*.*.*
close

L’Express

L’appel de médecins, nutritionnistes et chefs : “Stop aux dictatures alimentaires !”

logo




Pas une saison ne passe sans que des recommandations alimentaires, souvent à des fins marketing, se multiplient en s’appuyant sur des données insuffisantes et discutables. Ces recommandations et les conduites alimentaires qui en découlent peuvent entraîner des conséquences sérieuses pour ceux qui les suivent, tant notre santé est liée à ce que nous mangeons. Rappelons que 40 % des cancers sont attribués à notre mode de vie et à l’environnement. Le tabac et l’alcool sont responsables du plus grand nombre de cas de cancers évitables, suivis par le surpoids et l’obésité. Parmi ces facteurs, la majorité regroupe donc des facteurs nutritionnels sur lesquels il est possible d’agir.Nous, médecins, nutritionnistes, chefs cuisiniers, scientifiques, usagers… prenons la plume aujourd’hui pour nous ériger contre ces recommandations qui pousseraient une partie de nos concitoyens à basculer vers une radicalité dans l’observance de certains “régimes”, sans aucune compréhension des risques qu’ils peuvent prendre. Nous souhaitons rappeler ici les informations vérifiées, scientifiques et essentielles sur l’alimentation dans un contexte où les fake news inondent les réseaux.Des raisons médicales, dont l’obésité, peuvent justifier de modifier son alimentation. En France, 1 personne sur 2 est en surcharge pondérale et 1 sur 6 en situation d’obésité. Si sans doute 10 % des cas d’obésité seraient d’origine génétique, la grande majorité est liée aux conditions et modes de vie dont une mauvaise alimentation.Depuis 2021, en France, l’obésité est considérée comme une maladie chronique mais ne bénéficie pas de la prise en charge à 100 % dans le cadre d’une affection de longue durée (ALD). Cette reconnaissance en ALD pourrait permettre aux patients concernés de bénéficier, avant même la survenue de complications (maladies cardiovasculaires, diabète, hypertension artérielle et nombreux cancers), d’une prise en charge médicale adaptée et d’une véritable éducation thérapeutique.Non transformésParmi les autres situations justifiant une alimentation spécifique, figurent les intolérances alimentaires et certaines allergies. L’intolérance au lactose et à une partie des produits laitiers concernerait environ 30 % de la population en France. Par ailleurs, de nombreuses personnes souffrent de douleurs digestives en ingérant du gluten particulièrement présent dans le blé et les produits qui en contiennent. L’exclusion du lactose et celle du gluten doivent cependant être médicalement encadrées, car pouvant entrainer des carences.Enfin, les avancées de la recherche fondamentale semblent montrer que le régime cétogène, en réduisant les aliments contenant des glucides, pourrait, pour certains patients vivant avec un cancer (entre 6 et 10 % d’entre eux), constituer une piste pertinente en complément des traitements habituels.Une alimentation saine passe essentiellement, à l’instar des régimes méditerranéens, par des produits frais, variés et non transformés : légumes, fruits, produits céréaliers peu raffinés (contenant fibres et vitamines), légumineuses, poissons et, de façon plus modérée, laitages et viandes. C’est bon pour la santé, car c’est une façon de se passer des additifs que renferment la plupart des aliments transformés (conservateurs, colorants, agents de texture…). C’est bon pour le portefeuille, à qualité égale, les produits non transformés étant moins coûteux que ceux qui le sont. Et enfin, c’est bon pour la planète (moins d’agriculture intensive, moins d’emballages, produits locaux et de saison…).Nous appelons à retrouver le plaisir de cuisiner ces produits sélectionnés, de prendre le temps de les déguster ensemble, assis autour d’une table. Car une bonne assimilation dépend aussi d’une bonne digestion et donc de la façon d’ingérer les aliments.Information fiableRappelons que les quatre piliers de notre alimentation sont le fer, le calcium, les phytonutriments (fruits et légumes) et les acides gras essentiels. Or les aliments ne se valent pas tous : pour combler nos besoins en fer, certains aliments peuvent être riches en fer peu assimilable (épinards, légumes secs cuits) alors que d’autres en contiennent des quantités importantes bien assimilables (viande, poisson ou foie) ; de même pour le calcium, 150 ml de lait de vache (180 mg de calcium) équivalent à 600 grammes de légumes secs. De ce fait, ceux qui suivent un régime végétalien ou végétarien doivent être extrêmement vigilants. Les risques liés aux carences en fer, en calcium ou encore en vitamine B12 (présente uniquement dans les produits d’origine animale) sont bien documentés (anémie et fatigue, ostéoporose et fragilité du squelette, troubles neurologiques, …). Les conséquences de ces carences sont majeures chez l’enfant.Il est urgent de diffuser, notamment auprès des populations les plus défavorisées qui souffrent le plus de troubles nutritionnels, une information fiable sur l’alimentation. Celle-ci doit concerner les cantines scolaires (c’est dès l’enfance que les habitudes se prennent), les entreprises, les Ehpad, et tous les lieux de collectivité rassemblant des personnes, quel que soit leur milieu socio-économique. A cet égard, on ne peut que saluer le Nutri-Score qui est un outil utile pour guider le consommateur dans ses choix alimentaires. Mais il faut aller plus loin. Nous connaissons, par exemple, les ravages des sodas trop sucrés ; il y aurait un message de santé publique simple à marteler partout : tout ce qui n’est pas de l’eau est un aliment !Avec une posture mesurée, nous sommes convaincus qu’il est possible de trouver un mode d’alimentation “œcuménique” qui permette d’allier hédonisme et bénéfices pour notre santé et pour notre planète. Selon Katerina S. Stylianou, chercheuse en diététique à l’université du Michigan, en remplaçant seulement 10 % de l’apport calorique quotidien provenant de la viande (notamment bœuf et charcuterie) par des fruits, des légumes, des noix, des légumineuses et certains fruits de la mer, on pourrait ainsi obtenir des améliorations substantielles de la santé (48 minutes de vie gagnées/personne/jour) et une réduction de 33 % de l’empreinte carbone alimentaire.S’il faut rompre avec l’alimentation typiquement occidentale (“Western diet”) qui conduit l’humanité au surpoids et à l’obésité et ruine notre planète, il convient de ne pas passer, sans réflexion ni prudence, à des régimes d’exclusion qui exposent à de graves carences.Par des contributeurs du livre blanc de la Fondation de l’Académie de Médecine, “Alimentation aujourd’hui et demain” : Pr Catherine Buffet* (ancien Chef de service Hépato-gastro-entérologie à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre), Pr Gabriel Perlemuter* (chef du service d’hépato-gastro-entérologie et nutrition à l’hôpital Antoine Béclère université Paris-Saclay), Olivier Roellinger (chef cuisinier étoilé), Pr Richard Villet* (chirurgien viscéral, secrétaire général de la Fondation de l’Académie de Médecine), Pr Judith Aron-Wisnewsky (médecin nutritionniste à l’hôpital Pitié-Salpêtrière), Pr Antoine Bioy (enseignant chercheur (Paris 8) et responsable scientifique AMCA), Olivier Bohuon (président de la Fondation de l’Académie de Médecine), Dr Marie-Christine Boutron-Ruault (médecin interniste, hépato-gastroentérologue, nutritionniste à l’Institut Mutualiste Montsouris),Anne Buisson (directrice de l’AFA Crohn RCH France), Isabelle Bretegnier (diététicienne-formatrice, présidente de la SCIC Nourrir l’Avenir), Pr Florence Campeotto (pédiatre gastro-entérologue à l’Hôpital Necker-Enfants malades), Danielle Castellotti (présidente de la Fondation Sandrine Castellotti), Pr Bernard Charpentier* (président honoraire de l’Académie Nationale de Médecine- président honoraire de la Fédération Européenne des Académies de Médecine (FEAM)), Camille Corman (fondatrice de 1Food1Me, Le Français de la Nutrition Personnalisée), Dr Odile Cotelle (médecin généraliste et attaché de consultation de l’Hôpital Antoine-Béclère),Hugues Ducoin (fondateur du Restaurant-Traiteur apéti), Dr Jacques Fricker (nutritionniste, AIHP. Ph.D., M.D.), Dr Frédéric Fumeron (épidémiologiste-généticien, maître de conférences émérite), Carole Galissant (directrice Transition alimentaire et Nutrition Sodexo France), Pr Olivier Goulet (chef du service de Gastroentérologie-Hépatologie-Nutrition de l’Hôpital Necker-Enfants malades), Brigitte Jolivet (présidente de l’AFDIAG – Association Française des Intolérants Au Gluten), Anne-Sophie Joly (présidente du Collectif National des Associations d’obèses), Pr Georgia Malamut (gastro-entérologue et hépatologue de l’hôpital Cochin), Pr Jean-Pierre Michel* (professeur émérite de la Faculté de Médecine de Genève), Jean-Louis Peyraud (chargé de missions à la Direction Scientifique Agriculture INRAE), Dr Didier Rémond (docteur en nutrition et en physiologie), Pr Nadine Vivier (présidente honoraire de l’Académie d’agriculture de France).*Membre de l’Académie nationale de médecine



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/lappel-de-medecins-nutritionnistes-et-chefs-stop-aux-dictatures-alimentaires-PHYBG7FQCNG53HP37A5SZGSNIU/

Author :

Publish date : 2023-11-23 06:30:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Guerre Israël – Hamas : entre RN et LFI, l’heure du grand renversement

Guerre Israël - Hamas : entre RN et LFI, l’heure du grand renversement




Dans cet épisode, Marylou Magal et Olivier Pérou, du service politique de L’Express, analysent une bascule dans la politique française : Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise absents de la marche contre l’antisémitisme, tandis que Marine Le Pen et des élus du Rassemblement national peuvent y défiler sans vraiment d’encombre…RETROUVEZ TOUS LES EPISODES DE LA LOUPEEcoutez cet épisode et abonnez-vous à La Loupe sur Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Google Podcasts, Podcast Addict et Amazon Music.Inscrivez-vous à notre newsletter.L’équipe : Charlotte Baris (présentation et écriture), Léa Bertrand (montage) et Jules Krot (réalisation).Crédits : INA, RMC, LCPMusique et habillage : Emmanuel Herschon/Studio TorrentCrédits image : Geoffroy Van der Hasselt/AFPLogo : Anne-Laure Chapelain/Benjamin ChazalComment écouter un podcast ? Suivez le guide.Charlotte Baris : Depuis le début de la saison 3 de La Loupe, nous vous proposons un nouveau podcast : un chiffre de l’actualité, dont on décrypte tous les enjeux en un peu plus de cinq minutes, toujours avec un journaliste de la rédaction de L’Express.Et le sujet d’aujourd’hui aurait pu faire partie de ces podcasts. Je vous donne le chiffre qui nous a interpellé : 42 %. C’est la proportion de Français qui fait confiance à Marine Le Pen pour lutter contre l’antisémitisme. Presque un sur deux ! Cette donnée, elle provient d’une enquête de l’Ifop, un institut de sondage français.Dans cette étude, qui date du 16 octobre, donc quelques jours après les attaques du Hamas contre Israël, il est précisé en revanche, que seuls 17 % des sondés font confiance à Jean Luc Mélenchon pour lutter contre l’antisémitisme.Les prises de position de La France Insoumise et du Rassemblement national depuis le 7 octobre n’ont fait que confirmer une tendance politique déjà en marche depuis longtemps. À mesure que le parti de gauche se radicalise, l’ancienne formation de Jean Marie Le Pen tente d’achever sa dédiabolisation. Un grand renversement qui pourrait avoir des conséquences, jusque dans les urnes…Pour aller plus loinMarche contre l’antisémitisme : le RN et les manifestations, quarante ans de tumulteMarche contre l’antisémitisme : accueillie sans heurts, Marine Le Pen fait profil basPour Jean-Luc Mélenchon, l’antisémitisme est un point de détail de l’histoire



Source link : https://www.lexpress.fr/podcasts/laloupe/israel-hamas-entre-rn-et-lfi-lheure-du-grand-renversement-TN7S4YUTMBGJRD7INFCGITWEOM/

Author :

Publish date : 2023-11-23 04:44:06

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Israël-Hamas : “Les dirigeants des pays arabes sont tous terrifiés à l’idée d’être renversés”

logo




Après l’attaque sanglante menée par le Hamas le 7 octobre, le peuple israélien a reçu de nombreuses marques de soutien de la communauté internationale. Mais, plus d’un mois après la tragédie, la question de la “proportionnalité” de la riposte militaire israélienne est désormais au cœur des débats – au point que le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, a interpellé le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, sur les “trop nombreuses pertes civiles” à Gaza, lui rappelant la “nécessité absolue de distinguer les terroristes de la population”.Pour L’Express, le maître de conférences en sciences politiques à l’université Yale Graeme Wood, par ailleurs contributeur du magazine américain The Atlantic, décrit les difficultés auxquelles l’armée israélienne, écartelée entre son objectif de “détruire le Hamas” et la nécessité de préserver les civils, est aujourd’hui confrontée. “Pour savoir si les calculs de l’armée israélienne sont justifiés, la question doit être posée de la manière suivante : si les Israéliens devaient tuer 10 000 de leurs propres concitoyens pour atteindre leurs objectifs, le feraient-ils ? Ou se battraient-ils d’une autre manière ? Ils devraient se battre comme si toutes les vies civiles, gazaouies et israéliennes, avaient la même valeur. Mais, à mon avis, s’ils devaient tuer les leurs, ils réajusteraient leurs tactiques de combat pour éviter d’avoir à les tuer, ce qui me laisse penser que le calcul de proportionnalité qui a été effectué devrait être reconsidéré par Israël. Cela dit, il s’agit d’une guerre, et l’on oublie parfois que, en temps de guerre, des calculs moraux étranges sont obligatoires”, analyse Graeme Wood. Entretien.L’Express : A l’heure où la bande de Gaza est coupée en deux, considérez-vous l’opération menée par l’armée israélienne comme un “succès” ?Graeme Wood : Si l’on mesure le succès uniquement à l’aune de la progression de l’armée israélienne vers son objectif initial – la destruction du Hamas –, alors, oui, c’est un succès : la capacité opérationnelle du Hamas, y compris des autres groupes armés opérant dans la bande de Gaza, tels les combattants du Djihad islamique palestinien, est presque réduite à zéro. De plus, le nombre de morts israéliens dans cette opération est, jusqu’à présent, bien inférieur aux prévisions.Bien entendu, ce constat ne tient pas compte du nombre incroyable de morts, de souffrances et de dégâts causés au cours de cette opération.Les bombardements à Gaza entraînent une baisse quotidienne du soutien international à Israël, au point que même certains de ses alliés appellent à une pause humanitaire, voire à un cessez-le-feu. N’est-ce pas là un facteur important à prendre en compte pour Israël ?Pour les Israéliens, la gestion de l’opinion publique internationale est une question très secondaire, compte tenu de ce qui est en jeu pour eux, à savoir leur survie. Les Israéliens sont conscients que l’opération militaire cause la mort d’un grand nombre de personnes. Mais, en même temps, ils constatent que le monde est sélectivement indigné. Comparée aux manifestations populaires en faveur de Gaza, la perte de vies humaines lors d’actions militaires antérieures, comme en Ukraine ou pendant le siège d’Alep, n’a provoqué pratiquement aucune réaction. D’autre part, une grande partie de l’opinion publique s’indigne sans savoir comment la guerre est réellement menée. Je ne dis pas qu’il s’agit d’une guerre “propre”, mais que nous n’en savons pas assez pour déterminer si Israël a commis des crimes de guerre.Tout le monde ne semble pas être d’accord avec vous… Le 9novembre, un groupe d’avocats a déposé une plainte auprès de la Cour pénale internationale, à La Haye, contre l’Etat d’Israël pour crime de génocide à Gaza.Selon le théoricien américain du droit des conflits armés Benjamin Wittes, lorsqu’une guerre est livrée contre une entité comme le Hamas, qui dit ouvertement se cacher parmi la population civile, l’aspect de cette guerre est le même qu’elle soit menée légalement ou illégalement, jusqu’à ce que des preuves permettent de déterminer ce qu’il en était vraiment. A l’heure actuelle, aucun belligérant ne fournit de telles preuves. Il ne suffit pas de compter les cadavres pour savoir si un crime de guerre a été commis.Il est important de céder le moins possible à l’émotion sur ce sujet, et de comprendre que, si le grand nombre de morts civiles suggère l’existence de crimes de guerre, il ne confirme en rien que celles-ci sont bien la conséquence d’opérations militaires contraires au droit international. Pour l’heure, ce que nous savons, c’est que le Hamas a commis des crimes de guerre. Et cela est incontestable, parce qu’il s’est filmé en train de tuer intentionnellement des civils.Après l’attaque du Hamas, l’Otan a appelé Israël à réagir de manière “proportionnée”. Est-ce le cas ?En théorie, toute armée professionnelle moderne dispose d’une équipe de juristes qui calculent si les pertes en vies humaines sont proportionnelles à l’objectif militaire. De mon point de vue, pour savoir si les calculs de l’armée israélienne sont justifiés, la question doit être posée de la manière suivante : si les Israéliens devaient tuer 10 000 de leurs propres concitoyens pour atteindre leurs objectifs, le feraient-ils ? Ou se battraient-ils d’une autre manière ? Ils devraient se battre comme si toutes les vies civiles, gazaouies et israéliennes, avaient la même valeur. Mais, à mon avis, s’ils devaient tuer les leurs, ils réajusteraient leurs tactiques de combat pour éviter d’avoir à les tuer, ce qui me laisse penser que le calcul de proportionnalité qui a été effectué devrait être reconsidéré par Israël. Cela dit, il s’agit d’une guerre, et l’on oublie parfois que, en temps de guerre, des calculs moraux étranges sont obligatoires.Que voulez-vous dire ?La raison pour laquelle nous avons un droit international de la guerre est que la guerre est une catégorie d’activité humaine différente de l’ordinaire. Dans ce dernier cas, la vie est inviolable et ne fait pas l’objet de calculs de proportionnalité.Autrement dit, on ne fait pas d’analyse coût-bénéfice avec la vie humaine. La perspective de sacrifier quelques vies pour atteindre un objectif est inimaginable. Mais, en temps de guerre, penser en ces termes est une obligation. En fait, c’est le seul moyen que nous connaissions pour gérer une guerre sans sombrer dans la sauvagerie la plus totale.Le Hamas n’a-t-il pas un avantage stratégique sur Israël, qui a non seulement été pris de court, mais qui se retrouve coincé entre son objectif de détruire le Hamas et la nécessité d’épargner les civils ?Si. Le Hamas, comme d’autres groupes insurrectionnels, ressemble à ces bougies fantaisie sur les gâteaux d’anniversaire : vous soufflez et la flamme revient toujours, comme par magie. Si Israël veut isoler et diminuer ces groupes pour s’assurer qu’ils ont un effet minimal sur la vie quotidienne des Israéliens, il peut le faire. Mais peut-il les détruire complètement et définitivement ? Probablement pas.De plus, le Hamas ne respecte pas les lois de la guerre et utilise ouvertement des tactiques telles que la prise d’otages et l’exécution de non-combattants, qui constituent des cas flagrants du point de vue de la Cour pénale internationale. Cela signifie que le Hamas dispose d’une liberté d’action qu’Israël n’a tout simplement pas. Cela dit, Israël dispose aussi d’un avantage considérable : celui d’être un pays puissant doté d’une armée qui, même si elle a été prise au dépourvu, peut mobiliser d’énormes ressources, talents et compétences en un court laps de temps.Cette guerre ravive également les tensions dans la région. Faut-il s’attendre à un embrasement ?Je pense que le moment le plus dangereux est passé. Au lendemain du 7 octobre, Israël était extrêmement vulnérable. L’Iran ou le Hezbollah auraient eu un énorme avantage s’ils étaient entrés en guerre, car ils auraient pu surprendre Israël au moment où il était le moins préparé, ce qu’ils n’ont pas fait.Cependant, le conflit peut encore s’étendre. De mon point de vue, deux scénarios sont à surveiller. Le premier concerne la frontière avec le Liban (et, dans une certaine mesure, avec la Syrie), au nord d’Israël. Après le 7 octobre, des échanges de tirs intenses ont eu lieu entre le Hezbollah et Israël dans cette zone, et ce encore récemment.Or, dans le même temps, Israël réfléchit à introduire une nouvelle doctrine selon laquelle il n’autorisera plus la présence à ses frontières d’un ennemi capable de l’attaquer comme l’a fait le Hamas. Cela s’applique bien sûr à Gaza, mais aussi à la frontière avec le Liban. Or cela impliquera forcément une confrontation avec le Hezbollah. Le déclenchement d’une guerre au nord pourrait facilement s’étendre à d’autres pays, détruisant encore plus le Liban, ce qui serait une catastrophe absolue.Le deuxième scénario est celui d’un mouvement de colère populaire dans les pays arabes, notamment dans les pays en paix avec Israël, comme l’Egypte, la Jordanie et, dans une certaine mesure, l’Arabie saoudite. La production massive d’images de la souffrance et de la mort d’Arabes causées par l’invasion de Gaza exerce une pression croissante sur ces trois pays. Ils entretiennent des relations amicales, voire diplomatiques, avec Israël, et doivent en même temps expliquer à leurs populations pourquoi ils restent amis avec un pays qui tue des Arabes tous les jours. Leurs dirigeants sont tous terrifiés à l’idée d’être renversés. Et si l’un d’entre eux tombait sous l’impulsion d’une révolte populaire, au profit d’un gouvernement d’orientation islamiste, voire djihadiste, la situation régionale serait radicalement modifiée.Le professeur de criminologie et auteur d’Au commencement était la guerre (Fayard), Alain Bauer, a déclaré sur France 5 : “En essayant d’éradiquer le Hamas à Gaza, Israël donne du pouvoir au Hamas en Cisjordanie [et le] Hamas gagne aussi du terrain parmi les Arabes israéliens. […] Israël est en train de s’autodétruire.” Etes-vous d’accord ?Le Hamas était déjà relativement populaire en Cisjordanie avant le 7 octobre. Les habitants de la Cisjordanie ont toujours été gouvernés par l’Autorité palestinienne sous occupation militaire israélienne, il n’est donc pas surprenant qu’il y ait un terrain fertile pour le Hamas, qui n’exerce aucune responsabilité dans cette région. Inversement, le Hamas n’est pas très populaire à Gaza, qui est sous sa gouvernance.Les Israéliens sont extrêmement attentifs à la montée du soutien au Hamas en Cisjordanie, car devoir gérer en même temps la situation à Gaza et une intifada en Cisjordanie rendrait cette guerre encore plus difficile. Assez discrètement, Israël a mené des raids en Cisjordanie au cours du mois dernier – et encore récemment. Je pense qu’il s’agit de préparer le terrain pour s’assurer que ceux qui pourraient être à la tête d’un soulèvement soient neutralisés pendant cette période de grande vulnérabilité pour Israël.En poursuivant son opération à Gaza, Israël ne se met-il pas définitivement à dos de nombreux Arabes israéliens ?Les Arabes israéliens représentent près d’un cinquième de la population d’Israël. Ils sont certainement dans une position très difficile en raison de la sympathie qu’ils peuvent éprouver pour leurs frères arabes, mais, en même temps, ils savent que de nombreux Arabes israéliens ont été tués sans distinction dans l’attaque du Hamas. Je ne dirais pas que le tableau d’ensemble est celui d’une fraternité totale avec Israël, mais les expressions de solidarité que nous voyons de la part de la communauté arabe israélienne auraient probablement été plus faibles avant l’attaque du 7 octobre. Depuis lors, beaucoup ont montré leur empathie à l’égard des victimes et partagent un sentiment d’appartenance nationale.Vous avez évoqué les raids de l’armée israélienne en Cisjordanie. Cette zone pourrait-elle constituer un nouveau front militaire ?De mon point de vue, il est peu probable que la Cisjordanie soit envahie militairement comme l’a été la bande de Gaza. Les situations sont très différentes. Il s’agit d’un côté d’une zone gérée par l’Autorité palestinienne sous occupation israélienne. De l’autre, la bande de Gaza est contrôlée par le groupe terroriste Hamas et n’était pas sous occupation au sens strict.Cependant, la Cisjordanie est déjà envahie d’une manière différente, par le mouvement de colonisation qui progresse régulièrement depuis le 7 octobre. De nombreux colons juifs ont saisi cette occasion pour continuer à chasser les Arabes qui vivent dans la région depuis des décennies ou davantage. Tant que ce processus de colonisation se poursuivra, il n’y aura aucune possibilité de paix. De ce fait, si le risque que la Cisjordanie devienne un nouveau front est faible, le risque d’une intifada y est en revanche plus important.Selon le Times of Israël, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a déclaré : “Nous devons nous occuper du Hamas en Cisjordanie et de l’Autorité palestinienne, qui a des positions similaires à celles du Hamas et dont les dirigeants se sont identifiés au massacre perpétré par le Hamas, exactement comme nous nous occupons de Gaza.” Ne faut-il pas s’en inquiéter ?Itamar Ben-Gvir est un fanatique notoire et un personnage puissant du gouvernement Netanyahou. Aussi, lorsqu’il déclare que l’Autorité palestinienne devrait être traitée comme le Hamas, les gens sérieux devraient s’alarmer. La vérité est que l’Autorité palestinienne n’a rien à voir avec le Hamas. Il est vrai que la thèse de 1983 de Mahmoud Abbas contient des déclarations antisémites. Et que, oui, c’est inquiétant. Mais l’Autorité palestinienne ne prévoit pas de tuer le plus grand nombre possible d’Israéliens, y compris des enfants, des femmes et des personnes âgées. Si un Ben-Gvir planifie la conquête de la Cisjordanie en assimilant le Hamas à l’Autorité palestinienne, il faudrait demander à Israël si c’est bien son plan, et ses alliés devraient exiger qu’un tel dessein ne soit pas poursuivi.Le président américain, Joe Biden, a appelé à la réunification future de la Cisjordanie et de la bande de Gaza sous l’égide d’une “Autorité palestinienne revitalisée”, dans une tribune publiée dans le Washington Post. Mais l’Autorité palestinienne est impuissante et mal accueillie à Gaza depuis quinze ans. Ne s’agit-il pas d’un vœu pieux ?La solution consistant à redonner du pouvoir à l’Autorité palestinienne est probablement la seule qui soit réellement envisageable. Pourtant, elle a été massivement rejetée par le gouvernement israélien. L’unique option qui pourrait concurrencer de près ou de loin cette solution serait de s’efforcer de faire revenir les élites intellectuelles palestiniennes qui sont parties à l’étranger pour échapper à la situation politique. Les Etats-Unis, la Jordanie, les Emirats arabes unis et l’Egypte devraient alors les soutenir et les supplier de créer un gouvernement et un Etat transparents et non corrompus.Le problème, bien sûr, est de trouver ces personnes. Il faudrait qu’elles soient prêtes à se rendre à Gaza, en passant derrière les chars israéliens (ce qui est une façon humiliante d’arriver dans son propre pays). Elles devraient également avoir les compétences politiques nécessaires pour faire le travail et ne pas être immédiatement dévorées par les pouvoirs en place à Gaza – qui compteraient probablement de nombreux partisans du Hamas, mécontents que des Palestiniens soient prêts à participer à un projet qui aurait vu le jour après l’invasion de la bande de Gaza par Israël.La cote de popularité de Benyamin Netanyahou a récemment atteint 27%, ce qui est très bas pour un dirigeant en temps de guerre. Son avenir politique est-il en danger ?Il est possible qu’il reste au pouvoir. Certes, Netanyahou est détesté par presque tout le monde, y compris par l’aile droite de son pays. Beaucoup le considèrent comme un individu agissant pour promouvoir sa carrière politique au détriment de la sécurité physique des Israéliens. Vous trouverez même des Israéliens à l’extrême droite qui considèrent que Netanyahou a totalement échoué face à l’attaque du Hamas, et qu’il n’est plus digne de gouverner.Cependant, lorsqu’un individu n’a ni fierté ni honneur, il ne part pas de lui-même. Il faut donc le pousser vers la sortie et choisir une autre personne capable de diriger un gouvernement approuvé par un nombre suffisant d’Israéliens. Cela, ajouté au fait que, en tant que telle, la politique de droite de Netanyahou ne déplaît pas à tout le monde, peut constituer un frein à un hypothétique changement. Je pense donc qu’Israël est dans une impasse : tout le monde veut que Netanyahou parte, mais personne ne connaît quelqu’un qui ait les capacités suffisantes pour prendre la relève dans un tel contexte. C’est ainsi : un homme politique qui dirige un gouvernement avec un taux d’approbation de 27 % peut survivre, même s’il suscite le dégoût et la déception de la majorité de ses concitoyens.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/israel-hamas-les-dirigeants-des-pays-arabes-sont-tous-terrifies-a-lidee-detre-renverses-ZQGUT3HFLRGBNK6EXGEOURSUE4/

Author : Alix L’Hospital

Publish date : 2023-11-23 04:45:18

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

En Russie, les femmes de soldats mobilisés en Ukraine défient le pouvoir

logo




“Qu’elles ferment leurs charmantes bouches”. En Russie, à l’instar d’Elena Penzina, députée de la région de Krasnoïarsk, les autorités s’exaspèrent des revendications de quelques épouses de soldats russes mobilisés en Ukraine – une population pourtant généralement acquises à la cause du Kremlin. Ayant prévu de se rassembler dans la ville de Kemerovo, en Sibérie, le 15 novembre dernier, pour exiger le retour de leurs fils et maris du front, elles se sont heurtées à la machine du pouvoir russe, intransigeante envers la moindre critique sur l'”opération militaire spéciale”.Actuellement, plus de 300 000 hommes sont déployés sur le front en Ukraine, mais contrairement aux soldats engagés dans des milices privées et aux anciens détenus recrutés en prison, ils ne connaissent pas leur date de fin de contrat, et ne “rentreront chez eux qu’après l’achèvement de l’opération militaire spéciale”, a tranché Andreï Kartapalov, président du Comité de la défense de la Douma, le 15 septembre dernier.”Le chemin du retour”Pour des milliers de femmes, cette annonce sonne comme une injustice contre leurs “honnêtes hommes” partis “défendre la patrie”. Car eux n’ont pas évité la mobilisation décrétée en septembre 2022, contrairement à des centaines de milliers d’autres qui ont quitté la Russie.De ce sentiment d’abandon est née sur Telegram, réseau social de prédilection des Russes, la chaîne “Pout Domoï” (“Le chemin du retour”, en russe), en septembre 2023. Suivie par plus de 13 000 personnes, elle cristallise les revendications de ces femmes qui ne se sentent pas écoutées. “Nous, parents et amis des soldats mobilisés, […] voulons une vie décente pour TOUS les citoyens de notre pays !”, insiste leur manifeste publié le 12 novembre, et qui lutte pour la démobilisation des soldats.Le long combat des mères et épouses de soldats”Les mouvements de mères de soldats russes se sont créés à partir de la fin des années 1980, avec la guerre d’Afghanistan puis les guerres de Tchétchénie, retrace Anna Colin Lebedev, sociologue spécialiste des sociétés post-soviétiques et autrice du livre Le coeur politique des mères. Analyse du mouvement des mères de soldats en Russie (2013). Elles ont toujours milité pour le respect des droits des soldats, surtout ceux des jeunes hommes conscrits”.C’est dans cette tradition que s’inscrit, après un an de mobilisation en Ukraine, le mouvement des femmes de soldats pour leur retour. Mais lasse d’interpeller les députés locaux et gouverneurs régionaux, une minorité d’entre elles passe à la vitesse supérieure. Le 7 novembre à Moscou, quelques unes ont manifesté pour la première fois, et des dizaines de groupes se sont constitués dans différentes région sur Telegram pour organiser simultanément des rassemblements dans tout le pays, le 19 novembre. Un seul a pu avoir lieu, à Novossibirsk. Les autres ont tous été annulés sous le prétexte de l’épidémie de Covid-19. Une excuse raillée sur le réseau Telegram, où la défiance envers les autorités se renforce. “Covid, Covid, on en a assez. C’est juste que personne ne se soucie de cette guerre”, grince Lyoubov, sur un groupe Telegram de Saint-Pétersbourg.Des voix antiguerresPour autant, les femmes veillent à ne pas critiquer directement la guerre, et restent dans une démarche légaliste. “Dans leur discours public, elles jouent la carte du loyalisme, une stratégie qui a toujours été payante pour obtenir ce qu’elles veulent des autorités”, précise Anna Colin Lebedev. Les administrateurs de “Pout Domoï” le précisent d’ailleurs chaque jour : “nous ne voulons pas jouer à faire ‘tanguer le bateau’ et à déstabiliser la situation politique”.Malgré tout, les langues se délient. Parmi les messages qui défilent sur les groupes, quelques voix antiguerres osent se prononcer, et enflamment les conversations sur Telegram. “Seul l’arrêt de la guerre ramènera les maris”, écrit un membre. “Vous devriez exiger la fin des hostilités”, lâche un autre.Les réponses à ces commentaires sont incendiaires, accusant leurs auteurs d’être des “agents ukrainiens” ou des “navalnystes” (en référence à l’opposant emprisonné Alexeï Navalny), combles de l’insulte dans la Russie de Poutine. “Notre désespoir a été instrumentalisé par des vautours, déplore Olga Katz, une des femmes les plus engagées pour le retour des mobilisés et dont le frère est soldat. Ce sont des gens qui ne se soucient pas de notre douleur, mais qui veulent faire un coup d’État dans le pays”.Election présidentiellePour le Kremlin, qu’importe que la grande majorité de ces femmes soient de son côté : le pouvoir voit dans leur démarche une critique impardonnable du commandement militaire. Le 15 novembre, au moins 5 femmes de Krasnoïarsk ont ainsi subi des pressions des autorités, les forçant à montrer leur smartphone pour vérifier si elles appartenaient aux canaux de “Pout Domoï”, rapporte le média indépendant russe Important Stories.A l’approche de l’élection présidentielle en Russie, les autorités comptent bien éviter que de tels mouvements ne se développent. “Le Kremlin peut interdire ces mouvements, comme il l’a déjà fait cette année pour certains, ou les inonder d’argent pour obtenir leur silence”, souligne Anna Colin-Lebedev..La démobilisation des soldats, elle, n’est clairement pas pour tout de suite. “Le régime redoute le moment où ils vont revenir”, explique la chercheuse, car ils dévoileront leur expérience traumatique au grand jour. En attendant, sur Telegram ou d’autres réseaux sociaux, les femmes de soldats continuent de témoigner de leur désarroi. Jusqu’à quand ?



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/en-russie-les-femmes-de-soldats-mobilises-en-ukraine-defient-le-pouvoir-ZVTZMGUWWBCRDANAG3DNB7KYMU/

Author :

Publish date : 2023-11-23 04:46:20

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Management : ces quatre travers qui empoisonnent la vie des cadres

logo




“Le rôle d’un patron, c’est de prendre l’angoisse et de donner de l’énergie. Souvent c’est l’inverse, il vous refile son angoisse et vous pompe votre énergie.” Ce constat, sévère, n’est pas celui d’un salarié au bord de la crise de nerfs, mais provient de Xavier Huillard, l’actuel PDG de Vinci. Venu livrer une master class de management lors du colloque des 70 ans de L’Express le 18 octobre dernier, le patron du géant du BTP n’a qu’une seule ligne de conduite : partir du terrain. “Lors du Covid, nous n’avons pas fait des modes d’emploi de 200 pages qui donnaient par le menu comment organiser nos chantiers, nos concessions portuaires et aéroportuaires, nous avons fait confiance au gens de terrain, car eux savent beaucoup mieux que nous qui sommes un peu éloignés du terrain.”En une phrase, Xavier Huillard a trouvé l’antidote à deux styles de gouvernance qui empoisonnent nos organisations : le micromanagement, perçu comme le premier signe d’un environnement de travail toxique par 73 % des employés (enquête Monster août 2023), et l’excès de procédures, phénomène qui selon le philosophe Pierre-Olivier Monteil “multiplie les situations dans lesquelles nous nous trouvons embrigadés dans des conduites sans âme, que nous menons à bien pour l’unique raison qu’elles sont obligatoires et sans avoir toujours la conviction qu’elles sont appropriées” (Ethique de la pratique ordinaire, Pocket, 2021).Christopher Guérin, directeur général du fabricant de câble Nexans, a sa façon à lui de simplifier les process : “gouverner plutôt que diriger”. “Diriger conduit indubitablement à multiplier les niveaux de top management, c’est-à-dire à distribuer des galons, ce qui rend l’organisation complexe, peu agile, et coupe le haut de l’échelle de ses premiers échelons” (Pour aller dans le bon sens, le Cherche Midi, 2023). Le quinquagénaire a ainsi pris la décision de supprimer deux niveaux hiérarchiques sous le comité exécutif, poussant 40 dirigeants vers la sortie : “Le comité exécutif n’a jamais été aussi proche du terrain.”Le manque de confiance, un frein majeur à la performanceS’il faut bien un minimum de règles pour régir la vie en entreprise, le trop-plein nuit à l’action. Marine Balansard, directrice générale du cabinet de conseil Ariseal, en a fait l’expérience lors de son passage dans une grande banque : “Juste après l’affaire Kerviel, nous avons été ensevelis sous une avalanche de normes et de nouvelles procédures qui finalement nous empêchaient de travailler. C’était une réponse à la perte de confiance de la banque en ses opérateurs, mais la direction devait-elle vraiment envoyer le message à toutes les équipes qu’elle ne croyait plus en elles ? Je ne le crois pas.”D’autant qu’une culture de la confiance est un booster de performance au sein des entreprises. En témoignent les travaux menés en 2016 par le neuroscientifique américain Paul Zak : “Par rapport aux personnes travaillant dans des entreprises à faible confiance, celles qui évoluent dans des structures où celle-ci est forte ont 74 % de stress et 13 % de jours de maladie en moins, 106 % d’énergie, 50 % de productivité et 76 % d’engagement en plus.” Tout cela implique toutefois de repenser le rapport à l’échec. Et de mettre fin par la même occasion au troisième poison du management : l’insécurité psychologique. “Si vous voulez mobiliser l’intelligence collective, il faut d’abord assurer une sécurité émotionnelle aux collaborateurs, c’est-à-dire leur donner le sentiment qu’ils ont un devoir d’expérimentation et donc un droit à l’erreur”, plaide Xavier Huillard.L’insécurité psychologique est elle-même à la source d’un quatrième fléau, rarement évoqué : le manager fuyant, soit l’anti-control freak. Celui-là, bien que très bon technicien, ne décide de rien, préférant laisser pourrir les situations par peur de l’erreur. Au grand dam de ses équipes, qui sont déboussolées. “Ces managers-là n’affrontent pas les difficultés, pensant à tort qu’ils ne seront pas sanctionnés par leur hiérarchie”, décrit Marine Balansard, qui prévient : “Ne pas décider, c’est déjà une décision, dont il faudra à un moment ou l’autre rendre compte.” La solution ? “Cesser cette manie française de nommer les meilleurs experts à des postes de manager. Il y a bien d’autres façons de promouvoir les gens. Le management est un boulot à part entière.”



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/management-ces-quatre-travers-qui-empoisonnent-la-vie-des-cadres-R73LGOBZ6FF4NHHE6QIFWLWZVY/

Author : Laurent Berbon

Publish date : 2023-11-23 04:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Lettre ouverte aux enseignant(e) s de français dans le monde, par Louise Mushikiwabo

logo




En ce 23 novembre 2023, je prends la plume pour rendre hommage aux enseignantes et enseignants de français de par le monde que nous célébrons chaque année depuis 2019. Nous avons tous eu une ou un “prof de français” qui nous a marqués. Cette personne qui nous aura transmis l’amour des mots et des livres, et rendu aisées les règles les plus ardues de l’orthographe et de la grammaire. Chaque année, au mois de novembre, je pense à Monsieur Etienne Réunis, ce professeur belge extraordinaire que j’ai eu la chance d’avoir lorsque j’étais élève au Lycée Notre-Dame d’Afrique, situé aux pieds des volcans dans le Nord du Rwanda. Je lui dois beaucoup, et probablement, dans une certaine mesure mon parcours littéraire qui m’a menée où je suis aujourd’hui, à la tête de la Francophonie.Par vous et grâce à vous, tous les enseignants de français, qu’adviennent la découverte et l’apprentissage de la langue de partage entre 88 Etats et gouvernements de la Francophonie dans toute sa diversité et dans toutes ses variétés. On parle souvent de votre vocation, de votre mission et de votre passion. Elles sont la base même de votre métier, elles en sont l’essence. Être enseignant de français est autant un choix de vie qu’un choix de carrière. A chaque lever du jour, vous mettez votre connaissance au côté de votre bienveillance pour transmettre, partager, conseiller, corriger, aviser et espérer ainsi contribuer à un monde meilleur car plus éclairé et moins ignorant.Vous tirez sans doute de la joie de ces actes éminemment altruistes et inspirants pour les autres mais je sais pertinemment qu’ils sont aussi difficiles à assumer dans des écosystèmes de plus en plus tendus, avec des effectifs de plus en plus en nombreux et des configurations de plus en plus complexes sur les cinq continents de la Francophonie.”Plus de 321 millions de locuteurs dans le monde”Vous faites de la langue française un outil magique de compréhension et de cohésion qui transcende le foisonnement des cultures. Vous abattez les frontières géographiques, vous déjouez la grammaire et les styles, vous bousculez les imaginaires. Vous êtes les passeurs de mots, d’idées mais aussi de valeurs inhérentes à cette langue nécessairement décentrée et enrichie par son ouverture. La langue française est ainsi bien celle des productions littéraires, des recherches et des pensées issues des cinq continents de la Francophonie.Parlée par plus de 321 millions de locuteurs dans le monde, langue de scolarisation de plus de 93 millions d’élèves et d’étudiants, langue étrangère enseignée à l’école à plus de 51 millions d’apprenants, le français que vous portez fièrement et que vous transmettez fidèlement est en perpétuel devenir. Il ne peut se figer car alors il serait menacé d’extinction, il ne peut que s’enrichir et se nourrir de ce qui se dit et se parle ici et là-bas. Ce mouvement et ce dynamisme de la langue, que vous assumez avec agilité, lui procure sa consistance et ajoute de la richesse à votre métier dont les nouvelles générations doivent se saisir.Le futur de cette langue est entre vos mains, vous êtes les acteurs essentiels de la Francophonie de l’avenir. Nous devons vous donner les moyens de cette mission. Voilà pourquoi je vous réitère le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie. Nous resterons auprès de vous, partout où vous intervenez, pour vous permettre d’exercer au mieux ce métier qui est tout à la fois un art et une science, ce métier qui donne vie et âme à la langue française dans la diversité linguistique de la Francophonie.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/lettre-ouverte-aux-enseignante-s-de-francais-dans-le-monde-par-louise-mushikiwabo-ZASSX6IPRFHQLCGB5ZPY6IKIUA/

Author :

Publish date : 2023-11-23 03:45:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

“Philosophy is sexy” : comment Marie Robert a conquis les trentenaires

logo




Toque en fourrure sur la tête, bien qu’il fasse chaud dans ce café versaillais, rire en grelot et pommettes saillantes, la petite-fille de chocolatiers et de bijoutiers, a d’une héroïne de Tolstoï la coiffure, le brin de mélancolie et de petits yeux couleur ciel. “Philosophy is sexy”, c’est elle, Marie Robert, 39 ans, phénoménal succès décliné en 193 000 abonnés Instagram, 100 000 à ses podcasts bimensuels, 15 000 fans de sa newsletter, cinq livres en cinq ans (40 000 exemplaires chacun, course en tête dans les classements Amazon, quinze traductions), tournées de signatures, foires, salons – un tourbillon, qui commença par un coup de mou.2009, elle a 24 ans et ça ne va pas fort, elle arrête sa thèse de doctorat (“Des Évangiles au Tractatus, histoire d’une transmission littéraire et philosophique”), elle rompt avec son amoureux, le fils de l’écrivain Dan Frank, et met un terme à son cours “Magie et religions” à l’institut de psychologie de Paris V, où elle faisait réfléchir ces apprentis psychologues “au besoin de récits dans nos vies”. Une annonce pour un poste dans une école privée hors contrat Montessori à Bailly, à laquelle elle postule le pied lourd, et là, double coup de foudre : l’un avec le fils de la directrice, Alexandre d’Esclaibes, aujourd’hui le père de son petit James, 13 mois, l’autre à enseigner le français, la philosophie, au collège puis au lycée ; conduire ses gamins aux parcours scolaire hoquetants au cœur des textes, triompher avec eux de l’aridité pour saisir leurs leçons, la transporte, elle dit ne jamais se lasser de découvrir dans leurs visages la lumière des premiers émois philosophiques.Debout à 5h45, la professeur prend l’habitude de publier sur Instagram un texte consacré à son métier – gratitude, émerveillement et méditation bienveillante, son triptyque fétiche. Et ce petit compte de rien du tout est lu, attendu. Première graine. Cinq ans plus tard frappe la révélation dans les rayons d’Ikea. 2014, une journée cauchemar, 200 euros dépensés en bougies qui sentent bon alors qu’elle cherchait des meubles pour son école, elle enrage, et voilà que, furieuse d’avoir cédé à des achats inutiles, “surgit dans mon esprit le conatus de Spinoza, le désir est l’essence de l’homme”. Ce précepte clé du désir comme pulsion de vie l’apaise, “je réalise que chaque situation de crise a sa réponse dans le grand livre de la philosophie, je me dis qu’il serait pertinent d’en faire profiter.” Seconde graine.Philosophie sentimentaleLe week-end suivant, toujours pas de bibliothèque Ikea dans le coffre, mais séance de cuisine dans la maison de campagne de son frère, Guillaume Robert, éditeur chez Flammarion – ça tombe bien –, elle lui lit son premier texte, Spinoza chez Ikea. Lui, de onze ans son aîné, vient de casser la baraque feel-good avec le Foutez-nous la paix de Fabrice Midal, un livre conçu avec l’agent littéraire, Susanna Lea. Il envoie à la grande architecte américaine de best-sellers le chapitre de Marie, songeant alors deux choses. Primo, “il fallait que ça marche, je ne pouvais pas faire perdre de l’argent à ma maison avec ma sœur”. Secundo, “je me suis rendu compte du boulevard”. Le boulevard ? Tous les livres grand public de philo sont aujourd’hui écrits par des hommes (Charles Pépin, Frédéric Lenoir etc..), dans “le développement existentiel”, comme il qualifie le filon, aucune femme. Eureka.Le premier livre, une coédition Flammarion-Versilio (la maison de Susanna Lea) est titré Kant tu ne sais plus quoi faire, en anglais, c’est pratique, ça donne : “When you Kant figure it out”, tout pensé et rédigé en version traduisible – Ikea existe partout -, et donc tout est d’emblée lucratif car vendu en quinze versions à l’étranger. Le livre se compose de douze chapitres digestes, une gentille promenade où l’on découvre qu’Aristote aide à se relever d’une gueule de bois, Nietzsche à accélérer le tempo d’un jogging, et Pascal à couper les chaînes tout info, avec pour chaque auteur un résumé de son œuvre et de ses concepts clefs. Carton en librairies, dédicaces à New-York (où Susanna prête son appartement), partant l’infatigable Marie Robert, qui carbure à la spiruline et à la course à pied dans le bois de Bailly, poursuit à haute intensité.Newsletter, podcasts, Instagram, ses pastilles acidulées caracolent. Des pensées faciles, positives, nourries par la vulgarisation d’un grand auteur. Une recette magnifique, tant il est bon de se consoler d’avoir acheté des babioles en songeant qu’on n’aura rien accompli de pire que de laisser advenir son “conatus”, idem quand on aura eu envie d’étrangler ses enfants à Disneyland en se consolant à la pensée de l’autonomie de l’enfant chère à Jean-Jacques Rousseau. Soit “de la philosophie sentimentale”, selon la deuxième définition de son frère éditeur. Son public, très majoritairement féminin, beaucoup de trentenaires et un quart de quinquagénaires, apprécie les bons vœux matinaux de “Philosophy is sexy”, ses souhaits à la poétique absconse, telle que “je vous souhaite une journée d’héroïsme au goût salé”, “je vous souhaite une journée océanique”, ou parfois carrément crypté : “je vous souhaite une journée d’aiguilles, de tournevis et de fouets électriques” ou “je vous souhaite d’ouvrir le courrier de vos cellules”, le tout avec des photos en noir et blanc. Son frère estime qu’elle n’a pas “encore assez de succès”, commercialement et fraternellement convaincu que l’autrice pourrait vendre encore bien plus. C’est que, dans nos jours chagrins, offrir à la quête de sens d’une génération qui n’aura connu de la philo que les bachotages de la terminale, des préceptes simples, anoblis par leurs références, fait florès, or les manuels de pensée positive, pétris d’injonction à l’auto-conversion, ont lassé. “Un boulevard” donc.Capsules vidéo pour la marque SézaneElle s’y prête avec allant, elle le dit elle-même, “j’ai toujours envie de réconforter”, elle ne sait pas dire d’où ça lui vient, elle n’a jamais fait de psychanalyse, elle évoque sa micro-cellule familiale, ses parents et son frère adulé, “nous nous vivons comme un refuge”. Contre quoi ? Quelle adversité ? Elle l’ignore, prolongeant ce lien “gémellaire” avec son frère avec lequel elle partage ses vacances, bientôt un week-end à Barcelone, et “Noël bien sûr”. Il leur arrive de dormir dans la même chambre, souvent pendant leurs premières tournées de dédicace afin de ne pas rogner trop les budgets de promotion.C’est lui qui le confie, il s’étonnerait presqu’on s’en étonne, il l’a “adoré” depuis sa naissance, l’a trimballée toute petite à ses premières foires aux livres. Comme à Colmar, Marie Robert a alors treize ans, Guillaume Robert, 24 ans et il la présente à Susy Morgenstern, l’auteur légendaire de l’École des Loisirs. Il y a deux ans, ils l’ont revue ensemble et l’octogénaire aux lunettes roses a enjoint à la jeune femme de faire un bébé. Un mois plus tard, Marie est enceinte de James.Pour l’heure, Madame “Philosophy is sexy” ne vit pas de son succès éditorial, mais sa popularité, et ses messages sans aspérité, séduisent les entreprises qui lui achètent ses travaux. Des petites capsules-vidéo pour la marque de vêtements Sézane, une conférence autour de la joie chez Veuve-Clicquot, la raison d’être chez Monoprix, suivront Bouygues construction, la BPCE, l’Urssaf et même la CAF, où elle anime des ateliers sur les émotions. Dans le même temps, avec son compagnon, elle a monté quatre écoles Montessori bilingues, deux à Paris, une à Clichy, et la dernière à Marseille, où elle passe la moitié de la semaine. Des écoles privées, 550 euros le mois de scolarité à Marseille, 800 euros à Clichy, et 1000 à Paris, pas de cantine dans ce tarif, les enfants apportent des lunch-box. Marie Robert écrit son prochain livre, autour du réconfort. Son agenda google est organisée par couleurs selon les activités. Ni Kant, ni Spinoza ne le lui ont enseigné, mais ça sert.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/philosophy-is-sexy-comment-marie-robert-a-conquis-les-trentenaires-5DKUQ2EZNVHGPKZNURPKQEXNQI/

Author : Emilie Lanez

Publish date : 2023-11-22 16:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Daniel Raisbeck : “Javier Milei, c’est un mélange de Macron et Thatcher”

logo




“Ultra-libéral”, “anarcho-capitaliste”, “populiste”, “misogyne”, “vulgaire”… On a beaucoup glosé sur l’inclassable économiste argentin Javier Milei. Ce dimanche 20 novembre, les Argentins ont pourtant fait le choix de l’élire à la tête de la présidence de la République. Pour tenter de comprendre les raisons de cette victoire, et la faisabilité du programme que propose Javier Milei, L’Express a sollicité l’analyste politique spécialiste de l’Amérique latine au Center for Global Liberty and Prosperity du think tank libertarien le Cato Institute, Daniel Raisbeck.”Un libéral classique”. C’est ainsi que le spécialiste qualifie Javier Milei, au point de décrire tout au long de l’entretien, et de façon surprenante, une forme de cohérence intellectuelle. A rebours des analyses critiques du projet de dollarisation du pays porté par l’économiste argentin, Daniel Raisbeck explique que cela “reviendrait en fait à officialiser ce qui a déjà court dans le pays.” Entretien.L’Express : La victoire de Javier Milei vous surprend-elle ?Daniel Raisbeck : Je m’attendais à ce qu’il gagne les élections, mais peut-être pas avec une telle marge. L’une des raisons les plus évidentes est que Javier Milei s’est présenté contre le ministre de l’Économie Sergio Massa dans un climat économique extrêmement tendu. En Argentine, les prix ont grimpé de 140 % cette année, la monnaie nationale est complètement détruite – elle a perdu plus de 90 % de sa valeur par rapport au dollar en l’espace de quelques années. A cela s’ajoutent les prix fixes, les taux de change fixes, les taxes à l’exportation… Au-delà des facteurs économiques, Javier Milei s’est révélé être un formidable homme politique, capable de rendre intelligibles à la majorité des citoyens des idées libérales complexes. Enfin, je pense que le soutien de l’ancien président Mauricio Macri et de la candidate de centre-droit Patricia Bullrich (qui a été vaincue au premier tour) y sont pour beaucoup.Tout au long de cette campagne, Javier Milei a été présenté dans la presse comme le candidat “anti-système”, le “Trump de la pampa”, une “version argentine de Bolsonaro”. Qu’en pensez-vous ?Sans doute est-il anti-système en termes de “style”, mais c’est à peu près tout. Pour le reste, les comparaisons avec Donald Trump ou Jair Bolsonaro me semblent superficielles. Même si Javier Milei n’a jamais réfuté ces comparaisons, arguant d’une “affinité” concernant leur opposition commune à l’extrême gauche, elles n’en deviennent pas pour autant pertinentes.Donald Trump était un magnat de l’immobilier, Bolsonaro un ancien capitaine de l’armée. Milei est économiste. Sur le plan économique, Donald Trump est un nationaliste très attaché au protectionnisme. Il a mis en place des tarifs douaniers à l’encontre de la Chine et de l’Europe en particulier. Milei est un libéral classique qui souhaite que l’Argentine s’ouvre au reste du monde : l’une de ses principales propositions politiques est de se débarrasser de la banque centrale nationale et de la monnaie nationale !C’est aussi un libéral sur le plan social. Il a toujours défendu la définition du libéralisme inventée par l’économiste Alberto Benegas Lynch (NDLR : un professeur d’économie argentin) son mentor, selon laquelle le libéralisme classique consiste à respecter sans restriction les choix ou les projets de vie d’autrui et à défendre le droit à la vie, à la liberté et à la propriété. Aux États-Unis, on parlerait probablement de “libertarianisme”, mais je pense que sa ligne de pensée devrait être comprise selon l’interprétation européenne traditionnelle du “libéralisme”.Le programme de Donald Trump comportait aussi des propositions libérales, notamment en matière d’impôts et de protection sociale… N’y a-t-il pas un risque, comme pour Trump, que les orientations libérales de Javier Milei disparaissent une fois au pouvoir ?Ces propositions étaient les seules vraiment libérales dans le programme de Donald Trump. Ce qui a eu le plus d’impact, notamment pendant sa campagne, c’est sa rhétorique anti-immigration, son protectionnisme et sa guerre commerciale avec la Chine. De plus, les baisses d’impôts ne sont pas très efficaces s’il n’y a pas une réduction simultanée des dépenses publiques, ce que Trump n’a pas fait. A l’inverse, Javier Milei semble l’avoir compris.Beaucoup le présentent aussi comme un candidat d’extrême droite. Qu’en dites-vous ?Je pense qu’il est important de replacer le cas de Javier Milei dans le contexte historique de l’Argentine, qui a connu plus de 80 ans de péronisme, c’est-à-dire un mélange de politiques interventionnistes et étatistes (l’État travaillant en étroite collaboration avec les entreprises privées ou publiques et les syndicats). Javier Milei veut rompre avec cette philosophie politique et ramener l’Argentine au libéralisme classique, comme c’était le cas au XIXe siècle, avec la Constitution de 1853 connue sous le nom de “Constitution Alberdi” (NDLR : en référence à l’intellectuel Juan Bautista Alberdi qui en a jeté les bases). Alberdi soutenait que l’Argentine avait besoin d’une immigration libre, d’une industrie sans restriction, d’une liberté commerciale et d’un vaste réseau de chemins de fer. Analyser l’affaire Milei selon une grille de lecture extrême droite versus extrême gauche me semble inapproprié.Faut-il interpréter cette analogie entre “extrême droite” et “libéralisme” comme un manque de compréhension de ce qu’est le libéralisme ?Je pense qu’il y a beaucoup de malentendus à ce sujet. Si vous êtes de gauche, il y a de fortes chances que vous n’aimiez pas le programme économique de Milei. Peut-être que son programme est inhabituel dans le débat politique européen contemporain. En France, il y a certainement une tradition libérale héritée de Bastiat et de Tocqueville, entre autres. Mais je ne dirais pas qu’il y a une tendance libérale très forte dans la politique française actuelle. Ce qui s’en rapproche le plus, c’est probablement la ligne d’Emmanuel Macron, en particulier sur les retraites. Mais la ligne de Milei a plus de similitudes avec le fameux néolibéralisme anglo-saxon, en particulier la ligne économique d’une Margaret Thatcher.“Je ne vais pas m’excuser d’avoir un pénis. Je n’ai aucune raison d’avoir honte d’être un homme blanc blond aux yeux bleus”, a déclaré Milei lors d’une interview. Ce dernier a également dit qu’il n’y aurait pas de “marxisme culturel” dans son gouvernement et qu’il éliminerait le ministère de la Femme. Balayer le qualificatif d’extrême droite, n’est-ce pas aller un peu vite sur la misogynie que beaucoup dénoncent chez le personnage ?Je trouve remarquable qu’aujourd’hui, une déclaration de bon sens visant à ne pas s’excuser d’être né homme puisse être considérée comme “d’extrême droite”. En ce qui concerne les ministères, le libéralisme classique considère que le pouvoir de l’État doit être limité de manière à remplir certaines fonctions de base, telles que le maintien de l’État de droit avec un système judiciaire transparent et des forces de sécurité efficaces (qui respectent les libertés fondamentales). Par conséquent, la majeure partie de la bureaucratie qui a vu le jour dans les États occidentaux depuis le début du XXe siècle, et a fortiori au cours des 10 ou 15 dernières années, n’est pas vraiment nécessaire. Dans cette logique, l’existence de la plupart des entités gouvernementales actuelles est injustifiable. D’où la proposition de Milei de réduire le nombre de ministères argentins de 18 à 8 seulement.N’est-il pas incohérent de se dire libéral quand on est opposé à l’avortement, ou quand on propose de supprimer des ministères sans licencier de fonctionnaires ?En ce qui concerne la suppression des ministères sans licenciement, il y a effectivement une contradiction. Il est vrai qu’il est très difficile de licencier, car cela coûte très cher. Une façon de surmonter cette incohérence serait de relocaliser ces employés dans un ministère existant. Mais en ce qui concerne l’avortement, le fait est que les libéraux et les libertariens ne sont pas tous d’accord, du moins aux États-Unis, sur cette question. Certains sont tout à fait favorables, mais d’autres considèrent que la vie commence dès la conception. Or, d’après la définition du libéralisme à laquelle Milei se réfère et que j’ai citée plus haut, le libéralisme appelle à la protection de la vie. C’est un débat permanent pour les libéraux, et je ne pense pas qu’il suffise à déterminer si quelqu’un est libéral ou non.Son style excentrique et vulgaire ne devrait-il pas être pris en compte politiquement ?Nous avons déjà vu une version beaucoup plus modérée de Milei après le premier tour de scrutin en octobre. Il a dû adoucir son langage et son style de campagne afin de consolider l’alliance avec Bullrich et Macri et gagner des électeurs “centristes”, ce qu’il a fait avec succès. Le discours de victoire de Milei a également été très modéré. Je pense néanmoins qu’il faudra juger sa présidence en fonction de ses succès politiques (ou de leur absence) bien plus qu’en fonction de son style politique.“Non sans contradictions, son discours peut être inséré dans les nouveaux populismes de droite qui ont explosé après l’accession de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2016. Il s’agit d’une nouvelle Internationale dont Milei est un membre actif”, écrit le politologue Pablo Touzon dans un article publié sur le site de Chatham House. Qu’en pensez-vous ?En règle générale, j’évite d’utiliser le terme “populiste”, car il est devenu galvaudé. Peut-on imaginer un gouvernement populaire sans que les hommes politiques fassent appel à la masse des citoyens de leur pays pour soutenir leurs politiques ? Si nous devons vraiment utiliser ce terme, je pense que ce qui est populiste, c’est le kirchnerisme et le péronisme. Qu’y a-t-il de plus populiste que de vendre à son peuple des gains à court terme pour de la souffrance à long terme, puis de provoquer des niveaux d’inflation de 140 % et de dépenser, comme l’a fait Sergio Massa, des montants exorbitants avec l’argent des contribuables pour une campagne présidentielle ?Dans un article, vous avez écrit que “le phénomène Milei devrait être compris à la lumière de la propre histoire de l’Argentine, et non selon la politique contemporaine d’un pays voisin”. Une grande partie de l’Amérique du Sud est pourtant aux prises avec une importante crise financière, et la victoire de candidats radicaux s’est déjà vue dans certains de ces pays par le passé… N’y a-t-il pas un schéma récurrent en Amérique latine d’alternance entre les extrêmes ?Le seul autre pays d’Amérique latine ayant récemment connu des niveaux d’inflation à trois chiffres et une hyperinflation est le Venezuela. Or ce qui s’est produit politiquement dans ce pays est très différent du scénario argentin. Il n’y a pas eu d’élections vraiment libres et le régime responsable de l’inflation est toujours au pouvoir. En Argentine, malgré les politiques inflationnistes, les libertés civiles ont été maintenues – c’est ce qui leur a permis d’avoir des élections libres et équitables. C’est ainsi que Javier Milei a gagné : sur un rejet clair des politiques étatistes et inflationnistes. Ça n’a donc rien de comparable avec ce que nous avons connu ces dernières années en Amérique latine.Faut-il interpréter cette victoire comme un soutien aux idées de Javier Milei ou un rejet du péronisme ?C’est probablement une combinaison des deux. Il y a eu un rejet très clair du péronisme et des politiciens établis en général. Même Patricia Bullrich a échoué à se qualifier pour le second tour. Mais au vu de la campagne que Sergio Massa a menée pour décrédibiliser son projet politique, je pense que l’on peut interpréter sa victoire avec 55 % des voix comme une solide majorité acquise non seulement au personnage, mais aussi à ses idées.Parmi les mesures phares promises par Javier Milei figure la dollarisation. Celle-ci a été vivement critiquée, notamment par The Economist. Vous soutenez pourtant qu’il s’agit d’une bonne idée pour réduire l’inflation…Absolument. Il a déjà été prouvé que cela fonctionne dans trois autres pays d’Amérique latine qui sont déjà officiellement dollarisés : le Panama, l’Équateur et le Salvador. Dans ces trois pays, les niveaux d’inflation sont de loin les plus bas d’Amérique latine. Ces dernières années, le Venezuela s’est aussi officieusement dollarisé en autorisant plus librement ses citoyens à effectuer des transactions en dollars, et en très peu de temps, plus de la moitié des échanges ont été effectués en dollars américains. En réalité, c’est aussi le cas en Argentine dans une large mesure. Les Argentins possèdent déjà beaucoup de dollars, que ce soit à l’étranger ou “sous le matelas”, comme on dit.Ça n’a rien d’étonnant : lorsqu’une monnaie comme le Peso n’a plus aucune valeur, il est normal que les gens se tournent vers une monnaie saine pour protéger leurs économies. “Dollariser” l’Argentine reviendrait en fait à officialiser ce qui a déjà court dans le pays. Avec plusieurs avantages : de faibles taux d’intérêts (ou en tout cas beaucoup plus bas que dans les pays non dollarisés) ou encore l’absence de dévaluation de la monnaie, ce qui permettrait aux Argentins de maintenir leur pouvoir d’achat.L’économiste libéral argentin José Luis Espert affirme pourtant que la dollarisation serait “un saut dans l’inconnu car elle laisserait peu de place aux mesures de politique macroéconomique, comme la baisse de la demande intérieure par des chocs de dévaluation”.La dévaluation monétaire n’apporte qu’un soulagement à très court terme, voire aucun soulagement, car elle prive les gens de leur pouvoir d’achat. Sans parler du fait qu’elle implique généralement une hausse des taux d’intérêt pour empêcher la dévaluation de s’aggraver. Des taux d’intérêt élevés ont inévitablement un effet négatif sur la croissance économique.Pourquoi la dollarisation est-elle approuvée à plus de 90 % en Équateur après vingt ans ? Parce qu’avec la dollarisation, une défaillance du gouvernement n’affecte pas les citoyens ordinaires. Les Salvadoriens, qui ont connu une crise de la dette au début de l’année, l’ont également constaté. Les marchés des obligations ont prêté au gouvernement salvadorien à des taux bien supérieurs à 10 %, alors que le Salvadorien moyen peut obtenir un prêt hypothécaire sur 25 ans à 7 %. Cela n’aurait pas pu se produire sans la dollarisation. C’est pourquoi la dollarisation en Équateur, par exemple, est approuvée à plus de 90 % après une vingtaine d’années, et que personne ne souhaite vraiment revenir à une monnaie nationale.Selon The Economist, “les banques et les ménages argentins auraient besoin d’une injection de dollars pour redémarrer, ce que Javier Milei n’est pas en mesure de faire”.C’est une erreur. Les entreprises et les ménages argentins détiennent l’équivalent de plus de 50 % du PIB en dollars américains, que ce soit à l’étranger, dans des coffres-forts ou sous le matelas. Les dollars sont là. De plus, les processus de dollarisation créent un choc positif de confiance dans le système bancaire, de sorte que les gens commencent à déposer leurs dollars dans les banques. En ce qui concerne la monnaie en circulation, la dollarisation implique un processus au cours duquel le dollar circule en même temps que la monnaie nationale. En Équateur, le Sucre (NDLR : l’ancienne monnaie officielle de l’Équateur de 1884 à 2000) a circulé en même temps que le dollar pendant neuf mois en 2000, et les gens ont pu progressivement dollariser leur monnaie locale – les dépôts en dollars dépassant en peu de temps la valeur totale des Sucres en circulation. Au Salvador, il a fallu 24 mois pour que 90 % de la monnaie soit dollarisée dans le cadre d’un processus volontaire.Javier Milei propose également de réduire les prestations sociales et les dépenses de l’Etat. Cela ne risque-t-il pas de renforcer l’appauvrissement et de creuser le fossé entre riches et pauvres ?Si vous n’avez pas les moyens de payer ces dépenses, la situation sera encore plus problématique – surtout que, dans le contexte de l’inflation, financer l’aide sociale revient à imprimer de l’argent sans ressources réelles. Il est donc absolument nécessaire de réduire les dépenses. Le processus sera sans doute douloureux. Mais je ne vois pas d’autre solution pour corriger l’inflation, qui est la pire des taxes pour les citoyens les plus pauvres.Quel est l’intérêt de supprimer des ministères comme celui de la Santé ou de l’Éducation ?En Argentine, l’éducation est principalement gérée par les provinces de manière décentralisée – un peu comme aux États-Unis. Dans la pratique, cela pose la question de l’utilité du ministère de l’Education. Quant au ministère de la Santé, la proposition semble être de fusionner ses fonctions dans un autre grand ministère qui absorberait de nombreuses autres fonctions.Pour lutter contre la faillite de l’Etat, lui retirer toute utilité est-il la solution ?L’idée est de réduire la taille de l’État, en limitant son action à des fonctions de base comme la sécurité (qui est un enjeu important en Argentine) et la justice (au sein de laquelle il y a beaucoup de corruption à l’heure actuelle). Pour le reste, il s’agit de laisser le secteur privé prendre en charge de nombreux autres rôles que l’État avait l’habitude de monopoliser. Car si le secteur privé crée des emplois, cela signifie qu’il y aura plus de croissance économique. Et c’est de croissance que l’Argentine a besoin.Pour l’instant, le système de gouvernance que propose Javier Milei reste un mystère. C’est un novice en politique qui ne dispose d’aucune base, au contraire de Trump avec les Républicains ou de Bolsonaro avec l’armée. De plus, il risque d’être minoritaire au Congrès, avec peu de soutiens parmi les gouverneurs du système fédéral argentin, ainsi qu’au sein de la magistrature et des médias. En l’absence d’un soutien suffisant, peut-on s’attendre à un tournant autoritaire ?Milei ne pourra probablement pas mettre en œuvre l’ensemble de son programme car il devra passer par le Congrès – c’est pourquoi je pense qu’il devrait d’abord se concentrer sur la dollarisation. D’un autre côté, même si son parti n’est pas le plus important au Congrès, son alliance avec Patricia Bullrich et Mauricio Macri devrait former un bloc relativement solide à l’assemblée. Paradoxalement, je pense que Javier Milei aurait pâti de sa victoire au premier tour. Ayant à disputer un second tour, il a dû chercher des alliances pour consolider son soutien.Milei s’est présenté comme un nouveau venu au pouvoir, laissant entendre qu’il n’était là que pour “aider” l’Argentine. Le croyez-vous ?S’il prend au sérieux la philosophie libérale, cela ne me semble pas improbable. Bien sûr, le pouvoir corrompt souvent les politiciens, mais l’alliance avec Patricia Bullrich et Mauricio Macri – deux démocrates – me semble être un bon signe. J’aurais été plus inquiet si un candidat kirchneriste avait gagné, étant donné les scandales de corruption dans lesquels Cristina Fernandez de Kirchner et beaucoup de ses alliés ont été impliqués dans le passé, sans grandes conséquences.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/daniel-raisbeck-javier-milei-cest-un-melange-de-macron-et-thatcher-PE2OVSRHAVB4HCTVPTJDEJ6WYI/

Author : Alix L’Hospital

Publish date : 2023-11-21 15:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Soitec : les recettes d’un champion français à l’export

logo




Un grain de poussière, une bactérie ou une trace du sodium que sécrète naturellement la peau humaine, et c’est l’ensemble de la production de Soitec qui est menacée. Alors, pour officier dans les usines, les 2 100 employés de la société iséroise, dont 1 600 en France, s’équipent. Chaque jour, ils enferment leurs cheveux dans une charlotte, contiennent leur souffle dans un masque épais, recouvrent leurs mains d’une double couche de gants et se sanglent d’une tenue intégrale. C’est le prix à payer pour pénétrer au cœur du réacteur de Soitec : ses salles blanches, desquelles sortent chaque année plusieurs millions de galettes ultrafines de silicium sur isolant. Des composants de pointe que l’industrie des semi-conducteurs s’arrache. Issu du CEA-Leti, Soitec n’a pas eu besoin du plan de l’exécutif destiné à accompagner les PME et les ETI à l’export pour livrer ses gammes de substrats aux quatre coins du monde.Plus de 90 % des ventes à l’internationalGrâce à ses sept usines – dont quatre sont installées dans la banlieue de Grenoble et assurent les deux tiers des volumes –, cet industriel réalise plus de 90 % de son chiffre d’affaires à l’international. Sans surprise, les deux tiers de ses revenus sont générés en Asie. C’est là que se concentrent la plupart des acteurs clés de l’industrie des semi-conducteurs, de Taïwan à la Corée du Sud en passant par le Japon et la Chine et leurs champions nationaux : TSMC, Samsung, Renesas ou encore Smic… L’Europe et les Etats-Unis absorbent le reste de la production de Soitec. Un rôle à l’export que cultive l’entreprise. Dès sa naissance en 1992, elle a fait de l’international un levier de croissance, assure sa direction actuelle avec un certain fair-play.Les efforts engagés en matière d’innovation ne sont pas non plus étrangers à l’intérêt porté à ses solutions. “11 % de notre chiffre d’affaires est consacré à la recherche et développement. En 2022, nous avons déposé 400 nouveaux brevets”, rappelle Pierre Barnabé, un ancien dirigeant d’Atos propulsé à la tête de Soitec à l’été 2022. Ce faisant, l’entreprise espère conquérir un autre marché, au-delà des communications mobiles : l’automobile. Pour y parvenir, elle dit avoir mis au point une solution moins émettrice de CO2 à sa production, et capable d’améliorer les performances des voitures électriques qui en seraient équipées.Du gagnant-gagnant, en somme. Encore faut-il que Soitec arrive à convaincre les constructeurs automobiles de l’adopter. Pour l’heure, l’ETI ne semble pas encore avoir converti de prospects en clients. En public pourtant, la confiance règne. “A l’horizon 2030, notre solution SmartSiC représentera 30 % du marché du carbure de silicium, qui occupera lui-même 70 % de celui de la voiture électrique”, martèle sa direction. Un défi à relever au moment où la chute des ventes de smartphones, de loin encore son plus gros débouché, pèse lourdement sur les comptes de la société iséroise. Et avec le souvenir, encore vif, de la diversification ratée dans le solaire qui avait failli lui coûter la peau. Mais Soitec croit en sa capacité à remporter son match retour dans l’automobile.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/entreprises/soitec-les-recettes-dun-champion-francais-a-lexport-7IL5GNAHEJEPXIPTZDUXOIBDDA/

Author : Julie Thoin-Bousquié

Publish date : 2023-11-21 15:30:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Donald Trump, saison 2 : comment il prépare son retour à la Maison-Blanche

logo




C’est l’élection dont personne ne voulait. Le remake de 2020. Le retour de Trump. L’affrontement d’un président octogénaire (81 ans depuis le 20 novembre) avec son prédécesseur septuagénaire (78 ans en juin prochain). En général, les Américains sont friands de come-back, un archétype hollywoodien, comme Rocky II. Mais cette fois, les boxeurs remontent sur le ring épuisés. Et épuisants. “Personne ne veut revivre l’élection d’il y a trois ans ; elle a été la pire de notre histoire”, dit Luke Mogelson, journaliste au New Yorker et auteur de L’Amérique en colère (Tallandier), le récit d’un pays divisé.”La politique dégoûte tout le monde, ajoute-t-il. Les démocrates se désolent de la fragilité du ‘papy’ Biden et une bonne partie des républicains en a assez du cirque Trump.” En vérité, ces deux-là se tiennent par la barbichette : Trump est le seul adversaire que Biden pourrait battre, et vice-versa. Tout autre candidat, plus jeune, serait quasi certain de l’emporter ou, du moins, d’insuffler une dynamique positive à l’Amérique. Mais, tels des vieux acteurs, ils s’accrochent, chacun persuadé de supplanter l’autre.A ce petit jeu, c’est Donald Trump qui, depuis le “tremblement de terre” du 5 novembre, tient la corde. Ce jour-là, un sondage New York Times/Siena College auprès des électeurs inscrits des six swing states américains – les fameux Etats pivots qui font basculer l’élection dans un camp ou dans l’autre – révèle que le républicain possède 4 à 10 points d’avance dans cinq d’entre eux : Arizona, Géorgie, Michigan, Nevada et Pennsylvanie. Sans doute une conséquence directe du conflit israélo-palestinien : le soutien affiché du président Biden à Israël déplaît à la gauche du Parti démocrate, qui s’abstiendrait plutôt que voter pour lui. Autre signal d’alerte : 22 % des Afro-Américains prévoient de voter Trump ! Une progression effarante : en 2020, 8 % des Noirs avaient voté pour lui et en 2016, 6 %. La preuve, aussi, que “l’atout” Kamala Harris, vice-présidente censée attirer le “vote black”, ne fonctionne pas.”Le vieux Biden n’imprime pas””Le recul de Biden est d’autant plus surprenant que les ‘Bidenomics’, c’est-à-dire ses résultats macroéconomiques liés à différentes lois de relance keynésienne (sur les infrastructures, la transition écologique, la recherche, etc.) sont plutôt bons”, estime Laurence Nardon, de l’Institut français des relations internationales. “De plus, ses positions fortes sur le soutien à l’Ukraine et à Israël font mentir l’idée que, depuis Jimmy Carter, président de 1976 à 1980, les démocrates seraient ‘weak on defense’, c’est-à-dire faibles sur les questions de défense et de politique internationale. Mais, malgré cette fermeté, le vieux Biden ‘n’imprime pas’.”Débat entre les candidats républicains, de g. à d.: Chris Christie, Nikki Haley, Ron DeSantis et Vivek Ramaswamy.Même les ennuis judiciaires de Trump n’arrêtent pas son ascension. “C’est contre-intuitif, mais les trois procès qui démarrent au printemps favoriseront Trump, reprend cette chercheuse. Pendant la campagne, il va se poser en victime des élites, de l’état profond et de l’administration Biden.” Et, le calendrier judiciaire aidant, aucune condamnation n’interviendra avant le scrutin. Voilà quelques semaines, la présidentielle semblait ingagnable pour Trump. Maintenant, tout indique que Biden pourrait la perdre. Avec, à la clé, des conséquences incalculables pour le monde entier.”Ce serait un cauchemar”, lâche sans ambages le député allemand Norbert Röttgen de l’Union chrétienne-démocrate (CDU, droite), qui s’attend à ce que Trump cesse de soutenir l’Ukraine. “A coup sûr, il présentera ce conflit comme une affaire entre Européens et les laissera se débrouiller entre eux, prédit ce conservateur qui siège à la commission des Affaires étrangères du Bundestag. Il nous mettra au pied du mur et nous proposera d’acheter des armes américaines pour soutenir l’Ukraine.”Ce scénario n’a rien d’impossible. “Trump pourrait utiliser son pouvoir exécutif pour ralentir ou même arrêter le soutien à l’Ukraine approuvé par le Congrès, renchérit Alexandra de Hoop Scheffer, du German Marshall Fund. Il surfe déjà sur la fatigue de la guerre au sein de la classe politique et de l’opinion américaine : lors de ses meetings, il travaille les esprits en ce sens avec son slogan anti-Biden : ‘Ukraine first, America last’.” La spécialiste des relations Europe-Etats-Unis anticipe même un rapprochement avec Poutine. “Dès les premiers jours de sa présidence, Trump pourrait convoquer une rencontre bilatérale avec le dirigeant russe pour conclure un accord de cessez-le-feu visant à geler le conflit sans consulter les Européens et ses partenaires de l’Otan.”Le retour de Trump aux affaires impacterait aussi le Moyen-Orient avec, d’une part, une position plus dure que celle de Biden vis-à-vis de l’Iran, le Hamas et le Hezbollah et, d’autre part, un “soutien total à Israël”, ainsi que le candidat l’a déjà annoncé. Une position liée au vote des évangéliques : favorables à Israël, ils représentent 20 % des votants. En Asie, il pourrait déclencher une guerre économique contre la Chine en exigeant que l’Allemagne et les autres pays européens s’alignent sur Washington et cessent de commercer avec Pékin, sans quoi ils subiraient des sanctions américaines. “En somme, ce serait une période de disruption comme l’Occident n’en a jamais connu ; pas même durant le premier mandat de Trump”, conclut Norbert Röttgen.Trump choisira partout des personnalités “loyales”Avec une équipe renouvelée, plus à droite et mieux organisée que la précédente, Trump renversera la table. “Pour commencer, il a annoncé qu’il nommerait un procureur chargé d’enquêter sur son prédécesseur afin de le salir”, décrit la juriste et américaniste Anne Deysine, également auteure de Les Etats-Unis et la démocratie (L’Harmattan). Après ces hors-d’œuvre, Trump placerait sous son contrôle direct les agences publiques, aujourd’hui indépendantes, comme la Food & Drug Administration (qui délivre les autorisations pour les médicaments) ou le Consumer Financial Protection Bureau (qui protège les clients du secteur financier).” Trump entend aussi supprimer la sécurité de l’emploi pour des dizaines de milliers de fonctionnaires qui, selon lui, travaillent pour “l’Etat profond” plutôt que servir le locataire de la Maison-Blanche.Trump choisirait partout des personnalités qu’il considère comme loyales. “Pendant son premier mandat, il avait renvoyé le directeur du FBI, James Comey, après lui avoir demandé son allégeance en pleine enquête sur l’ingérence russe dans les élections de 2016, rappelle Alexandra de Hoop Scheffer, qui est en lien quotidien avec l’administration Biden. Sa première décision serait donc de remplacer le directeur du FBI et le ministre de la Justice. Avec des loyalistes en poste, toute enquête fédérale en cours le concernant pourrait être abandonnée.”La juriste Anne Deysine détaille : “Avec les trois juges de la Cour suprême et les 250 juges de première instance et de cour d’appel nommés par ses soins pendant son premier mandat, le pouvoir judiciaire ne serait plus un contre-pouvoir conformément à l’esprit de la Constitution, mais un agent du pouvoir.” Enfin, en matière d’immigration, Trump entend serrer la vis à fond, encore plus qu’au début de son premier mandat : il renouerait notamment avec les interdictions d’entrer sur le territoire pour les ressortissants de plusieurs pays musulmans.S’il revient à la Maison-Blanche en janvier 2025, l’ancien magnat de l’immobilier new-yorkais sera seulement le deuxième président à obtenir deux mandats non consécutifs. Le premier fut le démocrate sans relief Grover Cleveland (1884-1888, puis 1892-1896), qui n’a guère marqué les esprits. Trump, lui, c’est sûr, laissera son empreinte, estime l’historien des Etats-Unis Yves-Marie Péréon, auteur de Rendre le pouvoir (Tallandier). “Pour prendre la mesure de la transgression qu’il incarne, il suffit de savoir qu’en deux cent cinquante ans, aucun président n’a jamais contesté le résultat d’une présidentielle. Aucun n’a fomenté une insurrection. Et aucun ex-président n’a snobé l’investiture de son successeur.” Trump, lui, a fait tout ça.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/donald-trump-saison-2-comment-il-prepare-son-retour-a-la-maison-blanche-HI2RO6T5C5GJ3J2DOM5PI5R6GY/

Author : Axel Gyldén

Publish date : 2023-11-22 04:30:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Israël – Hamas : ce que l’on sait sur l’accord de trêve temporaire et de libération d’otages

logo




Le gouvernement israélien a donné son feu vert, mercredi 22 novembre, à un accord visant à obtenir la libération de 50 otages aux mains du Hamas en échange de prisonniers palestiniens et d’une trêve de quatre jours dans la bande de Gaza, premier signe tangible de répit après des semaines de guerre.”Le gouvernement a approuvé les grandes lignes de la première étape d’un accord selon lequel au moins 50 personnes enlevées – des femmes et des enfants – seront libérées pendant quatre jours au cours desquels il y aura une accalmie dans les combats”, selon un communiqué en hébreu du gouvernement transmis à l’AFP.Près de 240 otages au totalL’accord pour libérer des otages est “la bonne décision” à prendre, avait déclaré mardi soir le Premier ministre Benyamin Netanyahou avant le début de la réunion de son cabinet qui s’est poursuivie tôt mercredi par ce feu vert. Environ 240 personnes ont été enlevées lors de l’attaque sanglante lancée le 7 octobre contre Israël par le mouvement islamiste, au pouvoir dans la bande de Gaza.Le Hamas, dont le chef Ismaïl Haniyeh avait fait état d’avancées dans les pourparlers, a salué un accord de “trêve humanitaire”, précisant que les “dispositions de cet accord ont été formulées conformément à la vision de la résistance”. Après les déclarations du gouvernement israélien et du Hamas, les autorités du Qatar, émirat du Golfe au centre des pourparlers de trêve, a confirmé un accord pour une “pause humanitaire” dans la bande de Gaza.”Le début de cette pause sera annoncé dans les prochaines 24 heures et durera quatre jours, avec possibilité de prolongation”, a déclaré sur X le ministère qatari des Affaires étrangères, se félicitant du “succès” de sa médiation conjointe avec l’Egypte et les Etats-Unis.Doha œuvre depuis des semaines avec Washington et Le Caire pour obtenir une libération d’otages retenus à Gaza en échange de celle de prisonniers palestiniens et d’une trêve dans les combats.10 otages contre 30 prisonniersLes Etats-Unis s’attendent à ce que “plus de 50” otages soient libérés par le Hamas à Gaza à la faveur d’un accord de trêve annoncé avec Israël, a indiqué un haut responsable de la Maison-Blanche, précisant que trois ressortissantes américaines faisaient partie des otages devant être libérés. Le président américain Joe Biden s’est déclaré “extraordinairement satisfait” par l’accord.Un haut responsable du Hamas a dit à l’AFP s’attendre à ce “qu’un premier échange de 10 otages contre 30 prisonniers soit réalisé dès jeudi” et que cette “trêve peut être prolongée”.Après 50 otages libérés, “la libération de dix otages supplémentaires conduira à une journée supplémentaire de pause” dans les combats, a indiqué le gouvernement israélien. “Le Hamas et d’autres factions armées doivent libérer tous les otages immédiatement”, a déclaré Omar Shakir, directeur de l’organisation Human Rights Watch pour Israël et les Territoires palestiniens, disant que le blocage de l’aide essentielle tenait aussi, comme la prise d’otages, de “crime de guerre”.Poursuite de la guerreCet accord de trêve ne signifie pas la fin de la guerre dans la bande de Gaza, avait prévenu mardi soir le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, disant souhaiter une reprise à “pleine force” des opérations après la trêve afin de “défaire” le Hamas et de “créer les conditions nécessaires pour ramener à la maison d’autres otages”.”Le gouvernement israélien, l’armée israélienne et les forces de sécurité poursuivront la guerre pour ramener toutes les personnes enlevées, éliminer le Hamas et garantir qu’il n’y ait plus aucune menace pour l’État d’Israël depuis Gaza”, a d’ailleurs confirmé le gouvernement après son vote.”Nous confirmons que nos mains resteront sur la gâchette et que nos bataillons triomphants resteront aux aguets”, a averti le Hamas de son côté.Les organisations internationales et de nombreuses capitales étrangères multiplient les appels à un cessez-le-feu ou à une trêve face à la situation humanitaire catastrophique dans le petit territoire assiégé, où la guerre a détruit des quartiers entiers, dévasté le système de santé et entraîné des déplacements massifs de population.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/guerre-israel-hamas-netanyahou-donne-son-feu-vert-a-un-accord-de-cessez-le-feu-et-de-liberation-LU3TG52RABDNHKD4RHGIFCMQMQ/

Author :

Publish date : 2023-11-22 04:52:19

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Guerre en Ukraine : entre Zelensky et Zaloujny, le spectre d’une rivalité naissante

logo




“Patientez s’il vous plaît, l’abonné est en ligne. Pendant qu’il discute, la victoire se rapproche”. Parmi les petits changements quotidiens amenés par la guerre, certains opérateurs ukrainiens ont modifié leurs messages d’attente pendant les doubles appels pour soutenir le moral des troupes. “Des millions d’Ukrainiens ont l’impression que l’on peut juste continuer à vivre sa vie, à discuter au téléphone, et que la victoire se rapproche, comme le Nouvel An arrive avec le nouveau calendrier, regrette Evhen Dyky, un analyste et militaire, vétéran depuis 2014, interrogé par le média ukrainien militaire Novynarnia. Mais la victoire, ça ne fonctionne pas comme ça.”Au début de l’invasion, selon les sondages, la population estimait que la guerre ne durerait que quelques semaines. Puis, en décembre 2022, la majorité des Ukrainiens pensait qu’elle se terminerait en 2023. Mais presque dix-huit mois après son déclenchement, le conflit continue de s’étirer, épuisant la population et les ressources de l’Ukraine. Insistant en permanence pour obtenir de l’aide militaire malgré la lassitude de ses partenaires, Volodymyr Zelensky se compare régulièrement à Bill Murray dans Un jour sans fin, un présentateur météo obligé de revivre éternellement la même journée.Alors que la guerre totale entre dans son deuxième hiver, les difficultés s’accumulent pour Kiev. Malgré des efforts héroïques et des brèches dans les défenses russes près de Robotyne, l’armée ukrainienne, qui manque de munitions et ne peut relever ses hommes, n’a réussi à avancer que de 17 kilomètres depuis juin. Poutine joue la montre, comptant sur la fatigue des Occidentaux et la réélection de Donald Trump. Il y a quelques jours, l’Union européenne a annoncé qu’elle n’atteindra pas sa promesse de l’année dernière de livrer un million d’obus d’ici à mars 2024. Pour le moment, seules 300 000 pièces ont été livrées à l’Ukraine.Impasse stratégiqueDans une tribune publiée dans The Economist, le commandant des forces armées ukrainiennes Valeri Zaloujny a avoué un secret de polichinelle : la contre-offensive est dans une “impasse”. Sans avancée technologique et avec un rapport de force nul, les adversaires se retrouvent dans une guerre d’attrition qui rappelle la Première Guerre mondiale. Une affirmation qui n’a pas été du goût du gouvernement ukrainien. Volodymyr Zelensky a balayé ce constat lors de la visite de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen : “Il y a des difficultés, oui. Il y a des opinions différentes [sur le conflit], c’est vrai. Mais je pense que nous n’avons même pas le droit de penser à une défaite. Il n’y a pas d’alternative”. Le président ukrainien estime que son pays a encore ses chances de gagner. L’un des conseillers du président est même allé jusqu’à dire à la télévision ukrainienne que les remarques de Zaloujny “facilitaient le travail” de la Russie, poussant les observateurs à se demander si les deux chefs de guerre ne s’étaient pas brouillés.Autre indice, la semaine dernière, le pouvoir a démis le général Viktor Khorenko, qui dirigeait les forces spéciales du pays. Ce dernier a déclaré que Valeri Zaloujny avait appris son licenciement dans les médias – le commandant des forces armées n’a pas confirmé ni commenté cette affirmation. Le ministre de la Défense Roustem Oumerov, dont le prédécesseur Oleksii Reznikov a été évincé par Zelensky en septembre dans le cadre d’une enquête pour corruption, a déclaré qu’il ne pouvait pas décrire publiquement les raisons du limogeage, car de telles révélations pourraient aider Moscou.Des ratés dans la communication jusqu’ici bien coordonnée entre Zelensky et son général, qu’il a lui-même nommé en juillet 2021 ? Les experts que nous avons interrogés parlent plutôt de “différences de stratégie” sur la façon d’aller chercher le soutien des Occidentaux. “Zaloujny voit la situation sur le terrain, Zelensky a une vision stratégique, géopolitique pour les prochains mois, mais au fond, le message est le même : chacun demande des armes”, analyse le député Yehor Chernev, membre de la commission défense au Parlement.Depuis l’été 2022, des rumeurs circulent sur une dispute entre les deux chefs de guerre, rappelle la journaliste politique ukrainienne Kristina Berdynskykh, mais pour le moment, elles n’ont jamais été étayées par des preuves concrètes : “La popularité de Zaloujny déplaît dans le cabinet du président, car c’est une figure qui unit à la fois les soutiens et les critiques de Zelensky, mais les deux se parlent en permanence, et Zelensky a même déclaré qu’il était satisfait du travail du commandant.” Une chose est certaine, cette opposition politique supposée entre les deux figures est régulièrement utilisée par Moscou dans des campagnes d’influence. Depuis début novembre, plusieurs vidéos issues de sites russes circulent ainsi sur les réseaux sociaux ukrainiens : on voit, dans ces deep fakes, un faux Zaloujny appeler à la mutinerie contre Zelensky.Zaloujny présidentiableBien que Valeri Zaloujny s’intéresse peu à la politique, il n’en serait pas moins l’un des favoris si l’élection présidentielle avait lieu en mars et avril 2024. À deux réserves près : les militaires n’ont pas le droit de se présenter selon la loi ukrainienne. Et la loi martiale ne permet pas la tenue d’un vote. Avec six millions d’Ukrainiens à l’étranger, douze millions de déplacés et un cinquième du territoire occupé, un scrutin juste et sans danger serait impossible, s’accordent à dire la classe politique et la société civile ukrainienne. Début novembre, Zelensky a définitivement fermé la porte à un scrutin, malgré les pressions grandissantes de l’étranger, notamment d’élus républicains américains.Les obstacles s’accumulent pour Kiev. Avec la guerre en Israël et les risques d’embrasement au Moyen-Orient, les capacités militaires et l’attention de Washington atteignent leurs limites. “Il est très clair que l’Ukraine doit dépendre davantage d’elle-même, et que l’on doit plus se reposer sur nos propres forces et sur notre industrie militaire”, estime Pavlo Klimkin, ancien ministre des affaires étrangères, même si cette stratégie n’est pas dénuée d’obstacles.Dans ce contexte, la fatigue, des difficultés économiques et de la frustration de la population favorisent les critiques, ajoute Volodymyr Fessenko. “Les gens s’attendaient – et malheureusement, certains politiques ont contribué à cette idée – à ce que la guerre prenne fin cette année, alors qu’il est devenu évident qu’elle va durer et qu’il n’est pas possible de dire quand elle s’arrêtera,” estime le politologue. Comme lors de la Première Guerre mondiale, le deuxième hiver est propice aux divisions, sur fond d’accusations de corruption, de problèmes de recrutement et de critiques envers l’armée. Près de 22 soldats de la 128e brigade d’assaut de montagne ont été tués lors d’une cérémonie de remise de médailles, près du front de Zaporijjia. Une enquête a été ouverte par le ministre de la Défense pour faire toute la lumière sur cette cérémonie décriée, qui rappelle les pratiques militaires soviétiques.”Il y a de plus en plus de critiques, mais par ailleurs, le peuple ukrainien reste uni ‘autour du drapeau’ et autour de ces personnes qui dirigent notre défense, notre résistance à l’agression russe : et aujourd’hui, il s’agit surtout de Zelensky et de Zaloujny”, poursuit Volodymyr Fessenko. Ces derniers recueillent respectivement la confiance de 91 et 87 % des répondants dans les sondages. A titre de comparaison, avant l’invasion, moins d’un tiers des Ukrainiens accordaient leur confiance au président ukrainien. “La démocratie, c’est un processus, explique Olha Aivazovska, de l’ONG ukrainienne d’observation des élections Opora. Ce n’est pas grave si nous avons des polémiques, cela veut simplement dire que des opinions différentes s’expriment haut et fort, même pendant la guerre. C’est bien de dire quand quelque chose ne va pas dans notre pays, c’est la seule façon de le corriger.”



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/guerre-en-ukraine-entre-zelensky-et-zaloujny-le-spectre-dune-rivalite-naissante-DV6AOSUQNJFMZNS76CIVWOKGNE/

Author :

Publish date : 2023-11-22 04:55:37

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

La dette augmente de 7 341 euros par seconde : il est plus que temps de s’inquiéter

logo




Chaque année, c’est le même refrain. Les représentants de Bercy assurent qu’ils vont inverser la courbe de la dette et faire maigrir notre déficit public. Des promesses que personne ne croit, car elles n’ont jamais été tenues. Comme le confie un expert, “pourquoi tenter de rétablir nos finances publiques alors que tout le monde s’en fiche ?”.Tout le monde s’en fiche ? Les politiques, probablement : quels avantages tireraient-ils d’une cure de rigueur administrée au pays ? Les Français, sans doute : l’addiction aux chèques publics leur a vite fait oublier la question de savoir qui paie.Pourtant, on observe une inquiétude croissante chez certains économistes ou même auprès du gouvernement, proportionnelle à la montée des taux d’intérêt. La France, rongée par la dépense publique et lestée par une dette abyssale (3 050 milliards d’euros, soit 111 % du PIB) doit se mettre à la diète. On est loin du compte : en 2023, son déficit à financer a été revu à la hausse, de 165 à 172 milliards d’euros, et en 2024, elle va devoir emprunter 285 milliards d’euros pour maintenir son train de vie, un record absolu.Et alors ? Alors on a changé de monde. La brutale remontée des taux d’intérêt constitue un danger sans précédent pour la France. Nous vivons toujours plus à crédit, et ce crédit coûte de plus en plus cher : 48 milliards d’euros en 2024, 74 milliards en 2027, premier poste de dépenses devant l’Education nationale ou la Défense. On comprend mieux pourquoi le patron de Bercy scandait l’an dernier “dépenser moins, dépenser mieux”. C’est de bon aloi, surtout quand on sait que le déficit français va tangenter les 5 % du PIB en 2023, selon Bruxelles, soit presque deux points au-dessus de la moyenne de la zone euro.France : Dette et déficit publicFaire des efforts, sans que ça se voit tropPour revenir à l’objectif de 2,7 % en 2027 fixé par Paris, il va falloir souquer ferme. D’où les appels aux économies d’Elisabeth Borne : la Première ministre veut récupérer 12 milliards d’ici à 2025. Mais comment y parvenir alors que, selon Bruxelles, le taux de croissance de la France sera de seulement 1,2 % en 2024 et que le taux le chômage remonte ? Le très keynésien Olivier Blanchard, ancien du FMI, a lancé une alerte à tous les pays sur le risque d’explosion de la dette. Tout en prévenant : “Une consolidation drastique et immédiate serait très probablement catastrophique, tant sur le plan économique en déclenchant une récession, que sur le plan politique en augmentant la part des votes allant aux partis populistes” (1). Faire des efforts, sans que ça se voit trop : une équation impossible pour le gouvernement. Sauf à faire payer les entreprises : parmi les pistes envisagées figure une réduction des aides visant celles-ci. Un calcul facile mais dangereux car il risquerait de remettre en cause le credo macronien d’attractivité de la France…En attendant la dette enfle : le temps de lire cet édito, elle a progressé de 1,39 million d’euros (2). Soit 7 341 euros par seconde…(1) https://www.piie.com/blogs/realtime-economics/if-markets-are-right-about-long-real-rates-public-debt-ratios-will(2) Selon le rythme de progression de la dette publique nette depuis le début d’année (source Insee).



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/la-dette-augmente-de-7-341-euros-par-seconde-il-est-plus-que-temps-de-sinquieter-UQUXCP7EQVFHXOCML2QVPSTRDE/

Author : Eric Chol

Publish date : 2023-11-22 10:30:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Pesticides : le Parlement européen rejette le plan de réduction de Bruxelles

logo




Le Parlement européen a rejeté, ce mercredi 22 novembre, un projet législatif visant à réduire de moitié l’usage des pesticides dans l’Union européenne d’ici 2030, obligeant la Commission à présenter une nouvelle version du texte. Un scenario qui s’annonce improbable, à seulement quelques mois des élections de juin 2024.Elément crucial du Pacte vert de l’UE, cette législation proposée en juin 2022 par la Commission européenne prévoyait de réduire de moitié d’ici 2030, comparé à la période 2015-2017, l’utilisation et les risques à l’échelle de l’UE des produits phytosanitaires chimiques.Le PPE (droite) a fait passer des amendements visant à affaiblir considérablement ce texte qui a, en retour, été rejeté par 299 voix (207 pour, 121 abstentions) par les eurodéputés réunis en séance plénière. Ces derniers ont également refusé tout renvoi en commission parlementaire Environnement, de quoi mettre effectivement un terme à l’avenir de ce texte, qui divisait également profondément les Etats membres.Pas de compromis trouvéEn octobre dernier, cette proposition de législation avait été adoptée par la commission Environnement du Parlement européen, sous l’impulsion de la gauche et des centristes du groupe Renew (dans lequel siègent les eurodéputés Renaissance). Le groupe PPE (droite), de son côté, s’y opposait farouchement, à l’unisson de l’organisation des syndicats agricoles majoritaires (Copa-Cogeca) et d’Etats hostiles au texte, sur fond de résistances croissantes aux réglementations environnementales de l’UE, jugées trop contraignantes.Selon le média Contexte, des eurodéputés de droite, du centre mais aussi socialistes souhaitaient “reporter à 2035 l’objectif de diviser par deux l’utilisation des pesticides”, ainsi qu’introduire des amendements pour “laisser les Etats définir leurs zones sensibles et fixer leurs cibles nationales de réduction” afin d’accepter de voter le projet législatif. Un compromis qui n’aura pas pu être trouvé avec la gauche de l’hémicycle, qui aura donc refusé de voter le texte.Un “jour noir” pour les VertsLa rapporteure du texte, l’écologiste Sarah Wiener, a déclaré qu’il s’agissait “d’un jour noir” pour l’environnement et les agriculteurs. L’eurodéputée La France insoumise Manon Aubry a quant à elle exprimé un “sentiment de dégoût”, jugeant que “les libéraux, la droite et l’extrême droite […] sont en train de tuer tout le Green Deal.”De leur côté, les eurodéputés de droite ont salué ce résultat final dans l’hémicycle. “La proposition bancale de la Commission subit un camouflet, il est temps d’arrêter de jouer aux apprentis sorciers en matière de politique environnementale et de prendre en compte les réalités des agriculteurs sur le terrain”, a salué l’élue française Les Républicains Anne Sander. “Aujourd’hui est un bon jour pour les agriculteurs et pour tous ceux qui pensent que l’UE doit s’abstenir de leur imposer de nouveaux fardeaux”, s’est félicité l’eurodéputé allemand Peter Liese.Les organisations agricoles majoritaires ont également applaudi ce vote : “Enfin ! Le Parlement européen reconnaît que le règlement pesticides était mal calibré, irréaliste, non financé, mais un pur texte idéologique”, a salué la directrice générale de la FNSEA, Christiane Lambert.



Source link : https://www.lexpress.fr/environnement/pesticides-le-parlement-europeen-repousse-le-plan-de-reduction-de-bruxelles-IFQLL7Y4ABEWXMZ4BLEMVTIKRM/

Author :

Publish date : 2023-11-22 14:48:14

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Bronchiolite : l’épidémie rebondit après une brève accalmie

logo




Une augmentation continue, qui pourrait bientôt inquiéter les autorités sanitaires. L’épidémie de bronchiolite, qui touche essentiellement les bébés, a repris sa progression ces derniers jours après une pause liée aux vacances scolaires, a annoncé ce mercredi 22 novembre Santé publique France. Toutes les régions de métropole sont désormais classées en phase épidémique, à l’exception de la Corse. En outre-mer, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane restent également toujours touchées par l’épidémie, tout comme Mayotte.La semaine dernière, “l’activité liée à la bronchiolite chez les enfants de moins de deux ans était en augmentation en ville et à l’hôpital”, a résumé l’agence de santé publique dans son bilan hebdomadaire. Celle-ci marque donc une reprise après une pause début novembre, attribuée par Santé publique France aux vacances scolaires, de nature à diminuer les contacts entre enfants en collectivité.Un traitement porteur d’espoirsLa bronchiolite, causée principalement par le virus respiratoire syncytial (VRS), provoque des difficultés respiratoires chez les bébés. Touchant chaque année 30 % des enfants âgés de 1 mois à 2 ans selon Santé Publique France – soit 480 000 cas par an -, elle reste généralement sans gravité. Elle peut néanmoins déboucher sur des passages aux urgences et des hospitalisations. L’an dernier, elle a ainsi été à l’origine d’une épidémie sans précédent depuis plus de dix ans, conduisant des dizaines de milliers de nourrissons à l’hôpital.L’une des principales questions repose dans l’effet qu’aura un nouveau traitement préventif, le Beyfortus, commercialisé par Sanofi, qui a rencontré une vive adhésion des parents. Au point même d’être victime de son succès.Initialement proposées à tous les bébés nés depuis février, ses livraisons ont rapidement été restreintes. Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a annoncé ce dimanche dans Le Monde la commande de 50 000 nouvelles doses auprès de Sanofi. Celui-ci a également jugé la semaine dernière la semaine dernière que le Beyfortus faisait déjà ses preuves dans les chiffres des hospitalisations. Même si les pédiatres, quant à eux, restent globalement plus mesurés et jugent trop précoces de telles conclusions.Moins d’hospitalisationsLes passages aux urgences pour bronchiolite sont certes moins fréquents que l’an dernier, particulièrement rude, mais l’inflexion n’est guère sensible par rapport aux saisons précédentes. En revanche, ces passages semblent moins souvent déboucher sur des hospitalisations, en particulier dans des services de réanimation pour les cas les plus graves.Santé publique France a également fourni un bilan de deux autres maladies : le Covid, qui donne quelques signes de reprise, et la grippe saisonnière, toujours limitée à quelques cas sporadiques en métropole en attendant l’inévitable épidémie annuelle.



Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/bronchiolite-lepidemie-rebondit-apres-une-breve-accalmie-UUX4TQ74YZFAJF5JCJACOUVMCY/

Author :

Publish date : 2023-11-22 17:49:25

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more
Page 237 of 263

..........................%%%...*...........................................$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$--------------------.....