Manager ne fait plus rêver. C’est ce que démontre une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), publiée ce jeudi 23 novembre, qui met en lumière le recul d’une ambition autrefois perçue comme l’acmé d’une carrière professionnelle. Si la fonction attire encore 39 % des cadres, ils sont en effet de moins en moins nombreux à être séduits à l’idée de diriger une équipe en 2023. Une baisse de trois points par rapport à l’an dernier, lorsque 42 % d’entre eux aspiraient à le devenir.Si surprenante qu’elle puisse être, la tendance s’explique en grande partie par les exigences qui incombent à la fonction. Au premier rang desquelles, la gestion des individualités au sein d’une équipe : 39 % des salariés la perçoivent comme “une source de difficultés” ; la charge de travail, elle, est jugée bien plus conséquente, et rebute 24 % des cadres interrogés.Des attentes “trop nombreuses”En outre, près de deux salariés sur dix estiment les attentes de leur entreprise à l’égard des managers “trop nombreuses”. Dans son ouvrage Prenez soin de vous et des autres au travail (Fauves Editions, 2023), l’auteure Anne-Véronique Herter rappelle que 44 % des managers sont en détresse psychologique. Et quatre sur dix sont en burn-out sévère.De quoi en décourager plus d’un à s’engager sur une voie perçue autrefois comme “royale”. D’autant que 36 % des salariés non-managers se disent pleinement épanouis à leur poste, “préférant sans doute mettre en œuvre leurs compétences techniques plutôt que de s’éloigner de leur cœur de métier”, note l’Apec.Motifs de réticence à devenir managerEn revanche, un tiers des cadres ne souhaitant pas devenir manager ne rejettent pas complètement cette perspective. 32 % considèrent ne pas avoir la personnalité requise pour incarner la fonction. Ce, quand bien même “le leadership” serait “moins une affaire d’être que de faire”, comme l’affirme Christophe Genoud dans son ouvrage Leadership, agilité, bonheur au travail… Bullshit ! En finir avec les idées à la mode et revaloriser (enfin) l’art du management (Vuibert, 2023). Par ailleurs, 10 % pensent manquer d’expérience et estiment ne pas disposer de recul. Des prorata qui grimpent respectivement à 45 % et 23 % chez les jeunes cadres.La jeunesse comme moteur de l’ambitionPourtant, la volonté de devenir manager demeure paradoxalement plus forte chez ces jeunes salariés. Plus de la moitié des cadres de moins de 35 ans espèrent ainsi accéder à des responsabilités de direction, contre seulement 33 % des 35-54 ans et 28 % des plus de 55 ans.Evolution de la part de cadres non-managers souhaitant le devenirUn écart qui s’explique par plusieurs phénomènes. Tout d’abord, les cadres de plus de 35 ans sont “en proportion plus nombreux que les plus jeunes à être déjà managers”. Et pour ceux qui ne le sont pas, ou ne l’ont jamais été, “ils peuvent ne l’avoir jamais désiré ou estimer qu’il est désormais trop tard”, décrypte l’Apec dans son étude. Par ailleurs, un quart des jeunes salariés nourrissent la volonté de voir leurs missions évoluer.Evoluer pour assurer la transmission de compétencesEt pour cause : derrière l’envie d’occuper un poste de direction, se cache celle d’évoluer professionnellement. 32 % des salariés interrogés déclarent ainsi avoir “avant tout le désir de progresser en termes de carrière”. Une proportion qui s’élève à plus de 40 % pour les plus jeunes d’entre eux. “Pour eux, la progression de carrière constitue très nettement le premier motif d’attrait pour le management”, insiste l’Apec qui constate également “l’envie de transmettre ses compétences et de faire progresser les autres”.Ainsi, 32 % souhaiteraient endosser ce rôle “pour transmettre leurs compétences” et 24 % estiment disposer de “l’expérience nécessaire” pour y parvenir. Julien Dreher, cofondateur de Ground, n’a-t-il pas écrit dans son ouvrage Tous managers ! Renoncer à la subordination pour libérer la coopération dans l’entreprise, (Editions Eyrolles, 2023) que “gérer” consiste essentiellement à “favoriser le travail collectif ou accompagner des collaborateurs” ?Le salaire, une des premières motivationsMais alors que le pouvoir d’achat des Français n’a cessé de se rabougrir ces derniers mois, la question de la rémunération conserve elle aussi sa place sur le podium des motivations qui poussent les salariés non-managers à le devenir.Ainsi, un quart d’entre eux ambitionnent de gravir les échelons dans l’optique d’augmenter leur salaire. Une vision partagée par près de trois cadres sur dix de moins 35 ans. “La fonction de manager leur apparaît comme une position plus avantageuse dans l’entreprise, position couplée à une rémunération plus importante”, poursuit l’association.Motifs d’attrait de la fonction de managerPour autant, si les moins de 35 ans se disent en moyenne plus motivés à l’idée d’exercer des responsabilités de dirigeants, l’étude met en lumière un net recul de la cote du management auprès des jeunes éléments. Si le désir de devenir manager était partagé par 63 % des salariés de moins de 35 ans en 2022, ils ne sont plus que 56 % en 2023. Soit une baisse de 7 points en un an.Cette étude a été réalisée par la direction Données et études (DDE) de l’Apec. Les analyses présentées s’appuient sur les résultats des enquêtes suivantes : le baromètre de l’Apec, réalisé chaque mois auprès de 1 000 ou 2 000 cadres en poste dans le secteur privé (juin 2022, septembre 2022, mai 2023) et 24 entretiens réalisés auprès de cadres managers et non-managers (mars et avril 2023)
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Author : Ambre Xerri
Publish date : 2023-11-23 16:53:08
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