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L’Express

Immigration : entre l’Albanie et l’Italie, un accord qui dérange l’UE

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De l’azur de la côte albanaise aux ors du palais Chigi. Prises cet été sur un yacht puis à Rome, les photos de la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni et de son homologue albanais Edi Rama mettaient en scène la même complicité, entre larges sourires et chaleureuses accolades. Et l’on sait désormais pourquoi les deux dirigeants ont passé leurs vacances ensemble : elles leur ont permis de finaliser dans le plus grand secret un protocole d’accord, annoncé le 6 novembre à la stupeur générale. Qualifié d’”historique” par Giorgia Meloni, il va permettre d’externaliser la gestion de la crise migratoire des rives de la Méditerranée à celles de l’Adriatique, en ouvrant deux structures d’accueil pour migrants sur le territoire albanais. Un projet qui s’inspire de celui d’un autre ami de la cheffe de Fratelli d’Italia, le Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui voulait expulser vers le Rwanda les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni.L’accord prévu par Rome et Tirana est néanmoins différent. Valable cinq ans et renouvelable pour cinq autres années, il prévoit la construction de deux centres en Albanie qui devraient être opérationnels au printemps 2024, le premier dans le port de Shengjin, où seront envoyés les migrants en vue de leur identification, le second dans la ville voisine de Gjader, qui servira de centre de détention provisoire. Ils seront entièrement financés par l’Italie et placés sous sa juridiction, tandis que leur surveillance sera confiée aux forces de l’ordre albanaises. Ces structures auront une capacité d’accueil de 3 000 personnes, qui, condition pour y résider, devront avoir été sauvées en Méditerranée par la marine italienne, et non par un navire des ONG. Au total, environ 39 000 demandes d’asile pourront être traitées chaque année. Les mineurs, les femmes enceintes et les personnes vulnérables ne seront pas concernés.La générosité de Tirana n’est sans doute pas gratuite”L’Italie ne sera pas le camp de réfugiés de l’UE”, avait averti la présidente du Conseil en prenant acte de l’échec de l’accord de partenariat entre Bruxelles et Tunis, signé sous son égide en juillet dernier pour endiguer les flux migratoires. Plus de 145 000 migrants ont débarqué dans la péninsule depuis le début de l’année, contre 88 000 pendant la même période en 2022. Fustigeant l’absence de solidarité de ses partenaires européens, Giorgia Meloni a donc décidé de se tourner vers un Etat voisin non membre de l’UE. “Si l’Italie lance un appel, l’Albanie répond présent, affirme son Premier ministre Edi Rama, qui prétend que cet accord est purement désintéressé. Il faut arrêter de voir le business partout. “Il est pourtant essentiel dans les relations bilatérales. L’Italie est le premier partenaire commercial de l’Albanie, les échanges entre les deux pays représentant 20 % de son PIB.Si aucune clause économique n’a été stipulée lors de la signature, la générosité de Tirana n’est sans doute pas gratuite.Un projet d’aqueduc sous-marin doit être prochainement réalisé. Il relierait l’Albanie aux Pouilles, région souvent touchée par la sécheresse. L’infrastructure, d’un coût de 1 milliard d’euros, créerait plus de 8 000 emplois en Albanie.Autre dossier sur lequel le gouvernement italien pourrait témoigner sa reconnaissance, celui des retraites des 500 000 Albanais qui ont travaillé dans la péninsule et demandent depuis des années aux autorités transalpines la reconnaissance de leurs droits et, surtout, le versement de leurs pensions.Les réserves de l’UEDans l’immédiat, Rome apportera surtout son aide diplomatique, moins coûteuse. “L’Albanie confirme qu’elle est un pays ami. Bien qu’elle ne fasse pas encore partie de l’UE, elle se comporte comme si elle était un Etat membre, a salué Giorgia Meloni. Je suis fière que l’Italie soit depuis toujours au nombre des pays soutenant l’élargissement aux Balkans occidentaux.” Tirana a déposé sa demande en avril 2009 et s’est vu accorder le statut de pays candidat à l’adhésion à l’UE en juin 2014 – les négociations finales se sont ouvertes en juillet 2022.L’accord migratoire soulève de nombreuses questions au sein de la Commission européenne, qui n’en a été informée qu’au dernier moment, et n’a pas tardé à exprimer ses réserves sur le respect des droits de l’homme. Le gouvernement Meloni affirme que les migrants ayant droit à la protection internationale seront pris en charge par l’Italie. Qu’en sera-t-il des autres ? Qui assurera les rapatriements ? D’où partiront-ils ? Quelle législation s’appliquera lors des transferts, l’italienne ou l’albanaise ? “Nous avons besoin de voir les détails, insiste une porte-parole de la Commission européenne. Nous demandons à recevoir des informations détaillées pour constater la pleine application des règles de l’UE en matière d’asile.”A Rome aussi, les doutes et la perplexité règnent. Giorgia Meloni a noué cet accord en solitaire. Ni les autres membres de la coalition gouvernementale ni le ministère des Affaires étrangères n’ont été informés, ce qui a suscité des critiques sur la façon dont la cheffe du gouvernement a géré un dossier très important pour l’opinion publique. Mais la dirigeante italienne ne voulait pas l’abandonner à son encombrant allié Matteo Salvini, leader de la Ligue, qui ne cherche qu’une chose : l’instrumentaliser à des fins politiciennes. Quant à l’opposition, elle fustige l’absence de “discussion parlementaire, de consensus politique, d’analyse publique, de transparence”. Riccardo Magi, le chef du parti +Europa, dénonce une “véritable déportation en violation flagrante du droit international, qui va créer une sorte de Guantanamo italien et qui n’est qu’une nouvelle initiative de propagande cruelle”. L’ouverture des deux centres en Albanie est prévue au printemps prochain, à quelques semaines des élections européennes. Elle représenterait un formidable argument de campagne pour le parti de Giorgia Meloni.



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Publish date : 2023-11-11 07:00:00

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Comment le changement climatique va redessiner les routes maritimes mondiales

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Très chère enchère. Mercredi 8 novembre, le géant pétrolier japonais Eneos Holding a dépensé 3,7 millions d’euros pour sécuriser le passage d’un de ses navires sur le canal de Panama, selon le dossier d’appel d’offres. Son tanker pourra emprunter le corridor le 15 novembre prochain. La somme est historique. Mais elle pourrait ne pas le rester longtemps : le précédent record – 2,67 millions – n’a duré qu’une petite semaine… Les grandes compagnies n’hésitent plus à sortir le chéquier pour se garantir une place sur cette voie de navigation entre l’Atlantique et le Pacifique et s’éviter une longue file d’attente – jusqu’à plus de 160 bateaux en août ! Car le canal de Panama, par lequel transite 6 % du commerce maritime mondial, subit depuis plusieurs mois les conséquences du changement climatique.”Le mois d’octobre a été le plus sec enregistré depuis 73 ans. La sécheresse provoquée par le phénomène El Niño continue d’impacter sévèrement les systèmes de réservoirs”, c’est-à-dire les deux lacs artificiels qui fournissent l’eau douce nécessaire au fonctionnement des écluses, a indiqué l’Autorité du canal de Panama (ACP). Or, ce bassin approvisionne également en eau potable la moitié des habitants du pays. Pour faire face au manque de pluie, l’opérateur a limité le tirant d’eau et a encore revu à la baisse le nombre de traversées, après une première restriction cet été : 25 navires quotidiens depuis le 3 novembre, 20 d’ici à la mi-février 2024. Deux fois moins que la moyenne quotidienne l’an dernier.La sécheresse au Panama surligne la vulnérabilité de certaines routes commerciales face au changement climatique. Le cas n’est pas isolé : à l’été 2022, près de 3 millions de tonnes de marchandises n’ont pu être transportées sur un Rhin à sec. Même problématique pour le Mississippi, aux Etats-Unis. “Tous les canaux fluviaux sont concernés, confirme Éric Foulquier, maître de conférences en géographie à l’Université de Bretagne Occidentale. Ce qui pose problème car le fluvial est une solution pour la transition, une alternative à la route.” Des ports se préoccupent aussi de leur avenir, à l’image de celui de Rotterdam (Pays-Bas), le plus grand d’Europe, menacé par la montée du niveau de la mer.Hausse des coûts”Je ne pense pas qu’il y aura de grands bouleversements des routes maritimes, tempère Camilo Umana-Dajud, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII). Mais on va assister à une hausse généralisée des coûts par les adaptations des compagnies aux nouvelles régulations d’émissions de gaz à effet de serre, et par des primes d’assurance qui augmentent.” Avec des typhons et des cyclones toujours plus intenses, les traversées peuvent en effet être plus risquées, et les pertes de conteneurs plus fréquentes.Pour éviter l’actuel goulot d’étranglement qu’est devenu le canal de Panama, des options existent à court terme : la combinaison bateau-train-bateau pour relier les deux océans ou le contournement du continent par le sud. Soit trois ou quatre semaines de trajet supplémentaire. D’autres projets de canaux pour concurrencer celui du Panama ont vaguement émergé il y a quelques années, notamment au Nicaragua. “Ils étaient mort-nés”, balaie Hervé Baudu, professeur à l’Ecole nationale supérieure maritime et membre de l’Académie de marine. “Plus généralement, les armateurs vont devoir mieux anticiper, même s’il est très difficile de faire des projections sur la récurrence d’une telle sécheresse dans le temps”, ajoute-t-il.Les compagnies pourraient alors préférer, en fonction de la destination de la marchandise, déporter une partie des navires sur l’autre grand canal mondial, Suez, qui connecte la Méditerranée à l’océan Indien. Environ 13 000 bateaux y circulent par an. “Et il n’y a pas de phénomènes météorologiques locaux pouvant perturber son fonctionnement”, note Hervé Baudu. La congestion de cet axe stratégique ne pourrait venir, à ses yeux, que d’une obstruction du canal par un navire, comme avec l’Ever Given en 2021. Dans ce scénario, le contournement par le sud de l’Afrique au cap de Bonne-Espérance fait figure de route alternative idoine, mais plus longue donc plus chère.Routes polaires, mauvaise pisteCertains convoitent un autre chemin : le pôle Nord. Le géant russe Gazprom a annoncé en septembre avoir livré pour la première fois à la Chine du gaz naturel liquéfié (GNL) via l’Arctique et le passage du nord-est, plus facilement navigable en raison du réchauffement climatique. Faut-il vraiment compter sur la fonte des glaces pour les prochaines décennies ? “Croire que de nouvelles routes s’y dessinent, c’est très mal connaître le transport maritime”, tranche Éric Foulquier. “J’ai toujours pensé que les gens étaient trop optimistes sur cet aspect”, abonde Camilo Umana-Dajud.L’économiste liste deux écueils : les tensions géopolitiques, avec la Russie, et le coût conséquent de ces nouveaux itinéraires – recours à des brise-glace et assurances plus élevées. “D’autres facteurs font qu’elles ne sont pas concurrentielles par rapport aux routes existantes, comme le fait d’être ouvertes 3 ou 4 mois par an seulement, et avec un volume faible par rapport à Suez”, abonde Hervé Baudu. Le maillage actuel des infrastructures rend aussi difficile une révolution mondiale du trafic commercial maritime. “Cela pose une problématique industrielle : il faudrait changer les endroits où charger et décharger les marchandises, relève Éric Foulquier. Pour les conteneurs, le système fonctionne grâce à la densité du réseau de ports. Aller de Rotterdam à Shanghai plus vite n’a que peu d’intérêt ; ce sont les arrêts en chemin qui comptent. Or, il n’y en a pas sur la route Arctique”.Au vu des enjeux climatiques, donc planétaires, qui pèsent sur les pôles, la perspective de voir des tankers et autres porte-conteneurs y fendre les glaces n’enchante guère les experts. “Si l’on trouve une perspective sur l’Arctique, ce ne sera pas une bonne nouvelle pour le monde”, conclut Éric Foulquier.



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Author : Baptiste Langlois

Publish date : 2023-11-11 07:30:00

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Marche contre l’antisémitisme : le RN et les manifestations, quarante ans de tumulte

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Carpentras. 10 mai 1990. 34 sépultures juives sont découvertes profanées dans le cimetière de la ville varoise. Le ministre de l’Intérieur d’alors, Pierre Joxe, déclare : “Les idées du leader du Front national, il s’agit de Jean-Marie Le Pen, peuvent conduire à des violences qui dépassent l’imagination.” Six ans plus tard, six jeunes néonazis avoueront leur responsabilité. Le 14 mai, une manifestation transpartisane contre le racisme et l’antisémitisme est organisée. Dans les rues de Paris, entre Bastille et République, les organisateurs décomptent 200 000 participants. Jean-Marie Le Pen est absent. Ce dernier a préféré se tenir éloigné du rassemblement, dénonçant, à l’époque, un “coup monté”, qui aurait servi de tremplin à la classe politique pour atteindre le Front national.Trente-trois ans plus tard, les choses ont changé. Mardi 7 novembre, Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national à la dernière élection présidentielle, et Jordan Bardella, chef du parti, ont indiqué qu’ils se rendraient à la grande marche contre l’antisémitisme organisée ce dimanche à l’initiative de Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, présidents respectifs de l’Assemblée nationale et du Sénat. Le 5 novembre, au micro de BFMTV, le même Jordan Bardella déclarait : “Je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite.” Réaction presque immédiate de la classe politique, qui rappelle que le leader historique du parti d’extrême droite a été condamné à de multiples reprises notamment pour contestation de crime contre l’humanité. Au PS, on décide de répondre à l’appel, en précisant que la présence des élus RN est “illégitime”. A La France insoumise, on refuse de défiler aux côtés des frontistes. Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher assurent qu’ils ne marcheront pas à leurs côtés. Cachez ce RN que l’on ne saurait voir.Les organisateurs de la marche semblent avoir trouvé la parade : une tête de cortège exclusivement composée des anciens présidents et responsables religieux. Pas de responsable du RN, donc. “L’hypocrisie de la classe politique et la manière dont ils utilisent des moments qui devraient être des moments d’unité nationale pour se pousser du col, je m’en moque, a répondu Marine Le Pen, jeudi, au micro de RTL. Si l’on est en queue de cortège, on s’en moque totalement. Ce sont les Français qui jugeront ceux qui tombent dans ce genre de réflexions.”Janvier 2015, Marine Le Pen n’est pas conviéeLa queue de cortège peut d’ailleurs être confortable. Surtout pour le RN et Marine Le Pen, qui n’ont pas connu que des expériences heureuses dans leurs précédentes et rares tentatives de manifester. Depuis sa création, il y a cinquante et un ans, le parti d’extrême droite a rarement fait sienne la tradition de battre le pavé, qui restait l’apanage de la gauche. Aux grands rassemblements, souvent impulsés par les syndicats, Jean-Marie Le Pen et ses camarades n’étaient pas les bienvenus, et ne souhaitaient d’ailleurs, la plupart du temps, pas y être associés. Comme ce jour de 1984, où, se joignant à plusieurs personnalités de la droite, Jean-Marie Le Pen défile dans les rues pour protester contre le projet de loi Savary visant à intégrer les écoles privées françaises dans un “grand service public”. Il devra se contenter, toutefois, d’un défilé à part, loin des Jacques Chirac et Simone Veil, peu désireux de s’afficher avec “le diable”. Près de quarante ans plus tard, les choses ont un peu changé, mais les habitudes ont la vie dure.Malgré sa vaste entreprise de dédiabolisation, Marine Le Pen n’a toujours pas la cote dans les manifestations. Bien sûr, il y a eu 2013 et la Manif pour tous, où élus de droite et d’extrême droite se sont croisés sans heurts dans les cortèges (Marine Le Pen, elle, n’y était pas). Mais la rue et ses pavés restent un endroit hostile pour la députée du Pas-de-Calais. En janvier 2015, au lendemain des attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de Vincennes, la leader frontiste, tout comme ses camarades, n’avait pas été conviée à la grande manifestation républicaine organisée à Paris. Elle avait trouvé la parade en appelant ses élus à se rendre aux manifestations en province. “Nous, élus de la nation, nous prendrons part aux défilés où le sectarisme est moins violent. Nous serons avec le peuple français, ailleurs que dans le cortège parisien, récupéré, hélas !, par des partis qui représentent ce que les Français détestent : l’esprit partisan, l’électoralisme et la polémique indécente”, avait-elle déclaré à l’époque. Jean-Marie Le Pen, pour sa part, avait pointé du doigt un rassemblement “orchestré par les médias”, et qui lui rappelait les mobilisations lors de l’affaire de Carpentras et lors de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2002.Mars 2018, Marine Le Pen exfiltrée de la marche blanche en hommage à Mireille KnollMars 2018, nouvelle tentative. Après l’assassinat de Mireille Knoll, une octogénaire juive, à Paris, une marche blanche est organisée en sa mémoire, le 28 mars. Le Crif prévient : la présence de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen n’est pas souhaitée. Les deux dirigeants font la sourde oreille. Marine Le Pen sera exfiltrée par les organisateurs, et contrainte de rejoindre la queue de cortège en catimini. Depuis, l’élue du Pas-de-Calais reste frileuse à l’idée de se joindre à ces mobilisations. En 2019, lors de l’épisode des gilets jaunes, elle affirme à plusieurs reprises son soutien aux manifestants, mais ne se risque jamais à poser le talon sur un rond-point. Idem, l’année dernière, alors que la France entière se mobilise contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen, pourtant autoproclamée première opposante au projet, se garde bien d’aller battre le pavé. Les syndicats le répètent : le Rassemblement national n’est pas le bienvenu.La décision de se rendre à la grande marche contre l’antisémitisme de ce dimanche met donc fin à la période de boycott de la rue par Marine Le Pen. Courageuse mais pas téméraire, la présidente du groupe RN à l’Assemblée a toutefois envoyé quelques députés en éclaireurs, le 9 octobre dernier, au rassemblement parisien de soutien à Israël après l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas le 7 octobre. Le vice-président de l’Assemblée, Sébastien Chenu, ainsi que les députés Julien Odoul, Franck Allisio et Frédéric Falcon s’étaient joints au cortège, et avaient reçu un accueil enthousiaste. Marine Le Pen, elle, n’avait pas fait le déplacement, indiquant qu’elle ne souhaitait pas éclipser la manifestation par sa présence, tandis que Jordan Bardella était occupé à gérer ses affaires au Parlement européen. Cette fois-ci, le duo frontiste sera bien présent, malgré les avertissements du Crif leur indiquant qu’il n’est toujours pas le bienvenu. Jean-Luc Mélenchon, lui, ne sera pas de la partie.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/rn/marche-contre-lantisemitisme-le-rn-et-les-manifestations-40-ans-de-tumulte-ARCEEFXSTFBVNDBCHX7BD2KY3E/

Author : Marylou Magal

Publish date : 2023-11-11 07:45:00

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Assurance-chômage : accord trouvé entre le patronat, la CFDT et la CFTC

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Le patronat et au moins deux syndicats, la CFDT et la CFTC, sont finalement parvenus ce vendredi 10 novembre au soir à un accord sur l’assurance-chômage, au terme de difficiles discussions sur les règles d’indemnisation à partir de janvier 2024. “Après neuf séances de négociations et malgré les exigences du document de cadrage (NDLR : du gouvernement en amont), un accord a été trouvé”, s’est félicité le représentant du Medef, Hubert Mongon.Juste avant, le négociateur de la CFDT, Olivier Guivarch, avait fait part d’un “avis positif” de sa délégation, qui devra encore être avalisé par le bureau national de l’organisation le 16 novembre. “Nous avons utilisé toutes les voies de passage que nous avons pu élaborer”, a-t-il ajouté. “On est prêt à le signer, maintenant faut-il encore qu’il soit agréé” par le gouvernement, a précisé de son côté Eric Courpotin, de la CFTC. FO a dit attendre la décision de son bureau confédéral lundi, tout en notant que “les lignes rouges sont tombées”, selon le négociateur Michel Beaugas.Le gouvernement va “étudier” la compatibilité de l’accord élaboré par les partenaires sociaux avec les objectifs qu’il leur avait fixé dans sa lettre de cadrage, a indiqué pour sa part le ministère du Travail. Pour le Medef, cet accord est “parfaitement conforme” au document de cadrage et aboutit à un équilibre entre les nouvelles dépenses et les recettes. Deux syndicats, la CGT et la CFE-CGC, ont fait savoir qu’ils ne seront pas parmi les signataires.”Pour nous l’équilibre n’y est pas”, même si “le patronat a retiré la plupart de ses provocations”, a indiqué Denis Gravouil (CGT). La CFE-CGC avait, elle, quitté la table des discussions dans la soirée. Son négociateur, Jean-François Foucard, avait dénoncé le maintien de la dégressivité des allocations pour les hauts revenus, une ligne rouge pour lui.En vertu de l’accord trouvé, les demandeurs d’emploi qui s’inscrivent pour la première fois pourront être indemnisés au bout de cinq mois de travail au cours des derniers 24 mois, au lieu de six mois actuellement. “Une mesure concrète et juste”, pour la CFDT, même si les syndicats voulaient au début revenir à quatre mois. Les modifications des conditions d’indemnisation des seniors consécutives à la réforme des retraites, que le gouvernement voulait voir figurer dans l’accord, ont été renvoyées à une négociation sur l’emploi des seniors, en dépit de la volonté initiale des organisations patronales de les inclure.”Statu quo” pour les intermittentsLes patrons, qui voulaient abaisser leurs cotisations d’assurance chômage de 4,05 % à 3,95 %, ont aussi accepté une diminution deux fois moins importante, de 0,05 %. Le texte réduit aussi la portée du dispositif de bonus-malus, système décrié par le patronat, qui augmente les cotisations des patrons ayant recours plus que la moyenne aux contrats courts.Le gouvernement avait donné jusqu’au 15 novembre aux partenaires sociaux pour conclure, sans quoi il aurait repris la main. Il avait déjà étroitement cadré les débats dans un document transmis début août : pas de retour sur la réforme de 2019, qui a notamment durci les conditions d’accès à l’indemnisation des chômeurs, ni sur celle de 2023, qui module les conditions de l’assurance chômage selon la situation du marché du travail et a réduit la durée d’indemnisation de 25 %.Plusieurs négociateurs, côté syndical, se sont plaints d’une forme de “tutelle” et d’un “parasitage” du gouvernement sur les discussions. “On est arrivé au bout d’un système hybride” avec cet interventionnisme, a également jugé le patron du Medef. Complexité financière complémentaire, l’exécutif a prévu des ponctions supplémentaires sur les recettes de l’assurance chômage pour financer les mesures d’accompagnement et de formation des chômeurs. Celles-ci posent “une double difficulté”, indique le projet d’accord, invoquant “une question de principe” et par rapport aux objectifs de désendettement de l’Unédic.Le sujet des intermittents du spectacle s’est invité dans les discussions. Le patronat voulait initialement durcir leurs conditions d’indemnisation, malgré l’accord trouvé par les représentants du secteur et l’opposition des syndicats. In fine, c’est le statu quo qui prévaut, soit le maintien des règles actuelles, mais sans les améliorations négociées par le secteur.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/emploi/assurance-chomage-accord-trouve-entre-le-patronat-la-cfdt-et-la-cftc-YJO3IT4DA5BB7L76NKHVPN4FV4/

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Publish date : 2023-11-11 08:28:43

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“Capital numérique” : permettons un accès égal à tous les Français

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Réseaux sociaux et divertissements, accès aux services publics, à l’emploi, à l’offre de soin : le numérique est aujourd’hui omniprésent dans la vie quotidienne des Français. Promesse d’opportunités pour tous, la numérisation exponentielle de notre société, accélérée par la pandémie, a constitué une chance considérable en matière d’accès à l’information, de communication, d’ouverture à la concurrence ou d’expérience-usager. La France, cinquième pays le mieux connecté de l’Union européenne, constitue sa première destination pour les investissements en capital-risque. Son économie numérique est florissante, qu’il s’agisse de ses grands groupes ou de la French Tech. Paradoxalement, malgré sa promesse initiale, le numérique est pourtant loin de profiter à tous. En effet, en 2023, ce sont plus de seize millions de Français qui sont en difficulté face aux usages numériques, soit trois millions de plus qu’en 2017. Le quart de nos concitoyens se retrouve donc isolé, dans une société du tout numérique où la maîtrise des outils informatiques est pourtant indispensable. Les plus jeunes sont également touchés : 20 % d’entre eux sont aujourd’hui concernés par ce problème.Sur la base de déterminants socio-économiques classiques (niveau de revenu, d’éducation, démographie), il apparaît que nos concitoyens les plus pauvres, moins diplômés et plus âgés sont les premiers à souffrir des inégalités numériques. Ils accèdent en effet plus difficilement aux équipements et à la connectivité, et connaissent un déficit de compétences par rapport à la moyenne des Français. Toutefois, cette analyse n’explique pas l’ampleur de la fracture numérique à laquelle la France fait face aujourd’hui. Il faut aussi interroger des phénomènes plus contemporains, à savoir le cas de Français bien équipés, connectés et a priori compétents, qui connaissent pourtant des expériences numériques qu’on pourrait qualifier de « négatives ».Le nouveau “capital numérique”Pour ne citer qu’eux, les individus addicts aux écrans, victimes de la désinformation, ou certains des plus jeunes maniant parfaitement les réseaux sociaux sans savoir écrire un e-mail, entretiennent un rapport ambivalent au numérique. Malgré ses bienfaits évidents, il porte une atteinte à leur bien-être comme à leur positionnement économique et social. Or, les déterminants classiques que nous avons cités peinent à expliquer ces phénomènes contemporains, qui ne touchent pas en priorité une classe d’âge, de revenus ou d’éducation, et peuvent se combiner, ou non, avec un déficit en compétences et équipements.C’est dans ce contexte que nous présentons, dans une note du think tank Terra Nova, le concept de capital numérique, tentative d’actualisation des travaux de Pierre Bourdieu à l’ère de la société numérique. A l’image des capitaux économique, culturel et social théorisés par le sociologue, chaque Français serait doté d’un capital numérique, alimenté tout au long de sa vie par des indicateurs positifs (diplôme – formation, connexion haut débit, équipement dernier cri…) ou négatifs (résidence en zone blanche, addiction aux écrans, déficit de compétences…). Le capital numérique permet ainsi de saisir finement et combiner l’ensemble des effets ambivalents du numérique, à savoir ses bienfaits économiques et sociaux pour l’individu comme sa capacité à être un vecteur d’inégalités. Dès lors, les pouvoirs publics peuvent s’en saisir comme grille d’analyse et s’employer à réduire les inégalités de capital numérique des individus, avec la même ambition que pour les autres capitaux bourdieusiens.Deux chantiers sont prioritaires. En premier lieu, il convient d’assurer à tous les Français, partout sur le territoire, l’accès aux meilleurs niveaux de connectivité et d’équipements. La couverture réseau étant particulièrement bonne en France, c’est surtout sur le plan social qu’il reste à agir. Une mesure utile serait la mise en place d’une tarification sociale pour l’accès à l’internet très haut débit pour les bénéficiaires de minima sociaux, que leurs faibles moyens obligent souvent à recourir à des solutions imparfaites et coûteuses à long terme (cybercafés, cartes SIM prépayées). Comme pour l’électricité et l’eau, il serait aussi recommandé de déployer effectivement le droit au maintien de la connexion Internet à domicile en cas d’impayés, pourtant consacré par le législateur en 2016.Eduquer au numériqueEn second lieu, le numérique doit être érigé en savoir fondamental à l’école, au même titre que les mathématiques et le français, et y compris dans la formation des enseignants. En ce sens, des méthodes innovantes d’apprentissage pourraient être mises à profit, en formant au numérique « par le numérique ». A ce titre, la méthode de 42, école d’autoformation au code, est intéressante, encourageant la collaboration, l’évaluation par les pairs et l’autonomie des élèves. L’Education nationale pourrait dès lors recourir à des logiciels de formation adaptés au niveau de chaque élève, permettant aux enseignants de leur venir en soutien de manière personnalisée et d’utiliser le matériel informatique déjà disponible dans les établissements.Le numérique constitue aujourd’hui un facteur de différenciation socio-économique majeur. Si rien de plus n’est fait, nous estimons à environ 150 000 les élèves qui sortiront chaque année du système scolaire pour rejoindre les millions de Français isolés du numérique. Dès lors, il est urgent de mener une politique d’inclusion ambitieuse pour que tous les Français puissent profiter pleinement des opportunités offertes par le numérique. L’avènement de l’intelligence artificielle (IA), par l’accélération de la polarisation qu’elle engendre, ne fait que renforcer cette urgence à agir. Le risque pour des travailleurs est en effet sans doute moins d’être remplacés en tant que tels par l’IA, que par d’autres qui la maîtrisent.* Par Philippe Englebert, banquier d’affaires, ancien conseiller du Président Emmanuel Macron, et Clément Bacchi, spécialiste des politiques européennes et internationales du numérique



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Publish date : 2023-11-11 08:30:00

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Retraite : comment bien choisir son PER

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Bienvenue dans un marché foisonnant ! Plus d’une centaine de plans d’épargne retraite (PER) sont aujourd’hui commercialisés par les établissements financiers. Vous avez donc a priori l’embarras du choix, à ce “détail” près : la qualité des produits est très variable. Comment trier le bon grain de l’ivraie ? D’une part, en orientant votre choix selon votre profil d’épargnant. D’autre part, en sachant analyser certains critères clés, que voici.Commencez par faire un tour des frais, listés dans la notice contractuelle du contrat ou, loi oblige, sur le site Internet du distributeur. Quoi qu’en dise votre interlocuteur, conseiller bancaire ou autre, il s’agit là d’un point déterminant pour un investissement de longue haleine, ce qu’est le PER puisqu’il peut être conservé plusieurs dizaines d’années. Attardez-vous en premier lieu sur les frais d’entrée (dits aussi frais sur versements), une ponction prise par le gestionnaire sur votre épargne avant même qu’elle ait commencé à fructifier. Ils courent de 0 à 5 %, avec un taux moyen observé autour de 2,5 %. Sont-ils justifiés ? Non, sauf à obtenir en retour un vrai conseil. Ciblez ensuite le niveau des frais de gestion, prélevés chaque année sur le capital en compte. Ils se situent entre 0,8 % et 0,9 % par an en moyenne, un plafond à ne pas dépasser. Nombre de plans diffusés par des sites de courtage en ligne ou des mutuelles d’assurances prélèvent seulement 0,6 % par an environ.Le deuxième critère d’appréciation repose sur l’offre financière. Est-elle uniquement composée de supports financiers de l’établissement gestionnaire ? Quel est le rendement du fonds en euros inclus, sachant qu’en 2022, le taux moyen du marché fut de 2 % net ? Concernant les alternatives proposées en gestion libre, combien existe-t-il de supports accessibles ? Couvrent-ils plusieurs classes d’actifs (fonds actions diversifiés, non coté, pierre papier, fonds croissance…) ? Est-il possible de changer de mode de gestion en cours de route, voire de panacher gestion pilotée et libre ? Dans votre choix final, prenez en compte également le service après-vente de l’établissement, en particulier les outils mis à votre disposition pour gérer votre PER. Soyez particulièrement attentifs aux actes de gestion que vous pouvez (ou non) réaliser en ligne ainsi qu’aux délais de traitement de vos demandes. Attention : sur tous ces aspects, la qualité de réponse est très variable d’une enseigne à l’autre.Les critères à prendre avec des pincettesFrais, gestion et services constituent le triptyque incontournable pour faire votre marché. Le reste est à prendre avec des pincettes. La solidité de l’assureur par exemple : inutile de vous perdre dans des ratios de solvabilité indéchiffrables. Tenez-vous en au constat des autorités de contrôle, rassurantes sur ce point. Prenez aussi garde aux éléments mis en avant ici ou là pour faire briller les produits. Ainsi en va-t-il des assurances annexes proposées dans certains PER, par exemple une garantie prévoyant le doublement du capital versé en cas de décès accidentel du titulaire.Ces dispositifs sont à la fois très coûteux et d’une utilité incertaine. N’accordez pas non plus trop d’importance aux modalités de sortie. D’ici à votre retraite, les PER du marché auront sûrement évolué sur ces aspects, sauf si vous souscrivez votre contrat sur le tard et comptez puiser dedans dans les cinq ans. Dans ce cas, intéressez-vous aux conditions pour récupérer votre capital sous forme fractionnée ainsi qu’aux options de rente, si cette dernière vous attire.



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Author : Frédéric Giquel

Publish date : 2023-11-11 09:00:00

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Morgane Moncomble, star de la New Romance : “Peut-être serons-nous réhabilitées dans un siècle”

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Ça s’est passé du 3 au 5 novembre au palais des congrès de Strasbourg : Hugo Publishing organisait la septième édition du Festival New Romance. Avec 5 000 personnes, l’événement affichait complet, malgré une entrée payante – jusqu’à 155 euros pour le pass complet incluant une masterclass, des animations, un dîner et des fêtes le vendredi et le samedi. Les images que l’on peut voir sur Internet donnent l’impression d’une soirée pyjama géante, avec pulls de Noël et ambiance bon enfant. Parmi les romancières invitées, plusieurs stars étrangères (Anna Todd, Mia Sheridan, Scarlett St. Clair, Ana Huang ou le tandem Christina Hobbs et Lauren Billings, plus connu sous le nom Christina Lauren) mais aussi des Françaises, dont Morgane Moncomble, qui cartonne actuellement avec Un automne pour te pardonner (50 000 exemplaires vendus en un mois).Petit rappel des faits pour ceux qui seraient restés bloqués au Nouveau Roman. La New Romance n’a rien à voir avec les formalistes de chez Minuit. C’est une marque qui a été déposée en 2014 par Hugues de Saint Vincent, fondateur de Hugo Publishing. Les éditions JC Lattès étaient les premières sur le coup, ayant traduit Cinquante Nuances de Grey de E. L. James en 2012, mais c’est Saint Vincent qui, avec flair, a vraiment imposé cette tendance chez nous. Dès 2013, il sort Beautiful Bastard du duo Christina Lauren. Un an plus tard, il crée le label New Romance et y publie Anna Todd (After) et Colleen Hoover. A sa mort en 2018, son fils Arthur de Saint Vincent a repris le flambeau avec la même réussite.On rencontre Morgane Moncomble dans les bureaux parisiens de Hugo Publishing le lundi suivant le Festival New Romance. Elle est visiblement exténuée par les dédicaces à tour de bras, mais aux anges : “C’était incroyable ! Des milliers de gens tous très passionnés, très fans, très impliqués. C’est une communauté comme je n’en connais pas ailleurs dans le monde de l’édition. On y trouve majoritairement des filles, mais il y a de plus en plus de garçons, y compris chez les auteurs, tel Kentin Jarno, un de mes meilleurs amis. Les lecteurs et les lectrices se confient beaucoup. On nous écrit des lettres, on nous tricote des choses, on nous donne des cadeaux – j’en reçois même pour mon chien ! Le Festival New Romance est un câlin collectif, une bulle qui permet de s’échapper de la vie quotidienne. Tabous et jugements restent à la porte. C’est cosy, cool, on s’aime tous, c’est très Bisounours.””Je me disais qu’un jour ça pouvait fonctionner”Tenter de comprendre le phénomène New Romance exige de mettre ses préjugés de côté et de se figurer une sphère éditoriale alternative où Hugo Publishing est le graal et où Gallimard n’existe pas. Née en 1996 à Argenteuil, Morgane Moncomble n’est pas une enfant de la balle : sa mère est assistante de formation et son père, qui n’a “jamais lu un livre de sa vie”, conducteur de travaux sur des chantiers. L’enfance et l’adolescence de la jeune Morgane se déroulent dans le Val-d’Oise, où elle vit toujours, à Enghien-les-Bains. Elle découvre la littérature l’année de ses 11 ans : “Une amie m’a donné un roman jeunesse un peu fantasy, Sortilèges et sacs à main de Sarah Mlynowski. Ça a été le déclic. C’était la période Twilight, avec les vampires et les loups-garous. J’ai également dévoré Harry Potter. J’ai toujours aimé les mondes imaginaires où se réfugier.”Très tôt, Morgane Moncomble se rêve en romancière. Sa famille tente de la raisonner, lui rabâchant que l’écriture ne peut rester qu’un “hobby”. Prenant son mal en patience, elle pense un temps devenir journaliste puis, étudiante en lettres à la Sorbonne, travaille comme lectrice aux éditions XO où, de son propre aveu, elle n’apprend pas grand-chose. Elle a alors un modèle, V. E. Schwab (Shades of Magic) : “Dans ses interviews, elle disait que ça n’avait pas marché pendant longtemps, qu’elle avait galéré. Ce n’est qu’après son huitième roman qu’elle a connu un succès énorme – elle vend aujourd’hui des millions de livres. Je me disais qu’il fallait persévérer, et qu’un jour ça pouvait fonctionner.”Au XIXe siècle, on publiait ses romans en feuilleton ; au XXIe, on propose ses textes chapitre après chapitre sur la plateforme Wattpad. C’est là que Morgane Moncomble débute et découvre la proximité avec ses lectrices, qui n’ira qu’en s’amplifiant – nous y reviendrons. En 2016, une de ses amies envoie Viens, on s’aime à son insu à Hugo Publishing : “Hugo, c’était le but ultime, je n’osais pas leur adresser mon texte – j’avais le syndrome de l’imposteur, qui ne disparaît jamais vraiment… L’éditrice qui a reçu mon manuscrit m’a contactée, puis Hugues de Saint Vincent m’a invitée au premier Festival New Romance, qui se tenait à Bandol. Ça a été le début de l’aventure.” Viens, on s’aime sort en 2017 et se vend à 9 000 exemplaires en grand format, puis à 50 000 en poche. Le début d’un succès qui est allé croissant, avec un pic en 2021 pour L’As de cœur (80 000 exemplaires en grand format, 160 000 en poche).”Une indéniable condescendance”Premier tome d’une série de quatre romans, Un automne pour te pardonner est déjà le huitième livre de Morgane Moncomble. Située en Ecosse, l’histoire est une sorte de partie de Cluedo mêlant enquête sur l’assassinat d’un étudiant et triangle (voire rectangle) amoureux. Le suspense fonctionne bien et on y trouve des clins d’œil à Oscar Wilde, une des idoles de la romancière, qui nous dit “adorer son intelligence sarcastique”. Bien qu’étant reconnue dans son domaine, Morgane Moncomble reste snobée par le milieu littéraire et les médias traditionnels, ce qui ne semble pas la perturber plus que cela : “Il y a une indéniable condescendance. On ne parle pas de nous, et quand c’est le cas c’est pour en dire du mal, comme avec Sarah Rivens récemment. Nos lectrices sont considérées comme des midinettes, ou des femmes qui lisent dans le dos de leur mari – on en est là ! Parce qu’on parle d’amour on ferait de la sous-littérature ? C’est injuste. J’aime Thomas Hardy, Emily Brontë et surtout Jane Austen. Elle a été très critiquée et déconsidérée de son vivant, elle est maintenant un classique. Peut-être serons-nous réhabilitées dans un siècle ou deux !”Absente des pages du Monde des Livres et de Télérama, Morgane Moncomble est sa propre community manager : elle organise elle-même sa promotion sur les réseaux sociaux, et notamment sur TikTok, où elle est suivie par plus de 100 000 abonnés. Version moderne d’une Amélie Nothomb qui passe plusieurs heures chaque matin à répondre par lettre au courrier de ses fans, Morgane Moncomble consacre une grande partie de son temps à communiquer avec les siens sur son téléphone. Quand on l’interroge sur la dernière rentrée, elle nous dit en retenir La Prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot, qui évoque son homosexualité et sa dépression mélancolique. Se revendiquant bisexuelle, elle s’intéresse aux mêmes thèmes que lui (la difficulté à se définir strictement, la santé mentale). En cela ils trouvent un écho chez la jeunesse actuelle, à laquelle ils semblent apporter une forme de réconfort. Signe des temps, en septembre, Hugues Jallon, le patron des très élitistes éditions du Seuil, a annoncé la création d’un “espace dédié aux littératures de genre grand public”, dont la romance. Dans le même temps, Editis a monté Chatterley, une maison spécialisée dans ce même domaine. D’autres collections vont suivre ici et là. Cela va-t-il enfin légitimer Morgane Moncomble et ses semblables ? “Oui, sans doute, même s’il est dommage qu’on ait eu besoin de ça…”Un automne pour te pardonner, par Morgane Moncomble. Hugo Publishing, 424 p., 17 €.Seasons (t. I). Un automne pour te pardonner
Par Morgane Moncomble



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Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld

Publish date : 2023-11-11 09:30:00

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Tikehau Capital : “Avec la dette privée, nous visons un rendement net de frais proche de 5 à 6 %”

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Parce qu’ils participent au financement de l’économie réelle, les fonds adossés à de la dette privée séduisent de plus en plus les épargnants. Quelques sociétés de gestion leur permettent désormais d’investir dans cette classe d’actifs. Le point avec Frédéric Giovansili, directeur général adjoint de Tikehau Capital.L’Express : Que finance un fonds de dette privée ?Frédéric Giovansili : Nous prêtons de l’argent à des sociétés de taille intermédiaire européennes afin qu’elles puissent financer leur croissance. A la différence du capital investissement – ou private equity – qui apporte des fonds propres, un fonds de dette privée remplace ou complète un crédit bancaire.Nous ciblons des sociétés matures dont le modèle économique est profitable, en visant des activités qui génèrent des revenus récurrents, ce qui nous conduit à privilégier certains secteurs comme la santé ou les services aux entreprises : conseil, informatique… Ces entreprises sont généralement plus petites que celles qui émettent des obligations sur les marchés financiers.Combien rapporte ce placement ?Ces financements sont réalisés à taux flottant, ce qui permet de profiter de la remontée des taux d’intérêt. Pour nos fonds grand public, nous visons un rendement net de frais proche de 5 à 6 % par an dans l’environnement actuel. La dette privée bénéficie, en outre, d’une rémunération contractuelle qui est intégrée dans la valorisation du fonds, cette dernière progressant de ce fait régulièrement. L’investisseur évite ainsi la volatilité des supports cotés en Bourse.Le contexte économique se durcit, quelles précautions prenez-vous ?Notre rôle de gérant consiste à sélectionner les meilleures entreprises. Or, nous observons actuellement une forte dispersion des performances : certaines sociétés se portent très bien et d’autres beaucoup moins. Nous nous montrons donc hypersélectifs ! Seuls 1 à 2 % des dossiers que nous étudions aboutissent à un financement. Nous privilégions les entreprises qui disposent d’une flexibilité de prix leur permettant de répercuter la hausse des coûts dans leurs tarifs, et de rester profitables. De plus, les fonds sont diversifiés sur 40 à 60 sociétés.Votre dernière unité de compte, Tikehau Financement Décarbonation, commercialisée dans les contrats de Suravenir, intègre une composante écologique. Quel est son principe ?Nous souhaitons encourager les entreprises à décarboner leurs processus de fabrication ou leurs services. Cela passe par une incitation au travers du taux d’intérêt : si l’entreprise respecte une trajectoire de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre définie à l’avance par un tiers, elle obtient un taux moindre. Sinon, elle supporte une pénalité. Cette approche est aussi favorable pour les investisseurs puisque la décarbonation est un facteur d’efficacité pour les entreprises. Elle les rend plus résilientes aux chocs exogènes.



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Author : Aurélie Fardeau

Publish date : 2023-11-11 10:00:00

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Géraldine Muhlmann : “En Cisjordanie, beaucoup pensent vraiment que l’attaque du Hamas n’a jamais eu lieu”

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Le constat mettra au moins tout le monde d’accord : nous n’arrivons plus à nous accorder sur les faits. Dans son ouvrage Pour les faits (Les Belles lettres), la philosophe, journaliste et productrice de l’émission “Avec philosophie” sur France Culture, Géraldine Muhlmann, plaide pour le retour du récit dans nos vies (par opposition au discours) et partant, pour un recueil des faits impartial par le biais de “témoins ambassadeurs”. Qu’il s’agisse de vérifier si quarante bébés ont effectivement été assassinés à Kfar Aza ou combien de morts il y a eu dans l’hôpital Al-Ahli à Gaza, la philosophe explique à L’Express que “nous ne pouvons pas transiger sur les faits, faire de l’à peu près, tant le conflit des idéologies est violent. Même s’il faut garder à l’esprit que ceux qui ont décidé de ne plus rien croire ne croiront plus rien.” Entretien.L’Express. Votre livre s’ouvre sur un constat : alors que nous avons plus que jamais accès à ce qui se passe “partout”, nous avons de plus en plus de mal à “ressentir la vérité des faits”. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?Géraldine Muhlmann : Nos vies n’ont jamais été aussi bavardes qu’aujourd’hui. Le problème, c’est qu’il y a trop de “discours” et pas assez de “récits”, pour reprendre la distinction que faisait Gérard Genette. Dans le “récit”, on veut transmettre une histoire à d’autres subjectivités que la sienne, ce qui exige de respecter certaines règles et de produire une certaine “objectivation” des faits racontés. Genette disait que, par rapport au registre du “discours”, qui est naturel dans nos conversations quotidiennes et qui assume complètement la subjectivité (“je dis que”, “je pense que”), “le récit ne va pas de soi”. Il interrompt le registre du discours. Or la matière factuelle, pour reprendre les termes d’Hannah Arendt, a besoin de récit, de narration ; elle exige une interruption des discours pour faire entendre ce qui s’impose à toutes les subjectivités.Sur les réseaux sociaux a lieu une conversation infinie, un vertige de discours, où les faits sont noyés. Sur les chaînes d’information, les meilleures en tout cas, les faits connaissent certes de brefs moments de narration, au sein des “journaux” qui ponctuent la journée, et aussi des moments plus longs dans les émissions consacrées à des reportages et des enquêtes. Mais l’habitude des tables-rondes qui se succèdent replonge sans cesse les faits dans du débat, des opinions, des discours. Ce qui, mine de rien, donne peu à peu l’impression que ce ne sont pas les faits qui comptent le plus, mais ce qu’il faut en juger. Au point qu’il arrive de plus en plus que les faits ne mettent plus tout le monde d’accord. Ce “à chacun ses faits” produit, peu à peu, une difficulté à ressentir une matière factuelle commune. C’est ce que j’appelle la virtualisation du monde. Ce travers me semble lié au fait qu’à présent, la conversation infinie est désormais possible techniquement.Que voulez-vous dire ?On peut converser avec le monde entier, sans fin, sur nos écrans. Or, la tendance naturelle de la conversation est de rassembler des gens dont les opinions sont à peu près les mêmes, ce qui, forcément, conduit à sélectionner les “faits” qu’on aime entendre, et à en laisser d’autres dehors. Il y a donc de moins en moins de faits communs, c’est-à-dire de faits qui, même s’ils suscitent des avis divers, sont partagés par tout le monde.Or malgré ce que certains pensent – que cette ère du discours existe parce que ce serait ce que “les gens veulent” – le récit nous manque. Le récit qui ébranle nos certitudes “naturelles”. Le récit qui nous plonge dans des univers de pensée différents des nôtres. En témoigne le nombre de séries que nous regardons tous ! Symptomatique, je crois, du besoin que nous avons d’entendre les histoires d’autres personnes. Besoin que nous n’assouvissons plus grâce aux médias, parce qu’ils sont devenus avant tout de vastes espaces de discours, d’affrontement d’opinions, plus que d’élargissement constant de la matière factuelle par toujours plus de récits.Dans des sociétés comme la nôtre, où la liberté d’expression et de communication sont particulièrement développées, et où des voix érudites peuvent se faire entendre, pourquoi cette tendance à la désaffection des faits ne s’est-elle pas autorégulée ?Sur les réseaux sociaux, on converse avec des masses de gens qui sont en réalité assez homogènes. Et certains médias, désormais, visent explicitement certains publics seulement, en insistant sur les faits qui confortent les opinions de ces publics, et en évitant les “faits inconfortables”, comme disait Max Weber. Pendant un siècle et demi, de la deuxième moitié du XIXe siècle à la fin du XXe siècle, les médias d’information visaient un public le plus large possible, ce qui exigeait de bien donner et approfondir les faits sur lesquels on pouvait s’entendre par-delà les divergences d’opinions. Aujourd’hui, ce vaste public est fracturé en plusieurs bulles. Chacune a ses faits, à quoi s’ajoute un discours ambiant qui affirme que oui, à chacun ses faits, c’est ainsi, et que l’idée d’une factualité s’imposant à tous est une chimère. Nous sommes en train de nous blottir dans cette certitude, sans la remettre en question, et cela devrait nous inquiéter.Nos “sociétés libres” laissent parler “beaucoup de voix indépendantes de tout pouvoir”, écrivez-vous. Faudrait-il, alors, réguler l’expression de ces voix ?Attention au malentendu : je mentionne ce point parce que Hannah Arendt suggérait que l’existence possible de voix extérieures à tout pouvoir était ce qui offrait l’espoir d’une matière factuelle demeurant respectée. Je comprends ce qu’elle disait là. Mais hélas notre époque montre qu’une société libre, où des gens peuvent travailler et s’exprimer sans que des pouvoirs leur cherchent des noises, est malgré tout capable d’une maltraitance formidable à l’égard des faits. Je n’ai aucune envie de remettre en question la liberté d’expression ! Je dis juste qu’elle ne garantit pas à elle seule que les faits seront bien traités. La liberté d’expression est une belle chose gagnée au cours de la démocratisation de certaines sociétés modernes. Il est essentiel de la défendre. Ce qui me préoccupe a plutôt à voir avec la “servitude volontaire” que décrivait La Boétie : nous nous réfugions dans de petits publics bavards qui se protègent des faits susceptibles de les troubler, sans voir qu’en réalité notre curiosité rétrécit et l’idée même d’un grand monde commun devient floue.Fut une époque où nous croyions les journalistes, les chercheurs… Nous avions confiance en ceux que j’appelle les “témoins-ambassadeurs”, c’est-à-dire les individus à qui nous déléguions la mission de rapporter les faits sensibles, de nous faire vivre par leurs récits des “expériences par procuration” qu’ils auraient éprouvés pour nous. Je pense qu’il y aura toujours dans les pays “libres” des chercheurs, journalistes, historiens capables et désireux de rechercher les faits là où ils se trouvent pour les communiquer à autrui. La question est de savoir si nos sociétés sont encore capables de faire confiance à ces témoins-ambassadeurs. Or, aujourd’hui, il est clair que cette confiance va mal. Ce qui n’augure rien de bon : aucune société ne va bien sans ces figures.Vous décrivez les fake news comme “le problème le plus aigu” auquel nous soyons confrontés. Pensez-vous que pour les combattre, le fact-checking soit une solution efficace ?D’abord, il faut préciser que le fact-checking n’a rien de nouveau. Vérifier les faits est l’essence du métier de journaliste depuis son origine. Joseph Pulitzer, qui avait repris en main le New York World en 1883, avait fait afficher les mots “Accuracy, accuracy, accuracy !”. Ce qui signifie “exactitude factuelle”. Être précis dans les faits, c’était l’obsession des grands patrons de presse du XIXe siècle !Ceci étant dit, le fact-checking est sans doute la seule chose que nous puissions faire contre les fake news. Ce qui passe par l’expérience sensible des faits (la vue, le toucher, l’odorat, l’ouïe, voire le goût, pourquoi pas), puis le partage de cette expérience sensible, grâce à ces “témoins-ambassadeurs” qui essaient de gommer tout ce qu’il y a de singulier dans l’expérience sensible, pour ne garder que ce qui pourrait être l’expérience sensible de n’importe qui. Joseph Pulitzer, toujours, disait : “je veux du vrai, du tangible, du “vérifié”, en somme des “faits”, que vous ne pourrez trouver qu’en sortant de ce bureau sans cesse, pour aller y voir “en personne””.Qu’il s’agisse de vérifier si quarante bébés ont effectivement été assassinés (comme il a été dit à un moment donné quand on a appris le massacre dans le kibboutz de Kfar Aza, et repris par le gouvernement israélien avant qu’on s’aperçoive que ce n’était pas confirmé et qu’en tout cas ce chiffre ne correspondait pas à un charnier dans un unique kibboutz), ou combien de morts il y a eu dans un hôpital à Gaza, il nous faut pouvoir compter sur des témoins tels les journalistes, qui se rendent sur place, à la morgue, dans les kibboutz, dans les hôpitaux, pour regarder concrètement si telle forme de cratère correspond à une roquette ou à un bombardement plus lourd, pour compter les morts, voir les corps etc. Ce qui, au passage, est très problématique côté Hamas, car là les journalistes ne sont pas libres entièrement de leurs propos et les journalistes étrangers, dans leur pluralité, ne peuvent pas s’y rendre. Nous ne pouvons pas transiger sur les faits, faire de l’à peu près, tant le conflit des idéologies est violent. Même s’il faut garder à l’esprit que ceux qui ont décidé de ne plus rien croire ne croiront plus rien.Vous expliquez que “l’impartialité” est la “clé de la notion de ‘fait’”. N’est-ce pas utopique, dans un monde où nous sommes tous constamment sommés de prendre parti ?L’impartialité est une notion imparfaite, c’est sûr. Il n’y a pas de recette simple pour l’atteindre. C’est un idéal. On peut le dire utopique à condition de penser l’utopie de manière positive et féconde : comme une valeur régulatrice, qui nous fait faire des efforts en ce sens. Mais pas au sens d’une lubie pure : car ça ce n’est pas vrai.Dans la deuxième moitié du XIXè siècle, de nombreux journalistes se sont demandé comment avoir le regard le plus universel possible, en faisant le moins de choix émotionnels et singuliers. Cette question a taraudé la reporter Nelly Bly, ou la journaliste Séverine, qui était obsédée par le souci de regarder la réalité non comme une bourgeoise, mais comme le peuple. Elle voulait “sentir” les faits de façon commune et non pas uniquement singulièrement.L’impartialité, c’est aussi une forme de modestie, un effort qui passe par la conscience que l’on a une vision partielle, que l’on ne peut pas tout voir. C’est cela, l’honnêteté du témoin-ambassadeur : raconter ce qu’il voit à un instant T et à un endroit précis. Et tant pis s’il lui est impossible d’en tirer des conclusions générales sur l’ensemble d’un événement.Est-ce un manque d’impartialité qui fait défaut aujourd’hui dans la compréhension de l’attaque du Hamas et du conflit Hamas-Israël ?On peut avoir des désaccords très conflictuels sur comment penser cette attaque. Mais ce qui compte par-dessus tout, c’est que pour tout le monde l’attaque du Hamas soit reconnue comme telle. Qu’on parle bien de la même chose, des mêmes faits.Ce qui m’effraie surtout, c’est de voir que des reporters rentrent d’Israël et racontent qu’en Cisjordanie, des personnes très éduquées pensent véritablement que l’attaque du Hamas n’a jamais eu lieu, que c’est un fake, ou bien qu’elle a bien eu lieu mais que ce sont les Israéliens qui ont tiré sur leurs propres enfants pour pouvoir justifier une entrée en guerre.C’est encore plus grave que ce que j’ai écrit dans mon livre : aujourd’hui, il y a une partie du monde, du moins des zones entières, où des faits, validés par de vrais outils de validation, des données matérielles sensibles, sont niés. Si des images “vraies” suscitent le rejet, imaginez ce que cela donnera lorsque le deep fake se sera généralisé, c’est-à-dire lorsque nous serons envahis par des images qui seront des “faux très convaincants”.En même temps, à quoi pourrons-nous éventuellement nous raccrocher ? A des témoins-ambassadeurs en chair et en os, qui iront voir et sentir avec leur corps, en passant derrière l’image si j’ose dire ; et auxquels nous pourrons encore faire confiance. Il faudra bien que cette confiance-là existe encore. Au vu du climat actuel, il est possible que chaque petit morceau de public, dans le monde, veuille alors “son” témoin-ambassadeur… Vraiment, il en sera fini du “commun” plus large ? C’est terrible. Je ne m’y résous pas.Sur certaines chaînes ou émissions de télévision telles CNews ou TPMP, l’idée que les “faits” sont relatifs est presque assumée. Comment composer avec cette nouvelle donne ?TPMP colporte désormais des rumeurs extravagantes en toute impunité. Je retranscris toute une séquence dans mon livre. Ce qu’il faut surtout, c’est prendre conscience de ce qui se passe là. Quant à contrer le modèle CNews du “à chacun ses faits”, cela ne peut pas être de faire du CNews alternatif. C’est-à-dire s’intéresser uniquement aux faits auxquels CNews ne s’intéresse pas, ou ne pas traiter les thèmes de l’immigration ou de la délinquance au motif que la chaîne les surtraite. Ou encore céder à la même éditorialisation permanente, quoique sur d’autres sujets.Ce serait au contraire un triomphe de l’esprit CNews que de se plier à ce modèle, à cette culture du show, en faisant, en quelque sorte, un “gauchisme spectaculaire”. Plutôt que de réfléchir à des spectacles concurrents, il est temps de mener un combat plus modeste qui est celui de travailler les faits. Discourons moins, débattons moins, et faisons plus d’information et de récits.Certes, mais comme vous l’écrivez, le métier de journaliste est aujourd’hui vivement critiqué. Quoi qu’il fasse, il est souvent perçu comme étant au service des puissants et contre le peuple…En effet. Ceux qui sont capables de donner des récits suscitent d’emblée de la méfiance. Les journalistes qui travaillent bien sont autant détestés que les mauvais journalistes. De toutes les haines ayant historiquement visé ce métier, c’est sans doute la plus grave, car cette haine-là prend le métier à rebours.Longtemps, les critiques étaient aristocratiques ou bourgeoises, on parlait d’un métier de “mal élevés”, de “muckrakers” pour désigner ceux qui mettent leurs nez partout et agacent les pouvoirs. Mais cette critique ne discréditait pas entièrement le métier puisque le fond n’était pas faux : le journaliste met son nez partout, même s’il faut parfois dénoncer certains excès.Aujourd’hui, les journalistes sont systématiquement discrédités pour être proches du pouvoir et loin des petites gens. Même quand ce n’est pas vrai. Autrement dit, le journaliste est d’emblée désigné comme étranger au rôle même qui était le sien depuis un siècle et demi : voir pour tout le monde, en étant au service de tout le monde, et ce y compris en allant déranger les pouvoirs.Selon vous, le danger qui pèse sur la “factualité” est conjoint avec celui qui guette le rêve. Pourquoi ?Beaucoup de personnes entendent la notion de “fait” comme l’idée d’un réel ennuyeux qui nous empêcherait de rêver. C’est faux ! Les faits ne sont pas contradictoires avec la capacité à rêver. Nous avons besoin d’un matériau factuel qui nous traverse, nous touche et nous donne le sentiment du réel si nous voulons rêver. Il n’y a pas d’utopie, d’évasion ou d’ “ailleurs” si nous n’avons pas la conscience d’un “ici” tangible, si nous ne savons pas où nous sommes et dans quel monde nous nous trouvons.



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Author : Alix L’Hospital

Publish date : 2023-11-11 10:26:09

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Zara, Sandro, Aigle… Les grandes marques à l’assaut du marché de la seconde main

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Il suffit parfois d’un seul nouvel acteur pour bousculer tout un marché. Les exemples ne manquent pas : Tesla et ses voitures électriques dans l’automobile, Spotify et son application de streaming dans la musique, Amazon et son site de vente en ligne dans la distribution… Dans le textile, l’épouvantail se nomme Vinted. La plateforme de seconde main lituanienne, lancée en 2008, a mis du temps à se faire une place, suivant chaque année la croissance de ce marché, avant de se distinguer à partir de 2012-2013. Elle est désormais bien installée dans les habitudes d’achat des Français. Au deuxième trimestre 2023, elle a même ravi à Cdiscount la troisième place des sites de commerce en ligne les plus consultés dans l’Hexagone avec 17 millions de visiteurs uniques.Sentant le vent tourner et les parts de marché leur échapper, les marques de prêt-à-porter ont opéré, ces dernières années, un virage majeur dans leur stratégie en lançant leur propre service de seconde main. “On a rapidement observé que nos marques étaient extrêmement présentes sur Vinted et sur les autres plateformes. Il y avait donc bien une vie après la première main qui s’organisait autour de nous. A un moment, on s’est dit qu’il fallait absolument qu’on formalise notre projet”, raconte Isabelle Guichot, directrice générale du groupe prêt-à-porter français SMCP. Ses griffes phares, Sandro et Maje, ont respectivement ouvert leur plateforme de seconde main en octobre 2021 et en octobre 2022. L’entreprise assure aujourd’hui écouler 80 % des vêtements repris. Cinq ans plus tôt, Cyrillus avait ouvert la voie à ce changement de modèle, un exemple suivi depuis par de nombreuses enseignes, notamment Aigle. La dernière en date ? Le géant espagnol Zara, début septembre. D’après la Fédération française du prêt-à-porter féminin (FFPAPF), 40 % du secteur dispose aujourd’hui d’une telle offre.Des atouts face à VintedIl faut dire que le secteur est à la peine en France. Ces derniers mois, on ne compte plus le nombre d’enseignes placées en redressement judiciaire. En cause : la concurrence de la vente en ligne et des préoccupations environnementales qui influencent de plus en plus les choix de certains consommateurs. A cela s’ajoute la pression inflationniste qui vient renforcer la cure de rigueur que subissent les enseignes de la mode. Avec la seconde main, les marques disposent d’un atout de taille face à Vinted. “Elles peuvent faire valoir un rôle de réassurance auprès de leurs clients en remettant en état les vêtements et en les certifiant”, illustre Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du Commerce. Les perspectives du marché de la seconde main apparaissent considérables. En 2022, il était évalué à 7 milliards d’euros en France et devrait croître fortement ces prochaines années. A l’échelle mondiale, il devrait passer de 177 milliards à environ 350 milliards de dollars en 2027. “Les marques se sont rendu compte qu’il fallait qu’elles s’emparent de ce marché parce qu’il y a de la valeur client [NDLR : chiffre d’affaires supplémentaire] et potentiellement du réachat”, ajoute Thibaut Ledunois, directeur du service entrepreneuriat de la FFPAPF.Toujours en période de rodage, les acteurs commencent à sortir du cadre expérimental des cinq dernières années. “Les volumes écoulés deviennent intéressants, tandis que la logistique s’améliore. La question est : comment arrive-t-on à rendre rentables des produits déjà portés ?”, expose Thibaut Ledunois. Pour François-Xavier Leroux, associé digital, client et innovation chez KPMG, “ce modèle est rentable pour les marques qui ne supportent pas toute la supply chain. Pour celles qui s’occupent de tout en vendant un produit finalement pas si cher, cela questionne le modèle économique. Tout le monde se cherche encore un peu, mais c’est le début”. Autre défi : convaincre les clients de la marque de préférer sa plateforme de revente à celle de Vinted. Pour cela, la plupart offrent des bons de réduction dans l’espoir de les attirer dans leurs magasins ou sur leur site de vente en ligne. “Dans tous les cas d’entreprises que j’ai étudiées, le gros problème porte sur la collecte. Elles ont tout intérêt à reporter le coût de collecte sur leurs consommateurs en les faisant se déplacer”, estime Nicolas Béfort, directeur de la chaire bioéconomie et développement durable à Neoma.Le luxe, un cas à partPour l’heure, ce marché de la seconde main se constitue principalement en ligne. Un choix avant tout pragmatique. “Proposer une offre est compliqué en physique, car elle sera relativement limitée. En ligne, les marques peuvent présenter un catalogue beaucoup plus large, elles attirent plus de clients”, explique François-Xavier Leroux. C’est d’ailleurs l’une des prochaines interrogations de SMCP, qui voudrait lancer sa marque Claudie Pierlot dans le grand bain. “On ne veut pas se tromper. Souvent, les articles sont personnalisés, mis à la bonne longueur et à la bonne taille. Par exemple, un costume qui a été retouché, il faut pouvoir l’essayer. C’est peut-être là-dessus que la composante “physique” deviendra indispensable”, prédit Isabelle Guichot.Dans la seconde main, le segment du luxe est un cas à part, des questions se posent avant de se lancer. Des spécialistes comme Vestiaire Collective, Monogram Paris et Collector Square, ont pris les devants. “Le secteur se préoccupe de l’après-vente, des services d’entretien pour favoriser la durabilité des produits. Les marques savent où sont leurs pièces. Ce sont peut-être les prémisses d’un futur service”, estime François-Xavier Leroux. Chez LVMH, on préfère se tenir à l’écart de cette tendance. “Attention à l’effet rebond. Cela pousse les gens à acheter plus en cherchant la bonne affaire, plaide Hélène Valade, directrice Développement Environnement du géant du luxe. Nous avons bien étudié cette voie avant de décider de la laisser de côté. Nous faisons le choix de la seconde vie plutôt que de la seconde main”.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/entreprises/zara-sandro-aigle-les-grandes-marques-a-lassaut-du-marche-de-la-seconde-main-3RQTGUTFNFCNVGFZFMXBI6NTEY/

Author : Thibault Marotte

Publish date : 2023-11-11 10:30:00

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Picasso : ces deux expositions à découvrir à Paris

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Les cinquante années de la mort du peintre n’en finissent pas d’être célébrées ici et là. A Paris, deux expositions s’y distinguent par leur parti pris thématique. La première, au musée Picasso-Paris, voit Sophie Calle investir les quatre niveaux de l’hôtel Salé en convoquant la mémoire du maître espagnol à travers l’un de ces récits personnels dont elle a le secret et qui, une fois de plus ici, fait mouche. A l’exception d’une première œuvre qu’elle commit à l’âge de 6 ans et qui fit dire à sa grand-mère qu’il y avait “un Picasso dans la famille”, l’artiste n’avait pourtant pas grand-chose à revendiquer d’un lien avec le peintre, aussi a-t-elle décidé de “faire sans”.Pablo, objet de cet hommage, s’efface donc au profit de Sophie, non sans quelques clins d’œil picassiens, comme ces œuvres miniatures qu’elle a échangées avec ses amis artistes, de Bertrand Lavier à Serena Carrone, accrochées sur un mur de 27,0824 mètres carrés – la surface exacte de Guernica. D’un étage à l’autre, on retrouve les thèmes de prédilection de la plasticienne, comme la disparition, l’absence ou le regard : son “maigre” rapport personnel à l’œuvre de Pablo, souvenirs autobiographiques à l’appui, l’inventaire avant l’heure de sa propre succession, exposant l’ensemble de ses biens à la manière d’une vente aux enchères, ou encore le regard rétrospectif en forme de bilan qu’elle pose sur son parcours artistique. Voilà en somme un condensé inattendu de toute sa vie que Sophie Calle a, comme une urgence, intitulé A toi de faire, ma mignonne.Sophie Calle, “Dessin d’enfant”.C’est en collaboration avec le même musée Picasso qu’est présentée au Centre Pompidou Dessiner à l’infini, la plus grande rétrospective à ce jour de la production dessinée et gravée de l’artiste, avec près de 1000 œuvres, sous l’égide des commissaires Anne Lemonnier et Johan Popelard. Au tandem, on ajoutera le nom de la scénographe Jasmin Oezcebi, tant sa mise en espace de la grande galerie du 6e étage donne le vertige en offrant de multiples points de vue et perspectives inédites, tout en ménageant une superbe fluidité au parcours. De parcours, d’ailleurs, il n’y a point, puisque la disposition de l’exposition à la façon d’une immense scène ouverte, sans logique chronologique, permet de circuler en toute liberté à travers les œuvres et les thématiques.S’intéresser à la production graphique du peintre, qui était aussi – on en a la brillante confirmation ici – un dessinateur compulsif, c’est s’immerger dans sa pensée, comme “dérouler une sorte de journal intime”, soulignent les commissaires. De la jeunesse à la maturité, des papiers collés aux figures dessinées d’un seul trait, comme celles accompagnant l’essai critique autour de la musique de Jean Cocteau, Le Coq et l’Arlequin, des portraits délicats au pastel à la violence des “têtes qui pleurent”, préludes à Guernica.Pablo Picasso, “Autoportrait” [Montrouge], 1918.Au cœur de cet étonnant dispositif, les carnets de l’artiste cristallisent ce vaste champ d’expérimentation – Picasso en a laissé près de 200, la plupart longtemps restés inédits. On y retrouve, parmi d’autres pépites, les Nus rouges à la gouache ou à l’aquarelle, témoins d’une intense fièvre créatrice qui aboutira, en 1907, au choc des Demoiselles d’Avignon.A toi de faire, ma mignonne, au musée Picasso-Paris jusqu’au 7 janvier. Dessiner à l’infini , au Centre Pompidou jusqu’au 15 janvier.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/picasso-ces-deux-expositions-a-decouvrir-a-paris-ZBTURMBAM5BFRCX7Q5FBCLNR6U/

Author : Letizia Dannery

Publish date : 2023-11-11 11:00:00

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Climat : et si dépolluer l’air accentuait le réchauffement ?

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Doit-on retirer des particules de l’atmosphère ou au contraire en injecter, afin de sauver la planète ? L’arbitrage peut paraître étrange et totalement prématuré. Nous y serons pourtant probablement confrontés, estime le climatologue américain James Hansen qui fut l’un des premiers à nous alerter sur l’impact des activités humaines sur le climat à la fin des années 1980.Depuis plus de trente ans, ce scientifique très écouté continue son rôle de vigie. Et dans son dernier travail de recherche, il résume la contradiction à laquelle nous faisons face. D’un côté, la pollution aux aérosols diminue depuis 2010 grâce notamment aux efforts du transport maritime qui émet moins de particules soufrées. Une très bonne nouvelle qui permet d’épargner de nombreuses vies. Malheureusement, ce nettoyage de l’atmosphère nous rend aussi plus sensibles au réchauffement car la pollution agit comme une couche refroidissante !Pour James Hansen, cet effet protecteur est loin d’être négligeable. Ainsi, selon ses calculs, son affaiblissement pourrait accentuer la crise climatique. Le taux de réchauffement global qui était de 0,18°C par décennie entre 1970 et 2010 pourrait désormais passer à 0,27°C. Avec des conséquences concrètes : le seuil de 1,5°C serait dépassé dès cette décennie et la barre des 2°C serait atteinte avant 2050. Pas vraiment ce qui était prévu dans l’Accord de Paris.Certes, cette idée d’accélération du réchauffement ne fait pas l’unanimité parmi les chercheurs. Nombre d’observateurs pensent d’ailleurs que l’objectif de maintenir le réchauffement à 2 °C peut encore être atteint, même si la fenêtre de tir se réduit. Cependant, “réduire nos émissions de gaz à effet de serre ne suffira pas” pour résoudre notre problème climatique, prévient l’expert. Un coup de pouce de la technologie sera nécessaire. La captation et le stockage de CO2 se développent déjà en complément de la réduction de l’empreinte carbone, alors qu’il y a quelques années, ce genre de solution faisait partie de l’arsenal controversé de la géo-ingénierie. En France, plusieurs industriels prévoient d’envoyer leur CO2 au fond de la mer du Nord, profitant des installations et des services mis en place par les pays scandinaves.Des arbitrages difficilesJames Hansen nous invite cependant à regarder de près un spectre plus large d’options : taxe carbone au niveau national et aux frontières, développement du nucléaire et même la gestion du rayonnement solaire (SRM), qui consiste injecter des particules – non polluantes cette fois – dans l’atmosphère à l’aide de bateaux ou d’avions afin renvoyer une partie des rayons du soleil vers l’espace. “Cette technique soulève – à juste titre – de nombreuses réticences”, estime James Hansen. En novembre 2022, plusieurs experts évoquaient pour L’Express les risques posés par ce genre de technologie : certaines régions profiteraient sûrement d’un rafraîchissement agréable. D’autres, à l’inverse, pourraient voir le rendement de leurs récoltes se dégrader. Par ailleurs, l’existence d’un tel outil saperait les efforts destinés à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Enfin, même si une forme de coopération émergeait, la maîtrise de cette technologie représenterait un tel enjeu pour les États qu’il serait difficile de maintenir un processus décisionnel équitable. En d’autres termes, un pays finirait sans doute par s’emparer du thermostat mondial.Mais cela n’empêche pas la SRM de gagner en soutien, au moins pour l’étudier de près. Une conséquence directe de notre inertie en matière de politiques climatiques. Comme le rappelle James Hansen, compte tenu de nos progrès trop lents en matière de réduction des émissions de CO2, nous devons sans doute nous préparer à des arbitrages difficiles.



Source link : https://www.lexpress.fr/environnement/climat-et-si-depolluer-lair-accentuait-le-rechauffement-UXC3A6STXZHRPGIRB4FAEYNX7Y/

Author : Sébastien Julian

Publish date : 2023-11-11 13:00:00

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Tuvalu menacé par la montée des eaux : comment l’archipel prépare son futur numérique

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C’est un traité qualifié de “lueur d’espoir” par le Premier ministre tuvalais Kausea Natano. Vendredi 10 novembre, l’Australie a annoncé avoir signé un accord avec l’archipel des Tuvalu pour offrir progressivement l’asile climatique à ses quelque 11 000 habitants.Une joie compréhensible : cet état insulaire de l’océan Pacifique est l’un des plus menacé par la montée du niveau des eaux liée au réchauffement climatique. Sur les neuf récifs coralliens que compte Tuvalu, deux ont déjà été engloutis. Et le reste de son territoire risque de disparaître d’ici moins d’un siècle, selon les experts. L’accord avec l’Australie offre ainsi un futur concret aux habitants de l’archipel polynésien, qui multiplie les projets pour assurer l’avenir de sa nation. Et notamment en se créant un double numérique.Assurer le futur des Tuvalais à court termeLes objectifs du pacte signé avec le gouvernement australien sont clairs : permettre aux citoyens de l’archipel des Tuvalu de se réfugier en Australie pour “y vivre, y étudier et y travailler”. Si le texte doit encore être ratifié par les deux parties pour entrer en vigueur, les Tuvalais réfugiés en Australie auront notamment accès au système éducatif, de santé, ainsi qu’à des aides financières et familiales. Cette décision, qui représente un coût économique pour l’Australie, ne semble pas totalement désintéressée. Selon le politologue belge François Gemenne, coauteur du sixième rapport du Giec, l’accueil des Tuvalais lui permettrait d'”accroître sa position dans la zone d’influence du Pacifique Sud où elle est en compétition avec la Chine”, explique-t-il auprès de l’AFP.Un projet de gouvernance numérique de l’archipelLes autorités du Tuvalu ont toutefois fixé une limite : le nombre d’entrées en Australie sera limité à 280 par an dans un premier temps, afin d’éviter une “fuite des cerveaux”. En effet, l’objectif du gouvernement n’est pas de diluer sa population et son identité dans le voisin australien, mais bien de perpétuer la nation des Tuvalu face à la catastrophe annoncée. Une démarche qui s’incarne aussi dans un autre projet : la création d’un jumeau digital de l’archipel.En 2021, l’archipel des Tuvalu a annoncé son projet Future Now, réunissant trois initiatives pour assurer la pérennité du pays face au réchauffement climatique, rappelle The Guardian. En plus de prôner l’entraide des habitants et d’appeler à garantir ses frontières maritimes en cas de submersion, le gouvernement a aussi lancé le chantier d’un état numérique.Le projet consiste ainsi à répondre au pire des scénarios : comment assurer la représentation officielle d’un état s’il n’a plus de territoire ? Le gouvernement Tuvalu prévoit donc de “transférer dans le cloud l’accès aux services gouvernementaux, consulaires, et à tous les systèmes administratifs qui y sont liés”, détaille le quotidien britannique.Préserver la culture et l’histoire tuvalaise en ligneÀ l’image d’une ambassade assurant les droits des expatriés d’un pays, l’État numérique tuvalais doit ainsi garantir un lien légal pour sa population qui serait dispersée aux quatre coins du monde. “Les modalités de cette continuité juridique restent toutefois à préciser”, commente la professeure de droit public Géraldine Giraudeau dans le média en ligne The Conversation.Au-delà de ces sites web gouvernementaux, le projet de double numérique des Tuvalu vise aussi à assurer l’avenir de sa principale richesse : sa culture et son histoire. En 2021, l’annonce de Future Now a surtout été retenue pour son incarnation la plus visuelle : la création d’une copie numérique de l’île tuvalaise Te Afualiku en trois dimensions, accessible avec un casque de réalité virtuelle.C’est le premier des neuf atolls que compte l’archipel à avoir été recréé grâce à des images de drones et des vues satellites. Sol de sable poreux, courants marins, palmiers, récits coralliens, fêtes traditionnelles… L’idée est d’abord de garder un souvenir virtuel le plus précis possible de l’archipel, afin de permettre “aux générations futures de continuer à exister en tant que culture et nation”, rapporte The Guardian. Avec l’espoir, à terme, de permettre aux immigrés Tuvalais de continuer à vivre leur culture au sein de ce monde virtuel… Si la technologie ne disparaît pas d’ici là.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/tuvalu-menace-par-la-montee-des-eaux-comment-larchipel-prepare-son-futur-numerique-V3GFEAECURCXTJTTT5NAU733PU/

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Publish date : 2023-11-11 14:23:07

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CMA-CGM, Maersk… Le gros trou d’air des géants du fret maritime

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Ralentissement du commerce mondial, surcapacité, baisse significative des taux de fret : les géants du transport maritime connaissent un recul important de leurs bénéfices. Vendredi 10 novembre, l’armateur français CMA-CGM a publié ses résultats financiers du troisième trimestre 2023 : 388 millions de dollars, soit 18 fois moins que sur l’année 2022. “La normalisation de notre secteur [NDLR : du transport et de la logistique] se poursuit au troisième trimestre, avec un retour à des conditions de marché que nous connaissions avant la pandémie”, a commenté le PDG, Rodolphe Saadé, dans un communiqué.Le groupe connaît une importante baisse du chiffre d’affaires de ses activités maritime : 7,6 milliards de dollars, soit 51,8 % de moins qu’à la même période l’an passé. Et il n’est pas le seul : les résultats des autres géants du secteur, publiés ces derniers jours, sont venus souligner un brutal retour sur terre après les superprofits des années Covid. Le groupe danois Maersk, deuxième compagnie mondiale, a ainsi vu son bénéfice divisé par 17 au troisième trimestre comparé à 2022. Et il a annoncé la suppression de 3 500 emplois en 2024.Baisse de la consommation mondialeCette fonte des revenus des géants du transport maritime est en grande partie liée à l’effondrement des taux de fret entre mars et décembre 2022, jusqu’à retrouver leurs niveaux d’avant la crise sanitaire. Ils s’étaient envolés avec la pandémie de Covid-19 et l’explosion de la demande de matériel médical, mais aussi de biens de consommation, alors que les restrictions sanitaires à travers le monde avaient poussé les ménages à réorienter leurs dépenses vers des équipements, meubles et autres biens matériels faute de dépenser en voyages et sorties. “Le ralentissement de l’économie mondiale devrait continuer à peser sur notre industrie dans la période à venir, mais les volumes transportés demeurent solides”, a tempéré Rodolphe Saadé.L’acheminement par bateau d’un conteneur standard de 40 pieds ne coûte désormais plus que 1 216 dollars, selon le Freightos Baltic Index, contre 11 109 dollars en septembre 2021. Plusieurs routes maritimes atteignent d’ailleurs à peine le seuil de rentabilité. Comme le flux transpacifique – entre l’Asie et l’Amérique du Nord – qui est le “principal flux mondial de porte-conteneurs”, d’après Arthur Barillas de Thé, directeur général du commissionnaire de transport Ovrsea. “C’est le flux qui est monté le plus haut pendant le Covid et c’est aussi celui qui s’est effondré le plus vite”, explique-t-il auprès de l’AFP. Même le flux transatlantique, traditionnellement plus profitable, a très largement baissé.SurcapacitésLes indicateurs économiques mondiaux n’incitent pas à l’optimisme. “Il est probable que les dépenses de consommation stagnent dans un environnement de taux d’intérêt plus élevés” dans les grandes économies mondiales, souligne Jonathan Roach, analyste spécialiste du transport de conteneurs pour Braemar. Le PDG de CMA-CGM, a dit vendredi s’attendre à une croissance atone du commerce mondial pendant toute l’année 2024.Autre conséquence liée à la baisse des échanges internationaux : des flottes en surcapacité. Grâce aux profits phénoménaux engrangés en 2021 et 2022, les grandes compagnies ont en effet investi dans des centaines de nouveaux navires. Vincent Clerc, directeur général d’AP Møller-Maersk, s’est ainsi inquiété “qu’une mauvaise situation soit aggravée par le grand nombre de navires commandés par des concurrents au cours des années de boom et qui devraient être livrés cette année et en 2024”, a-t-il indiqué au Financial Times.De son côté, Braemar prévoit une croissance annuelle moyenne de la flotte d’environ 5 % à 5,5 % entre 2023 et 2027. L’offre excédentaire de navire devrait alors atteindre 20 % par rapport à 2020. Il ne s’agit pas pour autant d’une crise, insiste auprès de l’AFP Niels Rasmussen, analyste en chef pour Bimco, principale association mondiale de transporteurs maritimes. En 2008, avant la crise financière, le carnet de commandes de nouveaux navires équivalait à 60 % de la flotte mondiale en service. “Aujourd’hui, il est de 27 %”, précise-t-il.”La frénésie des armateurs à acheter de nouveaux navires en période de prospérité, pour les voir arriver en période de vaches maigres, est une histoire aussi vieille que l’industrie du transport maritime elle-même”, relativise quant à lui Daniel Richards, analyste de MSI. Les grandes compagnies sont aussi “beaucoup plus saines financièrement car elles ont bénéficié des très forts profits” des années Covid et se sont diversifiées dans la logistique notamment, relève Camille Egloff, spécialiste du transport maritime au Boston Consulting Group.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/entreprises/cma-cgm-maersk-le-gros-trou-dair-des-geants-du-fret-maritime-HAQ7UT2P7NFRTBAMLVOTU7F5ZM/

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Publish date : 2023-11-11 15:02:50

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JO-2024 : pourquoi le choix du site de surf en Polynésie fait tant polémique

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L’État persiste sur le choix du site de surf des Jeux olympiques de Paris 2024. Vendredi 10 novembre, en marge du dévoilement du parcours de la flamme paralympique à Saint-Denis, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra l’a assuré : le site de Teahupo’o, en Polynésie, reste bien “l’option centrale” pour les épreuves de surf aux JO 2024.Les tensions sont pourtant fortes entre Papeete et Paris, alors que de nouvelles discussions sont prévues “ce week-end” entre la ministre et le président de cet archipel français autonome. Car à neuf mois de la compétition, la population et le gouvernement local critiquent fortement le projet d’installation d’une nouvelle infrastructure au milieu du lagon de ce site naturel.Des critiques centrées sur une nouvelle tour en aluminiumUn site choisi au départ pour de bonnes raisons. Dans sa dernière déclaration, Amélie Oudéa-Castéra a rappelé la qualité de ce “site extraordinaire de Teahupo’o, où il y a cette vague inouïe, absolument unique au monde”. Or le comité organisateur des JO prévoit d’installer, pour les juges, une nouvelle tour en aluminium de 14 mètres de haut, en plein lagon. Le coût de cette infrastructure, déjà construite, est estimé à plus de 4 millions d’euros. Elle remplacerait ainsi l’actuelle tour en bois, habituellement utilisée pour les compétitions internationales mais qui n’est plus aux normes.Ce projet d’installation est pourtant vivement critiqué depuis plusieurs semaines par des riverains, des surfeurs et des militants écologistes. Il faudrait en effet remplacer les fondations marines de la vieille tour de juges par de nouvelles, ce qui risquerait, selon eux, de détériorer le corail du site.Une tension locale qui atteint la sphère politiqueUne polémique s’est récemment superposée à ces tensions latentes : celle du voyage de la maire de Paris, Anne Hidalgo, dans l’archipel. Après un déplacement fin octobre en Nouvelle-Calédonie puis en Polynésie française, l’opposition de droite au conseil municipal a dénoncé quelques jours plus tard l’usage de deniers publics et le coût écologique de cette “vadrouille aux frais des Parisiens”. Une visite officielle pourtant validée ce samedi 11 novembre par la commission de déontologie de la ville de Paris, et qui avait notamment pour but d’évoquer l’épreuve de surf sur le site tahitien.Or la réponse de la mairie à cette polémique a souligné la délicatesse du sujet entre la métropole et l’archipel : Anne Hidalgo a reconnu ne pas s’être rendue en personne sur le site de surf, laissant la place à son adjoint aux Sports, Pierre Rabadan. Un choix fait “à la demande du président polynésien” Moetai Brotherson, du fait des “tensions locales”.Si le président de la Polynésie française a d’abord tenté de rassurer les opposants au projet, l’homme politique indépendantiste a finalement rejoint leur demande de changer de site de surf. Mercredi 8 novembre, il indiquait à l’AFP ne pas voir “où on pourrait faire passer la barge [de la foreuse] […] sans exploser du corail”.Des alternatives encore incertainesCe revirement récent n’arrange en rien le Comité d’organisation des JO, le Cojo, qui négocie depuis plusieurs semaines avec le gouvernement autonome polynésien pour trouver une alternative. Le président Moetai Brotherson envisage désormais de déménager l’épreuve sur un autre spot : celui de Taharuu, moins renommé mais plus facile d’accès que Teahupo’o, sur la côte ouest de Tahiti. Le site serait selon lui “doté de toutes les infrastructures à terre”, ce qui éviterait de construire une tour de juges au large. Une option pourtant écartée lors de l’organisation des épreuves de surf, mais “qu’on pourra réviser”, avance Moetai Brotherson.D’autres solutions sont malgré tout avancées pour maintenir les épreuves à Teahupo’o. S’il est trop tard pour construire une nouvelle tour en bois semblable à celle prévue en aluminium, une autre option envisagée serait d’installer la tour métallique déjà construite sur les fondations en bois de l’ancienne tour, selon une source proche du dossier à l’AFP. Mais la possibilité est “techniquement” incertaine, d’après cette même source.Le temps est pourtant compté : la proximité de ce débat avec le début des JO 2024 dans neuf mois rend peu probable l’hypothèse d’un déménagement. L’État français pourrait donc imposer son choix contre l’avis du gouvernement local, au risque de donner du grain à moudre au mouvement indépendantiste au pouvoir. Depuis 2013, la Polynésie française est considérée par l’ONU comme territoire non-autonome à décoloniser.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/jo-2024-pourquoi-le-choix-du-site-de-surf-en-polynesie-fait-tant-polemique-6FK5X4I2WJGL3BE6XKI2AL6QSE/

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Publish date : 2023-11-11 16:55:53

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