du pays pour lutter contre le trafic de drogue. (Photo d'illustration)




Création d’une DEA à la française, refonte du statut du repenti, lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption dite “de basse intensité”… Telles sont les mesures inscrites dans la proposition de loi “visant à sortir la France du piège du narcotrafic”. L’ambition est grande, au moins autant que le spectre politique qu’elle couvre est large. Cosignée par le socialiste Jérôme Durain et le sénateur Les Républicains Etienne Blanc, la “PPL” a été choisie par le gouvernement actuel pour servir de véhicule législatif et sera examinée dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg en janvier prochain.C’est notamment en compagnie de Jérôme Durain, président de la commission sénatoriale sur l’impact du narcotrafic en France que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et le Garde des Sceaux, Didier Migaud, se sont rendus dans la cité phocéenne vendredi 8 novembre pour y dérouler une salve de mesures visant à tordre le cou au narcotrafiquants. Des réseaux “dont les moyens d’action se sont considérablement développés ces quatre dernières années”, confirme Jérôme Durain. Entretien.L’Express : À quand datez-vous l’apparition d’un réseau tentaculaire de trafic de stupéfiants en France ?Jérôme Durain : Les réseaux de trafiquants ont pris de l’ampleur ces quatre cinq dernières années. C’est en tout cas depuis environ 2020 qu’ils existent sous cette forme-là – c’est-à-dire ces réseaux extrêmement offensifs, agressifs, avec des méthodes d’une violence complètement décomplexée et qui a progressé en quelques années d’une façon exponentielle. Avec des collègues du Sénat, on s’est aperçu que des phénomènes que l’on avait documentés lors de la commission d’enquête ont progressé à la fois pendant le travail parlementaire et depuis sa clôture.On connaissait la prospérité du trafic de drogues dans les grands pôles urbains, notamment sur l’axe Marseille-Lyon-Paris. Un phénomène plus récent s’observe en France : le développement de filières de la drogue dans la France dite des sous-préfectures. Est-ce la demande qui crée l’offre ou l’offre qui crée la demande dans ces territoires plus reculés ?Je dirais qu’il y a toujours eu de la consommation de drogue dans les milieux ruraux. Les millions de consommateurs en France sont répartis sur l’ensemble du territoire national et ne sont pas uniquement concentrés dans les grands pôles urbains. Ensuite, on a observé que les conduites après usage de stupéfiants commencent à être supérieures aux conduites sous l’emprise de l’alcool. Il y a également un choc d’offre – l’augmentation de la production de la cocaïne et donc de sa vente – et une extension des zones de chalandise. Les réseaux criminels tentent de s’étendre géographiquement pour s’extirper, entre autres, d’une trop forte concurrence sur les points de deal des métropoles où mitraillages et règlements de comptes sont légion.Dans votre rapport remis au printemps dernier, vous vous étonnez de l’absence de précisions sur l’existence d’un lien supposé entre narcotrafic et terrorisme. Avez-vous depuis eu davantage d’indications sur la possibilité d’un financement du terrorisme par l’argent de la drogue ?À ce stade, aucun lien n’a été établi. C’est le ministre Bruno Le Maire qui en avait parlé un peu imprudemment. Mais lorsqu’on lui a demandé d’où lui venait cette information, il s’est rétracté. Pour ma part, je pense que les réseaux terroristes et les trafiquants ne poursuivent pas les mêmes intérêts. Les uns ont besoin de discrétion tandis que d’autres ont besoin de gagner en notoriété pour gagner plus d’argent.On a longtemps parlé d’économie parallèle pour désigner le chiffre d’affaires colossal du trafic de stupéfiants. Avec l’explosion des règlements de compte – en 2023, le nombre de décès liés au trafic de drogue a progressé de 42,5 % à Marseille – peut-on également parler de “justice parallèle” ?C’est purement et simplement de la concurrence commerciale. Alain Bauer l’a dit lorsqu’on l’a entendu au Sénat : le narcotrafic est l’apogée de l’économie libérale. La seule différence est que la gestion de la concurrence se fait de façon beaucoup plus radicale. Le premier objectif est l’argent et la modalité d’action principale est la violence. Dans le livre d’un de vos confrères, Shooters, on voit comment les petites mains sont malmenées physiquement, victimes d’actes de barbarie. On parle de stratégie de la terreur. On est dans des systèmes de quasi-esclavage. Et cette violence s’applique aussi sur les concurrents. Ça va de la menace à l’assassinat. Donc la violence est à la fois un outil de management et de RH au sein de sa propre organisation et un outil de terreurvis-à-vis des concurrents. Dans ce marché parallèle, on va jusqu’à tuer pour récupérer des parts de marchés. Donc ce n’est pas du tout de la justice, juste une concurrence dans sa modalité la plus absolue.Votre rapport est très clair sur ce point : on ne naît pas trafiquant, on le devient. Comment le devient-on ? Peut-on encore identifier la pauvreté comme seul facteur au développement du narcotrafic en France ?Paradoxalement, on entre dans un réseau par ambition. Ce qui est intéressant dans les profils des narcotrafiquants, c’est qu’il y a de tout. Il y a évidemment ceux qui ont grandi dans des quartiers où la précarité sociale est immense (absence de services publics et d’emplois) qui conduit au trafic de drogue – il ne faut pas oublier que dans ces quartiers, le trafic de stupéfiant reste un débouché économique majeur. Mais pas seulement, on trouve également des profils de jeunes issus de “bonnes familles” qui sont tombés dans la petite délinquance en raison de parcours de vie un peu chahutés. Le problème est qu’une fois qu’ils sont pris dans un de ces réseaux, ils sont comme coincés car ils tombent dans l’économie de la dette. C’est-à-dire qu’ils sont tenus par la dette qu’ils ont vis-à-vis des gens du réseau et très peu parviennent à s’en sortir. Et la dette grandit à mesure qu’ils restent dans le réseau. Le gamin qui y est entré comme un auxiliaire peut se retrouver très rapidement placé dans une équipe feu, où on lui dit “soit tu tues soit on te tue”.Vous avez accompagné Bruno Retailleau et Didier Migaud à Marseille vendredi dernier. Êtes-vous satisfait des mesures annoncées par le couple Beauvau-Vendôme, ou espériez-vous davantage ?S’agissant de la dimension répression, ce qui a été annoncé est très largement inspiré de notre travail sénatorial. Il est donc difficile pour moi de dire que ça n’est pas du bon boulot. Je me permets simplement d’émettre quelques observations. Premièrement, je m’interroge sur la place de Bercy dans le dispositif. Car sur le champ répressif, on voit bien qu’il y a trois principaux ministères qui devraient être concernés : l’Intérieur, la Justice et bien sûr, l’Economie. Pourquoi l’Economie ? Parce que pour que l’on mène une guerre contre l’argent, il faut avoir accès aux données fiscales et douanières. Or, tout ça se trouve à Bercy. Or, je n’ai pas le sentiment que le niveau d’intégration de Bercy à cette lutte contre le narcotrafic soit suffisant.En outre, je me méfie de ce qui s’apparente à des sanctions sociales, comme l’expulsion des logements sociaux. On n’est pas narcotrafiquant par déterminisme communautaire ou familial. Par ailleurs, même si des formes de violence extrêmement radicales existent chez les moins de 18 ans, attention à la tentation de durcir les sanctions. Dernier sujet, réprimer n’épuise pas le sujet de la consommation de drogue dans le pays. Il y a un véritable sujet sur les racines sociales de la consommation. Or, ici, la prévention se borne à un spot télévisé. Elle est pour ainsi dire totalement absente. Il ne faut pas se leurrer, la seule sanction ne suffira pas. Même dans des pays extrêmement liberticides, il y a quand même de la consommation de drogue.Le statut du repenti, qui existe depuis 2004, n’a été que très peu utilisé. Comment le rendre plus systématique ?Nous proposons de sortir de l’hypocrisie en reconnaissant que les informateurs, les “tontons”, peuvent être des délinquants, et parfois pour des crimes de sang, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Plus encore, nous proposons que certains informateurs puissent devenir des infiltrés “civils” qui seront les yeux et les oreilles des services d’enquête dans les réseaux et qui pourront, s’ils s’en tiennent strictement à un contrat passé avec le futur Parquet national spécialisé, bénéficier d’une immunité pénale. Il n’est pas normal que ceux qui aident à lutter contre le trafic soient parfois plus lourdement condamnés que leurs complices.À l’heure actuelle, quels sont les organes chargés de la lutte contre le narcotrafic ? À quoi pourrait concrètement ressembler la “DEA à la française” que vous appelez de vos vœux ?La lutte contre le narcotrafic, quel numéro ! Gérald Darmanin aimait à raconter que dans le cadre de la préparation du lancement des opérations Place nette XXL à Marseille, l’Ofast (NDLR : Office anti-stupéfiant) a découvert pendant une réunion l’organisation de ce déplacement. Cet exemple caricatural est symptomatique de la désorganisation de la réponse publique, avec des acteurs “éparpillés façon puzzle” et une stratégie tournée davantage vers les “petites mains” et les seconds couteaux que vers ceux qui structurent les réseaux – à savoir le haut du spectre, les logisticiens et les argentiers.C’est pourquoi nous souhaitons, en complément de la création d’un parquet spécialisé, que l’Ofast devienne une “DEA à la française” ce qui implique trois choses : une véritable autorité sur tous les services d’enquête, un pouvoir d’évocation qui lui permette de se saisir des affaires les plus lourdes ou les plus complexes, et des moyens à la hauteur de cette ambition.Le trafic de stupéfiants est bien entendu un enjeu de sécurité intérieure mais également, un problème dont une importante partie de la solution se trouve à l’international. N’est-ce pas ce pan de la lutte qui reste le plus complexe à mettre en œuvre ?La coopération internationale est une dimension très complexe, mais essentielle car la plupart des gros bonnets sont en cabale. Il est évident que lutter contre le narcotrafic en France lorsque les commanditaires sont en sécurité dans des pays étrangers, à siroter l’apéritif les pieds dans la piscine, est insuffisant. Raison pour laquelle il faut travailler avec les autres pays. Il y a des Etats avec lesquels ça se passe plutôt bien, comme la Colombie par exemple. Mais il est vrai qu’en matière de coopération maritime par exemple, certains pavillons sont plus difficiles à raisonner. Les Polonais, par exemple, ne jouent pas vraiment le jeu. Certains Etats du Maghreb sont également loin d’être faciles. Sans compter Dubaï, qui constitue en la matière un problème évident.Bruno Retailleau a agité le spectre d’une “mexicanisation” de la France. Au Mexique, 34 candidats à la présidentielle de 2024 ont été assassinés. Tous avaient érigé au rang de priorité la lutte contre les cartels. En Europe, la mafia de la drogue a menacé d’enlever la princesse héritière néerlandaise Amalia et le Premier ministre Mark Rutte, qui ont tous les deux été placés sous protection policière. Avez-vous des raisons d’avoir, vous aussi, peur pour votre intégrité physique ?La Mocro Maffia (NDLR : organisation criminelle marocaine dans le trafic de stupéfiants basée aux Pays-Bas) est allée loin en matière de menaces sur les autorités. Aux Pays-Bas, un journaliste l’a même payé de sa vie. Il y a également eu des actions contre les magistrats. Concernant ma situation, je me suis posé la question. Mais nous ne sommes pas encore le Mexique : le niveau de corruption et de criminalité n’est pas le même. Ce qui n’empêche pas que de nombreux éléments restent très inquiétants. Si elle reste de basse intensité, la corruption porte déjà atteinte au fonctionnement des institutions. En travaillant sur le narcotrafic, j’ai compris malheureusement que tout le monde avait un prix. En outre, les codes criminels ont évolué ces dernières années. Ces jeunes n’ont aucune conscience morale, aucune peur pour eux-mêmes, et peuvent assassiner quelqu’un avec une kalachnikov qu’ils ne savaient pas utiliser la veille. Évidemment qu’ils pourraient un jour s’en prendre à des détenteurs de l’autorité publique. Certaines affaires sont d’ailleurs suivies par deux magistrats. Et dans certains territoires de la République, des policiers ont dû changer d’affectation parce qu’ils avaient été repérés, identifiés et menacés par des réseaux.Certains à gauche, appellent à légaliser le cannabis. Une option que vous balayez d’un revers de manche. “Légaliser” et “légalisation” n’apparaissent d’ailleurs pas une seule fois dans le rapport de la commission d’enquête sénatoriale. Pourtant, au Canada, où le cannabis a été légalisé en 2018, les autorités ont observé une baisse du taux d’infractions liées aux drogues en 2020 par rapport à l’année suivante…Ne pas avoir mentionné l’option de légalisation dans le rapport était un choix. Il s’agit d’un débat extrêmement vif et qui n’a pour l’instant pas vraiment lieu dans la société française. On sait que la légalisation est un bénéfice évident en matière de santé : elle permettrait de sortir un certain nombre de consommateurs de la clandestinité et d’avoir accès à des parcours de réduction des risques et de soins. Mais il faudrait compléter cela par une approche préventive. Je suis personnellement hostile à la consommation, mais je suis ouvert au débat sur la dépénalisation et la légalisation.Début 2024, Emmanuel Macron a annoncé le lancement de l’opération “Place nette XXL”. Vous faites partie de ceux qui ont dénoncé des effets d’annonces. Pourtant au 1er août dernier, les forces de l’ordre avaient saisi 535 kilos de résine de cannabis, plus d’1,8 million d’euros, mené 375 gardes à vue et la préfecture de police de Marseille s’est réjoui d’une opération ayant “impacté durablement la délinquance et les trafics”…Les opérations Place nette XXL n’ont pas fait preuve de saisies – marchandise comme argent – exceptionnelles. Surtout si on les rapporte aux effectifs policiers mobilisés. Ce n’est pas tenable dans le temps, puisque dans de nombreux endroits les trafics reprennent. Donc c’est loin d’être la solution miracle. Par ailleurs, “Place nette XXL” n’est pas de nature à démanteler le haut des réseaux, d’aller saisir l’argent, en bref, d’avoir une action structurelle sur le narcotrafic. Mais ça a eu quelques avantages, comme le retour de l’ordre républicain est possible. Elles ont certainement permis de faire commettre des erreurs aux trafiquants. Mais ça a aussi pu nuire aux enquêtes au long court, qui ont besoin de calme, de temps long. Je suis donc très mitigé.Lorsqu’un point de deal peut rapporter des millions d’euros par an, comment convaincre un jeune de préférer les études et une activité légale au trafic de drogue ?L’argument principal est que ça ne peut que très mal finir pour eux. Une fois dans le réseau, ils en sortent blessés psychologiquement, physiquement et même dans les cas les plus extrêmes, morts. Le métier est toujours très risqué et ceux qui en profitent vraiment sont au sommet de la pyramide. C’est un peu le miroir aux alouettes. Il y a des perspectives de gains énormes mais qui ne sont pas durables. Concernant les perspectives de gain, ce qui est annoncé pas, le plus souvent. On promet beaucoup on n’honore peu.In fine, la multiplication et le développement des réseaux de trafiquants ne serait-il pas un des résultats de l’échec de la promesse de l’Etat… ?Échec des politiques sociales, urbaines, éducatives… Échec également de la réponse sécuritaire. C’est un chantier immense qui est face à nous.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/jerome-durain-en-travaillant-sur-le-narcotrafic-jai-compris-que-tout-le-monde-avait-un-prix-2M6PZG7H3BHLVJUJXEUDSXXZGM/

Author : Ambre Xerri

Publish date : 2024-11-18 07:00:00

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Pierre Hurmic : “La société est plus violente, il faut être d’une grande candeur pour l’ignorer”

Le maire EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, le 13 juillet 2020 dans son bureau




“Certains disent que j’ai changé… Mais c’est le contexte qui a changé !” Élu de la vague verte de 2020, Pierre Hurmic assume son revirement dans un contexte sécuritaire “aggravé”. Opposé depuis le début de son mandat à l’armement de sa police municipale, à l’instar des maires des grandes villes écologistes et de gauche (Paris, Lille, Rennes, Grenoble, Nantes), le maire de Bordeaux a finalement changé d’avis. Désormais, une cinquantaine d’agents seront armés de pistolets semi-automatiques.D’un côté, la mesure sème le trouble dans la majorité municipale bordelaise (EELV, PS, PCF, société civile). De l’autre, l’édile est érigé en modèle de pragmatisme par les opposants de droite des exécutifs municipaux de gauche, dont certaines demeurent opposées à la mesure. “À l’instar du dérèglement climatique, les premières victimes de l’insécurité sont les populations les plus défavorisées. Cette donnée devrait bousculer et interpeller les élus de gauche”, répond-il à L’Express.L’Express : Vous êtes le premier maire écologiste d’une métropole à décider d’armer une partie de votre police municipale. Avez-vous brisé un tabou ?Pierre Hurmic : Un maire ne doit pas avoir de sujet tabou. Aux manettes, on conjugue en permanence son éthique de conviction avec son éthique de responsabilité. C’est donc en responsabilités que j’ai pris la décision d’armer partiellement la police municipale. Mon opposition m’a reproché d’avoir trop tardé et ils ont raison, mais eux-mêmes ne l’ont jamais arbitrée lorsqu’ils étaient au pouvoir. J’ai passé des mois à consulter des maires, d’Annecy, de Grenoble, de Lyon, de Saint-Denis ou de Strasbourg – qu’ils aient ou non des policiers municipaux armés – des sociologues, des juristes, et ma propre majorité. Le contexte a changé, la hausse de la violence et de l’insécurité dans les rues de nos villes est indéniable.J’ai par ailleurs été confronté à des difficultés de recrutements de policiers municipaux alors que j’avais créé des postes. À des grèves, aussi (NDLR : en juin dernier). Ils m’ont assuré parfois intervenir sur des lieux de violence “la peur au ventre”. Désarmés, ils sont souvent primo-intervenants sur des lieux d’agressions de plus en plus violentes et armées. Je suis leur employeur : c’est de mon devoir de faire en sorte qu’ils puissent exercer leur métier dans des conditions de sécurité optimales. Tout cela m’a fait évoluer sur la question, l’appréhension de cette question ne peut pas être que théorique.Les circonstances sécuritaires ont-elles fondamentalement modifié les idéaux du militant écolo que vous étiez hier ? Le réel vous a-t-il “droitisé”?Non, car je ne pense pas que le réarmement de la police municipale soit un marqueur de droite ou de gauche. On ne peut d’ailleurs pas réduire la question de la sécurité à cette seule mesure. Le sujet est complexe, et je m’efforce d’être un maire pragmatique et surtout soucieux de la juste mesure. En l’espèce, les partisans du tout ou rien – ceux qui considèrent qu’il fallait armer l’intégralité la police municipale et ceux qui considèrent qu’il ne faut pas le faire – seront déçus. La sécurité est pour moi un service public ; quand vous êtes de gauche, vous êtes très attaché à tous les services publics, y compris celui-ci. À l’instar du dérèglement climatique, les premières victimes de l’insécurité sont les populations les plus défavorisées. Cette donnée devrait bousculer et interpeller les élus de gauche. C’est mon cas.C’est pourtant le sentiment d’une part non négligeable de votre équipe municipale à la suite de votre annonce. Certains parlent de “renoncement” par rapport à vos positions passées… Pourquoi un tel malaise ?C’est un débat éthique qui traverse chacun d’entre nous. Je revendique d’avoir été clairement contre, au début de mon mandat. Ça n’est pas une décision que l’on prend à la légère. Lors des municipales de 2020, j’ai porté le slogan “Le monde change, changeons Bordeaux” ; je pense que le monde a également changé sur ce terrain. Et il faut être d’une grande candeur pour ignorer que nous vivons dans une société de plus en plus violente. Effectivement, cela a été très discuté au sein de ma majorité municipale, moi-même j’ai été bousculé par cette question, mais je ne peux y répondre en fermant les yeux. J’ai donc pris cette décision en sachant qu’elle ne satisfait pas tous les membres de mon équipe : je ne leur demande pas de l’approuver, mais de comprendre ma responsabilité de maire.Armer les policiers municipaux est-il un gage de sécurité publique ?Je ne sais pas si c’est un gage, c’est plutôt un risque que je prends. Notre politique sera régulièrement évaluée avec exigence, et le conseil municipal y sera associé. Pendant très longtemps, Bordeaux a été épargnée des phénomènes de délinquance, jusqu’en 2015. Depuis ma prise de fonction, l’augmentation de la délinquance a ralenti. Selon des études, la majorité des Bordelais se sentent en sécurité dans leur ville. Mais je ne me contente pas de ce résultat. Ma politique liée à la sécurité, dans ce plan global, repose sur deux jambes : une politique de prévention, et une autre de lutte contre la délinquance. J’ai budgétairement augmenté le nombre de policiers municipaux, pareil pour le nombre de médiateurs. J’ai aussi renforcé le dispositif de vidéosurveillance. J’ai été l’un des rares maires de gauche à avoir signé un contrat de sécurité intégrée avec l’État. Actuellement, je me bagarre avec le ministère de l’Intérieur pour obtenir une compagnie de CRS à demeure à Bordeaux, et j’ai rendez-vous prochainement avec Bruno Retailleau.Auprès de Mediapart, Eric Piolle, maire de Grenoble, a d’ailleurs regretté à votre sujet qu’une partie de la gauche ait “lâché sur ses fondamentaux” avec la volonté de “montrer patte blanche” à ses adversaires…Chaque maire est maître chez lui, et répond aux problématiques en fonction de ce qu’il est. J’ai rencontré ces maires, j’ai parlé à Éric Piolle, et bien évidemment que nous n’avons pas la même appréhension des choses, mais c’est la vie. Je ne me permettrai pas de commenter la façon dont les édiles appréhendent leur situation de terrain, au même titre que je n’apprécierai pas qu’ils le fassent pour moi. Mais je ne laisserai pas dire qu’il y a des politiques de gauche et des politiques de droite : je ne veux pas de débat manichéen sur ce terrain-là. Le droit à la sécurité est un véritable droit ! Des tas de gens de gauche se sont intéressés à la question. Je ne suis d’ailleurs pas tout à fait étranger à la thématique : je suis avocat, j’ai été militant d’associations de contrôle judiciaire et de prévention à la délinquance. J’ai ma vision qui est la mienne, et qui évolue.Les Verts se retrouvent régulièrement accusés d’angélisme sur les sujets de sécurité. Le comprenez-vous ?Si l’image est un cliché qui a la peau dure, je suis content de le casser. J’ai la particularité d’être un maire peu impliqué dans la vie nationale de mon parti. Mon professeur en études supérieures, le philosophe bordelais Jacques Ellul, affirmait qu'”un homme de parti n’était qu’une partie d’homme”. Je ne suis pas une partie d’homme, je suis très attaché à mon indépendance, à ma liberté, et je suis maire à plein temps. J’ai bien sûr prévenu Marine Tondelier de la mise en place de cette mesure : elle a été très respectueuse.Globalement, comment la gauche peut-elle sortir de l’éternelle accusation en laxisme sécuritaire ?Je trouve ce procès en laxisme manichéen, et empreint de clichés. Mais il est important de ne pas leur prêter le flanc. Il est temps que la gauche se réconcilie avec les questions de sécurité,car il existe une vision progressiste de ce service public qui n’est ni la police coup de poing, ni la police spectacle. Une vision globale et équilibrée qui fonctionne sur deux jambes : la prévention d’abord, et quand elle échoue, la répression. Il est important que l’on s’y attelle.



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Author : Mattias Corrasco

Publish date : 2024-11-18 05:30:00

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Kamala Harris, le destin contrarié d’une pionnière en politique

Kamala Harris, le destin contrarié d’une pionnière en politique




Kamala Harris n’entrera pas à la Maison-Blanche. Elle rejoint la liste des “losers” légendaires, comme l’Amérique en a déjà connu de nombreux dans son histoire. Le récit d’Axel Gyldén, journaliste à L’Express, spécialiste des Etats-Unis.RETROUVEZ TOUS LES EPISODES DE LA LOUPEÉcoutez cet épisode et abonnez-vous à La Loupe sur Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Google Podcasts, Podcast Addict et Amazon Music.Inscrivez-vous à notre newsletter.L’équipe : Charlotte Baris (présentation et écriture), Solène Alifat (écriture), Jules Krot (montage et réalisation)Crédits : CNN, France 24, Guardian News, INA, Ouest FranceMusique et habillage : Emmanuel Herschon/Studio TorrentLogo : Jérémy CambourComment écouter un podcast ? Suivez le guide.Charlotte Baris : Nous sommes le 5 novembre au cœur de la prestigieuse Université Howard à Washington. Dans l’après-midi, ils sont des milliers à se rassembler sur les grandes pelouses devant le bâtiment principal. Certains dansent, en attendant les résultats, espérant apercevoir leur candidate dans la soirée. Mais peu avant minuit, l’ambiance dans le QG de campagne de Kamala Harris change radicalement. Donald Trump vient de remporter la Caroline du Nord, puis la Géorgie : les visages se ferment, le silence s’installe. Le directeur de campagne prend alors la parole.Petit à petit, les militants rentrent chez eux. Les portes de l’université se ferment alors que l’écran géant continue de diffuser les résultats. Le QG est désormais désert. Il ne reste que les chaises blanches, les pancartes laissées par les militants et quelques détritus. Le silence est entrecoupé par les duplex des journalistes du monde entier restés sur place.Au même moment à West Palm Beach en Floride, l’ambiance est à la fête. Au fur et à mesure de la soirée, la carte des Etats-Unis se colore en rouge et les sourires se dessinent sur les visages. Au QG de Donald Trump, tous les sympathisants sont encore là et attendent la prise de parole du candidat républicain. Sous leurs casquettes rouges “Make America great Again”, ils scandent en cœur “USA” et poussent des cris de joie. Ils célèbrent déjà une victoire qui n’est pourtant pas encore officielle.Cette nuit-là, Donald Trump entre dans l’histoire avec un retour fracassant à la tête des Etats-Unis, pendant que Kamala Harris voit son rêve de Maison-Blanche s’écrouler. Une défaite retentissante dont les Etats-Unis se souviendront très longtemps…Pour aller plus loin :“Cela ressemble à un ‘game over'” : l’avenir indéterminé de Kamala Harris après sa défaiteJohn B. Judis : “Pour battre Donald Trump, les démocrates auraient eu intérêt à présenter un homme”PODCAST – L’actu à La Loupe : les pro-Trump, angle mort des sondages



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Publish date : 2024-11-18 05:00:00

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Jean-Luc Mélenchon et la fin de la “bordélisation” ? Les hésitations stratégiques de LFI

Jean-Luc Mélenchon, fondateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), prononce un discours lors d'un rassemblement sur la place de la Bastille pour manifester contre le « coup violent » du président français deux mois après les élections législatives, à Paris le 7 septembre 2024.




Était-ce un simple conseil ? Le précepte d’un aîné rompu à l’exercice politique ? Ou plus : un virage stratégique ? À la rentrée, les députés de la France insoumise écoutent doctement Jean-Luc Mélenchon lors d’une réunion où il s’agit de préparer les premières batailles dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Le leader livre son analyse sur la situation politique inédite, née de la dissolution, sur “l’illégitimité” du gouvernement de Michel Barnier, élu d’une droite qui est loin d’avoir gagné les élections. Et cette apostille du leader de la France insoumise au milieu de la réunion : “On peut être radicaux sans faire de coups d’éclat personnels.” Les mots du chef font mouche. “C’est assez clair, non ? Il faut qu’on se calme. Enfin… Plutôt que certains se calment, que personne n’essaie de faire la star. Le collectif prime”, résume un député à mots couverts. Il ne s’agit pas d’abandonner cette radicalité, de ton et de forme, qui a fait ce que les Insoumis sont aujourd’hui : la force motrice à gauche.Une radicalité assumée, théorisée – “pour faire rentrer la colère du peuple dans l’hémicycle”, défendent depuis longtemps les lieutenants de Jean-Luc Mélenchon –, qui a fait leur succès auprès d’un certain électorat de gauche à regarder les dernières élections législatives, autant qu’elle leur a coûté auprès d’autres. La campagne des législatives du mois de juin a été a été, pour certains candidats insoumis, plus âpre que prévu. Dans certaines circonscriptions, on n’a pas affiché la figure de Jean-Luc Mélenchon sur les tracts et on a même préféré grossir les trois lettres du Nouveau Front populaire et mincir le “phi”, le logo de LFI.”Beaucoup d’électeurs nous ont reproché de bordéliser l’Assemblée, souvent à tort, parce que les médias en avaient fait un épouvantail et cela avait fonctionné dans la tête des gens. C’est vrai qu’on a dû faire plus de pédagogie qu’à l’habitude”, concède un député insoumis sous couvert d’anonymat. Le bilan du comportement des élus LFI sous la précédente législature ? Entre 2022 et 2023, la quasi-totalité des sanctions disciplinaires les a visés. Des critiques et des sanctions un tantinet déséquilibrées à en croire le député socialiste Arthur Delaporte, ardent défenseur de l’union à gauche : “La focale est sur eux. Ils sont bien plus regardés que d’autres parlementaires macronistes qui peuvent insulter à tout bout de champ sans qu’on leur dise quoi que ce soit. À la fin des années quarante on reprochait les mêmes comportements aux communistes ou aux poujadistes en 1956.”Le cas SoudaisAlors, les mots de Jean-Luc Mélenchon en cette rentrée 2024 marquent-ils un changement de stratégie ? Assurément pas, selon ses proches. “C’est un petit tacle à ceux qui sont partis (Alexis Corbière, François Ruffin, Clémentine Autain, purgés de la France insoumise, NDLR)”, traduit une Insoumise, qui ajoute : “La question des coups d’éclat personnels, c’est celle de la fidélité au groupe, aux Insoumis, et comment ce que l’un fait peut rejaillir sur le collectif.” Des mots qui ne visent pas uniquement ceux qui sont partis, mais aussi ceux qui restent et dont le comportement a dérangé – “interrogé”, euphémise-t-on à LFI. Dans le viseur tout particulièrement, la députée de Seine-et-Marne Ersilia Soudais. Depuis août, celle que ses pairs insoumis méprisent volontiers en l’affublant de divers surnoms sarcastiques enchaîne les polémiques.Le 10 août, elle déclare ainsi que “la France est un pays islamophobe” en référence à l’interdiction du port du voile pour les athlètes françaises lors des Jeux olympiques. Quelques jours plus tard, autre bévue : dans une vidéo postée sur le réseau social TikTok, elle présente l’un de ses collaborateurs, Matthieu Garnier, hilare, comme “un harceleur de journalistes et accessoirement responsable de la communication”. Le même qui s’était attaqué à plusieurs reprises au journaliste Lucas Jakubowicz au fil de divers messages publics injurieux et autres allusions sur son nom de famille.Un mois plus tard, le 24 septembre, elle se fait remarquer devant la préfecture de police de Paris. Elle vient au secours d’Elias d’Imzalène, un influenceur islamiste fiché S, hier proche des réseaux d’Alain Soral, qui a été placé en garde à vue après avoir appelé “à mener l’intifada dans Paris” lors d’une manifestation pro palestinienne le 8 septembre. Ersilia Soudais considère alors qu’il est retenu parce que “musulman”. “C’était une connerie d’aller le voir”, concède un de ses camarades insoumis, qui la défend : “Ersilia, c’est quelqu’un d’hypersensible qui a pensé qu’il avait besoin de soutien.” Et la même source de renchérir : “Il y a une obsession sur elle, mais ce n’est pas parce qu’elle fait quelque chose que tout LFI fait ce même truc. Ce qu’on nous reproche n’est pas la forme mais notre position sur la Palestine.”CirconvolutionsMarie Mesmeur n’est pas Ersilia Soudais… La première, députée LFI de Rennes, bénéficie, elle, d’une plus grande vague de soutien de la part de ses camarades insoumis ces derniers temps. Dans une réponse au communiste Fabien Roussel qui revenait sur les attaques antisémites dans les rues d’Amsterdam lors du match de football opposant l’Ajax au Maccabi Tel-Aviv, elle provoque un tollé en écrivant : “Ces gens-là (en référence aux supporters israéliens) n’ont pas été lynchés parce qu’ils étaient juifs mais parce qu’ils étaient racistes et qu’ils soutenaient un génocide.”Des mots fustigés de droite à gauche, parce qu’ils laissent ainsi supposer que les actes violents et antisémites qui se sont déroulés après la rencontre sont justifiés au nom de la cause palestinienne et de la tragédie en cours à Gaza, tout en faisant abstraction du caractère antisémite pourtant documenté. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau fait savoir qu’il signale ces mots à la justice au titre de l’article 40. Cette fois-ci, Jean-Luc Mélenchon monte au créneau dans une vidéo publiée le 12 novembre et défend les siens, les Insoumis qui, dit-il, “se sentent en danger”. Il dénonce une ambiance politico-médiatique “pourrie” qui serait “créée de toutes pièces pour que cela finisse mal”. “Les députés insoumis gardent la mesure dans tout ce qu’ils disent”, affirme-t-il, mais modère tout de même ses troupes : “Nous devons jouer un rôle qui consiste, tout en gardant la fermeté de nos positions, à ne pas participer ni donner prise à l’escalade que nos adversaires voudraient provoquer au détriment de notre pays.” Valse-hésitation…LFI n’a pas chassé son naturel. Il galope, au gré de quelques inflexions sémantiques et comportementales. Le cheval est un peu plus tenu, bride courte. Le communiqué du 7 octobre 2023, lors de l’attaque du Hamas en Israël, a laissé des traces. Ce jour-là, le groupe parlementaire se refuse à qualifier de “terroristes” les actes du groupuscule islamiste, et solennise même ces derniers comme une “offensive armée de forces palestiniennes”. Pendant des semaines, LFI s’enlisera dans des débats juridiques sur l’usage du mot terroriste. Un an plus tard, le 7 octobre 2024, des circonvolutions toujours et le mot dont ils ne voulaient pas user auparavant : “En réponse à cet acte terroriste, le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou a lancé une guerre totale au peuple palestinien.”À l’Assemblée nationale, les élus de LFI dansent un tango, tantôt bourgeois, tantôt insoumis. Élue vice-présidente de l’Assemblée nationale, Clémence Guetté fait taire le député insoumis Louis Boyard pour un hors sujet dans l’hémicycle, et le président de la commission des Finances Éric Coquerel intime à son jeune camarade Aurélien Lecoq de se ressaisir, lui qui accusait l’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire, auditionné ce jour-là, de “voleur”. À vrai dire, la donne politique a changé.C’est le NFP, où LFI est dominant, qui détient désormais la majorité (même relative) et a le plus de clefs pour fabriquer la loi en tentant d’appliquer leur programme. “On n’est plus seulement des opposants, on doit faire, fabriquer, construire avec d’autant plus de marge de manœuvre que le gouvernement est affaibli et limité”, expertise un député LFI. C’est ainsi que le budget présenté par le Premier ministre Michel Barnier a été ripoliné du sol au plafond par l’union de la gauche, avec foule de modifications entreprises par LFI et inspirées de son programme. La gauche l’a d’ailleurs voté, ce budget. Son budget.Face-à-face avec BFMLa stratégie s’adapte à la réalité politique, mais reste la même sur le champ médiatique : un affrontement de tous les instants. Là aussi, un drôle de tango entre les Insoumis et BFM, tout particulièrement. La chaîne adore convier des élus LFI sur des plateaux de débats – toujours musclés – et eux le lui rendent bien. Un “je t’aime moi” non plus des plus politiques. Une fois l’émission passée, les Insoumis réalisent des séries de vidéos montées selon les codes des réseaux sociaux : habillage musical qui renforce l’effet dramatique, découpage rythmé ne reprenant que les “punchlines” de l’invité LFI, etc.Mercredi 13 novembre, après une polémique concernant le député de Marseille Sébastien Delogu, son collègue et numéro un de LFI Manuel Bompard reprend son intervention sur la chaîne BFM et titre sa vidéo montée : “Recadrage sur la fake news contre Delogu”. Sur TikTok et Instagram, le même genre de vidéos d’Insoumis corrigeant les journalistes fleurissent. Le même jour, c’est leur collègue David Guiraud, député du Nord, qui fait la leçon à la chaîne d’information en continu sur leur couverture des attaques qui ont suivi le match de football à Amsterdam. L’affrontement avec les médias est une stratégie politique comme une autre à LFI, et qui n’est pas sans rappeler celle qui a vu s’opposer outre-Atlantique les trumpistes avec la chaîne CNN et les journaux tels le New York Times. La primauté de la manière revenant à Jean-Luc Mélenchon, lui qui déclarait en 2018 : “La haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine.”L’élection américaine a d’ailleurs été scrutée de très près par les stratèges insoumis. Alors que les observateurs considéraient que les nombreuses outrances du candidat américain depuis son meeting de New York, en fin de campagne, pouvaient avoir raison de lui, c’est l’exact inverse qui s’est produit dans les urnes. Une large partie de l’électorat s’est justement décidée dans les dernières semaines, en toute conscience des mots et des excès trumpistes. “Ce n’est pas parce que vous, observateurs, n’aimez pas ce qu’on dit et comment on le dit que ça ne parle pas aux gens ni ne leur plaît”, analyse un Insoumis. La preuve par l’exemple ?



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Author : Olivier Pérou

Publish date : 2024-11-18 04:30:00

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Azar Nafisi : “Que vous viviez à Téhéran ou à Washington, le totalitarisme commence par des mensonges”

Une femme marche dans la capitale iranienne Téhéran, le 26 octobre 2024




Pendant des années, Azar Nafisi a abrité un îlot de transgression au coeur même de la République islamique. Dans son salon, à Téhéran, elle recevait des jeunes femmes passionnées de littérature à qui elle faisait découvrir les grands auteurs occidentaux aprèsavoir été interdite d’enseigner à l’université pour avoir refusé le port du voile obligatoire en Iran en 1981. Elle relate ses heures précieuses dans Lire Lolita à Téhéran, best-seller mondial paru en 2004. Vingt ans plus tard, les éditions Zulma rééditent l’ouvrage, qui sera bientôt adapté au cinéma avec les actrices franco-iraniennes Golshifteh Farahani et Zar Amir Ebrahimi. Azar Nafisi, 69 ans, vient également de publier chez Zulma Lire dangereusement, un roman épistolaire où elle s’adresse à son père décédé. Ecrit sous le premier mandat de Donald Trump, l’ouvrage raconte les craintes qui l’envahissent alors que son pays d’adoption, où elle vit depuis 1997, est le théâtre d’un radicalisme croissant, et d’une “mentalité de plus en plus totalitaire”. De la République islamique aux Etats-Unis, elle dénonce les censures pernicieuses qui mettent à mal la démocratie. Entretien.L’Express : Votre dernier ouvrage, Lire dangereusement, est un appel à ne pas se laisser endormir l’esprit, à raviver la démocratie et à dialoguer avec ceux qui ont des opinions opposées. A quel point les Etats-Unis sont-ils devenus une société où personne ne peut plus se parler ?Azar Nafisi : Dans tous mes livres, j’ai exprimé mon inquiétude non seulement à propos des sociétés totalitaires, mais aussi des démocraties. Quand on est un immigré, on regarde son nouveau foyer à travers les yeux de l’ancien. Et on peut se rendre compte : ce qui s’est passé là-bas peut arriver ici. L’Amérique est obsédée par la recherche absolue du confort de l’esprit, les gens ne veulent ne pas être dérangés dans leurs convictions. Mais bien sûr que les autres nous dérangent ! Parce qu’ils regardent le monde non pas avec nos yeux, mais avec leurs propres yeux. Et ils nous révèlent des choses que nous ne savions pas et que nous ne voulions peut-être pas savoir. Pour citer l’écrivain canado-américain Saul Bellow, qui dit que dans un pays comme l’Union soviétique, dans un système totalitaire, le meurtre et la brutalité sont flagrants, mais que dans une démocratie, on ne tue pas les dissidents, on ne les emprisonne pas. Mais ce qui nous menace constamment, c’est l’atrophie des sentiments et de notre conscience endormie, la tentation du confort de l’esprit. Nous voulons ne pas écouter la voix de notre conscience. Nous ne voulons pas être en contact avec la réalité. Une attaque contre la fiction a lieu en ce moment, pas seulement dans les sociétés totalitaires, mais ici aux Etats-Unis. Des livres sont interdits. On me dit parfois : “je ne veux pas lire ce livre parce qu’il me trouble”. Mais bon sang, la vie est troublante ! Si vous ne pouvez pas relever ces défis, comment allez-vous maintenir la démocratie ? De plus en plus, lorsque je parle aux Américains du totalitarisme et des dangers qu’il représente dans une société démocratique, ils me répondent que ça se passe en Iran mais cela ne se produira pas ici. Je réponds généralement que si vous pensez que cela ne peut pas se passer ici, il y a de fortes chances que cela se soit déjà en train d’arriver.Quel est votre sentiment en tant qu’écrivain face à ces interdictions de livres ?C’est ce que j’appelle les mentalités totalitaires. Et j’utilise volontairement le terme de mentalités parce qu’il ne s’agit pas seulement d’une question politique. La lutte contre un système totalitaire n’est pas politique. C’est une question existentielle. Vous vous battez pour votre vie, et “ils” se battent pour vos cœurs et vos esprits. C’est ainsi. Des livres comme Bluest Eyes, ou Beloved de Toni Morrison, les livres de James Baldwin, sont dérangeants parce qu’ils montrent des aspects de nous-mêmes que nous n’aimons pas. Un système totalitaire est basé sur le mensonge : que vous viviez dans la République islamique d’Iran ou aux États-Unis d’Amérique, le totalitarisme commence par des mensonges. Ils s’attaquent à trois groupes en premier, les femmes, ceux qui travaillent sur l’imagination et les idées – les écrivains, les poètes -, et les minorités. La littérature révèle la vérité. Ces hommes et ces femmes, ces écrivains, ces poètes et ces artistes qui sont en prison ou qui ont été tués par des systèmes totalitaires ou dont les livres ont été interdits, n’ont d’autres armes que les mots qu’ils possèdent. Et pourtant, ces mots sont si dangereux pour les mentalités totalitaires qu’un homme puissant qui possède toutes ces forces militaires, des milices et des bombes, comme l’ayatollah Khomeyni [fondateur de la République islamique, qui lança une fatwa contre Salman Rushdie] ne peut être en paix tant qu’un homme qui n’a que des mots, comme Salman Rushdie, est en vie.Comment pouvons-nous combattre cet état d’esprit, dans un endroit totalitaire comme l’Iran ?Depuis plus de quarante ans, la République islamique essaie de faire deux choses. La première a été d’amener les femmes à accepter ses règles, ses normes, et la deuxième à faire en sorte que les écrivains, les artistes, les poètes et les cinéastes écrivent ce que veut le régime. Ils ont échoué. Dans ce genre de système, vous essayez de défendre votre identité en tant qu’être humain. Lorsque j’étais en Iran, je ne me battais pas politiquement contre ces personnes. Je me battais parce qu’en tant que femme, en tant que défenseur des droits de l’homme, en tant qu’enseignante, en tant qu’amie, en tant que mère, j’avais honte de ce qu’ils voulaient que je devienne. Parce que lorsque j’ai mis ce voile obligatoire, j’ai disparu. Je me détestais parce que j’incarnais soudain le fruit de l’imagination de quelqu’un d’autre. Ce que certains ont fait, par contraste, en Europe de l’Est ou dans les pays fascistes, c’est d’exprimer leur liberté de manière toujours plus forte. Ces filles sortent dans la rue et se coupent les cheveux, elles savent qu’elles peuvent être tuées à tout moment, mais elles y vont quand même. Les rues de Téhéran ont parfois été le théâtre de bruits de balles. Que fait le peuple iranien en réaction à cela ? Il descend dans la rue, dans les lieux publics, dans les parcs, et les Iraniens chantent et dansent, pour étouffer le bruit des balles. Le régime n’a pas réussi. Et c’est ce que le peuple iranien a finalement découvert, qu’il a un pouvoir. Que va faire le régime face à des millions de personnes qui descendent dans la rue et qui chantent ? Peut-il vraiment les tuer tous ?Il semble que depuis que la République islamique existe, il y a toujours eu en Iran de nombreuses personnes qui la combattent. Quel est votre sentiment face au mouvement né en 2022, “Femme, Vie, Liberté” ?Deux choses importantes à propos de ce mouvement : il s’est construit à partir des mouvements des mères, des grands-mères et même des arrière-grands-mères de ces jeunes gens. Nous ne devrions pas l’oublier. La deuxième chose, c’est que ma génération n’a jamais eu foi en la République islamique, mais beaucoup d’Iraniens pensaient que ce système pouvait changer progressivement grâce à des réformes. A chaque présidentielle, le régime présentait quelqu’un comme réformateur et le peuple votait pour lui. Mais arrivés au pouvoir, rien ne changeait. Les jeunes aujourd’hui refusent d’entrer dans ce jeu.Depuis que je suis arrivée aux États-Unis, chaque fois que je parle de la situation des femmes en Iran, quelqu’un se lève et dit : “Mais c’est leur culture. Vous êtes occidentalisée”. Cela m’énerve vraiment. Ces gens sont ignorants, ils ne connaissent pas l’Iran. Au début de la révolution, alors que la République islamique commençait en Iran, il y a eu une grande manifestation de femmes contre le régime. L’un de leurs slogans était : “La liberté n’est ni orientale ni occidentale. La liberté est universelle”. Si la lapidation, la polygamie, le mariage à l’âge de neuf ans sont ma culture, alors l’esclavage, le fascisme, le communisme sont la culture de l’Occident. Je pense à l’Afghanistan aussi. Ceux qui disent de telles choses ne peuvent pas s’imaginer vivre un seul instant sous les talibans. Notre rôle est de révéler la vraie culture de ces pays. Ces personnes sont arrogantes parce qu’elles ont l’impression que la liberté ne doit être que le privilège de l’Occident.Dans votre dernier livre, vous dites que Trump partage avec les dirigeants de la République islamique la cruauté, l’incompétence et le mépris pour la vie humaine. Vous vivez aux États-Unis aujourd’hui, que ressentez-vous à l’idée que Trump revienne au pouvoir ?Je ressens de la colère et de l’indignation. Pas tant contre Trump, mais contre les gens ordinaires et décents qui ont voté pour lui. On peut être gentil avec ses voisins, mais on peut aussi être indifférent à l’angoisse des autres, à la douleur des autres. C’est ce que cela m’inspire. Depuis que j’ai quitté la République islamique, j’ai emporté avec moi de l’anxiété et de la peur. J’ai parfois l’impression que cette anxiété coule comme le sang dans mes veines. L’élection de Trump la ravive. Mais cela m’a aussi permis d’apprendre à quel point chacun d’entre nous a du pouvoir.
Vous savez, le totalitarisme est très séduisant. La démocratie exige de nous que nous soyons responsables.Trump a remporté le vote populaire aux Etats-Unis. Beaucoup d’Iraniens ont aussi suivi l’ayatollah Khomeyni à l’époque. Comment l’expliquez-vous ?Cela nous ramène au début de notre conversation sur le fait que les gens veulent vivre dans un certain confort moral. Vous savez, le totalitarisme est très séduisant. La démocratie exige de nous que nous soyons responsables. Saul Bellow, toujours, dit : “Ceux qui ont survécu à l’épreuve de l’Holocauste, comment survivront-ils à l’épreuve de la liberté ?” Parce que la liberté et la démocratie sont des épreuves très difficiles à surmonter. Il est beaucoup plus facile de se remettre dans les mains de Trump, du guide suprême iranien Ali Khamenei ou de Hitler et se dire qu’ils s’occupent de nous. Les habitants de ma deuxième patrie, l’Amérique, ont oublié que cette liberté n’a pas toujours existé, que des millions et des millions de personnes sont mortes et meurent encore aujourd’hui. Pour que nous ayons cette liberté, il faut l’entretenir et la protéger. Malheureusement, nous y avons renoncé.
Les faits sont devenus très dangereux, personne ne veut les entendre.Pensez-vous que les réseaux sociaux jouent leur part ?Oui, je blâme les réseaux sociaux. Regardez le rôle qu’ils ont joué pendant les élections. Je plains vraiment les pauvres journalistes d’aujourd’hui parce qu’ils se retrouvent dans des polémiques dans lesquelles ils n’ont jamais demandé à être entraînés. Juste parce qu’ils traitent des faits, et les faits sont devenus très dangereux, personne ne veut les entendre. Avec les réseaux sociaux, vous pouvez répandre tant de mensonges et rien ne vous arrive. Je pense qu’il devrait y avoir un contrôle. Cependant, dans les sociétés répressives, ils deviennent l’un des moyens de se connecter au monde.Justement, l’image d’une jeune Iranienne qui se déshabille sur un campus en protestation a fait le tour du monde. Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez vu cette video ?Elle m’a brisé le cœur. Elle a transformé son corps, tout ce qu’elle est, en un acte de protestation silencieuse. Cela va au-delà du courage. C’est une question personnelle et existentielle et ceux qui la réduisent à une seule expression politique ne nous font pas de bien.Voyez-vous tout de même l’avenir avec optimisme pour l’Iran ou pour les Etats-Unis ?Vaclav Havel dit que l’espoir n’est pas l’optimisme. Il dit que nous faisons les choses dans l’espoir, non pas parce que nous allons être récompensés et non pas parce que nous savons ce qui va se passer ensuite. Nous espérons parce que c’est la bonne chose à faire. Je pense donc qu’il est très important, de faire preuve de résilience face à un état d’esprit si répressif, de ne pas abandonner, de ne pas renoncer à soi-même.



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Author : Hamdam Mostafavi

Publish date : 2024-11-17 16:00:00

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Pourquoi l’administration Trump 2.0 pourrait devenir la plus anti-Chine de l’Histoire

Le président américain Donald Trump (d) et son homologue chinois Xi Jinping se serrent la main lors du dîner à Mar-a-Lago, à West Palm Beach, le 6 avril 2017 en Floride




C’est une première dans l’histoire des Etats-Unis : Marco Rubio, le futur secrétaire d’Etat, ne pourra en théorie pas poser le pied en Chine. Le sénateur républicain de Floride est en effet visé par des sanctions imposées par Pékin pour avoir soutenu les manifestations pro-démocratie à Hongkong en 2019 et critiqué la répression des musulmans au Xinjiang. Viscéralement anticommuniste, le dirigeant d’origine cubaine est persuadé, comme beaucoup de responsables à Washington, que la Chine représente une menace existentielle pour les Etats-Unis. Il n’a d’ailleurs pas manqué une occasion, ces dernières années, de proposer des mesures pour punir des officiels chinois ou bloquer l’importation de produits chinois suspectés d’être issus du travail forcé.Le prochain ministre des Affaires étrangères est loin d’être le seul à mener ce combat, dans une administration Trump 2.0 qui apparaît sur le papier comme la plus antichinoise de tous les temps. Le prochain conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz, considère lui aussi que Pékin est l’ennemi public n°1. Comme Rubio, c’est aussi un grand défenseur de la “souveraineté” de l’île de Taïwan – considérée par la Chine comme l’une de ses provinces.A ce duo de faucons, il faut ajouter John Ratcliffe, nommé à la tête de la CIA, qui écrivait fin 2020 : “Les renseignements sont clairs : Pékin a l’intention de dominer les Etats-Unis et le reste de la planète sur les plans économique, militaire et technologique.” Mais aussi Elise Stefanik, qui sera la représentante des Etats-Unis aux Nations unies ; et peut-être Robert Lighthizer, pressenti pour retrouver son poste de représentant au commerce, où il s’était illustré lors du premier mandat Trump en dressant des barrières douanières contre la Chine. Quant à Pete Hegseth, pressenti à la Défense, il martèle que “la Chine construit une armée pour vaincre l’Amérique”.Freiner l’essor de la ChineReste à savoir comment ces nominations se traduiront dans les actes. Les inconnues sont nombreuses concernant les intentions de Donald Trump et la marge de manœuvre qu’il laissera à ses ministres. Le président républicain cherchera-t-il la confrontation avec Pékin ou à conclure un grand accord avec le président chinois Xi Jinping pour lequel il a publiquement déclaré son admiration (“Un homme brillant” qui “contrôle 1,4 milliard de personnes avec une main de fer”) ? Il n’est pas impossible que, mettant en pratique son manuel de L’Art de la négociation (The Art of the Deal), il augmente au maximum la pression sur le régime communiste, tout en cherchant un accord visant à réduire l’énorme déficit commercial américain vis-à-vis de la Chine – même si celui signé lors de son premier mandat n’a guère été respecté par la Chine, d’après les analystes. Une chose paraît certaine, “il faut s’attendre à davantage de frictions entre les Etats-Unis et la Chine”, résume Yun Sun, spécialiste de la Chine au Stimson Center, à Washington. Après avoir atteint des sommets de tension sous Joe Biden au moment de l’affaire des ballons chinois “espions”, début 2023, les relations s’étaient apaisées ces derniers temps.La menace la plus évidente est celle d’une nouvelle guerre commerciale. Trump a déjà promis qu’il imposerait des tarifs douaniers d’au moins 60 % sur les produits importés de Chine. Les Etats-Unis pourraient par ailleurs durcir encore davantage les restrictions sur les exportations de technologies stratégiques vers le géant asiatique. Objectif : freiner le développement de la deuxième économie mondiale dans des secteurs comme l’intelligence artificielle, l’informatique quantique ou la robotique, qui détermineront la hiérarchie mondiale dans les prochaines décennies. Ce mouvement avait été engagé lors du premier mandat de Trump, puis poursuivi par l’administration Biden. La Chine a réagi à ce durcissement en recherchant plus d’autonomie dans la fabrication de produits stratégiques (comme les semi-conducteurs) et moins dépendante du dollar. Mais le ralentissement actuel de son économie ne la met pas en position de force pour une guerre commerciale et technologique.Forte pression sur TaïwanL’arrivée d’une équipe de faucons à la Maison-Blanche pourrait aussi accroître le risque d’escalade en Asie-Pacifique. “Il faut s’attendre à une remontée des tensions autour de Taïwan en 2025. Surtout si les Etats-Unis renforcent leur présence militaire dans la région et adoptent un comportement plus affirmé ; et si leurs livraisons d’armes à Taïpei augmentent”, prévoit Marc Julienne, directeur du Centre Asie de l’Ifri. La Chine pourrait alors se montrer plus belliqueuse encore dans le détroit de Taïwan et en mer de Chine méridionale. “Avec l’intensification de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis, leurs relations deviennent de plus en plus tendues. Mais la stratégie de Trump à l’égard de la Chine consiste à privilégier l’endiguement et les mesures de restriction, afin d’empêcher ce pays de défier les Etats-Unis comme leader mondial, plutôt que de chercher la guerre ou de créer une crise”, nuance Chen Daoyin, politologue indépendant et ancien professeur à l’université de sciences politiques et de droit de Shanghai.Donald Trump a pu laisser entendre – contrairement à Joe Biden – que les Etats-Unis n’interviendraient pas nécessairement en cas d’attaque chinoise contre Taïwan. Difficile toutefois de prévoir comment il réagirait en réalité dans un tel scénario, tant le soutien à Taïwan fait consensus à Washington. Et tant l’ego de Trump risquerait de mal supporter une défaite majeure face à Xi Jinping dans la région. En attendant, “Trump exercera une forte pression sur Taïwan pour que l’île renforce ses défenses militaires et équilibre davantage ses échanges commerciaux avec les Etats-Unis”, pointe la sinologue Yun Sun. Le leader républicain, qui a accusé l’île d’avoir “volé” aux Américains l’industrie des semi-conducteurs, pourrait aussi inciter le président taïwanais Lai Ching-te à adopter un ton plus prudent envers le régime communiste.Face à la déferlante de nominations hostiles à la Chine, Pékin fait pour l’instant le dos rond en attendant de voir ce que lui réserve l’administration Trump 2.0. Mais si l’arrivée de Marco Rubio n’est pas une bonne nouvelle pour le régime communiste, les autorités sont probablement soulagées d’avoir évité un retour de Mike Pompeo, l’ancien secrétaire d’Etat de Trump, jugé encore plus dangereux. “Contrairement à Mike Pompeo, Marco Rubio n’a pas publiquement plaidé en faveur de changements au sein du régime chinois ou de l’établissement de relations diplomatiques formelles entre Washington et Taïpei. Les commentaires de Pompeo visant à antagoniser le peuple chinois au parti au pouvoir ont suscité de vives inquiétudes à Pékin par rapport à la sécurité du régime, qui est la priorité absolue du parti communiste chinois”, souligne Tong Zhao, chercheur au Carnegie Endowment for International Peace, à Washington.Elon Musk comme intermédiaire ?Confrontées à cette nouvelle donne à la Maison-Blanche, les autorités chinoises vont chercher la parade. “Elles vont sans doute essayer de jouer sur les incohérences et les contradictions de la politique de Trump, notamment en tentant d’instrumentaliser des entrepreneurs comme Elon Musk, qui ont beaucoup investi en Chine, et de s’en servir comme intermédiaires”, pronostique Jean-Pierre Cabestan, chercheur associé à Asia Centre. “La constellation des faucons anti-Chine créera une relation de travail très difficile au niveau opérationnel et ministériel. Pékinessaiera probablement de contourner le problème en faisant en sorte que Xi s’engage davantage dans une relation directe avec Trump, sachant qu’il aura le dernier mot sur toutes les décisions”, complète Steve Tsang, directeur de l’institut SOAS China, à l’université de Londres.L’influence qu’aura d’Elon Musk sur le président américain constitue une autre inconnue de l’équation. Le patron de Tesla et de SpaceX a été propulsé à la tête d’un département de “l’efficacité gouvernementale” chargé de tailler dans les dépenses de l’Etat fédéral, mais le principal soutien financier de la campagne de Trump pourrait aussi vouloir peser sur la politique étrangère de son pays. Salué comme un “super génie” par le président élu, il était présent lors de sa première conversation téléphonique avec le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky début novembre ; et il a rencontré récemment l’ambassadeur iranien à l’ONU pour “apaiser les tensions” entre Téhéran et les Etats-Unis, selon le New York Times – une entrevue démentie par l’Iran.Or l’homme le plus riche du monde a d’énormes intérêts en Chine, où il produit la moitié de ses véhicules électriques Tesla. Soucieux d’établir de bonnes relations avec Pékin, il s’est illustré ces dernières années par des propos parfaitement alignés sur la rhétorique chinoise, estimant que Taïwan était une “partie intégrante” de la Chine ou suggérant que l’île adopte un statut similaire à celui de Hongkong. Reste que Trump n’aime pas partager la vedette, ni qu’on s’oppose à lui : pas sûr donc que Musk parvienne à lui imposer ses vues. Ni à empêcher que les relations sino-américaines n’entrent dans une ère de turbulences.



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Author : Cyrille Pluyette

Publish date : 2024-11-17 16:30:00

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Russell Shaw : “Trop de parents se comportent comme si leur enfant allait remporter le prix Pulitzer”

mère et fille faisant leurs devoirs




“Trop de bonté dans les parents cause la perte des enfants”, disait Charles Perrault. Sans aller jusque-là, il suffit de se balader sur un groupe WhatsApp de parents d’élèves ou de faire quelques sorties scolaires pour constater que le stress parental a de beaux jours devant lui. Et comment leur jeter la pierre alors que le harcèlement scolaire est un fléau, que la violence ne s’arrête plus aux portes de l’école et que le niveau des élèves est à la baisse. Pourtant, réagir sur-le-champ et de manière excessive au moindre souci n’est pas toujours le meilleur service à rendre, prévient Russell Shaw, directeur de la Georgetown Day School de Washington, une école privée mixte, de la maternelle à la terminale, non confessionnelle, située dans la capitale américaine et qui a notamment compté parmi ses élèves Ruth Bader Ginsburg, deuxième femme de l’histoire des Etats-Unis à avoir siégé au sein de la Cour suprême. “J’ai passé les trente dernières années à travailler dans des écoles, et j’ai observé des milliers de parents interagir avec les éducateurs et avec leurs enfants. Trop souvent, je vois des parents en faire trop – privant leurs enfants de la confiance qui naît de l’effort et de la persévérance, et s’épuisant eux-mêmes dans ce processus”, confie à L’Express ce diplômé de Yale, qui publie régulièrement des analyses dans The Atlantic.Avec trente ans de métier au compteur et la paternité de trois enfants – “deux sont à l’université, mais la plus jeune est encore à la maison” -, Russell Shaw en est arrivé à la conclusion que “parfois, la meilleure chose qu’un parent puisse faire est de ne rien faire du tout”. Et met en avant les vertus du parent “phare”, qui permet d’élever des enfants plus confiants et plus autonomes. Si l’envie d’intervenir dans les problèmes de votre enfant monte en vous, voici où placer le curseur. Entretien.L’Express : Vous venez de publier un article expliquant que, parfois, le meilleur service qu’un parent puisse rendre à son enfant qui a une contrariété ou se retrouve confronté à une situation difficile, c’est de ne pas intervenir immédiatement voire de ne rien faire du tout. Est-ce le père de famille ou le chef d’établissement expérimenté qui parle ?Russell Shaw : C’est à la fois mon point de vue de parent et de proviseur. L’avantage d’être enseignant, c’est que j’ai pu observer des milliers d’élèves et de parents faire face à ces différentes situations, ce qui permet de déceler certaines tendances. Le premier réflexe d’un parent est de vouloir que tout aille bien pour son enfant à l’instant même où un problème se présente. Néanmoins, cette attitude peut conduire l’enfant à intérioriser le sentiment que, peut-être, il n’est pas à la hauteur parce que sa mère ou son père ont dû intervenir pour l’aider. Dans ces moments-là, j’aimerais dire aux parents : “Je sais que vous exprimez de la bienveillance pour votre enfant et que vous essayez d’être utile. Et pourtant, parfois, vous perdez de vue l’essentiel.”C’est-à-dire ?Tout le monde s’en moque que votre enfant remette son exposé à temps et qu’il soit bien rédigé ! Ce n’est pas comme s’il allait remporter le prix Pulitzer (Rires). Ce qui compte, c’est de faire en sorte qu’il se demande : “Comment est-ce que je m’organise ? Comment est-ce que je me confronte à quelque chose de complexe ?” Les parents perdent de vue, parfois, que grandir, c’est développer ces capacités qui serviront toute la vie, plutôt que de chercher à résoudre un problème immédiat.Une partie du stress parental est générée par les parents eux-mêmesVous enseignez depuis une trentaine d’années. Ce besoin de contrôle qu’exercent les parents sur leurs enfants s’est-il, selon vous, accentué au fil du temps ?Ce n’est pas une tendance nouvelle, mais elle devient plus marquée. Cela fait bien longtemps déjà que certains parents ont du mal à laisser leurs enfants commettre des erreurs, en assumer la responsabilité et en tirer des leçons. Ce n’est pas nouveau. Mais les parents sont beaucoup plus impliqués dans la vie de leurs enfants qu’ils ne l’étaient il y a quelques décennies. A l’époque, les enfants avaient bien plus de liberté et d’autonomie, et les parents ne ressentaient pas la nécessité de pratiquer ce qu’on appelle aux Etats-Unis le “parenting intensif” : planifier toutes les activités de leur progéniture, leur trouver des professeurs particuliers, les inscrire au sport, etc. Les parents passent beaucoup de temps à les conduire d’une activité à l’autre et investissent énormément.Quelle en est la raison d’après vous ?Le monde semble plus incertain. Les parents font face à des changements qui n’existaient pas il y a trente ans. Ils n’avaient pas à se soucier des réseaux sociaux, du réchauffement climatique ou des menaces pesant sur la démocratie ni des fusillades dans les écoles. Ce paysage a donc radicalement changé. Pendant des générations, de nombreux parents ont pensé que leur enfant grandirait et réussirait mieux qu’eux. Or, depuis une dizaine d’années, ils ont cette impression que leur enfant est en compétition pour des ressources de plus en plus limitées, et qu’ils doivent donc intervenir pour s’assurer qu’il obtienne ce dont il a besoin. C’est un réflexe tout à fait naturel. Mais il ne rend pas service aux enfants.Là où il y a de la tension, c’est lorsque le parent décrit une réalité et que l’école en décrit une autreJe pense d’ailleurs que le stress parental actuel provient notamment de cette tendance à vouloir tout organiser pour leurs enfants. Autrement dit, une partie de ce stress parental est en quelque sorte générée par les parents eux-mêmes.Le harcèlement scolaire est un fléau qui inquiète de nombreux parents. Comment réagir lorsque son enfant semble avoir des problèmes relationnels avec un ou plusieurs camarades ? A quel moment faut-il s’en inquiéter ?Je pense qu’il y a deux réponses à cette question. La première se trouve dans le partenariat entre la maison et l’école qui, lorsqu’il fonctionne, est extrêmement important pour accompagner les enfants. En tant qu’enseignant, je ne connaîtrai jamais votre enfant aussi bien que vous mais j’ai l’expérience de centaines, voire de milliers d’élèves. Donc, je peux par exemple vous assurer que lors de l’entrée en sixième, la dynamique des amitiés change. Un enfant se retrouve un peu mis à l’écart et doit trouver un nouveau groupe d’amis. C’est un développement normal à cet âge. En tant qu’éducateur, je peux dire : voici la norme, et ce que j’observe chez votre enfant est en fait en dehors de cette norme. Et si cela se situe en dehors de cette norme, réunissons-nous pour élaborer un plan d’action afin que nous puissions réagir de manière appropriée. Là où il y a de la tension, c’est lorsque le parent décrit une réalité et que l’école en décrit une autre.L’autre point, c’est qu’il est primordial que les parents écoutent leurs enfants mais sans avoir à tout prix une solution en tête. Je leur dis souvent : ne questionnez pas votre enfant avec l’unique intention de déceler de la souffrance. Lorsque votre enfant rentre à la maison, évitez de poser des questions comme : “Alors, qu’est-ce qu’ils t’ont fait aujourd’hui ?” Car, à ce moment-là, vous avez déjà défini votre enfant comme une victime. Si vous pouvez simplement demander “Comment s’est passée ta journée ?” et qu’il répond “C’était difficile”, que vous ajoutez “Pourquoi c’était difficile ?” et qu’il explique “Mes camarades n’étaient pas très gentils dans la cour de récréation”, alors, le mieux est de lui de poser la question suivante : “Comment as-tu réagi ?” Autrement dit, récoltez les indices auprès de votre enfant, et si celui-ci conclut par : “Papa, cela se passe comme ça tous les jours depuis une semaine, et ça me donne envie de ne plus aller à l’école”, alors à ce moment-là il convient de discuter avec le personnel enseignant et d’élaborer une stratégie. Or, ce que je vois parfois, ce sont des parents qui n’attendent pas d’en arriver-là. Ils interviennent un peu trop tôt en disant : “D’accord, c’est un problème”. L’enfant va alors intérioriser deux choses : d’abord, que quelque chose de terrible lui arrive, et ensuite, qu’il n’a pas la capacité de le gérer. Et ce, avant même qu’il ait eu l’occasion d’essayer.Nous voyons davantage de parents qui portent en eux des inquiétudes concernant leurs enfantsD’après ce que vous observez sur le terrain, les cas de harcèlement scolaire vous semblent-ils plus nombreux que par le passé ?Je ne dirais pas que nous voyons forcément plus de harcèlement à l’école, du moins dans celle où j’enseigne, mais je vois deux tendances. La première est que nous avons une génération d’enfants qui ont été marqués par la pandémie de Covid. En maternelle, les enfants apprennent à travailler ensemble à une table et à partager des jouets, or les consignes pendant le Covid demandaient tout le contraire : chacun avait sa propre table, et il ne fallait rien partager. Et donc, alors que les enfants étaient censés apprendre toutes ces compétences d’interaction sociale, ils ont pris du retard. Nous observons donc clairement une augmentation des conflits comportementaux, car les enfants n’ont pas eu la possibilité de développer ces compétences. L’autre chose que nous voyons, surtout chez les adolescents au collège et au lycée, c’est l’impact des réseaux sociaux. Certains phénomènes d’ostracisation se produisent en dehors de l’école, sur Instagram, par exemple. Je pense qu’il est essentiel pour l’école de sensibiliser les élèves sur ce sujet en établissant des consignes. Nous avons beaucoup investi dans la redéfinition des comportements sociaux après la pandémie. Par exemple, dans notre établissement, nous faisons savoir à nos jeunes que leur comportement sur Internet concerne l’école lorsqu’il commence à affecter la santé des élèves. C’est ainsi que nous abordons et communiquons sur ces questions.Les parents se mettent-ils trop de pression ?D’abord, comme pour tout, les parents se situent sur un continuum. Il y a des parents très décontractés qui ne se préoccupent pas de tout ce qui touche à l’école, et d’autres très inquiets et impliqués à l’excès. Je dirais que nous voyons davantage de parents qui portent en eux des inquiétudes concernant leurs enfants. Cela est dû à plusieurs raisons. Je dirais que nous voyons de plus en plus de parents qui portent une certaine anxiété pour leurs enfants, notamment parce que nous constatons une épidémie de problèmes de santé mentale, avec davantage d’anxiété et de dépression chez les jeunes. Il y a aussi de l’incertitude face aux réseaux sociaux, face à l’intelligence artificielle, face au changement climatique et ainsi de suite. Il y a beaucoup de sujets d’inquiétude. Je crois donc que les parents ressentent plus d’angoisse face au monde dans lequel leurs enfants vont évoluer, ce qui les pousse à vouloir prendre des mesures supplémentaires pour les protéger.L’ironie, c’est que le monde physique est plus sûr qu’il ne l’a été depuis longtemps. Cependant, la perception reste marquée par des préoccupations, comme les fusillades dans les écoles aux Etats-Unis, ce qui est bien sûr terrible. Pourtant, au cours des cinquante dernières années, il y a eu environ 3 000 victimes de fusillades en milieu scolaire aux Etats-Unis, alors que 5 000 élèves se suicident chaque année. Je m’inquiète donc davantage pour leur santé mentale, et je pense que cela est en partie lié à un accès incontrôlé à Internet. Nous essayons de garantir la sécurité physique des enfants, mais la question de la santé mentale reste primordiale. Nous ne nous inquiétons pas assez du temps qu’ils passent en ligne, à faire ce qu’ils font.Nous avons considérablement restreint la liberté des enfants, et je crois que cela ne leur rend pas serviceDe votre point de vue de chef d’établissement, les parents sont-ils plus interventionnistes qu’avant sur les questions scolaires ?Certains le sont, oui. Cela peut prendre différentes formes, et cela nécessite que nous fixions des règles. Par exemple, certains parents veulent s’assurer que leur enfant soit dans la classe de certains élèves et pas d’autres. D’autres remettront en question une note attribuée lors d’une évaluation, et plutôt que de laisser l’élève en discuter avec l’enseignant, le parent souhaite intervenir directement.Il peut aussi y avoir des contestations concernant les décisions disciplinaires prises par l’école lorsqu’un élève fait une bêtise. Certains parents voudront argumenter ou même écrire un mot pour expliquer pourquoi ils estiment que l’école a tort. Encore une fois, ce n’est pas le comportement de la majorité des parents, mais certains s’engagent de manière excessive, d’une façon qui, selon moi, n’est pas bénéfique pour les enfants.Selon vous, de plus en plus de parents privent leurs enfants de la confiance qui naît de la difficulté et de la persévérance. Voyez-vous une différence dans le comportement des enfants d’aujourd’hui par rapport à ceux d’il y a vingt ou trente ans ?Je vais prendre mon propre exemple : lorsque j’avais 7 ou 8 ans, je prenais le bus tout seul et je me déplaçais en ville seul, et c’était une chose tout à fait courante pour l’époque. De nos jours, très peu de nos jeunes enfants, ou même de nos jeunes adolescents ont la liberté de se déplacer seuls dans le monde, et ils ne se sentiraient pas capables de le faire. Donc, je pense que les enfants n’ont pas la confiance qui découle du fait qu’on leur accorde de l’autonomie dans le monde réel. Il ne s’agit pas d’envoyer un gamin de 5 ans en ville et de le laisser revenir tout seul le soir, bien sûr. Mais nous avons considérablement restreint la liberté des enfants, et je crois que cela ne leur rend pas service. Car ensuite ils ne se sentent pas capables, par exemple, de prendre un job d’été ou de prendre le métro seuls. Or, il y a une confiance incroyable qui naît de la capacité à se déplacer seul dans le monde, et il faut leur offrir ces opportunités. Car c’est ainsi qu’ils gagnent en assurance et en compétence.Que pensez-vous des applications de géolocalisation pour les enfants ? Elles rencontrent un certain succès…C’est une question vraiment intéressante. J’ai entendu parler de parents qui placent secrètement un AirTag dans le sac à dos de leur enfant pour le surveiller sans que celui-ci le sache. Je ne pense pas que ce mode de surveillance soit bon. Les enfants et les parents devraient discuter de la manière dont ces derniers pourront s’assurer que tout va bien. Par exemple, du point de vue de l’enfant, une bonne approche consisterait à dire : “Je suis d’accord pour te permettre de suivre ma position via l’option de localisation de mon iPhone afin que tu saches quand je suis bien arrivé chez mon ami”. Une autre option pourrait être : “Je n’activerai pas la géolocalisation, mais je t’appellerai dès que je serai arrivé pour te rassurer.”Pour ce qui est des parents, plutôt que d’imposer une surveillance sans choix pour l’enfant, mieux vaudrait dire : “Ce serait rassurant pour moi de savoir que tu es arrivé en sécurité. Discutons ensemble des différentes façons de le faire et convenons d’une solution.”Quelle est votre politique en matière de réseaux sociaux ?Cette année, nous avons décidé d’interdire les smartphones pendant la journée pour nos élèves du lycée, décision que nous avions déjà prise pour les plus jeunes. Nous étions préoccupés par la manière dont cela entravait les vraies interactions, sans parler de l’attention en classe, et du lien avec des problèmes comme l’anxiété et la dépression. L’impact de cette mesure a été assez significatif : il y a un an, pendant leur temps libre, on voyait beaucoup d’élèves marcher dans les couloirs ou s’asseoir ensemble, tous absorbés par leurs écrans. Aujourd’hui, les mêmes parlent davantage entre eux, leurs échanges sont plus spontanés. Cette mesure, bien qu’impopulaire auprès de certains élèves, a été réellement bénéfique.De manière similaire, les réseaux sociaux simplifient et “aplatissent” les interactions humaines, laissant peu de place à la nuance. Or, vu la complexité des problèmes que nos enfants devront résoudre dans le monde, je veux qu’ils développent la capacité à tenir des conversations ouvertes, profondes et nuancées. Les réseaux sociaux poussent souvent les gens à des extrêmes, et bien que je ne puisse pas éliminer leur présence, en tant que proviseur je peux essayer de sensibiliser les élèves. Je leur dis : “L’intérêt de ces entreprises de réseaux sociaux est de créer des algorithmes pour maximiser votre temps d’écran. C’est leur objectif. Et vous, quel est votre objectif en tant que jeunes face à cela ? Comment pouvez-vous prendre le contrôle de la façon dont vous interagissez avec ces outils ?”Comment les parents ont-ils réagi à l’interdiction des smartphones ?Les réactions étaient partagées. Je dirais que la grande majorité étaient ravis, car ils ont l’impression que leurs enfants sont constamment rivés sur leurs appareils. Un petit nombre, cependant, était préoccupé par la sécurité. Par exemple, en cas de fusillade à l’école, comment pourraient-ils contacter leur enfant ? Ou s’ils ont besoin de les joindre pendant la journée, que faire ? Nous avons essayé de mettre en place, dans des limites raisonnables, des moyens alternatifs de communication. Ils peuvent ainsi envoyer un e-mail à leur enfant, contacter le secrétariat, etc.Si un problème d’amitié survient et qu’on le voit comme une catastrophe, il est préférable que le parent reste calme et présent pour l’enfantUn autre avantage inattendu est qu’un élève qui passe une mauvaise journée — s’il n’a pas bien réussi un test ou a eu une interaction difficile — ne peut plus immédiatement envoyer un texto à ses parents, les incitant à intervenir tout de suite. Le fait de ralentir les choses permet à l’enfant de vivre cette expérience, de penser, par exemple, “J’ai mal réussi ce test”. Et quand il rentre cinq heures plus tard, il a parlé à quatre autres élèves qui ont aussi échoué, et a réfléchi à ce qu’il veut faire. Ainsi, au lieu de communiquer à ses parents que c’est une crise nécessitant une intervention, l’enfant peut dire en fin de journée : “Voilà ce qui s’est passé et voici ce que j’ai fait.” Cela aide les parents à ne pas intervenir trop rapidement, à ne pas se mettre en travers du développement de l’autonomie de leur enfant.Bien plus que les enfants, on a presque l’impression en vous lisant que ce sont les parents qui ont surtout besoin d’être soutenus…Dans mon article, je fais référence à un nouveau rapport du Surgeon General [NDLR : l’Administrateur de la santé publique des Etats-Unis] qui parle du stress auquel les parents sont confrontés. Je crois que ce stress est bien réel. Comme je le disais, nos vies sont particulièrement chargées, le monde paraît complexe, nous nous inquiétons pour la sécurité de nos enfants, pour les réseaux sociaux, et tout cela suscite de l’anxiété. Ce que les parents souhaitent avant tout, c’est que leurs enfants deviennent des adultes en bonne santé, épanouis, et pleinement accomplis. A la fin de ce parcours, ils veulent que leurs enfants soient capables de trouver leur chemin dans le monde.Une des façons de réduire le stress parental tout en aidant les enfants est de reconnaître que prendre un peu de recul est bénéfique à la fois pour les parents et les enfants. Ils doivent permettre à leurs progénitures de rencontrer des difficultés, de trébucher et d’apprendre de ces expériences. Cela allégera le fardeau des parents et, à long terme, aidera leurs enfants à s’épanouir pleinement.Quels conseils donneriez-vous aux parents ?Prenez du recul. Ecoutez. Grandir, c’est comme être sur des montagnes russes. Il y a des jours où l’on se sent au sommet du monde et tout semble merveilleux, puis d’autres jours un événement donne l’impression que tout s’écroule. Cela fait partie de la vie d’un enfant. Le rôle du parent n’est pas de monter dans les montagnes russes émotionnelles avec l’enfant. Par exemple, si un problème d’amitié survient et qu’on le voit comme une catastrophe, il est préférable que le parent reste calme et présent pour l’enfant. Ce dont celui-ci a besoin, c’est de stabilité et de constance, pas d’un parent qui vive les hauts et les bas à ses côtés.Voyez-vous des parents en souffrance ?Absolument. L’une des vérités universelles pour les parents est que nous ne sommes heureux que dans la mesure où notre enfant le moins heureux l’est aussi. J’ai vu des parents souffrir énormément quand leurs enfants souffrent, et je ne leur en veux pas du tout pour cela. C’est vraiment difficile.Là où j’essaie de conseiller les parents, c’est sur la manière de réagir pour réellement aider leur enfant qui traverse des difficultés. Est-ce une souffrance normale, qui fait partie du processus de grandir et de développer un sens de la résilience, ou y a-t-il réellement un problème ? Parfois, les parents ont tendance à considérer toute souffrance comme un signe qu’il y a quelque chose de grave. En réalité, la souffrance fait partie de la vie, et c’est une étape du développement. Par exemple, un élève qui n’a pas obtenu un rôle dans une pièce de théâtre peut en être profondément déçu. La réaction des parents doit-elle être d’appeler l’école pour dire qu’elle a fait de la peine à leur enfant, ou bien de dire : “Non, en fait, on n’obtient pas toujours ce qu’on veut dans la vie” ? C’est quelque chose que l’on apprend en grandissant.



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Author : Laurent Berbon

Publish date : 2024-11-17 17:00:00

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