L’ancien patron de Google Eric Schmidt, le PDG de Nvidia Jensen Huang, le cofondateur de Mistral AI, Arthur Mensch… des pointures de la tech migrent ce 17 novembre à Paris pour la grand-messe de Xavier Niel sur l’intelligence artificielle, ai-Pulse. Le signe d’un profond changement d’atmosphère. Malgré ses cadors en maths et en IA, la France avait été un peu prise de court en 2022 par le séisme ChatGPT. Un an plus tard, elle a redressé la barre et est scrutée avec intérêt par la communauté internationale de l’IA.C’est ainsi le seul pays hors-Etats-Unis, dont une entreprise, Mistral AI était conviée à débattre régulation avec la vice-présidente américaine Kamala Harris et le secrétaire général de l’ONU António Guterres lors du sommet international de Bletchley Park. Toutes les autres entreprises invitées à cette table ronde prestigieuse battaient pavillon américain : OpenAI, Meta, Google/Deepmind, Anthropic et Inflection. Avoir placé un maillot tricolore dans la brochette n’est donc pas une mince victoire. Fondé par Arthur Mensch, Timothée Lacroix et Guillaume Lample en avril dernier, la start-up Mistral AI a, il est vrai, vite réussi à s’imposer sur la scène de l’IA : l’entreprise a levé 105 millions d’euros, et élaboré un premier grand modèle de langage. Ce n’est pas le seul “frenchie” à se distinguer dans le secteur. LightOn a eu le flair de pivoter dans l’IA générative dès 2020, et s’est spécialisé dans les solutions aux entreprises.Laboratoires mondiaux et supercalculateurCes derniers mois, d’autres pépites locales se sont retrouvées sous le feu des projecteurs. À commencer par Nabla. Son outil Copilot, capable d’automatiser la prise de notes et la rédaction de comptes-rendus de consultations a pour mission de faire gagner du temps à des médecins débordés par les tâches administratives. Expérimenté par plusieurs hôpitaux en France et au Royaume-Uni, il a déjà convaincu le groupe médical américain Kaiser Permanente qui gère 39 hôpitaux et 600 centres de soin. Citons aussi les français Photoroom, spécialiste de la retouche photo ; Giskard dans la sûreté des IA ou encore Dust, cofondée par Stanislas Polu, ancien ingénieur d’OpenAI, et Gabriel Hubert, ex-chef de produit chez Alan. Même les Américains envisagent désormais plus volontiers d’installer leur base à Paris : c’est le choix qu’ont fait les cofondateurs de Poolside, qui a récemment levé 126 millions de dollars.Pourquoi cet engouement ? Car des laboratoires d’intelligence artificielle de premier plan ont fleuri ces dernières années à Paris. En 2015, c’est l’emblématique Facebook AI Research (FAIR) qui ouvre ses portes dans la capitale sous l’impulsion de Yann LeCun, un des trois “parrains” de l’IA moderne. Et en 2018, le gouvernement a fait des pieds et des mains pour inciter la start-up DeepMind, ainsi que sa maison mère Alphabet (Google), à ouvrir successivement deux autres laboratoires. “Ces centres de recherche en IA ont été décisifs pour garder nos talents en France”, explique Willy Braun, cofondateur du fonds d’investissement dédié à l’amorçage Galion. exe. Sans eux, bon nombre de diplômés des masters prestigieux que la France compte en IA – tels le MVA (mathématique, vision, apprentissage) de Saclay – auraient probablement dû partir à San Francisco, pour trouver des postes à leur niveau.”La puissance de calcul est notre autre force” confiait à L’Express Guillaume Avrin, le coordinateur national de la stratégie sur l’IA début novembre. Grâce à son supercalculateur Jean Zay, la France a déjà fait naître le grand modèle de langage Bloom. Parmi les quelque 800 millions d’euros d’investissements dans l’IA annoncés par le président Emmanuel Macron cet été, 300 millions seront d’ailleurs dédiés à augmenter ces capacités de calcul (dont 50 millions à très court terme pour quadrupler les capacités de Jean Zay). Le nucléaire français et l’énergie décarbonée qu’il offre sont un autre argument auquel la filière IA, dont les besoins vont croissant, peut être sensible.Bien sûr, le fossé entre la France et les US demeure profond dans l’intelligence artificielle. “Le grand challenge, c’est le différentiel de ressources financières”, souligne Franck Sebag, associé du cabinet EY. Si Mistral a récemment levé une centaine de millions d’euros, OpenAI lui a reçu de Microsoft… 10 milliards de dollars. Les nouveaux entrants trouvent cependant des réponses ingénieuses à ce problème de ressources, en s’appuyant notamment sur la communauté open source. “Beaucoup font des progrès étonnants, avec bien moins de ressources que les acteurs initiaux”, nous expliquait Mitchell Baker, président de la Mozilla Foundation. Et cette voix de référence du web et de la sphère open source de préciser : “On n’a pas toujours besoin, ni même intérêt, à utiliser un grand modèle de langage à usage général entraîné sur le meilleur et le pire d’Internet. Dans certains cas, il est préférable d’avoir un outil entraîné sur les données de son entreprise uniquement. Et dans cette branche, les petits acteurs ont toutes leurs chances face aux grands.”Xavier Niel à l’assaut de l’IALa France a donc de belles cartes à jouer. Et avec Xavier Niel, un poids lourd visiblement prêt à mettre des jetons dans la partie. Comme l’explique l’enquête de L’Express publiée mercredi, le trublion des télécoms a lancé son empire Iliad à l’assaut de ce marché en Europe. Ses trois leviers pour y arriver ? D’abord, un laboratoire d’intelligence artificielle doté de 100 millions d’euros dont l’équipe sera présentée dans la journée. Ensuite, Nabuchodonosor, un supercalculateur construit sur un millier de puces sophistiquées (leur prix catalogue est de 36 000 euros chacune). Enfin, son cloud adossé à huit data centers (Scaleway et Free Pro). Des arguments qui permettent de mieux comprendre pourquoi des stars de la tech telles le PDG de Nvidia se pressent à l’évènement du Français.
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Author : Anne Cagan
Publish date : 2023-11-17 04:53:10
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