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L’Express

Au Palais de Tokyo, le “Vaisseau infini” de Dalila Dalléas Bouzar

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Un immense abri de textile posé au beau milieu d’un grand centre d’art contemporain parisien : l’initiative, à la fois spectaculaire et intimiste, accroche l’œil et se découvre autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. A sa source : un prix d’importance. Celui que, depuis 2009, l’organisation SAM Art Projects décerne chaque année à un artiste résidant en France, porteur d’un projet à l’étranger, hors des grandes places du marché de l’art, qui, une fois concrétisé, s’expose au Palais de Tokyo.Lauréate de l’édition 2021, représentée par la galerie Cécile Fakhoury, Dalila Dalléas Bouzar, qui est née à Oran en 1974, vit et travaille à Bordeaux. Pour élaborer ce projet démesuré, elle a puisé son inspiration sur le site de Tassili N’Ajjer, dans le désert du Sahara, au sud-est de l’Algérie. Ce gigantesque plateau rocheux abrite l’un des plus exceptionnels ensembles de gravures préhistoriques au monde. De quoi susciter la curiosité de l’artiste franco-algérienne qui s’intéresse à l’art rupestre depuis longtemps.Dalila Dalléas Bouzar (à g.) et les brodeuses Maram Bouzar, Selma Bouzar et Halima Benzita, à Tlemcen, en juin 2023.Au printemps 2022, elle a parcouru les lieux, réinterprété dans ses carnets ces peintures millénaires représentant des figures humaines ou animales, des symboles de végétaux ou encore des signes liés au genre et à la sexualité. Dalila Dalléas Bouzar a ensuite entrepris de faire broder ses dessins sur les 30 mètres de velours noir destinés à former une tente monumentale. C’est à Tlemcen, haut lieu du tissage algérien, que, sous sa direction, des brodeuses professionnelles et amatrices se sont attelées à la tapisserie. Un travail on ne peut plus complexe par sa dimension hors normes, qui a nécessité des heures et des heures de labeur, jusqu’à, parfois, défaire pour mieux refaire, car la créatrice a élaboré sur le vif son œuvre, chaque étape décidant de celle à venir.Opportunément intitulée Vaisseau infini et dressée au Palais de Tokyo jusqu’au 7 janvier, sous le commissariat de François Piron, cette structure originale, qu’elle a agrémentée de perles colorées, s’inscrit pleinement dans la démarche artistique de la plasticienne, qui questionne, notamment, la vision fantasmée de l’Orient, comme dans sa série Femmes d’Alger d’après Delacroix (2012-2018), ou l’histoire des dominations, avec sa revisite, en 2018, du Saint-Georges et le dragon de Raphaël. Dans les gravures ancestrales de Tassili N’Ajjer, qui remontent au néolithique, Dalila Dalléas Bouzar voit un “témoignage unique de l’histoire humaine et la représentation d’une utopie” : leur passé lointain renvoie, selon elle, à “un continuum qui nous transporte jusqu’à un futur infini, au-delà des questions dominantes constituant le passé récent de l’Algérie”.Dalila Dalléas Bouzar, “Vaisseau infini” (détail), 2023.Fruit d’un travail artisanal collectif, pensé comme “un espace méditatif, onirique, intime et ritualisé”, le pavillon de velours aux ornements délicats sollicite autant les yeux que les oreilles des visiteurs. Ils peuvent y pénétrer librement, mais aussi écouter les podcasts Vintage Arab réalisés par l’historienne Hajer Ben Boubaker ainsi que la création sonore de la DJ Paloma Colombe. Et peut-être même assister à une performance de l’artiste, exercice dont Dalila Dalléas Bouzar est familière, son processus créatif s’accompagnant souvent d’une mise en scène d’elle-même, aux frontières de la danse, du conte et du rituel.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/art/au-palais-de-tokyo-le-vaisseau-infini-de-dalila-dalleas-bouzar-MH73IPM3Q5C7DAXIJI6WL7GQDM/

Author : Letizia Dannery

Publish date : 2023-11-18 13:00:00

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Sur X, la dernière déclaration polémique de Musk fait fuir les annonceurs

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Une polémique de plus pour Elon Musk. Plusieurs annonceurs très importants, comme IBM, Apple, Disney ou encore Warner Bros, ont annoncé suspendre toutes leurs publicités sur le réseau social X (ex-Twitter), à la suite de déclarations jugées antisémites du sulfureux patron du réseau social.Ce dernier avait répondu mercredi au propriétaire d’un compte sur le réseau social, qui avait écrit que les personnes juives encourageaient la “haine contre les Blancs”, par ce message : “Tu as dit l’exacte vérité.” De quoi provoquer une réaction très rapide de la Maison Blanche, qui a accusé ce vendredi 17 novembre Elon Musk de faire une “promotion abjecte de la haine antisémite et raciste”. Pour Washington, cette publication est le relais direct d’une théorie du complot populaire parmi les nationalistes blancs, selon laquelle les juifs auraient un plan secret pour favoriser l’immigration clandestine dans les pays occidentaux afin d’y saper la majorité blanche. “Il est inacceptable de répéter le mensonge odieux à l’origine de l’acte d’antisémitisme le plus mortel de l’histoire des Etats-Unis”, a déclaré dans un communiqué Andrew Bates, un porte-parole de la Maison Blanche, en référence à l’attentat dans une synagogue de Pittsburgh en 2018, qui avait fait 11 morts.Une perte de revenus très importanteOutre la Maison Blanche, ce sont bien plusieurs annonceurs très importants qui ont décidé de réagir et de se mettre en retrait de X, alors même que la situation économique du réseau social est loin d’être radieuse. Parmi les plus importants, on retrouve notamment Apple, qui dépensait près de 100 millions de dollars par an en publicités sur Twitter avant l’arrivée de Musk selon le média américain Bloomberg, mais également d’autres sources de revenus non négligeables pour le réseau social comme IBM, Disney, Warner Bros, Paramount, Sony Pictures ou encore Comcast.Mais cette nouvelle déclaration polémique d’Elon Musk n’est pas la seule raison de ce retrait massif des marques de X. Un peu plus tôt dans la semaine, un rapport de l’ONG américaine Media Matters avait démontré que des publicités de ces mêmes immenses annonceurs, comme Apple, IBM ou encore Xfinity (Comcast), se retrouvaient placées aux côtés de contenus ouvertement antisémites sur le réseau social : des posts faisant l’apologie d’Adolf Hitler, du nazisme ou encore du suprémacisme blanc. De quoi finir de convaincre ces marques de suspendre leur collaboration.Des publicités d’annonceurs comme Apple ou encore Xfinity (Capcom) se retrouvent aux côtés de tweets faisant l’apologie du nazisme et d’Adolf Hitler sur le réseau social X.Une polémique loin de s’éteindreLa directrice générale de X, Linda Yaccarino, a tenté tant bien que mal d’éteindre la polémique ce jeudi, écrivant sur le réseau social que “le point de vue de X a toujours été très clair : la discrimination doit cesser de manière générale”, sans mentionner le nom d’Elon Musk ni ses déclarations.Mais le sulfureux patron de Tesla est loin de faire son mea-culpa. Après sa première réponse très polémique, il avait poursuivi en affirmant que l’Anti-Defamation League (ADL), une association de lutte contre l’antisémitisme, “attaque injustement une majorité de l’Occident, malgré le fait que la majorité de l’Occident soutienne les personnes juives et Israël”. “C’est parce qu’ils ne peuvent pas, selon leurs propres principes, critiquer les groupes de minorités qui représentent la menace principale” envers les personnes juives, avait-il ajouté, alors que ADL est l’une des ONG qui dénoncent une hausse notable de la désinformation et des insultes homophobes et racistes sur X depuis que les règles de modération y ont changé avec l’arrivée d’Elon Musk.Ce dernier prépare en tout cas déjà sa contre-attaque. Il a annoncé ce samedi 18 novembre sur X qu’il allait intenter une action en justice “thermonucléaire” à l’encontre de l’ONG Media Matters et “tous ceux qui ont participé à cette attaque frauduleuse contre notre entreprise”. Alors que la fusée Starship de Space X doit décoller ce samedi pour un nouveau test, ce qui semble être le nouveau jouet d’Elon Musk, X, continue sa chute : la valeur du réseau social est tombée à 19 milliards de dollars, bien loin des 44 dépensés par le milliardaire lors de son rachat.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/high-tech/sur-x-la-derniere-declaration-polemique-de-musk-fait-fuir-les-annonceurs-RV6DVAC7PNHZPPLWNAH35RZUCM/

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Publish date : 2023-11-18 11:49:08

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A Nantes, élus et promoteurs s’attaquent à la “France moche”

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En un demi-siècle, la route de Paris, qui s’enfonce dans Nantes par l’est, s’est transformée en une vaste zone commerciale à ciel ouvert de 2,5 kilomètres de long. “Elle est devenue un alignement de magasins ‘boîtes à chaussures’ avec des nappes de parking autour. Par endroits, on ne peut même plus la traverser à pied !”, souligne Thomas Quéro, adjoint aux projets urbains (PS) à Nantes. Une illustration presque caricaturale de “la France moche”.Le grand tournant date de 1986, avec l’inauguration du centre commercial E. Leclerc Paridis tandis qu’à un kilomètre à peine se trouve le Carrefour Beaujoire. Au total : 42 000 mètres carrés, une centaine de commerces et 5 000 places de parking, essentiellement à ciel ouvert. Au fil des années, une urbanisation s’est développée sans plan d’ensemble tandis qu’une vaste gare mêlant tram, train, car et bus, baptisée Haluchère-Batignolles, a ouvert voilà dix ans.”Il s’agit aujourd’hui de révolutionner cette entrée de ville qui en a bien besoin”, résume Hubert Goupil de Bouillé, chef du projet Paridis 21. A la manœuvre : les deux hypers et des promoteurs immobiliers. “Nous travaillons à concilier nos intérêts, côté logements notamment, avec les leurs”, explique Thomas Quéro.”Un quartier qui doit vivre sept jours sur sept”Le plus imposant réaménagement se nomme Paridis 21 : 450 millions d’euros d’investissement prévus pour une opération menée sur 20 hectares de terres déjà imperméabilisées (des parkings principalement). “Nous allons y créer un quartier qui doit vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, alors qu’aujourd’hui il est dévolu à une mono-activité du lundi au samedi”, résume Hubert Goupil de Bouillé, chef de ce projet porté par un homme d’affaires local, Pierre Chartier, associé à la Compagnie de Phalsbourg, un promoteur francilien connu pour la qualité esthétique de ses centres commerciaux. “Nous donnons beaucoup d’espace aux piétons, aux circulations douces. Nous enterrons des parkings, construisons 380 logements, dont un tiers de sociaux, mais aussi des bureaux et des commerces”, poursuit le dirigeant. Une attention nouvelle est également portée à la qualité de l’espace public.Il n’empêche. 25 000 m² de magasins supplémentaires, dont un Leroy Merlin et plus de15 000 m² dédiés aux restaurants et aux loisirs, n’est-ce pas trop ? C’est la conviction de certains élus – le conseil métropolitain n’a approuvé que de justesse le programme – comme de certains habitants. “Il s’agit encore d’un énorme bloc de béton, critiquent les riverains de l’association Les Amis de la Beaujoire. Et ce ne sont pas les élus qui pilotent l’opération, mais des promoteurs. Au fond, ils recommencent les villes nouvelles du XXe siècle, avec simplement plus d’arbres et de panneaux photovoltaïques.” Un argument balayé du côté de Paridis 21. “Les 1 600 habitants que nous avons consultés adhèrent majoritairement au projet”, assure-t-on.Le projet de réaménagement du Carrefour Beaujoire, porté par une filiale du groupe et le promoteur Altarea, créé moins de remous. Il est vrai qu’il n’est pas encore lancé. Sur les 10 hectares du site commercial, 40 % devraient être revêtus par des espaces verts, dont 20 % en pleine terre. La place occupée par le parking, elle, devrait être drastiquement réduite. “Nous créerons également de la mixité avec plusieurs centaines de logements et des commerces. Et nous envisageons même de réduire la surface de l’hypermarché”, détaille Gaëtan Wargny, directeur développement urbain d’Altarea Cogedim.L’objectif, en tout cas, est ambitieux : transformer cet espace dévolu uniquement aux voitures et aux chariots en un véritable quartier. Verdict dans dix à quinze ans.Un article du dossier spécial de L’Express “Villes”, publié dans l’hebdo du 16 novembre.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/region/a-nantes-elus-et-promoteurs-sattaquent-a-la-france-moche-ZTU2AFVAEVGVHD74CXQJV2QQNY/

Author : Thibault Dumas

Publish date : 2023-11-18 12:00:00

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Sam Altman débarqué : vers un changement de règne sur la planète IA ?

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Séisme dans le secteur de l’intelligence artificielle : le patron le plus en vue du secteur, Sam Altman d’OpenAI, a été démis de ses fonctions. L’annonce a été faite ce vendredi 17 novembre par le biais d’un communiqué lapidaire du conseil d’administration annonçant son départ avec effet immédiat. “Le départ de M. Altman fait suite à une procédure d’examen délibératif par le conseil qui a conclu qu’il n’avait pas toujours été franc dans ses communications avec le conseil, entravant sa capacité à remplir ses responsabilités.” C’est Mira Murati, la directrice de la technologie d’OpenAI, qui officiera comme PDG par intérim, le temps qu’un successeur permanent soit désigné.Après un premier message succinct sur le réseau social X – indiquant “j’ai adoré le temps passé à OpenAI. Cela m’a transformé personnellement, et j’espère également, un peu le monde” – Sam Altman en a publié un deuxième précisant que la journée de l’annonce avait été une “expérience étrange à bien des égards”. Dans son communiqué, OpenAI annonce également que son cofondateur Greg Brockman n’occuperait plus la fonction de président du conseil d’administration mais conserverait son poste dans l’entreprise. Greg Brockman a cependant révélé sur Twitter qu’il démissionnait de l’entreprise. “Sam et moi sommes choqués et attristés des décisions du conseil d’administration.”Un changement de règne qui interroge à bien des égards. Du fait de sa rapidité d’abord. Selon le créateur de la newsletter Command Line de The Verge, Microsoft, partenaire pourtant essentiel d’OpenAI – il a investi plus de 10 milliards de dollars dedans – n’a été informé de la nouvelle que peu de temps avant qu’elle soit rendue publique.Le roi de l’IA détrônéLa tonalité du communiqué d’OpenAI, plus offensive que d’ordinaire dans ce type de situation, surprend, elle aussi. Est-ce le style de management de Sam Altman qui a créé des divergences, ses projets parallèles à OpenAI (Worldcoin, Humane, etc.) ou un problème au niveau des technologies développées par le groupe ? Le virage lucratif pris par OpenAI ces dernières années semble aussi avoir créé une scission interne. Initialement, l’entité était une organisation à but non lucratif, un laboratoire de recherche sur l’IA voulant développer cette technologie tout en protégeant l’humanité contre le mauvais usage qui pourrait en être fait. Mais en 2019, elle a opéré un tournant majeur, en créant une filiale à but lucratif qui connaîtra un essor fulgurant. Un changement de mentalité qui modifie forcément la nature des développements menés, la rapidité de leurs lancements et les mesures de sécurité prévues pour accompagner ces derniers.OpenAI va-t-il désormais modifier son cap ? Le PDG de Microsoft Satya Nadella a en tout cas précisé sur X que le groupe restait “engagé dans leur partenariat [avec OpenAI], et vis-à-vis de Mira et de l’équipe”. Selon l’analyste Dan Ives de Wedbush Securities, “Amazon et Google pourraient essayer de profiter de la tempête de vendredi à OpenAI pour mieux se placer dans la course à l’IA. Beaucoup de choses vont se reconfigurer mais Microsoft et Nadella vont sans doute prendre plus de contrôle dans les orientations stratégiques d’OpenAI en cette période charnière”.L’évolution d’OpenAI aura un impact majeur sur le secteur. Même si l’entreprise est loin désormais d’être la seule engagée dans la grande course de l’IA. De nombreux acteurs ont en effet émergé depuis le lancement, il y a un an, du célèbre ChatGPT, tels que Inflexion ou Anthropic, fondé par deux anciens d’OpenAI et soutenu par le géant Amazon.Le partage de découvertes que pratique la communauté open source de l’IA, avec des acteurs tels que Hugging Face, a aussi enclenché une excellente dynamique. “Avant le mois de mars, seules quelques compagnies avaient du poids dans le secteur de l’IA générative. En avril, beaucoup d’éléments sur le grand modèle de langage (LLM) de Meta ont fuité. Depuis, Meta a publié lui-même d’autres éléments. Cette fuite a généré une grande vague de développements open source. […] Et beaucoup de ces nouveaux acteurs font des progrès étonnants”, expliquait à L’Express Mitchell Baker, présidente de la Mozilla Foundation.La France lance d’ailleurs toutes ses forces dans la bataille, avec des acteurs tels que Mistral AI. Le jour où Sam Altman apprenait sa mise à l’écart, Xavier Niel (Iliad), Rodolphe Saadé (CMA-CGM) et Eric Schmidt (ancien patron de Google) révélaient leur alliance pour lancer un laboratoire d’excellence en IA doté de 300 millions d’euros. A la liste des concurrents d’OpenAI, s’ajoutera peut-être aussi à l’avenir une nouvelle organisation emmenée par Sam Altman. L’ancien patron d’OpenAI est déjà l’actionnaire majoritaire de la société Humane, centré sur le développement d’appareils pensés pour l’IA et qui a dévoilé récemment un nouveau “pins” high-tech permettant d’interagir avec une intelligence artificielle.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/high-tech/sam-altman-debarque-vers-un-changement-de-regne-sur-la-planete-ia-EPHJ2XL4KBFFBD4NQ6Y76Q7744/

Author : Anne Cagan

Publish date : 2023-11-18 11:22:27

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Philippe Sollers, un héritage littéraire qui pose question

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Le 9 octobre 2014, apprenant que le prix Nobel de littérature revenait à Patrick Modiano, nous étions allés avec François-Henri Désérable vivre l’événement en direct, chez Gallimard. Dans la rue, c’était l’agitation des grands jours : des tas de journalistes se pressaient, attendant l’arrivée de l’heureux lauréat. A un moment, une voiture noire aux vitres teintées avait fait son apparition au bout de la rue. Elle avait roulé très lentement, avant de se garer pile devant Gallimard. Enfin arrivait Modiano ! Sauf que ce n’était pas lui qui était sorti du taxi, c’était Philippe Sollers. Déçus, les journalistes avaient tourné le dos comme s’il ne s’agissait que d’un quidam.La scène avait quelque chose de crépusculaire. Sollers aura vu Jean d’Ormesson entrer dans la Pléiade ; et Le Clézio, Modiano et Annie Ernaux recevoir le Nobel. Après avoir longtemps régné sur la république des lettres (chroniqueur au Monde et à L’Obs, éditeur influent chez Gallimard), il a fini par être peu à peu occulté. Ces dernières années, plus personne ne lisait ses nouveautés, à l’exception peut-être d’Agent secret (2021), pour lequel il avait joui d’un regain d’intérêt dans le micromilieu des écrivains. Sa mort, le 5 mai dernier, a suscité relativement peu de réactions. Gallimard lui consacre aujourd’hui un livre hommage où l’on retrouve tous ses fidèles alliés et héritiers (Bernard-Henri Lévy, Josyane Savigneau, Yannick Haenel). S’il donne de Sollers l’image d’un homme libre, amusant et chaleureux, il nous conforte dans cette idée : n’a-t-il pas mis son talent dans sa vie plus que dans son œuvre ?Rappelons en deux mots quelle fut la légende dorée de Sollers. Né en 1936, il perce dès 1958 avec Une curieuse solitude, un premier roman salué à la fois par Mauriac et Aragon. Prix Médicis à 25 ans pour Le Parc, il se perd ensuite intellectuellement dans le maoïsme et littérairement dans une expérimentation fumeuse – ce qui n’empêche pas Roland Barthes de le célébrer en 1979 via son essai Sollers écrivain. L’enfant terrible des lettres s’institutionnalise en 1983 : il entre chez Gallimard (qu’il surnomme la “banque centrale”), à la fois comme directeur de collection (L’Infini) et comme auteur (Femmes).Homme insaisissable, à la fois provocateur et prudent, raffiné et florentin, il publiera de nombreux dandys (Bernard Lamarche-Vadel, Frédéric Berthet, Jean-Jacques Schuhl) et deux écrivains désormais maudits (Gabriel Matzneff, Marc-Edouard Nabe). Sa carrière d’éditeur n’ira pas sans brouilles, la plus fracassante étant sa rupture avec Philippe Muray. Comme écrivain, si ses romans d’esthète nietzschéen sont répétitifs, complaisants et creux, il brille par la justesse de ses admirations et son érudition, ainsi que le prouvent ses recueils d’articles La Guerre du goût, Eloge de l’infini et Discours parfait (moins Fugues…). Ajoutons que cet animal médiatique crevait l’écran, ce qui l’a sans doute desservi autant que servi – Sollers avait beau aduler Guy Debord, le gourou du situationnisme le considérait en retour comme un “arriviste”, un “paon” et même une “merde” (mots employés dans une lettre à François Bott datée du 4 février 1991)…”Pour vivre cachés, vivons heureux”Dans Hommage à Philippe Sollers, plusieurs de ses proches dont Jean-Paul Enthoven citent sa devise (forgée par un léger détournement comme il les appréciait) : “Pour vivre cachés, vivons heureux.” Le jeune Sollers avait rencontré Dominique Rolin en 1958, avant d’épouser Julia Kristeva, en 1967. Un amour clandestin, un mariage officiel : pendant des décennies, cet homme de passions fixes aura mené une double vie, allant chaque année à l’île de Ré avec Kristeva et à Venise avec Rolin. Cela lui faisait un sérieux point commun avec François Mitterrand, son double en politique.Une autre parenté entre ces deux stratèges est qu’on ne savait pas si Sollers était de droite ou de gauche. Faux mondain, vrai solitaire, ce grand dissimulateur avançait masqué, éclairant ses écrits de son gai savoir et son quotidien de son allégresse, se taisant sur le reste, et notamment sur ses moments de mélancolie. On trouve dans Hommage à Philippe Sollers un texte de Frédéric Beigbeder qui se termine par ces mots : “Philippe Sollers raconte l’histoire d’un homme qui prend son apocalypse pour une généralité ; et le pire est qu’il n’a peut-être pas tort : la mort de Sollers coïncide peut-être avec la fin du monde.” Un brin excessif, certes ; disons plutôt qu’avec sa disparition s’efface une certaine idée de la vie littéraire.Hommage à Philippe Sollers, ouvrage collectif. Gallimard, 144 p., 12 €.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/livre/philippe-sollers-un-heritage-litteraire-qui-pose-question-EACTKQFIXNCARBISB7ZCCO5LIY/

Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld

Publish date : 2023-11-18 11:00:00

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Gaza : des centaines de personnes évacuent l’hôpital al-Chifa

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Faits essentiels⇒ Le ministre français des Armées est de nouveau au Qatar afin de discuter de la situation des otages retenus à Gaza⇒ 17 000 litres de carburants sont entrés à Gaza ce vendredi⇒ Cinq combattants palestiniens tués dans une frappe aérienne en CisjordanieL’hôpital al-Chifa de Gaza évacuéAu quatrième jour consécutif du raid sur l’hôpital al-Chifa de Gaza, l’armée israélienne a ordonné via haut-parleur son évacuation “sous une heure”, a rapporté ce samedi 18 novembre en début de matinée un journaliste de l’Agence France-Presse présent sur place. Des centaines de personnes ont quitté l’hôpital, assure ce même journaliste, tandis que le ministère de la Santé du Hamas précise que “120 blessés” et des bébés prématurés n’ont pas pu être évacués.De son côté, l’armée israélienne a affirmé dans un communiqué n’avoir “à aucun moment ordonné l’évacuation de patients ou d’équipes médicales”, et assure avoir “même proposé que toute demande d’évacuation médicale soit facilitée par les Forces de Défense Israélienne”. Tsahal assure également avoir “accédé à la demande du directeur de l’hôpital al-Chifa afin de permettre aux Gazaouis qui se trouvaient dans l’hôpital et qui souhaitaient être évacués de le faire par une voie sécurisée”.Selon l’ONU, 2 300 patients, soignants et déplacés se trouvent dans cet hôpital. Et l’inquiétude internationale va grandissante pour leur sort. L’armée israélienne, de son côté, assure que le Hamas au pouvoir à Gaza se sert de cet établissement comme base militaire, et affirme fouiller “bâtiment par bâtiment” le plus grand complexe médical de la bande de Gaza.Sébastien Lecornu de nouveau au QatarLe ministre français des Armées se rend de nouveau au Qatar ce samedi, pour une deuxième visite en seulement 48 heures dans le petit Etat du Golfe qui mène une médiation pour la libération des otages détenus par le Hamas à Gaza. Sébastien Lecornu, qui était en Israël ce vendredi, doit avoir des discussions avec le Premier ministre qatari et ministre des Affaires étrangères, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a précisé son cabinet à l’AFP.Cette nouvelle visite n’était pas prévue dans le programme de la tournée du ministre dans la région. Celui-ci s’est rendu successivement en Egypte, en Arabie saoudite, aux Emirats, au Qatar, puis en Israël vendredi. Il y a à chaque fois évoqué la situation des otages, alors que la France compte 8 disparus, et a rencontré en Israël des familles d’otages. Jeudi, depuis le Qatar, Sébastien Lecornu avait déclaré avoir de “l’espérance” pour leur sort.Doha, qui accueille un bureau politique du Hamas et a fourni des millions de dollars d’aide financière à Gaza, avait été particulièrement impliqué dans la médiation qui avait permis en octobre la libération de quatre otages : une Américaine et sa fille, ainsi que deux Israéliennes.Le carburant a commencé à entrer dans GazaA la demande des Etats-Unis, Israël a autorisé vendredi l’entrée quotidienne de deux camions-citernes dans la bande de Gaza. Une première livraison de 17 000 litres de carburant est arrivée en soirée au terminal de Rafah afin de redémarrer les générateurs électriques des hôpitaux et des réseaux de télécommunications, selon l’autorité de la partie palestinienne du terminal. Israël refusait jusqu’ici de laisser passer le carburant, affirmant que cela pourrait profiter aux activités militaires du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.Les livraisons annoncées ne représentent qu’une petite partie des quantités de carburant, soit 50 camions, qui pénétraient quotidiennement dans la bande de Gaza avant le début de la guerre, selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Cette agence avait annoncé vendredi qu’elle ne serait bientôt plus en mesure de coordonner la distribution de l’aide humanitaire à Gaza en raison de la coupure des communications.Cinq combattants du Fatah tués par une frappe israélienne en CisjordanieCinq combattants palestiniens du Fatah, mouvement du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, ont été tués tôt ce samedi dans une très rare frappe aérienne sur Naplouse, la grande ville du nord de la Cisjordanie occupée, ont indiqué le Croissant-Rouge palestinien et des sources au sein du Fatah. L’armée israélienne, de son côté, a annoncé avoir “éliminé un certain nombre de terroristes à Balata”, le camp de réfugiés de Naplouse, qui abrite 24 000 personnes selon l’ONU qui le gère.Balata est connu pour héberger de jeunes combattants membres des branches armées des différents mouvements palestiniens, en tête desquels le Fatah, fondé par Yasser Arafat et qui dirige actuellement l’Autorité palestinienne basée en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 56 ans. S’y trouvent également des combattants du Djihad islamique et du Hamas, au pouvoir à Gaza, en guerre depuis le 7 octobre contre l’armée israélienne dans la bande de Gaza.Cinq Etats saisissent la Cour Pénale Internationale pour la situation à GazaCinq États signataires du traité créant la Cour pénale internationale (CPI) ont demandé une enquête sur la “situation dans l’Etat de Palestine”, a annoncé son procureur Karim Khan, qui a confirmé enquêter sur les crimes commis depuis l’attaque sanglante du Hamas du 7 octobre. “Mon Bureau a reçu une saisine sur la situation dans l’État de Palestine émanant des cinq États parties suivants : Afrique du Sud, Bangladesh, Bolivie […] Comores et Djibouti”, a déclaré Karim Khan. “En recevant la saisine, mon Bureau confirme qu’il mène actuellement une enquête sur la situation”, a-t-il ajouté dans un communiqué.La CPI, créée en 2002 pour juger les pires atrocités commises dans le monde, a ouvert en 2021 une enquête sur des crimes de guerre présumés dans les Territoires palestiniens, notamment sur des crimes présumés commis par les forces israéliennes, le Hamas et les autres groupes armés palestiniens. Karim Khan a déclaré que son mandat s’appliquerait aux crimes présumés commis pendant la guerre actuelle. Néanmoins, ses équipes n’ont pas pu entrer ni à Gaza, ni en Israël, qui n’est pas membre de la CPI. Des experts juridiques ont déclaré à l’AFP que les deux camps pourraient être accusés de crimes de guerre.



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Publish date : 2023-11-18 10:26:12

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Guerre en Ukraine : Kiev assure gagner des positions sur la rive gauche du Dniepr

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Faits essentiels⇒ L’Ukraine revendique la conquête de positions sur la rive du Dniepr occupée par les Russes⇒ Aucune des deux parties ne progresse, selon le Royaume-Uni⇒ Kiev signale une augmentation des attaques nocturnes de drones lancés par MoscouL’Ukraine revendique un succès face aux Russes sur le Dniepr, après des mois de contre-offensiveL’Ukraine a revendiqué, vendredi 17 novembre, la conquête de positions sur la rive du Dniepr occupée par les Russes, après des mois d’une contre-offensive décevante, tout en admettant que les combats y sont “violents” et toujours en cours. Les forces ukrainiennes “ont mené une série d’actions réussies sur la rive gauche du fleuve Dniepr” dans la région de Kherson (sud), a indiqué sur Facebook le commandement de l’infanterie de marine, qui revendique “plusieurs têtes de ponts” dans cette zone et de “lourdes pertes” infligées à l’ennemi.”Des unités ukrainiennes ont réussi à chasser les Russes de leurs positions sur la rive gauche du fleuve”, a confirmé peu après l’état-major, ajoutant que des “combats violents” et “des opérations de sabotage, de raid et de reconnaissance” étaient en cours.Aucune des deux parties ne progresse, selon le Royaume-UniDans son rapport quotidien sur les renseignements, le ministère britannique de la Défense note que les forces russes subissent “des pertes particulièrement lourdes” lors des combats autour d’Avdiivka, qui est l’une des trois zones où se déroulent de violents combats terrestres. Les deux autres régions sont Koupiansk et Louhansk. Toutefois, malgré les violents combats, le ministère de la Défense a déclaré qu’aucune des deux parties ne faisait de progrès significatif.Kiev signale une augmentation des attaques nocturnes de drones lancés par MoscouL’Ukraine a signalé, ce samedi 18 novembre, une augmentation des attaques nocturnes aux drones lancées par la Russie, l’accusant d’en avoir tiré 38 sur son territoire, soit le nombre le plus élevé depuis plus de six semaines. L’armée de l’air ukrainienne a déclaré avoir abattu 29 des 38 drones Shahed de fabrication iranienne – également appelés “drones kamikazes” car bourrés d’explosifs destinés à exploser lorsqu’ils atteignent leur cible – tirés par la Russie. Selon elle, il s’agit du plus grand nombre de drones lancés par la Russie au cours d’une attaque nocturne depuis le 30 septembre.L’Ukraine remercie le Royaume-Uni et la France pour la fourniture de matérielsDans une vidéo teintée d’humour, l’Ukraine fait un clin d’œil à l’histoire pour remercier le Royaume-Uni et la France. Si Londres et Paris n’ont pas toujours été en accord, “quand les deux pays se sont entendus, des prouesses ont été accomplies”. À l’appui, des images de Winston Churchill et Charles de Gaulle, du Concorde, du tunnel sous la Manche. La vidéo se poursuit et affirme que l’Ukraine apprécie les missiles Storm Shadow/Scalp développés par Londres et Paris. Ces derniers ont servi lors de l’attaque contre le quartier général du commandement de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol.thank you beaucoup, 🇬🇧🇫🇷 pic.twitter.com/TbO4EMMOUs— Ukraine / Україна (@Ukraine) November 17, 2023La Russie classe “agent de l’étranger” une publication anglophoneLes autorités russes ont imposé vendredi le statut d'”agent de l’étranger” à une publication anglophone, The Moscow Times, ainsi qu’à d’autres membres de la société civile, en pleine répression des voix opposées au Kremlin. The Moscow Times, une publication ayant un site en anglais et en russe, a fait son apparition dans la liste actualisée tous les vendredis par le ministère de la Justice.Sur son site, le ministère russe a accusé The Moscow Times “d’avoir diffusé des informations inexactes sur les décisions prises et les politiques menées par les autorités publiques” et “mené des actions visant à donner une image négative des autorités”.Des associations de routiers d’Europe centrale demandent le rétablissement d’un permis d’entrée dans l’UE pour les camions ukrainiensLes représentants de transporteurs routiers d’Europe centrale ont demandé vendredi à l’UE de mettre fin à un accord de transport avec l’Ukraine qui, selon eux, a conduit à une concurrence déloyale de la part de ce pays. Dans un communiqué commun, les présidents des associations de transporteurs routiers tchèque, hongroise, lituanienne, polonaise et slovaque, s’adressent à leurs ministres des Transports et à la Commission européenne. Ils demandent que des permis d’entrée dans l’UE soient à nouveau exigés des transporteurs ukrainiens, un système auquel l’Union a renoncé à la suite de l’invasion russe en février 2022.



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Publish date : 2023-11-18 10:06:34

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Titres-restaurants : comment vous dire quoi manger au lieu de mieux vous payer

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“Avec sa volte-face sur la prolongation de l’utilisation du titre-restaurant aux produits alimentaires, le gouvernement envoie un très mauvais signal à notre profession”, a déploré tout récemment le chef étoilé Thierry Marx, président du principal syndicat patronal de l’hôtellerie-restauration. “Dans titre-restaurant, il y a ‘restaurant’. […] Il ne doit pas devenir un titre-Caddie”, a-t-il ajouté. Introduite en période d’inflation mais de façon temporaire, la possibilité d’acheter en supermarché, avec des titres-restaurants, des produits alimentaires non directement consommables devait prendre fin en décembre 2023. La pérennisation de cette mesure en 2024, annoncée cette semaine par le gouvernement, n’est donc pas du goût des restaurateurs.Bienvenue en France, ce pays où les affaires les plus microscopiques remontent en un instant, tant les corps intermédiaires sont faibles ou inexistants, au plus haut de l’Etat. Pour mémoire, lors d’une réunion locale du “grand débat” organisée par Emmanuel Macron au moment de la crise des gilets jaunes, l’une des personnes de l’assistance s’était plainte auprès du président de la République… que l’usage des titres-restaurants, encore eux, fût trop restreint. Autant de réactions symptomatiques du réseau de dépendances mutuelles qui lient, en France, l’Etat, les entreprises et les individus.Les titres-restaurants ont été conçus pour compenser le coût d’un repas pris à l’extérieur pour les salariés ne disposant pas de restaurant d’entreprise. Héritiers, en plein rationnement, des tickets-repas introduits par le gouvernement de Vichy et des chèques-repas (luncheon vouchers) lancés au Royaume-Uni en 1946, puis du “crédit repas” inventé en 1962 par le restaurateur Jacques Borel, les titres-restaurants sont, aujourd’hui, financés conjointement par l’entreprise et le salarié et exonérés de cotisations sociales et d’impôts (si la participation de l’employeur est comprise entre 50 % et 60 % de la valeur du titre).Un dispositif complexe et bancalA l’origine, ces chèques visaient autant à inciter à la consommation d’une alimentation équilibrée qu’à soutenir la restauration, institution française s’il en est. On peut y voir, au sein de l’entreprise, aussi une mesure égalitaire puisqu’un PDG reçoit autant de titres-restaurants, et du même montant, que le plus modeste employé. Après tout, nous n’avons qu’un estomac, et les besoins nutritifs sont grosso modo les mêmes pour tous.Mais ce faisant, l’Etat a fabriqué un dispositif complexe, contraignant et difficile à défaire (un de plus). Le salarié, en premier lieu, se voit soumis au double paternalisme de l’Etat et de l’entreprise, sommé de dépenser une somme qu’il pourrait employer autrement à des dépenses alimentaires fléchées. De surcroît, alors que les prix de la restauration sont élevés, que les rythmes de travail ont considérablement évolué, que le télétravail s’est durablement installé et que les habitudes alimentaires se sont diversifiées et individualisées, ce fléchage paraît d’autant plus suranné. L’employeur, de son côté, se retrouve dépendant d’un Etat qui pourrait, s’il le voulait, revoir ses exonérations à la baisse. Quant à l’Etat, en se faisant grand cantinier, il se retrouve le principal destinataire des revendications de tous, qui le submergent et l’épuisent.Pour toutes ces raisons, il serait bien plus simple et libéral au sens littéral que ces titres soient supprimés et que l’employeur verse au salarié leur montant sous forme de… salaire. Mais si cela ne se produit pas, c’est que tout le monde trouve son compte dans ce dispositif bancal. L’Etat s’attire les bonnes grâces des restaurateurs et distributeurs, tient les entreprises dans sa main grâce aux réductions de charges et étend ses tentacules “biopolitiques”, pour reprendre le néologisme de Michel Foucault, sur les individus. L’employeur, étant donné que les avantages en nature sont souvent perçus psychologiquement comme singuliers et partant précieux, achète la paix sociale par un cadeau qui n’en est pas un, s’exonère d’une politique salariale plus méritocratique et s’évite une pénible confrontation avec l’Etat pour faire baisser les charges. Le salarié, de son côté, perçoit le titre comme un surplus à sa rémunération qui le différencie des autres travailleurs. Tout le monde dépend de tout le monde, tout le monde le regrette et tout le monde s’en réjouit.Ce cas serait anecdotique et même comique s’il n’était pas une sorte de représentation à petite échelle de l’Etat social à la française. Au lieu de viser des prélèvements obligatoires les plus faibles possibles, on préfère un Etat généreux qui flèche les dépenses par de multiples “chèques” ou même qui, sans les orienter, redonne d’une main ce qu’il a pris de l’autre. De nombreux ménages, aujourd’hui, se retrouvent par exemple à payer de lourds impôts et à recevoir dans le même temps des aides, par exemple pour la garde de leurs enfants, alors même qu’ils pourraient ne rien recevoir tout en étant moins taxés.Il n’est pas difficile de comprendre que si l’Etat ne versait aux individus que la somme nette dont ils sont bénéficiaires le cas échéant, le résultat serait indolore pour les particuliers, mais qu’il impliquerait une administration réduite à portion congrue. Pour persévérer dans son être, l’administration doit donc se faire pléthorique, plaque tournante des prélèvements et des dépenses les plus élevés possibles. Au passage, non seulement elle ne crée aucune valeur mais elle en ponctionne chez les autres. C’est peu dire que cette grosse machine n’agit pas uniquement dans l’intérêt des citoyens mais aussi d’elle-même. Nietzsche, sans pourtant avoir l’heur de bénéficier de titres-restaurants, l’avait bien saisi. “L’Etat est le plus froid des monstres froids, écrivait-il. Il ment froidement ; et voici le mensonge qui s’échappe de sa bouche : “Moi l’Etat, je suis le peuple.”



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Author : Laetitia Strauch-Bonart

Publish date : 2023-11-18 09:30:00

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Les technologies sont devenues de nouveaux “oppresseurs” en puissance, par Marcel Kuntz

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En ces temps troubles, il nous faut urgemment comprendre les raisons du désarmement moral de l’Europe et des paralysies qui la minent. Nous avons basculé insidieusement, disons depuis une trentaine d’années, d’un mode de pensée “moderne”, inspiré des Lumières, vers une conception que j’appelle, avec d’autres, “postmoderne”. Notre regard critique porté, légitimement, sur les drames du XXe siècle (guerres mondiales, totalitarismes), que les Lumières n’ont pas empêchés, nous a amené à un excès inverse : nous devrions, nous Européens, être désormais en état de repentance permanent et renoncer à toute puissance potentiellement belliqueuse, en faisant de quelques grands principes les seuls textes sacrés qu’il nous reste (démocratie, état de droit, droits de l’homme…). De plus, notre appréciation, autrefois majoritairement enthousiaste, des technologies a également profondément changé. Là aussi, nous pensons les maîtriser par des grands principes…Un auteur peu lu, mais qui illustre ce regard critique basé sur les drames du siècle dernier, est Günther Anders (1902-1992), un philosophe de la technique. Pour lui, “Hiroshima est partout” et se rattache indissociablement à “Auschwitz”. Pour Anders, à la suite de ces évènements permis par la technique, les “éthiques religieuses et philosophiques qui furent jusqu’ici en vigueur sont devenues toutes, sans exception, obsolètes”. L’une des racines la moins souvent évoquée de l’idéologie postmoderne est précisément sa perception de la technique, telle qu’Anders l’exprime.En fait, les critiques, sociales ou anthropologiques, de la technique ont toujours existé, avant notre ère postmoderne. Je cite les principales dans mon dernier ouvrage (De la déconstruction au wokisme. La science menacée). Par exemple Henri Bergson dans Les deux sources de la morale et de la religion en 1932, où il critique le machinisme qui réduit “l’ouvrier à l’état de machine”. Sa critique est cependant ancrée dans la modernité : la technique peut être utilisée bien ou mal. Bergson écrit : la mécanique “ne rendra des services proportionnés à sa puissance, que si l’humanité qu’elle a courbée encore davantage vers la terre arrive par elle à se redresser, et à regarder le ciel”. Chez ces auteurs “modernes”, la technique est vue comme l’objectivation, principalement neutre, de la volonté humaine (“un moyen mis en œuvre en vue d’une fin”).Au contraire, pour les auteurs postmodernes “technocritiques”, souvent influencés par Martin Heidegger pour qui la science est au service de la technique et non l’inverse, et qui avait rejeté l’idée de la neutralité de la technique, il n’est plus question de considérer la technique comme un ensemble de moyens que l’homme peut utiliser bien ou mal selon ses intentions. L’arraisonnement techniciste de la nature arraisonnerait l’homme lui-même. Cette conception se retrouve dans diverses idéologies, comme l’écologisme, le “retour à la terre”, etc. Il serait impossible de renoncer au cours de la technique, comme si elle était dans un processus historique, initié par l’Homme, mais hors de contrôle de sa volonté.”Domination”Il m’a semblé également important de citer dans mon livre Herbert Marcuse, pour qui a technique n’est pas neutre et impose des finalités : “Ce n’est pas après coup seulement, et de l’extérieur, que sont imposés à la technique certaines finalités et certains intérêts appartenant en propre à la domination. Ces finalités et ces intérêts entrent déjà dans la constitution de l’appareil technique lui-même”.Le concept qui apparaît ici est celui de “domination” : est “domination” sur la nature et les hommes non pas simplement l’utilisation de la technique, mais la technique elle-même. Cette idée de domination est bien sûr inspirée du marxisme : le capitalisme ne peut être qu’”exploitation des travailleurs”. Aujourd’hui, les “travailleurs” et leur condition sociale n’intéressent plus guère la gauche postmoderne et son avatar wokiste : la domination à dénoncer est celle qui s’exercerait sur les minorités, les femmes et la nature. Il ne s’agit plus de prôner l’”appropriation collective des moyens de production” (marxiste), mais de détruire ces moyens et, au-delà, toute la civilisation occidentale doit être “déconstruite”.La pensée postmoderne a également imposé une lecture erronée de la célèbre phrase de Descartes dans le Discours de la méthode, qui recommandait aux hommes de devenir “comme maîtres et possesseurs de la nature”, en omettant la finalité : “mais principalement aussi pour la conservation de la santé”.Les écologistes politiques ne sont pas postmodernes par hasard : leurs références intellectuelles se trouvent dans les auteurs “technocritiques”. Cela les amène naturellement, si j’ose dire, au wokisme le plus fanatique (les maires écologistes et l’inénarrable Sandrine Rousseau en témoignent…). En fait, l’écologisme est l’un des constituants inséparables (pseudo-scientifique) de cette idéologie postmoderne. On peut même se demander si cette dernière aurait pu prendre de telles proportions chez les “élites” et une large part du spectre politique en Europe sans l’écologisme.Je propose de dater l’origine de l’idéologie postmoderne en 1962, année de la publication du livre Silent Spring de Rachel Carson (à quelques années de la parution des œuvres majeures de Günther Anders). Cet ouvrage initia le combat contre les pesticides et plus largement contre la chimie. L’idée de progrès est dès lors remise en cause, et peu à peu, l’”écologie” a gagné la bataille des idées, jusqu’à l’hégémonie culturelle (selon les préceptes d’Antonio Gramsci). L’homme est coupable de détruire la nature par la technique. Il est ensuite devenu coupable de tout (s’il est un mâle blanc…).Sans-tragiqueTout n’est évidemment pas faux dans les critiques sur l’utilisation des techniques, tant s’en faut. Le problème est qu’une utilisation raisonnée et raisonnable d’une technologie n’est plus envisageable lorsqu’elle a été mise en accusation par l’écologie politique et ses organisations franchisées. Ni aucune évaluation au cas par cas. Les dossiers du nucléaire civil, des OGM ou encore du glyphosate en témoignent. Sauf bien sûr en cas de retour du réel, comme récemment pour le nucléaire. L’écologisme reste cependant une machine redoutable contre les technologies et les entreprises qui les mettent sur le marché. Ces dernières, si elles ne se soumettent pas, doivent être détruites.Si cette idéologie “écologiste” a pris une telle ampleur, c’est bien qu’elle est entrée en résonance avec une aspiration au sans-tragique, à la suite des guerres et totalitarismes du XXe siècle, et avec notre culpabilité occidentale. L’écologie politique a étendu cette aspiration au sans-tragique aux risques technologiques. Les technologies, du moins celles ciblées par l’écologie politique, sont devenues comme de nouveaux oppresseurs en puissance, pour l’environnement et la santé. De nouveaux grands principes ont été inventés, dont le principe de précaution, pour y remédier.Les problèmes que nous avons désormais à résoudre sont les dérives paralysantes, pour ne pas dire suicidaires, de nos grands principes : dont le principe de précaution devenu “précautionnisme” ou principe d’inaction, qui empêche une approche raisonnée de certaines technologies. Produit de la même idéologie, la sacralisation de l’”état de droit” semble bien souvent brider l’action des gouvernements et des parlements (alors que c’est leurs rôles que de faire évoluer le droit de manière raisonnée, quand l’intérêt du pays le demande).* Marcel Kuntz est directeur de recherche au CNRS et auteur de “De la déconstruction au wokisme. La science menacée” (VA Editions).



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Publish date : 2023-11-18 09:00:00

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Retraites : le plan d’épargne en actions, un eldorado fiscal méconnu

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Le plan d’épargne en actions (PEA) ne fait pas vraiment recette. Alors qu’il a été créé voilà plus de trente ans, on n’en recensait que 6,4 millions fin décembre 2022. Loin, bien loin des 56 millions de livrets A ! Et pourtant, cet outil, que l’on peut souscrire auprès de sa banque et d’un courtier en ligne pour peu que l’on soit majeur et résident fiscal français, dispose d’atouts tangibles pour diversifier son portefeuille.Il faut pour cela le conserver dans la durée. En effet, le PEA a été pensé pour favoriser l’émergence d’un actionnariat populaire en encourageant les particuliers à investir en Bourse sur une longue période, via la détention d’actions en direct, de fonds et d’ETF (exchange-traded funds ou fonds indiciels cotés). Pour y parvenir, le législateur l’a doté de réels avantages fiscaux… et de quelques contraintes.Tout d’abord, le détenteur d’un PEA est exonéré d’impôt sur le revenu (12,8 %) sur les plus-values réalisées et les dividendes perçus. Seuls les prélèvements sociaux (17,2 % actuellement) sont à acquitter. Cerise sur le gâteau, ces derniers peuvent être différés aussi longtemps que vous le souhaitez. Ainsi, vous pouvez acheter puis vendre des titres, réaliser des plus-values, percevoir des dividendes et les réinvestir intégralement. Tant que vous ne sortez pas ces sommes de votre enveloppe, vous n’êtes pas taxé.Des exonérations après cinq ansEn contrepartie, l’épargnant ne doit pas effectuer de retrait d’argent avant le 5e anniversaire de son plan. Dans le cas contraire, celui-ci sera clôturé et les avantages supprimés. La totalité des gains, notamment, sera soumise au prélèvement forfaitaire unique de 30 %. En revanche, une fois cette échéance passée, il est possible de récupérer une partie de ses avoirs, mais aussi de réaliser des versements complémentaires. Arrivé à la retraite, vous pourrez donc piocher dans votre épargne ou bien opter pour une sortie en rente viagère. Après cinq ans, cette dernière est exonérée d’impôts sur le revenu et seule une fraction de son montant est soumise aux prélèvements sociaux (part dégressive déterminée en fonction de votre âge au moment du déclenchement de la rente).Autre limitation : les catégories de placement éligibles. “Vous êtes, en théorie, contraint de détenir uniquement des titres cotés et non cotés de sociétés dont le siège est situé dans l’Union européenne et d’investir dans des fonds à dominante actions européennes », souligne Marc Lefèvre, président de la Fédération des investisseurs individuels et des clubs d’investissement (F2iC). Mais l’ingénierie financière permet en partie de déroger à cette règle. “Avec le développement des ETF, il est tout à fait possible de ‘mondialiser’ son plan en sélectionnant des ETF synthétiques, poursuit Marc Lefèvre. Ceux-ci détiennent des actions européennes, mais leurs performances se calquent sur un indice extra-européen comme le Nasdaq 100 américain ou le Nikkei 225 japonais.”Une enveloppe plafonnée à 150 000 eurosEnfin, cette enveloppe est plafonnée, puisque vous ne pouvez y verser plus de 150 000 euros. Et s’il n’est pas possible de détenir plusieurs PEA, ce dernier peut en revanche se cumuler avec le PEA-PME, dédié aux entreprises de taille modeste. Profitant des mêmes atouts fiscaux, son plafond est fixé à 75 000 euros. Pour un couple disposant des deux enveloppes, ce sont au global 445 000 euros qui peuvent ainsi échapper à l’impôt.Quant au dernier né, le PEA Jeune, lancé en 2019, il s’adresse aux 18-25 ans rattachés au foyer fiscal de leurs parents et est plafonné à 20 000 euros. Un moyen de familiariser les jeunes adultes aux mécanismes de la Bourse.



Source link : https://www.lexpress.fr/argent/placements/retraites-le-plan-depargne-en-actions-un-eldorado-fiscal-meconnu-L6PYKZVY5RHJLBZXF4AYKTOVEA/

Author : Arthur Teo

Publish date : 2023-11-18 08:30:00

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Industrie verte : quand la France s’inspire enfin des Etats-Unis, par Nicolas Bouzou

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Chacun devrait l’avoir compris : une stratégie de politique publique optimale doit aborder de front et d’un même geste les questions économiques, écologiques et sociales. L’amélioration des conditions de vie n’est pas possible sans croissance, sans productivité et sans innovation. La répartition de l’activité sur le territoire n’est pas concevable sans réindustrialisation – les services ont tendance à se concentrer dans les métropoles. La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre émane de la décarbonation de nos processus de production. Haro sur les silos intellectuels et politiques, et sur la décroissance !Cette nécessité de traiter ces trois problématiques en même temps a été parfaitement comprise par l’administration Biden qui a conçu son désormais fameux IRA – Inflation Reduction Act – dans ce sens. Pour synthétiser, l’IRA consiste, pour sa partie la plus visible, en un vaste système de crédits d’impôt – une enveloppe de 400 milliards de dollars au total à dépenser sur dix ans – destiné à alléger le coût des investissements dans la décarbonation. Conjugué aux autres mesures en faveur de l’industrie, il aboutit à la montée en puissance fulgurante de la filière industrielle de l’économie verte, laquelle participe de la réindustrialisation ultra-rapide des Etats-Unis.Une copie de l’IRA américainLa première économie mondiale fait grandir son moteur productif. Ce pays, qui avait l’image d’un géant climatosceptique, surtout quand Donald Trump lui a fait quitter l’accord de Paris, devient, grâce à cette politique, l’un de ceux qui vont produire et exporter les technologies de décarbonation de la planète. Chapeau Biden, qui n’en tire par ailleurs guère de bénéfices dans les sondages. Injustice de la vie politique. Eh bien chapeau aussi à la France et à Bercy. Notre pays, au lieu de participer au concert des dirigeants européens unis dans la dénonciation de cette “concurrence déloyale”, est en train de se doter, dans le cadre de la loi de finances 2024, d’un outil similaire, dans sa conception et même, toutes proportions gardées, dans son ampleur budgétaire.Dans l’indifférence la plus totale – nous sommes toujours trop discrets quand nous faisons les choses bien -, notre économie aura à sa disposition à partir de janvier un crédit d’impôt pour l’industrie verte copié sur l’IRA américain. Ce dispositif permettra aux industriels de bénéficier d’un crédit d’impôt à hauteur de 20 à 45 % de leur investissement dans des technologies vertes. Ce n’est pas rien ! Ce soutien concerne tous les investissements nécessaires à la production de batteries, de panneaux solaires, d’éoliennes et de pompes à chaleur. Une telle baisse d’impôts va aider nos entreprises à innover dans cette filière verte et à exporter : bon pour l’économie, bon pour l’emploi, bon pour la planète et bon pour le moral.Le danger de la bureaucratiePour une fois, un pays Européen réagit par un acte politique à une initiative américaine, et c’est la France. Evidemment, se doter d’un tel dispositif n’est pas gratuit, raison pour laquelle, n’en déplaise à certains libéraux irréalistes, il est nécessaire de le cibler. Bercy prévoit un coût pour l’Etat de 500 millions d’euros en 2024, et une montée en charge jusqu’à 3,7 milliards d’euros lorsque la mesure tournera à plein régime. Vu l’enjeu, ces baisses d’impôts sont bien investies. Mieux en tout cas que les centaines d’aides dont peuvent bénéficier les PME pour leur transition écologique et qui n’ont absolument aucun impact, ni sur notre économie ni sur le climat. Ce qui peut être problématique avec ce crédit n’est pas son coût mais sa complexité. Que l’administration noie les entreprises sous des formulaires, des exigences administratives et des contrôles, et que les plus petites d’entre elles se découragent et laissent ce dispositif aux plus grandes, à l’image de ce que l’on voit avec le crédit d’impôt recherche, autre dispositif parfait sur le papier, voilà le danger.Voilà aussi la force américaine. Aux Etats-Unis, on soutient les entreprises et la charge de la preuve repose sur l’administration. En France, on “accorde” une aide aux entreprises et on met en place 10 000 garde-fous pour éviter des fraudes. Ne laissons pas cette excellente mesure devenir la victime du manque de confiance qui affecte notre société, et de la passion bureaucratique française. L’outil est magnifique. Faisons en sorte qu’il soit utilisé.Nicolas Bouzou est économiste et essayiste



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/politique-economique/industrie-verte-quand-la-france-sinspire-enfin-des-etats-unis-par-nicolas-bouzou-NOXPQBAGEBEFTPAUZL42ISIMNM/

Author : Nicolas Bouzou

Publish date : 2023-11-18 08:00:00

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Livres : Goncourt, Femina, Renaudot… Quel prix se vend le mieux cette année ?

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Goncourt, Femina, Académie française… tel est, pour l’heure, le trio gagnant des grands prix littéraires de l’automne qui sont en passe de s’achever (avec l’Interallié, remis le 22 novembre et le Goncourt des lycéens décerné le 23). Certes, Jean-Baptiste Andrea (Veiller sur elle, éditions de L’Iconoclaste) et Neige Sinno (Triste tigre, editions POL) sont présents depuis un bon bout de temps déjà dans notre palmarès des fictions. Mais on peut, sans paraître devin pour autant, leur prédire une longue vie dans les meilleures ventes. Quant à la lauréate du Grand Prix de l’Académie française, Dominique Barbéris (Une façon d’aimer, Gallimard), elle débarque enfin dans le Top 20.En revanche, on signalera les absences des couronnés du prix Renaudot, Ann Scott (Les Insolents, Calmann-Lévy) et du prix Médicis (Kevin Lambert, Que notre joie demeure, Le Nouvel Attila) tout comme celles des primées étrangères (Louise Erdrich, prix Femina pour La Sentence, Albin Michel, Lidia Jorge et Han Kang, prix Médicis ex aequo pour Misericordia, Métailié, et pour Impossibles adieux, Grasset). Pas toujours facile de se faire une place au soleil aujourd’hui, surtout si l’on fait l’objet d’une traduction. Notons enfin les 20e et 11e rangs de Gaspard Koenig, récipiendaire du prix Jean Giono pour Humus (éditions de L’Observatoire) et de Cédric Sapin-Defour, best-seller surprise de l’été, qui vient de recevoir le prix littéraire Trente millions d’amis pour Son odeur après la pluie (Stock).3777 PalmaresUn coup d’œil aux essais maintenant. Là encore l’effet prix n’est pas négligeable. Ainsi la lauréate du Médicis essai, Laure Murat (Proust, roman familial, Robert Laffont) tient bon sa 15e place, tandis qu’Hugo Micheron, prix Femina avec La Colère et l’oubli, Gallimard), intègre le palmarès. Lui n’a eu que des disques d’or, il surgit pourtant dans notre Top 20 avec ses Mémoires, Et moi, et moi, et moi, attendus depuis des lustres par son éditeur Le Cherche Midi. Une patience récompensée. Vous l’avez reconnu, bien sûr, il s’agit bien de Jacques Dutronc, 80 printemps et toujours aussi jeune d’esprit.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/livre/livres-goncourt-femina-renaudot-quel-prix-se-vend-le-mieux-cette-annee-XSEYOTUIZJFIJO6B6L5ILKPGZA/

Author : Marianne Payot

Publish date : 2023-11-18 07:30:00

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Guerre en Ukraine : les forces de Kiev peuvent-elles vaincre les Russes sur le Dniepr ?

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De petites embarcations font régulièrement la traversée depuis le printemps. Avec quelques hommes à bord, elles acheminent des troupes ukrainiennes, sur la rive orientale du fleuve Dniepr, contrôlée par les Russes, dans l’oblast de Kherson. Ce vendredi 17 novembre, l’état-major ukrainien a revendiqué des premiers succès dans la zone. “Les forces de défense ukrainiennes ont mené une série d’actions réussies sur la rive gauche, s’est félicité le commandement sur sa page Facebook. L’un des principaux objectifs est de repousser l’ennemi le plus loin possible de la rive droite, afin de protéger la population civile des bombardements russes incessants.”Après la reprise de la ville de Kherson et des territoires voisins par l’armée ukrainienne en novembre 2022, le large fleuve, qui scinde l’Ukraine en deux, s’est transformé en nouvelle ligne de démarcation dans le sud du pays, limitant les mouvements des troupes comme des blindés. Franchir cet obstacle naturel pourrait représenter une opportunité de taille pour Kiev. “Il s’agit de la route la plus directe vers la Crimée, pointe le général (2S) Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale. Et la reconquête de la péninsule reste l’un des objectifs prioritaires de Kiev.””Le point faible des Russes”Pour les forces ukrainiennes, dont la contre-offensive lancée au mois de juin n’a pas permis d’enregistrer des gains territoriaux majeurs, la zone présente également un autre intérêt. “C’est le point faible des Russes, note le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission française à l’ONU et auteur de Ce qui nous attend – l’effet papillon des conflits mondiaux (Ed. Robert Laffont, 2023). Les défenses qu’ils ont mises en place se concentrent sur un axe reliant les oblasts de Zaporijia et de Kharkiv, mais elles sont moins importantes sur la rive orientale du Dniepr.”Si, à ce stade, les Ukrainiens n’ont pas communiqué sur le nombre d’hommes qui auraient rejoint la zone, le responsable de la partie occupée de la région de Kherson, Vladimir Saldo, a affirmé mercredi qu’un peu plus d’une centaine d’hommes avaient pris position aux abords du fleuve. Pour les forces de Kiev, le défi consiste à passer à la vitesse supérieure en amenant des moyens lourds de l’autre côté de la rive. Pour l’heure, des combats auraient lieu dans le village de Krynky, situé à deux kilomètres du Dniepr et à une trentaine de Kherson.Le casse-tête du franchissement”L’infanterie peut enfoncer ponctuellement les défenses russes, mais cela ne sera pas décisif, souligne le général Trinquand. La difficulté des Ukrainiens sera de passer d’une action limitée à une véritable offensive d’envergure.” Une opération autrement plus difficile que des incursions par bateau. “Le franchissement d’un cours d’eau est toujours extrêmement complexe, abonde le général Pellistrandi. Déjà, il faut disposer de suffisamment de moyens pour pouvoir traverser, comme des ponts flottants motorisés. Ensuite, il faut mettre en place une bulle de protection autour de la zone, grâce à l’artillerie et la défense antiaérienne, pour éviter que vos forces se retrouvent sous le feu ennemi pendant cette manœuvre à haut risque.”Les Russes l’avaient appris à leurs dépens en mai 2022, lors de la tentative de franchissement de la rivière Donets, dans l’est du pays. Prises sous le feu de l’artillerie ukrainienne, les troupes concentrées à proximité du cours d’eau avaient enregistré, d’après les estimations, la perte de près de 80 blindés et 485 hommes. Au-delà du seul franchissement se poserait aussi la question du ravitaillement des forces engagées sur la rive orientale. “Un flux logistique permanent serait nécessaire, confirme le général Pellistrandi. Mais les Russes feraient probablement tout pour essayer de l’enrayer.”Mutique ces derniers jours concernant les événements en cours sur la rive est du Dniepr, l’armée russe s’est exprimée, ce vendredi 17 novembre, en affirmant infliger de lourdes pertes aux forces ukrainiennes. “L’ennemi a perdu plus de 460 soldats (tués et blessés), deux chars et 17 véhicules au cours de tentatives infructueuses de débarquement sur une île et sur la rive droite du Dniepr”, a affirmé le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Moins d’une semaine plus tôt, lundi 13 novembre, des médias d’Etat avaient pourtant indiqué, en citant ce même ministère, que des troupes russes présentes dans la zone étaient transférées “vers des positions plus favorables” – une formulation utilisée par le passé pour qualifier des retraites -, avant finalement, de se rétracter quelques minutes plus tard.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/guerre-en-ukraine-les-forces-de-kiev-peuvent-elles-vaincre-les-russes-sur-le-dniepr-E3AS6SS4ERFGFIIUQ2IA7IFZBM/

Author : Paul Véronique

Publish date : 2023-11-18 06:30:00

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Nathalie Gontard : “Le recyclage participe à pérenniser la pollution plastique”

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Accord ou pas accord ? Le troisième rendez-vous de l’année autour de la lutte contre la pollution plastique s’achève ce dimanche 19 novembre. Les représentants de 175 pays sont réunis depuis lundi à Nairobi, au Kenya, pour discuter d’un projet de traité, publié en septembre, et qui vise à définir pour la première fois des mesures concrètes dans la lutte contre ce fléau qui inonde la nature.Avant ce nouveau round de discussions, une soixantaine de nations ont appelé à “des dispositions contraignantes dans le traité pour restreindre et réduire la consommation et la production” de plastique. Une position que ne partagent pas les pays membres de l’Opep, certains pays producteurs et les lobbys des industries plastiques, favorables à un recyclage encore plus poussé. Ce dernier est pourtant “extrêmement limité”, pointe Nathalie Gontard, directrice de recherche à l’Inrae. Selon cette spécialiste des emballages et du plastique, il contribue même à “pérenniser” la pollution. Entretien.L’Express : Le recyclage est souvent mis en avant par de nombreuses entités pour lutter contre le fléau du plastique. N’est-ce pas illusoire de croire qu’il sera possible de recycler tout le plastique produit ?Nathalie Gontard : Évidemment. Il faut comprendre que le recyclage du plastique est extrêmement limité. D’ailleurs, ce qu’on appelle recyclage n’en est pas : c’est du décyclage. Il est important de savoir faire la différence. L’idée de recyclage, donc de réduire la pollution plastique, vient de ce concept d’économie circulaire : quand on a un problème de déchets et d’épuisement des ressources, on va régénérer le déchet à l’identique. On a pris exemple de cette notion sur la nature, qui le fait très bien, comme avec les feuilles des arbres qui tombent à l’automne et participent à un grand cycle (dégradation de la matière, photosynthèse) pour en redonner d’autres identiques au printemps. Afin de résoudre le problème des déchets, on essaie actuellement de mettre en place le plus possible ce système d’économie circulaire.Or avec le plastique, le meilleur recyclage – qu’on peut tout de même appeler recyclage – est celui des bouteilles en PET (polyéthylène téréphtalate). Car on est capable de refabriquer une bouteille en PET à partir de bouteilles de PET. On collecte de façon très stricte, on nettoie, on décontamine, on repolymérise le polymère qui est abîmé, on le mélange souvent avec du plastique vierge et on se retrouve avec une autre bouteille. Sauf que ce procédé est limité, au contraire des feuilles des arbres : on peut en faire un ou deux cycles et il y a 30 % de perte à chaque fois. Disons que cela pourrait tout de même permettre de diviser par deux la consommation de plastique vierge pour une utilisation donnée. Et donc de réduire par deux les déchets de ces bouteilles plastiques en PET. Mais ce recyclage, qui ne concerne que les bouteilles en PET, représente moins de 1 % de notre consommation de plastique.Pourquoi certains pays comme les Pays-Bas, l’Autriche ou l’Allemagne, affichent-ils alors un haut niveau de recyclage ?Car c’est en réalité, je l’évoquais plus tôt, du décyclage. Je reviens à la bouteille en PET : on ne la retransforme finalement pas en bouteille mais en fibres pour faire des pullovers. Donc la boucle n’est pas bouclée : on ne refabrique pas le même objet, mais un autre. On se dit que c’est bien, cela rend la bouteille utile. On communique dessus, on tranquillise le consommateur. Or ce pull acheté en polyester recyclé, dit écologique, il l’a été au détriment d’un pull en laine, un élément biodégradable qui est actuellement en chute libre. En plus, ce pull, au premier lavage, va émettre des microfibres de plastique, et donc polluer. Il ne sera pas non plus recyclable en fin de vie : il partira en décharge et continuera à se dégrader en microplastique.En fabriquant ce pull, on ne fait pas disparaître le problème. Et on a en plus monté une filière de pulls en polyester recyclé qu’il faut alimenter en déchets. Pour résumer : on ne contribue nullement à la réduction de la pollution plastique, on crée même une dépendance aux déchets et à cette pollution. On fait disparaître des filières, on cherche des nouveaux déchets et on plastifie notre monde. Les nouveaux débouchés et bonnes occasions pour caser ce plastique recyclé ne manquent pas. On stocke sous une autre forme un déchet qui va continuer à se dégrader.Dans ces pays, le niveau de recyclage élevé n’a pas donc pas fait baisser la consommation de plastique ?Pas du tout. Théoriquement, si c’est du vrai recyclage, la consommation aurait dû être divisée par deux. Or elle continue d’augmenter, cela n’a aucun sens. Autre illustration très concrète : on a accumulé 9 milliards de tonnes de plastique sur Terre, à mettre au regard des 2 milliards de tonnes de biomasse animale totale. C’est énorme. Si on savait recycler, on n’aurait plus besoin de plastique vierge et on irait chercher ces déchets plastiques pour les nettoyer et fabriquer des bouteilles, des emballages, etc. Mais notre production de plastique vierge continue d’augmenter…Le recyclage participe-t-il finalement à l’augmentation de la pollution plastique ?À la pérenniser, oui. Car ce n’est pas une économie circulaire mais une économie tire-bouchon : on va continuer à polluer, à avoir besoin de plastique vierge, et ainsi de suite. Les industries pétrochimiques font le forcing pour qu’on ne fasse surtout pas la différence entre le recyclage et le décyclage. Cela peut se comprendre, elles défendent leurs intérêts. Mais c’est encore plus grave quand des personnes qui sont censées prendre des décisions, notamment politiques, ne sont pas non plus capables de faire cette différence. De même que certains experts.Regrettez-vous ce manque de connaissances de la part de la classe politique ?Il y ades difficultés à comprendre les fondements de la pollution plastique, oui, et donc la façon d’y remédier. On en arrive à des situations où on fait un pas en avant, un pas en arrière, en tombant dans des stratégies très mal construites dès le départ. Dans le même temps, il est un peu difficile de le leur reprocher car il y a eu énormément de communication sur de petites choses qui ont apporté beaucoup de confusion. Un exemple : la pollution plastique, ce n’est pas le déchet que l’on voit. Celle-là est moche mais n’est pas très dangereuse. Ce qui l’est, et qu’on va retrouver partout, ce sont les micro et nanoparticules de plastique.On n’en ressent pas encore les effets, mais sur ces 9 milliards de tonnes de plastique sur Terre, il y en a une proportion très faible qui est déjà sous forme de microplastique. Ce n’est que le début d’une grosse vague qui va arriver de façon inexorable. Une fois que le plastique est réduit sous forme de fragments, on ne peut plus aller les chercher dans notre environnement, dans nos corps.Réduire notre consommation, donc la production de plastique, est-elle la seule solution viable ?Il faut qu’on ait le courage, nous, les plus gros utilisateurs, de prendre des mesures pour réduire notre consommation. Et en le disant, je pense que les premiers acteurs à viser sont les industriels et tous les secteurs d’activité qui doivent nous proposer des biens et des services avec le strict minimum de plastique. Je ne suis pas naïve : je sais qu’on ne se passera jamais de plastique. Mais il faut qu’on limite son utilisation à celle qui sert vraiment notre bien-être et qu’on se débarrasse de plus de la moitié du plastique qui ne sert strictement à rien à part encombrer notre vie, et surtout hypothéquer les conditions de vie des générations futures. Des objectifs extrêmement contraignants en termes de réduction doivent être fixés à tous les secteurs d’activité. Il faut ouvrir les yeux : le recyclage ne sera jamais impactant sur la pollution plastique.Qu’attendez de cette dernière ligne droite des négociations internationales ?Pas énormément. Les pays producteurs militent pour qu’on ne s’attaque pas à la réduction de la production primaire. Ils ne sont pas vraiment contrebalancés : les utilisateurs ont beaucoup de mal à prendre leurs propres responsabilités et à avoir eux-mêmes des stratégies claires. Il faut que l’Europe en ait une concernant la pollution plastique, car celle en vigueur est totalement axée sur le recyclage. L’UE finance des tas de projets de recherche autour du sujet alors qu’il n’y a quasiment rien sur la réduction de l’utilisation. Or c’est une question énorme.Ces négociations permettent de prendre conscience du problème et d’en parler. C’est un premier pas. Mais je ne suis pas certaine qu’il puisse déboucher sur des solutions efficaces. Il faut que chaque État prenne ses responsabilités, et nos autorités politiques en particulier. Elles sont les gardiens du temple de notre santé, de notre environnement et de notre survie, pas seulement de notre portefeuille.



Source link : https://www.lexpress.fr/environnement/nathalie-gontard-le-recyclage-participe-a-perenniser-la-pollution-plastique-F5STFJ5YHVCUVDPL4H4G6EOJCU/

Author : Baptiste Langlois

Publish date : 2023-11-18 07:00:00

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Retraite : nos conseils pour miser sur des entreprises généreuses en dividendes

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67,5 milliards d’euros. C’est le montant cumulé des dividendes versés aux actionnaires en 2023 par les entreprises cotées appartenant à l’indice CAC 40. Une somme permise par leurs résultats financiers de l’année 2022. Une “cagnotte” loin d’être négligeable puisqu’elle représente 48 % des bénéfices cumulés en 2022. C’est la raison pour laquelle le dividende va contribuer, tout comme le cours de Bourse, à la performance financière globale d’une action et à son attractivité.Quand une société est profitable, elle dégage des bénéfices, qui vont être mobilisés pour répondre à différents objectifs. Avant tout, elle peut utiliser cette somme pour son propre compte, en investissant dans du matériel, des procédés, de la recherche et développement ou réaliser des acquisitions. Cette option est privilégiée par les entreprises dites de “croissance”, comme c’est le cas pour une grande majorité des acteurs technologiques. Elle peut aussi rembourser par anticipation une partie de ses emprunts afin de réduire sa dette et améliorer sa solidité financière. Elle peut également décider d’en faire profiter ses salariés, en redistribuant une partie sous la forme d’augmentations de salaires ou de primes. Elle peut encore placer ces profits dans des instruments financiers de court à moyen terme (monétaire, obligataire) pour les garder sous la main. Enfin, elle peut récompenser ses actionnaires en leur versant du dividende. Généralement, les entreprises panachent ces différentes possibilités, en hiérarchisant les priorités en fonction de leurs intérêts stratégiques.Dans un rapport publié en août dernier, le gestionnaire d’actifs Janus Henderson analyse le montant et l’évolution des dividendes distribués à l’échelle mondiale par les plus grandes multinationales. Selon cette étude, ils “ont atteint le chiffre record de 568,1 milliards de dollars sur le deuxième trimestre 2023, soit une hausse globale de 4,9 % par rapport au deuxième trimestre 2022”. Avec une progression de 9,7 % sur un an, ce sont les groupes européens (hors Royaume-Uni) qui affichent la plus forte augmentation sur cette période, devant le Japon (+ 6 %), l’Asie hors Japon (+ 4,5 %) et l’Amérique du Nord (+ 4,2 %). Dans cette classe, les grandes compagnies tricolores jouent les très bons élèves. Leur part représente 30 % des montants versés en Europe, les classant devant les firmes allemandes. “En France, les distributions ont augmenté de 10,3 % sur un an, souligne l’étude. L’énergéticien Engie est le principal contributeur, augmentant son dividende de deux tiers grâce à l’explosion de ses bénéfices, sur fond de hausse des prix de l’énergie.”10 valeursUn signal fort adressé aux actionnairesComment expliquer cette appétence à gratifier les actionnaires ? Plusieurs motifs favorisent cette tendance. “Une entreprise qui verse du dividende lance un signal fort à ses actionnaires dans le sens où elle démontre que son activité est profitable et dégage suffisamment de liquidités pour lui permettre non seulement d’investir, mais aussi de les récompenser financièrement, constate Franklin Pichard, directeur général chez Kiplink Finance. C’est également un moyen d’attirer de nouveaux investisseurs et de les fidéliser sur le long terme afin d’obtenir un socle stable au niveau de la répartition de son capital. Ce qui peut être une bonne arme à la fois pour limiter la volatilité de son cours de Bourse et mieux faire face à une offre d’achat hostile de la part d’un concurrent.”Pour l’investisseur ayant une optique patrimoniale, désireux de garder ses titres pendant plusieurs années, le choix d’intégrer dans son portefeuille une dose de ces valeurs dites de rendement, octroyant régulièrement de juteux dividendes, a tout son sens. Les gestionnaires professionnels ne font d’ailleurs par l’impasse sur ce sujet. “Avant d’investir dans une valeur, nous regardons avec attention quatre grandes composantes, détaille Bastien Guillaud, gérant chez Matignon Finances. Il s’agit à la fois d’identifier la capacité d’un groupe à créer de la croissance, de déterminer sa solidité financière en analysant notamment son taux d’endettement et sa génération de trésorerie, d’évaluer son niveau de valorisation, de savoir s’il est cher ou pas, et enfin d’apprécier les rendements qu’il affiche via le versement d’un dividende et le rachat d’actions.”De belles performances à long termeCar, même si les placements en actions peuvent offrir de belles performances sur le long terme, ils n’en demeurent pas moins risqués. La hausse des résultats d’une entreprise et, par là même, la progression du cours de son action, dépend d’une multitude de facteurs externes – comme la qualité de l’environnement économique -, et internes : sa solidité financière, la pertinence de sa stratégie de développement ou encore de l’intensité concurrentielle. Résultat : à tout instant, un grain de sable peut venir gripper la mécanique, affecter ses performances et faire chuter son cours de Bourse. En sélectionnant quelques valeurs de rendement, vous bénéficiez en quelque sorte d’une assurance qui offre, au-delà de l’évolution de ce dernier, une “prime” financière distribuée régulièrement. Celle-ci est payée la plupart du temps en espèces. Certaines sociétés proposent également un règlement en actions.Pour calculer le rendement d’une action, il suffit de diviser le montant versé pour chaque titre par le cours de celui-ci, puis de multiplier le total par 100 pour obtenir un pourcentage. Ainsi, prenons l’exemple d’Engie qui a octroyé en mai 2023 un dividende de 1,40 euro pour un cours de Bourse de 14,50 euros : son rendement s’élève à 9,7 %.”Mais attention, il ne faut pas systématiquement choisir les groupes qui offrent les rendements les plus élevés, avertit Franklin Pichard. Il faut s’assurer que ceux-ci sont bien liés à une vraie culture d’entreprise récurrente au fil des années et vérifier qu’ils ne sont pas le fruit d’une baisse sensible de leur cours de Bourse.” Il est donc pertinent d’étudier la régularité de l’octroi de dividende d’une valeur boursière sur les années passées pour voir si elle répond à ces critères ou s’il s’agit d’un phénomène passager.Le rendement peut être aussi amélioré si la société procède à des programmes de rachat d’actions. Au cours de cette opération, elle mobilise une partie de ses liquidités pour acquérir en Bourse ses propres titres qu’elle va ensuite détruire, ce qui entraîne une baisse de son capital. Qui dit moins d’actions en circulation dit aussi, pour une même somme distribuée, un montant par titre en progression, donc un rendement plus élevé. TotalEnergies, par exemple, est très actif dans ce domaine. Le groupe a précisé, fin septembre, qu’il comptait mener un vaste programme de rachat d’actions en 2023, d’un montant de 8,5 milliards d’euros. Résultat, si le rendement calculé sur le “dividende pur” est de 6,2 %, il dépasse les 10 % en incluant cette opération.Le profil des compagnies qui versent de beaux dividendes, réguliers dans le temps, est assez ciblé. Il s’agit essentiellement de sociétés “matures”, déjà bien industrialisées et équipées, installées sur leurs marchés et qui ont une activité parfois cyclique mais très rentable, leur permettant de dégager des bénéfices robustes sans être obligés de mobiliser de lourds investissements. Elles ont généralement un bilan solide avec peu de dettes.Le secteur bancaire loin devant les autresEn outre, le rapport de Janus Henderson met en avant les secteurs les plus généreux : la banque arrive loin devant les autres avec 152 milliards de dollars distribués au niveau mondial, devant les biens de consommation (94,5 milliards de dollars), l’industrie (49,5 milliards) et les producteurs de pétrole et d’énergie (41,6 milliards). En France, “ces sociétés sont positionnées sur le secteur bancaire, à l’image de BNP Paribas, et des assurances, avec Axa, analyse Olivier Cornuot, directeur de la gestion collective à Matignon Finances. Dans l’énergie, TotalEnergies est une usine à cash, réalisant des profits significatifs tant que le baril de pétrole se situe au-dessus des 50 dollars. Citons aussi l’énergéticien Engie, acteur majeur qui offre une belle visibilité quant à la progression de ses résultats.”La visibilité est bel et bien l’objectif recherché lorsqu’on met une dose de rendement dans son portefeuille. C’est là opter pour la raison. En effet, ces entreprises ne font pas toujours rêver, car elles n’offrent pas forcément une croissance à deux chiffres, mais elles sont solides et profitables sur la durée.



Source link : https://www.lexpress.fr/argent/placements/retraite-nos-conseils-pour-miser-sur-des-entreprises-genereuses-en-dividendes-ZJBGPPKPWVBHNL2VYLCEF7MPC4/

Author : Arthur Teo

Publish date : 2023-11-17 12:59:03

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