*.*.*
close

L’Express

Réfugiés climatiques : l’Australie signe un traité “fondateur” avec les Tuvalu

logo




Un traité “fondateur”. Canberra a annoncé, vendredi 10 octobre, offrir progressivement l’asile climatique aux quelque 11 000 citoyens de Tuvalu, petit ensemble d’îles du Pacifique grignoté par la montée des eaux et menacé de disparition.Deux de ses neuf récifs coralliens ont déjà été engloutis et ce n’est qu’une question de temps -moins d’un siècle- avant que l’intégralité de son territoire ne devienne inhabitable, selon des experts.Un pacte entre les deux paysVendredi, le Premier ministre australien Anthony Albanese et son homologue de Tuvalu Kausea Natano ont ainsi dévoilé les termes d’un pacte qui doit permettre aux citoyens de l’archipel de se réfugier en Australie pour “y vivre, y étudier et y travailler”. Afin d’éviter toute “fuite des cerveaux” trop dommageable, le nombre d’entrées sera limité dans un premier temps à 280 par an. Kausea Natano a salué une “lueur d’espoir” pour sa nation, l’une des plus menacées par les effets du changement climatique.Jane McAdam, experte en droit des réfugiés, parle elle d’un texte “fondateur”. “C’est le premier accord qui s’attaque spécifiquement à la mobilité climatique”, affirme à l’AFP cette professeure à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud. “La plupart des gens ne veulent pas quitter leur maison, ils ont des liens ancestraux très forts avec leur terre et la mer, mais cela leur offre une sécurité”, dit-elle. Le texte doit encore être ratifié par les deux parties pour entrer en vigueur.Les Tuvalais réfugiés en Australie auront notamment accès au système éducatif, de santé, à des aides financières et familiales, précise le traité. Aussi, l’Australie s’est engagée à mobiliser 16 millions de dollars australiens (9,5 millions d’euros) pour consolider les côtes de Tuvalu qui s’érodent et récupérer les terres submergées.Le texte déplore cependant que le passage à l’action soit si tardif, les conséquences du réchauffement climatique étant déjà palpables. “En même temps, nous croyons que le peuple de Tuvalu mérite d’avoir le choix de vivre, étudier et travailler ailleurs, alors que le changement climatique empire”, ont déclaré les deux dirigeants dans un communiqué conjoint.Anthony Albanese a ajouté que l’Australie est ouverte à l’idée de conclure des accords similaires avec d’autres pays voisins de l’océan Pacifique, ajoutant qu’il faudrait toutefois un traité sur-mesure pour chaque candidat. Un volet militaireCe pacte peut représenter une victoire stratégique pour Canberra, qui entend renforcer son influence dans la région face à la présence accrue de la Chine. Le traité comporte notamment un volet défense, engageant l’Australie à venir en aide à Tuvalu en cas d'”agression militaire”, mais aussi de catastrophe naturelle ou de pandémie. Et il permet à Canberra d’avoir son mot à dire à propos de tout pacte de défense que l’archipel signerait avec d’autres pays.Une possibilité d’autant plus importante que les îles Salomon, à l’ouest de Tuvalu, en ont conclu un avec Pékin, l’accord autorisant le déploiement de forces armées chinoises sur leur territoire.”L’union Australie-Tuvalu sera perçue comme un jour important, lors duquel Australie a reconnu qu’elle faisait partie de la famille Pacifique”, a déclaré Anthony Albanese, qualifiant lui aussi le traité de “fondateur” devant la presse, en marge du Forum des îles du Pacifique organisé dans les îles Cook. Les relations ne sont pas parfaites pour autant entre Canberra et ses voisins, en particulier à cause de la dépendance australienne au charbon et aux exports de gaz, deux postes économiques polluants critiqués par les nations des environs qui subissent déjà de plein fouet la montée des eaux et une météo de plus en plus extrême.Anthony Albanese a ainsi souligné que les pays développés doivent commencer à prendre plus de responsabilités dans la lutte contre le changement climatique, alors que ce sont ceux en développement qui en pâtissent le plus.



Source link : https://www.lexpress.fr/environnement/refugies-climatiques-laustralie-signe-un-traite-fondateur-avec-les-tuvalu-BR7JCJD6JNDJXH4E7KII6ER34M/

Author :

Publish date : 2023-11-10 09:46:11

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Autoritaire, complotiste, anti-élite… La personnalité des antisémites passée au crible

logo




Plan d’action de l’administration Biden contre l’antisémitisme sur les campus américains, indignation du vice-chancelier allemand, l’écologiste Robert Habeck, à l’encontre de l’extrême droite et d’”une partie de la gauche” après une hausse des incidents antisémites, déchirement de la gauche française… Les réactions à l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre et à la réplique militaire d’Israël sur la bande de Gaza ont relancé le débat, dans les sociétés occidentales, sur les formes de l’antisémitisme. Et, notamment, sur l’ampleur d’un possible “transfert” de ce dernier vers la gauche, sous couvert d’une critique radicale des politiques israéliennes.En décembre 2019, l’Assemblée nationale a voté, contre l’avis de la gauche, qui s’inquiétait d’une assimilation entre antisémitisme et antisionisme, une résolution en faveur de l’adoption de la définition opérationnelle de l’antisémitisme élaborée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), qui englobe “les manifestations de haine à l’égard de l’Etat d’Israël justifiées par la seule perception de ce dernier comme collectivité juive”. C’est notamment de cette définition qu’est partie une équipe de chercheurs en sciences sociales du King’s College de Londres, dirigée par Daniel Allington, pour tenter de mesurer l’intensité des antisémitismes, au pluriel, et de discerner leurs racines.Pour cela, les chercheurs ont élaboré un indice déployé en deux sous-échelles, chacune mesurée par un score de 1 à 5 à partir des réactions des sondés à six points de vue. La première sous-échelle, “l’antisémitisme judéophobe”, évalue l’antisémitisme fondé sur des préjugés antérieurs à la création de l’Etat d’Israël : “On ne peut pas faire confiance aux juifs dans les affaires”, “les juifs ont trop de pouvoir dans les médias”… La deuxième sous-échelle, “l’antisémitisme antisioniste”, tente, elle, de mesurer “des positions anti-israéliennes irrationnellement extrêmes et de ‘vieilles’ attitudes antisémites adoptées en lien avec Israël et ses partisans plutôt qu’avec les juifs en tant que juifs” : un sondé aura par exemple un score d’autant plus élevé qu’il se dit d’accord avec des phrases comme “les soutiens d’Israël contrôlent les médias” ou “Israël fait aux Palestiniens ce que les nazis ont fait aux juifs”.Depuis 2020, cette équipe de Daniel Allington a mené plusieurs enquêtes statistiques sur des échantillons de 600 à 1 800 Britanniques, dont la dernière a été publiée au printemps dernier dans la revue Humanities and Social Sciences Communications. Sur une échelle de 1 à 5, ils parviennent à un indice d’antisémitisme global d’environ 2,4, plus élevé pour ce qui relève de l’antisémitisme antisioniste (un peu moins de 2,7) que pour l’antisémitisme judéophobe (un peu plus de 2,1). L’indice est un peu plus haut chez les 18-25 ans, notamment parce que l’antisémitisme antisioniste y est plus élevé (plus de 2,9), sans que les chercheurs ne tranchent entre un effet d’âge (qui disparaîtrait donc avec le temps) ou un effet de génération. Hommes et femmes affichent le même indice global, mais l’antisémitisme judéophobe est plus fort chez les premiers, l’antisémitisme antisioniste étant plus élevé chez les secondes. L’antisémitisme est plus fort pour ses deux composantes chez les personnes non blanches, même si les chercheurs estiment que la faiblesse de l’échantillon rend délicate l’interprétation de son ampleur. Il a par ailleurs tendance à décroître avec le niveau de diplôme, mais cela est surtout vrai pour sa variante judéophobe.L’originalité de cette étude est que ses auteurs ont aussi sondé des traits de personnalité politiques pour déceler leur possible corrélation avec l’antisémitisme et, si oui, lequel. Le nationalisme ethnique constitue ainsi un bon prédicteur de l’antisémitisme judéophobe, mais pas du tout de l’antisémitisme antisioniste. La croyance dans les théories du complot se retrouve dans les deux cas, mais sous des formes différentes : complot mondial et/ou complot affectant le bien-être personnel (par exemple, l’existence d’expériences médicales secrètes au travers des vaccins) dans le cas de l’antisémitisme judéophobe ; complot gouvernemental dans celui de l’antisémitisme antisioniste. Pareil pour l’autoritarisme : l’antisémitisme judéophobe est corrélé à une forme d’autoritarisme de droite, caractérisée notamment par une soumission aux conventions et un appétit pour un pouvoir fort ; l’antisémitisme antisioniste, à un autoritarisme de gauche, caractérisé à l’inverse par une attitude anticonventionnelle et un sentiment d'”agression anti-hiérarchique”. Ce tout dernier sentiment, ce “désir de renverser l’ordre social”, constitue d’ailleurs aussi un prédicteur, de façon plus diffuse, de l’antisémitisme judéophobe. Et, donc, un des meilleurs déterminants de l’antisémitisme global, lié à un “anti-élitisme fruste”.Les chercheurs notent, plus généralement, une corrélation modérée (estimée à 0,34 sur une échelle de 0 à 1) entre le niveau d’antisémitisme judéophobe et le niveau d’antisémitisme antisioniste : en moyenne, plus une personne est l’un, plus elle est l’autre, mais cela ne signifie pas que l’un prédise correctement l’ampleur de l’autre. Une conclusion qui résonne avec d’autres études statistiques récentes qui ont tenté d’évaluer l’ampleur et la porosité des différentes formes d’antisémitisme. Aux Etats-Unis, l’ONG Anti-Defamation League (“Ligue antidiffamation”) a conclu l’an dernier d’une étude sur 4 000 individus à une corrélation “substantielle” entre l’expression de tropes judéophobes et antisionistes, mais surtout chez les personnes plus âgées, moins chez les jeunes adultes : l’intensité globale de l’antisémitisme était plus forte chez les 18-30 ans, mais le nombre de jeunes adultes l’arborant simultanément sous ses deux variantes, plus faible.Chevauchement entre l’expression de tropes judéophobes et antisionistes selon les âges.En France, on retrouve aussi ce constat d’antisémitismes partiellement décorrélés dans le dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, publié cet été. Ses auteurs identifient trois formes d’antisémitisme. Le premier, le plus présent, est le “vieil antisémitisme” : une idéologie manifestée par les sondés qui pensent que les juifs ont trop de pouvoir ou un rapport particulier à l’argent, et qui se retrouvent aussi, assez souvent, à arborer une opinion négative d’Israël – au sens du pays en général, non de son gouvernement – ou à penser que les Israéliens sont responsables de la continuation du conflit. Les deux autres profils sont, pour l’un, un antijudaïsme caractérisé par une critique violente de la religion juive sans lien avec Israël et le conflit israélo-palestinien ni avec les vieux stéréotypes antisémites ; pour l’autre, “un nouvel antisémitisme, […] structuré par la critique d’Israël, sans pour autant entraîner l’adhésion aux clichés antisémites traditionnels”. Un “vieil” antisémitisme et un “nouveau”, qui se caractérisent tous deux, là aussi, par un rapport différent à l’autorité.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/autoritaires-complotistes-anti-elite-la-personnalite-des-antisemites-passee-au-crible-QXHXZ2LJLBBXZIKRQG5J3BP4BY/

Author :

Publish date : 2023-11-10 10:30:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Covid-19 : “Pirola”, un variant aux symptômes étonnants

logo




Faut-il s’inquiéter du nouveau variant du Covid-19, surnommé “Pirola” ? Ce membre de la famille Omicron, BA.2.86 de son nom scientifique, a été détecté le 31 août en France. Il est particulièrement scruté en raison d’un “plus grand nombre de mutations”, le rendant “susceptible d’évoluer de façon plus importante et de se répandre plus facilement”, a précisé en août la présidente du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), Brigitte Autran.Avant son arrivée en France, Pirola avait été détecté jusqu’ici dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis, le Danemark ou Israël. L’OMS a décidé de classer ce nouveau variant dans la catégorie des variants sous surveillance en raison du très grand nombre de mutations du gène Spike qu’il porte. C’est la protéine Spike qui donne au virus son aspect hérissé et c’est elle qui permet au SARS-CoV-2 de pénétrer les cellules de l’hôte.”Ce variant présente des modifications très importantes sur son génome, avec plus de 100 mutations au total, dont une trentaine sur la protéine Spike”, indiquait fin août à L’Express le virologue Bruno Lina, chef de service aux Hospices civils de Lyon et membre du Covars.Une irritation des yeux et une éruption cutanéeLes personnes ayant contracté le variant Pirola peuvent avoir des symptômes ressemblant à une grippe avec une fièvre de 38 °C pendant quelques jours, un rhume sévère et des maux de tête. L’une de ses particularités est sa nette asymptomaticité, rendant très compliquée sa détection.L’autre particularité de ce variant peut se manifester… sur la peau. Interrogé par le Daily Express, le Dr Johannes Uys, du Broadgate General Practice (Royaume-Uni) explique que, “contrairement à la plupart des variants précédents, Pirola peut provoquer des symptômes visibles au visage tels qu’une irritation des yeux et une éruption cutanée”. Ces nouveaux symptômes ont été trouvés chez des personnes ayant attrapé ce variant d’Omicron, précise-t-il.Outre les éruptions cutanées et les irritations oculaires, des rapports médicaux suggèrent également que les patients atteints de Pirola souffrent de diarrhée. Selon le Dr Nighat Arif, également interrogée par le Daily Express, avec Pirola, “nous savons que non seulement vous avez de la fièvre, un écoulement nasal, des maux de tête et toujours cette perte de l’odorat mais nous savons aussi que vous pourriez avoir la diarrhée”. Des crampes d’estomac peuvent également apparaître avec la souche Pirola, déclare-t-elle.”Nous voyons des gens qui se sentent brisés”Le Dr Nighat Arif a également mis en garde contre un symptôme spécifique qui constitue une “part importante” du variant Pirola : la fatigue. “Nous voyons des gens qui se sentent brisés”, souligne-t-elle. Et d’indiquer que, dans la majorité des cas, Pirola n’est “pas assez grave” pour nécessiter une hospitalisation. Elle avertit par ailleurs que les vaccins et les infections antérieures contre le Covid-19 pourraient ne plus offrir le même niveau de protection qu’auparavant.Malgré l’apparition de nouveaux symptômes, le Dr Johannes Uys explique de son côté que Pirola n’est pas plus dangereux que les autres versions du virus. “En fait, vos risques de tomber gravement malade sont à peu près les mêmes, et la plupart des gens se rétablissent complètement avec du temps et du repos”, précise-t-il au Daily Express.Même si BA.2.86 provoquait un pic majeur d’infections, “nous ne nous attendons pas à voir des niveaux comparables de maladies graves et de décès par rapport à ce que nous avons vu plus tôt dans la pandémie lorsque les variants Alpha, Delta ou Omicron se sont propagés”, avait commenté en août à l’AFP François Balloux, qui dirige la chaire de bio-informatique à l’University College de Londres.



Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/covid-19-pirola-un-variant-aux-symptomes-etonnants-GRR4UY2HMFB7NPPO62MJIAGVNY/

Author :

Publish date : 2023-11-10 10:45:38

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Russie-Israël : le vrai “deux poids, deux mesures” anti-Occident, par Abnousse Shalmani

logo




Quelque chose s’est passé après l’invasion de l’Ukraine par la Russie que nous n’avons pas encore mesuré, trop occupés alors à analyser le terrain de la guerre, à découvrir qu’à quelques kilomètres des Européens se battaient pour vivre comme nous dans une démocratie libérale, que la Russie de Vladimir Poutine était coincée, rhétoriquement, politiquement et militairement dans la Seconde Guerre mondiale, que nous étions, nous Occidentaux, Européens, démocrates, anesthésiés par la certitude faussée que la guerre c’est les autres, qu’un Sud global, hétérogène et incohérent, mais amphétamine à marxistes à bout de souffle, nous détestait viscéralement.Mais ce qui s’est passé devant le refus d’une partie des nations de condamner l’invasion d’un Etat souverain par un autre raconte quelque chose de plus grave : l’idéologie a gagné sur le droit, la force sur la diplomatie. Les choses auraient dû se passer comme ça : le concert des nations réunies au siège de l’ONU dénonce en une seule note claire l’invasion illégitime d’un Etat par un autre. Dans un second temps, des débats auraient pu se tenir sur la légitimité des sanctions, sur le soutien sonnant et trébuchant des Occidentaux à l’Ukraine, sur la crise énergétique et alimentaire qui ne manquerait pas de toucher les pays les plus pauvres. Mais, tout de suite, instantanément, une partie du monde, ce qu’on appelle par commodité le Sud global, a dit “non” en votant contre ou en s’abstenant.Chacun avait une bonne excuse : pour les uns, c’était l’empressement de l’Occident à soutenir la guerre de ceux qui lui ressemblaient (des Européens blancs), et, pis, à accueillir des millions de réfugiés sans faire débat ; pour d’autres ce fut l’occasion de dénoncer l’impérialisme occidental en revendiquant des coups d’Etat décoloniaux (mais en se plaçant dare-dare sous la protection de Poutine et des milices Wagner) ; Lula et le pape François y virent l’occasion de redorer leurs blasons anti-impérialistes au feu du refus de s’aligner sur le grand méchant américain ; la Chine y vit pragmatiquement l’occasion d’imposer son désir de “dédollarisation” du monde et de se payer de l’énergie à bon marché ; l’Inde se frotta les mains devant les économies qu’elle pourrait faire tout en déployant sa diplomatie ; la Turquie du néosultan Erdogan se rêva au cœur du jeu, parlant à tous, commerçant à tout va, signant l’installation de futures usines de drones de demain en Ukraine, vendant et achetant en douce à la Russie, espérant un pied ancré là, un autre ici, fantasmant surtout, face à la dissolution du compromis international devant la loi du plus fort, d’annexer entièrement l’Arménie grâce à son satellite azéri ivre de sang arménien ; tous se retrouvèrent sous la bannière “Sanctionnés du monde entier, unissez-vous !”. En somme, tout le monde s’est trouvé une bonne excuse pour détester l’Occident.Où étaient-ils ?Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir réunis au Caire des dirigeants arabes de Jordanie, d’Egypte, des Emirats arabes unis et d’autres tancer l’Occident de ne pas assez se mobiliser, en dépit du droit international, pour dénoncer les bombardements d’infrastructures civiles et de civils, eux tous qui s’étaient abstenus de voter contre la Russie qui bombardait et bombarde encore des infrastructures civiles et des civils. Quelle ne fut pas ma surprise de voir la reine Rania de Jordanie, plus jeune que jamais (Avez-vous remarqué que les femmes de présidents ou de rois musulmans qui prônent la charia ne sont jamais voilées ? Que c’est réservé à la plèbe, incapable de tenir sa concupiscence en laisse ?), la larme à l’œil dénoncer le “deux poids, deux mesures” ? Mais où étaient-ils, ces nouveaux chantres de la paix, quand le Yémen subissait – et subit depuis plus de dix ans – une guerre doublée d’une crise humanitaire d’ampleur qui condamne des enfants à la faim et la maladie ? Où étaient-ils face au génocide des Rohingya en Birmanie, des Ouïgours en Chine ? Quand se sont-ils dressés contre les ratonnades meurtrières de musulmans par les suprémacistes hindous, qui effacent les empereurs moghols des manuels scolaires ? Où étaient-ils quand Bachar el-Assad massacrait sa population civile ? Ah oui, excusez-moi, ils étaient trop occupés à le réintégrer dans la Ligue arabe.Abnousse Shalmani est écrivain et journaliste engagée contre l’obsession identitaire



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/russie-israel-le-vrai-deux-poids-deux-mesures-anti-occident-par-abnousse-shalmani-NUMTFB67ARBKNPL4Z6ITUHCFXA/

Author : Abnousse Shalmani

Publish date : 2023-11-10 11:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Européennes : ces nuages nationaux au-dessus de LR

logo




C’est une règle d’airain des élections européennes : les enjeux nationaux y occupent une place prépondérante. Le millésime 2024 ne fera pas exception. Le président du Rassemblement national Jordan Bardella promet d’en faire “le grand scrutin de mi-mandat” d’Emmanuel Macron. Les partisans du chef de l’Etat ne manqueront pas en retour de défendre le bilan de leur champion. Et Les Républicains (LR) dans tout ça ? La droite jouera sa survie le 9 juin, après sa déroute présidentielle. Mais des nuages intérieurs s’amoncellent au-dessus de sa campagne.L’examen du projet de loi Immigration ranime chez elle la question existentielle de son rapport au macronisme. Partenariat exigeant ou opposition irréductible ? La droite est traversée par des dissensions stratégiques sur le texte. Le Sénat a durci – au lieu de rejeter – la copie gouvernementale au grand dam du patron des députés LR Olivier Marleix, soucieux de s’opposer au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. L’élu d’Eure-et-Loir a mis en garde la probable tête de liste François-Xavier Bellamy. “Tu vas devoir assumer le même bilan que Macron en matière de politique migratoire européenne. Le pacte européen est un pacte PPE [NDLR : le Parti populaire européen], le président va s’en targuer. Si tu as le même bilan national et qu’on laisse au RN le monopole de l’opposition sur l’immigration, bon courage à toi !”IVG et fin de vieLe philosophe conservateur sait mieux que quiconque qu’une campagne peut être percutée par des sujets nationaux : en 2019, ses propos polémiques sur l’affaire Vincent Lambert – bataille judiciaire autour de l’arrêt des traitements à un patient en état végétatif – ont coûté cher à son camp. L’élu avait mis en garde contre la construction d'”un monde inhumain”, quelques jours avant le vote. De l’avis général, ces sorties ont entraîné la droite sous la barre symbolique des 10 % (8,48 %) et entraîné la démission de son président Laurent Wauquiez.L’histoire se répète. Cinq ans plus tard, François-Xavier Bellamy mènera campagne sur fond d’examen de loi sur la fin de vie et de constitutionnalisation du droit à l’IVG. L’homme n’est guère favorable à ces évolutions sociétales, à rebours de l’opinion publique. Deux thèmes, deux pièges. En janvier 2019, le candidat LR avait semé le trouble en assumant auprès du JDD son opposition à l’IVG, une “conviction personnelle”. Il avait passé le reste de la campagne à se défendre de vouloir remettre en cause la loi Veil.”Plus c’est gros, plus ça passe”La droite le sait : sur ces thèmes, les mots de François-Xavier Bellamy sont disséqués, chaque micro tendu est un chausse-trappe. Tant pis s’il n’a jamais brandi en étendard ses idées conservatrices. Qu’importe s’il insiste sur les sujets européens et tient à défendre son bilan d’eurodéputé, unanimement salué. Quand une image vous est accolée, il est difficile de s’en défaire. “Pourquoi croyez-vous que Macron nous balance cela maintenant ?, s’agace un dirigeant LR. Plus c’est gros, plus ça passe.”François-Xavier Bellamy jure mieux maîtriser son expression publique, expérience oblige. En 2019, il avait pris conseil auprès de Bruno Retailleau pour polir son expression publique. “Il m’avait demandé : ‘Comment tu argumenterais ?'”,se souvient le Vendéen. On avait échangé sur la possibilité de développer une argumentation qui ne trahisse pas les convictions et qu’il ne soit pas pris par une agression par ceux qui portent des convictions différentes.” Cela n’avait pas suffi. La droite attend de voir et craint qu’une sortie de route ne la détourne de l’électorat modéré.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/lr/europeennes-ces-nuages-nationaux-au-dessus-de-lr-JTEAO5EE4FGL7GEWI36BFTCMWE/

Author : Paul Chaulet

Publish date : 2023-11-10 12:27:56

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Aide à l’Ukraine : l’Allemagne, premier contributeur européen

logo




Le ministre de la Défense allemand Boris Pistorius l’a annoncé ce dimanche 12 novembre : Berlin va doubler, à 8 milliards d’euros, l’aide militaire prévue initialement par son pays pour l’Ukraine en 2024. Principale raison de cet effort conséquent de nos voisins d’outre-Rhin : la volonté de l’Allemagne d’envoyer un “signal fort” au pays candidat à l’adhésion à l’UE pour “lui dire que nous ne l’abandonnons pas”, malgré une attention internationale focalisée sur le conflit au Proche-Orient. Le gouvernement allemand avait initialement programmé une enveloppe d’aide, en équipements militaires principalement, à hauteur de 4 milliards d’euros.Berlin était pourtant loin d’être le mauvais élève de l’Europe. Certes loin derrière les Etats-Unis et leurs 42,1 milliards d’euros investis pour la seule aide militaire, l’Allemagne a tout de même déjà apporté 17,1 milliards d’euros pour contribuer à l’effort de guerre de Kiev. C’est près de trois fois plus que le Royaume-Uni, et plus de 34 fois le montant versé par la France.L’Allemagne a par ailleurs fourni 2,48 milliards d’euros d’aide humanitaire au pays agressé par la Russie en février 2022. Celle-ci s’accompagne d’un montant de 1,3 milliard de dollars dédiés à l’aide financière au régime de Kiev.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/aide-a-lukraine-lallemagne-premier-contributeur-europeen-NVF4DBQJUBCJTBG3EEJ7SUAGFE/

Author : Mehdi Bouzouina

Publish date : 2023-11-13 14:11:56

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Pourquoi Greta Thunberg va tuer l’écologie, par Antoine Buéno

logo




L’activiste climatique Greta Thunberg s’est encore illustrée le week-end dernier. Lors d’un rassemblement pour la lutte contre le changement climatique à Amsterdam, elle a réaffirmé ses positions anti-israéliennes en référence à la guerre actuellement menée par Tsahal contre le Hamas. Un homme a alors fait irruption sur scène pour lui prendre le micro des mains et déclarer “je suis venu à une manifestation pour le climat, pas à une manifestation politique”. Il a bien sûr été évacué de la scène manu militari sous les huées de la foule. A lui seul, cet incident illustre à merveille les dérives d’un écologisme qui risque de coûter très cher à la planète…On l’aura compris, il n’est pas question de se prononcer ici sur la cause palestinienne, comme l’a fait Greta Thunberg, mais de fustiger le mélange des genres. La lutte contre le réchauffement climatique n’a rien à voir avec les événements israéliens. Ce mélange des genres n’a malheureusement rien d’un épiphénomène. Greta Thunberg n’est pas la seule à s’y adonner. Au contraire, il est symptomatique de la dérive écologiste, on le retrouve aujourd’hui partout dans le discours de l’écologisme dominant et dans toutes les bouches de ses apôtres les plus médiatiques. Selon eux, pour lutter contre la dégradation de la planète, il faut lutter contre les inégalités sociales, contre le patriarcat, contre le néocolonialisme, contre le racisme, contre le capitalisme… En un mot, l’écologisme veut faire de l’écologie un mouvement intersectionnel, une voiture-balai de la justice mondiale rassemblant toutes les luttes sous sa bannière.Message brouilléCe discours est extrêmement pernicieux. Car, en s’ancrant dans une certaine réalité, il procède à une généralisation in fine très dangereuse pour l’environnement. Effectivement, il y a des points de rencontre indéniables entre l’écologie et certaines luttes sociales. Ainsi, il est difficile de concevoir une transition environnementale qui fasse fi de son impact social. L’épisode des gilets jaunes l’a cruellement rappelé. Pas de mesures écologiques sans redistribution visant à soutenir les ménages, les personnes, les entreprises les plus lourdement impactés par ces mesures. De même, accélérer la transition démographique au Sud pour alléger l’empreinte environnementale de l’humanité passe par la défense des droits des femmes : droit à la contraception pour toutes celles qui le souhaitent et droit à l’instruction pour toutes les petites filles du monde. Ainsi peut-on dire : droits de la planète, droit des femmes, même combat !Mais ces points de rencontre ponctuels entre écologie et lutte sociale ne peuvent conduire à amalgamer l’écologie avec toute lutte sociale. C’est pourtant le pas allégrement franchi par l’écologisme intersectionnel. Un saut quantique qui dénature totalement le combat environnemental et en affaiblit considérablement la portée. Premièrement, il brouille le message. Pour quoi se bat-on ? Deuxièmement, il le nivelle, ramenant le combat pour la planète au rang des autres. Troisièmement, il l’arrime à un camp politique, celui de la gauche globalement, de l’extrême gauche en particulier. Car c’est l’extrême gauche qui est intersectionnelle. Ce qui fait de cet écologisme un anticapitalisme.Très mauvaise stratégie pour la planète, tout cela. D’abord parce qu’au lieu de rassembler, cette approche est par nature clivante. Ensuite, parce qu’elle détourne des vrais objectifs environnementaux. On ne peut pas faire croire que libérer Gaza décarbonera le monde… Enfin, encore plus fondamentalement, l’anticapitalisme ne peut pas accoucher d’une transition écologique digne de ce nom. En effet, il n’y aura pas de transition sans le marché. Ce dernier est la seule force, via la mécanique des prix, capable de faire changer les comportements des consommateurs et des producteurs d’un bout à l’autre du globe. Définitivement, la transition, ce n’est pas le Grand Soir. Et tant que l’écologisme intersectionnel continuera de triompher, ce sera au détriment de la planète.*Antoine Buéno est essayiste et conseiller développement durable au Sénat. Il vient de publier Faut-il une dictature verte ? (Flammarion).



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/pourquoi-greta-thunberg-va-tuer-lecologie-par-antoine-bueno-LRPFENLXPBCOBFSFDK4NKVEIEY/

Author :

Publish date : 2023-11-13 15:13:28

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Amnesty International : de l’Ukraine à Israël, enquête sur une dérive idéologique

logo




Amnesty International, c’est un peu cette vieille dame qu’on écoute attentivement aux dîners de famille. Elle est sage, impartiale, les idéologies ne semblent pas avoir de prise sur elle. Sauf que, dans la réalité, ces dîners de famille sont des crises internationales, et ceux qui écoutent sont des dirigeants, des journalistes et des civils en attente de réponses.Depuis sa création, en 1961, par l’avocat britannique Peter Benenson, l’organisation de défense des droits humains est devenue incontournable. Parmi ses contributions : l’abolition de la peine de mort au Burkina Faso et dans l’Etat de Washington, la dépénalisation de l’homosexualité en Inde, l’abrogation d’un article de la Constitution irlandaise qui interdisait l’avortement, sans compter la libération de centaines de personnes injustement emprisonnées.Toutes ces victoires ont été obtenues dans le respect de trois valeurs cardinales : solidarité, indépendance, impartialité. Mais ce triptyque moral, couronné d’un prix Nobel de la paix en 1977, semble avoir pris du plomb dans l’aile. Les événements tragiques qui se déroulent au Proche-Orient faisant office de révélateur. Certes, l’ONG a dénoncé les crimes commis par le Hamas contre la population civile israélienne. Mais comment interpréter la présence de la branche d’Amnesty International à Harvard parmi les signataires, aux côtés de plusieurs associations de la prestigieuse université, d’un communiqué présentant Israël, au lendemain de l’attaque du Hamas du 7 octobre, comme responsable de “toutes les violences qui se déroulent” ? Comment comprendre, aussi, l’incapacité du président d’Amnesty International France, Jean-Claude Samouiller, à qualifier le Hamas de “groupe terroriste” ? Pourquoi la secrétaire générale de l’ONG, Agnès Callamard, persiste-t-elle à dire au micro de Franceinfo, le 10 novembre, que “le terrorisme n’existe pas en droit international”, alors même que l’organisation a déjà utilisé par le passé ce terme pour qualifier le groupe Boko Haram ?”Des accusations portées par des éditorialistes ou par des influenceurs sur les réseaux sociaux, ensuite reprises de compte en compte, voire d’édito en édito, et qui ne reposent pas sur des éléments factuels.” Voilà ce qu’il faudrait en penser, selon Amnesty France, interrogée par L’Express. Chaque fois, les critiques émaneraient de personnes n’ayant “pas lu ce que [l’organisation a] écrit”. Mais c’est encore dans un communiqué publié le 7 novembre sur le site d’Amnesty France que le message de l’ONG est le plus clair : “Devant des accusations d’une ampleur inquiétante, nous nous devons de les dénoncer et d’alerter sur l’impact néfaste qu’elles peuvent avoir sur la perception de notre indispensable travail de dénonciation des violations des droits humains”. Comprendre : circulez, il n’y a rien à voir.”Dominants” vs “dominés”Le malaise vient de plus loin, et ne se limite pas à des débats sémantiques. Voilà vingt ans que l’avocat et ancien ambassadeur de France pour les droits de l’homme François Zimeray fait le constat d’un “délaissement de la lutte contre l’antisémitisme par de nombreuses ONG, dont Amnesty. Abandon d’autant plus douloureux que cela fait partie de leurs missions et que leur travail est souvent irremplaçable. C’est comme si cette question ne faisait plus partie des violations des droits de l’homme”.Celui dont l’engagement pour la défense des droits humains remonte à ses 17 ans a eu le temps de s’interroger sur l’attitude de ces ONG. Il décrit ainsi “une approche moralisante qui empêche de penser le monde dans sa complexité, une façon de voir les choses au prisme du bien et du mal, du fort contre le faible, au point de ne pouvoir défendre les victimes avec le même élan dès lors qu’elles appartiendraient au camp des ‘dominants’. Comment peut-on hésiter à qualifier le Hamas de ‘terroriste’ quand on ne se prive pas de parler d’‘apartheid’ pour Israël ? Où est la campagne d’Amnesty pour dénoncer l’antisémitisme d’Etat dans le monde arabo-musulman ?”Comme François Zimeray, beaucoup n’ont pas digéré le rapport d’Amnesty intitulé “L’apartheid israélien envers le peuple palestinien”, publié en février 2022. De nombreux observateurs avaient alors dénoncé un texte considérant “l’apartheid” comme intrinsèquement lié à la création même de l’Etat hébreu. En réalité, ce document a choqué jusque dans les rangs d’Amnesty, et ce bien avant sa publication…”Pick and choose””Un rapport biaisé qui viole l’impartialité d’Amnesty International.” Tels sont les termes utilisés dans un courrier adressé le 27 décembre 2021 aux dirigeants d’Amnesty International et signé par plusieurs membres du conseil d’administration d’Amnesty Israël, après qu’ils ont pu consulter une première version dudit rapport. Dans leur lettre, que L’Express a pu consulter, ceux-ci dénoncent “des recherches inadéquates basées sur une méthodologie ‘pick and choose’ [qui] ont été utilisées pour vérifier les conclusions”. “Simultanément, la portée de la recherche, qui était limitée à l’examen de l’éventuel crime d’apartheid dans les territoires [palestiniens] sous occupation israélienne, les TPO, a été étendue à l’Etat d’Israël sans base juridique ni expertise adéquates”, précisaient-ils.La publication est maintenue. Mais, alors que le jour J se rapproche, le bruit court dans le cercle des ONG israéliennes que des membres du conseil d’administration d’Amnesty Israël envisagent de prendre position publiquement contre la sortie du rapport. Le 17 janvier 2022, le conseil d’administration d’Amnesty Israël reçoit un courrier, dont L’Express a pris connaissance, signé par cinq représentants des plus importantes associations israéliennes travaillant sur la question de l’occupation israélienne. Ces derniers disent craindre qu’une prise de position publique contre le rapport n’ait des “répercussions négatives”. Plus encore, il est écrit que “cela pourrait nuire à l’évolution positive et significative de ces dernières années, à savoir la corésistance juive et palestinienne, fondée sur des valeurs communes”. Sont en copie de ce courrier la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, ainsi que deux membres de la direction du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). Ce programme, rattaché au secrétariat international, est chargé de conduire les recherches dans cette zone géographique. De ce fait, il était impliqué dans le processus de révision du rapport en question avant sa publication.”Pas de vagues””Nous étions pris entre notre conscience et la réalité, confie Julia*, une ancienne employée de la section israélienne. Les petites sections comme celle d’Amnesty Israël dépendent du financement du mouvement et sont largement contrôlées par le secrétariat international et ses bureaux régionaux. Si nous faisions des vagues, nous prenions le risque (comme on nous l’avait bien fait comprendre) que notre section en subisse les conséquences. Nous sentions qu’il y avait une limite à ne pas franchir : exprimer des désaccords entre nous, oui. Mais pas aux yeux de tous.” A titre indicatif, en 2022, la section israélienne bénéficiait d’un prêt de 240 000 livres sterling (275 000 euros) de la part d’Amnesty International Limited, selon le rapport financier de la société pour la période se terminant le 31 décembre 2022.Sollicitée, Amnesty International a répondu à L’Express que, “conscient de la complexité et de la sensibilité des questions abordées dans ce rapport, le secrétariat international a impliqué ses collègues en Israël tout au long des quatre années de la phase de planification initiale à la rédaction du rapport, et a sollicité et intégré leurs commentaires. Les points de vue d’Amnesty International Israël sur l’application du cadre de l’apartheid ont été discutés pendant plus d’un an et nombre de ces discussions ont eu lieu aux plus hauts niveaux de l’organisation”. L’organisation ajoute être consciente de “la diversité des points de vue concernant ce rapport”.”Discrimination présumée”Il faudra finalement attendre six mois après la sortie du document pour voir ce qu’il coûte de “faire des vagues”. Le 21 juin 2022, le conseil d’administration d’Amnesty Israël reçoit un courrier classé “strictement confidentiel”, signé de la présidence du conseil d’administration international, et que L’Express a pu consulter en exclusivité. Motif : de “graves préoccupations concernant la culture et la gouvernance de la section israélienne d’Amnesty”, parmi lesquelles une “détérioration des relations entre Amnesty Israël et le mouvement/secrétariat international”, ou encore un “mauvais alignement de la direction d’Amnesty Israël sur la position d’Amnesty”. Sur ce point, le courrier fait référence à l’interview donnée par la directrice d’Amnesty Israël le 21 février 2022 à Zman Yisrael (la version en hébreu du Times of Israël), dans laquelle elle formulait plusieurs critiques à l’encontre du fameux rapport.Plus surprenant : des “signalements de racisme et de discrimination contre des Palestiniens” auraient été effectués auprès du conseil d’administration international. Dans le détail, sont décrits “des témoignages de discrimination présumée de la part de membres du conseil d’administration de la section, d’anciens membres du personnel et de membres du personnel du secrétariat international”.Le conseil d’administration international demande que des mesures immédiates soient prises, ainsi que des initiatives, pour “rétablir la confiance”. Au programme : “renouveler la direction” d’Amnesty Israël, avec en prime une “recommandation”. A savoir que “la section envisage la possibilité d’adopter un modèle de codirection comprenant un dirigeant juif et un dirigeant palestinien, ainsi qu’une présidence palestinienne”. En cas d’absence de coopération de la part de la branche israélienne, Amnesty International menace même de “suspendre” son adhésion.Quant aux accusations de racisme et de discrimination, Amnesty International, interrogée par L’Express, explique que “des discussions sur des questions complexes de gouvernance interne et des problèmes de discrimination continuent d’avoir lieu entre le conseil international d’Amnesty et le conseil d’administration d’Amnesty Israël. Il serait inapproprié et contre-productif de commenter ces discussions en cours”.Influences politiques”Nous ne comprenions pas d’où pouvaient provenir ces accusations de racisme et de discrimination, elles ne reflétaient absolument pas la réalité, se désole Julia, qui a travaillé pour la section israélienne pendant plusieurs années. Pour moi, c’était une preuve de plus du virage identitariste qu’Amnesty était en train de prendre. Je me rappelle d’ailleurs cette phrase, prononcée par un collègue palestinien alors que j’exprimais mon désaccord sur tout ceci : ‘Vous avez assez de droits, maintenant, c’est notre tour !’ ‘Vous’ signifiait ‘vous, les juifs’. Dans le même registre, certains membres palestiniens de la section israélienne (même au sein du conseil d’administration) refusaient d’utiliser le terme officiel ‘Amnesty Israel’, lui préférant ‘Amnesty Tel-Aviv’”. Après cet épisode, Julia a démissionné.”Parfois, cela frôlait l’antisémitisme, insiste Ide*, une autre ex-employée. Une de mes amies s’est entendu dire un jour qu’on ne lui faisait pas confiance parce qu’elle était israélienne, le sous-entendu étant qu’elle était juive. Lorsque j’ai connu Amnesty, c’était une organisation professionnelle avec des méthodes de recherche vraiment méticuleuses. Mais, au cours des dix dernières années, des partisans et des militants proches de mouvements politiques, tels que le mouvement BDS [NDLR : “Boycott, désinvestissement, sanctions” est une campagne lancée par des ONG palestiniennes en 2005 visant au boycott intégral d’Israël] ont été nommés à des postes clés au sein du secrétariat international d’Amnesty et ont pu importer leur point de vue sur le conflit israélo-palestinien.”A l’époque de la publication du rapport sur “l’apartheid israélien envers le peuple palestinien”, Saleh Hijazi était directeur régional adjoint pour le programme Moyen-Orient et Afrique du Nord du secrétariat international d’Amnesty International et chef de son bureau régional à Jérusalem-Est. Des sources concordantes indiquent qu’il a activement participé à la publication du rapport sur “l’apartheid commis par Israël”. Il était notamment en copie du courrier envoyé par les associations israéliennes s’inquiétant d’une éventuelle sortie de route de la section israélienne d’Amnesty. Saleh Hijazi a depuis quitté Amnesty International. Son poste actuel ? Coordinateur de “la politique de lutte contre l’apartheid” au sein du mouvement BDS. Sollicité par L’Express, ce dernier n’a pas répondu. De son côté, Amnesty International déclare ne pas avoir “l’habitude de nommer les personnes impliquées dans la production de ses rapports de recherche”, même si elle confirme que, au moment de la publication de ce rapport, Saleh Hijazi était bien en poste à la direction du bureau d’Amnesty à Jérusalem et dirigeait “l’équipe de recherche sur Israël et les TPO”.”Elle paraissait convaincue”Faut-il voir dans cet épisode un cas isolé ? A-t-on affaire ici à une immixtion de l’idéologie dans la défense, d’ordinaire neutre, des droits humains ? Ou bien à une recherche d’impartialité tournant tant à l’obsession qu’elle en devient partiale ?Nous sommes cette fois en mai 2022, dans un hôtel situé à Kramatorsk, la capitale de l’oblast de Donetsk, en Ukraine. Tandis que les bombardements russes font trembler les murs, le journaliste Tom Mutch, qui couvre la guerre en Ukraine pour le quotidien britannique Evening Standard, fait la connaissance dans la cuisine de l’hôtel de l’équipe d’Amnesty International. Celle-ci, dont fait partie la chercheuse chevronnée Donatella Rovera, a été dépêchée pour documenter la situation. “Nous avons échangé sur la façon dont l’Ukraine se défendait militairement. L’attitude de Donatella Rovera m’a beaucoup choqué : elle me paraissait convaincue que l’Ukraine avait commis des crimes de guerre et semblait avoir déjà décidé avant même d’arriver quelles seraient ses conclusions. Quand je lui ai demandé ce que l’armée ukrainienne devrait donc faire pour se défendre, elle m’a répondu que ce n’était pas le sujet, et que la présence militaire dans une zone peuplée était une ‘violation du droit international humanitaire’.”Quand Tom Mutch prend connaissance du communiqué de presse publié le 4 août, intitulé “Les tactiques de combats ukrainiennes mettent en danger la population civile”, un point en particulier lui saute aux yeux. Dans le document, Amnesty International écrit : “les militaires ont l’obligation d’éviter d’utiliser les écoles situées à proximité de maisons ou d’immeubles d’habitation remplis de civils, car cela mettrait leur vie en danger, sauf en cas de nécessité militaire absolue. Le cas échéant, les militaires doivent alors avertir les civils et, si nécessaire, les aider à évacuer les lieux. Cela ne s’est manifestement pas passé comme cela dans les cas examinés par Amnesty International.”Pourtant, cela semble avoir été le cas pour d’autres journalistes présents en Ukraine, dont Tom Mutch, qui a pu “observer personnellement que les autorités ukrainiennes et l’armée [avaient] souvent insisté pour que les civils quittent les zones de combat actives et [avaient] même offert une aide à l’évacuation à ceux qui le souhaitaient”. Sollicitée sur le cas de Donatella Rovera, l’ONG nous répond : “Tous les rapports de recherche d’Amnesty International sont soumis à un processus d’approbation rigoureux, font appel à de multiples contributeurs et relecteurs, et ne reflètent pas les opinions des membres du personnel. En ce qui concerne Donatella Rovera, il s’agit d’un membre apprécié du personnel d’Amnesty International et nous sommes convaincus que ses recherches sur les droits humains respectent les normes professionnelles les plus strictes dans les projets de recherche auxquels elle participe.” De son côté, Donatella Rovera n’a pas répondu à L’Express.”Cadeau de propagande”De nombreux observateurs avaient vivement critiqué ce communiqué de presse lors de sa sortie. A commencer par Edward Hunter Christie, ancien fonctionnaire à l’Otan et chercheur à l’Institut finlandais des affaires internationales. “Ce document démontrait une application rigide et hors-sol du droit international humanitaire (aussi appelé droit de la guerre), sans prendre en compte l’impératif plus large de la défense du territoire ukrainien. Si les troupes ukrainiennes avaient suivi les recommandations de ce document d’Amnesty (c’est-à-dire s’éloigner des zones peuplées), elles auraient assurément subi des attaques de missiles russes et auraient, finalement, moins bien pu protéger leur population civile. Ce qui ne signifie pas que l’usage militaire d’objets civils puisse se faire sans certaines précautions.”Pour le spécialiste, l’erreur d’Amnesty a été, en partie, le fait d’une “incompétence” mais surtout d’une habitude : “Amnesty a souvent traité de conflits dont les culpabilités initiales sont plus difficiles à attribuer. La guerre en Ukraine est un cas très binaire d’agression pure de la part de la Russie. Je pense qu’Amnesty n’a pas réussi à adapter son principe d’‘impartialité’ à cette réalité. De fait, l’organisation a fait un cadeau de propagande à la Russie. Cela pose une question : si Amnesty ne sait plus faire la différence entre ‘agresseur’ et ‘agressé’, à quoi sert-elle ?””Impartialité”Quelques jours après la publication du communiqué de presse, le 6 août 2022, la responsable d’Amnesty Ukraine, Oksana Pokaltchouk, a démissionné en indiquant avoir tenté en vain de convaincre la direction d’Amnesty International que le fait que le document ne prenait pas en compte le point de vue du ministère ukrainien de la Défense posait problème. De son côté, l’organisation a déclaré avoir contacté le ministère de la Défense le 29 juillet, mais n’avoir pas eu les réponses à temps pour les intégrer à son communiqué, paru cinq jours plus tard. Auprès de L’Express, Amnesty International explique : “[Nous avons] reconnu par la suite que ce délai était insuffisant et que le gouvernement ukrainien aurait dû disposer de plus de cinq jours ouvrables pour répondre aux informations contenues dans le communiqué de presse élargi du 4 août. Nous sommes en train de revoir nos procédures en conséquence.”Faut-il aller jusqu’à faire l’hypothèse d’une ingérence russe dans la production de ce communiqué ? Bien au contraire, selon un informateur, membre de la section ukrainienne lorsque le document était en préparation, la raison de ce fiasco tiendrait plutôt, là encore, à ce souci d’”impartialité”. “Quand nous avons exprimé la nécessité de donner au ministère de la Défense ukrainien (qui gérait et gère toujours une guerre à plein temps) un certain temps pour répondre, l’équipe chargée de produire le document nous avait opposé la nécessité d’être ‘impartiaux’ dans la documentation du conflit. Nous n’avons pas compris l’urgence. De mon point de vue, la direction générale voulait éviter de paraître conciliante avec le camp ukrainien.”En avril 2023, le New York Times publiait un article relatant l’existence d’un rapport indépendant commandé par Amnesty à la suite de cet épisode qui, s’il reconnaissait qu’il était “approprié” pour une organisation de défense des droits de critiquer les violations commises par une victime d’agression, concluait tout de même à l’unanimité, selon le journal, qu’”Amnesty International avait bâclé sa déclaration de plusieurs façons et que ses principales conclusions selon lesquelles l’Ukraine violait le droit international ‘n’étaient pas suffisamment étayées’ par les preuves disponibles”. Quand l’”impartialité” sonne creux.* Les prénoms ont été changés.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/amnesty-international-de-lukraine-a-israel-enquete-sur-une-derive-ideologique-MZ5TBHWM4BGKTBA6VT6LY76OXM/

Author : Alix L’Hospital

Publish date : 2023-11-13 16:55:01

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Elisabeth Borne en Irlande : que va donc faire la Première ministre à Dublin ?

logo




Depuis le début de l’année, les échéances franco-françaises l’ont contrainte à rester en France. Mais à sept mois du scrutin des européennes, Elisabeth Borne compte bien mettre un pied dans les affaires extérieures du pays. Et pour son premier déplacement à l’étranger de l’année 2023, la cheffe du gouvernement s’est envolée direction l’Irlande.A Dublin, où elle a été reçue ce lundi 13 novembre dans l’après-midi par son homologue irlandais Leo Varadkar, Elisabeth Borne est accompagnée de quatre de ses ministres : Laurence Boone, à l’Europe, Sylvie Retailleau chargée de l’Enseignement supérieur, Agnès Pannier-Runacher à la Transition énergétique, et Jean-Noël Barrot, en charge des Affaires numériques. Une délégation capée qui doit traiter “des enjeux internationaux” et “des grandes négociations européennes”, précise Matignon.Réforme du marché européen de l’électricitéAu menu des discussions : élargissement de l’Union européenne, cadre financier pluri-annuel, mais encore, “grandes législations que la France souhaite voir avancer”. Au premier rang desquelles, la réforme du marché européen de l’électricité.Fin octobre, les Vingt-Sept sont parvenus à trouver un accord afin de limiter une nouvelle flambée des prix de l’électricité, en les rendant moins dépendants de la volatilité des prix des combustibles fossiles. Pour la Première ministre, l’enjeu est de taille, l’Irlande ne figurant pas parmi les thuriféraires du nucléaire malgré une position neutre lors des discussions.Projet de liaison électrique sous-marine dans les tuyauxComme de nombreux déplacements officiels à l’étranger, cette visite à Dublin s’accompagne de son lot de contrats. Les deux pays comptent ainsi entériner le projet de liaison électrique sous-marine à haute tension entre l’île celte et le Finistère.Baptisée Celtic Interconnector, cette interconnexion de 575 kilomètres est destinée à raccorder le réseau irlandais au continent européen à l’horizon 2027 en reliant pour la toute première fois la région de Cork à celle de Brest. Une façon parmi d’autres de s’adapter aux conséquences du Brexit, près de quatre ans après son entrée en vigueur. Mais également de favoriser le développement des énergies renouvelables tout en renforçant la sécurité d’approvisionnement des deux pays.En outre, à l’occasion de l’anniversaire de la première décennie de la French Tech, Elisabeth Borne accompagnée de son ministre du numérique, Jean-Noël Barrot, échangera avec des entrepreneurs irlandais, avant de rencontrer la communauté française.Un anniversaire qui rapprocheAutre événement inscrit au calendrier : une conférence sur les “225 ans d’aspiration à la République” pour célébrer le débarquement des troupes françaises à Kilcummin, venues soutenir la rébellion irlandaise de Theobald Wolfe Tone contre le royaume britannique le 22 août 1798.L’occasion de réunir les deux pays européens autour d’un bout d’histoire commun. Et de rappeler les valeurs républicaines et européennes, au lendemain de la grande marche à Paris contre l’antisémitisme à laquelle à participer Elisabeth Borne aux côtés de responsables politiques de premier plan. Ces valeurs ne sont “pas un acquis mais un combat”, selon les services de la Première ministre.Une visite sur fond de tensions internationalesMais depuis sa première visite en Irlande en 2018 en qualité de ministre des Transports, le paysage international s’est considérablement altéré. Une nouvelle guerre s’est déclenchée aux portes de l’Europe avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Début octobre, l’attaque du Hamas a sonné la résurgence d’un conflit qui semble sans fin entre Israéliens et Palestiniens. Dans un pareil contexte, impossible pour les deux chefs du gouvernement de ne pas aborder ces deux crises géopolitiques dont la portée dépasse largement les seuls belligérants.À noter que sur ce dernier point, les positions respectives de la France et de l’Irlande divergent quelque peu. De fait, alors qu’Elisabeth Borne a déclaré dans l’hémicycle du Palais Bourbon qu’Israël a “le droit de se défendre”, son homologue irlandais a estimé début novembre que la réponse militaire d’Israël aux massacres du Hamas le 7 octobre ressemblait à “quelque chose qui est proche de la vengeance”.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/elisabeth-borne-en-irlande-que-va-donc-faire-la-premiere-ministre-a-dublin-GSE6CFQBSRE67KHEM6EZ4QCR6U/

Author :

Publish date : 2023-11-13 16:43:04

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Cigarette électronique : les vérités scientifiques sur les vaporettes

logo




Pour de nombreux fumeurs, sa découverte a été une révélation. Inventée en 2003 par le pharmacien chinois Hon Lik, la cigarette électronique (vaporette) s’est démocratisée avec la création des premiers arômes et liquides, en 2013. Aujourd’hui, 5,4 % des Français vapotent quotidiennement et 43 % d’entre eux ont complètement abandonné les cigarettes. Mais faut-il vraiment s’en réjouir ? A l’échelle de la recherche en santé publique, une décennie ne permet pas d’obtenir le recul nécessaire pour une parfaite évaluation sanitaire. Néanmoins, des études scientifiques s’accumulent, et permettent de dégager quelques certitudes. Notamment une : la vape est assurément moins toxique que la cigarette. “Il faut que les vapoteurs le comprennent, afin qu’ils ne se remettent pas à fumer”, prévient le Pr Daniel Thomas, cardiologue et membre et d’Alliance contre le tabac (ACT), les deux principales organisations antitabac en France.La raison est évidente. “La combustion des cigarettes produit du goudron, responsable de cancers – poumons, larynx, vessie, etc. -, et du monoxyde de carbone, lié à différents troubles cardiovasculaires, dont les infarctus du myocarde”, résume le Pr Gérard Dubois, membre de l’Académie nationale de médecine et professeur émérite de santé publique. Ce n’est pas le cas de la vaporette qui se contente de chauffer un support de dilution (du propylène glycol et/ou de la glycérine végétale), de la nicotine et différents arômes. “Le propylène glycol est tellement considéré sans danger qu’on l’autorise pour produire les fumées et brouillards dans les spectacles”, précise le Pr Dubois. Reste la nicotine qui, si elle est extrêmement addictive, n’est pas cancérigène en elle-même, contrairement à ce que pensent 80 % des Français.Mais à quel point la vaporette est-elle moins toxique ? “Il ne faut pas non plus croire qu’elle est anodine ou que les non-fumeurs peuvent l’essayer sans risque”, souligne le Pr Thomas. Des études ont ainsi montré que certaines substances chimiques toxiques et cancérigènes présentes dans la fumée de cigarette se retrouvent dans la fumée des vaporettes, bien qu’à des niveaux beaucoup plus faibles. “Il s’agit notamment de produits de la dégradation de la nicotine, comme les nitrosamines, mais comme les liquides sont purifiés à 99,6 %, il y en a 200 fois moins que dans une cigarette, précise le tabacologue Bertrand Dautzenberg. Quant au formaldéhyde, on en détecte 0,03 à 0,05 mg – contre 0,1 mg avec une cigarette -, sauf quand le liquide brûle, dans ce cas, les taux se rapprochent de ceux de la cigarette”. En revanche, lorsque les liquides sont remplacés par des huiles, de la vitamine E, du THC ou du CBD, des drames peuvent se produire, comme cela a été le cas aux Etats-Unis en 2019. “Il y a eu une cinquantaine de morts, mais il s’agissait d’un mésusage qui n’a rien à voir avec les vaporettes”, balaye le Pr Dubois. Le médecin met également de côté les dispositifs de “tabac chauffé”, assimilés à la vape, mais qui se rapprochent en réalité bien plus des véritables cigarettes en termes de risque pour la santé.La vaporette est-elle pour autant “95 % moins nocive que la cigarette”, comme l’affirment les défenseurs de la vape ? “Ce chiffre est sorti de nulle part et n’a aucun fondement scientifique à ce jour, il provient d’un rapport d’août 2015 qui cite “une estimation d’experts” basée sur un autre rapport qui lui-même s’appuie sur une étude de 2014 qui… N’évoque jamais ce 95 % ! Tout cela ne repose sur rien d’autre qu’une estimation non reproductible, vieille de 10 ans et produite à peine 10 ans après l’invention du produit en question”, balaie le Pr. Loïc Josseran, président d’ACT et médecin chercheur en santé publique à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.Pour affirmer que la vaporette est 95 % moins nocive que la cigarette, il faudrait que des scientifiques aient suivi pendant quarante ans des vapoteurs qui n’ont jamais consommé de cigarettes afin de les comparer à des non-fumeurs ou des “fumeurs purs”. Or d’une part, le produit n’est utilisé massivement que depuis dix ans. D’autre part, aujourd’hui, 55,5 % des vapoteurs fument encore des cigarettes, quand les 45 % restant sont d’ex-fumeurs. Difficile, dès lors, de distinguer les effets liés à la vape de ceux de la cigarette. Sans compter que la vapoteuse n’est pas un objet unique ni standardisé. Certaines sont jetables, d’autres présentent différents tirages et résistances. Il existe, aussi, de très nombreux arômes. “De telles recherches sont complexes à monter, coûteraient très cher, et seraient difficiles à financer”, ajoute le Pr. Thomas. Un investissement que les autorités de santé ne sont pas toujours prêtes à consentir.Des études expérimentales pour trouver des signaux faiblesLes arômes pourraient provoquer des atteintes neurologiques et des troubles du rythme cardiaqueEn attendant, les scientifiques tentent de découvrir des signaux faibles en élaborant des études expérimentales, en laboratoire, sur des cellules ou des animaux. Ils ont alors parfois besoin de forcer le trait. Ainsi, une étude publiée dans la revue des comptes rendus de l’Académie américaine des sciences, en 2018, affirmait que l’exposition à la fumée de vaporette pouvait dégrader l’ADN des cellules du cœur, des poumons et de la vessie de souris. Sauf que les petits mammifères de 20 grammes ont été littéralement gazés, puisque exposés à 1920 milligrammes de nicotine en seulement trois mois. Soit l’équivalent de dix ans de vapotage. Les résultats de ces travaux avaient, à l’époque, été vivement critiqués.Une équipe de la Keck School of Medicine a, de son côté, publié une étude plus sérieuse, en 2021, dans la revue Scientific Reports. Ces travaux suggèrent que le vapotage pourrait provoquer des changements biologiques indésirables et conduire au développement de diverses maladies cardiovasculaires et respiratoires, voire à des cancers. Leur dernière expérience, publiée en 2023 dans Nicotine and Tobacco Research, suggère que la vape est associée à des dégradations de l’ADN de cellules présentes dans la bouche. “Les utilisateurs de cigarette électronique à capsules (comme Juul) et de produits les plus sucrés présentaient les niveaux les plus élevés de dommages à l’ADN par rapport aux non-utilisateurs”, indique Ahmad Besaratinia, professeur de santé publique à la Keck School of Medicine. La concentration de nicotine fumée, elle, n’a pas influencé les résultats.”D’aucuns vous diront que ces expérimentations qui recherchent des signaux faibles sont faites de manière aberrante. C’est parfois le cas, avec des études qui chauffent des e-liquides jusqu’à ce qu’ils brûlent et dégagent fatalement des composés toxiques, note le Pr Daniel Thomas. Mais entre eux et les antivapes qui mettent en avant les plus mauvais résultats sans faire de distinction entre ce qui est recevable ou pas, il peut y avoir de la mauvaise foi des deux côtés. Même en voulant être le plus objectif possible, il n’est pas toujours aisé de savoir quelle étude est crédible.”Imposer l’achat des vaporettes en pharmacie ?Selon Loïc Josseran, l’une des questions en suspens porte sur les arômes, qui se comptent par milliers. “Des travaux suggèrent qu’ils pourraient provoquer des atteintes neurologiques et des troubles du rythme cardiaque, voire un épaississement de l’arbre respiratoire”, souligne-t-il, citant une étude scientifique parue en 2021 dans Pharmacology & Therapeutics. Ces travaux pointent du doigt “au moins 65 ingrédients aromatiques”, dont le plus préoccupant est le cinnamaldéhyde (goût cannelle), suivi par la vanilline et l’éthylvanilline (vanille), le menthol (menthe), l’éthylmaltol (bonbon, pop-corn ou barbe à papa), le benzaldéhyde (amande) et le linalol (odeur fraîche de l’arôme de menthe). Dans un communiqué publié en février 2023, le CNCT s’est d’ailleurs prononcé pour l’interdiction des arômes. “Effectivement, il y a quelques arômes, pour lesquels une toxicité au niveau cellulaire a été démontrée, confirme Daniel Thomas. Mais ce n’est pas tant leur toxicité que leur capacité à piéger les adolescents qui me préoccupe.” Lui milite tout simplement pour la suppression des arômes de confiseries aux noms enfantins et aux goûts sucrés. Dans son viseur, comme celui du CNCT, de l’ACT et de l’Académie de médecine : les puffs, ces cigarettes électroniques jetables qui visent les plus jeunes.Reste à savoir si la vaporette peut permettre de se passer du tabac. Là, les recherches sont plus précises. Deux études de la revue Cochrane, la référence en la matière, montrent qu’il s’agit du dispositif de sevrage du tabac le plus efficace. Pour Bertrand Dautzenberg, ainsi que pour le Pr Dubois, le débat est réglé, d’autant que ces études apportent un niveau de preuve “élevé”, autrement dit, un résultat proche de la certitude. “Le débat sur la vape oppose deux camps, celui qui considère la vaporette comme une arme pour aider les fumeurs à sortir du tabac, l’autre qui s’inquiète qu’elle puisse convertir des jeunes non-fumeurs à la nicotine. Or, ces deux positions pourraient se conjuguer intelligemment”, résume Daniel Thomas. Pour les réconcilier, l’une des solutions pourrait être d’assimiler les vaporettes à des dispositifs médicaux – comme en Autriche et en Norvège – et les rendre accessibles uniquement en pharmacie, et non plus dans les bureaux de tabac ou les “vapostores”, qui n’appliquent pas, ou insuffisamment, l’interdiction de vente aux mineurs. “Car la meilleure cigarette, c’est celle qu’on ne fume pas, quelle qu’elle soit”, rappelle le Pr Dubois.



Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/cigarette-electronique-les-verites-scientifiques-sur-les-vaporettes-5GUP4VTSFNFULPLW2KBCJ2O5UE/

Author : Victor Garcia

Publish date : 2023-11-13 15:49:18

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Lutter contre l’antisémitisme peut-il encore unir les Français ? Par Omar Youssef Souleimane

logo




Le plus remarquable, lors de la marche contre l’antisémitisme organisée dimanche 12 novembre, c’était le silence. Parmi les plus de 100 000 personnes rassemblées dans Paris, il n’y avait quasiment pas de slogans – hormis quelques cas minoritaires d’individus chantant La Marseillaise. Aucun drapeau non plus, sauf celui de la France. Inévitablement, le souvenir de la manifestation organisée à la suite du massacre de Charlie Hebdo en 2015 a envahi beaucoup d’entre nous. A l’époque, un million et demi de personnes avaient aussi marché à Paris pendant des heures, entourées par des députés, des ministres, mais il y avait aussi des associations musulmanes, chrétiennes, juives, laïques… Cet évènement nous avait unis. Difficile d’en dire autant aujourd’hui.Depuis le 7 octobre, pas moins de 1200 actes antisémites ont été recensés en France. De ce fait, c’est le cœur de la République qui est attaqué. Pourtant, une partie de la gauche a préféré condamner l’organisation de cette marche, comme s’il s’agissait-là d’une prise de position larvée s’agissant du conflit israélo-palestinien (plutôt que ce qu’elle était : une marche contre l’antisémitisme). Or à la marche de dimanche, on n’a pas vu de slogan concernant les événements tragiques qui se déroulent au Proche-Orient. Dans ce contexte, il est légitime de se demander si la lutte contre l’antisémitisme peut encore unir les Français…AmalgameDepuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, tenir les juifs pour responsables des morts de Palestiniens à Gaza est devenu une mode. Des centaines de commentaires, des vidéos appelant à la haine des juifs tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Cette violence mérite d’être condamnée sans réserve, peu importe la situation à Gaza. Car ce dont il est question, en l’occurrence, c’est de l’unité des Français face à ces propos intolérables.Le soir même de l’attentat de Charlie Hebdo, certains individus avaient déchiré le Coran sur la place de la République. “Pas d’amalgame”, leur avait-on immédiatement répondu. Nous aimerions bien que ce principe soit également appliqué par La France insoumise aujourd’hui, pour faire front face aux discours identitaires. Mais ceci semble être peine perdue.L’absence de LFI lors du grand rassemblement de dimanche, ainsi que les propos du député David Guiraud accusant la manifestation de “normaliser le soutien inconditionnel au nettoyage ethnique qui se passe à Gaza” ont consacré cet amalgame si dangereux entre “juif” et “sioniste”, “juif” et “israélien”. Rappelons que ce même parti était bien présent et visible lors de la manifestation en soutien aux Palestiniens, Place de la République le 19 octobre, où certains manifestants auraient crié “Allah Akbar”.Il n’a échappé à personne non plus qu’après avoir exhorté Israël à cesser le feu contre les civils de Gaza, le chef de l’Etat, lui aussi, a préféré de ne pas participer à la marche de dimanche. Sa présence était pourtant nécessaire pour assurer l’engagement de la France contre l’antisémitisme loin du conflit du Proche-Orient… Rappelons-nous qu’en 1990, François Mitterrand avait participé à une manifestation condamnant l’antisémitisme, après la profanation du cimetière juif de Carpentras.”Pas le bon moment”Revenons à la marche de dimanche, où l’on a fait la connaissance d’une femme portant un panneau sur lequel était écrit : “Je ne suis pas juive, je ne suis pas anti-Palestine, je ne suis pas Front national, je suis Française et je ne veux plus jamais ça”. Cette phrase résumait à elle seule la ligne de ce rassemblement. Et confirmait que le sortir de son contexte original pour lui faire porter le poids du conflit au Proche-Orient est non seulement malvenu, mais risque aussi de diviser les Français juifs.Avant la création de l’État israélien en 1948, plus de 800 000 Juifs vivaient dans des pays arabes, et ce depuis des centaines d’années. En peu de temps, ils ont été expulsés, accusés d’être coupables de la guerre entre l’état sioniste et les Arabes. Voulons-nous vivre cela en France ?Pour certains, ce ne serait pas le bon moment de manifester contre l’antisémitisme alors que le conflit entre Israël et le Hamas se poursuit. Au contraire, compte tenu de la résurgence d’actes antisémites en France au cours de ce dernier mois, il est plus que jamais nécessaire de manifester maintenant, réagir rapidement afin d’éviter que des amalgames ne s’instaurent durablement dans les esprits.La marche de dimanche peut contribuer à unir les Français, à condition que d’autres voix la rejoignent. Le message du cortège de tête, qui tenait une pancarte sur laquelle était écrit “Pour la République, contre l’antisémitisme”, est un bon début.“Etre français”, par Omar Youssef Souleimane. Flammarion, 160 p., 19 €.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/lutter-contre-lantisemitisme-peut-il-encore-unir-les-francais-par-omar-youssef-souleimane-EBC2O6QBPJHN7DTSUPYOYDYHBE/

Author :

Publish date : 2023-11-13 15:50:31

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Programmation budgétaire : le 17e recours au 49.3 du gouvernement Borne

logo




Le gouvernement a déclenché un nouveau 49.3, ce lundi 13 novembre; à l’Assemblée nationale pour l’adoption définitive de la loi de programmation budgétaire 2023-2027, le 17e du gouvernement d’Elisabeth Borne. Le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester, s’est chargé de lire un message de la Première ministre, actuellement en déplacement officiel en Irlande, engageant la responsabilité du gouvernement.🔴🏛️ Loi de programmation des finances publiques 2023-2027 : @Elisabeth_Borne étant en déplacement, @franckriester donne lecture d’une lettre de la Première ministre et annonce, au nom du gouvernement, le recours au #49al3 sur le texte examiné en lecture définitive. #DirectAN pic.twitter.com/esxDGgigJe— LCP (@LCP) November 13, 2023Le 49.3 a été immédiatement suivi du dépôt d’une nouvelle motion de censure de La France insoumise, dont le rejet probable dans quelques jours vaudra adoption définitive de ce texte de programmation des finances publiques.Le gouvernement promet dans cette loi de ramener le déficit public de 4,9 % du produit intérieur brut en 2023 à 2,7 % en 2027, sous l’objectif européen de 3 %. Le Sénat à majorité de droite et du centre réclamait de son côté un retour sous les 3 % deux ans plus tôt, en 2025, et un déficit public ramené à 1,7 % en 2027, mais n’a pas eu gain de cause.Débat juridiqueHors budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale, pour lesquels le recours au 49.3 est illimité, le gouvernement n’a le droit d’utiliser cette arme constitutionnelle que sur un seul texte par session parlementaire. Mais l’exécutif, avis de juristes à l’appui, assure qu’il n’use pas cette cartouche pour cette loi de programmation des finances publiques, puisqu’elle avait déjà fait l’objet d’un premier 49.3 fin septembre, lors d’une session extraordinaire. L’opposition pourrait tenter de contester cet argument juridique si le gouvernement utilise de nouveau le 49.3 durant cette session ordinaire, par exemple sur le projet de loi immigration.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/programmation-budgetaire-le-17e-recours-au-493-du-gouvernement-borne-I2GDQVJYRRF47LMKBWR5IQ6WHU/

Author :

Publish date : 2023-11-13 15:15:33

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Pourquoi les séries télé sont obsédées par le passé

logo




La machine à remonter le temps existe, et elle marche avec une télécommande. Jeter un coup d’œil aux plateformes de streaming suffit pour être saisi d’un troublant constat : plus que jamais, la télévision semble obsédée par le passé. Ce 16 novembre, Netflix plonge dans les années 1990 avec les premiers épisodes de l’ultime saison de The Crown. Deux semaines plus tôt, la plateforme avait opté pour une reconstitution de la Seconde Guerre mondiale à l’occasion de la sortie d’All the Light We Cannot See, adaptation sirupeuse du prix Pulitzer de 2015. Le géant du streaming n’est pas le seul à avoir une addiction pour la nostalgie : à la mi-octobre, Apple TV optait pour les années 1960 avec sa série Lessons in Chemistry. Moins d’un mois plus tard, la plateforme sortait The Buccaneers, version pop très libre d’un roman d’Edith Wharton se déroulant en 1870, tandis que la saison 2 de The Gilded Age, se déroulant à la même période, est diffusée depuis le 30 octobre sur OCS. La tendance est aux crinolines, aux corsets, et aux accessoires rétros. La pléthorique production sérielle de ces dernières années est résolument tournée en arrière.Ce réflexe créatif n’est certes pas nouveau. “Les adaptations de la littérature anglaise en costume existent depuis longtemps, par dizaines. Elles sont devenues un genre à elles seules, presque banal et revu”, observe Ioanis Deroide, agrégé d’histoire et enseignant, auteur de L’Angleterre en séries. Dernièrement, Dickens et Austen ont néanmoins cédé la place à des séries venues des quatre coins du monde : Alchemy of Souls fait le bonheur des amateurs de drama coréens sur Netflix, comme la turque Minuit au Pera Palace. “L’éclairage et la bande-son, qui pouvaient facilement faire paraître datées des séries étrangères au monde anglo-saxon ont été remplacés par des standards internationaux, poursuit Ioanis Deroide. L’essor du numérique et les moyens financiers des plateformes ont permis d’uniformiser les codes internationaux.”Tendance réconfortanteDevenues accessibles, les séries historiques ont aussi l’avantage d’être familières. “Elles racontent une histoire déjà connue et sont confortables pour le spectateur, analyse Gary Edgerton, spécialiste de la télévision américaine et professeur à l’université Butler, dans l’Indiana. La nostalgie est une stratégie très efficace, déployée à profusion dans le divertissement depuis près d’un demi-siècle”. A une époque où – embouteillages des plateformes obligent – un projet approuvé par un studio peut n’être diffusé que plusieurs années après, raconter le passé devient moins risqué que l’époque contemporaine. “Les Américains d’aujourd’hui sont désenchantés sur l’état du monde et de leur pays. Ils éprouvent d’autant plus le désir de se replonger dans un passé rêvé, où, selon eux, tout allait mieux”, poursuit Gary Edgerton. Après avoir regardé la série contemporaine Yellowstone, mettant en scène un Kevin Costner grimé en cow-boy des temps modernes, les spectateurs outre-Atlantique se sont plongés dans ses spin-off historiques 1883 et 1923. “Ces histoires jouent sur une mythologie américaine très traditionnelle, un peu réactionnaire, reprend le spécialiste. Elles sont très régressives.”A l’inverse, elles peuvent aussi être l’occasion de rendre l’histoire plus belle qu’elle n’a été. Dans la romance historique La Chronique des Bridgerton, Netflix imagine une Angleterre à l’époque de la Régence où la couleur de peau n’est pas un obstacle pour naître aristocrate. Le passé devient un idéal où s’échapper. Quel sera votre prochain doudou historique ?



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/pourquoi-les-series-tele-sont-obsedees-par-le-passe-BRFOZUDIKVHILAH3MTEKP6UUFM/

Author : Alexandra Saviana

Publish date : 2023-11-13 15:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Au Portugal, la gauche rattrapée par ses démons

logo




Les vieux démons socialistes se réveillent au Portugal. Neuf ans après le placement en détention de l’ancien Premier ministre José Socrates pour fraude fiscale, un événement resté comme un traumatisme dans la mémoire de la gauche lusitanienne, c’est au tour d’Antonio Costa, chef du gouvernement en exercice, de quitter la scène politique sous l’action de la justice.Soupçons de corruptionL’image de la brigade financière débarquant le 7 novembre au palais de São Bento, à Lisbonne, a sidéré le pays. A la tête de l’exécutif depuis 2015, le chef du PS est cité dans l’”Opération influenceur”, une enquête portant sur des soupçons de corruption, trafic d’influence et prévarication dans l’attribution d’un grand projet d’hydrogène vert à Sines, à 150 kilomètres au sud de Lisbonne, et de deux concessions de mines de lithium dans le nord du Portugal, là où se situent les plus grandes réserves européennes de ce métal essentiel à la fabrication des batteries de voitures électriques.Un comble pour cette personnalité phare de la vie politique portugaise, qui se voulait le champion de la décarbonation et se voyait même reprocher de vouloir aller trop vite dans ce domaine. “C’est une énorme surprise, d’autant qu’Antonio Costa n’avait jamais été mêlé à des histoires pareilles. Au contraire, il avait réussi à faire oublier les affres de la période Socrates. Et voilà que sa famille politique replonge dans les scandales”, observe Antonio Costa Pinto, professeur de sciences politiques à l’université de Lisbonne.Écoutes téléphoniquesAncien ministre de la Justice d’Antonio Guterres au tournant des années 2000, lorsque l’actuel secrétaire général de l’ONU dirigeait le Portugal, Antonio Costa le sait, ses tourments ne font que commencer. “Ce tremblement de terre sera suivi de répliques”, prédit l’historien Yves Léonard, professeur à Sciences Po. Pour ce fin connaisseur du Portugal, “une tonalité de lassitude” entourait Antonio Costa depuis sa reconduction au pouvoir, en janvier 2022, après une victoire surprise qui lui avait donné la majorité absolue, sans même l’appui de la gauche radicale. Usure du pouvoir ? Relâchement moral ? Le leader socialiste était en tout cas sur écoute téléphonique depuis décembre 2020, selon la procureure générale de la république Lucília Gago, nommée à ce poste en 2018 sur proposition… de son gouvernement.Si, pour l’instant, Costa a échappé à la mise en examen, la liste de ses proches sous le feu des enquêteurs donne le tournis. A commencer par Diogo Lacerda Machado, un ami intime. Cet avocat et consultant aurait été le cerveau du projet d’hydrogène vert de Sines et, en particulier, de la construction d’un énorme centre de données alimenté à l’énergie solaire. Evalué à 3,5 milliards d’euros, ce marché aurait été attribué à une entreprise, Start Campus, en échange de pots-de-vin, via un montage financier imaginé par João Tiago Silveira, ex-porte-parole du PS et ancien collaborateur d’Antonio Costa. Les dirigeants de Start Campus ont été arrêtés, tout comme le maire socialiste de la commune, Nuno Mascarenhas.75 800 euros en liquideAutre personnalité sur la sellette, João Galamba, l’actuel ministre des Infrastructures et Secrétaire d’Etat à l’Energie au moment des faits, qui aurait, lui aussi, trempé dans ce dossier et enfreint le code des marchés publics lors de l’attribution des mines de lithium du nord du pays, avec la complicité du président de l’Agence portugaise de l’environnement, Nuno Lacasta. Les deux hommes sont mis en examen.Encore plus gênant, le propre chef de cabinet de Costa aurait fait le lien entre tous ces protagonistes. Les enquêteurs auraient saisi 75 800 euros en liquide dans son bureau de São Bento. Il a été placé en détention provisoire.Face à ce grand déballage, le président de la République de centre droit, Marcelo Rebelo de Sousa, a prié le gouvernement de faire voter le prochain budget de l’Etat d’ici à la fin novembre, après quoi il prononcera la dissolution de la chambre des députés. Déjà, le jeune parti d’extrême droite Chega se frotte les mains. Son leader, André Ventura, promet depuis des années le “grand nettoyage” d’une démocratie corrompue. Des législatives anticipées auront lieu le 10 mars, juste avant les célébrations du cinquantenaire de la révolution des Oeillets qui avait mis fin à la dictature salazariste, en avril 1974. Triste symbole.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/au-portugal-la-gauche-rattrapee-par-ses-demons-76BOYBUMMZC65GMEHQLWII2ME4/

Author :

Publish date : 2023-11-13 14:13:24

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more

Royaume-Uni : comment une marche pro-palestinienne tourne à la crise politique

logo




C’est une crise politique qui menace l’autorité du Premier ministre Rishi Sunak et place la ministre de l’Intérieur Suella Braverman sur la sellette. Une marche pro-palestinienne prévue samedi 11 novembre à Londres et autorisée par la police contre l’avis du gouvernement tourne à la polémique politique au Royaume-Uni.Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak affiche clairement son hostilité à cette manifestation, organisée par plusieurs associations pour réclamer un cessez-le-feu à Gaza. Celle-ci se tient le week-end où le Royaume-Uni commémore l’armistice de la Première Guerre mondiale et les soldats morts dans divers conflits depuis 1914. Le Premier ministre britannique a affirmé à plusieurs reprises qu’il jugeait la marche “irrespectueuse”, mettant aussi en avant les risques de violences en marge de l’évènement.Mais en dépit de la pression, la police n’a pas interdit la manifestation. Mardi, le chef de la police londonienne, Sir Mark Rowley, a déclaré qu’il n’y avait pas de raisons suffisantes pour interdire la marche pro-palestinienne en vertu de l’article 13 de la loi sur l’ordre public de 1986. Après avoir convoqué Mark Rowley, Rishi Sunak avait averti mercredi qu’il le tiendrait responsable en cas de débordements. Le dernier groupe à se voir imposer une interdiction lors de l’une de ses manifestations prévues était la Ligue de défense anglaise, d’extrême droite, rappelle le Guardian.”Deux poids, deux mesures”Dans un pays où l’indépendance de la police est un principe cardinal, la ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, coutumière des propos controversés, a provoqué une nouvelle vague d’indignation jeudi en mettant en cause dans une tribune l’impartialité des forces de l’ordre.Cette tenante d’une ligne très conservatrice, qui avait déjà qualifié les manifestations pro-palestiniennes de “marches de la haine”, a dénoncé un “deux poids, deux mesures”. “Les manifestants de droite et nationalistes qui commettent des agressions se heurtent à juste titre à une réponse sévère, mais les foules pro-palestiniennes affichant un comportement presque identique sont largement ignorées, même lorsqu’elles enfreignent clairement la loi”, a-t-elle estimé dans ce texte publié dans le journal The Times.Selon la ministre de l’Intérieur, les marches n’étaient pas “simplement un appel à l’aide pour Gaza”, a-t-elle écrit, mais “une affirmation de la primauté de certains groupes – en particulier les islamistes – du type de ceux que nous sommes plus habitués à voir en Irlande du Nord”.Suella Braverman, aux ambitions politiques affirmées, est l’une des figures de l’aile droite du parti conservateur au pouvoir depuis près de 14 ans, devenue très influente au sein de la majorité. Elle est considérée comme une candidate possible pour remplacer Rishi Sunak à la tête du parti s’il ne remporte pas les élections générales en 2024 – elle s’est déjà présentée à la direction du parti conservateur en 2023, sans succès – et pourrait être une opposante interne dangereuse si elle perdait son poste, indique le New York Times.Une ministre sur la sellette ?Tom Winsor, ancien chef de l’organe chargé de superviser l’action de la police, a jugé sur la BBC que ses propos étaient “sans précédent” et que la ministre “dépasse les limites”. Downing Street a reconnu jeudi à la mi-journée ne pas avoir approuvé la tribune comme le veut la règle. En effet, comme le précise le Guardian, le code ministériel stipule que les principaux communiqués de presse, les interviews et les apparitions médiatiques doivent être au préalable approuvés par le 10 Downing Street “pour garantir la coordination efficace des affaires du cabinet”.Si le porte-parole de Rishi Sunak a assuré qu’elle gardait sa confiance, cette annonce a relancé les spéculations sur un limogeage imminent de la ministre. Celle-ci avait déjà suscité l’indignation il y a quelques jours en affirmant que certains sans-abri vivaient dans la rue “par choix de mode de vie”.Nickie Aiken, la députée conservatrice de la circonscription du centre de Londres, a fustigé les propos de Suella Braverman. “La police ne devrait jamais s’impliquer dans la politique et les hommes politiques ne devraient jamais s’impliquer dans les opérations policières. La police doit exercer ses activités sans crainte ni faveur et déclarer le contraire constitue un précédent très dangereux”, a-t-elle déclaré au Guardian.”Suella Braverman est hors de contrôle””Cette manifestation ne devrait pas être arrêtée à moins qu’il n’existe des renseignements crédibles indiquant que la police décide qu’elle doit être arrêtée. […] Elle ne doit pas être stoppée par un caprice politique”, a-t-elle poursuivi.”Suella Braverman est hors de contrôle”, a fustigé la députée de l’opposition travailliste en charge des questions de sécurité, Yvette Cooper, sur X (ex-Twitter), critiquant sa “tentative dangereuse de saper le respect envers la police dans un moment sensible […] et d’enflammer les tensions communautaires”.Suella Braverman is out of control. Her article tonight is a highly irresponsible, dangerous attempt to undermine respect for police at a sensitive time, to rip up operational independence & to inflame community tensions. No other Home Secretary of any party would ever do this— Yvette Cooper (@YvetteCooperMP) November 8, 2023Elle s’est également interrogée devant les députés, comme le rapporte le Guardian : “Ce gouvernement croit-il encore à l’indépendance opérationnelle de la police, et comment peut-il le faire alors que la ministre de l’Intérieur est en poste ? Le Premier ministre a-t-il accepté le contenu de cet article ? Parce que soit il a approuvé cela, soit il est trop faible pour la limoger.”Le chef du parti social-démocrate et travailliste, Colum Eastwood, a de son côté appelé à la destitution de Suella Braverman de son poste, qualifiant ses commentaires “d’ignorance agressive”.Une forte hausse des actes antisémites et anti-musulmansDepuis l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël le 7 octobre et les représailles massives israéliennes sur la bande de Gaza, plusieurs marches réunissant des dizaines de milliers de personnes ont eu lieu à Londres, globalement dans le calme, même si la police a arrêté 188 personnes. Une forte augmentation des actes antisémites et anti-musulmans a été constatée.Selon Adam Wagner, avocat et expert en droit des manifestations, interrogé par le New York Times, si la police avait tenté d’interdire la marche de samedi sans preuves suffisantes, elle aurait pu être contestée devant les tribunaux et aurait très probablement perdu.Cette crise politique tombe au plus mal alors que les Tories sont donnés perdants par les sondages dans la perspective des prochaines élections législatives attendues l’an prochain. Comme dans d’autres pays européens, le conflit entre Israël et le Hamas divise la classe politique britannique. Même au sein du parti travailliste, certains élus critiquent la position adoptée par le chef du parti, Keir Starmer, qu’ils jugent trop pro-israélienne. Plusieurs élus ont démissionné, dont un député qui a claqué la porte de l’équipe dirigeante.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/royaume-uni-comment-une-marche-pro-palestinienne-tourne-a-la-crise-politique-YY3GEA4OHZB6DL6F7OAL7XP4TM/

Author :

Publish date : 2023-11-10 12:43:25

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Read more
Page 286 of 295

..........................%%%...*...........................................$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$--------------------.....