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L’Express

Contrôleurs aériens : ce que va changer ce nouveau “service minimum” en cas de grève

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Et rebelote. Une nouvelle grève des contrôleurs aériens va provoquer des annulations de vols ce lundi. Sont concernés les aéroports d’Orly, de Toulouse, de Bordeaux ou encore de Marseille. Au total, il s’agirait du 53e préavis des contrôleurs aériens en 2023. La raison de ces nouvelles perturbations ? Mercredi 15 novembre, le Parlement a adopté une proposition de loi visant à organiser les services de navigation aérienne en cas de mouvement social, par le biais d’un ultime vote à l’Assemblée nationale. La direction générale de l’aviation civile (DGAC) a ainsi demandé dès le lendemain aux compagnies aériennes de renoncer à une partie de leur programme de vols ce lundi.#Perturbations | Mouvement social national du 20 novembre 2023. pic.twitter.com/3vP6XDIhgz— Direction générale de l’aviation civile 🇫🇷🇪🇺 (@DGAC) November 16, 2023Du côté du gouvernement, on applaudit des deux mains. Ce texte “protecteur et d’équilibre” permet de mettre fin “à un système asymétrique” à l’origine d’une “désorganisation du service public”, a soutenu le ministre des Transports Clément Beaune. La proposition de loi sénatoriale, adoptée en juin par la chambre haute et portée à l’Assemblée par le député Renaissance Damien Adam, a été adoptée avec 85 voix contre 30. La gauche s’y est opposée, considérant le texte comme “une menace pour le droit de grève”, selon la députée écologiste Lisa Belluco.📣 A la tribune pour défendre le droit de grève des #contrôleurs aériens !

cc @UnsaICNA @usac_cgt @CFDT pic.twitter.com/yCuPTYuUOe— Lisa Belluco (@LisaBelluco) November 16, 2023Le sénateur Vincent Capo-Canellas (Union centriste) est à l’initiative de cette proposition de loi qui rend obligatoire, pour tout agent aérien assurant des fonctions “dont l’absence est de nature à affecter directement la réalisation des vols”, de déclarer individuellement sa participation à un mouvement de grève deux jours auparavant. Le droit de grève des contrôleurs aériens ne sera pas remis en cause, mais le texte qui a été approuvé à l’Assemblée nationale obligera les aiguilleurs du ciel à se déclarer grévistes 48 heures en avance. L’objectif : éviter des annulations de dernière minute.Permettre un “service minimum en toutes circonstances”Les mouvements sociaux en lien avec la réforme des retraites au premier semestre 2023 avaient conduit le gouvernement à activer la procédure accélérée de l’examen du texte, permettant une unique lecture dans chaque chambre, et une adoption définitive rapide. Précisément, l’article unique du texte impose aux grévistes de prévenir de leur participation à un mouvement social “au plus tard à midi l’avant-veille de chaque journée de grève”.Actuellement, les syndicats dans le contrôle aérien doivent déposer tout préavis de grève cinq jours avant un mouvement, mais les grévistes n’ont pas à déclarer leur participation individuelle, à la différence des autres salariés du secteur. De leurs côtés, les compagnies aériennes ont haussé le ton, ces grèves perturbant tout le trafic européen. Le président-directeur général de Ryanair, Michael O’Leary voyait dans ces perturbations récurrentes une entrave à “la liberté de déplacement”.Un “usage déraisonné”Même le syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA), syndicat majoritaire du secteur, s’est exprimé – timidement – en faveur du texte. Il a alerté sur une “instrumentalisation du droit de grève et son usage déraisonné” dans certaines circonstances. “Au titre de ce dialogue engagé depuis plusieurs mois et des garanties apportées, le SNCTA juge le recours à un préavis de grève inapproprié et n’appelle pas à se mobiliser lundi 20 novembre”, a-t-il indiqué dans un communiqué publié mardi. Le même syndicat a également donné des gages au gouvernement pour éviter les grèves pendant les Jeux olympiques de 2024.Le texte vise à permettre “un service minimum adapté”, c’est-à-dire l’obligation faite aux salariés de services publics d’assurer un service minimum en toutes circonstances et la mise en place “de mesures proportionnées” aux réels besoins du secteur en cas de grève, a soutenu le rapporteur Damien Adam. Pour lui, l’adoption de cette proposition est “une avancée de taille pour concilier le droit de grève des contrôleurs aériens et la prévisibilité du trafic aérien. Depuis 2005, 249 journées de grève ont eu lieu, contre 34 en Italie, 44 en Grèce, et moins de dix dans les autres États membres.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/controleurs-aeriens-ce-que-va-changer-ce-nouveau-service-minimum-en-cas-de-greve-QT7F6C7ESBBKVHDYOKJZBNWDME/

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Publish date : 2023-11-19 11:05:43

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Allemagne : pourquoi la cuisine outre-Rhin a-t-elle si mauvaise réputation ?

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Cette chronique raconte la petite ou la grande histoire derrière nos aliments, plats ou chefs. Puissante arme de soft power, marqueur sociétal et culturel, l’alimentation est l’élément fondateur de nos civilisations. Conflits, diplomatie, traditions, la cuisine a toujours eu une dimension politique. Car comme le disait déjà Bossuet au XVIIe siècle, “c’est à table qu’on gouverne“.Les réseaux sociaux sont parfois cruels. Lors de la visite en octobre dernier d’Emmanuel Macron en Allemagne pour rencontrer le chancelier Olaf Scholz, un internaute poste deux photos qui en disent long sur le rapport à la gastronomie de chaque côté du Rhin. D’un côté, le dîner fastueux donné par le président français à Versailles en l’honneur du roi Charles III, et de l’autre, le couple élyséen pris de haut-le-cœur devant un fischbrötchen, un sandwich de poisson fumé typique du nord de l’Allemagne qu’on mange sur le pouce au marché…En matière de cuisine, l’Allemagne souffle le chaud et le froid. 334 restaurants ont été couronnés d’un “macaron” dans la dernière édition du Michelin qui salue “la grande diversité et l’excellence qui caractérisent la scène gastronomique allemande”. Ce pays, qui a vu naître les plus grands musiciens – Bach, Beethoven ou Schubert pour ne citer qu’eux – a aussi enfanté du maestro Eckart Witzigmann, élu cuisinier du siècle en 1990 par le Gault et Millau. Mais sur cette terre de gibier, on trouve aussi… le mettigel, régal de mauvais goût qui met en scène un hérisson sous forme de viande de porc crue assaisonnée avec des olives pour faire les yeux, et des morceaux d’oignons pour faire les pics.Un “Mettigel” en plastique est posé sous une cloche de verre lors de l’exposition “Future Food” au Musée allemand de l’hygiène, en mai 2020.Si la haute voltige culinaire des étoilés de Berlin ne saurait être remise en cause, elle est à mille lieues de l’assiette du quotidien, aussi triste et grise que Hanovre en hiver. Pêle-mêle : le wiener schnitzel (escalope de veau panée), les 1 500 variétés de saucisses (currywurst, bratwurst, bregenwurst), la très célèbre kartoffelsalat ou bien encore l’apfelstrudel (une pâtisserie aux pommes). En matière de plats étouffe-chrétiens, la France n’a pas de leçons à donner mais force est de constater que la finesse a un peu de mal à passer le Rhin. Comment expliquer ces destins contraires (et contrariés) des deux voisins ? Laissons de côté l’incroyable terroir français et ses produits qui n’existent nulle part ailleurs. Passons aussi sur la passion immodérée des Gaulois pour les banquets. Oublions aussi les rois de France qui ont élevé les “arts de la table” à un rang inégalé à l’époque…L’aristocratie allemande se met à embaucher les meilleurs chefs françaisAu sortir de la Révolution de 1789 et du règne de Napoléon en 1815, la France a très rapidement perçu le potentiel diplomatique de ses cuisiniers comme un formidable levier de rayonnement. Jean Anthelme Brillat-Savarin, le plus célèbre des auteurs culinaires français, voit poindre au tout début du XIXe siècle les prémices d’un tourisme gastronomique. L’aristocratie allemande se laisse allécher et se met à embaucher les meilleurs chefs français dans ses châteaux. C’est notamment le cas du roi de Prusse, Frédéric II qui se faisait remplir la panse par le célèbre chef périgourdin André Noël (1726-1801), capable d’envoyer jusqu’à 80 plats pour les VIP de l’époque, dont la fameuse “bombe de Sardanapale”, une délicieuse variante du chou farci. L’époque considère qu’on ne fait de bonne chère qu’avec des cuisiniers de France. Le 7 juillet 1913, l’illustre Auguste Escoffier, le pape de la cuisine française, donne un repas mémorable sur un paquebot de luxe où se trouve le roi Guillaume II. Au menu : hors-d’œuvre à la russe, melon cantaloup, consommé froid madrilène, velouté parmentier…Mais ces repas orgiaques sont réservés à une petite élite, tandis que la population se gave de patates, l’ingrédient phare, symbole de la sobriété absolue, raconte Karl Heinz Götze, professeur titulaire de littérature et de civilisation allemandes à l’université de Provence (Aix-Marseille I) dans une note passionnante issue des “Cahiers d’études germaniques”. L’alimentation est aussi historiquement un terrain d’affrontements religieux entre catholiques et protestants. Dans ses écrits, Martin Luther (1483-1546) n’a cessé de dénoncer la gourmandise – voire l’ivrognerie – des moines qui pensent plus à se goinfrer qu’à l’aumône. La littérature allemande, du courant sentimental et néo-humaniste, abonde de références à la cuisine française. L’auteur Matthias Claudius (1740-1815) n’hésite pas à lier “la décadence de l’empire romain, l’adultère, la naissance de l’opéra, l’existence des avocats et des castrats à la consommation de rôti de bœuf et de vin”. Pire encore, cette profusion de nourriture provoquerait des “graves maladies”, selon Melchior Adam Weikard (1742-1803), adepte du rationalisme radical, dans ses “Conseils d’hygiène et de santé destinés aux dames et aux messieurs”. Dans leurs écrits, Friedrich Nietzsche tout comme Heinrich Heine ne sont pas très tendres avec la cuisine allemande et ses “mets insipides”…Berlin, une capitale du végétarianisme et du véganismeRécemment, un Allemand qui vit à Paris m’a raconté une anecdote : “Lorsque mes amis viennent ici, ils regardent le prix et la taille dans l’assiette avant de s’asseoir.” En clair, un bon plat doit être roboratif et pas cher. Fort heureusement, cette apathie culinaire n’a pas gagné toute l’Allemagne. Le cosmopolitisme de la capitale allemande a permis de s’ouvrir à une cuisine internationale et fait de Berlin l’une des principales capitales mondiales de la cuisine végétarienne et vegan.La consommation de saucisses, et de viande en général, est en chute libre. Comme le disait Otto von Bismarck (1815-1898), le chancelier allemand, “moins les gens savent comment les saucisses et les lois sont faites, mieux ils dorment”. Cette époque est révolue. Les Allemands sont sensibles au bien-être animal et à l’écologie. Et si nos voisins d’outre-Rhin finissaient par se démarquer avec leur “schnitzel veggie” ou leur “salade de cervelas au soja” ?Nos conseils :Un livre pour vous réconcilier avec la cuisine allemande :The German Cookbook, Alfons Schuhbeck, 2018, Phaidon (en anglais, non traduit).Deux restaurants pour manger le meilleur de l’Allemagne :Wunderbär, 16 rue Beaurepaire, 75010 Paris.Le Stube Verdeau, 23-25-27, passage Verdeau, 75009 Paris.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/allemagne-pourquoi-la-cuisine-outre-rhin-a-t-elle-si-mauvaise-reputation-IER7REK6Z5E7HOY5FZICT33OWE/

Author : Charles Carrasco

Publish date : 2023-11-19 10:50:00

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Guerre en Ukraine : Moscou et Kiev visées dans la nuit par des attaques de drones

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Faits essentiels⇒ Moscou et Kiev visées par des attaques de drones dans la nuit⇒ L’armée ukrainienne dit avoir repoussé les Russes “de 3 à 8 km” en profondeur près du Dniepr⇒ Pour Joe Biden, soutenir l’Ukraine permet aux Etats-Unis de ne pas entrer en guerreMoscou et Kiev visées par des attaques de drones dans la nuitKiev et Moscou ont été visées dans la nuit de samedi à dimanche par des attaques de drones adverses, qui ont été en grande partie interceptés par les défenses antiaériennes et n’ont pas fait de victimes, selon les autorités. “Une tentative du régime de Kiev de mener une attaque terroriste à l’aide d’un drone contre des installations sur le territoire de la Fédération de Russie a été déjouée”, s’est félicité dans un communiqué le ministère russe de la Défense. Les attaques de drones ukrainiens visant Moscou étaient particulièrement fréquentes au printemps, en amont et au début de la contre-offensive de Kiev entamée en juin, mais se faisaient plus rares ces dernières semaines.L’armée ukrainienne dit avoir repoussé les Russes “de 3 à 8 km” en profondeur près du DnieprL’armée ukrainienne a dit, ce dimanche 19 novembre, avoir repoussé les Russes “de 3 à 8 km” en profondeur sur la rive gauche du Dniepr occupée par l’armée de Moscou, première estimation chiffrée de l’avancée des troupes de Kiev dans cette zone après des mois de contre-offensive décevante. “Les chiffres préliminaires varient de 3 à 8 km, en fonction des spécificités, de la géographie et de la topographie de la rive gauche”, a indiqué une porte-parole de l’armée, Natalia Goumeniouk, à la télévision ukrainienne. Si cette avancée se confirmait, ce serait la plus grosse poussée de l’armée ukrainienne face aux Russes depuis plusieurs mois.Pour Joe Biden, soutenir l’Ukraine permet aux Etats-Unis de ne pas entrer en guerreDans le journal américain Washington Post, le président américain s’est exprimé dans une tribune intitulée ” Les Etats-Unis ne reculeront pas devant le défi posé par Poutine et le Hamas”. Le locataire de la Maison-Blanche soutient que “le monde est aujourd’hui arrivé à un point d’inflexion”. Le président des Etats-Unis n’hésite pas à comparer Vladimir Poutine et le Hamas : “Poutine et le Hamas se battent [chacun] pour rayer de la carte une démocratie. Et Poutine, comme le Hamas, espère détruire la stabilité régionale et tirer profit du désordre”. Il ajoute : “L’Amérique ne peut pas et ne permettra pas que cela se produise. Pour nos propres intérêts de sécurité nationale, et pour le bien du monde.”Russie : des médecins demandent à Poutine de libérer de prison l’artiste Skotchilenko, maladePlus d’une centaine de médecins russes ont demandé samedi au président Vladimir Poutine de libérer “immédiatement” de prison l’artiste Alexandra Skotchilenko, condamnée jeudi à sept ans de prison et qui souffre de problèmes de santé, selon ses soutiens. L’artiste a été condamnée par un tribunal de Saint-Pétersbourg, dans le nord-ouest de la Russie, pour avoir remplacé en mars 2022 les étiquettes de prix dans un supermarché par des messages dénonçant l’assaut en Ukraine. Dans une lettre signée par 112 médecins et consultée par l’AFP, ceux-ci disent dénoncer “l’injustice évidente” de la condamnation d’Alexandra Skotchilenko. “La communauté médicale s’inquiète vivement de la santé de Sasha”, le diminutif en russe d’Alexandra, écrivent-ils également.La Russie a perdu 318 570 soldats en Ukraine, selon l’UkraineLa Russie a perdu 318 570 soldats en Ukraine depuis le début de son invasion à grande échelle le 24 février 2022, a rapporté l’état-major général des forces armées ukrainiennes dans sa mise à jour matinale du 19 novembre.L’armée russe ne relâche pas ses efforts autour d’AvdiïvkaLes forces russes préparent la troisième vague de l’offensive Avdiivka dans l’oblast de Donetsk, a déclaré le porte-parole du Groupe des forces ukrainiennes Tavriisk, Oleksandr Shtoupun, à la télévision nationale le 18 novembre. Les forces russes ont intensifié leurs attaques terrestres contre Avdiivka et les colonies environnantes début octobre, dans le but d’encercler la ville.La campagne a été soutenue par de violents bombardements et des frappes aériennes, qui continuent de faire des victimes parmi les civils. “Nous attendons une troisième vague d’offensive, une tentative d’encerclement d’Adviivka”, a déclaré Oleksandr Shtoupun. Les forces ukrainiennes tiennent les lignes de défense dans l’axe Avdiiivka tout en menant une offensive en direction de Melitopol, a rapporté le 18 novembre Oleksandr Tarnavskyi, commandant du groupe Tavria. Les attaques contre Avdiivka, porte d’entrée vers Donetsk occupé, ont coûté très cher à Moscou.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/guerre-en-ukraine-moscou-et-kiev-visees-dans-la-nuit-par-des-attaques-de-drones-WDEXP6UL4NG2RPNVHIAWPXZWXM/

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Publish date : 2023-11-19 09:55:25

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Nos conseils pour alléger ses impôts en aidant ses enfants

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Si l’un de vos enfants étudiant a besoin de revenus complémentaires et que vous êtes propriétaire d’un bien immobilier locatif, vous avez peut-être intérêt à réaliser une donation temporaire d’usufruit en sa faveur. Concrètement, vous conservez la possession des murs, et votre donataire usufruitier encaisse les loyers à votre place pendant la durée du démembrement.Pour rédiger l’acte, il faut impérativement passer devant un notaire. A la signature, “des droits de donation sont calculés sur l’usufruit transmis, valorisé à 23 % du prix du bien par tranche de dix ans”, explique Arlette Darmon, notaire et présidente du groupe Monassier. Un logement qui vaut 100 000 euros aura donc un usufruit temporaire de 23 000 euros pour dix ans et de 46 000 euros pour vingt ans. En pratique, la plupart de ces opérations se font sur des durées de trois à dix ans.Impact positif sur l’assiette de l’IFIOutre le fait qu’elle permet de donner un coup de pouce financier à un proche, la donation temporaire d’usufruit a aussi un intérêt fiscal. Comme vous ne touchez pas les loyers, vous ne payez ni impôt ni prélèvements sociaux dessus. Ils sont en revanche intégrés aux revenus de votre enfant, ce dernier étant a priori peu imposé. De plus, le bien sort de votre base taxable à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), ce qui peut permettre à certains ménages de faire des économies. Comme l’évaluation de celle-ci se fait au 1er janvier, il ne vous reste que quelques semaines si vous souhaitez agir sur votre IFI 2024.Une donation, et non une pension alimentaireAttention, pour que la donation temporaire d’usufruit soit valable, votre enfant doit effectivement avoir besoin de revenus complémentaires et le bien démembré doit lui en rapporter. “A défaut, l’opération aurait un but principalement fiscal et elle sera requalifiée par l’administration”, met en garde Arlette Darmon. Par ailleurs, il s’agit bien d’une donation, et non d’une aide alimentaire. Ainsi, tous les revenus perçus seront rapportables le jour de votre succession : si vous avez plusieurs enfants, celui qui a profité de la donation temporaire recevra donc une part d’héritage un peu moins élevée que celle de ses frères et sœurs.Enfin, une donation temporaire démembrée est possible sur un patrimoine mobilier, un portefeuille d’actions par exemple. Dans ce cas, votre donataire percevra les dividendes de vos titres de la même façon que des loyers. Elle peut aussi être utilisée en faveur d’un autre proche, pour garantir un complément de retraite à l’un de vos parents momentanément dans le besoin.



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Publish date : 2023-11-19 10:00:00

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Gaza : l’OMS demande l’évacuation de l’hôpital al-Chifa, devenu une “zone de mort”

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Faits essentiels⇒ Biden appelle à “réunifier” Gaza et Cisjordanie.⇒ Macron a échangé avec l’émir du Qatar et le président égyptien à propos des otages à Gaza⇒ La Maison Blanche affirme “travailler dur” pour parvenir à un accord Israël-HamasL’hôpital al-Chifa, une “zone de mort” pour l’OMSL’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé avoir mené samedi 18 novembre une mission à l’hôpital al-Chifa de Gaza, occupé par l’armée israélienne, et travailler à un plan d’évacuation de l’établissement qu’elle a décrit comme une “zone de mort”. Selon l’organisation, dont les experts ont passé une heure à l’intérieur de l’immense complexe hospitalier, celui-ci hébergeait encore samedi 25 soignants et 291 patients, dont 32 bébés dans un état critique, 22 patients sous dialyse et deux en soins intensifs. L’OMS a décrit la situation comme “désespérée” au sein de l’établissement. “L’OMS et ses partenaires élaborent d’urgence des plans pour l’évacuation immédiate des patients restants, du personnel et de leurs familles”, a ajouté l’organisation. “L’équipe a vu un hôpital qui n’était plus en mesure de fonctionner : pas d’eau, pas de nourriture, pas d’électricité, pas de carburant, des fournitures médicales épuisées”, a quant à lui écrit sur X (ex-Twitter) le secrétaire général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.L’OMS a annoncé que plusieurs missions seront organisées dans les prochains jours pour évacuer d’urgence les patients restants vers l’Hôpital Nasser et l’Hôpital européen de Gaza, même si ces derniers “opèrent déjà au-delà de leurs capacités”. Selon l’armée israélienne, qui a lancé mercredi matin un raid sur l’hôpital al-Chifa, ce dernier abrite un repaire du Hamas installé notamment dans un réseau de tunnels. Ce que le mouvement islamiste dément.Biden appelle à une “Autorité palestinienne revitalisée”Dans une tribune publiée dans le quotidien américain The Washington Post, Joe Biden a appelé ce samedi à une future réunification de la Cisjordanie et de la bande de Gaza sous une “Autorité palestinienne revitalisée”. “Gaza et la Cisjordanie devraient être réunifiées sous une même structure de gouvernance, à terme sous une Autorité palestinienne revitalisée”, une fois le Hamas chassé du territoire palestinien qu’il gouverne depuis 2007, à la suite de l’opération militaire israélienne en cours, écrit le président américain.Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a répondu, dans une conférence de presse, que “l’Autorité palestinienne sous sa forme actuelle n’était pas capable d’assumer la responsabilité de Gaza.” “Nous ne pouvons pas avoir une autorité civile à Gaza qui soutient le terrorisme, encourage le terrorisme, finance le terrorisme et enseigne le terrorisme”, a-t-il déclaré.Dans sa tribune, Joe Biden a également menacé d’interdire de visas les colons “extrémistes qui attaquent des civils en Cisjordanie”. “La violence extrémiste contre les Palestiniens de Cisjordanie doit cesser et ceux qui commettent ces violences doivent rendre des comptes”, insiste-t-il. “Une solution à deux Etats est le seul moyen d’assurer la sécurité à long terme du peuple israélien et du peuple palestinien. Aujourd’hui cette perspective semble plus lointaine que jamais, mais la crise actuelle la rend plus nécessaire que jamais”, estime le démocrate de 80 ans.Macron en discussions avec l’émir du Qatar et al-SissiLe président français Emmanuel Macron a échangé samedi avec l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, et le président égyptien, Abdel-Fattah al-Sissi, sur les négociations en cours pour obtenir la libération des otages détenus par le Hamas à Gaza, a annoncé l’Elysée. Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu se trouvait au même moment au Qatar, qui mène une médiation pour la libération des otages, a-t-on appris auprès de son cabinet. En tournée dans la région, il s’est ainsi rendu pour la deuxième fois en 48 heures dans le petit Etat du Golfe.Les trois chefs d’Etat ont fait un point sur la situation des otages et sur les actions entreprises pour les faire libérer”, a précisé la présidence française auprès de l’AFP, affirmant que le président Macron a rappelé que “la libération des otages, dont huit Français, était une priorité absolue pour la France” et qu’ils devaient être “libérés sans délai”.Toujours selon l’Elysée, Emmanuel Macron a réitéré la “nécessité d’une trêve immédiate devant conduire à un cessez-le-feu”, alors que les “victimes civiles sont de plus en plus nombreuses à Gaza” et que “des hôpitaux et des écoles” sont bombardés. Les trois chefs d’État ont aussi échangé sur les moyens de renforcer “leur coordination pour permettre l’acheminement de l’aide à la population civile de Gaza”.Les Etats-Unis insistent sur l’importance d’un accord sur la libération des otagesLa Maison Blanche a affirmé ce samedi “continuer à travailler dur” pour parvenir à un accord entre Israël et le Hamas en vue de libérer des otages et marquer une pause dans les combats. “Nous ne sommes pas encore parvenus à un accord, mais nous continuons à travailler dur” en ce sens, a affirmé la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Adrienne Watson.Ce samedi toujours, les Etats-Unis avaient également souligné la nécessité d’un accord sur la libération des otages détenus dans la bande de Gaza pour parvenir à une pause “significative” dans les combats entre Israël et le mouvement palestinien Hamas. Le premier conseiller du président américain pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, a qualifié la situation dans le territoire palestinien d'”horrible” et “intolérable”. Mais “l’afflux d’aide humanitaire, l’afflux de carburant (et) une pause dans les combats auront lieu lorsque les otages seront libérés”, a-t-il ajouté lors du forum annuel sur la sécurité organisé par l’International Institute for Strategic Studies (IISS), à Bahreïn.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/gaza-loms-demande-levacuation-de-lhopital-al-chifa-devenu-une-zone-de-mort-XA3DA6JWEBBZ5MCVBJZA2ETVHU/

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Publish date : 2023-11-19 09:30:19

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Comment savoir à qui donner ? Nos conseils pour être généreux et efficace, par Franck Ramus

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Il nous est tous arrivé de donner une pièce à une personne sans domicile fixe faisant la manche ou à un musicien de rue. Les ressorts d’une telle action sont typiquement : l’empathie pour une personne se trouvant dans une situation précaire ; le souhait sincère de contribuer à diminuer la détresse, la souffrance, à rendre le monde meilleur, de manière aussi minime soit-il ; et le sentiment de satisfaction procuré par l’accomplissement d’un geste généreux ou altruiste.Malgré ces bonnes raisons, il vous est peut-être aussi arrivé d’avoir un doute sur la rationalité, l’efficacité ou même le caractère juste de cette action : le fait de donner directement à une personne dans le besoin n’a-t-il pas des effets secondaires indésirables, comme le fait d’encourager la mendicité ? Est-il juste de donner à cette personne particulière, qui a fait la démarche de mendier et qui s’est trouvée sur notre chemin, et pas à d’autres, qui étaient peut-être encore plus dans le besoin ? Selon quels critères choisissons-nous ceux à qui nous donnons une pièce ? L’apparence physique ? La qualité de leur musique ? Est-ce que ces critères sont justes ? Et enfin, est-ce que cette démarche consistant à donner quelques pièces à certaines personnes est vraiment efficace ? Est-ce que le même montant de dons ne pourrait pas avoir plus d’effets positifs s’il était dépensé autrement ?Cent euros de dons font-ils plus de bien en France ou en Afrique ?Ces questions légitimes sont pour une partie d’entre nous de bonnes raisons d’orienter nos dons vers des organisations caritatives qui fournissent de la nourriture, de l’hébergement, des soins, ou d’autres services indispensables. A priori, ces organisations fournissent leurs services à toutes les personnes qui en ont besoin, sans favoriser ceux qui mendient, ni discriminer les demandeurs selon leur apparence, leurs talents artistiques ou tout autre critère conscient ou inconscient. Elles devraient donc être en mesure, plus que notre charité occasionnelle et subjective, de mieux couvrir l’ensemble des personnes en détresse, et de répondre à leurs besoins d’une manière plus complète, rationnelle et efficace. A condition toutefois d’être bien organisées, d’avoir des processus efficients, et de ne pas engloutir une part excessive des dons dans des frais de gestion.A ce stade, le donateur rationnel qui souhaite maximiser l’impact de ses dons a du souci à se faire. Comment choisir, parmi toutes les organisations caritatives existantes, celles qui feront le plus de bien aux bénéficiaires par euro dépensé ? Un épluchage des comptes publics des associations ne lui offrira que des éléments très partiels pour faire un comparatif valide. Quand bien même il serait en mesure de comparer l’efficacité de deux organisations fournissant les mêmes services dans le même pays, comment étendre la comparaison à des services différents et à des pays différents ? Cent euros de dons font-ils plus de bien s’ils sont dépensés dans la fourniture de repas ou dans celle de soins médicaux ? En France ou en Afrique ? Et comment comparer différentes méthodes pour atteindre le même but ? Si par exemple on veut favoriser l’accès à l’éducation des enfants de pays pauvres, vaut-il mieux donner pour investir dans les écoles, augmenter le salaire des enseignants, acheter des manuels, financer du transport scolaire, donner des incitations monétaires aux familles, ou améliorer l’état de santé des enfants ? Si l’on veut améliorer leur santé, vaut-il mieux financer le suivi des femmes enceintes, la vaccination, les traitements antiparasitaires ou encore la distribution de moustiquaires ?Il ne suffit pas d’engloutir des milliards pour avoir un effet positifPour la plupart d’entre nous, le sentiment de faire le bien en donnant suffit à motiver et à justifier notre action sans réfléchir excessivement à l’arbitrage entre les différents dons possibles. Mais on sent bien qu’il y a là un vaste potentiel d’optimisation de la générosité, si seulement on avait les bonnes méthodes pour évaluer les différentes actions et les bons outils pour quantifier les effets de chaque euro de don. Heureusement, certaines personnes ont déjà réfléchi à tout cela pour nous, conçu de telles méthodes et outils, mené des évaluations et produit des comparatifs des différentes actions et organisations caritatives.Sur le plan de la recherche, les mêmes méthodes qui servent à évaluer rigoureusement l’efficacité des traitements médicaux – les essais contrôlés randomisés – ont montré leur utilité pour évaluer également tous types de politiques publiques et tous types d’actions caritatives. Le Poverty Action Lab du MIT (J-PAL) en a fait son activité principale. Les résultats sont parfois contre-intuitifs et montrent qu’il ne suffit pas d’engloutir des milliards sur la base de bonnes intentions et de bon sens pour avoir un effet positif sur les populations. Certaines actions ont 100 fois plus d’effets positifs par euro dépensé que d’autres, d’où l’importance de telles évaluations. Par exemple, les chercheurs du J-PAL ont montré que la manière la plus efficace d’augmenter la scolarisation des enfants dans des pays très pauvres était de leur donner des traitements antiparasitaires pour réduire les maladies invalidantes et l’absentéisme à l’école. L’ensemble de ces travaux ont été récompensés par le prix Nobel d’économie 2 019 décerné à Abhijit Banerjee, Esther Duflo et Michael Kremer.L’altruisme efficace pour guider ses choix professionnelsNourri par ces recherches, le mouvement associatif de l’altruisme efficace mène justement une réflexion générale sur les différentes manières de faire le bien. Au-delà de l’aide immédiate aux personnes en difficulté, l’altruisme efficace élargit la réflexion pour inclure par exemple la prévention des risques catastrophiques globaux et le bien-être animal. Dans ce cadre, l’ONG Givewell, relayée en France par l’association Don Efficace, conduit des évaluations extrêmement rigoureuses et complètes de différents programmes caritatifs. L’association 80 000 hours, elle, se propose d’utiliser les mêmes principes pour guider les choix professionnels vers les activités qui génèrent un impact positif maximal sur le monde. Autrement dit, comment utiliser son temps de travail de la manière la plus bénéfique. Bien entendu, tous ces travaux supposent de fixer un certain nombre de principes, de critères méthodologiques et de pondérations avec lesquels on n’est pas obligé d’être d’accord. Par ailleurs, les lecteurs français resteront frustrés de ne retrouver parmi les recommandations presque aucune organisation caritative française, ni aucune des grandes organisations internationales qui leur sont familières (au moins en partie pour de bonnes raisons).Dans tous les cas, rien n’oblige à suivre aveuglément les préconisations de ces associations. Néanmoins, ces travaux sont la meilleure source d’information et de réflexion pour toute personne qui souhaite donner plus, donner mieux, agir mieux, et donc être plus rationnel et efficace dans sa générosité.Franck Ramus est Directeur de recherches au CNRS et directeur de l’équipe “Développement cognitif et pathologie” au sein du laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistiques de l’Ecole normale supérieure à Paris.



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Author : Franck Ramus

Publish date : 2023-11-19 09:00:00

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Retraite : les fonds obligataires préférés de nos experts financiers

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Quelle traversée du désert ! Pendant près de dix ans, le marché obligataire fut malmené. Ainsi, dès 2014, le taux de la dette d’Etat émis par la France (OAT), à échéance de dix ans, est passé sous la barre des 2 %, avant d’”offrir” de 2019 à 2021 des taux d’intérêt négatifs ! Du jamais vu. Mais cette période est bien révolue. Depuis quelques mois, les obligations redeviennent attractives. Logique. Face à une inflation fulgurante, les banques centrales ont remonté leurs taux directeurs, lesquels se sont répercutés sur les taux d’emprunt et sur les taux obligataires. Désormais, des OAT à échéance cinq et dix ans avoisinent respectivement les 3,2 % et les 3,4 %. Tentant, quand on cherche des placements intéressants en vue de sa retraite.Le taux affiché d’une obligation est également lié à la note obtenue par l’émetteur en fonction de sa solidité financière, laquelle est publiée par des agences privées. Meilleure est la note et plus faible est le taux d’emprunt. “Une société très bien notée, classée ‘Investment grade’, dont le risque est jugé faible, émet actuellement des obligations à échéance cinq ans au taux d’intérêt moyen de 4,5 %”, observe Thomas Giudici, responsable de la gestion obligataire chez Auris Gestion. C’est par exemple le cas de TotalEnergies, BNP Paribas ou Volkswagen… Un cran en deçà en termes de qualité, se trouve le “high yield” (ou haut rendement). “Dans ce segment, les taux avoisinent 5 à 6 % pour des sociétés comme la Fnac ou Tereos, poursuit Thomas Giudici. Enfin, pour les firmes présentant un risque supplémentaire, comme BUT ou Picard, ils évoluent autour des 7,5 à 8 %.”Pour les Etats, les collectivités territoriales et les entreprises, le marché obligataire représente en quelque sorte la formule “investisseur” du crédit bancaire. Lorsque ces acteurs émettent des obligations, ils choisissent de s’endetter vis-à-vis d’une multitude d’investisseurs privés, qui deviennent leurs créanciers. Les émetteurs s’engagent à les rembourser à une date décidée à l’avance (date d’échéance ou de maturité). Dans l’intervalle, ils versent régulièrement des intérêts, appelés coupons, dont le montant dépendra du taux de l’emprunt (le taux nominal) et du capital investi (le nominal). Ainsi, en détenant une obligation, vous connaissez à l’avance le montant de la “rente” qui vous sera versée et la date à laquelle vous sera remboursé le capital que vous avez placé. Plutôt pratique quand on cherche des revenus réguliers pour ses vieux jours…fonds obligatairesUn ticket d’entrée élevéMais toute médaille a son revers. En premier lieu, vous vous exposez au risque de voir l’émetteur faire faillite et se trouver incapable de rembourser votre capital. De plus, le ticket d’entrée s’avère élevé : atteignant au minimum de 1000 à 2000 euros, il peut dépasser pour certains grands groupes les 100 000 euros. “La solution consiste alors à acheter des parts dans un fonds obligataire. La mise minimale est d’une centaine d’euros. En outre, il est géré activement par des professionnels qui proposent diverses stratégies d’investissement : en fonction des secteurs, de la maturité de la dette ou de la notation des entreprises, précise Hervé Thiard, directeur général de la société de gestion Pictet AM France. Comme il concentre un panier d’obligations, il présente également l’avantage de mutualiser le risque.” Quant au coupon, il est soit réinvesti dans de nouvelles obligations, soit versé annuellement sur votre compte – il correspond alors à la moyenne des intérêts perçus par ce panier. Une formule intéressante pour diversifier son patrimoine, tout en s’offrant de la visibilité sur ses gains sur longue période.



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Author : Artur Teo

Publish date : 2023-11-19 08:30:00

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Stéphane Courtois : “L’attaque du Hamas du 7 octobre est une nouvelle Saint-Barthélemy”

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Le progrom du 7 octobre vient de nous le rappeler, tout comme l’agression de l’Ukraine, la persécution des Ouïghours, le massacre des Kurdes, et tous les actes barbares qui rythment la vie des peuples et des nations, la cruauté est un fait politique incontestable. De la cruauté en politique (Perrin)*, ouvrage collectif passionnant qui vient de paraître sous la direction de Stéphane Courtois, coauteur du Livre noir du communisme (Robert Laffont, 1997) et du Livre noir de Vladimir Poutine (Robert Laffont, 2022), lui restitue sa dimension historique en montrant sa récurrence et sa variété. Des assassinats politiques aux tueries des régimes totalitaires en passant par les guerres révolutionnaires, les auteurs, parmi lesquels Patrice Guéniffey, Thierry Lentz ou encore Olivier Dard, ne nous cachent rien des horreurs commises pour s’emparer du pouvoir et le conserver. On y trouvera, au-delà de vastes connaissances, une leçon de vigilance pour le présent. Descartes notait à raison que “c’est proprement avoir les yeux fermés sans tâcher jamais de les ouvrir que de vivre sans philosopher”. Ni connaître l’histoire, faudrait-il ajouter.L’Express : Vous publiez un ouvrage collectif sur la cruauté en politique au moment où les guerres, en Ukraine et au Proche-Orient, occupent le devant de la scène. Le moment est bien choisi…Stéphane Courtois : Ce livre est le fruit d’un colloque ayant précédé l’épidémie de Covid-19. Mais je vous accorde qu’entre la guerre en Ukraine et l’attaque du Hamas du 7 octobre, il est rattrapé par l’actualité. Il serait cependant naïf de penser que la cruauté était devenue résiduelle avant ces épisodes. Les massacres, dans l’histoire, ont été fréquents, et ils le restent. La cruauté fait partie de la nature humaine. Il existe chez l’homme une propension, dans certaines circonstances, à exterminer son prochain.Quelle est la différence entre la cruauté et l’abus de pouvoir, la violence, la guerre ?La cruauté peut certes avoir un sens métaphorique, mais nous nous sommes intéressés ici à son sens littéral, qui renvoie à son étymologie, crudelitas en latin, “qui fait couler le sang”. Elle implique tous les actes de grande violence commis en politique, comme la torture, l’assassinat, l’élimination. Ces actes ne concernent pas forcément la politique au départ, puisque si l’on en croit l’histoire de Caïn et Abel, la cruauté est apparue fort tôt dans notre histoire. Mais elle prend des proportions plus grandes encore en politique, c’est-à-dire quand il est question du pouvoir et du prestige.Mes collègues historiens qui étudient la guerre utilisent toujours des euphémismes : violence extrême, exactions, brutalité, brutalisation… mais jamais le mot qu’il faut employer, la cruauté. Si vous parlez à un historien de la révolution française, et qu’il est, comme la majorité de ses collègues, communisant et robespierriste, il vous expliquera que non, pas du tout, que c’est ainsi, qu’il ne faut pas prêter plus d’attention que cela à la cruauté. Au contraire, les auteurs de ce livre ont pour particularité d’accepter d’évoquer cette réalité, l’extraordinaire violence dans sa dimension la plus concrète. L’ouvrage comporte un chapitre, par exemple, sur les crimes du FLN ou sur la façon dont Mahomet s’empare du pouvoir en exterminant des tribus, notamment juives.Vous montrez que la cruauté s’accompagne de la jouissance d’exterminer son ennemi.C’en est même la quintessence. On a pu voir, dans les vidéos diffusées par le Hamas, que les terroristes exultaient de joie en perpétrant leurs atrocités. On pourrait aller jusqu’à comparer l’attaque du 7 octobre au massacre de la Saint-Barthélemy, dont on tend à oublier qu’il fut atroce. Mais quand la cruauté prend la proportion de massacres de masse, la jouissance devient plus indirecte, statutaire, car les perpétrateurs ont alors le sentiment du devoir accompli – c’était le cas des bolcheviques et des SS. Même si au bout du compte, ces gens finissent par ne plus supporter ce qu’ils font et ont besoin de se saouler avant d’agir.L’ouvrage se penche notamment sur les combats de gladiateurs, et montre qu’ils n’étaient pas aussi barbares qu’on le pense.C’était effectivement le cas dans les premiers siècles de la République romaine. Mais la gladiature s’est faite de plus en plus ritualisée, en particulier au moment de funérailles. Puis sous l’Empire, organisée par des hommes politiques très importants qui cherchaient à accroitre leur clientèle, elle visait à attirer une grande foule – le Colisée à Rome pouvait accueillir 50 000 spectateurs. Elle mettait en jeu des combattants qui étaient les stars de l’époque. Même si l’image du pouce pointé vers le haut ou vers le bas est largement fausse, le combat était l’occasion d’un moment pseudo-démocratique, où le public avait le sentiment de pouvoir décider du sort des gladiateurs et de l’issue du combat en fonction de certaines règles ou valeurs comme les techniques employées ou le courage. Les gladiateurs étaient ensuite glorifiés via leurs tombeaux. Tout était codifié.Après la paix relative de l’Empire romain, analysez-vous, une rupture se produit au Moyen Age après l’effondrement de ce dernier.Une période de violences endémiques et de vendettas s’ouvre, opposant les grandes familles aristocratiques les unes aux autres, chacune ayant ses propres règles. Ce sont les monarchies, c’est-à-dire un pouvoir qui se centralise, qui vont mettre fin à ces guerres particulières et à l’arbitraire incontrôlable de nombreux seigneurs. Citons Gilles de Rais, connétable de France, compagnon de Jeanne d’Arc dans la guerre contre les Anglais, l’un des plus proches compagnons du roi et qui, pour fabriquer de l’or, sombre dans l’alchimie la plus fantaisiste et se met à assassiner dans des conditions abominables des enfants par dizaine jusqu’au moment où l’Eglise l’oblige à avouer, à faire pénitence puis le remet au bras séculier du roi qui le supplicie. Même chose quand Louis XIII et Richelieu interdisent les duels et exécutent quelques duellistes pour l’exemple, parce qu’au lieu de se tuer en duel, les nobles auraient mieux fait d’aller faire la guerre… Comme le rappelle Richelieu dans son Testament politique, il n’est pas acceptable qu’ils privent l’Etat de leur service en s’entretuant. Il a fallu des siècles pour que les pouvoirs centraux puissent canaliser, limiter, interdire ces conflits interpersonnels.La pacification se fait par la construction de l’Etat. Mais l’Etat, lui aussi, peut faire couler le sang, contre ses sujets ou citoyens, ou en faisant la guerre.La cruauté en politique n’intervient pas, de nos jours, dans n’importe quelle situation. Heureusement, nos sociétés vivent d’ordinaire en paix intérieure et internationale. Mais évidemment, des situations emblématiques existent où cruauté et politique se rencontrent. On peut citer pour commencer le cas des guerres interétatiques régulières, qui sont plus ou moins réglementées. Clausewitz l’a bien résumé : la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Un Etat reste généralement rationnel en poursuivant ses objectifs de puissance, de ressources et de frontières, c’est pourquoi on réglemente la guerre. Les critères sont précis : peut-on assassiner les prisonniers ou non ? Les civils ou non ? Deux points très importants qui existent depuis la Grèce antique. A cette époque, les guerres d’hoplites étaient extrêmement ritualisées. Au premier ou au deuxième mort, on cessait le combat.Les Romains, qui étaient assez brutaux, ont assoupli cette règle. Et en définitive, les peuples vaincus étaient bien traités s’ils se soumettaient comme l’a montré la formidable prospérité de la “France” gallo-romaine après la défaite des Gaulois à Alesia. Il n’empêche que les Romains ont commis le premier génocide connu et reconnu, l’extermination de Carthage, où sur les 750 000 Carthaginois, 700 000 ont été assassinées et 50 000 réduits en esclavage. Carthage et ses habitants disparaissent alors pour toujours. Aujourd’hui, des conventions continuent de régir les affrontements entre Etats en guerre.Qu’est-ce qu’une guerre irrégulière, et est-elle plus cruelle qu’une guerre régulière ?Dans ce cas, l’une des deux parties en conflit n’est pas un Etat constitué, et une armée régulière alors est confrontée soit à un groupe rebelle, soit même à une population entière. Ainsi de la guerre napoléonienne en Espagne, qui fut d’une violence incroyable et que le peintre Goya a bien illustrée. On n’en parle guère en France… Cette guerre a eu des suites car une partie des soldats et officiers français qui y avaient participé sont allés ensuite conquérir l’Algérie, comme Bugeaud, qui y commit des massacres. La récente attaque du Hamas contre Israël relève également de la guerre irrégulière, doublée en outre d’une guerre de religion et d’une guerre révolutionnaire.L’exemple même de la guerre révolutionnaire cruelle est la guerre de Vendée, un épisode dont l’historiographie française ne parle quasiment pas. Rien chez Michelet. Presque rien chez les spécialistes du sujet, et ce même avant que les communistes ne prennent le contrôle de l’histoire de la révolution, depuis la Sorbonne. Or les discours radicaux à la Convention, puis les ordres du Comité de salut public donnés aux généraux, et enfin les colonnes infernales sur le terrain ont provoqué une guerre civile et révolutionnaire qui a entraîné au moins 150 000 morts dans des conditions abominables, et ce dans une région de petite taille.Après la chute de Robespierre et la liquidation de la Convention, Napoléon devenu Premier consul limogera le général Turreau, qui dirigeait ces colonnes. Napoléon ne supportait pas ce genre de généraux qui avaient fait la guerre en exterminant des civils. On trouve chez ces deux hommes une perception de la guerre bien différente.Mais cela n’empêchera pas Napoléon de mener cette guerre sanglante en Espagne !Il ne s’attendait pas à y rencontrer une telle résistance. Il y avait nommé son frère roi et pensait l’affaire réglée. Sa réaction s’explique en partie parce qu’il commençait à cultiver une hubris de plus en plus puissante. C’est un élément important : les décideurs politiques peuvent avoir un comportement rationnel jusqu’au moment où l’hubris les saisit. Leurs triomphes sont tels qu’ils deviennent enragés et leur cruauté incontrôlable.C’est le cas de Hitler. En 1939, Hitler persécute les juifs allemands et les nazis assassinent plusieurs milliers d’entre eux. Fin mai 1940, alors qu’il est clair que la France est battue, Himmler envoie un mémorandum à Hitler sur le sort des juifs pour lui proposer de les envoyer à Madagascar, colonie française, parce que les Allemands, explique-t-il, ne peuvent pas appliquer les méthodes inhumaines d’extermination des bolchéviques. C’est étonnant quand on sait ce qui se passe ensuite… Hitler est indécis. En 1941, quand l’Allemagne attaque l’URSS, on passe à l’étape suivante, la “Shoah par balles” en URSS, où plus d’un million de juifs sont tués. En décembre 1941, la situation s’aggrave pour l’Allemagne et une pensée s’installe chez Hitler : je ne sais pas si je vais gagner la guerre contre les Alliés mais au moins je gagnerai celle contre les juifs. Peu après, en janvier 1942, c’est la conférence de Wannsee et la décision de la “solution finale” qui aboutira à l’extermination de plus de 6 millions de juifs.Vous évoquiez à l’instant les guerres civiles. Pourquoi sont-elles si cruelles ?Elles le sont massivement en effet. Il est parfois difficile d’expliquer leur niveau de brutalité. Au Rwanda, par exemple, 800 000 personnes se sont entretuées à la machette, des gens qui n’étaient pas de la même ethnie mais qui étaient voisins. C’est un cas presque unique parmi les génocides, tant il fut court et barbare. Parfois, la justification est politique, comme pour la Vendée ou la guerre civile russe. Cette dernière, qui a été terrifiante, s’est déroulée dans un contexte de guerre européenne et mondiale qui allait faire des millions de morts. C’est ce que Lénine emploie comme justification : pour mettre fin à un conflit mené par les capitalistes impérialiste, nous devons employer les grands moyens. Chez Lénine, dans l’ensemble, le message a le mérite d’être toujours clair, puisqu’il passe son temps à réclamer la terreur. “Trouvez des gens plus dur! Pendez plus !” Telles étaient ses exigences. Plus il a le sentiment d’avoir une chance de conserver le pouvoir, plus il devient féroce. C’est à ce moment-là que se produit la grande famine de 1921-22 ou 3 à 5 millions de paysans sont sacrifiés – paysans qui seront toujours maltraités par les régimes communistes, sans doute parce que, comme l’écrivait Montesquieu, « ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers ».La statue de Lénine près du siège du gouvernement local à Comrat, principale ville de Gagaouzie, une région autonome de Moldavie où la nostalgie de l”URSS est forte, le 7 avril 2014Est-ce quand la révolution accouche d’un Etat totalitaire que la cruauté est à son paroxysme ?Concernant la Russie révolutionnaire puis l’URSS, je n’emploie pas le mot d’Etat communiste mais celui de “pouvoir”, car “Etat” signifierait qu’on mette sur le même plan par exemple, un régime comme la IIIe République et le système léniniste, ce qui est absurde. Il est sous-entendu que l’Etat est un Etat de droit et non un parti-Etat, un pouvoir révolutionnaire totalitaire. Or un pouvoir totalitaire n’agit pas de façon à défendre le bien public général, il adopte une démarche purement idéologique : il incarne un bien absolu et s’oppose aux méchants. Dans ce contexte, la tuerie se justifie automatiquement. Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous, et on va vous exterminer.Cette logique aboutit à la normalisation de l’extermination. Chez les nazis, cela donne la SS et les centres d’extermination ; en URSS, le fameux bourreau de la Loubianka, Vassili Blokhine, est un homme ordinaire et bon mari qui, à la fin de sa carrière, aura assassiné d’une balle dans la tête environ 15 000 personnes et sera couvert de médailles par le parti, avec toutes les primes afférentes – une voiture, une montre en or, un revolver. Après avoir “travaillé” la nuit, il allait acheter des fleurs pour couvrir l’odeur du sang qui le faisait suivre par les chiens dans la rue. Il n’était pas connu personnellement de Staline mais celui-ci s’informait régulièrement de ses faits et gestes.Quel était le rapport de ces dictateurs à la cruauté? Etaient-ils tous des criminels sanguinaires ?Hitler n’a jamais signé un seul ordre d’extermination des juifs, tout s’est passé à l’oral entre lui et Himmler. Himmler lui-même ne semble avoir assisté qu’une fois à une exécution, où il a failli tomber dans les pommes. Lénine était du même type. Il a peu participé aux événements. Il n’était pas en Russie au moment des événements révolutionnaires de 1905, puis il est reparti en exil, n’est revenu qu’en avril 1917 et s’est réfugié pendant des semaines dans la clandestinité. Par la suite, Lénine donnait des ordres généraux pour trouver des gens plus durs et pendre davantage, avant de promulguer le décret sur la terreur rouge de septembre 1918, puis de mettre personnellement la main à la rédaction du nouveau code pénal, en juin 1922, qui légalisait la terreur. Mais cela restait pour lui très abstrait et d’ailleurs il avait trouvé l’homme indispensable qui allait se couvrir de sang, le fondateur de la Tcheka, Felix Dzerjinski, qu’il appelait “notre Fouquier-Tinville” – les filiations sont claires.Staline, de son côté, était un criminel. Il a commencé sa carrière de révolutionnaire comme criminel de droit commun, acoquiné avec le plus grand bandit du Caucase, Kamo, avec lequel il menait des opérations de pillage violentes, à la bombe, au revolver. Il s’illustra lors du hold-up de Tiflis qui rapporte beaucoup d’argent aux bolcheviks. C’est d’ailleurs comme cela qu’il est repéré par Lénine, qui parle alors du “merveilleux Géorgien”. Pour Staline, la cruauté était concrète, il savait ce qu’était tuer un homme.Quant aux communistes chinois, ils ont été formés par des Kominterniens de Moscou à la fin des années 1920 et dans les années 30, avec des méthodes ultraviolentes. Mao lui-même ne mégotait pas sur les ordres d’extermination, ayant lui aussi trouvé l’homme indispensable, Kang Sheng, qui dirigeait sa police secrète ou plutôt l’organe de la terreur.Et il ne faut pas ignorer que certains dictateurs sont de véritables psychopathes qui prennent plaisir dans la souffrance d’autrui, comme le tyran ougandais Idi Amin Dada.Vous montrez aussi que la cruauté peut s’étaler au grand jour ou se faire secrète.Cela dépend des objectifs politiques poursuivis. La cruauté publique, violente et spectaculaire, par exemple pendant la guerre civile russe – à Sébastopol en Crimée, 50 000 militaires blancs ont été pendus aux balcons – vise à tétaniser toute opposition. J’ai évoqué le Hamas tout à l’heure, ou encore la Saint-Barthélemy : le but est de briser l’énergie de l’ennemi. Mais ensuite, lorsqu’il s’agit de gérer un pays de 170 millions d’habitants, comme a dû le faire Staline pendant les années 1930, si l’on ne veut pas déclencher une révolte générale, il faut pratiquer une terreur de masse mais secrète. La Grande Terreur de 1936-37 – plus de 700 000 personnes assassinées d’une balle dans la tête en 14 mois sur ordre précis du Kremlin avec des quotas par région – est entièrement secrète. Les gens disparaissent du jour au lendemain.Autre exemple, le massacre de Katyn en avril et mai 1940 : si Staline avait publiquement annoncé qu’il allait exterminer 15 000 officiers polonais prisonniers de guerre, cela aurait tétanisé tout le monde, même Hitler… Alors il le fait en secret et les soviétiques le cachent le plus longtemps possible, jusqu’en 1990 ! Jusqu’à la fin de l’URSS, ils ont nié être responsables et aujourd’hui ils sont en train de faire machine arrière, en prétendant que ce n’est pas si clair. L’ordre original d’exécution signé par tout le Bureau politique le 5 mars 1940 existe pourtant bel et bien !J’ai retrouvé une citation de Soljenitsyne extraite d’un texte publié le jour où il a été arrêté puis expulsé d’URSS, le 12 février 1974 : “Quand la violence fait irruption dans la vie paisible des hommes, son visage flamboie d’arrogance, elle porte effrontément inscrit sur son drapeau, elle crie : ‘Je suis la violence ! Place, écartez-vous, ou je vous écrase !’ Mais la violence vieillit vite. Encore quelques années et elle perd son assurance, et pour se maintenir, pour faire bonne figure, elle recherche obligatoirement l’alliance du mensonge. Car la violence ne peut s’abriter derrière rien d’autre que le mensonge, et le mensonge ne peut se maintenir que par la violence.”On retrouve la même culture du secret chez Vladimir Poutine, qui parlait en février 2022 d’une “opération spéciale” au moment de l’invasion de l’Ukraine.Poutine a mis un an à prononcer le mot guerre ! Il se place dans la pleine continuité de la pratique soviétique, stalinienne même. C’est un homme du KGB, c’est-à-dire de l’organe de la terreur soviétique. Il y a appris le secret, le mensonge, la désinformation et la provocation. C’est aussi pour cela que les dirigeants occidentaux se sont fait rouler dans la farine. Ils auraient dû mieux connaître le système soviétique. Les Chinois utilisent le même procédé avec les Ouïghours : soit ils sont, sous la terreur, incités à parler et à penser “chinois”, soit ils sont qualifiés de terroristes et traités comme tels. Comme l’a montré George Orwell, le discours des communistes est systématiquement l’inverse de la réalité.La cruauté du régime russe ne s’est-elle pas accentuée dans les dernières années ? Faut-il y voir l’effet de l’hubris que vous remarquiez précédemment ?Certainement. Revenons sur son ascension. Un jour, on apprend qu’un certain Vladimir Poutine est nommé chef du FSB, héritier du KGB. Dans l’euphorie de l’effondrement de l’URSS, personne n’y prête attention. Il fait carrière en politique, jusqu’à être élu président. Pour le dire autrement, il était envoyé par le KGB pour reprendre le pouvoir en main. Cela a été confirmé par Poutine lui-même via plusieurs déclarations qui ont été dévoilées depuis. La police politique est restée très puissante en Russie, surtout après le basculement de la fin des années Brejnev. Le dispositif soviétique de base était fondé sur le parti, le pilier fondamental et décisif, l’Armée rouge et l’organe de la terreur. Staline a toujours fait en sorte que le parti commande aux deux autres, en liquidant l’état-major de l’armée avant la guerre et celui du NKVD après la Grande Terreur. Mais en 1979 à la mort de Brejnev, Iouri Andropov, le patron du KGB, a été nommé chef du parti. Les hommes du KGB, y compris Poutine, en ont conçu un grand sentiment de supériorité. C’est là que l’hubris commence. Sauf qu’en 1991, l’hubris s’effondre avec l’URSS. Les anciens officiers du KGB avaient peur de l’avenir, ils n’étaient plus rien. Quelqu’un comme Poutine n’était plus rien.En 1992, après la dislocation de l’Union soviétique, le gouvernement de Boris Eltsine invite le dissident Vladimir Boukovski à servir d’expert à la Cour constitutionnelle lors d’un procès devant déterminer si le parti était une organisation criminelle. Eltsine, d’abord, laisse faire et lui donne accès aux archives. Jusqu’au moment où des archivistes vont s’apercevoir que Boukovski copie des milliers de pages avec un scanner… Il est forcé de repartir et l’idée d’un procès du parti et du KGB est abandonnée. La corruption s’emballe, ce qui offre au KGB des moyens de pression.C’est dans ce contexte que Poutine émerge. Il n’est qu’un petit lieutenant-colonel. Président, il ressemble à un petit fonctionnaire à la posture timide et au costume bas de gamme. Le basculement dans l’hubris se fait en 2008 avec l’opération en Géorgie. Il constate qu’aucune réaction réelle ne s’ensuit. Il a face à lui des gens très faibles, comme Sarkozy, qu’il manipule à l’envi. Il est retors, habile, il peut tenir un discours diabolique un jour et affable le lendemain – comme les bolcheviks. Et il continue. Raison pour laquelle il est surpris de rencontrer une résistance en février 2022 car il pensait que tous les dispositifs de guerre hybride qu’il avait installés allaient lui permettre d’entrer en Ukraine exactement comme Hitler était entré en Autriche en 1938.La supériorité des démocraties libérales est d’avoir réussi à limiter considérablement la cruauté politique. N’avons-nous pas perdu la capacité à la prévoir et à la reconnaître chez les autres ?Exactement. Nous avons éjecté la cruauté à l’extérieur. C’est faire preuve de beaucoup de naïveté. Mais je ne jette la pierre à personne. En 1991, j’étais moi aussi persuadé qu’une vaste autoroute démocratique venait d’être inaugurée. Et cela arrangeait tout le monde de penser que les élites russes n’avaient plus rien à voir avec les bolchéviques. Même les oligarques se sont fait avoir, et tout récemment, Prigojine. Poutine s’est servi de Prigojine et Wagner, qui faisaient la guerre pour lui. Mais l’hubris s’est emparée de Progojine, à tel point qu’il s’est trouvé victime d’une provocation orchestrée par Poutine – c’est mon interprétation. On lui a laissé entendre qu’il y avait dans l’armée des gens prêts à faire un coup d’Etat. L’objectif était de le pousser à se lancer, et partant de pouvoir l’éliminer “légitimement” puisqu’il s’était attaqué au pouvoir. Ceux qui y ont vu la “fin” de Poutine avaient évidemment tort. Ce sont des méthodes bolchéviques : pousser à la faute pour ensuite attaquer tout en faisant mine de se défendre.Il ne faut pas surestimer Poutine qui, en Ukraine, s’est trompé dans les grandes largeurs, mais il ne faut pas non plus le sous-estimer. Il a les capacités et les moyens de mener ses projets à exécution. Il faut avoir conscience, notamment, que la guerre civile, chez les bolcheviques, qui s’inspiraient sur ce point directement des écrits de Marx, était un outil de la révolution. hubris.* De la cruauté en politique. De l’Antiquité aux Khmers rouges, sous la direction de Stéphane Courtois. Perrin, 400 p., 25 €.



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Publish date : 2023-11-19 07:00:00

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Gabriel Attal : son plan habile pour devancer le prochain classement Pisa

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“Toutes les consultations sont menées au pas de course. Même si ce n’est pas dit clairement, il est évident que le ministère veut tenir les délais afin que ses annonces collent avec les résultats de l’enquête Pisa qui seront révélés prochainement”, avance Guislaine David, cosecrétaire générale du SNUipp-FSU. Le syndicat a été entendu, comme les autres organisations représentatives, dans le cadre de la mission “exigence des savoirs”.La mise en place de cette grande consultation avait été annoncée par Gabriel Attal lors de la journée mondiale des enseignants, le 5 octobre, depuis le parvis de la Bibliothèque François-Mitterrand. Dans un discours fleuve de près d’une heure, le ministre de l’Education nationale avait longuement détaillé son plan d’action visant à aider les professeurs, ces “combattants du savoir”, à gagner “la bataille de niveau”. “C’est l’urgence de notre école”, avait-il insisté avant d’égrener quelques statistiques : en un quart de siècle, les élèves français ont perdu l’équivalent d’un an en termes de niveau. Autrement dit, un élève de 4ème, en 2018, a le niveau d’un élève de 5ème en 1995. Les résultats de français et de mathématiques, matières fondamentales, sont les plus alarmants. Pour preuve, à l’entrée en 6ème, 1 élève sur 3 ne sait pas lire correctement, et seule la moitié d’entre eux trouve la bonne réponse à la question “Combien y a-t-il de quarts d’heures dans ¾ d’heure ?”Le constat est désormais bien connu et l’on ne compte plus le nombre de rapports d’inspection ou du Conseil scientifique de l’Education nationale (CSEN), de travaux parlementaires et de statistiques internes. Voilà pourquoi Gabriel Attal dit vouloir accélérer en lançant cette mission destinée à “élaborer une stratégie”. Elle est coordonnée par Edouard Geffray, directeur général de l’enseignement scolaire, Caroline Pascal, doyenne de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, Stanislas Dehaene, président du CSEN, et Gilles Halbout, recteur de l’académie d’Orléans-Tours.Trois groupes de travail, dédiés à l’école, au collège et au lycée, sont actuellement chargés de plancher sur les programmes, l’organisation et les pratiques pédagogiques et la culture générale… Vaste feuille de route, étalée sur seulement huit semaines puisque le ministère a promis des annonces début décembre. “Lors de notre première réunion de présentation, c’est précisément la date du 5 décembre qui était affichée”, révèle une participante, photo à l’appui. Soit le jour même où les résultats de l’étude Pisa 2022, en grande partie consacrée aux mathématiques, seront rendus publics. Tous les trois ans, cette vaste enquête menée par l’OCDE auprès d’élèves de 15 ans dans 85 pays fait figure d’humiliation pour la France. Outre des résultats mitigés, elle ne manque pas de rappeler le caractère inégalitaire de notre système.”Il donne le sentiment de parler vrai”Pas question d’attendre que la sentence tombe pour réagir. Telle est la méthode de Gabriel Attal, qui entend se démarquer par sa volonté d’avancer vite et de s’emparer des dossiers qui préoccupent l’opinion publique. Ce qui semble lui réussir puisque dans le dernier baromètre Ifop/Fiducial pour Paris Match/Sud Radio sur les personnalités politiques préférées des Français, l’hôte de la rue de Grenelle maintient sa place de “premier des ministres”, se situant sur la deuxième marche du podium, juste après Edouard Philippe et devant Bruno Le Maire. “S’il plaît autant, c’est parce qu’il n’hésite pas à aborder cash les sujets qui inquiètent les parents, comme la question du harcèlement ou du niveau scolaire. Il donne le sentiment de parler vrai et de ne pas cacher les problèmes”, confirme Frédéric Dabi. Et le directeur général Opinion du groupe Ifop de préciser : “Il ne se contente pas d’énoncer des constats puisqu’il prend des mesures qui ont un impact sur le quotidien des élèves et des familles. Je pense notamment au décalage des épreuves de spécialité du bac, qui ne se dérouleront plus en mars mais en juin, manière de montrer qu’il agit pour sauver le troisième trimestre.”Fidèle à sa volonté de prendre les devants, Gabriel Attal a accordé une interview au Parisien le 14 novembre pour commenter les scores des tests de niveau passés en début d’année par les élèves. “Les résultats en 4ème sont inquiétants”, affirmait-il, avant de dévoiler des pistes d’action comme la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques ou une augmentation du nombre d’heures consacrées à ces matières pour les collégiens les plus en difficulté… Autant de points censés être débattus dans le cadre de la fameuse mission Exigence des savoirs.”Le calendrier extrêmement contraint peut donner l’impression que les décisions sont déjà prises, tout comme cet entretien dans lequel le ministre dévoile des éléments de son plan”, déplore Claire Piolti-Lamorthe, présidente de l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public. Un plan qui, semble-t-il, concernera essentiellement le collège, alors que ses deux prédécesseurs – surtout Jean-Michel Blanquer – avaient concentré l’essentiel des réformes sur le premier degré et le lycée. La question des groupes de niveau qui, pour les opposants de cette mesure, risquerait de mettre fin au principe du collège unique, est un sujet qui divise la communauté enseignante. Certains, comme Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, craignent un passage en force. “Le ministre s’inscrit plus dans une perspective de communication politique que de réelle efficacité pédagogique”, estime celle pour qui tout semble “malheureusement acté d’avance”.Dans son discours du 5 octobre prononcé à la BNF, Gabriel Attal, après avoir annoncé la mise en place de la mission – et pris soin de rappeler l’importance du dialogue social “préalable à toute action” –, avait certes déroulé des pistes d’action très détaillées : sur les programmes et sur leur organisation par cycles qui peut, a-t-il dit, “nuire à la progression des apprentissages” ; sur les manuels, vantant au passage les “résultats spectaculaires” d’une expérimentation de manuel unique menée à Mayotte ; sur la mise en place de “stages de réussite” pendant les vacances qui conditionneraient le passage en sixième de certains élèves ; ou enfin sur l’importance de faciliter l’accès à la culture générale qui “s’hérite ou s’apprend” et apparaît comme “l’une des expressions les plus criantes des inégalités de niveau dont souffre notre école”.Un autre sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio, dévoilé ce 17 novembre et consacré au “regard des Français sur la situation de l’enseignement et sur le ministre de l’Education nationale”, tombe à pic pour l’équipe de Gabriel Attal : les pistes récemment avancées sont jugées globalement efficaces, notamment la création de classes de niveau avec moins d’élèves (qui recueille 81 % des suffrages) et la mise en place d’heures de cours supplémentaires en mathématiques et en français pour les élèves en difficulté (78 %). Toujours dans le cadre de son opération “exigence des savoirs”, le ministère a également envoyé un questionnaire à l’ensemble des 860 000 professeurs sur les actions prioritaires à mettre en place. “Le problème est que ce questionnaire, anonyme et accessible à tous via un simple lien, peut être rempli autant de fois que l’on veut et par n’importe qui. Ce qui pose tout de même question sur sa fiabilité”, regrette Sophie Vénétitay, qui dénonce également des réponses orientées. “Dans les solutions à mettre en place pour nous aider à faire progresser nos élèves, la notion de la diminution des effectifs par classe n’est pas abordée, or c’est un point crucial !” pointe-t-elle, à l’unisson avec bien d’autres représentants de la profession.



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Author : Amandine Hirou

Publish date : 2023-11-19 06:30:00

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Russie : comment l’industrie de défense se met sur le pied de guerre

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Le char T-90 flambant neuf file en ligne droite à la lisière d’une forêt. Au bout de quelques mètres, il fait rugir son canon dans une gerbe de flammes. Puis, sur un riff de guitare saturée, commence une séquence retraçant son processus de fabrication. La vidéo de ce blindé – tout juste sorti des chaînes de montage de l’usine d’Uralvagonzavod, à Nijni Taguil, dans l’Oural – est l’une des nombreuses publiées sur les réseaux sociaux par le célèbre fabricant russe pour servir sa propagande. Et par la même occasion, celle du Kremlin. Plus d’un an et demi après le début du conflit en Ukraine, les usines russes sont en ordre de marche pour couvrir les besoins de l’armée.Moscou ne lésine pas sur les moyens. Avec 109 milliards de dollars prévus en 2024, soit 6 % du PIB russe, les dépenses militaires devraient représenter près du tiers du budget de l’Etat. Aux dépens des fonds alloués à l’éducation ou à la santé, gelés pour l’heure. “L’économie russe est largement mobilisée pour la guerre, abonde Julien Vercueil, économiste spécialiste de la Russie et vice-président de l’Institut national des langues et civilisations orientales. Une part significative des ressources civiles est détournée pour satisfaire l’effort de guerre voulu par Vladimir Poutine.”Travail en trois-huit, sept jours sur septCette mobilisation n’échappe pas à l’état-major ukrainien. “Les capacités de l’industrie militaire augmentent, malgré l’introduction par les principaux pays du monde de sanctions sans précédent à l’encontre du pays agresseur”, s’inquiétait le commandant en chef des forces ukrainiennes, Valeri Zaloujny, dans The Economist, le 1er novembre. D’après une étude ukrainienne du Yermak-Mc Faul group, 67 % des composants étrangers utilisés dans la fabrication des drones russes proviendraient de Chine, tandis que des puces et processeurs japonais, sud-coréens ou suisses auraient également été retrouvés, à la marge, dans certains aéronefs.En parallèle, à Kazan, Irkoutsk ou Iekaterinbourg, plusieurs fabricants russes d’avions militaires, d’hélicoptères de combat, de drones et de munitions guidées ont agrandi leurs installations, selon des images satellitaires analysées fin octobre par le média ukrainien Skhemy/RFE/RL. “En octobre 2022, la Russie produisait environ 40 missiles à longue portée par mois. Aujourd’hui, c’est une centaine”, note Jack Watling, chercheur au Royal United Services Institute, dans un rapport. De quoi muscler les capacités de frappes russes à l’heure où l’Ukraine redoute un nouveau ciblage massif de ses infrastructures énergétiques.Dès 2022, nombre d’usines d’armement ont commencé à travailler en trois-huit, sept jours sur sept. “En un an, la production de chars a été multipliée par sept, celle des blindés légers comme les BMP ou les BMD, par 4,5”, a affirmé Sergueï Tchemezov, PDG du conglomérat d’Etat Rostec, sur la chaîne publique Rossiya-24, début novembre. Quatre mois plus tôt, le ministre russe de l’Industrie, Denis Mantourov, assurait que la production mensuelle de munitions dépassait désormais les volumes produits en 2022.Doutes sur les quantités réellesDifficile, toutefois, de prendre ces affirmations au pied de la lettre, en l’absence de données claires. “La Russie semble avoir augmenté sa production d’armement, mais l’ampleur de certaines annonces paraît difficile à croire. Et l’on n’en perçoit pas les traces dans d’autres secteurs tels que l’industrie sidérurgique, alors qu’on pourrait s’attendre à ce qu’elle augmente son activité de manière symétrique, pointe Tomas Malmlöf, chercheur à la Swedish Defence Research Agency. Il y a une part de communication stratégique et de propagande dans ces annonces.” L’objectif : entretenir le narratif d’une industrie de défense russe aux capacités démesurées, comme à l’ère soviétique.Avant la guerre, celle-ci était capable, selon les estimations, de produire environ 250 chars (neufs et modernisés) par an. “Pour augmenter drastiquement la production, il ne suffit pas d’accélérer les cadences dans les usines déjà existantes, souligne Mark Cancian, conseiller principal du Center for Strategic and International Studies, à Washington. Il faut en construire de nouvelles, mettre en place des chaînes d’approvisionnement, embaucher des travailleurs et les former : ce processus prend des années.” Aux Etats-Unis, l’entreprise d’armement Lockheed Martin a ainsi prévu, en 2022, un délai de quatre ans pour doubler sa production annuelle de lance-missiles Javelin, passant de 2100 unités à 3960 d’ici à 2026.En outre, les volumes annoncés ne semblent pas en mesure de combler les pertes russes. Au printemps dernier, le chef du Kremlin avait fixé l’objectif de construire et moderniser 1600 chars à l’horizon 2026. Bien qu’important, ce chiffre est loin de couvrir les pertes (environ 2500 blindés, selon le décompte du site spécialisé Oryx). La production d’obus, quant à elle, pourrait atteindre 2 millions d’unités par an, loin des 10 à 11 millions utilisés par les forces russes depuis le début du conflit. “Même avec l’aide de la Corée du Nord, les Russes ne peuvent pas maintenir une telle dépense de munitions, relève Mark Cancian. Ils seront toujours en capacité de se battre à un niveau élevé, mais ils devront hiérarchiser les cibles.” La guerre est partie pour durer.



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Author : Paul Véronique

Publish date : 2023-11-19 06:00:00

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Proches de Macron, ministres… Le choc des gilets jaunes raconté de l’intérieur

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Avant le Covid, la guerre en Ukraine, la réforme des retraites et les émeutes, le mouvement des gilets jaunes, dont l’acte I eu lieu le 17 novembre 2018, a été la première grande crise de la présidence d’Emmanuel Macron. Cinq ans plus tard, certains acteurs de l’époque – ministres, députés et conseillers – reviennent pour L’Express sur ces mois où se sont mêlées violences, craintes, décisions et innovations politiques. Comment les gilets jaunes ont bousculé le pouvoir : le récit, vu de l’intérieur.DistributionFrançois de Rugy : Président de l’Assemblée nationale puis ministre de la Transition écologique et solidaire, numéro 2 du gouvernement.Muriel Pénicaud : Ministre du Travail.Emmanuelle Wargon : Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, co-organisatrice du Grand débat national.Olivier Dussopt : Ministre délégué auprès du ministre de l’Action et des comptes publics (aujourd’hui ministre du Travail).Marlène Schiappa : Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.Marc Ferracci : Conseiller de Muriel Pénicaud (aujourd’hui député Renaissance).Gilles Boyer : Conseiller politique d’Édouard Philippe à Matignon (aujourd’hui député européen Renew).Roland Lescure : Député LREM et président de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale (aujourd’hui ministre chargé de l’Industrie).Jean Viard : Sociologue, interlocuteur irrégulier d’Emmanuel Macron.Thomas Mesnier : Député LREM de Charente (aujourd’hui porte-parole d’Horizons).Et quelques conseillers de l’ombre…Le diagnosticInconnu deux ans auparavant, Emmanuel Macron s’installe à l’Élysée en 2017 avec l’idée de réformer profondément le pays, en voulant libérer les énergies et promouvoir “l’émancipation individuelle”…Un ancien de l’Élysée : Jupiter a été inventé au début du quinquennat car il y avait un doute sur la présidentialité d’Emmanuel Macron. Il n’a été ministre que deux ans, il avait l’âge qu’il avait… L’invention de la présidence verticale, avec plein de symboles de la Cinquième, c’était pour installer cette légitimité. On l’a pris en boomerang dans le visage. Et il en a découlé, aussi, cette accusation d’arrogance. Ce qui est vrai, c’est qu’il a tenu, au début, un discours pour un socle électoral très urbain, celui de la mondialisation heureuse.Un proche d’Emmanuel Macron : Il y avait de la souffrance, un sentiment de déclassement pour des petits chefs d’entreprise, des retraités… Il était question de la dureté de la vie. De peine. De ce point de vue, Emmanuel Macron renvoyait, par sa jeunesse, sa réussite, à une forme d’arrogance. Ils pensaient qu’on les voyait comme des ringards.Marc Ferracci : On avait en 2017 une approche et un narratif politique basés sur l’idée d’émancipation. On devait donner des perspectives aux Français, à ceux qui travaillent, leur proposer une forme de liberté dans les choix de vie professionnelle. Derrière cette idée, il y avait un présupposé : que les gens avaient une appétence pour la mobilité sociale, géographique, pour saisir des opportunités. Ce que révèle cette crise, c’est qu’une partie de la société française, qu’il faut entendre et respecter, a envie de conserver une forme de stabilité. Au fond, elle a une envie d’ancrage.Marlène Schiappa : On est arrivés en envoyant valser les corps intermédiaires, certains de pouvoir faire sans eux, avec un esprit de winners, l’idée d’une France optimiste…Roland Lescure : En 2017, c’était “On livre, on livre, on livre”… Les gilets jaunes ont révélé une forme de fracture avec cette méthode fondée sur l’efficacité. Peut-être était-ce le contrecoup de l’amateurisme initial. On a négligé cet angle mort. Ce mot-clé : l’empathie.Les 80 km/h : l’étincelle ?Le 1er juillet 2018, Édouard Philippe signe le décret réduisant la vitesse à 80 km/h sur les routes nationales. Malgré les réticences d’une partie du gouvernement, notamment de Gérard Collomb, Gérald Darmanin ou encore Richard Ferrand, le Premier ministre s’accroche à cette mesure qu’il sait impopulaire, mais efficace pour sauver des vies…François de Rugy : Un mardi matin, on se retrouve au petit-déjeuner de la majorité à Matignon, et on avait vu qu’Édouard [Philippe] avait, deux jours avant dans le JDD, parlé de son projet de réduire la vitesse à 80 km/h sur les routes nationales. Autour de la table, on le questionne, il nous dit : “Oui, c’est vrai, on travaille là-dessus.”Olivier Dussopt : Je me rappelle avoir dit en réunion préparatoire que cela pouvait être mal interprété par les gens, tous ceux qui ne sont ni des chauffards, ni des dangereux. J’avoue avoir un peu de mal avec l’idée d’une société de l’infantilisation.François de Rugy : Je dis à Édouard que quand je me rends à Pornic en voiture, il y a 50 bornes à faire, et je sais que si on dit aux gens de rouler à 80 km/h sur cette portion, ça ne va pas le faire. Les gens vont se sentir entravés. Je lui dis : “Je n’irai pas te désavouer, jamais, mais ça va faire râler les gens !”Gilles Boyer : On avait présenté un paquet de mesures pour faire diminuer le nombre de morts sur les routes, c’est le devoir d’un gouvernement. On a retenu que celle-ci… C’est tout de même 400 morts de moins par an ! Ce n’est pas Édouard Philippe qui a pris cette décision tout seul. Edouard a toujours dit qu’il n’y avait qu’une seule ligne à la tête de l’État. Vous pensez vraiment qu’un Premier ministre peut décider, puis annoncer ça tout seul dans son coin ?Jean Viard : Quand ils ont pensé les 80 km/h, ils ont fait preuve d’une profonde méconnaissance des questions territoriales…Marlène Schiappa : C’est une bonne mesure, mais très mal mise en oeuvre. Ce n’est pas parce qu’elle est bonne que les gens comprennent. On aurait pu tout à fait y associer un groupe d’élus, créer un territoire d’expérimentation, mieux consulter avant d’annoncer. Ça fait partie de ce qui a fait naître les gilets jaunes.François de Rugy : Objectivement, avec le recul, je ne suis pas sûr que le mouvement des gilets jaunes serait apparu sans les 80 km/h.Gilles Boyer : Ça arrange bien des gens de dire ça… Ils ont fait un sondage ? On ne sait pas si c’est la première étincelle. Ça a suscité de l’agacement, oui ; pour certains c’était une privation de liberté insupportable, mais tout mettre sur le dos des 80 km/h…La “taxe carbone” embrase le paysAlors que le prix de l’essence augmente, la “taxe carbone” arrive dans le débat public et s’avère être le premier vrai point de crispation des gilets jaunes…Muriel Pénicaud : On n’a pas vu venir la crise des gilets jaunes, notamment parce qu’elle démarre sur une taxe écologique de 6 centimes d’euro…Un intime de François Bayrou : Au moment où la taxe carbone arrive dans le débat public, François [Bayrou] est en pétard. “Ça va péter ! Ça va péter”, qu’il disait. Et puis les gilets jaunes sont arrivés…Gilles Boyer : C’était dans le projet de 2017 !François de Rugy : L’arbitrage avait été rendu dès l’été 2017. Comme on avait décidé de supprimer la taxe d’habitation, il fallait bien trouver de nouvelles sources de recettes pour redresser les finances publiques. Ça avait été fait très sérieusement, Édouard Philippe avait été très rigoureux. Quand la mesure est votée dans le projet de loi de finance, personne n’en parle !Un proche d’Édouard Philippe : C’est plus qu’une étincelle, c’est une rébellion antifiscale. C’est ce qui fait la beauté de la politique : on baisse fortement les impôts et on dit qu’on va en augmenter un autre, un petit peu… C’est beau comme du Shakespeare, et on arrive dans le réel. On pensait que les gens entendaient ce qu’on faisait avec la meilleure compréhension du monde. On pensait qu’on avait pour nous la raison et l’intérêt des gens et ça a été perçu comme une agression de trop.Olivier Dussopt : La taxe carbone et le prix de l’essence ont été pris comme une forme d’injustice. On annonce aux gens qu’en plus de l’augmentation, on va en rajouter une couche…Emmanuelle Wargon : Pour moi, le très grand enseignement politique, c’est qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. Le problème de la taxe carbone, c’est qu’on pénalisait les gens sans leur donner de soutien. On ne peut pas dire aux gens que l’on augmente le prix de l’essence brutalement sans leur donner de solutions alternatives.Marlène Schiappa : Pour être honnête, sur le moment, personne ne dit trop rien. Quand, lors d’une réunion, Édouard Philippe demande à des membres du gouvernement “Qui pense qu’il faut reculer sur la taxe carbone ?”, aucun ne dit qu’il faut abandonner. Personne.Un ancien de Matignon : Édouard trouve juste que les gens ne sont pas très courageux et n’accourent pas pour défendre la taxe carbone. Nicolas Hulot devient étonnamment très discret…Un ancien ministre : Hulot fait du kitesurf toute la journée, il arrête ses semaines le mercredi. Il ne venait pas aux réunions, il n’aimait pas le conflit. En fait, il n’aimait pas faire de la politique.Marlène Schiappa : Ça me fait un peu penser aux 5 euros d’APL. C’est un truc de techno. On avait trop de technos… Sur un tableau Excel, 5 euros, c’est pas grand-chose, ça remplit les caisses. Mais 5 euros, c’est 5 paquets de pâtes pour certaines personnes. Donc c’est beaucoup, en réalité.Gilles Boyer : On se rend compte qu’un euro prélevé ne vaut pas un euro rendu. On ne peut pas aborder ce sujet avec un tableau Excel, mais avec un document Word.Emmanuelle Wargon : Jacline Mouraud publie une vidéo le 27 octobre pour dire que le gouvernement traque les automobilistes. Elle fait plusieurs centaines de milliers de vues. Le week-end du 1er novembre, j’étais à Londres chez mon fils, à l’époque étudiant là-bas. L’Élysée appelle mon conseiller com’ : on me demande de répondre à Jacline Mouraud en enregistrant une vidéo de deux minutes pour assurer que le gouvernement n’en veut pas à la voiture. Je fais ça depuis la chambre londonienne de mon fils. La vidéo est pourrie…Gilles Boyer : Le 17 novembre, lors de l’Acte I, on commence sérieusement à se poser des questions. Qui représente le mouvement ? Qu’est-ce qu’ils veulent ? La première difficulté, c’est de répondre à ces questions. Pour un gouvernement c’est très dur, les revendications n’étaient pas toutes réalistes, d’autant qu’elles ne sont pas les mêmes suivant les ronds-points.Marlène Schiappa : Je me souviens très bien de l’Acte I puisque c’était la veille de mon anniversaire. Le lendemain, j’ai mon père au téléphone, il m’appelle pour me le souhaiter. Mon père, maintenant tout le monde le sait, il est militant de gauche, mais surtout c’est un historien. Un historien des luttes sociales, qui plus est. Je lui demande ce qu’il pense de la manif’, il me répond dans la seconde : “C’est le début d’un mouvement insurrectionnel. Tous les critères sont là. Ne pense pas que ça va s’arrêter.” Au début, je ne le crois qu’à moitié, les capteurs qu’on a à ce moment-là nous disent que ça va s’arrêter…Il faut bien se parler…Le gouvernement est à la peine. Comment s’adresser à ces gilets jaunes qui n’ont pas de représentants ? Comment trouver un compromis avec ce mouvement nébuleux qui ne ressemble en rien aux mouvements sociaux précédents ? Peut-on se comprendre ? Ou même, tout simplement se parler ?Thomas Mesnier : Moi, j’ai fait partie des premiers parlementaires à l’époque à les recevoir dans ma permanence, dès le premier samedi matin. Je comprends que ça va être très long et très compliqué de répondre à ces revendications. J’ai compris à ce moment-là que ça allait durer, que c’était extrêmement polymorphe.François de Rugy : Je propose au président de recevoir les représentants des gilets jaunes au ministère. Il donne le feu vert. Au début, on a une délégation de huit personnes, à peine les noms circulent que les groupes Facebook questionnent leur légitimité, on les insulte. Finalement, il n’y a que Priscillia Ludosky et Éric Drouet… Éric Drouet veut que la rencontre soit filmée, je réponds que je préfère que tout ça reste entre nous, pour éviter les jeux de posture. Et puis, je ne m’en rends pas tout de suite compte, mais je vois la caméra de son téléphone allumée dans la poche de sa veste. Après je me suis dit que j’aurais dû peut-être accepter…Marlène Schiappa : Un jour j’avais invité des gilets jaunes dans mon ministère pour discuter. Ils me disaient : “On a des députés qui font leur mariage à l’Assemblée avec de l’argent public. Ils le font tous !” J’avais beau leur dire que ça n’existait pas, que ça ne pouvait pas exister, ça ne passait pas. C’est hyper difficile de lutter contre ce genre de désinformation.Emmanuelle Wargon : Avec ma vidéo, je suis devenue une protagoniste, c’est pour ça que j’ai été amenée à faire des plateaux télé. Au départ, au gouvernement, il n’y avait pas énormément de gens pour les faire. Les débats étaient assez durs…Un pilier du gouvernementactuel : Édouard Philippe n’était pas franchement ravi que ses ministres aillent, avant les annonces, sur les plateaux pour débattre avec les gilets jaunes. Après les annonces, en revanche, on a dû s’y coller. Sur les plateaux, on nous sortait des mecs venus de nulle part. À un moment donné j’ai dit stop, je ne débats plus avec les gilets jaunes. Point.François de Rugy : En novembre 2018, on monte une rencontre entre des gilets jaunes et le Premier ministre, à Matignon. Petit à petit, ils se désistent tous. Ils ne sont plus que deux… et l’un des deux s’en va. Résultat, il n’y a plus qu’un jeune homme de 25 ans face au Premier ministre et au ministre de la Transition écologique, numéro 2 du gouvernement, dans la bibliothèque de Matignon. C’est dingue…Gilles Boyer : Il y avait eu une tribune de gilets jaunes dans le JDD, avec beaucoup de signataires. Donc on les invite. Ils nous répondent les uns après les autres qu’ils ne préfèrent pas s’afficher à cause de pressions et de menaces…François de Rugy : Le dernier restant, très gentil au demeurant, nous dit alors quelque chose de très frappant : “Je tiens à vous alerter : moi, parce que je venais ici, j’ai subi des menaces. Avec ma copine, on s’est même demandé si on n’allait pas déménager. Je vous le dis, dans les réunions, il y a des gens qui ont des propos très violents, certains disent qu’ils vont prendre les armes…”1er décembre : Paris is burning…Acte III des gilets jaunes : les manifestants dégradent l’Arc de Triomphe ainsi que les œuvres d’art qui trônent à l’intérieur. La France et le monde découvrent Paris mis à sac, et une violence que l’on n’avait pas vue depuis bien longtemps…Olivier Dussopt : Je n’étais pas à Paris, j’étais chez moi en Ardèche, donc je regarde ça comme tout le monde à la télévision. Et je me dis : “Mais qu’est-ce que c’est que ça…”.François de Rugy : J’étais au conseil national d’En Marche et je reviens au ministère. Un cortège est annoncé sur le boulevard Saint-Germain. Le chauffeur et les agents de sécurité me disent : “On va se garer dans une rue à côté, on ne va pas rentrer.” Tout à coup, un cortège passe à côté de nous et des gens qui viennent vers la voiture. Ils avaient lunettes, casques et boucliers ! Le chauffeur et l’agent de sécurité ont vraiment pris peur. Finalement, ils venaient simplement nous demander des trucs…Jean Viard : Je pense qu’ils ont eu très peur. Quand ils sont allés casser l’Arc de triomphe, vu de l’Élysée, c’était de l’ordre du coup d’État…Gilles Boyer : L’État a tenu, il faut quand même le souligner. On est tous conscients cette journée-là qu’on peut basculer dans quelque chose de très grave…Un ancien de l’Élysée : Je n’avais jamais vu ça de ma vie. Ça faisait très longtemps que dans ce pays il n’y avait pas eu une telle irruption de violence. Mais il faut le dire aussi, il n’y a pas eu de morts. Il y a eu une volonté politique extrêmement forte, au départ, de ne pas aller au contact. Si nous avions décidé de faire comme ces derniers temps, le bilan aurait été probablement beaucoup plus lourd.Un ancien de Matignon : Comment les Parisiens ont-ils accepté qu’on casse Paris samedi après samedi ? Les médias aussi n’ont jamais pris position pour réellement dire “stop”, avec le recul. Il y avait aussi beaucoup de propos antisémites…Thomas Mesnier : Il y a l’Arc de Triomphe, mais il ne faut pas oublier que chaque samedi, c’était aussi de la casse. Pas seulement sur les Champs-Elysées, mais aussi rue Sainte-Catherine à Bordeaux, dans énormément d’artères piétonnes de nos villes, parfois aussi dans nos campagnes, des ronds-points qui ont été saccagés…La haine et la peurLe 1er décembre a laissé des traces dans les esprits. Trois jours plus tard, la préfecture du Puy-en-Velay est incendiée et Emmanuel Macron, qui a fait le déplacement, est copieusement insulté et menacé. “On veut te tuer”, “Crève sur la route”…Un ami du couple Macron : D’abord, les gilets jaunes font prendre conscience à Emmanuel qu’il est seul. Ça n’a jamais été un problème pour lui, il fait face, mais là, il le réalise plus que jamais. Au début Édouard Philippe est totalement absent parce qu’il n’a pas pu émerger médiatiquement. Il prend tous les coups, il n’a aucun poids lourd à côté de lui.Marlène Schiappa : J’ai pensé tout de suite au président, à son équipe aussi, à mes amis qui étaient à l’Élysée à l’époque. C’est dur. On est tous admiratifs du président, on a envers lui un soutien inconditionnel, et on voit des gens qui ont une détestation telle qu’ils ont presque envie de le tuer… On a beaucoup de mal à comprendre, il n’y a même pas cette détestation pour l’extrême droite ou pour les islamistes.Un proche d’Édouard Philippe : Matignon avait demandé à beaucoup de membres de cabinet de faire des séquences de débats entre leur ministre, des grands élus et des gens. Tous, tous, tous étaient abasourdis par le niveau de haine qu’il y avait contre nous. Ça suintait la haine, pas seulement des politiques, mais des élites.Marlène Schiappa : Le soir où des gilets jaunes viennent chez moi m’a beaucoup marqué. Une quarantaine de personnes, en partie sous l’influence de l’alcool, viennent au domicile familial d’une ministre, vous vous rendez compte ? Imaginez ce que ça fait pour deux petites filles de voir 40 personnes qui tapent à la fenêtre, aux volets, pour crier des menaces de mort contre leur mère. Imaginez.Muriel Pénicaud : Je portais la loi d’urgence économique et sociale, donc j’étais beaucoup dans les médias. J’ai reçu des menaces de mort… Le ministère de l’Intérieur m’a interdit de rester vivre chez moi et m’a demandé d’aller dans une habitation sécurisée, à mes frais.Olivier Dussopt : Je logeais à Bercy, et un jour où la manifestation partait de l’Arena toute proche, les services de sécurité avaient demandé que je sois évacué tout le week-end et que je ne revienne pas au ministère.Roland Lescure : Les députés en ont pris plein la gueule. J’ai fait une mission d’évaluation sur les gilets jaunes plus tard, sur les coûts des blocages, violences, dégradations, et pour les parlementaires ça a été terrible.Thomas Mesnier : Je me souviens d’une des toutes premières réunions de groupe dans le début du mouvement, où certains collègues parlementaires avaient peur. J’ai le souvenir d’une manif qui passait devant ma permanence et j’étais sorti à la rencontre des manifestants pour échanger. Et j’avoue que j’étais bien content qu’il y ait quelques policiers pour encadrer la manif… Et puis il y a eu à l’époque des lettres anonymes, avec des menaces de mort. Évidemment, ça fait quelque chose. Comme avoir une protection policière à domicile.Les concessionsDevant les actes de violence et les manifestations qui ne désemplissent pas, Emmanuel Macron sait qu’il doit prendre des mesures pour calmer la colère populaire. Le 10 décembre, il annonce l’augmentation du Smic de 100 euros, la suppression de la hausse de la CSG pour les retraités qui touchent moins de 2 000 euros, la défiscalisation des heures supplémentaires et la fameuse “prime Macron”…Olivier Dussopt : Je faisais remonter au président et au Premier ministre de l’époque que les gens chez moi ne souhaitaient pas percevoir une aide sociale supplémentaire. Il s’agissait de gens qui travaillent, qui touchent le Smic ou un peu plus, qui ont un crédit, qui doivent faire de gros efforts pour aller au restaurant, qui se privent de plaisirs… Et ils avaient le sentiment que celui qui ne travaille pas n’était pas traité de la même manière qu’eux.Gilles Boyer : Il y a une question de principe : est-ce qu’on rentre dans une logique où on répond au problème avec des chèques ? Oui ? Non ? Quand ? Est-ce que ça va calmer cette colère ?Un ancien conseiller du Palais : On met du temps à réagir, il faut être honnête. Toute la machine met du temps à se rendre compte de ce qui se passe. On fait des fautes… de temps. Je pense à la suspension de la taxe carbone qui n’est finalement pas inscrite dans le discours du 10 décembre sous pression de Matignon, par exemple…Un ministre : Edouard était très inquiet du coût budgétaire de tout ça, après tous les efforts pour rétablir le budget… Vous vous battez pour sauvegarder un milliard et bam, vous en perdez 10 d’un coup.Muriel Pénicaud : Ça ne souriait pas à Matignon, et c’est normal, entre la tension sur l’aspect budgétaire et la nécessité de répondre aux attentes sociales sur le plan opérationnel.Olivier Dussopt : Ça a obligé à des décisions très rapides, une forme d’adaptation sur la mise en œuvre du projet. Disons que ce n’était pas tout à fait le trend de 2017…Un ancien de Matignon : Il y a eu une volonté d’essayer de câliner, brosser les gilets jaunes et les gens en général dans le sens du poil. On est sortis en balançant beaucoup d’argent pour éteindre l’incendie.François de Rugy : Avec la suppression de la CSG, on revient sur un truc qui était fondamental pour Emmanuel Macron.Olivier Dussopt : Les décisions que le président a arrêtées le 10 décembre avaient été soigneusement gardées secrètes à l’Élysée. Nous étions quelques ministres à faire le tour des plateaux le soir pour faire le service après-vente, c’était sport…Muriel Pénicaud : Le 17 décembre, le Conseil d’État est saisi. Le 19 décembre, conseil des ministres le matin, commission à l’Assemblée l’après-midi, et vote dans l’hémicycle le soir. Le 21 décembre, c’est voté au Sénat. Et la loi est appliquée le 24 décembre pour le 1er janvier… Quand je vous dis que c’est allé vite. C’était un coup de reins collectif, tout en respectant nos règles démocratiques, et l’administration derrière a fait un boulot remarquable.Marc Ferracci : C’est très simple : on devait voter une loi de 10 milliards d’euros en un temps record. On a passé trois jours sans dormir. Les délais étaient tellement brefs que ces moments étaient d’une intensité incroyable. La même journée, on a dû avoir quatre réunions interministérielles (RIM), à 9 heures, 13 heures, 17 heures et 19 heures. Que des lectures de textes législatifs. Bref, c’était un moment de très, très, très grand urgence.Un proche d’Édouard Philippe : François Bayrou est le premier à dire qu’il faut lâcher la taxe carbone, Philippe Grangeon le soutient. Édouard, lui, dit qu’il faut tenir par volontarisme réformateur, et le président est un peu entre deux eaux. Seulement on voit que le mouvement ne décroît pas et Édouard sent bien que ce n’est plus tenable. C’est le maintien de la paix civile qui fait qu’on bouge.Le grand débatCoup de génie ? Peut-être bien. Emmanuel Macron sort des cadres existants et innove : il lance le grand débat national et ses déclinaisons sur l’ensemble des territoires.Un ancien de l’Élysée : C’est l’idée du président, elle sort tard, mais très vite dans sa tête. Il a pris le temps de “malaxer” son truc, comme il le dit souvent. On est assez peu à la soutenir…Gilles Boyer : C’est une très bonne intuition du président. Nous, à Matignon, on met en œuvre les décisions du président, on se demande si ça va marcher. Le grand mérite c’est d’avoir tenté quelque chose de nouveau.Emmanuelle Wargon : Arrive la question de qui s’en occupe. Je dis à Emmanuel Macron, Alexis Kohler et Édouard Philippe que je me suis déjà intéressée à ces questions auparavant et que je veux bien m’en charger. Je me retrouve en binôme avec Sébastien Lecornu, qui voyait déjà la partie politique de cette grande séquence, notamment dans les rencontres avec les élus locaux. Pour le reste, il n’était pas hyper chaud… Mais on a bien travaillé ensemble.Muriel Pénicaud : J’y ai participé, avec le président de la République et toute seule de mon côté. C’est une grande innovation et une grande réussite démocratique. Ne pas prendre des décisions, terrées dans des bureaux à Paris, ça a changé les choses.Emmanuelle Wargon : On se disait que si on avait 200 réunions locales, ce serait déjà pas mal… On était complètement perdus : on en a eu plus de 10 000 !Thomas Mesnier : Je garde un souvenir assez formidable de ce grand débat. J’organise une première réunion dans la petite commune de Dirac qui est franchement rurale, à un quart d’heure en voiture d’Angoulême. Il y a 300 personnes ! Et c’est passionnant. Un vrai beau moment de politique je crois, et sans aucune naïveté.Olivier Dussopt : J’ai vu la rencontre de deux mondes. J’accompagnais le président de la République pour un grand débat dans la Drôme, à Bourg-de-Péage, organisé par Didier Guillaume. Le président a répondu à 40 questions dans un détail absolu, on se disait qu’à force d’avoir réponse à tout il allait finir par les lasser (rires).Emmanuelle Wargon : Les outils du grand débat, c’était d’abord un site Internet. Quand j’ai commencé à être en charge, je me suis battu avec l’Elysée pour que les questions soient les plus ouvertes possible et que les gens puissent s’exprimer. On a dû avoir un million de contributions. Ensuite, les cahiers de doléances, on a monté ça avec de l’intelligence artificielle, pour que ce soit traité vite et bien, ça a été très compliqué. Ça devait éclaircir la décision, et sur ce point la promesse a été tenue. Mais on n’a pas bien marketé cette séquence-là et ce processus, il faut bien le dire.Marlène Schiappa : Je fais l’émission avec Hanouna parce que le président va faire le grand débat, et on se demande comment aller chercher les jeunes, de banlieues ou d’ailleurs ; les gens qui se sentent moins légitimes dans la société. Je discute avec Hanouna et je lui dis que son public devrait faire ses propres grands débats. Je propose d’en faire un en live, dans son émission, pour faire participer les gens. Ce soir-là ce n’était pas un show, un meeting, mais un vrai atelier du grand débat.Un ancien de l’Élysée : Là où c’est fondateur pour tout le macronisme, c’est que ça participe encore aujourd’hui à la volonté de chercher une manière de recoudre le lien entre les Français et leurs élites. Après le grand débat, il y aura la convention citoyenne sur le climat, le Conseil national de la refondation, les rencontres de Saint-Denis, l’élargissement du référendum…La crainte d’une résurgenceLe mouvement des gilets s’essouffle avec le temps et les mesures du gouvernement. Seulement, le souvenir de ce soulèvement reste dans les mémoires des membres de l’exécutif. Les mois, voire les années suivantes, on craint de voir une nouvelle crise émerger…Marlène Schiappa : Après, on a le sentiment que beaucoup de choses ont été pensées en fonction de : “Est-ce que ça va réveiller de nouveau gilets jaunes ?”.Gilles Boyer : Après les gilets jaunes, on est plus prudent, on prépare mieux les choses, on marche davantage sur des œufs. Mais on fait ça avec l’intime conviction que ce n’est pas ça qui va empêcher un nouveau mouvement, d’une autre nature peut-être, de se produire un jour.Un membre du gouvernement : Je me rappelle qu’on devait lancer, en février, la réforme de la fonction publique. En séminaire gouvernemental, je voyais certains collègues ministres dire à Olivier Dussopt : “Ça, il ne faut pas le faire, hein, parce que ça va nous refaire les gilets jaunes.”Emmanuelle Wargon : Tout le monde était un peu grand brûlé. Chat échaudé craint l’eau froide.Thomas Mesnier : Ça a marqué les mois suivants, l’année qui a suivi de façon très nette. On pensait toujours à appréhender les différents sujets du travail parlementaire avec le prisme des gilets jaunes.François de Rugy : Au printemps 2019, le président dit que sur la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, il faut agir sur des objets concrets. On pense alors au chauffage au fioul : c’est comme s’il y avait trois millions de petites centrales thermiques en France.Emmanuelle Wargon : Le remplacement des chaudières au fioul, on l’a pris avec un maximum de précautions, on a appelé des dizaines de chauffagistes, on a fait du micromanagement, on s’est posé beaucoup, beaucoup plus de questions que ce qu’on aurait fait avant. Ça a été abandonné avec le souvenir des gilets jaunes derrière.François de Rugy : Les députés nous ont dit aussi qu’ils avaient très peur que ça remette des gilets jaunes sur les ronds-points. Édouard Philippe a dit : “On remballe !”Un ministre : En juin 2019, on était réuni en séminaire gouvernemental pour poser les bases de ce qu’on allait faire à la rentrée. Christophe Castaner, à l’Intérieur à l’époque, nous prévient : les retraites et la PMA vont mettre le foutoir, on va assister à une coagulation des mouvements gilets jaunes et de la Manif pour Tous.Un membre du gouvernement : Lorsqu’on préparait le plan de sobriété à l’été 2022, le président n’avait qu’une crainte, c’était de se retrouver avec des para-gilets jaunes sur les bras. Il était moins allant que la Première ministre. Il a demandé un plan de communication ultra-solide, a insisté lourdement pour que l’administration et les grandes entreprises, avant tout, montrent l’exemple. Il ne fallait pas que madame Michu, chez elle ou dans sa petite auto, ait le sentiment qu’on lui tape dessus en épargnant l’État ou Total.



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Author : Erwan Bruckert

Publish date : 2023-11-18 16:00:00

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France – Maroc : comment s’amorce le dégel diplomatique

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Les signes de réchauffement entre Paris et Rabat s’enchaînent : l’ambassadeur français au Maroc qui fait un mea culpa public sur l’affaire des visas, une ambassadrice marocaine nommée en France… Et si les deux ex-alliés avaient envie de réchauffer leur relation diplomatique ? Certes, il ne sera pas chose facile d’oublier deux années tensions entre le Maroc et la France, ancienne puissance coloniale où vit une importante diaspora marocaine. L’origine de cette brouille ? La politique de rapprochement avec l’Algérie voulue par le président français Emmanuel Macron, alors qu’Alger a rompu en 2021 ses relations diplomatiques avec Rabat.Le sommet de ces tensions avait été atteint en septembre 2023. “Après le tremblement de terre, on a assisté à l’apogée de la crise franco-marocaine puisqu’on est allé jusqu’à invectiver les chefs d’Etat”, souligne auprès de l’AFP Pierre Vermeren, historien et professeur à l’université de la Sorbonne à Paris. Une polémique était née quand la France avait proposé son aide au Maroc, qui l’avait ignorée. “Les relations étaient dans une impasse”, estime-t-il.Et la crise aurait encore pu monter d’un cran si les deux pays n’étaient pas revenus à la raison. “Pourquoi le roi Mohammed VI irrite tant l’Etat profond français”, titrait, le 20 septembre, le journal en ligne Le 360 – proche du palais. L’article critique le traitement médiatique du séisme en France, jugé “hystérique”, et qui, à ses yeux, ne peut être que manigancé depuis l’Elysée. Le même journal en ligne s’attaquait directement au président français, le lendemain : “Un peu homme, un peu femme”, mais il n’assume rien : qui est vraiment Emmanuel Macron ?”Du côté de l’Elysée, c’est le scandale Pegasus, révélé en 2019, qui a du mal à passer. Le chef de la sûreté marocaine a usé de ce logiciel espion israélien pour écouter opposants et ennemis en France, mais aussi… Emmanuel Macron lui-même. Malgré ces querelles, les relations franco-marocaines n’étaient jamais franchies un point de non-retour.Un échec avec l’AlgérieComment expliquer cette détente ? Pour Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et la Méditerranée à Genève, le difficile rapprochement entre Paris et Alger explique en grande partie l’actuel apaisement avec Rabat. Pour Paris, son voisin algérien disposait de nombreux atouts comme sa proximité avec les pays du Sahel. Mais faute de pouvoir renouer avec le géant africain, Macron fait de nouveau les yeux doux à son rival, le Maroc. “Le président Emmanuel Macron s’est rendu à l’évidence qu’il avait emprunté le mauvais chemin en croyant, dur comme fer, qu’il pouvait réconcilier son pays avec l’Algérie”, soutient un journaliste de Maroc Hebdo dans sa chronique du 17 novembre.Retour, donc, vers le Maroc. Avec des forces françaises sur le départ dans cette région, il est plus aisé de faire des gestes en faveur de l’allié traditionnel et historique de la France. Aujourd’hui, “il y a clairement une mise en scène” de la volonté de retisser les liens avec Rabat, constate ainsi Hasni Abidi, en référence à l’entretien accordé par l’ambassadeur français Christophe Lecourtier à la télévision marocaine 2M, lundi 13 novembre. “Quel gâchis de notre part”, a déclaré le diplomate à propos de la décision prise en 2021 de restreindre la délivrance de visas aux Marocains.La restriction a été levée il y a déjà près d’un an, mais cette politique a “profondément abîmé et l’image et l’influence de la France, a-t-il reconnu. On ne gère pas une relation aussi intime que celle entre la France et le Maroc avec des statistiques”. Les propos du diplomate ont été chaleureusement accueillis par la presse marocaine. Maroc Hebdo y a ainsi vu “un pas en plus vers la fin d’une période de tension diplomatique”.Une ambassadrice du Maroc en FranceEt des efforts ont aussi été fournis du côté du Palais royal avec la nomination, le 19 octobre dernier, de Samira Sitail au poste d’ambassadrice du Maroc en France, resté vacant un an durant. Cette nomination marque la “volonté d’accélérer un peu les choses et d’ouvrir une nouvelle page”, renchérit auprès de l’AFP Zakaria Abouddahab, professeur de relations internationales à l’université Mohammed V de Rabat.À Marrakech, lors des Assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale, le chef de gouvernement marocain Aziz Akhannouch a reçu le ministre français de l’Economie Bruno Lemaire. Pour Zakaria Abouddahab, les deux pays “ont tiré les leçons” d’une situation qui ne profitait “à personne”. “Le couple Paris-Rabat est solide”, dit-il. D’autant que les intérêts des deux pays se croisent sur plusieurs dossiers économiques ou politiques.



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Publish date : 2023-11-18 15:53:58

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Starship : des progrès pour le deuxième test de Space X, malgré l’explosion de la fusée

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Un lancement d’abord réussi, avant la déception. Ce samedi 18 novembre, le monde scientifique et aérospatial avait les yeux rivés sur le Texas et la base de Boca Chica pour le deuxième essai du lancement de Starship. Cette fusée, la plus grande et plus puissante jamais construite, doit être le chef-d’œuvre de Space X et d’Elon Musk, notamment afin de relancer les programmes de la Nasa vers la Lune.La fusée a bien décollé à 14 heures, heure de Paris, avant d’exploser quelques minutes plus tard. Si l’échec est loin d’être aussi cuisant que lors de la première tentative en avril dernier, où Space X avait volontairement dû faire exploser la fusée au bout de quatre minutes en raison de dysfonctionnements des moteurs, le résultat n’est pas idéal pour autant.Un “désassemblage rapide non planifié”Le vol aura cette fois-ci duré près de 10 minutes, selon Reuters, soit bien moins que les 90 minutes initialement prévues. Le test a notamment pu aller jusqu’à la séparation des deux étages de la fusée, entre l’étage de propulsion Super Heavy et le vaisseau Starship, placé juste au-dessus. En octobre dernier, Elon Musk avait expliqué que cette phase était “la plus risquée du vol”, et Space X avait déjà affirmé que ce test serait une réussite si cette étape était franchie.Congratulations to the entire SpaceX team on an exciting second integrated flight test of Starship!

Starship successfully lifted off under the power of all 33 Raptor engines on the Super Heavy Booster and made it through stage separation pic.twitter.com/JnCvLAJXPi— SpaceX (@SpaceX) November 18, 2023Néanmoins, Starship n’est pas allé beaucoup plus loin. En raison d’un “désassemblage rapide non planifié”, selon les termes de l’entreprise, l’étage de propulsion Super Heavy est vite devenu hors de contrôle, avant de s’écraser dans le Golfe du Mexique. Le vaisseau Starship, le plus important pour l’entreprise, a, lui, pu continuer son parcours jusqu’à un peu plus de 10 minutes après le lancement, avant que Space X ne perde également le contrôle, ne laissant pas d’autre choix à l’entreprise que de procéder à sa destruction. On est donc encore loin de ce qui doit être la plus grande innovation de la fusée Starship : le fait qu’elle serait entièrement réutilisable, les deux étages étant conçus pour à terme revenir se poser sur leur pas de tir, réduisant ainsi les coûts.Les ingénieurs de Space X se veulent tout de même positifs. “Nous avons obtenu tellement de données qu’elles nous aideront à nous améliorer pour notre prochain vol”, a notamment déclaré Kate Tice, responsable de l’ingénierie des systèmes de qualité chez SpaceX, au cours de la retransmission en direct sur le réseau social X (ex-Twitter), également la propriété d’Elon Musk.Du retard sur le projetCe deuxième vol d’essai de SpaceX, l’entreprise du milliardaire Elon Musk, est notamment scruté de près par la Nasa, qui compte sur ce vaisseau pour ses missions de retour sur la Lune. Pour l’entreprise, l’explosion de prototypes est moins problématique en matière d’image qu’elle le serait pour la Nasa et ses fonds publics, selon les experts. Enchaîner les tests selon un processus d’itération rapide lui permet ainsi d’accélérer le développement de ses engins.Mais le développement de Starship ne semble malgré tout pas assez rapide pour coller aux plans de l’agence spatiale américaine, qui a passé contrat avec SpaceX. Une version modifiée de l’engin doit servir d’alunisseur afin de déposer, pour la première fois depuis 1972, des astronautes sur la surface lunaire. Cette mission, nommée Artémis 3, est officiellement prévue en 2025. Une date qui semble, de fait, de plus en plus irréaliste.



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Publish date : 2023-11-18 14:56:58

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Le mobilier design, un placement plaisir qui peut rapporter gros

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Depuis la pandémie de Covid, le confort de notre intérieur est devenu une priorité. Cette recherche du “home sweet home” explique en partie le succès fulgurant du mobilier design français des années 1950 à 1980. Si l’on y ajoute la modernité des formes et l’enthousiasme des grands décorateurs qui font la pluie et le beau temps en matière de goût, on ne peut plus parler d’une mode fugace mais plutôt d’un engouement durable, confinant parfois à la folie pour certains créateurs. Ainsi, en mars dernier, chez Christie’s New York, une paire de fauteuils et un canapé Ours Polaire de Jean Royère (1902-1981) ont trouvé preneur pour… 3,4 millions de dollars. En juin 2022, deux grandes tables de Jean Prouvé (1901-1984), destinées au réfectoire d’une résidence universitaire, se sont vendues, elles, 3,8 millions d’euros.A moins d’avoir d’importants moyens, il est quasi impossible d’acheter les pièces iconiques de ces designers. Inutile d’espérer dénicher à bon prix un fauteuil Œuf de Jean Royère ou une bibliothèque colorée de Jean Prouvé conçue pour les chambres d’étudiants. Ces musts du design se négocient plusieurs centaines de milliers d’euros. Pour autant, cela ne signifie pas qu’il faut renoncer au mobilier de ces deux maîtres, ainsi qu’à celui conçu par Charlotte Perriand (1903-1999) et Pierre Jeanneret (1896-1967), ces quatre artistes étant considérés comme les plus brillants des Trente Glorieuses. On peut encore trouver à un prix relativement raisonnable certaines de leurs pièces. Ainsi, la maison de ventes Tajan a adjugé au printemps dernier un bahut de Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret pour 19 680 euros. Début octobre, Piasa vendait quatre chaises Ondulation de Jean Royère 44 200 euros, et un tabouret de Charlotte Perriand 5 200 euros.Etoiles montantesPour espérer de meilleures affaires, l’amateur a intérêt à se tourner vers des designers moins célèbres sur le plan international, encore accessibles, mais dont la cote monte régulièrement. Citons par exemple Audoux & Minet – maison active de 1929 à 1965 -, Robert Guillerme (1913-1990) & Jacques Chambron (1914-2001) pour la société Votre Maison, Mathieu Matégot (1910-2001), Louis Sognot (1892-1970), Joseph-André Motte (1925-2013), Pierre Guariche (1926-1995), Pierre Chapo (1927-1987) ou Pierre Paulin (1927-2009).Ce dernier est connu pour avoir décoré, à la demande du président Georges Pompidou, plusieurs pièces de l’Elysée. Ses meubles les plus célèbres, comme le fauteuil Mushroom ou la table basse Elysée, restent abordables. Un modèle de cette dernière s’est ainsi vendu 5 464 euros chez Piasa. Le mobilier du duo Guillerme & Chambron ornait les intérieurs de la bonne bourgeoisie du Nord de la France. Totalement oublié, il est sorti du purgatoire quand des créateurs comme Philippe Starck l’ont utilisé dans des rénovations d’hôtels de prestige. Il reste bon marché : les fauteuils se vendent entre 2 000 et 5 000 euros, les buffets moins de 5 000 euros et les petites tables gigognes entre 1 500 et 3 000 euros. Et l’on peut faire le même constat pour les autres designers, Pierre Guariche et Pierre Chapo restant parmi les plus chers puisqu’il faut compter 10 000 euros pour une belle pièce.Enchères, braderies ou brocantesIl n’est pas particulièrement difficile de trouver ces pépites, à condition de prendre son temps. Tout d’abord, il faut repérer les ventes aux enchères de design qui se tiennent tout au long de l’année, partout en France, en lisant par exemple La Gazette Drouot. Certaines maisons comme Piasa à Paris sont spécialisées dans ces ventes. On se doit aussi de surveiller les sociétés de province car si vous appréciez Guillerme & Chambron, les ventes ont souvent lieu dans les Hauts-de-France, région dans laquelle on trouve l’essentiel de leur mobilier.Autres pistes à privilégier, les Puces de Saint-Ouen et du design à Paris, ou du canal à Lyon-Villeurbanne, les bonnes brocantes ainsi que la braderie de Lille ou la Grande réderie d’Amiens, où l’on peut découvrir de belles pièces. Enfin, ceux qui ont les moyens, car les prix y sont élevés, se rendront au PAD – Paris Art Design -, au printemps prochain, ce salon de prestige réunissant tous les grands galeristes spécialisés.



Source link : https://www.lexpress.fr/argent/placements/le-mobilier-design-un-placement-plaisir-qui-peut-rapporter-gros-IYEUDJ3XTJA6TBM4OJPMI7N5QE/

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Publish date : 2023-11-18 10:00:00

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Pluies abondantes : pourquoi elles n’ont pas encore rechargé les nappes phréatiques

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Les jours se suivent et se ressemblent. Le parapluie greffé au bras. La France métropolitaine, qui a connu ces derniers jours de très fortes inondations, notamment dans le Pas-de-Calais, a été touchée entre la mi-octobre et la mi-novembre par des pluies sans précédent sur une longue période, a annoncé Météo France ce samedi. Entre le 18 octobre et le 16 novembre, la France a enregistré un cumul moyen de 237,3 mm.💧Entre le 18 octobre et le 16 novembre , la France a enregistré un cumul moyen de 237,3 mm.

C’est la première fois que la France enregistre un tel cumul sur 30 jours consécutifs toutes saisons confondues.

🔗 https://t.co/ZCW8Wy7ZCH pic.twitter.com/BNzgrJISPI— Météo-France (@meteofrance) November 17, 2023Ces pluies quasi quotidiennes sont les bienvenues pour améliorer la situation des nappes phréatiques, principales réserves d’eau potable. En France, elles ne se remplissent que pendant la période hivernale : il pleut beaucoup et régulièrement, ce qui va permettre à l’eau de s’infiltrer par le sol de surface et en profondeur. Or à date du 1er novembre, les deux tiers d’entre elles étaient sous les normales de saison, a annoncé, jeudi 16 novembre le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans un communiqué. Et contrairement aux idées reçues, les nappes phréatiques ne se sont pas beaucoup remplies en octobre par rapport à septembre.[1/13] 💧 État des nappes d’eau souterraine au 1er novembre 2023

Nous rappelons qu’il s’agit bien de la situation au 1er novembre. Pour les tendances de la 1ère quinzaine de novembre et le risque inondation, vous reporter plus bas. pic.twitter.com/JE61AbINVY— BRGM (@BRGM_fr) November 16, 2023Des pluies octobre ” peu satisfaisantes”Toujours au 1er novembre, 18 % des nappes phréatiques du pays étaient à des niveaux très bas, a précisé le BRGM. Cette situation reste proche de celle du mois de septembre, quand 66 % d’entre elles étaient à des niveaux insuffisants. Mais il y a une bonne nouvelle : leur niveau s’avère plus favorable qu’en octobre 2022. À l’époque, 75 % d’entre elles se trouvaient sous les moyennes mensuelles, après un été caniculaire.Si les pluies du printemps et de l’été ont permis de maintenir, voire d’améliorer l’état des nappes, les pluies tombées à la mi-octobre ont été en revanche insuffisantes. C’est ce que note le BRGM, qui décrit une situation “peu satisfaisante”. “Comme l’année dernière, on a eu un mois de septembre et un début d’octobre relativement chauds, une végétation qui restait active jusqu’en novembre et donc avec des difficultés pour les pluies de s’infiltrer”, a indiqué Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM. Le mois de septembre a été le plus chaud jamais mesuré en France.Qu’en sera-t-il des pluies tombées mi-novembre ? Il faut, en amont, comprendre la différence entre nappes réactives et nappes inertielles. “Les niveaux des nappes réactives augmentent très vite en cas de pluies abondantes mais aussi baissent très vite lorsqu’il ne pleut plus. À mi-novembre, les niveaux de ces nappes sont hauts voire très hauts et peuvent générer des inondations”, explique le BRGM. A contrario, le niveau des nappes inertielles évolue lentement. “Ces nappes profondes vont mettre jusqu’à trois mois pour se recharger, donc il faut attendre la fin de l’hiver pour faire un bilan de la recharge des nappes”, souligne auprès de L’Express Charlène Descollonges, hydrologue et auteure de L’eau, Fake or Not (Tana Édition).Pas-de-Calais : des pluies inefficaces ?Concernant les pluies diluviennes tombées dans le Pas-de-Calais, “elles ont permis de recharger les nappes superficielles, mais pas celles en profondeur. Il est encore trop tôt pour en tirer un bilan. Ça dépend également de l’intensité de la pluie, du type de sol, etc, admet Charlène Descollonges. Les nappes ne peuvent pas se recharger en trois jours.”De plus, lorsque les phénomènes sont très violents, l’eau n’a pas le temps de pénétrer car le sol est gorgé d’eau. Elle ruisselle et ce mouvement peut créer des inondations. “Celles que nous voyons résultent de pluies abondantes et répétées sur un sol saturé en eau. L’aménagement du territoire et le drainage massif des zones humides aggravent le problème”, explique la spécialiste. Parmi les obstacles qui peuvent empêcher l’eau de pénétrer dans le sol, il y a, par exemple, le goudron.Si le nord-ouest de la France s’est retrouvé sous des trombes d’eau, la situation est “plus défavorable” dans le sud de l’Alsace. Les niveaux des nappes inertielles du couloir Rhône-Saône restent “préoccupants, de bas à très bas”, ajoute le BRGM. Même constat lorsqu’on regarde la carte du site “Info Sécheresse”. Une vigilance accrue reste de mise, même si nous ne sommes qu’au début de l’hiver.



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Publish date : 2023-11-18 13:46:09

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