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L’Express

Marche contre l’antisémitisme : l’absence des Insoumis, le malaise au sein de la Nupes

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Il est de tradition d’intimer aux absents qu’ils ont toujours tort. Mais ce dimanche 12 novembre, ce sont eux qui fanfaronnent et montrent du doigt les participants à la marche contre l’antisémitisme, organisée à l’initiative de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet et de son homologue du Sénat, Gérard Larcher.”Toute la droite et l’extrême droite pourtant unies ont échoué à reproduire les mobilisations générales du passé”, tance ainsi Jean-Luc Mélenchon depuis son compte X (anciennement Twitter). Sans surprise aucune, l’un de ses plus fidèles, qui lui a succédé à la fois dans sa circonscription des Bouches-du-Rhône et à la tête de La France insoumise (LFI), Manuel Bompard, embraie : il dénonce là un “appel politicien” qui “n’aura finalement servi qu’à blanchir l’extrême droite et déchaîner des expressions de la haine contre les musulmans”.La mauvaise excuseIl faut dire que pour justifier leur fin de non-recevoir à l’appel des deux présidents des Chambres, LFI s’échine à dénoncer la participation du Rassemblement national (RN) et de Reconquête (le parti d’Eric Zemmour). Des excuses qui ne valent pas un sou pour le député européen Raphaël Glucksmann, qui assume, dit-il à L’Express, de “ne pas choisir les manifestations auxquelles (il se rend) en fonction de ce que décide Marine Le Pen”.Je ne choisis pas les manifestations auquel je me rends en fonction de ce que décide Marine Le PenRaphaël Glucksmann, député européen et co-président de Place Publique Même son de cloche du côté de la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier, qui a par ailleurs déclaré “ne laisser aucune ambiguïté sur le fait que la présence du RN dans ce cortège” pose un problème. Et de se réjouir de marcher “avec la Nupes” pour “combattre l’intolérance, et dénoncer l’antisémitisme”.Plus isolée que jamais en ce jour “d’union nationale”, La France Insoumise a organisé le matin même son propre rassemblement “contre tous les combats antiracistes” près de l’emplacement de l’ancien Vel d’Hiv. N’ayant duré qu’une cinquantaine de minutes, l’épisode fut expéditif, autant que l’accueil glacial. Des pancartes “Touche pas à la mémoire”, “Touche pas au Vel d’Hiv”, noyées dans des voix criant “collabos”, attendaient les cadres insoumis qui, à coups d’interventions à la radio, de plateaux télévisés et de tweets, s’enorgueillissent de ce boycott décrété par les instances du mouvement.Des alliés timorésUn nouveau pas de côté d’autant plus remarqué que leurs alliés de la Nupes ont tous répondu présents. Banderole en mains, Marine Tondelier (Les Ecologistes), Olivier Faure (Parti socialiste) et Fabien Roussel (Parti communiste) ont défilé côte à côte ce dimanche, loin derrière le cortège de tête couronné par Yaël Braun-Pivet, Gérard Larcher, Élisabeth Borne, Nicolas Sarkozy, et François Hollande. Eux-mêmes suivis de près par un banc de premiers ministres, allant de Jean-Marc Ayrault à Jean Castex, en passant par Manuel Valls, ou encore Édouard Philippe. Bernard Cazeneuve, qui a lancé en mars dernier son mouvement “Conventions” en vue de bâtir une alternative face à la gauche “de toutes les outrances” – comprendre, La France Insoumise – était également de la déambulation.Mais alors que le boycott des Insoumis suscite l’indignation d’une majorité de la classe politique, les alliés de Jean-Luc Mélenchon (et anciens alliés, Olivier Faure ayant prononcé le 18 octobre dernier un moratoire à la participation du PS à la Nupes) se sont montrés relativement timorés dans leurs critiques. “Bien qu’il soit évident que certains se complaisent dans une forme d’ambiguïté, je ne me perdrais pas à dire que les Insoumis sont antisémites”, semble marcher sur des œufs le secrétaire général du PS Olivier Faure. À L’Express, celui-ci explique que les positions de LFI ne sont “pas son affaire”, dans la mesure où “l’alliance de la Nupes n’existe tout simplement plus”.L’absence de Manuel Bompard et de ses troupes ? “C’est un choix évidemment regrettable”, élude de son côté le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel. Et l’ancien candidat des jours heureux de sourire : “Le monde présent à cette marche donne tort aux absents”. Et pour cause, selon les chiffres donnés par la préfecture dimanche soir, 105 000 personnes ont marché les unes devant les autres, les unes à côté des autres, du Palais Bourbon au Palais du Luxembourg. Parmi lesquelles, plusieurs individus pour le moins hostiles à la présence des patrons de la gauche.Une présence loin de faire l’unanimité”Vous êtes la serpillière du Hamas”, crie un marcheur en direction des trois leaders de la Nupes présents. Une référence directe aux positions pour le moins ambiguës de plusieurs cadres de la gauche française depuis l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre dernier. Il faut dire que si “Fabien Roussel a affiché une ligne complètement différente de celle de Jean-Luc Mélenchon, certains membres du PCF continuent par exemple de défiler aux côtés des Insoumis dans les rassemblements pro palestiniens”, constate le politologue Jean-Yves Camus qui a assisté depuis le bas de son immeuble à la manifestation pour le “cessez-le-feu” à Gaza qui s’est tenue samedi 11 novembre à Paris.Au moment de leur arrivée sur place, Fabien Roussel, Marine Tondelier et Olivier Faure ont été notamment hués par plusieurs manifestants. Une réaction “incompréhensible” pour Clément Mugnier, jeune socialiste venu de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). “Il s’agit d’une mobilisation d’union nationale, où l’intégralité de la gauche républicaine (PS-EELV-PCF, NDLR) est présente. Ceux qui nous invectivent se trompent de cible”, fait valoir cet ancien élu divers gauche. Et pour cause, il n’est jamais plaisant d’être renvoyé dos à dos avec ceux que l’on désigne comme “les héritiers de Pétain”.



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Publish date : 2023-11-13 06:31:33

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Travail : pourquoi les plus méritants ne sont plus reconnus à leur juste valeur, par Julia de Funès

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Une plus juste reconnaissance s’impose et semble faire l’unanimité dans l’opinion. Souvenons-nous qu’il nous est apparu à juste titre déshonorant que les fonctions dites de première ligne soient si peu reconnues au regard de leur nécessité lors du Covid. Les politiques d’inclusion, de diversité, de parité n’ont pour ainsi dire jamais été aussi en vogue dans les organisations qu’aujourd’hui et sont autant de stratégies mises en place pour une plus forte reconnaissance des différences. Et si l’on en croit les baromètres RH du moment (CCLD, myRHline 2023, etc.), le manque de reconnaissance au travail apparaît comme l’une des premières raisons poussant les salariés à vouloir changer de fonction sinon d’entreprise. Ce manque de reconnaissance chronique et le besoin de considération toujours plus grand qui l’accompagne ne sont pas nécessairement liés à une négligence managériale ou politique, mais procèdent plus fondamentalement d’une dérive démocratique et démagogique contre laquelle il devient difficile mais nécessaire de lutter.Démagogique en ce que l’égalitarisme bien-pensant s’intensifiant, les hiérarchies s’estompent, l’autorité s’effondre, les niveaux ne comptent plus, la transmission est remplacée par des partages d’expériences, la vérité par le relativisme (à chacun sa vérité), et l’analyse critique par des opinions sommaires. La science se voit concurrencée par un retour archaïque à des pratiques plus ou moins chamaniques. Les formations en ligne sont mises sur le même plan que les formations académiques. Les titres certifiés équivalent pour certains aux diplômes académiques d’Etat. Les métiers dits de première ligne, essentiels à la survie de la population se trouvent parfois moins cotés que les improbables “happyculteurs”, “émergeurs d’intelligence collective”, “développeurs de résilience”, et autres “accompagnateurs” en tout et surtout en rien que l’on trouve à foison sur les réseaux sociaux professionnels. Aussi assistons-nous à l’émergence d’une ribambelle de guignols aussi légers en connaissance que lourds en niaiseries démagogiques (1). Comment avons-nous pu laisser ce genre de supercheries gangrener le marché de l’emploi tout en méconnaissant la valeur des plus méritants ?La reconnaissance suppose le courage de la distinctionPar dérive démocratique. Le contournement que Tocqueville (2) avait auguré entre égalité et égalitarisme se produit sous nos yeux. Le principe démocratique d’égalité se substitue insidieusement en principe démagogique d’équivalence. L’égalité de droit (tous égaux devant la loi) se retrouve sournoisement dévoyée en équivalence de valeurs (tout se vaut). Dans cette logique, l’équivalence finit par régner et l’indifférenciation par dominer. Or l’indifférenciation mène à l’indifférence et l’indifférence est le contraire de la reconnaissance ! Reconnaître c’est distinguer, différencier, valoriser, et établir des hiérarchies en fonction du mérite. Dans l’acte de reconnaître s’ajoute à la réalité connue la conscience de sa réelle valeur par rapport aux autres. Alors comment valoriser si le relativisme (tout se vaut) règne en maître ? Comment distinguer si l’équivalence domine ? Comment poser des différences si l’indifférenciation devient le mot d’ordre ? L’égalitarisme, soit le règne de l’indifférenciation et de l’équivalence, a ceci de calamiteux qu’il empêche toute forme de reconnaissance.Aussi devons-nous, tel que l’article 1 de La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen le laisse entendre subrepticement, maintenir une séparation franche entre l’indifférenciation devant la loi et l’indifférenciation sociale : “Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.” Autrement dit, l’égalité n’interdit pas les disparités et les distinctions ne sont pas nécessairement des injustices ! Aussi, pour une reconnaissance véritable et un ressentiment social atténué, encore faudrait-il oser les différences, concurrencer les contributions, hiérarchiser les mérites. La reconnaissance suppose non pas la démagogie égalitariste mais le courage de la distinction.(1) Développement (im) personnel. Le succès d’une imposture, par Julia de Funès, éd. de L’Observatoire, 2019, Paris.(2) De la démocratie en Amérique, par Tocqueville, 1835.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/travail-pourquoi-les-plus-meritants-ne-sont-plus-reconnus-a-leur-juste-valeur-par-julia-de-funes-S5DODUKX7FA35DJ7PTZ3BVVI7I/

Author : Julia de Funès

Publish date : 2023-11-13 04:50:42

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Droit d’asile : les migrants face à la “loterie” des juges

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Dans les couloirs de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), Me Lucille Watson presse le pas. Son premier client de la journée, un jeune Somalien arrivé en France en 2020 dont la demande d’asile a été rejetée par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) quelques mois plus tôt, l’attend. Pour ce requérant, comme pour les 67 142 autres étrangers qui ont saisi la CNDA après avoir été déboutés par l’Ofpra en 2022, cette audience fait office de dernier recours. Face aux juges, il devra raconter les raisons de sa fuite, évoquer tous les pans de sa vie. L’enjeu est immense : en 2022, seulement 21,5 % des demandeurs d’asile ont obtenu de la Cour un statut de réfugié ou une protection subsidiaire leur permettant de rester sur le territoire français. Si le jeune homme ne convainc pas les magistrats, il devra retourner en Somalie, où il craint, selon son récit, d’être tué.D’un coup d’œil, Me Watson vérifie le nom des juges qui écouteront le jeune homme : après des années à arpenter les 32 salles d’audience de la CNDA, elle a appris à connaître la plupart de ces magistrats. Ceux de ce matin n’éveillent pas particulièrement son inquiétude. A l’inverse, d’autres collègues semblent mal commencer la semaine. “Là, c’est l’horreur. Avec l’assesseur qui va avec, on sait que c’est mort pour la plupart des dossiers”, s’emporte un avocat en prenant connaissance du nom du président de sa formation. “Lui est très à l’écoute, elle aussi, très compétente”, tempère Me Watson en passant devant quelques portes closes : “La plupart du temps, les dossiers sont traités avec nuance et neutralité. Mais il y a une part de loterie : il y a des juges plus souples, et d’autres qui rejettent systématiquement.”Alors que le projet de loi immigration examiné devant le Sénat depuis le 6 novembre prévoit de réformer en profondeur la CNDA, en généralisant notamment les audiences à juge unique au détriment des formations collégiales, nombreux sont les professionnels de l’asile à évoquer leur inquiétude. D’autant que la décision de la Cour est presque définitive : en 2022, seules 35 décisions sur 835 rendues par le Conseil d’Etat ont déjugé la CNDA, soit un peu plus de 4 %.”On ne googlise pas chaque président”Alors qu’en dix ans le nombre d’affaires traitées par la CNDA a doublé, 26 présidents permanents siègent actuellement à la Cour – presque tous sont d’anciens magistrats administratifs. Pour tenir le rythme des 6 775 audiences annuelles, ils sont épaulés de 184 présidents vacataires, qui exercent le reste du temps comme magistrats administratifs, financiers ou judiciaires, ou sont issus du Conseil d’Etat. S’ajoutent à cet effectif 141 assesseurs nommés par le vice-président du Conseil d’Etat, sélectionnés sur dossier et à la suite d’un entretien face à un comité de sélection. Essentiellement des retraités, anciens professeurs, avocats, diplomates ou préfets, d’une moyenne d’âge de 64 ans. Enfin, 155 assesseurs sont nommés par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui organise chaque année plusieurs sessions de recrutement. La plupart d’entre eux ont exercé sur le terrain à l’international avec différentes organisations, mais on y retrouve également des universitaires spécialisés en droit international ou pénal, ainsi que des sociologues.Dans la longue liste de ces juges se côtoient ainsi l’ancienne ministre des Outre-Mer Brigitte Girardin, d’anciens ambassadeurs ou diplomates, des universitaires spécialistes du droit d’asile… et d’autres profils plus étonnants. En octobre 2023, Jean-Marie Argoud a été destitué de ses fonctions de juge à la CNDA, au sein de laquelle il siégeait en tant que vacataire depuis octobre 2021. Plusieurs avocats avaient remarqué ses publications anti-islam, homophobes, anti-migrants ou pro-Algérie française sur les réseaux sociaux. “Les prises de position publiques de M. Jean-Marie Argoud sur les réseaux sociaux sont de nature à créer un doute sur son impartialité en tant que juge de l’asile”, a détaillé la Cour. De septembre 2017 à décembre 2019, Vincent Uher, qui a ensuite présidé l’association de financement de Reconquête !, le parti d’Eric Zemmour, a également siégé en tant que président de formation. Dès janvier 2018, une enquête de BuzzFeed et Mediapart révélait que le nom de ce haut fonctionnaire apparaissait “au moins six fois” en tant que rédacteur de documents du programme présidentiel de Marine Le Pen.Me Philippe Fontana, avocat au barreau de Paris et récent auteur d’un essai intitulé La Vérité sur le droit d’asile (l’Observatoire), relève de son côté que d’autres “profils militants” exercent ou ont exercé au sein de la CNDA.Il évoque notamment l’actuel président de l’association France fraternités et ancien directeur général de l’association France terre d’asile Pierre Henry – assesseur au sein de la Cour depuis 2021 -, Maïté Fernandez, doctorante en droit public et actuelle déléguée régionale de la Fédération des acteurs de la solidarité des Pays de la Loire depuis 2020 – assesseure à la CNDA de février 2018 à août 2020 -, ou encore Denis Gouzerh, tête de liste EELV dans le VIIe arrondissement de Paris lors des élections municipales de 2020 et ancien président de la Fondation MSF de Médecins sans frontières.Afin d’éviter tout conflit d’intérêts au sein de la CNDA, le Conseil d’Etat précise à L’Express que son comité de sélection “est attentif à la capacité des candidats à exercer des fonctions juridictionnelles avec indépendance et impartialité” lors du recrutement des assesseurs. Pour les magistrats administratifs nommés présidents vacataires, l’avis du chef de juridiction dans laquelle le magistrat est affecté “est pris en compte”, et peut porter “sur le risque d’éventuels conflits d’intérêts au regard du parcours professionnel ou des éléments figurant dans la déclaration d’intérêts du magistrat”, ajoute l’Administration. Le HCR indique, lui, à L’Express recruter ses assesseurs en “mettant l’accent sur leurs connaissances en droit des réfugiés et en géopolitique”. “Nous n’avons pas de militants associatifs au sein des assesseurs HCR, et nous attachons beaucoup d’importance à cette impartialité”, est-il précisé. Christine Massé-Degois, chargée de la communication de la Cour, indique pour sa part ne pas “googliser chaque président ou chaque assesseur qui viendrait siéger à la CNDA”, et précise que “chacun est soumis a un code déontologique”.Dans un courrier datant du 27 octobre à destination des membres des formations de jugement de la Cour, que L’Express a pu consulter, le président de la CNDA Mathieu Hérondart confirme qu’il ne “lui appartient pas d’aller contrôler, googliser ou surveiller sur les réseaux sociaux les publications de l’ensemble des 200 présidents vacataires, des 160 assesseurs HCR, des 160 assesseurs CE, des 330 rapporteurs et de l’ensemble des agents de la Cour”, et qu’une telle démarche serait “contraire aux règles en matière de protection des données personnelles”. Elle-même présidente de formation, Christine Massé-Degois rappelle par ailleurs qu’il existe des “garde-fous”, comme la récusation, qui permettent à tout avocat “de demander qu’un juge soit récusé s’il estime qu’un doute sérieux existe sur son impartialité”. Sans donner de statistiques précises sur le sujet, la CNDA indique que ces demandes restent “rares”, la plupart du temps déposées par des avocats “qui estiment que certains magistrats rejettent trop souvent les recours”.”Certains débarquent complètement”Soumis à leur devoir de réserve, la plupart de la trentaine de témoins interrogés par L’Express sur le sujet ont préféré garder l’anonymat. Mais, dans un contexte d’explosion des demandes d’asile, plusieurs d’entre eux regrettent une formation des juges “trop en surface”, qui les jetterait “dans le bain des audiences” sans les outils nécessaires. “Parfois, certaines décisions sont jugées à gros traits”, regrette auprès de L’Express Emmanuelle Veuillet, doctorante à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne spécialiste du Soudan et du Soudan du Sud. Régulièrement sollicitée par des avocats pour fournir aux juges des attestations détaillées sur des régions ou des événements politiques dans cette zone, la chercheuse observe dans certains jugements rendus “un usage problématique de catégories, notamment ethniques”, ainsi qu’un “manque d’actualisation et de précision dans les sources de documentation prévues par la Cour”.”Vous avez des juges qui arrivent en ayant lu le dossier et suivi toutes les formations imaginables, et d’autres qui débarquent complètement”, glisse une ancienne assesseure. “Tout le monde n’est pas là pour la même chose. Certains veulent se rendre utiles, d’autres considèrent qu’ils comprendront le dossier sur le tas et qu’ils n’ont rien à apprendre”, assure une autre, actuellement en poste au sein de la Cour. Il serait par exemple arrivé à cette juge de siéger avec une magistrate vacataire “qui n’avait lu aucun dossier” et “savait à peine comment se déroulait une audience” ou avec un président qui aurait insisté lourdement sur les relations de la requérante avec le père de son enfant né en France, sans comprendre que le bébé était le fruit d’un viol collectif sur les routes de l’immigration.”Versatilité” des formations de jugement”La loterie, c’est un mot qui revient depuis environ un an dans les couloirs de CNDA”, admet de son côté Dorian Guinard, maître de conférences en droit public et assesseur nommé par le HCR à la Cour. “Nous sommes là pour juger en droit, en mettant l’ensemble de nos valeurs personnelles de côté. Mais il est évident, statistiquement parlant, qu’il y a une versatilité – différentes appréhensions du dossier, sur les sujets géopolitiques notamment – en fonction des compositions de jugement. C’est quasiment obligatoire, compte tenu du flux”, expose-t-il. Alors que 13 dossiers sont traités par audience, l’assesseur évoque par ailleurs “une fatigue psychique” sur certaines affaires compliquées. “Pour bien juger, il faudrait passer à 9 ou 10 dossiers par audience”, fait-il valoir. Raphaël Maurel, ancien juge assesseur nommé par le Conseil d’Etat et secrétaire général de l’Observatoire de l’éthique publique, dénonce cette “pression du chiffre”, et craint que “des affaires soient en effet traitées de manière parfois expéditive si les juges n’y résistent pas”. “Il y a une pression institutionnelle pour passer le plus de dossiers possible. Si vous y ajoutez une part résiduelle de juges obtus qui ont tendance à tout rejeter par principe, ou qui attribuent au contraire trop facilement, cela pose la question d’une justice qui pourrait être mal rendue”, expose-t-il.Interrogés sur la question, d’autres membres de la Cour nuancent. Smaïn Laacher, assesseur nommé par le HCR pendant plus de quatorze ans à la CNDA et auteur de Croire à l’incroyable. Un sociologue à la Cour nationale du droit d’asile (Gallimard, 2018), voit ainsi dans le terme de “loterie” “une notion floue”. Selon le sociologue, il existe en revanche “une grande part d’ombre” dans les dossiers de certains requérants dont il convient de juger la crédibilité. “Bien souvent, les juges sont démunis. Parfois, ils peuvent se laisser aller à des sympathies ou des antipathies non explicitées. Mais ils sont là pour maîtriser ces préjugés au moment du jugement”, développe-t-il. Selon lui, la collégialité reste ainsi nécessaire, car elle garantit “une vraie délibération et la maîtrise des sentiments qui pourraient altérer un jugement d’une quelconque manière”. Christophe Tukov, juge vacataire à la CNDA depuis plus de quatre ans, abonde : “Le droit est une science humaine : si vous mettez deux juges face au même dossier, vous pouvez avoir deux interprétations différentes. Mais, in fine, la procédure limite quand même au maximum la subjectivité.”Le service communication de la Cour rappelle que, lorsqu’une affaire soulève une question juridique ou géopolitique nouvelle, elle peut faire l’objet d’un renvoi en grande formation – des audiences présidées par le président de la Cour et composées de neuf juges, dont les décisions font alors jurisprudence. Président vacataire à la CNDA, un juge résume l’ambiance actuelle au sein de la Cour au sujet de la loi Immigration. “Beaucoup sont contre, puisqu’ils considèrent la collégialité comme gage de rigueur dans le raisonnement. Pour ma part, je rappelle que le taux de refus en collégiale ou en juge unique est globalement le même. Mais il faudra faire attention sur le recrutement de ceux qui présideront les audiences, c’est sûr”, estime-t-il. “Comme tout le monde”, l’homme aurait entendu parler de prises de position politiques sur certaines affaires : “Certains sont très durs, d’autres sont un peu dans le monde des Bisounours.”



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/droit-dasile-les-migrants-face-a-la-loterie-des-juges-QVXIVUZYWVC5DN6BHJYNG2ALXI/

Author : Céline Delbecque

Publish date : 2023-11-13 04:51:36

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Placements : préparez votre retraite avec l’aide de votre entreprise

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Quelque 2,6 millions de salariés bénéficient d’un plan d’épargne retraite (PER) collectif au sein de leur entreprise. Il s’agit pour une part de produits lancés ex nihilo depuis la loi Pacte et pour une autre de la transformation des anciens dispositifs, les Perco. Son fonctionnement est très proche de celui du PER individuel que peuvent souscrire les épargnants en direct mais quelques différences les séparent.Si le plan individuel est exclusivement alimenté par les versements volontaires de son détenteur, son équivalent collectif peut aussi recueillir l’intéressement, la participation, les droits du compte épargne-temps, des jours de congé non pris et l’éventuel abondement prévu par l’entreprise pour inciter ses salariés à alimenter leur enveloppe. Un atout de taille. “Le salarié se constitue ainsi un capital pour la retraite de façon presque indolore avec l’aide de son employeur, sans puiser massivement dans ses revenus pour l’alimenter” souligne Ludovic Herschlikovitz, le fondateur du site Retraite.com. En conséquence, si vous bénéficiez d’un abondement substantiel de votre employeur, mieux vaut alimenter prioritairement votre PER collectif qu’une enveloppe individuelle.L’avantage fiscal à l’entrée est identique pour les deux plans mais il ne concerne que les versements volontaires du salarié pour le PER collectif et non les autres sources d’alimentation (intéressement, etc.). “Attention, le plafond d’épargne retraite s’entend tout dispositif confondu : tenez en compte si vous alimentez à la fois un PER individuel et un PER collectif” rappelle Catherine Leroy, directrice du métier épargne salariale et retraite d’Amundi Epargne Entreprise. Ce plafond, calculé en fonction de vos revenus, détermine le montant maximum de versements déductibles que vous pouvez réaliser dans l’année.Dans un cas comme dans l’autre, l’épargnant peut choisir de gérer librement son contrat ou d’opter pour une gestion pilotée. “Le nombre de supports proposés est généralement plus limité dans le cadre de l’entreprise, mais cela n’est pas un problème pour l’immense majorité des épargnants car l’offre reste suffisamment diversifiée », précise Ludovic Herschlikovitz. Quant aux frais, “ils sont par nature plus compétitifs dans les plans collectifs car ils ont été négociés au sein de l’entreprise auprès du teneur de compte”, note Marie-Noëlle Auclair. Cerise sur le gâteau, ils sont pris en charge par l’employeur.Un atout dans la duréeAutre différence de taille, “seuls les PER individuels souscrits auprès d’une compagnie d’assurances donnent accès à un fonds en euros, qui constitue un atout dans la durée”, signale Edouard Michot, le président d’Assurancevie.com. En effet, les PER collectifs reposent, eux, sur un compte-titres.Une fois à la retraite, l’ex-salarié peut percevoir son épargne sous forme de rente ou de capital, comme pour un plan individuel. L’épargne issue des versements volontaires aura la même fiscalité à la sortie sur les deux PER. Elle dépend à la fois du mode de sortie (capital ou rente) et de l’éventuel avantage fiscal à l’entrée dont vous avez pu bénéficier. Quant aux sommes issues de l’intéressement, de la participation et de l’abondement, elles bénéficient d’une exonération d’impôt sur le revenu ; seuls les prélèvements sociaux de 17,2 % sur les plus-values s’appliquent.Sachez encore que, s’il quitte l’entreprise dans le cadre d’une démission ou d’un licenciement, le salarié peut conserver son PER collectif chez son ex-employeur (à ses frais) ou transférer ses capitaux sur le dispositif de son nouvel employeur. L’opération ne donne pas lieu à une nouvelle déduction puisqu’il s’agit d’un transfert et non de nouveaux versements volontaires.



Source link : https://www.lexpress.fr/argent/placements/placements-preparez-votre-retraite-avec-laide-de-votre-entreprise-FASLGLOWQRB5XAGPUEC5QHKLUE/

Author : Agnès Lambert

Publish date : 2023-11-13 04:52:54

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Sommet sur les pôles : Macron annonce la construction d’un navire pour les mers polaires

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Comme le révélait L’Express en début de semaine, Emmanuel Macron a confirmé, ce vendredi 10 novembre, lors de la clôture d’un sommet sur les pôles et les glaciers à Paris la construction d’un navire français, dans le cadre d’un effort de recherche polaire dans lequel la France investira un milliard d’euros “d’ici 2030”.EN DIRECT | Lancement de l’Appel de Paris pour les glaciers et les pôles : le discours du Président @EmmanuelMacron. https://t.co/XRUxdjfoye— Élysée (@Elysee) November 10, 2023Basé entre Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, et Hobart, en Australie, ce bâtiment capable de naviguer dans les glaces qui encombrent les mers polaires et qui peuvent atteindre plusieurs mètres d’épaisseur, se partagera entre le Pacifique Ouest et l’Antarctique. Il portera le nom de l’ex-Premier ministre Michel Rocard, qui fut le premier ambassadeur de France pour les pôles, a précisé le président français.Un milliard d’euros dans la recherche polaireIl a affirmé que d’ici 2030 la France investirait un milliard d’euros dans la recherche polaire, sans entrer dans le détail. Elle financera notamment deux initiatives d’ampleur dans les deux pôles : le Polar Pod avec l’explorateur Jean-Louis Etienne dans l’océan Austral, et la Station Arctique portée par la Fondation Tara.La France reconstruira dès 2026 sa station Dumont d’Urville sur la péninsule antarctique et s’emploiera à la rénovation de la station franco-italienne Concordia, en tenant le cap des meilleurs standards environnementaux, a encore dit le chef de l’Etat, ajoutant que Paris participerait en lien étroit avec ses partenaires européens à un grand projet de recherche en Antarctique Est, où les connaissances sont encore limitées.Le rendez-vous qui s’est tenu depuis mercredi au Museum national d’Histoire naturelle dans la capitale française, dans le cadre des sommets ONE Planet déclinés par Emmanuel Macron ces dernières années, a abouti à un “appel de Paris pour les pôles et les glaciers” qui, selon le président français, réunit déjà “une trentaine d’Etats signataires”. Parmi eux, plusieurs pays européens mais aussi l’Inde, Singapour, la Corée du Sud… Ou encore Tuvalu et l’Australie, qui vient d’offrir l’asile climatique aux 11 000 citoyens de ce petit ensemble d’îles du Pacifique grignoté par la montée des eaux et menacé de disparition.Face à “l’effondrement” des surfaces gelées de la planète, un défi “inédit” et “civilisationnel” pour l’humanité, Emmanuel Macron a plaidé pour “un niveau de coopération inédit” malgré le “regain des tensions géopolitiques”. La guerre en Ukraine “vient fragiliser la coopération avec de grandes puissances géopolitiques et scientifiques”, a-t-il relevé, dans une allusion à la Russie. “Malgré toutes ces tensions, il est clair que nous devons agir, faire des pôles et glaciers des espaces privilégiés de paix, de coopération scientifique et environnementale”, a plaidé le président français.



Source link : https://www.lexpress.fr/environnement/sommet-sur-les-poles-macron-annonce-la-construction-dun-navire-pour-les-mers-polaires-E5PWLQXTMZDKTHAWQSAE5BD2G4/

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Publish date : 2023-11-10 15:29:16

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Journalistes accusés de collusion avec le Hamas : le démenti ferme de plusieurs grands médias

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De grands médias internationaux ont vigoureusement démenti, ces derniers jours, avoir su en amont que le Hamas allait attaquer Israël le 7 octobre, en réponse à des accusations visant certains photojournalistes palestiniens à Gaza et reprises par le gouvernement israélien. Des démentis ont été publiés par les médias américains The New York Times et CNN, ainsi que par les trois agences de presse mondiales, AP, Reuters et l’AFP.La polémique est partie d’un billet mis en ligne mercredi 8 novembre par l’organisation pro-israélienne HonestReporting, qui pointe les traitements qu’elle juge défavorables à Israël dans les médias. HonestReporting laissait entendre, sur le mode interrogatif, que des photojournalistes indépendants palestiniens à Gaza employés, selon elle, par AP, Reuters, CNN et le New York Times, pouvaient avoir été avertis de l’attaque à l’avance par le mouvement islamiste Hamas.Largement relayées sur les réseaux sociaux, ces accusations ont été reprises par le gouvernement israélien. “Ces journalistes sont complices de crimes contre l’Humanité; leurs actions étaient contraires à l’éthique professionnelle”, a estimé jeudi le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahou sur le réseau social X (ex-Twitter).”L’agence de sécurité intérieure d’Israël a annoncé qu’elle allait éliminer tous les participants aux massacres du 7 octobre. Les ‘photojournalistes’ qui ont participé à la couverture de l’attaque seront ajoutés à cette liste”, a déclaré sur le même réseau le député Danny Danon, membre du Likoud, le parti de Benjamin Netanyahou, et ancien diplomate.Une “accusation fausse et scandaleuse””L’Associated Press n’avait aucune connaissance des attaques du 7 octobre avant qu’elles n’arrivent”, a réagi l’agence AP dans un communiqué jeudi. “L’accusation selon laquelle qui que ce soit au New York Times était au courant à l’avance des attaques du Hamas ou a accompagné des terroristes du Hamas durant les attaques est fausse et scandaleuse”, a également assuré le quotidien américain jeudi, soulignant que cela “mettait en danger ses journalistes sur le terrain en Israël et à Gaza”.L’agence Reuters a elle “catégoriquement démenti avoir eu connaissance de l’attaque en amont ou avoir envoyé des journalistes avec le Hamas le 7 octobre”. CNN a aussi démenti avoir été au courant en amont des attaques. Elle a toutefois indiqué avoir cessé toute collaboration avec le principal photographe indépendant mis en cause par HonestReporting, tout en soulignant n’avoir “aucune raison à ce stade de douter de l’exactitude journalistique du travail” qu’il avait accompli par le passé. AP a également indiqué ne plus employer ce photographe indépendant.L’AFP a réagi vendredi car, bien que non citée parmi les médias pointés par HonestReporting, elle a été mise en cause sur les réseaux sociaux en France. “Toute accusation de collusion entre nos journalistes à Gaza et le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre est infâmante et diffamatoire, et nous nous réservons le droit de prendre toute action en conséquence”, a déclaré le directeur de l’Information de l’AFP Phil Chetwynd. Les photographes travaillant de façon permanente pour l’AFP “ont été réveillés par des tirs d’artillerie et de roquettes, et ils se sont rendus alors à proximité de la barrière entre Gaza et Israël”. “Les premières photos à proximité de la barrière de Gaza ont été réalisées plus d’une heure après le début de l’attaque”, a précisé l’AFP dans un communiqué.Pour sa part, l’ONG de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé vendredi “l’appel au meurtre de journalistes” et jugé que “les déclarations jetant le discrédit sur l’intégrité de toute une profession (étaient) inadmissibles”.



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Publish date : 2023-11-10 17:25:31

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Gaza : le système de santé a atteint un “point de non-retour”, alerte le CICR

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La destruction des hôpitaux à Gaza doit cesser, a demandé le CICR ce vendredi 10 novembre, soulignant que le système de santé avait désormais atteint un “point de non-retour” mettant en danger la vie de milliers de personnes. “La destruction des hôpitaux à Gaza devient insupportable et doit cesser. La vie de milliers de civils, de patients et de membres du personnel médical est en danger”, a déclaré dans un communiqué William Schomburg, chef de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Gaza.Le directeur de l’hôpital al-Shifa a affirmé avoir reçu “une cinquantaine de corps après le bombardement ce vendredi matin d’une école” de Gaza-ville, où s’abritent de nombreux déplacés. Dans la matinée, le gouvernement du Hamas avait annoncé que 13 Palestiniens avaient été tués et des dizaines d’autres blessés dans une frappe israélienne sur le complexe de l’hôpital, le plus grand de Gaza.Le Croissant rouge palestinien a lui affirmé que des tirs de soldats d’élite israéliens sur l’hôpital Al-Quds avaient fait au moins un mort et 20 blessés, au milieu d’intenses combats entre l’armée israélienne et le Hamas. Les soldats israéliens “tueront” les combattants du Hamas “qui tirent à partir des hôpitaux” à Gaza, a réagi, de son côté, un porte-parole de l’armée.Plus de 100 employés de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens ont été tuésL’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé, ce vendredi, que plus de 100 de ses employés sont morts dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.”Anéanti. Confirmation que plus de 100 collègues de l’UNRWA ont été tués en un mois. Parents, enseignants, infirmières, médecins, personnel de soutien. L’@UNRWA est en deuil, les Palestiniens sont en deuil, les Israéliens sont en deuil. Pour mettre fin à cette tragédie, il faut un cessez-le-feu humanitaire maintenant”, a écrit le patron de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, sur le réseau X (anciennement Twitter). Sur son site Internet, l’UNRWA précise que le chiffre exact est de 101 employés tués dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, date à laquelle le Hamas a lancé une attaque terroriste en Israël.”Raser des quartiers entiers n’est pas une réponse aux crimes odieux commis par le Hamas. Au contraire, cela crée une nouvelle génération de Palestiniens lésés, susceptibles de perpétuer le cycle de la violence. Le carnage doit simplement cesser”, a-t-il, également, déclaré dans une tribune de presse, selon un communiqué de l’UNRWA transmis vendredi aux médias.L’armée israélienne frappe en SyrieIsraël a frappé la Syrie ce vendredi à l’aube en réponse à un drone qui s’est abattu jeudi sur une école à Eilat (sud), a indiqué l’armée israélienne. “En réponse à un drone provenant de Syrie qui a touché une école à Eilat, les Forces de défense israéliennes ont frappé l’organisation qui a mené l’attaque”, a indiqué l’armée dans un communiqué et sur X (ex-Twitter), sans préciser le nom de cette organisation.Israël “tient le régime syrien responsable de tout acte terroriste qui émanerait de son territoire”, a-t-elle ajouté. Un drone d’origine inconnue s’est abattu jeudi sur une école dans la station balnéaire d’Eilat sur la mer Rouge, dans le sud d’Israël, sans faire de victime, a indiqué l’armée israélienne. L’armée a également indiqué “poursuivre ses opérations pour détruire les infrastructures du mouvement terroriste Hezbollah au Liban”. “Des avions de chasse ont frappé des cibles du Hezbollah en territoire libanais en riposte aux tirs vers Israël de la journée”, précise l’armée.Jeudi soir, l’armée israélienne avait également annoncé avoir intercepté un missile au-dessus de la mer Rouge avec le système de défense anti-missile Arrow 3.”Nous ne cherchons pas à gouverner Gaza”, affirme NetanyahouLe Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a affirmé que son intention n’était ni de gouverner, ni d’occuper Gaza, où l’armée progresse “exceptionnellement bien” dans son offensive contre le Hamas.”Je pense que l’armée israélienne se comporte de manière exceptionnelle”, a-t-il déclaré jeudi soir sur la chaîne américaine Fox News, avant d’ajouter : “Nous ne cherchons pas à gouverner Gaza. Nous ne cherchons pas à l’occuper, mais nous cherchons à lui donner, ainsi qu’à nous, un avenir meilleur.”Blinken déplore le nombre de Palestiniens tués, appelle à “faire beaucoup plus”Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a salué vendredi la décision d’Israël d’accepter des “pauses humanitaires” dans son offensive dans le nord de la bande de Gaza, tout en estimant qu’il restait “encore beaucoup à faire” pour protéger les civils. “Je pense que des progrès ont été réalisés”, a déclaré Antony Blinken lors d’une visite éclair à New Delhi.”Mais j’ai également été très clair sur le fait qu’il restait encore beaucoup à faire en termes de protection des civils et d’acheminement de l’aide humanitaire”, a-t-il ajouté. Il a précisé que les Etats-Unis travaillaient sur des “plans concrets pour ce faire”.”Conférence humanitaire” sur Gaza : un milliard d’euros d’aideScandée par les appels en faveur d’un “cessez-le-feu”, la “conférence humanitaire” organisée jeudi à Paris pour tenter de débloquer l’aide vers Gaza a permis d’atteindre un milliard d’euros d’engagements nouveaux depuis l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre.”C’est à la protection des civils qu’il nous faut travailler. Il faut pour cela une pause humanitaire très rapide et il nous faut œuvrer à un cessez-le-feu”, a déclaré Emmanuel Macron devant les représentants d’une cinquantaine de pays et d’organisations humanitaires, qui n’avait jusque-là évoqué que la nécessité d’une “trêve”. Si Israël a “le droit de se défendre et le devoir de protéger les siens”, son gouvernement a aussi “une éminente responsabilité […] de respecter le droit et protéger les civils”, a insisté le président français.L’extension régionale de la guerre est “inévitable”, selon l’IranL’extension de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza est “désormais inévitable”, a affirmé vendredi le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, allié du mouvement islamiste palestinien, sur fond de craintes d’escalade régionale du conflit.”En raison de l’intensité croissante de la guerre sur les habitants civils de Gaza, l’expansion du champ de la guerre est désormais devenu inévitable”, a dit le ministre lors d’un appel téléphonique à son homologue qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, selon le site Internet du ministère.Un urgentiste de Médecins du Monde mort à Gaza dans un bombardementUn jeune médecin urgentiste travaillant pour l’organisation humanitaire française Médecins du Monde a été tué dimanche avec sa famille dans le bombardement de leur immeuble à Gaza, a appris l’AFP jeudi à Paris auprès de l’ONG, “profondément inquiète” pour ses équipes encore sur place.Maysara Rayyes, 28 ans, était médecin urgentiste et superviseur médical depuis deux ans chez Médecins du Monde (MDM), a précisé dans un communiqué l’association, qui emploie encore 18 collaborateurs dans la bande de Gaza. Sa mort “est le reflet de ce que subit toute la population civile” dans le territoire palestinien, a commenté auprès de l’AFP Florence Rigal, la présidente de l’ONG.



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Publish date : 2023-11-10 17:46:45

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Loi immigration : les modifications apportées par le Sénat au projet du gouvernement

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Suppression des barrières à l’expulsion des étrangers délinquants, fin de l’aide médicale d’Etat, resserrement du regroupement familial, régularisations au cas par cas dans les métiers en tension… Le projet de loi immigration, dont l’examen a pris fin ce vendredi 10 novembre au Sénat, a subi à la chambre haute une entreprise de durcissement, éloignée du texte initial.Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a avalisé de nombreuses mesures, qui correspondent à son ambition d’en faire une réforme “efficace”, un outil de “fermeté” pour contrôler l’immigration et simplifier les procédures d’expulsion. “C’est une grande avancée pour l’intérêt général”, a-t-il salué sur X (anciennement-Twitter) après la séance publique.Nous venons d’achever, au Sénat, l’étude du texte de loi immigration que le Gouvernement a proposé. C’est une grande avancée pour l’intérêt général. Je remercie tous les parlementaires pour la qualité de nos échanges.— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) November 10, 2023Cette version sera examinée à partir du 11 décembre par l’Assemblée nationale, qui pourra à son tour largement la modifier.Expulsions simplifiéesLe texte prévoit, en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sûreté de l’Etat, de supprimer l’essentiel des protections contre l’expulsion dont bénéficient certains immigrés (à l’exception des mineurs), dont ceux arrivés en France avant 13 ans ou résidant sur le territoire depuis plus de vingt ans.Ces dispositions, voulues par le gouvernement et durcies par la majorité sénatoriale de droite et du centre, visent les personnes qui ont fait l’objet d’une condamnation pour des crimes ou délits punis de cinq ans ou plus d’emprisonnement.Comme le souhaitait le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin depuis l’attentat d’Arras, le retrait du titre de séjour d’une personne qui “adhère à une idéologie djihadiste radicale” est également permis par le texte, selon Beauvau. En revanche, l’enfermement en centre de rétention pour les mineurs de moins de 16 ans est interdit.Famille, santé, nationalité : durcissements en sérieInitialement composé de 27 articles, le projet de loi en comptera près d’une centaine à son arrivée au palais Bourbon, avec plusieurs tours de vis. Il prévoit désormais de “resserrer les critères du regroupement familial”, en renforçant notamment les conditions de séjour et de ressources d’un demandeur.L’aide médicale d’Etat (AME), couvrant les frais de santé des personnes en situation irrégulière, a été supprimée au profit d’une “aide médicale d’urgence”, centrée sur les “maladies graves”, les soins liés à la grossesse ou encore les vaccinations réglementaires.Autres ajouts de la droite sénatoriale : l’instauration de “quotas en matière migratoire”, le rétablissement du délit de séjour irrégulier (uniquement assorti d’une amende), la fin de l’automaticité du droit du sol permettant aux enfants nés en France de parents étrangers d’obtenir la nationalité française à leur majorité… L’aide au développement pourrait être conditionnée à la délivrance par les pays tiers de “laissez-passer consulaires” nécessaires aux expulsions.Les étrangers devront aussi justifier de cinq ans de résidence pour pouvoir bénéficier d’allocations comme l’aide personnalisée au logement (APL) ou les allocations familiales, contre six mois actuellement, si cette mouture entrait en vigueur.Réforme du système d’asileLe gouvernement a fait voter sa réforme structurelle de l’asile avec un double objectif : accélérer les procédures et expulser plus rapidement, alors que le taux d’exécution des OQTF (obligations de quitter le territoire français) a chuté à 6,9 % au premier semestre 2022. L’une des mesures vise à délivrer une OQTF dès le rejet d’une demande d’asile en première instance, sans attendre un éventuel recours.Le contentieux des étrangers, qui engorge les tribunaux administratifs, a été largement simplifié. Douze procédures permettent aujourd’hui de contester une expulsion : cela a été divisé par trois.Régularisations dans les métiers en tensionLa mesure-phare du texte a été nettement restreinte, après d’âpres négociations. Les travailleurs sans-papiers exerçant dans des métiers en tension pourront obtenir un titre de séjour d’un an “à titre exceptionnel” et non de plein droit comme le prévoyait le projet initial.La procédure, à la main des préfets, est assortie de conditions multiples, comme celle d’avoir travaillé douze mois sur les deux dernières années ou de respecter les “valeurs de la République”. La mesure conserve néanmoins l’idée forte du gouvernement : que les travailleurs puissent déposer eux-mêmes une demande de régularisation, sans obtenir l’aval de leur employeur, qui n’y a pas toujours intérêt.Toujours dans le volet intégration, le Sénat a adopté le conditionnement de la délivrance d’une carte de séjour pluriannuelle à la maîtrise d’un “niveau minimal de français”. Pour l’obtenir, il faudra désormais réussir un examen de langue.Rares avancées socialesLa gauche, minoritaire au Sénat, a obtenu le rétablissement de quelques mesures que la droite comptait supprimer, comme le durcissement des sanctions pour les employeurs d’une main-d’œuvre illégale et l’obligation pour les employeurs d’aménager du temps de travail à certains employés pour leur permettre de prendre des cours de français.Ultime succès, vendredi : le vote d’un amendement visant à octroyer une carte de séjour temporaire aux sans-papiers qui portent plainte contre leurs propriétaires abusant de conditions d’hébergement indignes, pour lutter contre les marchands de sommeil.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/loi-immigration-les-modifications-apportees-par-le-senat-au-projet-du-gouvernement-7335WW5TGNFSZNEDM4FDCH5M64/

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Publish date : 2023-11-10 18:38:56

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Immigration : entre l’Albanie et l’Italie, un accord qui dérange l’UE

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De l’azur de la côte albanaise aux ors du palais Chigi. Prises cet été sur un yacht puis à Rome, les photos de la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni et de son homologue albanais Edi Rama mettaient en scène la même complicité, entre larges sourires et chaleureuses accolades. Et l’on sait désormais pourquoi les deux dirigeants ont passé leurs vacances ensemble : elles leur ont permis de finaliser dans le plus grand secret un protocole d’accord, annoncé le 6 novembre à la stupeur générale. Qualifié d’”historique” par Giorgia Meloni, il va permettre d’externaliser la gestion de la crise migratoire des rives de la Méditerranée à celles de l’Adriatique, en ouvrant deux structures d’accueil pour migrants sur le territoire albanais. Un projet qui s’inspire de celui d’un autre ami de la cheffe de Fratelli d’Italia, le Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui voulait expulser vers le Rwanda les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni.L’accord prévu par Rome et Tirana est néanmoins différent. Valable cinq ans et renouvelable pour cinq autres années, il prévoit la construction de deux centres en Albanie qui devraient être opérationnels au printemps 2024, le premier dans le port de Shengjin, où seront envoyés les migrants en vue de leur identification, le second dans la ville voisine de Gjader, qui servira de centre de détention provisoire. Ils seront entièrement financés par l’Italie et placés sous sa juridiction, tandis que leur surveillance sera confiée aux forces de l’ordre albanaises. Ces structures auront une capacité d’accueil de 3 000 personnes, qui, condition pour y résider, devront avoir été sauvées en Méditerranée par la marine italienne, et non par un navire des ONG. Au total, environ 39 000 demandes d’asile pourront être traitées chaque année. Les mineurs, les femmes enceintes et les personnes vulnérables ne seront pas concernés.La générosité de Tirana n’est sans doute pas gratuite”L’Italie ne sera pas le camp de réfugiés de l’UE”, avait averti la présidente du Conseil en prenant acte de l’échec de l’accord de partenariat entre Bruxelles et Tunis, signé sous son égide en juillet dernier pour endiguer les flux migratoires. Plus de 145 000 migrants ont débarqué dans la péninsule depuis le début de l’année, contre 88 000 pendant la même période en 2022. Fustigeant l’absence de solidarité de ses partenaires européens, Giorgia Meloni a donc décidé de se tourner vers un Etat voisin non membre de l’UE. “Si l’Italie lance un appel, l’Albanie répond présent, affirme son Premier ministre Edi Rama, qui prétend que cet accord est purement désintéressé. Il faut arrêter de voir le business partout. “Il est pourtant essentiel dans les relations bilatérales. L’Italie est le premier partenaire commercial de l’Albanie, les échanges entre les deux pays représentant 20 % de son PIB.Si aucune clause économique n’a été stipulée lors de la signature, la générosité de Tirana n’est sans doute pas gratuite.Un projet d’aqueduc sous-marin doit être prochainement réalisé. Il relierait l’Albanie aux Pouilles, région souvent touchée par la sécheresse. L’infrastructure, d’un coût de 1 milliard d’euros, créerait plus de 8 000 emplois en Albanie.Autre dossier sur lequel le gouvernement italien pourrait témoigner sa reconnaissance, celui des retraites des 500 000 Albanais qui ont travaillé dans la péninsule et demandent depuis des années aux autorités transalpines la reconnaissance de leurs droits et, surtout, le versement de leurs pensions.Les réserves de l’UEDans l’immédiat, Rome apportera surtout son aide diplomatique, moins coûteuse. “L’Albanie confirme qu’elle est un pays ami. Bien qu’elle ne fasse pas encore partie de l’UE, elle se comporte comme si elle était un Etat membre, a salué Giorgia Meloni. Je suis fière que l’Italie soit depuis toujours au nombre des pays soutenant l’élargissement aux Balkans occidentaux.” Tirana a déposé sa demande en avril 2009 et s’est vu accorder le statut de pays candidat à l’adhésion à l’UE en juin 2014 – les négociations finales se sont ouvertes en juillet 2022.L’accord migratoire soulève de nombreuses questions au sein de la Commission européenne, qui n’en a été informée qu’au dernier moment, et n’a pas tardé à exprimer ses réserves sur le respect des droits de l’homme. Le gouvernement Meloni affirme que les migrants ayant droit à la protection internationale seront pris en charge par l’Italie. Qu’en sera-t-il des autres ? Qui assurera les rapatriements ? D’où partiront-ils ? Quelle législation s’appliquera lors des transferts, l’italienne ou l’albanaise ? “Nous avons besoin de voir les détails, insiste une porte-parole de la Commission européenne. Nous demandons à recevoir des informations détaillées pour constater la pleine application des règles de l’UE en matière d’asile.”A Rome aussi, les doutes et la perplexité règnent. Giorgia Meloni a noué cet accord en solitaire. Ni les autres membres de la coalition gouvernementale ni le ministère des Affaires étrangères n’ont été informés, ce qui a suscité des critiques sur la façon dont la cheffe du gouvernement a géré un dossier très important pour l’opinion publique. Mais la dirigeante italienne ne voulait pas l’abandonner à son encombrant allié Matteo Salvini, leader de la Ligue, qui ne cherche qu’une chose : l’instrumentaliser à des fins politiciennes. Quant à l’opposition, elle fustige l’absence de “discussion parlementaire, de consensus politique, d’analyse publique, de transparence”. Riccardo Magi, le chef du parti +Europa, dénonce une “véritable déportation en violation flagrante du droit international, qui va créer une sorte de Guantanamo italien et qui n’est qu’une nouvelle initiative de propagande cruelle”. L’ouverture des deux centres en Albanie est prévue au printemps prochain, à quelques semaines des élections européennes. Elle représenterait un formidable argument de campagne pour le parti de Giorgia Meloni.



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Publish date : 2023-11-11 07:00:00

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Comment le changement climatique va redessiner les routes maritimes mondiales

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Très chère enchère. Mercredi 8 novembre, le géant pétrolier japonais Eneos Holding a dépensé 3,7 millions d’euros pour sécuriser le passage d’un de ses navires sur le canal de Panama, selon le dossier d’appel d’offres. Son tanker pourra emprunter le corridor le 15 novembre prochain. La somme est historique. Mais elle pourrait ne pas le rester longtemps : le précédent record – 2,67 millions – n’a duré qu’une petite semaine… Les grandes compagnies n’hésitent plus à sortir le chéquier pour se garantir une place sur cette voie de navigation entre l’Atlantique et le Pacifique et s’éviter une longue file d’attente – jusqu’à plus de 160 bateaux en août ! Car le canal de Panama, par lequel transite 6 % du commerce maritime mondial, subit depuis plusieurs mois les conséquences du changement climatique.”Le mois d’octobre a été le plus sec enregistré depuis 73 ans. La sécheresse provoquée par le phénomène El Niño continue d’impacter sévèrement les systèmes de réservoirs”, c’est-à-dire les deux lacs artificiels qui fournissent l’eau douce nécessaire au fonctionnement des écluses, a indiqué l’Autorité du canal de Panama (ACP). Or, ce bassin approvisionne également en eau potable la moitié des habitants du pays. Pour faire face au manque de pluie, l’opérateur a limité le tirant d’eau et a encore revu à la baisse le nombre de traversées, après une première restriction cet été : 25 navires quotidiens depuis le 3 novembre, 20 d’ici à la mi-février 2024. Deux fois moins que la moyenne quotidienne l’an dernier.La sécheresse au Panama surligne la vulnérabilité de certaines routes commerciales face au changement climatique. Le cas n’est pas isolé : à l’été 2022, près de 3 millions de tonnes de marchandises n’ont pu être transportées sur un Rhin à sec. Même problématique pour le Mississippi, aux Etats-Unis. “Tous les canaux fluviaux sont concernés, confirme Éric Foulquier, maître de conférences en géographie à l’Université de Bretagne Occidentale. Ce qui pose problème car le fluvial est une solution pour la transition, une alternative à la route.” Des ports se préoccupent aussi de leur avenir, à l’image de celui de Rotterdam (Pays-Bas), le plus grand d’Europe, menacé par la montée du niveau de la mer.Hausse des coûts”Je ne pense pas qu’il y aura de grands bouleversements des routes maritimes, tempère Camilo Umana-Dajud, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII). Mais on va assister à une hausse généralisée des coûts par les adaptations des compagnies aux nouvelles régulations d’émissions de gaz à effet de serre, et par des primes d’assurance qui augmentent.” Avec des typhons et des cyclones toujours plus intenses, les traversées peuvent en effet être plus risquées, et les pertes de conteneurs plus fréquentes.Pour éviter l’actuel goulot d’étranglement qu’est devenu le canal de Panama, des options existent à court terme : la combinaison bateau-train-bateau pour relier les deux océans ou le contournement du continent par le sud. Soit trois ou quatre semaines de trajet supplémentaire. D’autres projets de canaux pour concurrencer celui du Panama ont vaguement émergé il y a quelques années, notamment au Nicaragua. “Ils étaient mort-nés”, balaie Hervé Baudu, professeur à l’Ecole nationale supérieure maritime et membre de l’Académie de marine. “Plus généralement, les armateurs vont devoir mieux anticiper, même s’il est très difficile de faire des projections sur la récurrence d’une telle sécheresse dans le temps”, ajoute-t-il.Les compagnies pourraient alors préférer, en fonction de la destination de la marchandise, déporter une partie des navires sur l’autre grand canal mondial, Suez, qui connecte la Méditerranée à l’océan Indien. Environ 13 000 bateaux y circulent par an. “Et il n’y a pas de phénomènes météorologiques locaux pouvant perturber son fonctionnement”, note Hervé Baudu. La congestion de cet axe stratégique ne pourrait venir, à ses yeux, que d’une obstruction du canal par un navire, comme avec l’Ever Given en 2021. Dans ce scénario, le contournement par le sud de l’Afrique au cap de Bonne-Espérance fait figure de route alternative idoine, mais plus longue donc plus chère.Routes polaires, mauvaise pisteCertains convoitent un autre chemin : le pôle Nord. Le géant russe Gazprom a annoncé en septembre avoir livré pour la première fois à la Chine du gaz naturel liquéfié (GNL) via l’Arctique et le passage du nord-est, plus facilement navigable en raison du réchauffement climatique. Faut-il vraiment compter sur la fonte des glaces pour les prochaines décennies ? “Croire que de nouvelles routes s’y dessinent, c’est très mal connaître le transport maritime”, tranche Éric Foulquier. “J’ai toujours pensé que les gens étaient trop optimistes sur cet aspect”, abonde Camilo Umana-Dajud.L’économiste liste deux écueils : les tensions géopolitiques, avec la Russie, et le coût conséquent de ces nouveaux itinéraires – recours à des brise-glace et assurances plus élevées. “D’autres facteurs font qu’elles ne sont pas concurrentielles par rapport aux routes existantes, comme le fait d’être ouvertes 3 ou 4 mois par an seulement, et avec un volume faible par rapport à Suez”, abonde Hervé Baudu. Le maillage actuel des infrastructures rend aussi difficile une révolution mondiale du trafic commercial maritime. “Cela pose une problématique industrielle : il faudrait changer les endroits où charger et décharger les marchandises, relève Éric Foulquier. Pour les conteneurs, le système fonctionne grâce à la densité du réseau de ports. Aller de Rotterdam à Shanghai plus vite n’a que peu d’intérêt ; ce sont les arrêts en chemin qui comptent. Or, il n’y en a pas sur la route Arctique”.Au vu des enjeux climatiques, donc planétaires, qui pèsent sur les pôles, la perspective de voir des tankers et autres porte-conteneurs y fendre les glaces n’enchante guère les experts. “Si l’on trouve une perspective sur l’Arctique, ce ne sera pas une bonne nouvelle pour le monde”, conclut Éric Foulquier.



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Author : Baptiste Langlois

Publish date : 2023-11-11 07:30:00

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Marche contre l’antisémitisme : le RN et les manifestations, quarante ans de tumulte

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Carpentras. 10 mai 1990. 34 sépultures juives sont découvertes profanées dans le cimetière de la ville varoise. Le ministre de l’Intérieur d’alors, Pierre Joxe, déclare : “Les idées du leader du Front national, il s’agit de Jean-Marie Le Pen, peuvent conduire à des violences qui dépassent l’imagination.” Six ans plus tard, six jeunes néonazis avoueront leur responsabilité. Le 14 mai, une manifestation transpartisane contre le racisme et l’antisémitisme est organisée. Dans les rues de Paris, entre Bastille et République, les organisateurs décomptent 200 000 participants. Jean-Marie Le Pen est absent. Ce dernier a préféré se tenir éloigné du rassemblement, dénonçant, à l’époque, un “coup monté”, qui aurait servi de tremplin à la classe politique pour atteindre le Front national.Trente-trois ans plus tard, les choses ont changé. Mardi 7 novembre, Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national à la dernière élection présidentielle, et Jordan Bardella, chef du parti, ont indiqué qu’ils se rendraient à la grande marche contre l’antisémitisme organisée ce dimanche à l’initiative de Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, présidents respectifs de l’Assemblée nationale et du Sénat. Le 5 novembre, au micro de BFMTV, le même Jordan Bardella déclarait : “Je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite.” Réaction presque immédiate de la classe politique, qui rappelle que le leader historique du parti d’extrême droite a été condamné à de multiples reprises notamment pour contestation de crime contre l’humanité. Au PS, on décide de répondre à l’appel, en précisant que la présence des élus RN est “illégitime”. A La France insoumise, on refuse de défiler aux côtés des frontistes. Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher assurent qu’ils ne marcheront pas à leurs côtés. Cachez ce RN que l’on ne saurait voir.Les organisateurs de la marche semblent avoir trouvé la parade : une tête de cortège exclusivement composée des anciens présidents et responsables religieux. Pas de responsable du RN, donc. “L’hypocrisie de la classe politique et la manière dont ils utilisent des moments qui devraient être des moments d’unité nationale pour se pousser du col, je m’en moque, a répondu Marine Le Pen, jeudi, au micro de RTL. Si l’on est en queue de cortège, on s’en moque totalement. Ce sont les Français qui jugeront ceux qui tombent dans ce genre de réflexions.”Janvier 2015, Marine Le Pen n’est pas conviéeLa queue de cortège peut d’ailleurs être confortable. Surtout pour le RN et Marine Le Pen, qui n’ont pas connu que des expériences heureuses dans leurs précédentes et rares tentatives de manifester. Depuis sa création, il y a cinquante et un ans, le parti d’extrême droite a rarement fait sienne la tradition de battre le pavé, qui restait l’apanage de la gauche. Aux grands rassemblements, souvent impulsés par les syndicats, Jean-Marie Le Pen et ses camarades n’étaient pas les bienvenus, et ne souhaitaient d’ailleurs, la plupart du temps, pas y être associés. Comme ce jour de 1984, où, se joignant à plusieurs personnalités de la droite, Jean-Marie Le Pen défile dans les rues pour protester contre le projet de loi Savary visant à intégrer les écoles privées françaises dans un “grand service public”. Il devra se contenter, toutefois, d’un défilé à part, loin des Jacques Chirac et Simone Veil, peu désireux de s’afficher avec “le diable”. Près de quarante ans plus tard, les choses ont un peu changé, mais les habitudes ont la vie dure.Malgré sa vaste entreprise de dédiabolisation, Marine Le Pen n’a toujours pas la cote dans les manifestations. Bien sûr, il y a eu 2013 et la Manif pour tous, où élus de droite et d’extrême droite se sont croisés sans heurts dans les cortèges (Marine Le Pen, elle, n’y était pas). Mais la rue et ses pavés restent un endroit hostile pour la députée du Pas-de-Calais. En janvier 2015, au lendemain des attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de Vincennes, la leader frontiste, tout comme ses camarades, n’avait pas été conviée à la grande manifestation républicaine organisée à Paris. Elle avait trouvé la parade en appelant ses élus à se rendre aux manifestations en province. “Nous, élus de la nation, nous prendrons part aux défilés où le sectarisme est moins violent. Nous serons avec le peuple français, ailleurs que dans le cortège parisien, récupéré, hélas !, par des partis qui représentent ce que les Français détestent : l’esprit partisan, l’électoralisme et la polémique indécente”, avait-elle déclaré à l’époque. Jean-Marie Le Pen, pour sa part, avait pointé du doigt un rassemblement “orchestré par les médias”, et qui lui rappelait les mobilisations lors de l’affaire de Carpentras et lors de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2002.Mars 2018, Marine Le Pen exfiltrée de la marche blanche en hommage à Mireille KnollMars 2018, nouvelle tentative. Après l’assassinat de Mireille Knoll, une octogénaire juive, à Paris, une marche blanche est organisée en sa mémoire, le 28 mars. Le Crif prévient : la présence de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen n’est pas souhaitée. Les deux dirigeants font la sourde oreille. Marine Le Pen sera exfiltrée par les organisateurs, et contrainte de rejoindre la queue de cortège en catimini. Depuis, l’élue du Pas-de-Calais reste frileuse à l’idée de se joindre à ces mobilisations. En 2019, lors de l’épisode des gilets jaunes, elle affirme à plusieurs reprises son soutien aux manifestants, mais ne se risque jamais à poser le talon sur un rond-point. Idem, l’année dernière, alors que la France entière se mobilise contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen, pourtant autoproclamée première opposante au projet, se garde bien d’aller battre le pavé. Les syndicats le répètent : le Rassemblement national n’est pas le bienvenu.La décision de se rendre à la grande marche contre l’antisémitisme de ce dimanche met donc fin à la période de boycott de la rue par Marine Le Pen. Courageuse mais pas téméraire, la présidente du groupe RN à l’Assemblée a toutefois envoyé quelques députés en éclaireurs, le 9 octobre dernier, au rassemblement parisien de soutien à Israël après l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas le 7 octobre. Le vice-président de l’Assemblée, Sébastien Chenu, ainsi que les députés Julien Odoul, Franck Allisio et Frédéric Falcon s’étaient joints au cortège, et avaient reçu un accueil enthousiaste. Marine Le Pen, elle, n’avait pas fait le déplacement, indiquant qu’elle ne souhaitait pas éclipser la manifestation par sa présence, tandis que Jordan Bardella était occupé à gérer ses affaires au Parlement européen. Cette fois-ci, le duo frontiste sera bien présent, malgré les avertissements du Crif leur indiquant qu’il n’est toujours pas le bienvenu. Jean-Luc Mélenchon, lui, ne sera pas de la partie.



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Author : Marylou Magal

Publish date : 2023-11-11 07:45:00

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Assurance-chômage : accord trouvé entre le patronat, la CFDT et la CFTC

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Le patronat et au moins deux syndicats, la CFDT et la CFTC, sont finalement parvenus ce vendredi 10 novembre au soir à un accord sur l’assurance-chômage, au terme de difficiles discussions sur les règles d’indemnisation à partir de janvier 2024. “Après neuf séances de négociations et malgré les exigences du document de cadrage (NDLR : du gouvernement en amont), un accord a été trouvé”, s’est félicité le représentant du Medef, Hubert Mongon.Juste avant, le négociateur de la CFDT, Olivier Guivarch, avait fait part d’un “avis positif” de sa délégation, qui devra encore être avalisé par le bureau national de l’organisation le 16 novembre. “Nous avons utilisé toutes les voies de passage que nous avons pu élaborer”, a-t-il ajouté. “On est prêt à le signer, maintenant faut-il encore qu’il soit agréé” par le gouvernement, a précisé de son côté Eric Courpotin, de la CFTC. FO a dit attendre la décision de son bureau confédéral lundi, tout en notant que “les lignes rouges sont tombées”, selon le négociateur Michel Beaugas.Le gouvernement va “étudier” la compatibilité de l’accord élaboré par les partenaires sociaux avec les objectifs qu’il leur avait fixé dans sa lettre de cadrage, a indiqué pour sa part le ministère du Travail. Pour le Medef, cet accord est “parfaitement conforme” au document de cadrage et aboutit à un équilibre entre les nouvelles dépenses et les recettes. Deux syndicats, la CGT et la CFE-CGC, ont fait savoir qu’ils ne seront pas parmi les signataires.”Pour nous l’équilibre n’y est pas”, même si “le patronat a retiré la plupart de ses provocations”, a indiqué Denis Gravouil (CGT). La CFE-CGC avait, elle, quitté la table des discussions dans la soirée. Son négociateur, Jean-François Foucard, avait dénoncé le maintien de la dégressivité des allocations pour les hauts revenus, une ligne rouge pour lui.En vertu de l’accord trouvé, les demandeurs d’emploi qui s’inscrivent pour la première fois pourront être indemnisés au bout de cinq mois de travail au cours des derniers 24 mois, au lieu de six mois actuellement. “Une mesure concrète et juste”, pour la CFDT, même si les syndicats voulaient au début revenir à quatre mois. Les modifications des conditions d’indemnisation des seniors consécutives à la réforme des retraites, que le gouvernement voulait voir figurer dans l’accord, ont été renvoyées à une négociation sur l’emploi des seniors, en dépit de la volonté initiale des organisations patronales de les inclure.”Statu quo” pour les intermittentsLes patrons, qui voulaient abaisser leurs cotisations d’assurance chômage de 4,05 % à 3,95 %, ont aussi accepté une diminution deux fois moins importante, de 0,05 %. Le texte réduit aussi la portée du dispositif de bonus-malus, système décrié par le patronat, qui augmente les cotisations des patrons ayant recours plus que la moyenne aux contrats courts.Le gouvernement avait donné jusqu’au 15 novembre aux partenaires sociaux pour conclure, sans quoi il aurait repris la main. Il avait déjà étroitement cadré les débats dans un document transmis début août : pas de retour sur la réforme de 2019, qui a notamment durci les conditions d’accès à l’indemnisation des chômeurs, ni sur celle de 2023, qui module les conditions de l’assurance chômage selon la situation du marché du travail et a réduit la durée d’indemnisation de 25 %.Plusieurs négociateurs, côté syndical, se sont plaints d’une forme de “tutelle” et d’un “parasitage” du gouvernement sur les discussions. “On est arrivé au bout d’un système hybride” avec cet interventionnisme, a également jugé le patron du Medef. Complexité financière complémentaire, l’exécutif a prévu des ponctions supplémentaires sur les recettes de l’assurance chômage pour financer les mesures d’accompagnement et de formation des chômeurs. Celles-ci posent “une double difficulté”, indique le projet d’accord, invoquant “une question de principe” et par rapport aux objectifs de désendettement de l’Unédic.Le sujet des intermittents du spectacle s’est invité dans les discussions. Le patronat voulait initialement durcir leurs conditions d’indemnisation, malgré l’accord trouvé par les représentants du secteur et l’opposition des syndicats. In fine, c’est le statu quo qui prévaut, soit le maintien des règles actuelles, mais sans les améliorations négociées par le secteur.



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Publish date : 2023-11-11 08:28:43

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“Capital numérique” : permettons un accès égal à tous les Français

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Réseaux sociaux et divertissements, accès aux services publics, à l’emploi, à l’offre de soin : le numérique est aujourd’hui omniprésent dans la vie quotidienne des Français. Promesse d’opportunités pour tous, la numérisation exponentielle de notre société, accélérée par la pandémie, a constitué une chance considérable en matière d’accès à l’information, de communication, d’ouverture à la concurrence ou d’expérience-usager. La France, cinquième pays le mieux connecté de l’Union européenne, constitue sa première destination pour les investissements en capital-risque. Son économie numérique est florissante, qu’il s’agisse de ses grands groupes ou de la French Tech. Paradoxalement, malgré sa promesse initiale, le numérique est pourtant loin de profiter à tous. En effet, en 2023, ce sont plus de seize millions de Français qui sont en difficulté face aux usages numériques, soit trois millions de plus qu’en 2017. Le quart de nos concitoyens se retrouve donc isolé, dans une société du tout numérique où la maîtrise des outils informatiques est pourtant indispensable. Les plus jeunes sont également touchés : 20 % d’entre eux sont aujourd’hui concernés par ce problème.Sur la base de déterminants socio-économiques classiques (niveau de revenu, d’éducation, démographie), il apparaît que nos concitoyens les plus pauvres, moins diplômés et plus âgés sont les premiers à souffrir des inégalités numériques. Ils accèdent en effet plus difficilement aux équipements et à la connectivité, et connaissent un déficit de compétences par rapport à la moyenne des Français. Toutefois, cette analyse n’explique pas l’ampleur de la fracture numérique à laquelle la France fait face aujourd’hui. Il faut aussi interroger des phénomènes plus contemporains, à savoir le cas de Français bien équipés, connectés et a priori compétents, qui connaissent pourtant des expériences numériques qu’on pourrait qualifier de « négatives ».Le nouveau “capital numérique”Pour ne citer qu’eux, les individus addicts aux écrans, victimes de la désinformation, ou certains des plus jeunes maniant parfaitement les réseaux sociaux sans savoir écrire un e-mail, entretiennent un rapport ambivalent au numérique. Malgré ses bienfaits évidents, il porte une atteinte à leur bien-être comme à leur positionnement économique et social. Or, les déterminants classiques que nous avons cités peinent à expliquer ces phénomènes contemporains, qui ne touchent pas en priorité une classe d’âge, de revenus ou d’éducation, et peuvent se combiner, ou non, avec un déficit en compétences et équipements.C’est dans ce contexte que nous présentons, dans une note du think tank Terra Nova, le concept de capital numérique, tentative d’actualisation des travaux de Pierre Bourdieu à l’ère de la société numérique. A l’image des capitaux économique, culturel et social théorisés par le sociologue, chaque Français serait doté d’un capital numérique, alimenté tout au long de sa vie par des indicateurs positifs (diplôme – formation, connexion haut débit, équipement dernier cri…) ou négatifs (résidence en zone blanche, addiction aux écrans, déficit de compétences…). Le capital numérique permet ainsi de saisir finement et combiner l’ensemble des effets ambivalents du numérique, à savoir ses bienfaits économiques et sociaux pour l’individu comme sa capacité à être un vecteur d’inégalités. Dès lors, les pouvoirs publics peuvent s’en saisir comme grille d’analyse et s’employer à réduire les inégalités de capital numérique des individus, avec la même ambition que pour les autres capitaux bourdieusiens.Deux chantiers sont prioritaires. En premier lieu, il convient d’assurer à tous les Français, partout sur le territoire, l’accès aux meilleurs niveaux de connectivité et d’équipements. La couverture réseau étant particulièrement bonne en France, c’est surtout sur le plan social qu’il reste à agir. Une mesure utile serait la mise en place d’une tarification sociale pour l’accès à l’internet très haut débit pour les bénéficiaires de minima sociaux, que leurs faibles moyens obligent souvent à recourir à des solutions imparfaites et coûteuses à long terme (cybercafés, cartes SIM prépayées). Comme pour l’électricité et l’eau, il serait aussi recommandé de déployer effectivement le droit au maintien de la connexion Internet à domicile en cas d’impayés, pourtant consacré par le législateur en 2016.Eduquer au numériqueEn second lieu, le numérique doit être érigé en savoir fondamental à l’école, au même titre que les mathématiques et le français, et y compris dans la formation des enseignants. En ce sens, des méthodes innovantes d’apprentissage pourraient être mises à profit, en formant au numérique « par le numérique ». A ce titre, la méthode de 42, école d’autoformation au code, est intéressante, encourageant la collaboration, l’évaluation par les pairs et l’autonomie des élèves. L’Education nationale pourrait dès lors recourir à des logiciels de formation adaptés au niveau de chaque élève, permettant aux enseignants de leur venir en soutien de manière personnalisée et d’utiliser le matériel informatique déjà disponible dans les établissements.Le numérique constitue aujourd’hui un facteur de différenciation socio-économique majeur. Si rien de plus n’est fait, nous estimons à environ 150 000 les élèves qui sortiront chaque année du système scolaire pour rejoindre les millions de Français isolés du numérique. Dès lors, il est urgent de mener une politique d’inclusion ambitieuse pour que tous les Français puissent profiter pleinement des opportunités offertes par le numérique. L’avènement de l’intelligence artificielle (IA), par l’accélération de la polarisation qu’elle engendre, ne fait que renforcer cette urgence à agir. Le risque pour des travailleurs est en effet sans doute moins d’être remplacés en tant que tels par l’IA, que par d’autres qui la maîtrisent.* Par Philippe Englebert, banquier d’affaires, ancien conseiller du Président Emmanuel Macron, et Clément Bacchi, spécialiste des politiques européennes et internationales du numérique



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Publish date : 2023-11-11 08:30:00

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Retraite : comment bien choisir son PER

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Bienvenue dans un marché foisonnant ! Plus d’une centaine de plans d’épargne retraite (PER) sont aujourd’hui commercialisés par les établissements financiers. Vous avez donc a priori l’embarras du choix, à ce “détail” près : la qualité des produits est très variable. Comment trier le bon grain de l’ivraie ? D’une part, en orientant votre choix selon votre profil d’épargnant. D’autre part, en sachant analyser certains critères clés, que voici.Commencez par faire un tour des frais, listés dans la notice contractuelle du contrat ou, loi oblige, sur le site Internet du distributeur. Quoi qu’en dise votre interlocuteur, conseiller bancaire ou autre, il s’agit là d’un point déterminant pour un investissement de longue haleine, ce qu’est le PER puisqu’il peut être conservé plusieurs dizaines d’années. Attardez-vous en premier lieu sur les frais d’entrée (dits aussi frais sur versements), une ponction prise par le gestionnaire sur votre épargne avant même qu’elle ait commencé à fructifier. Ils courent de 0 à 5 %, avec un taux moyen observé autour de 2,5 %. Sont-ils justifiés ? Non, sauf à obtenir en retour un vrai conseil. Ciblez ensuite le niveau des frais de gestion, prélevés chaque année sur le capital en compte. Ils se situent entre 0,8 % et 0,9 % par an en moyenne, un plafond à ne pas dépasser. Nombre de plans diffusés par des sites de courtage en ligne ou des mutuelles d’assurances prélèvent seulement 0,6 % par an environ.Le deuxième critère d’appréciation repose sur l’offre financière. Est-elle uniquement composée de supports financiers de l’établissement gestionnaire ? Quel est le rendement du fonds en euros inclus, sachant qu’en 2022, le taux moyen du marché fut de 2 % net ? Concernant les alternatives proposées en gestion libre, combien existe-t-il de supports accessibles ? Couvrent-ils plusieurs classes d’actifs (fonds actions diversifiés, non coté, pierre papier, fonds croissance…) ? Est-il possible de changer de mode de gestion en cours de route, voire de panacher gestion pilotée et libre ? Dans votre choix final, prenez en compte également le service après-vente de l’établissement, en particulier les outils mis à votre disposition pour gérer votre PER. Soyez particulièrement attentifs aux actes de gestion que vous pouvez (ou non) réaliser en ligne ainsi qu’aux délais de traitement de vos demandes. Attention : sur tous ces aspects, la qualité de réponse est très variable d’une enseigne à l’autre.Les critères à prendre avec des pincettesFrais, gestion et services constituent le triptyque incontournable pour faire votre marché. Le reste est à prendre avec des pincettes. La solidité de l’assureur par exemple : inutile de vous perdre dans des ratios de solvabilité indéchiffrables. Tenez-vous en au constat des autorités de contrôle, rassurantes sur ce point. Prenez aussi garde aux éléments mis en avant ici ou là pour faire briller les produits. Ainsi en va-t-il des assurances annexes proposées dans certains PER, par exemple une garantie prévoyant le doublement du capital versé en cas de décès accidentel du titulaire.Ces dispositifs sont à la fois très coûteux et d’une utilité incertaine. N’accordez pas non plus trop d’importance aux modalités de sortie. D’ici à votre retraite, les PER du marché auront sûrement évolué sur ces aspects, sauf si vous souscrivez votre contrat sur le tard et comptez puiser dedans dans les cinq ans. Dans ce cas, intéressez-vous aux conditions pour récupérer votre capital sous forme fractionnée ainsi qu’aux options de rente, si cette dernière vous attire.



Source link : https://www.lexpress.fr/argent/placements/retraite-comment-bien-choisir-son-per-ZVT4WTIFQJH5XM2LAEJZ4FT5CE/

Author : Frédéric Giquel

Publish date : 2023-11-11 09:00:00

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Morgane Moncomble, star de la New Romance : “Peut-être serons-nous réhabilitées dans un siècle”

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Ça s’est passé du 3 au 5 novembre au palais des congrès de Strasbourg : Hugo Publishing organisait la septième édition du Festival New Romance. Avec 5 000 personnes, l’événement affichait complet, malgré une entrée payante – jusqu’à 155 euros pour le pass complet incluant une masterclass, des animations, un dîner et des fêtes le vendredi et le samedi. Les images que l’on peut voir sur Internet donnent l’impression d’une soirée pyjama géante, avec pulls de Noël et ambiance bon enfant. Parmi les romancières invitées, plusieurs stars étrangères (Anna Todd, Mia Sheridan, Scarlett St. Clair, Ana Huang ou le tandem Christina Hobbs et Lauren Billings, plus connu sous le nom Christina Lauren) mais aussi des Françaises, dont Morgane Moncomble, qui cartonne actuellement avec Un automne pour te pardonner (50 000 exemplaires vendus en un mois).Petit rappel des faits pour ceux qui seraient restés bloqués au Nouveau Roman. La New Romance n’a rien à voir avec les formalistes de chez Minuit. C’est une marque qui a été déposée en 2014 par Hugues de Saint Vincent, fondateur de Hugo Publishing. Les éditions JC Lattès étaient les premières sur le coup, ayant traduit Cinquante Nuances de Grey de E. L. James en 2012, mais c’est Saint Vincent qui, avec flair, a vraiment imposé cette tendance chez nous. Dès 2013, il sort Beautiful Bastard du duo Christina Lauren. Un an plus tard, il crée le label New Romance et y publie Anna Todd (After) et Colleen Hoover. A sa mort en 2018, son fils Arthur de Saint Vincent a repris le flambeau avec la même réussite.On rencontre Morgane Moncomble dans les bureaux parisiens de Hugo Publishing le lundi suivant le Festival New Romance. Elle est visiblement exténuée par les dédicaces à tour de bras, mais aux anges : “C’était incroyable ! Des milliers de gens tous très passionnés, très fans, très impliqués. C’est une communauté comme je n’en connais pas ailleurs dans le monde de l’édition. On y trouve majoritairement des filles, mais il y a de plus en plus de garçons, y compris chez les auteurs, tel Kentin Jarno, un de mes meilleurs amis. Les lecteurs et les lectrices se confient beaucoup. On nous écrit des lettres, on nous tricote des choses, on nous donne des cadeaux – j’en reçois même pour mon chien ! Le Festival New Romance est un câlin collectif, une bulle qui permet de s’échapper de la vie quotidienne. Tabous et jugements restent à la porte. C’est cosy, cool, on s’aime tous, c’est très Bisounours.””Je me disais qu’un jour ça pouvait fonctionner”Tenter de comprendre le phénomène New Romance exige de mettre ses préjugés de côté et de se figurer une sphère éditoriale alternative où Hugo Publishing est le graal et où Gallimard n’existe pas. Née en 1996 à Argenteuil, Morgane Moncomble n’est pas une enfant de la balle : sa mère est assistante de formation et son père, qui n’a “jamais lu un livre de sa vie”, conducteur de travaux sur des chantiers. L’enfance et l’adolescence de la jeune Morgane se déroulent dans le Val-d’Oise, où elle vit toujours, à Enghien-les-Bains. Elle découvre la littérature l’année de ses 11 ans : “Une amie m’a donné un roman jeunesse un peu fantasy, Sortilèges et sacs à main de Sarah Mlynowski. Ça a été le déclic. C’était la période Twilight, avec les vampires et les loups-garous. J’ai également dévoré Harry Potter. J’ai toujours aimé les mondes imaginaires où se réfugier.”Très tôt, Morgane Moncomble se rêve en romancière. Sa famille tente de la raisonner, lui rabâchant que l’écriture ne peut rester qu’un “hobby”. Prenant son mal en patience, elle pense un temps devenir journaliste puis, étudiante en lettres à la Sorbonne, travaille comme lectrice aux éditions XO où, de son propre aveu, elle n’apprend pas grand-chose. Elle a alors un modèle, V. E. Schwab (Shades of Magic) : “Dans ses interviews, elle disait que ça n’avait pas marché pendant longtemps, qu’elle avait galéré. Ce n’est qu’après son huitième roman qu’elle a connu un succès énorme – elle vend aujourd’hui des millions de livres. Je me disais qu’il fallait persévérer, et qu’un jour ça pouvait fonctionner.”Au XIXe siècle, on publiait ses romans en feuilleton ; au XXIe, on propose ses textes chapitre après chapitre sur la plateforme Wattpad. C’est là que Morgane Moncomble débute et découvre la proximité avec ses lectrices, qui n’ira qu’en s’amplifiant – nous y reviendrons. En 2016, une de ses amies envoie Viens, on s’aime à son insu à Hugo Publishing : “Hugo, c’était le but ultime, je n’osais pas leur adresser mon texte – j’avais le syndrome de l’imposteur, qui ne disparaît jamais vraiment… L’éditrice qui a reçu mon manuscrit m’a contactée, puis Hugues de Saint Vincent m’a invitée au premier Festival New Romance, qui se tenait à Bandol. Ça a été le début de l’aventure.” Viens, on s’aime sort en 2017 et se vend à 9 000 exemplaires en grand format, puis à 50 000 en poche. Le début d’un succès qui est allé croissant, avec un pic en 2021 pour L’As de cœur (80 000 exemplaires en grand format, 160 000 en poche).”Une indéniable condescendance”Premier tome d’une série de quatre romans, Un automne pour te pardonner est déjà le huitième livre de Morgane Moncomble. Située en Ecosse, l’histoire est une sorte de partie de Cluedo mêlant enquête sur l’assassinat d’un étudiant et triangle (voire rectangle) amoureux. Le suspense fonctionne bien et on y trouve des clins d’œil à Oscar Wilde, une des idoles de la romancière, qui nous dit “adorer son intelligence sarcastique”. Bien qu’étant reconnue dans son domaine, Morgane Moncomble reste snobée par le milieu littéraire et les médias traditionnels, ce qui ne semble pas la perturber plus que cela : “Il y a une indéniable condescendance. On ne parle pas de nous, et quand c’est le cas c’est pour en dire du mal, comme avec Sarah Rivens récemment. Nos lectrices sont considérées comme des midinettes, ou des femmes qui lisent dans le dos de leur mari – on en est là ! Parce qu’on parle d’amour on ferait de la sous-littérature ? C’est injuste. J’aime Thomas Hardy, Emily Brontë et surtout Jane Austen. Elle a été très critiquée et déconsidérée de son vivant, elle est maintenant un classique. Peut-être serons-nous réhabilitées dans un siècle ou deux !”Absente des pages du Monde des Livres et de Télérama, Morgane Moncomble est sa propre community manager : elle organise elle-même sa promotion sur les réseaux sociaux, et notamment sur TikTok, où elle est suivie par plus de 100 000 abonnés. Version moderne d’une Amélie Nothomb qui passe plusieurs heures chaque matin à répondre par lettre au courrier de ses fans, Morgane Moncomble consacre une grande partie de son temps à communiquer avec les siens sur son téléphone. Quand on l’interroge sur la dernière rentrée, elle nous dit en retenir La Prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot, qui évoque son homosexualité et sa dépression mélancolique. Se revendiquant bisexuelle, elle s’intéresse aux mêmes thèmes que lui (la difficulté à se définir strictement, la santé mentale). En cela ils trouvent un écho chez la jeunesse actuelle, à laquelle ils semblent apporter une forme de réconfort. Signe des temps, en septembre, Hugues Jallon, le patron des très élitistes éditions du Seuil, a annoncé la création d’un “espace dédié aux littératures de genre grand public”, dont la romance. Dans le même temps, Editis a monté Chatterley, une maison spécialisée dans ce même domaine. D’autres collections vont suivre ici et là. Cela va-t-il enfin légitimer Morgane Moncomble et ses semblables ? “Oui, sans doute, même s’il est dommage qu’on ait eu besoin de ça…”Un automne pour te pardonner, par Morgane Moncomble. Hugo Publishing, 424 p., 17 €.Seasons (t. I). Un automne pour te pardonner
Par Morgane Moncomble



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/livre/morgane-moncomble-star-de-la-new-romance-peut-etre-serons-nous-rehabilitees-dans-un-siecle-HA2QS73WGBD45BXXWC6A46FTHM/

Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld

Publish date : 2023-11-11 09:30:00

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