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L’Express

Logement, transports… Où vit-on le moins cher en France ?

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Commençons par deux questions naïves. La première : le prix d’un logement est-il le même à Paris et dans la Creuse ? La seconde : aller de République à Bastille en métro coûte-t-il aussi cher qu’un trajet en voiture entre Aubusson à Guéret, à 50 kilomètres de distance ? Dans les deux cas, bien sûr, la réponse est non. Mais cela a le mérite de faire comprendre cette idée importante : selon notre lieu de vie, les dépenses auxquelles nous sommes confrontés varient considérablement. En ville, se loger reste souvent hors de prix. Loin des villes, le budget transports est plus onéreux. Comment tout cela s’équilibre-t-il ? Cette fois, la question n’a rien d’anodin et deux études passionnantes publiées récemment par France Stratégie (1) y répondent.Cet organisme de recherche rattaché au Premier ministre a mesuré les coûts cumulés du logement et du transport selon notre lieu d’habitation. Sans surprise, plus la taille d’une agglomération est importante, plus les prix de l’immobilier s’avèrent élevés. Une règle qui se renforce à mesure que l’on se rapproche du centre, en particulier en région parisienne. Ainsi, une famille vivant dans la capitale dépense en moyenne… 30 % de plus qu’un foyer de même configuration résidant dans une “aire urbaine” de 200 000 à 700 000 habitants comme Tours, Rennes ou Strasbourg, qui elle-même dépense 10 % de plus qu’une troisième famille vivant à la campagne.Quand on se penche sur le coût des déplacements, ce n’est plus la taille de “l’aire urbaine” (la ville-centre et les territoires en dépendant) qui importe, mais la distance du logement par rapport au centre. Lorsque l’on réside en périphérie, les sommes consacrées au transport sont supérieures de 20 % à celles d’un habitant du cœur de l’agglomération, en raison des frais liés à la voiture (achat, entretien, carburant).Au total ? C’est dans les grandes agglomérations que les dépenses sont globalement les plus importantes car le budget logement est trois fois plus élevé que le budget transport. De ce point de vue, la métropolisation, réputée bénéfique pour l’emploi et les revenus, l’est beaucoup moins pour le coût de la vie, comme le soulignent les auteurs de la première étude, Boris le Hir et Pierre-Henri Bono. En particulier à Paris, folie immobilière oblige.Un “indicateur d’aisance financière”Le plus intéressant est cependant à venir. Car les chercheurs de France Stratégie ne se sont pas contentés pas de mesurer nos dépenses. Ils les ont également comparées à nos ressources pour en déduire un “indicateur d’aisance financière” : en clair, ce qu’il reste sur notre compte en banque une fois déduites nos dépenses contraintes, qu’il s’agisse non seulement de transport et de logement, donc, mais aussi d’alimentation. Et là, la perspective change du tout au tout : en effet, bien que le logement y soit beaucoup plus cher qu’ailleurs, c’est en région parisienne que le “reste à dépenser” est le plus élevé.L’explication de cet apparent paradoxe ? Elle est simple à comprendre. Si les contraintes financières sont plus fortes dans la capitale, c’est également là que les revenus sont les meilleurs dans la mesure où s’y concentrent les emplois les plus qualifiés. Pour prendre un exemple extrême, se loger coûte plus cher à Neuilly-sur-Seine que dans une ville industrielle comme Dunkerque. Mais comme les ressources des Neuilléens – où résident de nombreux patrons du CAC 40 – sont sans commune mesure avec celles des ouvriers de la cité flamande, leur pouvoir d’achat disponible reste in fine bien plus confortable. Sachant qu’il faut se garder de toute généralisation car ce qui est vrai en moyenne pour la région parisienne ne se vérifie pas pour chaque Francilien. Une femme de ménage de Clichy-sous-Bois n’a évidemment pas le même “reste à dépenser” qu’un cadre dirigeant de La Défense. Au total, le pouvoir d’achat restant diminue à mesure que l’on s’éloigne du centre de Paris, précisent dans la seconde étude Pierre-Yves Cusset et Alain Trannoy.Un autre facteur explique la bonne performance parisienne en matière de “reste à dépenser” : dans les zones les plus chères, les ménages sacrifient le confort de leur logement. A configuration égale, un couple avec deux enfants qui réside dans la capitale dispose, en effet, d’une surface plus petite et/ou de moindre qualité qu’une famille de même configuration de Toulouse, de Brest ou de Laval. Disons-le autrement. En Ile-de-France, un pavillon avec terrasse et jardin reste accessible à la classe moyenne qui vit en périphérie. En revanche, elle est rigoureusement inenvisageable à Montparnasse ou dans le Marais.Ce sont donc les différences de ressources qui expliquent les écarts de “reste à dépenser” entre les territoires. Une constatation qui, avec le recul, permet de mieux comprendre le mouvement des gilets jaunes. Certes, dans la mesure où les dépenses supplémentaires liées aux déplacements sont plus que compensées par les économies sur le logement, le coût de la vie reste moindre quand on vit en périphérie que dans le centre d’une agglomération. Le problème est que les Français qui habitent loin des centres urbains disposent de ressources plus modestes et, in fine, d’un “reste à dépenser” plus faible. En 2018, la hausse des taxes sur les carburants a diminué celui-ci et a renchéri leur budget transport – l’un de leurs rares avantages comparatifs. D’où l’ampleur et la durée de ce conflit.(1) “Dépenses de logement et de transport : quels arbitrages ?” et “Restes à dépenser et territoire”, notes d’analyse n° 117 et 118 de France Stratégie.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/region/logement-transports-ou-vit-on-le-moins-cher-en-france-6MB2JCG45ZEPJCGAAJFE74Z5W4/

Author : Michel Feltin-Palas

Publish date : 2023-11-14 08:34:57

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Étoiles de David à Paris : “La Russie de Poutine utilise les méthodes de l’époque soviétique”

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Découverts le 31 octobre sur des murs du 14e arrondissement de Paris, des tags d’étoiles de David ont suscité une forte émotion en France. Mais le jeudi 9 novembre, ces dessins ont été dénoncés par le Quai d’Orsay, qui y voit l’œuvre d’un réseau russe dans la manipulation de l’agenda médiatique français.Pour Nicolas Quénel, l’affaire illustre le retour de méthodes bien soviétiques. Dans son enquête sortie en librairie Allô Paris ? Ici Moscou aux éditions Denoël, le journaliste retrace l’histoire des opérations d’ingérences russes en France, leurs moyens d’action et les méthodes de recrutement – des Youtubeurs français pris pour cible par la propagande russe au réseau Dopplegänger, qui usurpe l’identité visuelle de sites d’actualité européens pour diffuser insidieusement la propagande du Kremlin. Le journaliste y analyse enfin la réponse française face à cette guerre informationnelle asymétrique menée par la Russie. Entretien.L’Express : Sorti le 2 novembre, le rapport annuel de la délégation parlementaire au renseignement sur les ingérences étrangères fait état de 4 000 personnes soupçonnées d’être des agents d’influence étrangères, principalement russe et chinoise. Ce rapport symbolise-t-il une prise de conscience plus forte des ingérences étrangères en France ou montre-t-il une intensification de la menace ?Nicolas Quénel : Les deux. J’aimerais garder une certaine distance avec ce chiffre des 4 000 personnes, parce que je ne peux pas le vérifier. Mais ce qu’il faut retenir de ce rapport, c’est que la DGSI [NDLR : Direction générale de la Sécurité intérieure] pousse pour l’instauration d’une loi sur l’enregistrement des agents étrangers, à l’image du Foreign Agents Registration Act américain, c’est-à-dire un registre pour les agents d’influence d’une puissance étrangère, dans le but delutter plus efficacement contre ces ingérences. Ou, en tout cas, de les rendre plus difficiles.Quand a eu lieu cette prise de conscience ?Cela dépend à qui l’on pose la question. Certains macronistes de la première heure évoquent l’élection présidentielle aux Etats-Unis en 2016. C’est une réponse qui me semble contestable : lors de son premier mandat, Emmanuel Macron ne voulait-il pas normaliser ses relations avec Vladimir Poutine, démarche qui atteint son apogée lors de son discours à Brégançon tenu en 2019 ? De leur côté, les militaires disent avoir pris conscience du risque d’ingérences russes en 2018, date de la publication d’un rapport intitulé “Les manipulations de l’information”, produit conjointement par le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie et l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire.Lorsque l’on pose cette question au Quai d’Orsay, les diplomates évoquent plutôt l’assassinat de Samuel Paty, en 2020. Après sa mort, de grandes vagues de désinformation étrangères ont eu lieu : au Pakistan par exemple, des messages sur les réseaux sociaux disaient qu’en France, les enfants musulmans étaient tatoués… C’est d’ailleurs après la mort de Samuel Paty qu’a été créée la Task Force Honfleur, devenue Service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères, Viginum, qui lutte contre les ingérences numériques étrangères.Pourtant en France, les opérations d’influence étrangère ne sont pas un phénomène nouveau…Depuis l’Union soviétique, la France a toujours été une victime et une cible privilégiée des ingérences russes, une espèce de “ventre mou” en Europe. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a en France un Parti communiste très fort et un anti-américanisme puissant dans les élites françaises. On trouve aussi une tradition de presse de combat avec, dans les journaux français, une grande place accordée aux textes d’opinions, et donc unetendance à mêler les faits et les opinions. Autant de portes ouvertes pour mener des opérations d’influence.Enfin, on ne peut nier que le gaullisme, qui voulait faire de la France une puissance “à mi-chemin” des Etats-Unis et de l’URSS, a été interprété comme une faiblesse pour les Soviétiques, qui ont jugé que l’Hexagone était un territoire intéressant sur lequel travailler. Pour preuve, en 1961, l’antenne du KGB à Paris se vantait dans un rapport adressé à Moscou d’avoir influencé en un an quelque 230 articles de presse, 11 livres et 32 questions parlementaires.Y a-t-il aujourd’hui une différence importante sur la manière dont sont menées les opérations d’influence par rapport à la Guerre froide ?La plus grande évolution est, en Russie, la privatisation croissante de ce secteur, qui rend l’attribution de ces opérations plus difficile, car on peine à identifier le commanditaire. Ces entreprises qui mènent des campagnes de propagande agissent de la même manière que des sociétés écran qui veulent cacher leur argent du fisc : on ajoute une couche d’opacité supplémentaire.On peut citer l’exemple des entreprises russes qui ont approché des Youtubeurs français pour leur proposer de diffuser de la propagande russe sur les vaccins européens contre le Covid-19 ou la guerre en Ukraine, le tout contre rémunération. On ne sait toujours pas qui se cache derrière ces opérations, bien que de lourds soupçons pèsent sur l’Etat russe.Peut-on dresser un bilan des actions de la France pour contrer l’influence russe ?Il y a une vraie mise en ordre de bataille des ministères, et une prise de conscience des menaces qui pèsent sur notre Etat de droit. Des choses évoluent et se mettent en place, mais il reste encore beaucoup de travail et de points sur lesquelles s’améliorer. L’enjeu est d’aller au-delà de la simple mobilisation du secteur public et de sensibiliser les citoyens français, qui sont les cibles directes de ces opérations d’influence.Si nous sommes en train de nous adapter à la menace, y a-t-il, en parallèle, une évolution des méthodes russes ?Oui, la DGSI identifie déjà une sorte de retour de “l’influence à la papa”, car l’outil numérique sur lequel la Russie s’est reposée depuis des nombreuses années est de moins en moins efficace. Après l’élection présidentielle américaine de 2016, les plateformes ont par exemple modifié leurs algorithmes pour entraver l’action des fermes à trolls d’Evgueni Prigojine. La Russie a donc de plus en plus recours à des méthodes utilisées lors de la Guerre froide contre l’Occident, et les tags, à Paris, d’étoiles de David en sont le parfait exemple. Ce mode d’action ressemble à celui utilisé en 1959 et 1960 en Allemagne de l’Ouest, lors de “l’épidémie des croix gammées”, quand ces symboles étaient dessinés par centaines sur les murs des villes. C’était en réalité l’œuvre du KGB pour créer du désordre en Allemagne de l’Ouest, miner la confiance des Occidentaux envers l’Allemagne et manipuler l’agenda médiatique du pays, tout en investissant peu de moyens…Le régime de Poutine n’ayant pas de limite morale, nous sommes donc pleinement dans une lutte asymétrique, car la France reste un Etat de droit et ne peut pas répondre de la même manière. C’est d’ailleurs le vrai risque – que la France cède à l’envie de combattre le feu par le feu. L’armée française s’est déjà fait épingler en 2020, lorsqu’elle participait à des opérations de propagande anti-russe au Mali en créant des faux comptes.Dans votre livre, vous mentionnez aussi les risques de la démocratisation de l’intelligence artificielle (IA) et les opportunités qu’elle peut offrir à la propagande russe.Les opérations d’ingérence russes ont évolué en même temps que les nouvelles technologies de l’information et de la communication, comme toutes les opérations d’influence dans le monde. Aujourd’hui, la dernière évolution majeure est la démocratisation des outils d’IA qui peuvent permettre d’industrialiser la désinformation et faciliter la création de réseaux entiers d’influence. Avant, quand des acteurs russes voulaient créer des galaxies entières de faux sites Web d’actualité et les alimenter en contenus à partager massivement sur les réseaux sociaux, ils étaient obligés de mobiliser beaucoup de ressources humaines, techniques et financières pour mener à bien leur mission.Aujourd’hui, des outils comme ChatGPT permettent d’automatiser la création de sites Web et peuvent rédiger automatiquement de faux articles de presse dans différentes langues. Conséquence directe de cette évolution, des opérations qui pouvaient nécessiter des mois ne demandent plus que quelques heures. À l’inverse il faut comprendre que l’apparition de ces nouveaux outils va faire évoluer nos usages en tant qu’internautes. L’hypothèse d’être exposé à un contenu généré artificiellement sera de plus en plus présente et nous nous méfierons certainement davantage de ce à quoi nous sommes exposés sur le Web.Les citoyens vous semblent-ils assez alertés des risques causés sur leur vie par cette guerre informationnelle ?Il y aura toujours des gens pour vous dire que la Guerre froide est terminée et que les ingérences russes en Occident représentent un faux problème. La naïveté est, sur ce point, toujours présente. Dans mon livre, j’insiste beaucoup sur les vraies conséquences dans la vie quotidienne des citoyens – notamment l’influence sur leurs choix politiques et l’image que l’on peut avoir de tel ou tel conflit.Par exemple, j’ai discuté récemment avec quelqu’un qui pensait que Kennedy avait été assassiné par la CIA. Or, cette rumeur est [NDLR : comme le montrent les archives Mitrokhine] l’œuvre d’une vaste opération d’influence du KGB… menée directement après l’assassinat du président américain ! On voit bien que des opérations menées il y a plus de 60 ans peuvent encore avoir une résonance aujourd’hui…



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/etoiles-de-david-a-paris-la-russie-de-poutine-utilise-les-methodes-de-lepoque-sovietique-Q563UIOH4ZCYXFPRIUF4L6ZUA4/

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Publish date : 2023-11-14 04:27:21

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Education : Attal alerte sur le niveau “inquiétant” des élèves de 4e

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Il a déjà promis des “mesures fortes” sur le collège début décembre. Le ministre de l’Education Gabriel Attal s’est alarmé, lundi 14 novembre, des résultats “inquiétants” en français et en mathématiques des évaluations nationales passées en classe de quatrième en septembre.”En quatrième, on voit que durant le collège le niveau stagne, voire régresse, ce qui signifie que le collège ne parvient pas à réduire les écarts constatés à l’entrée en 6e. Le risque, si on ne fait rien, c’est que notre collège tombe en panne”, a expliqué Gabriel Attal dans un entretien au Parisien.La moitié des élèves ne lisent pas convenablementSelon le ministre, les résultats des élèves de 4e “ne sont pas satisfaisants et sont même plutôt inquiétants. Un peu plus de la moitié des élèves ne lisent pas convenablement et en mathématiques, plus de la moitié ne maîtrisent pas la résolution de problèmes et la géométrie”.Le ministère a rendu publics lundi soir les résultats des évaluations nationales, réalisées en septembre, qui portaient en CP, CE1, CM1, sixième et quatrième sur des compétences en français et en maths. Pour la première fois cette année, les élèves de 4e ont bénéficié d’une évaluation nationale commune à tous les collèges.”Les premières analyses montrent des résultats contrastés selon les secteurs d’enseignement. Ainsi, des écarts importants sont observés entre les élèves scolarisés en éducation prioritaire et ceux du secteur public hors éducation prioritaire”, écrit le ministère dans un communiqué. “Par exemple en français, 14,2% des élèves du secteur public hors éducation prioritaire se situent dans le groupe de performance le plus faible. C’est le cas de 38,6% des élèves de REP+ et de 27,2 % des élèves de REP” (réseau d’éducation prioritaire), cite le ministère.Des écarts entre public et privéLes écarts sont aussi patents en fonction de la composition sociale des collèges, en particulier entre public et privé. Selon le ministre, “il faut prendre des mesures fortes pour l’élévation du niveau au collège en français et maths” comme “des groupes de niveau en français et en mathématiques. La taille du groupe étant réduite pour les élèves les plus en difficulté”. Il promet “des mesures fortes début décembre sur le collège, pour une entrée en vigueur dès la rentrée prochaine”.En 6e en revanche, Gabriel Attal se félicite de résultats qui “progressent”, “notamment en lecture et écriture”. En 6e, “les résultats 2023 sont globalement stables en français par rapport à 2022, avec une hausse observée en REP+. Les résultats sont en hausse en mathématiques entre 2022 et 2023, en particulier en REP+”, précise le ministère.Une des mesures phares du premier quinquennat fut de limiter à 12 élèves les classes de CP et CE1. Elle a débuté en 2017 dans les zones d’éducation prioritaires, avant d’être étendue à la grande section de maternelle. Gabriel Attal s’est par ailleurs inquiété d’une “forme de stagnation en CP. C’est un point de préoccupation et il faut donc continuer à investir sur les petites classes”, a-t-il souhaité.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/education/education-attal-alerte-sur-le-niveau-inquietant-des-eleves-de-4e-MHHG67SAHVCYDCHV7QCNZVDYYA/

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Publish date : 2023-11-14 07:25:29

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Guerre Israël – Hamas : l’hôpital al-Chifa “doit être protégé”, affirme Joe Biden

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Des tanks israéliens sont massés ce mardi 14 novembre aux portes du principal hôpital de Gaza, celui d’al-Chifa. Depuis des jours, les affrontements entre combattants du Hamas et soldats israéliens se concentrent autour d’al-Chifa. “L’idée est d’essayer d’évacuer des gens, d’en évacuer le plus possible” hors du site de l’hôpital, a indiqué dans la nuit de lundi à mardi un porte-parole de l’armée israélienne, Peter Lerner. Israël a annoncé qu’un “couloir” d’évacuation resterait en place lundi pour permettre aux civils de quitter l’hôpital al-Chifa.”Nous n’avons ni électricité, ni nourriture, ni eau dans l’hôpital”, a raconté un médecin membre de MSF. “Des gens vont mourir dans quelques heures sans respirateurs artificiels qui fonctionnent”, a-t-il ajouté. L’armée fait état de son côté “d’efforts” pour transférer des incubateurs d’un hôpital israélien à al-Chifa.Selon un chirurgien de Médecins sans frontières (MSF), des centaines de personnes sont bloquées à l’hôpital al-Chifa dans des conditions “inhumaines”. Le vice-ministre de la Santé du gouvernement du Hamas, Youssef Abou Rich, a déclaré lundi à l’AFP que “sept bébés prématurés” et “27 patients en soins intensifs” étaient morts depuis samedi en raison du manque d’électricité dans cet hôpital. Un bilan qu’aucune source indépendante n’est pourtant en mesure de vérifier. Israël affirme que le Hamas a installé ses infrastructures dans un réseau de tunnels sous l’hôpital al-Chifa, ce que le Hamas dément, et d’utiliser les malades et les déplacés comme “boucliers humains”.Hôpital à Gaza : Biden demande des “actions moins intrusives” de la part d’IsraëlJoe Biden a demandé lundi à Israël de protéger le principal hôpital de Gaza. “J’espère et je m’attends à des actions moins intrusives à propos de l’hôpital” al-Chifa, a déclaré le président américain à la Maison-Blanche, questionné par des journalistes pour savoir s’il en avait parlé avec les dirigeants israéliens. “L’hôpital doit être protégé”, a-t-il ajouté.Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a plus tard confirmé que Washington avait soulevé la question des hôpitaux lors d’échanges avec son allié Israël. “Nous ne voulons pas voir de combats dans les hôpitaux”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.”Nous voulons que les patients soient protégés, que les hôpitaux soient protégés”, a ajouté Jake Sullivan, avant de préciser que le gouvernement israélien avait affirmé lors de ces échanges “partager cette opinion”.Le Hamas accuse Israël de “tergiverser” sur la libération des otagesLa branche armée du Hamas a accusé lundi Israël de “tergiverser” dans les discussions, via une médiation qatarie, portant sur la possible libération de dizaines d’otages en échange de celle de “200 enfants et 75 femmes” incarcérés par Israël.”La médiation qatarie a mené des efforts pour obtenir la libération des (otages) en échange de la libération de 200 enfants palestiniens et 75 Palestiniennes des prisons de l’ennemi”, a assuré le porte-parole des brigades Ezzedine al-Qassam, Abou Obeida, dans un enregistrement audio diffusé par le Hamas. Israël “a réclamé la libération de 100 (otages), nous avons informé la médiation que nous pouvions libérer les otages si nous obtenions cinq jours de trêve – c’est-à-dire un cessez-le-feu et le passage de l’aide vers tous les gens de notre peuple partout dans la bande de Gaza – mais l’ennemi tergiverse”, a-t-il poursuivi.L’armée israélienne confirme l’identité d’une soldate otage du HamasL’armée israélienne a confirmé ce mardi l’identité d’une soldate otage du Hamas, après la publication par la branche armée du mouvement islamiste palestinien d’une vidéo montrant la jeune femme en captivité.”Nous sommes de tout cœur avec la famille Marciano, dont la fille, Noa, a été brutalement enlevée par l’organisation terroriste du Hamas”, écrit l’armée dans un communiqué, confirmant ainsi pour la première fois l’identité d’une des quelque 240 personnes emmenées comme otages dans la bande de Gaza lors de l’attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre.Cisjordanie : cinq Palestiniens tués dans des affrontements avec l’armée israélienneCinq Palestiniens, des hommes âgés de 21 à 29 ans, ont été tués lors d’une opération de l’armée israélienne dans la ville et le camp de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie occupée, a indiqué ce mardi à l’AFP Amin Khader, le directeur de l’hôpital Thabet où les décès ont été constatés.Des témoins dans le camp local ont fait état de violents affrontements et d’un imposant déploiement sur place des forces israéliennes afin d’arrêter des jeunes. L’armée israélienne a confirmé à l’AFP une opération dans ce secteur de la Cisjordanie occupée sans en préciser dans l’immédiat les raisons ni commenter le bilan palestinien.Des nouveaux échanges de tirs dans le sud du LibanDans la nuit de lundi à mardi, de nouveaux échanges de tirs ont opposé l’armée israélienne et des groupes armés au Liban, dont le puissant Hezbollah pro-iranien, qui soutient le Hamas. “A la suite de tirs depuis le Liban vers Israël lundi soir, des jets de combats de l’armée israélienne ont frappé des infrastructures” du Hezbollah au Liban, incluant des “centres de commande”, a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué.Un journaliste d’Al-Jazeera a été légèrement blessé par des tirs israéliens, selon la chaîne qatarie et un responsable local, alors qu’il couvrait avec d’autres correspondants de presse les bombardements dans le sud du Liban.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/guerre-israel-hamas-lhopital-al-chifa-doit-etre-protege-affirme-joe-biden-XKD27XHU3BC4NBMZ25NHIE54JI/

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Publish date : 2023-11-14 06:24:41

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JO 2024 : Paris accuse l’Azerbaïdjan de mener des opérations de désinformation

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L’accusation est lourde. Paris a affirmé, lundi 14 novembre, que des acteurs liés à l’Azerbaïdjan ont mené une campagne de manipulation de l’information visant à porter atteinte à la réputation de la France dans sa capacité à accueillir les Jeux olympiques 2024.Selon un rapport de Viginum, l’organisme de lutte contre les ingérences numériques étrangères, que l’AFP et d’autres médias ont pu consulter, les investigations ont démarré le 26 juillet dernier lorsque “plusieurs visuels appelant à boycotter les JO-24″ massivement partagés sur X (anciennement Twitter), ont été détectés.Des tensions diplomatiquesL’investigation a été menée dans un contexte de tensions diplomatiques entre Paris et Bakou. La France s’est impliquée ces derniers mois dans la médiation entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, deux anciennes républiques soviétiques en conflit depuis trente ans.La France a en outre affiché son soutien à l’Arménie qui redoute une violation de son intégrité territoriale par l’Azerbaïdjan, une prise de position qui lui a valu des critiques acerbes du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.”Mettant en scène des images d’émeutes ou de la ville de Paris, ces publications faisaient également figurer sur chaque contenu le logo des JO, trois comptes X officiels des JOP-24 et deux hashtags #PARIS2024 et #BOYCOTTPARIS2024”, détaille Viginum dans son rapport.Les 26 et 27 juillet, plus de 1 600 publications accompagnées de ces visuels ou des hashtags ont été publiées sur la plateforme. Quelque 91 comptes semblent être à l’origine de ces publications “laissant suggérer une amplification artificielle”, selon Viginum, organisme dépendant de la Première ministre. Certains d’entre eux présentent “des caractéristiques inauthentiques tant en matière d’activité que de critères de profil”, est-il précisé.Des comptes qui appellent au boycott des JOViginum a ainsi déterminé que 40 d’entre eux ont été créés au cours du mois de juillet 2023 et ont publié “uniquement des contenus appelant à boycotter” les Jeux.En outre, l’enquête a révélé que sur ces 91 comptes, “une part importante présente au moins un lien avec l’Azerbaïdjan” : une photo comportant le drapeau de l’Azerbaïdjan ou des lieux azerbaïdjanais, une localisation déclarée en Azerbaïdjan, la présence de caractères azéris, ou encore la promotion de vidéos ou d’extraits de déclarations du président azerbaïdjanais.Autre “marqueur d’inauthenticité”, lorsqu’un compte s’est déclaré en France, des fautes d’orthographe sur la localisation laissant à penser qu’il s’agit d’une traduction littérale de l’azerbaïdjanais vers le français, à l’instar de Bordo pour Bordeaux ou Monpelye pour Montpellier. Des investigations complémentaires ont également permis d’identifier un compte à l’origine de la publication des contenus ciblant la tenue des JO sur X.Parti du président AlievLe compte @MuxtarYev, qui a publié 15 visuels différents appelant au boycott, partagés ensuite et amplifiés par des comptes inauthentiques et repris instantanément par des comptes X liés à l’Azerbaïdjan, “renforce l’hypothèse d’une manœuvre coordonnée”.Créé en juin 2023, le compte @MuxtarYevse se dit localisé en Azerbaïdjan. “Le nom affiché Muxtar Nagiyev ainsi que la photo du profil du compte coïncident avec l’identité du président de l’organisation du district de Sabail du parti Nouvel Azerbaïdjan”, parti du président Aliev.En outre, une vidéo hostile à la tenue des JO établissant un parallèle entre des scènes d’émeutes et de compétitions sportives a été publiée le 27 juillet par le compte X @NewYorkInsider, un faux média d’information. Cette vidéo de 39 secondes a été visionnée des millions de fois, a précisé Viginum qui y voit clairement une volonté de nuire à l’image de la France.Le 8 août 2023, le compte @NewYorkInsider affichait plus de 11 000 abonnés et 48 abonnements. Sur les 11 000 plus de 7 000 ont été créés après le 1er juillet et “la majorité présente des caractéristiques inauthentiques”, à savoir absence d’abonnés, aucune publication, caractéristiques communes dans leurs noms d’utilisateurs.La crainte d’autres campagnes à venirLes enquêteurs de Viginum ont aussi déterminé que d’autres noms de domaine apparaissent pour newyorkinsider, hébergés sur le même serveur dont le site orkhanrza.com qui fait la promotion de Orkhan Rzayev, un ressortissant azerbaïdjanais à la tête de deux entreprises : Eleven Kings et Mediamark Digital. La première entreprise est spécialisée dans les jeux vidéo et la seconde dans le marketing numérique.Viginum a conclu que la campagne Olimpiya, JO en azéri, “est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation”. Et il s’attend à d’autres potentielles campagnes visant les JO.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/jo-2024-paris-accuse-lazerbaidjan-de-mener-des-operations-de-desinformation-NYETH4OAOZF6XAPBMWUTDD7TRI/

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Publish date : 2023-11-14 06:47:58

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Guerre avec le Hamas : l’agenda caché de l’extrême droite israélienne

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Bezalel Smotrich est un enfant des colonies israéliennes en Cisjordanie. Fils de rabbin, cet homme de 43 ans, plutôt élégant et discret, a grandi dans une école talmudique d’une colonie religieuse près de Ramallah, où il a développé son apprentissage de la Torah… et une haine viscérale des Palestiniens.Dans un texte publié en 2017, cet avocat devenu député détaille sur plus de 20 pages son “plan décisif pour Israël” : enterrer tout espoir d’un Etat palestinien, annexer totalement la Cisjordanie, interdire la citoyenneté et le droit de vote aux Palestiniens restés sur place, encourager un maximum d’entre eux à l’exil… En résumé, que seuls les Israéliens aient le droit de peupler les deux régions au cœur de ce que le peuple juif considère comme sa patrie historique : la Judée au sud de Jérusalem, la Samarie au nord.Leur objectif : “le moins possible de Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie”Six ans après la publication de ce pamphlet, Bezalel Smotrich se retrouve à la tête du ministère des Finances israélien, avec un droit de regard spécial sur les activités militaires en Cisjordanie. Fort de ses 10 % aux législatives, son parti suprémaciste a fait alliance avec Benyamin Netanyahou en décembre 2022, obtenant de nombreux postes clés. Avec un programme qui fait froid dans le dos. “Leur objectif a toujours été constant : ils veulent le moins possible de Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, ou au minimum les priver de tout pouvoir politique”, résume Paul Scham, spécialiste d’Israël et professeur à l’Université du Maryland.Aujourd’hui, l’idéologue profite de la confusion née des attaques du Hamas le 7 octobre et de la guerre dans la bande de Gaza pour faire avancer son plan en Cisjordanie. Depuis un mois, ces territoires connaissent une flambée de violence entre soldats, colons et Palestiniens, faisant redouter l’émergence d’un nouveau front pour l’armée israélienne, déjà mobilisée contre le Hamas au sud et menacée par le Hezbollah libanais au nord.Ces affrontements ne doivent pourtant rien au hasard. “Depuis le 7 octobre, Bezalel Smotrich reste silencieux en public, mais en coulisses il est extrêmement actif pour transformer sa vision de la Cisjordanie en réalité, pose Michael Koplow, directeur de recherches au Israel Policy Forum, à New York. Il tente par exemple de faire interdire la récolte des olives en Cisjordanie, afin de pousser les Palestiniens à quitter leurs terres et rendre plus facile l’annexion. Lui et ses alliés se concentrent sur ce territoire, leur priorité historique, et profitent du fait qu’Israël soit focalisé sur les combats à Gaza.”Dans la mise en œuvre de son plan pour la Cisjordanie, Bezalel Smotrich peut compter sur des alliés de poids au sein du gouvernement israélien. Le ministre du Patrimoine, par exemple, l’obscur Amichay Eliyahu, qui a déclaré début novembre qu’envoyer une bombe nucléaire sur Gaza “était une option”. Une déclaration incendiaire bienvenue pour détourner l’attention… Ou encore sur le très influent ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir. Son obsession personnelle : armer un maximum de citoyens juifs pour se défendre contre les Palestiniens et les Arabes supposément favorables au Hamas. “Depuis l’attaque du 7 octobre, Ben-Gvir distribue des permis de port d’armes à la chaîne, poursuit Michael Koplow. Il forme aussi ce qu’il appelle des ‘équipes de défense communautaire’ : il rassemble des civils, leur fournit des armes à feu, puis leur demande d’organiser leurs propres groupes défensifs pour se protéger de leurs voisins. Il le fait à la fois en Israël, dans les quartiers proches des villes à majorité arabe, mais aussi dans les colonies de Cisjordanie.” Pour ses (nombreux) détracteurs, le ministre de la Sécurité nationale crée ainsi un véritable réseau de milices privées, avec d’immenses risques de dérapage.Les ambitions territoriales de l’extrême droite ne s’arrêtent pas à la Cisjordanie. Pour cette frange politique, la seule présence de Palestiniens peut être assimilée à une menace existentielle pour l’Etat hébreu. “Les partis nationalistes religieux disent qu’Israël doit se réinstaller à Gaza, non seulement avec ses forces militaires mais aussi avec ses colonies, souligne Liran Harsgor, politologue à l’université de Haïfa. D’après eux, les colonies contribuent à la sécurité d’Israël en créant des zones tampons. Ils estiment que dès qu’Israël fait évacuer ses colonies, comme dans la bande de Gaza, la terreur s’installe.” Plusieurs colons se portent déjà volontaires pour retourner occuper des territoires près de Gaza, d’où 7500 Israéliens avaient été déplacés en 2005 dans le cadre du retrait militaire décidé par Ariel Sharon.Après le 7 octobre, un risque de propagation de leur idéologie ?Reste que, dans leur grande majorité, les Israéliens continuent d’être opposés à la colonisation des territoires palestiniens. Jusqu’ici, ils préféraient toutefois l’ignorer, détournant les yeux de ce processus illégal au regard du droit international. Comment leurs idées vont-elles évoluer, dans le brouillard de la guerre et des massacres du Hamas ? “Les effets du 7 octobre sur la population israélienne et son état d’esprit se feront sentir sur le très long terme, estime la politologue Liran Harsgor. A court terme, on voit déjà monter un fort sentiment anti-Arabes, que l’extrême droite tente d’exploiter pour gagner du pouvoir. D’un autre côté, ce camp politique fait partie du gouvernement qui a échoué à les protéger et qui chute à un niveau historiquement bas dans les sondages.”Selon une écrasante majorité d’analystes, ce gouvernement ne résistera pas au fiasco sécuritaire du 7 octobre. Pour l’instant, seule l’obstination de Benyamin Netanyahou à se maintenir au pouvoir préserve ces ministres, d’autant que l’administration américaine hausse de plus en plus le ton contre cette frange extrémiste et l’accélération de la colonisation en Cisjordanie. “Netanyahou, dont l’unique objectif est d’échapper à la prison [NDLR : le Premier ministre est poursuivi dans plusieurs affaires de corruption], est pris au piège de l’extrême droite depuis la formation de son gouvernement, pointe Paul Scham. Ces ministres constituent un énorme fardeau pour Israël. On assiste à un désastre humanitaire à Gaza, avec des milliers de Palestiniens tués en un mois, et des ministres se permettent des déclarations complètement dingues… Certains vont croire que c’est la position officielle du gouvernement israélien, ce qui n’est pas le cas, et cela montre un pouvoir en plein désarroi.”Smotrich, Ben-Gvir et autres Eliyahu devraient pouvoir compter sur un sursis de plusieurs mois, jusqu’à la fin de la guerre. Le temps pour eux de créer encore davantage de dégâts, et de faire avancer un peu plus leur “plan définitif” pour Israël.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/guerre-avec-le-hamas-lagenda-cache-de-lextreme-droite-israelienne-P2RAN2FOD5FMNHH3XYZYUNBCCI/

Author : Corentin Pennarguear

Publish date : 2023-11-14 04:45:57

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Le français survivrait-il au Canada ou en Suisse avec le statut des langues régionales en France ?

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Il suffit souvent de se mettre à la place des autres pour comprendre leurs points de vue. Aussi vais-je commencer cette semaine par vous demander un petit effort d’imagination :– Imaginez que, demain, dans toutes les écoles du Canada, il faille parler en anglais, et seulement en anglais, y compris au Québec.– Imaginez que, demain, dans toutes les entreprises belges, il faille parler en flamand, et seulement en flamand, y compris en Wallonie.– Imaginez que, demain, dans toutes les assemblées politiques suisses, il faille parler en allemand, et seulement en allemand, y compris à Genève.VOUS SOUHAITEZ RECEVOIR CETTE LETTRE D’INFORMATION ? >>Cliquez iciJ’en suis convaincu : devant une telle perspective, les plus chauds partisans du “tout-français” en France se mueraient aussitôt en militants acharnés de la diversité linguistique. Ils s’opposeraient de toutes leurs forces à ces mesures menaçant la langue de Molière dans ces différents pays. Et leurs craintes n’auraient rien d’illusoire, car, je l’explique ici régulièrement, les langues ne déclinent pas par hasard : elles sont le plus souvent victimes de mesures défavorables décidées par des Etats à leur encontre. L’avenir de la francophonie dépend donc en grande partie des dispositions qui seront prises – ou non – en faveur du français dans l’enseignement, les entreprises, les administrations, les assemblées politiques, etc.Beaucoup d’entre vous m’ont évidemment vu venir, mais j’assume. On vient de le voir : le français ne survivrait pas longtemps au Canada, en Belgique et en Suisse sans être présent de manière significative dans la vie publique. Eh bien, il en va de même pour le breton, le basque, l’alsacien, l’occitan, le picard, le normand, le créole réunionnais et toutes les autres langues de France. “Une langue ne peut fonctionner et se transmettre sainement que si elle peut être la langue de toutes les activités d’une société, des plus familières aux plus publiques, des plus simples aux plus élaborées, des plus humbles aux plus prestigieuses, rappelle le linguiste Patrick Sauzet. L’enfermement des langues régionales dans le quotidien et l’informel a préludé à leur disparition programmée. Combien de temps pense-t-on que le français vivrait, au Québec comme à Paris, s’il était absent de l’école, des médias et de la vie publique, renvoyé à la seule sphère privée ? Pourquoi exiger des langues régionales qu’elles survivent dans des conditions objectivement impossibles ?”Patrick Sauzet a raison. Les langues minoritaires de France ne peuvent se maintenir sans être significativement présentes dans l’ensemble des lieux de la vie publique – au côté du français, qui doit rester notre langue commune – et en particulier dans l’enseignement. Or, non seulement ce n’est pas le cas, mais le Conseil constitutionnel a jugé en 2021 que, à l’école, la méthode dite “immersive”, cette pédagogie qui privilégie l’emploi de la langue minoritaire pendant la plupart des cours pourtant en vigueur dans les lycées français à l’étranger, était contraire à la Loi fondamentale dans les établissements publics pour ce qui concerne les langues dites régionales. Ce faisant, il a condamné la pédagogie jugée la plus efficace pour assurer leur transmission ! Je suis désolé si les lignes qui suivent heurtent certains d’entre vous, mais il faut dire les choses comme elles sont : cela s’appelle un ethnocide, c’est-à-dire une entreprise consistant, pour un peuple donné, à imposer sa langue et sa culture à d’autres peuples, en faisant disparaître les leurs.Une entreprise d’éradication linguistiqueSacrilège ! En écrivant “peuples”, je viens d’aggraver mon cas en employant un pluriel interdit par ledit Conseil constitutionnel. En effet, pour justifier le massacre culturel qu’elle enfante dans les faits, l’institution soutient le curieux raisonnement suivant. 1) Il n’existe en France qu’un seul peuple : le peuple français. 2) Les Basques, les Bretons, les Martiniquais et les autres ne forment donc pas des peuples. 3) En détruisant leurs cultures, on ne détruit en conséquence la culture d’aucun peuple puisque ces peuples n’existent pas. CQFD !Devant tant de mauvaise foi, il m’arrive parfois de perdre mes nerfs et de souhaiter que les homologues des prétendus sages du Palais Royal reprennent cette brillante démonstration au détriment du français au Canada, en Belgique, en Suisse et dans tous les pays de la francophonie. Peut-être alors s’apercevrait-on que nos principes présentés comme “universalistes” ne sont qu’une manière de camoufler une entreprise d’éradication linguistique qui ne dit pas son nom.Et puis je me calme, et j’expose la position qui est véritablement la mienne, celle d’un défenseur de la diversité culturelle. Je commence par souligner que, avec 6 000 langues pour seulement 200 Etats dans le monde, le multilinguisme est la règle et non l’exception. Je continue en insistant sur la différence essentielle entre la notion de “français langue commune” – qui ne pose aucun problème – et celle de français langue unique – synonyme de standardisation et d’appauvrissement culturels. Et je termin en rappelant aux distraits que, depuis sa naissance, la France a toujours été un pays multilingue. Et que cela ne l’a pas empêché d’exister.RETROUVEZ DES VIDÉOS CONSACRÉES AU FRANÇAIS ET AUX LANGUES DE FRANCE SUR ma chaîne YouTubeÀ LIRE AILLEURSCultivons la langue française !Pourquoi dit-on “quatre-vingts” et pas “trois-vingts” ? Pourquoi dit-on “grand-mère” et pas “grande-mère” ? Pourquoi dit-on un “petit [t] ami” et pas un “chat [t] affamé” ? Mon dernier livre, qui vient de paraître, répond à ces questions et à beaucoup d’autres en reprenant de nombreux articles publiés dans cette lettre d’information. Avec un parti pris : montrer que l’on peut s’amuser avec notre langue nationale.Cultivons la langue française !, par Michel Feltin-Palas (Editions Héliopoles).“En français, le masculin fait l’homme, le dominant, il ne ‘fait pas le neutre’”Le 30 octobre, lors de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, Emmanuel Macron avait affirmé que “le masculin [faisait] le neutre”. En réponse, un collectif d’universitaires, de politiques, d’artistes, d’autrices et de militants féministes exprime son désaccord en proclamant : “En français, le masculin fait l’homme, le dominant, il ne ‘fait pas le neutre’.”Connaissez-vous l’infodémie ?Ce nouveau terme désigne la prolifération d’informations souvent trompeuses relatives à un même sujet, notamment sur les réseaux sociaux. Il a pour équivalent anglais “infodemic”. Il est également recommandé d’utiliser “infox” plutôt que “fake news”.Faut-il encourager le “français, langue d’intégration” ?La notion de “langue d’intégration” figure dans le projet de loi “immigration”, qui prévoit notamment d’exiger un niveau certifié de français pour l’obtention d’un titre de séjour longue durée. De nombreuses recherches montrent pourtant les effets pervers de ce dispositif, souligne le sociolinguiste Philippe Blanchet. Selon lui, la réussite de l’intégration passe par d’autres voies, notamment l’emploi, le logement et les relations sociales.Enseignement de l’allemand en France : les vraies causes du déclinEn 1995, plus de 600 000 élèves choisissaient l’allemand comme première langue. Ils n’étaient plus que 147 000 en 2021. Pierre Klein, président de la Fédération Alsace bilingue, analyse ici les raisons de ce déclin.La Guyane veut son académie des langues régionales et autochtonesLa Guyane veut créer une académie des langues régionales et autochtones. Avec pour modèle l’Académie des langues kanak de Nouvelle-Calédonie, dont une délégation vient de se rendre dans la collectivité territoriale amérindienne.Assistez à L’chérémonie d’ermise ed chés Pris ed litérature in picard 2023Le samedi 18 novembre, à 17 heures, aura lieu, à la Comédie de Picardie, à Amiens, L’chérémonie d’ermise ed chés Pris ed litérature in picard 2023. Une cérémonie qui récompensera des auteurs picards. Dont, notamment, Fernand Dendoncker, lauréat du premier prix pour Ein beon matelas, au beon momint ! (Entrée gratuite.)À REGARDERL’incroyable succès des concerts des 50 ans de NadauLe groupe occitan Nadau est largement ignoré des médias parisiens, mais il vient de remplir trois soirs de suite le Zénith de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, à l’occasion de ses 50 ans. Une nouvelle date est déjà prévue en février prochain. Les équipes vidéo du quotidien La République des Pyrénées ont tourné un film sur cet étonnant succès.Festa, par Anne EtchegoyenTel est le titre du nouvel album de la chanteuse basque, qui propose sur cet album des titres populaires placés sous le signe de la fête (“festa”, en basque). Un disque où elle se produit en compagnie d’autres artistes, dont, notamment, le chanteur d’origine catalane Cali.RÉAGISSEZ, DÉBATTEZ ET TROUVEZ PLUS D’INFOS SUR LES LANGUES DE FRANCE SUR la page Facebook dédiée à cette lettre d’information



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Author : Michel Feltin-Palas

Publish date : 2023-11-14 04:49:13

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Assurance-vie ou PER : faut-il vraiment choisir ?

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Les épargnants n’ont pas attendu la création du plan d’épargne retraite (PER), fin 2019, pour épargner dans cette perspective. Ils utilisaient jusque-là massivement l’assurance-vie. “Les deux enveloppes se complètent parfaitement pour préparer sa retraite : il ne faut se priver ni de l’un ni de l’autre”, résume Christophe Decaix, fondateur du cabinet de gestion de patrimoine indépendant 2B Patrimoine.Principal atout de l’assurance-vie : les sommes investies restent disponibles, même s’il est recommandé d’attendre le huitième anniversaire pour bénéficier d’une fiscalité plus douce. A l’inverse, le PER est un placement bloqué jusqu’à la retraite, sauf situation exceptionnelle.La botte secrète du plan d’épargne retraite reste sa fiscalité à l’entrée, puisque les versements sont déductibles de l’impôt sur le revenu dans la limite de certains plafonds. Mais “cet avantage fiscal ne doit pas dicter la stratégie de l’épargnant, estime Christophe Decaix. Il faut au contraire peser les avantages respectifs des deux enveloppes, de la souscription au décès en passant par la récupération de tout ou partie du capital.” Car si les versements sur le PER ouvrent droit à une réduction d’impôt, la fiscalité à la sortie est moins favorable que celle de l’assurance-vie. Lorsque celle-ci s’effectue en capital, et si l’épargnant a bénéficié de l’avantage fiscal à l’entrée, les sommes correspondant aux versements sont taxées au barème de l’impôt sur le revenu, tandis que les plus-values sont soumises au prélèvement forfaitaire unique de 30 %.Des stratégies différentes selon votre âgePour l’assurance-vie, un retrait est composé de capital et d’intérêts, seuls ces derniers étant fiscalisés. Ils peuvent donc en grande partie échapper à l’impôt puisqu’ils bénéficient d’un abattement de 4 600 euros pour un célibataire (9 200 euros pour un couple) si le contrat a plus de huit ans. “La fiscalité à la sortie étant plus favorable sur l’assurance-vie, la logique consiste à réaliser des rachats en priorité sur ce contrat plutôt que sur le PER”, résume Sylvie Rochu, fiscaliste ingénierie patrimoniale chez Milleis Banque Privée. Mais il faut aussi tenir compte des caractéristiques de ces deux produits dans le cadre successoral.”Du côté du PER, la fiscalité lors de la transmission dépend de l’âge du détenteur à son décès. Avant 70 ans, le régime est identique à celui de l’assurance-vie. Au-delà, les sommes sont exonérées à hauteur de 30 500 euros pour l’ensemble des contrats PER et assurance-vie souscrits par l’assuré, puis taxées au barème des droits de succession. “Mais si le conjoint est le bénéficiaire du plan, il est totalement exonéré d’impôt”, souligne Sylvie Rochu. L’avantage fiscal sur les versements, lui, reste acquis.Pour l’assurance-vie, ce n’est pas l’âge au moment du décès qui importe, mais celui du détenteur au moment où il a réalisé les versements. Si les primes ont été versées avant son 70e anniversaire, chaque bénéficiaire bénéficie d’un abattement de 152 500 euros sur le capital décès au moment de la succession. Si elles l’ont été après 70 ans, le capital décès est taxable à hauteur de la valeur des primes moins 30 500 euros, un abattement à partager entre les bénéficiaires (les intérêts étant exonérés). “Il faut vraiment jouer avec les deux enveloppes pour préparer sa succession, recommande Gilles Belloir, directeur général de Placement-direct.fr. Le détenteur d’un PER peut par exemple piocher dans son assurance-vie plutôt que dans son PER pour compléter ses revenus et ne jamais liquider son PER, qui devient alors un excellent outil de transmission entre conjoints.” L’assurance-vie pourra, si elle n’est pas épuisée, venir gratifier un autre bénéficiaire.



Source link : https://www.lexpress.fr/argent/placements/assurance-vie-ou-per-faut-il-vraiment-choisir-5ZRWXCFPTBDUDL5CTT7PGH7AOA/

Author : Agnès Lambert

Publish date : 2023-11-14 04:51:07

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Travail : les surprenants bienfaits de la colère

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“Vous exigez de moi […] que je traite par écrit des moyens de guérir la colère ; et je vous applaudis d’avoir craint particulièrement cette passion, de toutes la plus hideuse et la plus effrénée. […] Pour vous convaincre que l’homme ainsi dominé n’a plus sa raison, observez l’attitude de toute sa personne : […] son visage devient tout de feu ; le sang pressé vers son cœur bout et s’élève avec violence ; ses lèvres tremblent, ses dents se serrent ; ses cheveux se dressent et se hérissent […] Il gémit, il rugit ; ses paroles entrecoupées s’embarrassent ; […] tout son être exhale la menace : hideux et repoussant spectacle de l’homme qui gonfle et décompose son visage. On doute, à cette vue, si un tel vice est plus odieux que difforme. […] Si les autres passions se montrent, la colère éclate.” C’est un impressionnant réquisitoire de Sénèque (De ira, vers 41 après J.-C.), si convaincant pour l’empereur Claude que celui-ci promulgua un édit dans lequel il s’engageait à ne plus s’emporter. Maître Yoda développe : “La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène… à la souffrance.” “Chaque jour depuis des millénaires/Elle revient toujours, la colère/A croire qu’elles sont plusieurs/A nous grignoter le cœur”, fait à son tour remarquer Gaëtan Roussel quand il ne chante pas avec Louise Attaque.Dans l’entreprise, où la bienveillance est vertu cardinale, son opposé, la colère, est un des sept péchés capitaux, tels que le pape Grégoire le Grand les désigna au VIIᵉ siècle. “Ce qui provoque notre colère est moins un stimulus que notre évaluation de ce qui perturbe notre bien-être, voire nos buts et nos valeurs”, rétorque l’agrégée et docteure en philosophie Sophie Galabru (Le Visage de nos colères, Flammarion, 2022).L’antidote au “sois cool et tais-toi”Sophie Galabru marche à sa façon dans les pas d’Aristote et de Kant. Le premier est fasciné par ce modèle absolu des passions, même s’il n’ose l’avouer (De l’âme). Le second s’empresse d’opposer la colère, une émotion, à la haine, qui, selon lui, relève de la passion. Il donne même une très actuelle leçon de management à celui qui reçoit le furieux de Sénèque : “Celui qui vient en colère vous trouver dans votre chambre pour vous dire des gros mots dans son emportement, engagez-le poliment à s’asseoir ; si cela vous réussit, ses injures seront déjà moins violentes, parce que la commodité d’être assis est une absence de tension [musculaire] qui va mal avec les gestes menaçants et les cris.” (Anthropologie, 1798.) Or, pour Sophie Galabru, le “sois cool et tais-toi” est la norme qui a envahi les bureaux. Dans cet univers aseptisé où la fâcherie est non grata, sa fille la colère est interdite. On met en avant les vertus, joie, bienveillance et bien-être, “non comme des réalités humaines à entretenir pour elles-mêmes, mais comme des techniques de domestication des humeurs et des rapports humains favorisant la productivité et effaçant la division”.La philosophe va au bout du raisonnement : la finalité de l’employeur est de “divertir votre colère”. “Il s’agit de la détourner de ses cibles : injonctions incohérentes ou trop rythmées, primes non reçues, augmentation délicatement refusée, congés payés non respectés. Si votre colère parvient malgré tout à s’exprimer, il vous sera expliqué qu’elle nuit à l’esprit d’équipe.” La résilience vient dans un deuxième temps, puis c’est la désincorporation de la colère. Les caractériels qui n’y parviennent pas sont mis au ban.Source d’énergieSelon la philosophe, “ceux qui assument leur colère y sentent une ressource de vitalité contre l’adversité ou l’injustice : la colère est le moteur senti de la défense de soi”. Refuser, s’opposer et le clamer au lieu de se taire et se terrer. Exploser pour une injustice, pour un contrat qui ne se sera pas signé alors qu’une équipe y a mis toute son implication, n’est-ce pas finalement un bienfait ? La colère larvée et inassumée donne lieu à de fausses paix, à des différends qui resurgiront. “C’est dans la colère que nous montrons notre visage. C’est devant la colère d’autrui que nous assumons de le regarder comme différent. La colère ne nous menace pas, mais elle régule nos liens”, ose Sophie Galabru. La colère, source d’une énergie insoupçonnée. Avancer : chercher une formation pour changer de travail, organiser une discussion avec sa direction. Retrouver du sens et se réconcilier avec soi. La conclusion revient au psychanalyste Adam Phillips : “La colère n’existe donc que pour ceux qui sont engagés dans la vie, pour ceux qui ont des projets qui leur importent ; pas pour les indifférents, les insouciants, les déprimés.” (“L’avenir de la colère”, La Colère, Autrement, 1997.)



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/emploi/management/travail-les-surprenants-bienfaits-de-la-colere-Z3OCUNBBFNETPPRATCUSZLYXB4/

Author : Claire Padych

Publish date : 2023-11-14 04:47:16

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Loi immigration : les manœuvres de Darmanin pour réussir son pari

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“Je sais qu’en politique le culot est souvent une qualité, mais tout de même !” La phrase est lâchée dans un sourire teinté de sidération. Ce 8 novembre, Bruno Retailleau s’emporte contre Gérald Darmanin en plein hémicycle. Sénateurs LR et centristes ont trouvé la veille un compromis autour du projet de loi sur l’immigration. L’article 3 sur la régularisation des étrangers exerçant un métier en tension, chiffon rouge de LR, est supprimé au profit d’un article 4 bis plus sévère. Mais le “service après-vente” de cet accord cristallise les tensions. Tout le monde crie victoire. Le ministre de l’Intérieur brandit l’existence d’une accroche législative longtemps refusée par la droite, le sénateur salue un durcissement du droit existant. Celui qui a cédé, c’est évidemment l’autre !Personne ne ment… ni ne dit toute la vérité. En minimisant ses propres renoncements, chacun veille à ses intérêts. Gérald Darmanin sait où se trouve le sien. Le ministre de l’Intérieur a besoin qu’un texte musclé soit adopté au Sénat, afin de tordre le bras aux députés Les Républicains, indispensables pour obtenir une majorité à l’Assemblée. Ce sera chose faite ce mardi 14 novembre à 14h30. Il doit en parallèle rassurer sa majorité, qui tient aux grands équilibres du projet initial. Faire des concessions, mais sauvegarder les apparences. “Le Sénat, ce n’était que le match aller. Le match retour va être dur pour Darmanin”, glisse un ministre.Relations cordiales avec RetailleauCe match aller, Gérald Darmanin l’a joué (presque) à domicile. Droite et centristes sont majoritaires au Sénat. Ils n’ont jamais souhaité rejeter le texte, soucieux de leur influence dans la fabrique de la loi. Le ministre de l’Intérieur entretient des relations cordiales avec Bruno Retailleau. Les deux hommes échangent à intervalles réguliers. Il est même arrivé au locataire de Beauvau de décrocher son téléphone après un tweet salé du Vendéen. Avec Hervé Marseille, patron du groupe centriste, c’est encore plus simple. Le président de l’UDI était à Tourcoing lors de la rentrée politique de Gérald Darmanin.Il y a bien ce satané article 3, objet de frictions au sein de la majorité sénatoriale. Bruno Retailleau n’en veut pas, Hervé Marseille tient à une disposition législative. Mais les divergences idéologiques entre les deux hommes sont trop faibles et leurs intérêts convergent trop pour qu’un accord n’aboutisse pas. Il s’esquisse le lundi 6 novembre lors d’un dîner avec Gérard Larcher et se conclut le lendemain. Le patron de la Commission des Lois François-Noël Buffet écrit le traité de paix.Réparer une “scoliose politique”Gérald Darmanin peut souffler. Tant pis si sa disposition est dévitalisée : le titre n’est plus accordé de plein droit, mais relève du pouvoir discrétionnaire du préfet. Notre homme n’était pas prêt à mourir pour l’article 3 dans sa version initiale. Le ministre de l’Intérieur attendait simplement l’examen du texte en séance pour l’enterrer sans fleurs ni couronnes, ou au moins pour lâcher du lest. Quand on joue au poker menteur, on dévoile ses cartes au dernier moment. Et qu’importe si l’affaire laissera des traces entre sénateurs LR et centristes. Cette vaisselle cassée, ce n’est pas la sienne.Au Sénat, Gérald Darmanin est ambivalent. Il est présent dans l’Hémicycle, appelle individuellement des élus LR et multiplie les prises de parole à rallonge pour justifier chaque détail de son texte. Mais c’est pour mieux laisser les clefs du camion à LR. Vote de quotas par le Parlement, resserrement des conditions du regroupement familial… Le ministre adoube les tours de vis de la droite sénatoriale. Lors d’un échange avec les députés de l’aile droite de Renaissance, il rappelait il y a quelques semaines l’attente d’autorité de l’électorat macroniste et le besoin de réparer une “scoliose politique” en vue de 2027.La guerre menée par l’ancien maire de Tourcoing est faite d’injonctions contradictoires. L’ambiguïté – faux jumeau du cynisme – est une arme efficace. Comme sur la transformation de l’aide médicale d’Etat (AME) en Aide médicale d’urgence (AMU). Le gouvernement a émis un avis de sagesse sur la disposition votée par la droite sénatoriale afin de ne pas “braquer” la chambre haute. Gérald Darmanin juge pourtant que cette disposition est un cavalier législatif – un article sans rapport avec la loi et donc inconstitutionnel – mais légitime le débat sur la prise en charge sanitaire des clandestins. “Des questions peuvent se poser, mais cela relève d’un projet de loi de finances”, juge-t-on à Beauvau. Ici, une concession idéologique à la droite. Là, le droit érigé en bouclier pour préserver la majorité.LR dans le viseurPlace à l’Assemblée, où le projet sera examiné à partir du 11 décembre. Le ministre de l’Intérieur s’apprête à y livrer une guerre des nerfs avec le patron des députés LR Olivier Marleix. L’élu d’Eure-et-Loir, anti-macroniste notoire, nourrit une aversion pour l’ancien sarkozyste. Il refuse tout rendez-vous avec lui et appelle ses troupes à garder leur distance. Il raille en privé les tentatives de Gérald Darmanin de séduire les élus LR, résumées à des “promesses de casernes de gendarmerie” en circonscription. Dans une note interne adressée à ses troupes, il étrille un texte “de gauche” et en éreinte presque chaque article. “Marleix est dans une croisade personnelle, note un conseiller de l’exécutif. Il ne votera jamais la loi. Mais a-t-il avec lui 30 députés LR ou 50 ? S’il n’en a que 30, c’est très bien. S’il en a 50, c’est plus ennuyeux.”Gérald Darmanin compte enjamber son adversaire et piocher dans son groupe une vingtaine de voix décisives. Ses armes : les sondages favorables au projet de loi et sa connaissance des élus LR. Il échange avec eux, même les opposants irréductibles. Lors d’un examen du budget sécurité en commission des lois, le député de Belfort Ian Boucard – qui a voté une motion de censure contre le gouvernement Borne – critique vertement le ministre avant de s’éclipser pour un vote dans l’hémicycle. Il reçoit aussitôt un SMS du ministre : “Ce serait bien que tu reviennes ! Je vais te répondre.” A droite, le cas Darmanin est une donnée décisive de l’équation. Ces relations suivies avec des élus LR masquent mal la haine que lui vouent d’autres depuis sa “trahison” de 2017. Un dirigeant s’étouffe : “Veut-on l’aider, lui qui nous crache dessus alors que nous l’avons nourri ?”Gérald Darmanin aime rappeler que “la température de l’eau a changé” sur ce texte, tant il a été durci. Mais à quel prix ? Le locataire de Beauvau doit composer avec sa majorité, qui ne compte pas avaler sans broncher la copie du Sénat. Le président de la Commission des Lois Sacha Houlié promet de rétablir le texte initial de l’exécutif, y compris sur son volet régularisation. L’aile gauche a perdu des plumes depuis le premier quinquennat, mais chaque voix est précieuse sous majorité relative. Un cadre Renaissance s’interroge : “Quelle est sa stratégie pour que ce texte passe ? Comment penser qu’un texte à droite toute comme ça peut recueillir le vote de la majorité à l’Assemblée ?”L’optimisme de DarmaninPar petites touches, cette stratégie s’esquisse. La carte “cavalier législatif” va être brandie pour revenir sur des dispositions sénatoriales relatives au droit de la nationalité, aux mineurs isolés et surtout l’AME, qui fracture Renaissance. Le ministre compte sur le soutien du groupe Liot, dont l’un des membres sera co-rapporteur du texte. Les autres rapporteurs, à commencer par l’ancien socialiste Florent Boudié, doivent représenter toutes les composantes de la majorité.LR est souvent qualifié de groupe “pivot” à l’Assemblée. Le groupe Renaissance sera cette fois faiseur de roi. Hétéroclite, il peut bâtir des majorités de circonstance avec la gauche ou la droite sur ce texte. La réussite de Gérald Darmanin sera indexée sur l’ampleur de sa réécriture. Assez pour rassurer la majorité, point trop pouravoir la droite à ses côtés : du travail de dentelle. Bienheureux qui peut prévoir l’étendue de ce remodelage. Pour l’heure, chacun jure être au barycentre du macronisme. Sacha Houlié assure en privé être représentatif de son groupe, quand l’aile droite de Renaissance raille ses “positions personnelles”.Peut-être Gérald Darmanin est-il un adepte de la méthode Coué. L’homme affiche en privé son optimisme sur l’adoption du texte sans 49.3. Le ministre a besoin d’une victoire politique pour démontrer sa capacité de rassemblement… contrairement à Elisabeth Borne, obligée de passer en force pour sa réforme des retraites. Au sein de l’exécutif, on juge surtout que la France a besoin d’un texte sur l’immigration avant 2027. Un membre du gouvernement résume : “Si on n’arrive pas à faire adopter un texte efficace sur le sujet, on constatera notre échec dans quatre ans face au RN.” L’avenir de Gérald Darmanin sera alors un sujet bien dérisoire.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/loi-immigration-pour-darmanin-jusquici-tout-va-bien-mais-N6QYWMZKOJAV3FMGX45SND7JM4/

Author : Paul Chaulet

Publish date : 2023-11-14 04:19:28

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Conférence humanitaire de Paris : quels sont les besoins pour Gaza ?

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Au bout d’un peu plus d’un mois de guerre, tout manque à Gaza : l’eau, la nourriture, les médicaments, l’essence… Et l’aide humanitaire acheminée depuis le point de passage de Rafah, à la frontière égyptienne, ne suffit pas tant elle n’est distribuée qu’au compte-gouttes entre les bombardements incessants d’Israël.C’est pour tenter de débloquer de l’aide vers Gaza que la France accueille ce jeudi 9 novembre, à l’initiative de son président Emmanuel Macron, une “conférence humanitaire”. Le gouvernement israélien ne sera pas représenté à cette conférence organisée à l’Elysée, mais le chef de l’Etat français s’est entretenu mardi avec le Premier ministre Benyamin Netanyahou et lui reparlera après, selon la présidence française. Emmanuel Macron a également eu mardi des conversations téléphoniques avec le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, dont les pays jouent un rôle clef pour améliorer l’acheminement de l’aide dans la bande de Gaza, où s’entassent 2,4 millions de Palestiniens. Mais les pays arabes ne seront, a priori, pas représentés au plus haut niveau.L’Autorité palestinienne sera représentée par son Premier ministre et l’Egypte, qui contrôle à Rafah le seul point de passage vers Gaza qui ne soit pas tenu par Israël, enverra une délégation ministérielle. La conférence sera en revanche suivie de près par les organisations humanitaires, qui dénoncent sans relâche l’insuffisance des accès et l’impossibilité d’apporter de l’aide tant que se poursuivent les bombardements sur Gaza.Besoin d’1,2 milliards de dollars d’aideTreize ONG ont ainsi appelé mercredi à un “cessez-le-feu immédiat”, réclamant de “garantir l’entrée de l’aide à Gaza et le respect du droit international humanitaire”. Au total, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies estime à 1,2 milliard de dollars le montant nécessaire pour venir en aide aux civils d’ici fin 2023. Ces besoins concernent de très nombreux domaines.Graphique montrant les fonds estimés nécessaires par l’agence humanitaire de l’Onu pour certains besoins de la population dans la bande de GazaAu moins 284 millions seraient nécessaires pour atteindre une sécurité alimentaire selon l’ONU, 210 millions pour rétablir les besoins dans les hôpitaux, notamment en médicaments, et 140 millions pour donner un accès à l’eau et assurer un minimum d’hygiène aux Gazaouis.D’après le ministère français des Affaires étrangères français, les discussions du sommet de Paris comporteront ainsi un volet sur l’aide en matière d’alimentation, d’équipements médicaux et d’énergie, “une question compliquée car Israël ne veut pas que de l’essence rentre dans la bande de Gaza”.Un second volet est prévu sur les promesses de dons ainsi qu’un “échange sur les accès humanitaires” au territoire, toujours extrêmement compliqués.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/conference-humanitaire-de-paris-quels-sont-les-besoins-pour-gaza-3IJHZAFQLVGVVKXMP6QK3Y7QKI/

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Publish date : 2023-11-09 14:17:11

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L’ombre de Jean-Marie Le Pen sur le RN, le jeu de Darmanin avec les sénateurs LR

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Ce second quinquennat à nul autre pareil est loin d’être terminé, pourtant, 2027 et sa cohorte de candidats putatifs s’avancent déjà. En coulisses, les uns apprennent à esquiver les croche-pattes, les autres se familiarisent avec l’art du complot, bref, tout le monde prépare l’après-Emmanuel Macron avec rigueur et détermination. Le service politique de L’Express propose de vous aider à suivre, grâce à un rendez-vous hebdomadaire sur notre site Internet, les progrès de ces ambitieux qui espèrent gravir, vite et sans se blesser, les marches du pouvoir.RN : le tournant de Saint-DenisAlors que la présence du Rassemblement national à la manifestation contre l’antisémitisme organisée dimanche 12 novembre suscite la polémique et perturbe les esprits, un ministre relève : “La gauche a accepté de s’asseoir autour de la table avec Jordan Bardella quand Emmanuel Macron a convié les chefs de parti à Saint-Denis fin août, le vrai tournant est là. C’eût été encore inimaginable il y a peu.”Le RN n’en a pas fini avec Jean-Marie Le PenJean-Marie Le Pen, antisémite ? Pas de l’avis de Jordan Bardella, qui a assuré, dimanche 5 novembre, au micro de BFMTV, que le président historique du parti d’extrême droite ne l’était pas. Tout de suite, les membres du RN ont été sommés de faire bloc et d’aller répéter la formule sur les plateaux de télévision : “Il y a eu des ambiguïtés, mais Jean-Marie Le Pen n’était pas antisémite.” La députée du Loiret Mathilde Paris a néanmoins craqué, assurant qu’elle estimait “à titre personnel” que l’ancien président de son parti (qui a fait l’objet de multiples condamnations pour ses propos sur la “fournée” ou les chambres à gaz, “détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale”) était bien antisémite. “Je ne comprends pas pourquoi Bardella s’est embarqué là-dedans, alors que Marine Le Pen elle-même a exclu son père pour cette raison, s’interroge un ancien compagnon de route. Juste avant de participer à la marche contre l’antisémitisme, ils remettent une pièce dans la machine… Quel sens du timing, vraiment.”IVG dans la Constitution : les réserves de Bas sur MacronPhilippe Bas n’est pas content. Le sénateur LR de la Manche a ouvert la voie en février à l’inscription de l’IVG dans la Constitution. En substituant la protection d’une “liberté” à celle d’un “droit” – terme retenu par l’Assemblée nationale lors d’un précédent vote, cet ancien collaborateur de Simone Veil a esquissé un compromis entre les deux chambres, qui doivent voter un texte en termes identiques pour permettre la modification de la Loi fondamentale. Emmanuel Macron semble donner raison au sénateur. “La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme, qui lui est garantie, d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse” : c’est la formulation que le président souhaite officiellement ajouter à l’article 34 de la Constitution. Oui mais voilà. Cette référence à une “garantie” agace Philippe Bas. “Cette rédaction est ambiguë et relève du ‘en même temps’. Garanti par qui ? Comment ? Cette incise est purement politique. Si on veut lui donner une portée juridique, elle m’inquiète. Ce flou est inquiétant. Il ne faudrait pas que l’on tire vers un droit absolu, ce qui est une liberté conditionnée par le législateur et ayant ses propres limites.” L’IVG dans la Constitution, ce n’est pas encore fait.Le jeu de DarmaninPuisqu’on vous dit que Gérald Darmanin veut être constructif avec les sénateurs LR sur son projet de loi “immigration” ! Ces derniers ont voté un amendement transformant l’aide médicale de l’Etat (réservée aux sans-papiers) en aide médicale d’urgence. Le ministre de l’Intérieur a publiquement dit qu’il soutenait cette modification… alors qu’il considère en privé qu’elle constitue un cavalier législatif (hors sujet par rapport à l’objet du texte gouvernemental) et serait censurée à ce titre par le Conseil constitutionnel. Le gouvernement a fini par donner un avis de sagesse lors du vote au Sénat, en attendant l’examen du texte à l’Assemblée nationale.La leçon de loyauté de Hortefeux à GarridoPeu importent les excès, peu importent les défaillances du chef, la fidélité est, aux yeux de Brice Hortefeux, l’ami de toujours de Nicolas Sarkozy, la plus cardinale des vertus. Le député européen, pourtant peu soupçonnable de mélenchonisme aigu, juge avec sévérité le comportement de la députée LFI Raquel Garrido, mise en retrait du groupe à l’Assemblée après avoir multiplié les critiques à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon, notamment. “C’est tout ce que je déteste, vitupère-t-il. Elle doit tout à Mélenchon et elle le dézingue. Elle a raison d’être en désaccord avec lui, mais on n’est pas obligé de se ruer sous un spot pour exprimer ses divergences.”



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Publish date : 2023-11-09 15:37:01

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Danny Trom : “Si Israël n’élimine pas le Hamas, le prochain round risque d’être pire”

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Son dernier livre, L’Etat de l’exil. Les juifs, l’Europe, Israël, paru cette année au PUF, retrace l’histoire du sionisme et montre comment l’Etat hébreu, au-delà de ses contradictions, s’est défini comme un “Etat refuge” pour les juifs du monde entier. La France sans les juifs s’alarmait, en 2019, du départ massif de juifs français dû à la montée du sentiment d’insécurité. Difficile de ne pas songer à ces deux ouvrages essentiels de Danny Trom pour éclairer l’actualité tant au Proche-Orient qu’en France.Dans un grand entretien accordé à L’Express, le sociologue, directeur de recherche au CNRS et rédacteur en chef adjoint de la revue K., analyse le choc historique qu’a représenté pour les juifs l’attaque du Hamas du 7 octobre. Il évoque le désarroi des progressistes israéliens, qui se sentent aujourd’hui abandonnés par une partie de la gauche occidentale, explique le consensus en Israël sur la volonté d’éliminer le Hamas, et répond aux accusations de “génocide” portées contre l’Etat hébreu. Mais Danny Trom s’inquiète aussi du climat actuel en France. “Il y a une grande peur chez les juifs de France, qui rasent les murs”, avertit-il, observant que “ce n’est qu’avec les juifs qu’on atteint un niveau maximal de dissémination des passions politiques”.L’Express : Dans L’Etat de l’exil, vous montrez qu’Israël s’est historiquement construit comme un “Etat refuge” pour les juifs du monde entier, leur offrant une garantie de sécurité. De ce point de vue-là, mesurons-nous assez, en France, le choc qu’a représenté l’attaque du 7 octobre ?Danny Trom : Un pogrom s’est déroulé le 7 octobre sur le sol de l’Etat d’Israël. Jusqu’à présent, un fait de cette nature semblait impossible. Parce que l’Etat d’Israël s’est lui-même défini – et a été ainsi perçu par les juifs du monde entier – comme un lieu duquel la violence antijuive était exclue. En cela, la naissance de cet Etat a représenté une césure dans l’histoire des juifs. Il devait empêcher tout “pogrom”, ce mot russe qui est une métaphore de la violence antijuive, c’est-à-dire une violence émanant spontanément d’une population et plus ou moins suscitée ou tolérée par des autorités politiques. Les juifs du monde entier, qu’ils soient sionistes ou non, qu’ils aient de la sympathie ou non pour Israël, savent qu’il y a un lieu où ils peuvent aller en cas de nécessité. Mais ce fondement de l’Etat d’Israël vient d’être démenti. C’est un choc pour les Israéliens, comme pour les juifs de par le monde. Le 7 octobre a fait sauter une barrière physique de protection, mais aussi une barrière psychique.Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe s’est édifiée sur la promesse qu’un tel génocide ne se reproduirait pas, puis vint la création de l’Etat d’Israël. Cela a placé les juifs dans un équilibre homéostatique : ils étaient rassurés par les garanties politico-juridiques en Europe, mais la confiance n’était pas totalement restaurable après la Shoah, de sorte que la protection asilaire offerte par l’Etat d’Israël venait pallier leur angoisse. C’est précisément cet équilibre qui a été brutalement rompu en cette journée du 7 octobre.Une passion exterminatrice contre les juifs est de retourCette attaque du Hamas ne peut-elle donc pas être comparée à la guerre du Kippour, en 1973 ?C’est totalement incomparable. En 1973, il s’agissait d’une guerre conventionnelle, entre armées. C’était un conflit procédant d’une volonté de revanche d’Etats arabes après la défaite de 1967. Et les limites du territoire souverain de l’Etat d’Israël n’ont pas été franchies.Certes, 1973 a été bien plus dangereuse pour la survie d’Israël, mais l’Etat a démontré qu’il était capable de se maintenir dans ses rapports avec ses voisins. Ce qui s’est passé le 7 octobre, c’est l’expression d’une volonté de destruction non seulement d’Israël, mais aussi de sa population. L’agression visait toute une société, tous les juifs, un à un, d’où le caractère exterminateur de l’assaut. Les commandos du Hamas ont tué tout le monde, sans distinction entre hommes, femmes, enfants et nourrissons, s’acharnant sur des corps mutilés et violés. C’est l’expression d’une violence illimitée, alors que les guerres interétatiques excluent par principe les civils. Si ces commandos avaient disposé de moyens supplémentaires, ils auraient commis un pogrom à l’échelle de toute la population, autrement dit un génocide.C’est pourquoi la bonne grille de lecture de cet événement est non pas celle de la guerre, mais celle d’une passion exterminatrice qui est de retour, par un croisement entre l’islamisme radical et un antisémitisme de facture européenne importé. La stratégie du Hamas, et celle de l’Iran et de ses alliés, n’est possible que parce que la Shoah a eu lieu. La Shoah a ouvert la possibilité de fantasmer la mort définitive des juifs. D’où, d’ailleurs, l’actuel travail de retournement de l’accusation génocidaire dès lors qu’Israël réplique contre le Hamas. J’étais à Londres au moment de la manifestation propalestinienne qui a réuni 100 000 personnes. Les deux grands slogans étaient “Free Palestine” et “Stop genocide”. “Free Palestine”, ça veut dire “libérer la Palestine des juifs”, comme ils le précisent, “de la mer au fleuve Jourdain”, et donc détruire l’Etat d’Israël. Et le “génocide”, c’est ce que souhaitent faire ceux-là mêmes qui veulent libérer la Palestine. Cette accusation de “génocide” portée contre Israël est un retournement pervers puisque le désir génocidaire est justement du côté du Hamas et de ses soutiens. On accuse stratégiquement les Israéliens d’être les héritiers des nazis, en sachant que c’est à la fois une façon de délégitimer l’Etat d’Israël et de soulager les Européens qui sont solidaires avec le Hamas, en les libérant d’une culpabilité historique. En retournant cette accusation de génocide contre les juifs, ils laissent entendre que les juifs ont subi un génocide mérité, ce qui dévoile leurs propres propensions génocidaires.Dans cette polarisation, toutes les voix palestiniennes favorables à une solution à deux Etats sont hélas étouffées. Les manifestations propalestiniennes sont, de facto, devenues des manifestations pro-Hamas du fait de leurs slogans. Tous ceux qui défendent réellement la cause palestinienne sont marginalisés. Avec cette séquence, le Hamas est parvenu à préempter cette cause tout en la discréditant. Car le 7 octobre marque aussi un recul dramatique pour la cause palestinienne, d’une ampleur qu’aucun gouvernement israélien, aussi à droite qu’il puisse être, n’aurait pu rêver.Selon l’étude la plus récente du Baromètre arabe, moins de 1Gazaoui sur 3 soutenait le Hamas avant le 7 octobre, tandis que 73 % d’entre eux se disaient favorables à une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien. Or les ripostes israéliennes sur Gaza ne vont que ressouder la population autour de ce parti islamiste…La dernière élection à Gaza date de 2006 et a été remportée par le Hamas, avant son coup d’Etat. Celui-ci a immédiatement été suivi par la liquidation des opposants, avec des responsables du Fatah, le parti concurrent, qui ont été jetés des toits.Depuis, l’Autorité palestinienne n’a pas organisé de nouvelles élections, car il y avait la crainte que le Hamas n’y prenne également le pouvoir. L’Autorité palestinienne est sur le plan de la sécurité alliée à Israël, afin d’éviter que le Hamas ne la renverse, tout en étant discréditée pour cela aux yeux de sa population. Après Oslo, un pôle pacifique du Fatah s’était engagé dans la voie de la construction d’un Etat palestinien, mais il a été contrebalancé par un pôle négatif mené par le Hamas, qui met toute son énergie au service de la destruction d’Israël. Les responsabilités sont partagées, car les gouvernements israéliens récents étaient eux aussi hostiles à la construction d’un Etat palestinien, mais c’est sans doute la violence du Hamas, ses attentats suicides, qui a le plus efficacement saboté le processus d’Oslo. Malgré l’opposition de la droite israélienne, s’était dégagée une majorité nette en Israël pour tenter la voie d’Oslo.Mais le 7 octobre a augmenté, dans des proportions invraisemblables, l’anxiété des Israéliens au sujet d’un Etat palestinien à côté de l’Etat d’Israël, du fait du risque islamiste. Cette anxiété touche à présent toute la société israélienne, y compris les personnes de gauche jusque-là favorables aux deux Etats, c’est-à-dire les libéraux qui s’étaient mobilisés sans relâche contre le gouvernement Netanyahou. C’est là tout le problème. La paix suppose qu’existe un Etat palestinien, mais c’est un risque et un pari qui suppose la confiance.Aujourd’hui, l’élimination du Hamas, à gauche comme à droite, est perçue comme la condition indispensable pour en arriver à une nouvelle donne dans l’après-guerre. En Israël, éliminer cet acteur politico-militaire est devenu un objectif consensuel. L’offensive contre le Hamas, avec le risque de pertes civiles, est souvent présentée dans la presse française et européenne comme une vengeance d’Israël. Je ne dis pas que des individus dans ce pays n’éprouvent pas un désir de vengeance, d’ailleurs naturel. Mais cela ne s’est pas traduit politiquement. En Israël prédominent deux objectifs : punir les criminels, ce qui est une affaire de justice, et surtout la nécessité de s’assurer que le 7 octobre ne puisse pas se reproduire. Cela revient à rétablir la dissuasion dans un contexte où des acteurs régionaux rêvent de faire comme le Hamas. Si Israël, après ce qui vient de se produire, ne détruit pas le Hamas, il laissera penser que c’est réitérable. S’il ne rétablit pas sa crédibilité militaire face à une menace globale (Hezbollah, Iran, Irak…), le prochain round risque d’être pire. D’où le sentiment en Israël qu’éliminer le Hamas est un objectif existentiel.Israël est face à un terrible dilemme : renoncer à la guerre ou mener une guerre qui ne peut être que saleMais Israël n’est-il pas en train de perdre lourdement la bataille de l’image, avec des morts civils qui s’accumulent à Gaza ?Dès le 8 octobre, on a écrit dans la revue K., les juifs, l’Europe, le XXIᵉ siècle, qu’il y aurait une étroite fenêtre avant que les opinions publiques ne se retournent contre Israël. Tous ceux qui ont observé les cycles précédents l’ont anticipé. Et, du côté israélien, il y a eu la reconnaissance générale d’une erreur quant à la gestion de Gaza. C’est pourquoi la réaction d’Israël se laissera moins tempérer qu’auparavant, malgré le coup porté à son image. Jusque-là, le statu quo arrangeait la politique israélienne, en faisant entrer des pétrodollars venus du Qatar pour que les Gazaouis vivent de façon à peu près décente. Ils se disaient que le Hamas allait s’adoucir dans cette routine et avec ses responsabilités gouvernementales. Or le Hamas a concentré toutes les ressources mises à sa disposition non pas pour construire un proto-Etat et œuvrer à la prospérité de la population mais pour frapper Israël, tout en maintenant à l’intérieur une dictature islamiste interdisant toute expression divergente et imposant la charia.Aujourd’hui, Israël se retrouve entraîné dans un piège. Il doit mener une offensive militaire contre le Hamas en causant des dommages énormes dans la population civile à Gaza. Avec une asymétrie qu’on ne relève pas assez ici en France. La stratégie du Hamas vise à exposer ses “martyrs” au monde entier. Il conçoit sa population non pas comme étant des citoyens d’une entité gazaouie, mais comme une masse sacrifiable. Tout est fait pour exposer la population au danger, en refusant les conseils d’évacuation de l’armée israélienne, en plaçant des installations militaires à proximité des hôpitaux, des écoles et des infrastructures civiles. En refusant aussi d’obtenir une trêve en échange des otages. Israël est face à un terrible dilemme : renoncer à la guerre ou mener une guerre qui ne peut être que sale. Israël a intérêt à être le plus prudent possible, sachant que la partie adverse n’a aucun égard pour la vie des Gazaouis. Le Hamas espère ainsi renverser le rapport de force, en bénéficiant de la solidarité du monde arabe ou musulman et pour finir de celle des sociétés occidentales, car nous ne supportons pas – à juste titre – les scènes d’enfants morts qu’on sort des ruines causées par les bombardements. Mais soyons clairs : d’un côté, on glorifie le fait d’avoir touché des populations civiles israéliennes. De l’autre, on essaie de minimiser, assez ou pas, c’est une question qui se pose, les pertes civiles, hélas trop nombreuses, mais que l’on déplore. Dans cette bataille médiatique, comme on l’a constaté avec l’épisode de l’hôpital de Gaza, les médias occidentaux accordent autant de crédibilité aux déclarations de l’armée israélienne qu’à celles du Hamas. Or, s’il y a bien sûr une propagande israélienne, celle-ci n’a rien à voir avec celle du Hamas, qui a fait du mensonge une tactique assumée. Le problème, pour l’armée israélienne, c’est qu’elle doit mener son opération lentement, par souci de prudence, tout en sachant que le temps médiatique joue contre elle.C’est la gauche israélienne, massivement opposée à Benyamin Netanyahou, qui a été le plus lourdement frappée par le Hamas dans les kibboutz du sud du pays. Par ailleurs, les progressistes israéliens réalisent qu’une partie de la gauche occidentale les a complètement abandonnés…Il faut d’abord rappeler que les communautés frappées le 7 octobre par le Hamas se situaient à l’intérieur des frontières légales d’Israël, sur des territoires alloués par le plan de partage de 1947. Cette terre désertique, celle du Néguev, est parsemée de kibboutz autour de la bande de Gaza. Le Hamas s’en est ainsi pris à la partie de la population la plus opposée au gouvernement actuel et à la colonisation en Cisjordanie. Les jeunes touchés dans le Bataclan du désert faisaient partie de la jeunesse qui était vent debout contre la réforme judiciaire de Netanyahou. Cela montre bien que la volonté de destruction du Hamas est globale. Il ne fait aucune distinction, comme l’avaient depuis longtemps montré les missiles ciblant les civils de manière indiscriminée. Le 7 octobre n’a fait que révéler la nature profonde du Hamas et du projet politique qu’il incarne.Pour le Hamas, tout Israël est un Etat colonial depuis 1948, puisqu’il n’établit aucune distinction entre les frontières légitimes et les territoires occupés après 1967. Mais le fait qu’une certaine gauche occidentale ait endossé la rhétorique du Hamas a représenté une rupture pour la gauche israélienne. Elle s’est sentie abandonnée, lâchée par ceux-là mêmes qu’elle pensait être ses amis. Tout d’un coup, ses meilleurs alliés se sont révélés être des ennemis. [La sociologue israélienne] Eva Illouz l’a bien raconté dans un entretien accordé au Monde. Pour ma part, j’ai des témoignages innombrables de personnes à gauche en Israël qui disent en substance : “Mais enfin, je voulais comme vous une solution à deux Etats. Pourquoi êtes-vous incapables de voir ce qu’il s’est passé le 7 octobre ?”En Israël, la gauche de gouvernement, dans l’opposition, mais dont une partie a rejoint le cabinet de sécurité, avait sévèrement critiqué la politique de cette coalition qui allie pour l’essentiel droite et extrême droite. Et les manifestants antigouvernementaux n’ont jamais poussé la critique jusqu’à adopter des positions qui pouvaient confiner à des arguments antisionistes, comme la dénonciation d’un supposé “apartheid” en Israël, délégitimant ainsi la nature même du projet sioniste. Tout au contraire, ils sont parvenus à se réapproprier le drapeau national en se posant en héritiers du projet sioniste éclairé, authentique. En revanche, au sein des universités israéliennes, une espèce de jet-set gauchiste, très liée aux universités américaines, a jeté de l’huile sur le feu, en critiquant non pas la droite israélienne, mais les fondements de l’Etat d’Israël. Cette gauche-là se réveille aujourd’hui avec l’ennemi dans son lit. Beaucoup s’en mordent les doigts. Même au sein de la gauche radicale américaine, on constate que des personnalités, souvent juives, ont changé de discours. [La philosophe américaine] Judith Butler a condamné le Hamas, qu’elle défendait auparavant. Bernie Sanders, le ténor de la gauche démocrate parlementaire aux Etats-Unis, s’est opposé à un cessez-le-feu, en déclarant qu’Israël avait le droit de se défendre sans se lier les mains.La gauche française va se fracasser sur la question des juifsDans La France sans les juifs, vous aviez averti en 2019 sur le fait que notre pays se vidait peu à peu de sa population juive, tentée par l’alya. Le climat actuel, très tendu, va-t-il accélérer ce processus ?Oui. Le 7 octobre, les chancelleries occidentales ont quand même pris la mesure de l’événement, y compris en France, malgré sa tradition gaulliste de diplomatie dite “équilibrée”. Mais cela ne peut pas tenir sur le long terme. Le gouvernement va devoir s’aligner sur une position plus neutre. Pour les autorités, il va être très difficile de séparer un jugement sur le conflit entre Israël et le Hamas de celui sur le climat intérieur en France. Dans La France sans les juifs, j’expliquais qu’il y a un terreau qu’on a trop tendance à résumer à ses composantes islamistes, mais qui comprend une sensibilité politique bien plus large défavorable à l’Etat d’Israël, à son existence même. Des populations se sont socialisées dans un environnement hostile à Israël comme aux juifs, considérés comme étant trop protégés et avantagés. C’est le fameux “deux poids, deux mesures”. Israël serait privilégié, de la même manière que les juifs le sont. C’est là que se fait une des jonctions entre antisionisme et antisémitisme.Aujourd’hui, il y a une grande peur chez les juifs de France, qui rasent les murs. Des consignes ont été données pour cacher les signes religieux, kippas ou simples étoiles de David autour du cou. Les enfants juifs qui se rendent à l’école sont harcelés et insultés. C’est un climat très inquiétant. Et les autorités, avec la meilleure volonté, ne peuvent rien faire contre ça, car cela procède d’une déficience dans la régulation sociale qui s’est instaurée depuis longtemps en France. Ce sont des choses qui relèvent non pas de la police, mais de l’éducation et de la citoyenneté. Or, à regarder les prises de position à gauche de l’échiquier politique, surtout celle qui est la plus militante, celle la plus en prise aussi avec les populations perméables à un antisionisme alimenté par un antisémitisme latent, on peut douter que le climat s’apaise. Et plus le climat se détériorera au Moyen-Orient, plus il se détériorera aussi en France.Jean-Luc Mélenchon jette-t-il de l’huile sur le feu ? Il a encore critiqué la marche contre l’antisémitisme prévue dimanche 12 novembre, la qualifiant de “rendez-vous [des] amis du soutien inconditionnel au massacre”…A l’évidence, Mélenchon joue la carte de l’expression politique d’un antisionisme qui se mêle à l’antisémitisme. Il espère capitaliser sur un électorat composé de bobos des centres-villes, à qui il offre un sentiment de supériorité morale, et de populations issues de l’immigration. Alors qu’il ne fait pas de doute que la gauche va se fracasser sur la question des juifs. Et qu’elle n’a aucune chance de se reconstruire tant que son porte-parole le plus sonore pensera pouvoir surfer sur cette vague antisémite, voire l’alimenter.On retiendra donc que l’alliance à gauche a éclaté sur la question des juifs, alors même que la guerre en Ukraine n’avait pas suscité de tels clivages ?Cet été, au moment de l’”affaire Médine”, on a écrit dans la revue K. que la gauche soit s’unirait contre les juifs, soit se fracasserait sur cette question. C’est cette deuxième option qui est en train de se passer… Après la Shoah, l’Europe de l’après-guerre a dû faire un retour sur elle-même. La Shoah a été un moment cathartique, rendu possible uniquement parce que la construction d’une Europe chrétienne, son identité même, depuis le Moyen Age, s’était articulée sur un sentiment d’hostilité à l’égard des juifs, comme l’a bien montré l’historien David Nirenberg. Or, comme l’Europe s’est mondialisée avec la colonisation, toute hostilité à l’égard de l’Occident charrie avec elle le “problème juif” que l’Europe a sécrété. La guerre en Ukraine a provoqué des clivages. Mais c’est sans équivalent dès lors qu’il s’agit des juifs. Quand il en va des juifs, qui plus est de juifs dotés d’un Etat souverain, le problème devient immédiatement mondial. Si les Palestiniens avaient été opprimés ailleurs, par d’autres, les indignations auraient été bien moindres. Qui s’inquiète réellement du sort des Ouïgours en Chine, des Rohingya en Birmanie ou des populations du Darfour ? Nos rues restent silencieuses. Ce n’est qu’avec les juifs qu’on atteint un niveau maximal de dissémination des passions politiques.



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Author : Thomas Mahler

Publish date : 2023-11-09 16:40:00

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Emploi : le salaire, première motivation des cadres pour changer d’entreprise

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Il est loin le temps où l’on lisait sur toutes les lèvres le fameux “travailler plus pour gagner plus”. En 2023, le nouveau leitmotiv sonne désormais ainsi : “Changer d’entreprise pour gagner plus”. C’est en tout cas ce que démontre le baromètre de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec)*, publié ce jeudi 9 novembre.Selon l’organisme, 44 % des cadres estiment qu’ils pourraient gagner “significativement plus” en changeant de structure. Ce, alors même qu’ils n’étaient que 29 % à le penser en septembre 2022. En augmentation de 15 % cette année, cette idée ne cesse de gagner du terrain. Et les cadres de moins de 35 ans n’en sont que davantage persuadés. Plus de la moitié d’entre eux l’affirme.Sans surprise donc, la revalorisation de la rémunération figure en tête du podium des raisons qui poussent les cadres, tout âge confondu, à quitter leur entreprise pour de nouvelles expériences professionnelles. Loin devant la recherche de conditions de travail plus agréables, ou de meilleures perspectives d’évolution.Une meilleure rémunération, 1ere motivation dans les intentions de changement d’employeurD’après le baromètre de l’Apec, la part des cadres “ayant l’intention de changer d’entreprises” pour des raisons salariales est également en constante augmentation. Alors qu’ils n’étaient que 38 % en septembre 2020, ils sont aujourd’hui près de 50 % à vouloir quitter leur employeur, attirés par des rémunérations plus alléchantes.Changer d’entreprise, un booster de rémunération relatifEt pour cause, trois cadres sur quatre ayant changé d’entreprise sans passer par la case chômage ont bénéficié d’une hausse de salaire en 2022, contre seulement 55 % de ceux qui sont restés dans la même société.Toutefois, selon les conditions dans lesquelles le changement de structure s’opère, les chances de voir son salaire augmenter varient. Par exemple, seuls 47 % des salariés ayant eu une période d’inactivité avant de commencer à travailler dans une nouvelle entreprise voient leur salaire augmenter. Contre 72 % pour ceux ayant changé de poste tout en restant dans la même structure. De quoi nuancer quelque peu les bienfaits de la mobilité externe qui n’a jamais autant été plébiscitée.Mais alors que la longévité dans une entreprise a longtemps été synonyme de stabilité et de sécurité financière, comment expliquer que les cadres soient de plus en plus nombreux à vouloir sauter le pas ?Inflation, baisse de pouvoir d’achatFace à l’inflation qui frappe de plein fouet l’Hexagone depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la préoccupation première des Français demeure le pouvoir d’achat qui ne cesse d’être grignoté depuis la fin de la crise sanitaire, et l’abandon progressif du “Quoi qu’il en coûte”.Une inquiétude grandissante, dont ne sont pas exempts les cadres. 69 % d’entre eux se déclarent soucieux à ce sujet, soit 4 points de plus qu’en septembre 2022. Derrière la volonté d’augmenter son salaire, se cache donc le désir de palier une baisse de niveau de vie. D’autant qu’entre 2019 et 2023, les cadres ont perdu plus de pouvoir d’achat que les ouvriers et salariés. Un recul de 2,9 points, contre 0,4 point pour les seconds.Part des cadres ayant l’intention de changer d’entreprise se déclarant motivés par la perspective d’une meilleure rémunération (en haut). Et part des cadres ayant l’intention de changer d’entreprise se déclarant motivés par la perspective d’une meilleure rémunération (en bas)Au-delà de la très sensible question du pouvoir d’achat, “le marché de l’emploi demeure particulièrement favorable à la mobilité selon les cadres”, pointe l’Apec. 56 % la perçoivent comme une opportunité. Chaque année, la part des cadres estimant qu’il serait aisé de retrouver un emploi augmente. Ils étaient 47 % en 2022. Ils sont 49 % en 2023.Plusieurs pistes qui expliquent que 37 % des cadres ont aujourd’hui l’intention d’entreprendre des démarches actives au cours des douze prochains mois pour changer d’entreprise. 14 % d’entre eux envisagent de le faire au cours du trimestre à venir.* Cette publication de l’Apec repose sur une enquête en ligne menée auprès d’un échantillon de 2 000 cadres et d’une enquête téléphonique auprès d’un échantillon de 1 000 entreprises.



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Publish date : 2023-11-09 16:53:11

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