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L’Express

Travailler sans être payé 7 heures de plus par an : cette mesure choc votée par le Sénat

Le Sénat se penche dès mercredi sur les budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale en commission, avec une occasion unique de peser dans les débats tout en soutenant le gouvernement de Michel Barnier




Pour tous les actifs, travailler sans rémunération 7 heures de plus par an. C’est une proposition qui a fait son chemin dans le débat parlementaire sur le budget de la sécurité sociale 2025, avant d’être adoptée par le Sénat tard dans la soirée, ce mercredi 20 novembre. Après des échanges nourris, la chambre haute a finalement approuvé à 216 voix contre 119 cette mesure, qui viendrait s’ajouter à la “journée de solidarité” déjà pratiquée et fléchée vers le grand âge et le handicap. Le gouvernement s’est dit défavorable à cette proposition “à ce stade” mais ouvert pour la “retravailler” avec les partenaires sociaux.La mesure n’est pas définitive, elle sera débattue la semaine prochaine lors d’une commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs, chargés de trouver un compromis sur ce texte promis au 49.3 lors de son ultime passage à l’Assemblée nationale. Mais la Haute assemblée et son alliage majoritaire de droite et du centre, soutien précieux du gouvernement de Michel Barnier, a voulu imprimer sa marque sur les débats budgétaires inflammables de l’automne, alors que le gouvernement est en quête de 60 milliards d’euros pour combler le déficit. “Nous ne faisons pas cette proposition de gaieté de cœur”, mais “aujourd’hui, il nous faut trouver des moyens” pour “financer le mur du grand âge, le virage domiciliaire et la transformation de nos Ehpad”, a insisté la sénatrice centriste Élisabeth Doineau.Des modalités plus “souples”Le texte du Sénat fait écho au débat sur la suppression d’un jour férié, une proposition sénatoriale de longue date, mais propose un dispositif plus “souple”, qui laisse la main aux partenaires sociaux pour décliner les modalités de mise en place (un jour par an, “dix minutes par semaine”, “deux minutes par jour”…). En contrepartie de cette “contribution de solidarité par le travail”, les employeurs verraient leur taux de contribution de solidarité pour l’autonomie passer de 0,3 % à 0,6 %.La gauche s’est indignée face à la proposition, fustigeant par exemple “une sacrée attaque contre le monde ouvrier” selon la sénatrice communiste Cathy Apourceau-Poly, qui a répliqué avec un brin de sarcasme en proposant une “journée de solidarité des dividendes” pour faire contribuer les actionnaires. Le ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin a estimé que la réforme ne devait pas être actée ainsi au détour d’un amendement. Mais “que cela puisse être retravaillé avec les partenaires sociaux, je pense que ça peut être une bonne idée”, car ce serait “hypocrite de rejeter ce débat d’un revers de main”, a-t-il ajouté. Si le Premier ministre Michel Barnier s’était montré “très réservé” face à la proposition, le ministre de l’Economie Antoine Armand l’avait jugée “intéressante”.Au cœur de l’examen du budget de la Sécu, le Sénat a par ailleurs donné son aval à une mesure gouvernementale visant les apprentis : ces derniers seront désormais partiellement soumis à deux contributions sociales (CSG et CRDS), pour un gain estimé de 360 millions d’euros par an. La chambre haute a en revanche limité le dispositif aux contrats signés à partir du 1er janvier 2025.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/politique-economique/travailler-sans-etre-paye-7-heures-de-plus-par-an-cette-mesure-choc-votee-par-le-senat-MURICXOZUZA2ROV27ZTSEGZBZE/

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Publish date : 2024-11-21 06:52:25

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Face au changement climatique, Montpellier fait le pari de l’eau à tarif éco-solidaire

Fountain at Place de la canourgue in Montpellier, France




Et si c’était la solution ? Depuis 2023, Montpellier applique un tarif éco-solidaire sur l’eau pour tenter de préserver cette ressource qui se tarit. Dans les 14 communes de la métropole livrées en eau par une régie publique, les 15 premiers mètres cubes sont gratuits, le prix est ensuite de 0,95 euro le mètre cube entre 15 et 120 mètres cubes ; il passe à 1,40 euro jusqu’à 240 mètres cubes et à 2,70 euros au-delà.Résultat : Sophie Santos a vu sa facture légèrement grimper dans sa maison avec piscine de Jacou, près de Montpellier, où elle dit pourtant faire “attention” au gaspillage. Chrystelle Faure, elle, malgré sa piscine, son jacuzzi et son jardin de Murviel-lès-Montpellier, a eu droit au contraire à “une quinzaine d’euros” de remboursement l’an dernier. Mais avec trois personnes à la maison, contre cinq pour la famille Santos, la consommation n’est pas la même.Selon le Conseil économique social et environnemental (Cese), la tarification progressive peut d’ailleurs s’avérer “injuste” pour les familles nombreuses. Un argument balayé par René Revol, président de la Régie des eaux de Montpellier. “Ce ne sont pas elles qui consomment le plus d’eau, mais les grandes propriétés”, assure l’élu. Une aide basée sur le quotient familial est d’ailleurs prévue pour les particuliers. “Nous attendons le décret d’application pour utiliser les données de la CAF, mais d’ores et déjà, la tarification progressive de l’eau s’est traduite par une baisse de la facture en 2023 pour 70 % de la population.”Des pelouses arrosées en permanenceTout dépend surtout de l’usage qu’on en fait. “Dans ma ville de Grabels, un habitant vide sa piscine chaque automne et arrose en permanence sa pelouse ; d’autres lavent leurs voitures tous les trois jours. C’est aberrant, déplore René Revol. Heureusement, ces pratiques sont en train de disparaître, la consommation a baissé de 2 % l’an dernierdans la métropole, et cela s’inscrit dans un phénomène général de prise de conscience du changement climatique.” Pas suffisant pour convaincre Thierry Uso, du collectif Eau secours 34. Selon lui, “il serait plus efficace de sensibiliser régulièrement les ménages sur la nécessité de moins consommer d’eau”.Faut-il la généraliser ce procédé, comme le préconise le chef de l’Etat ? Oui, répond Jean Jouzel à L’Express. “Une tarification progressive de l’eau me semble tout à fait pertinente face à cette raréfaction de la ressource”, valide le célèbre climatologue. Non, pense le Cese, selon lequel les conditions ne sont “pas réunies”, notamment parce que les premiers retours sur les expérimentations menées ne sont pas assez probants. “Plusieurs collectivités l’ont adoptée, comme Dunkerque, où elle a entraîné une baisse de la demande les premières années, analyse l’universitaire Alexandre Mayol. Cependant, toutes les collectivités ne suivent pas la même voie. Si Lyon en fera de même le 1er janvier prochain, la métropole de Bordeaux, elle, a fait machine arrière. “L’expérimentation n’a pas été concluante. 41 % de la population métropolitaine vit en logement collectif et ne pouvait donc en bénéficier”, explique sur place Sylvie Cassou-Schotte, présidente de la Régie de l’eau.”C’est pourquoi il est important de faire individualiser les compteurs. Nous accompagnons le parc social dans cette démarche, précise le président de la métropole de Montpellier Michaël Delafosse (PS). Nous menons parallèlement des travaux pour lutter contre les fuites d’eau, la tarification n’est qu’un des leviers.” Toulouse a opté, de son côté, pour un prix saisonnier : l’eau y est plus chère l’été. Mais Montpellier croit dur comme fer à son approche. Michaël Delafosse prévient : “On ne reviendra pas dessus ou alors, il faudra me battre aux élections !”.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/region/face-au-changement-climatique-montpellier-fait-le-pari-de-leau-a-tarif-eco-solidaire-FRQ4G5PN4FFIBKRS24M5ATGOC4/

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Publish date : 2024-11-21 08:00:00

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Santé : les dépenses des Français ont augmenté de plus de 5 % en 2023

Dans le bassin grenoblois, les médecins demandent parfois aux malades "de ne pas venir aux urgences, alors que leur état le nécessiterait" (photo d'illustration).




Les dépenses liées aux soins et biens médicaux ont “accéléré” pour atteindre 249 milliards d’euros en 2023 (+ 5,2 %), soit une dépense moyenne de 3 660 euros par habitant, selon le rapport annuel sur les comptes de la santé de la Drees, publié ce jeudi 21 novembre. Cette consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) est “plus dynamique qu’avant la crise”, tirée par la consommation de soins hospitaliers (+ 5,7 %), de soins de ville (+ 5,7 %) et de médicaments (+ 3,1 %), précisent les services statistiques des ministères sociaux (Drees). La part de ces dépenses dans le PIB diminue légèrement pour s’établir à 8,8 %, un niveau proche d’avant l’épidémie de Covid-19. Entre 2010 et 2019, la croissance de ces dépenses était d’environ 2,0 % par an.La CSBM recouvre les soins hospitaliers, honoraires des médecins, dentistes ou laboratoires d’analyses, les soins paramédicaux, les transports de malades, les médicaments et dispositifs médicaux… En revanche, son périmètre ne comprend pas les soins de longue durée ou la prévention, comme la vaccination.Dans le détail, les dépenses liées aux soins hospitaliers atteignent 122 milliards d’euros (49 % du total), portées par les salaires à l’hôpital et la hausse des prix de l’énergie. Les prix ont augmenté davantage dans le secteur public, conséquence d’une “hausse marquée des rémunérations à l’hôpital”, dont l’augmentation des indemnités de gardes de nuit et de week-end, décidée à l’été 2023. Les soins de ville ont, eux, coûté 72 milliards d’euros (+ 5,7 %). La hausse est surtout forte chez les médecins spécialistes (+ 6,6 %). Entre 2019 et 2023, la dépense chez les spécialistes a augmenté de 18,5 %, contre 3,4 % chez les médecins généralistes. En 2023, le coût des transports sanitaires s’est aussi fortement accru (+ 10,8 %).274 euros de reste à charge par an par personneLes dépenses de médicaments quant à elles “augmentent pour la troisième année consécutive”, atteignant 33 milliards d’euros. Pour la Drees, cette hausse reflète notamment “l’effet de l’innovation”, alors que le nombre de boîtes de médicaments remboursables délivrées en pharmacie diminue, lui, de 1,1 %.Depuis 2019, la structure du financement des dépenses de santé a évolué : la Sécurité sociale et l’Etat ont financé 80,1 % de la CSBM en 2023, soit 1,5 point de plus qu’en 2019, tandis que les organismes complémentaires en ont financé 12,4 % (-0,7 point) et les ménages 7,5 % (-0,9 point). Pour les ménages, ce reste à charge, après remboursements de l’Assurance maladie et des complémentaires santé, s’élève environ à 274 euros sur l’année par personne.



Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/sante-les-depenses-des-francais-ont-augmente-de-plus-de-5-en-2023-WVRJSNAYZZAG7DQJEW57H4XUAM/

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Publish date : 2024-11-21 07:28:03

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Retraites : la capitalisation, un vrai rêve marxiste ! Par Nicolas Bouzou

Manifestation contre la réforme des retraites, le 6 juin 2023 à Paris




Pure folie que de prétendre que l’on va revenir sur la courageuse réforme des retraites menée par Olivier Dussopt il y a dix-huit mois. Si l’on veut trouver un seul défaut à cette réforme, c’est d’avoir accordé, pour des raisons politiques, trop de concessions sur les dispositifs concernant les carrières longues, dispositifs qui coûtent cher. De fait, le régime de base pourrait être déficitaire dès cette année et il faudra remettre le couvert de la réforme d’ici quelques années. Encore une fois, il faudra trouver le moyen d’allonger la durée moyenne de cotisation. Encore une fois, la France sera bloquée plusieurs semaines. Encore une fois, le gouvernement sortira essoré de cette séquence, sans capacité à mener d’autres réformes. Et surtout, après la prochaine réforme, il faudra prévoir une autre prochaine réforme. Et oui, dans un pays où les gens vivent de plus en plus vieux et font de moins en moins d’enfants, un régime de retraite par répartition est amené à être réformé quasiment en continu pour décaler toujours plus tard l’âge moyen de départ en retraite à taux plein. Le mur de la démographie nous fait toucher du doigt les limites d’un système de pure répartition.Un système qui creuse les inégalités patrimonialesC’est la raison pour laquelle l’amendement présenté au projet de loi de financement de la sécurité sociale par le sénateur des Hauts-de-France, Franck Dhersin (Horizons), qui introduit une dose de capitalisation dans notre système, arrive à point nommé. Pour bien comprendre l’enjeu, on lira la note que Bertrand Martinot vient de publier pour la Fondation pour l’innovation politique (La capitalisation : un moyen de sortir par le haut de la crise des retraites ?). Cet économiste souligne que le système français repose quasi exclusivement sur la répartition, avec 97,8 % des retraites financées par ce modèle. Ce choix se distingue des autres grandes économies, où la capitalisation occupe une place plus significative.Résultat : des dépenses publiques de retraites en France parmi les plus élevées au monde (plus de 13 % du PIB), des cotisations très élevées (27,8 % des salaires bruts) qui pèsent sur la compétitivité des entreprises et un système qui creuse les inégalités patrimoniales. En effet, les travailleurs modestes, dépourvus d’épargne, ne touchent qu’une petite retraite issue du système par répartition alors que les jeunes générations héritent d’une dette sociale insoutenable. Surtout, notre pays est incapable de mobiliser un capital qui s’investirait dans nos entreprises pour rémunérer les retraités. La capitalisation nous manque à tout point de vue.Créer un fonds collectif et obligatoireBertrand Martinot rappelle un principe économique fondamental : le rendement du capital est structurellement supérieur à la croissance économique. Cet écart rend la capitalisation plus performante à long terme pour financer les retraites. Contrairement à une idée répandue, la capitalisation n’est donc pas plus risquée que la répartition, à condition de diversifier les investissements et de limiter les placements en actifs volatils, ce que la réglementation fera facilement. Plus encore, un pilier de capitalisation obligatoire permettrait de démocratiser l’accès au capital. En dotant l’ensemble des travailleurs d’un portefeuille d’épargne retraite collectif, on orienterait l’épargne nationale vers des secteurs stratégiques, favorisant ainsi la souveraineté économique.Pour constituer une première couche de capitalisation, Bertrand Martinot propose la création d’un fonds de capitalisation collectif et obligatoire, destiné à couvrir à terme un tiers des dépenses de retraite du secteur privé. Pour alimenter ce fonds, un effort collectif serait nécessaire, qui devra être équitablement partagé : par les retraités actuels, par les actifs et les entreprises via l’introduction d’une cotisation à la capitalisation, et enfin par l’Etat, qui compenserait en partie ces efforts par une réduction d’impôts gagée par une réduction de ses propres dépenses. Une fois en place, ce système mixte alimenterait l’innovation et réconcilierait justice sociale et performance économique en permettant à tous les travailleurs de bénéficier des rendements du capital. Un vrai rêve marxiste !A l’heure où la gauche est intellectuellement défaite et où la droite est à court d’idées, l’introduction d’une dose de capitalisation, pour les futurs retraités mais surtout pour notre puissance économique, est une excellente proposition. Puisse l’amendement Dhersin passer le cap du 49.3 !



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/politique-economique/retraites-la-capitalisation-un-vrai-reve-marxiste-par-nicolas-bouzou-DDDOC7M3VNFGTCL7J3FJYVFPWQ/

Author : Nicolas Bouzou

Publish date : 2024-11-21 07:00:00

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Gouvernement Trump : les très mauvais conseils du Dr. Oz, le magicien des pseudosciences

Mehmet Oz, candidat républicain pour être sénateur de Pennsylvanie, à Greensburg, le 6 mai 2022




Prescripteur d’endive pour guérir le cancer, promoteur de la naturopathie, de l’homéopathie et de la théorie de la mémoire de l’eau, persuadé que “les signes astrologiques peuvent nous donner de précieuses informations sur notre santé”, fan de la pratique du Reiki dans sa salle d’opération chirurgicale… En interview, sur son site web ou dans son émission, le docteur Mehmet Oz multiplie les déclarations pseudoscientifiques. Il vient, pourtant, d’être nommé par Donald Trump pour piloter le programme public d’assurance maladie et notamment le “Centers for Medicare and Medicaid Services”, la puissante agence chargée des programmes qui prennent en charge la santé de plus de 150 millions d’Américains. “Les Etats-Unis sont plongés dans une crise de la santé publique et il n’y a pas de médecin plus qualifié que le Dr. Oz pour rendre sa santé à l’Amérique”, a déclaré Donald Trump.La santé américaine va-t-elle droit dans le mur ? Donald Trump accumule en tout cas les décisions inquiétantes, après avoir nommé le vaccino-sceptique Robert F. Kennedy Junior au poste de secrétaire à la Santé et aux services sociaux. Ces deux nominations doivent normalement être approuvées par le Sénat avant d’être officielles. Mais le futur président des Etats-Unis a déjà indiqué vouloir contourner cette règle démocratique. Ces annonces ont donc provoqué des ondes de choc dans la communauté scientifique et sanitaire américaine. Car le Dr. Oz n’est pas moins controversé que “Bobby” Kennedy. Ce brillant chirurgien, fils d’immigrés turcs aujourd’hui âgé de 64 ans, n’est pas seulement une star de la télévision, en plus d’avoir son étoile sur le célèbre “Walk of Fame” à Hollywood. Il est, aussi, l’un des principaux promoteurs des pseudosciences outre-Atlantique.Docteur “formule magique”Le succès du Dr. Mehmet Oz, chirurgien cardiaque diplômé de deux universités, a véritablement commencé en 2001, lorsque la super star de la télévision Oprah Winfrey l’a invité comme expert dans son émission The Oprah Winfrey Show, l’un des plus suivis aux Etats-Unis à l’époque. Il y fera 55 apparitions jusqu’en 2009, toujours pour prêcher son message consistant à affirmer aux téléspectateurs qu’ils peuvent “prendre le contrôle de leur santé” avec des astuces simples et des remèdes naturels. Oprah Winfrey lui a même décerné le surnom de “America’s doctor”, le “Docteur des Etats-Unis”, dont il a déposé la marque. Il a ensuite créé son magazine, The Good Life, et surtout sa propre émission le “Dr. Oz Show” qui a réuni jusqu’à quatre millions de spectateurs quotidiens entre 2009 à 2022. “Le Dr. Oz est sans doute le professionnel de la santé le plus influent d’Amérique”, pouvait-on déjà lire en 2015, dans un portrait publié par le média Vox.Dans son émission, le Dr. Oz présentait des problèmes médicaux et y apportait des solutions, parfois en répondant à des questions de son public. Il a reçu de nombreuses célébrités, dont Michelle Obama, la femme de l’ex-président Barack Obama. Mais il s’est aussi attiré de très nombreuses critiques de ses pairs pour la promotion de faux traitements ou d’affirmations ne reposant pas sur des preuves scientifiques. Dès 2014, une douzaine de chercheurs canadiens et américains ont ainsi passé en revue 479 recommandations prodiguées dans 40 épisodes de son émission. Leurs résultats, publiés dans la revue scientifique BMJ, indiquent que 46 % des conseils du Dr. Oz ou de ses invités n’étaient pas soutenus par des données probantes, 15 % d’entre eux se trouvaient directement contredits par des études scientifiques et que seules 33 % des recommandations étaient étayées. Si les chercheurs appelaient les téléspectateurs à la plus grande prudence en regardant son émission, cela n’a pas empêché le Dr. Oz de continuer à promouvoir pseudosciences et solutions “magiques”.Parmi elles, on peut noter le vinaigre de pomme, dont il affirme que l’ajout d’une cuillère à café à chaque repas était plus efficace que tout autre régime. L’information ayant été démentie, il a ensuite proclamé que le vinaigre de pomme était une “boisson détox” puis un soin pour la peau. Là encore sans apporter de preuves. De nombreux experts américains lui ont également reproché de faire la promotion de produits minceur douteux, comme l’extrait de grains de café vert, alors que la société qui commercialise ce produita été poursuivie en justice par la Federal Trade Commission, une agence gouvernementale indépendante. Il a également été épinglé par le Sénat pour avoir fait la promotion de ces produits minceurs, et notamment d’avoir affirmé détenir “la solution miracle dans une bouteille pour brûler vos graisses : les cétones de framboise”. L’une de ses émissions les plus controversées, “from gay to straight therapy”, fait même la promotion d’une thérapie censée permettre aux personnes homosexuelles de “redevenir” hétérosexuelles.Promotion d’un traitement “anti-homosexuel” et de l’hydroxychloroquineUne autre étude publiée en 2014 s’était penchée sur l’impact négatif du Dr. Oz sur le grand public. “Les signaux sont clairs : après la diffusion de l’émission “The Dr. Oz Show” faisant la promotion des pots neti [une technique de lavage du nez avec de l’eau salée potentiellement dangereuse, NDLR], les ventes de ces pots ont augmenté de 12 000 % et les recherches sur Internet sur le sujet ont augmenté de 42 000 %, indiquent les auteurs de l’étude, trois professeurs du département “pharmacie et nutrition” de l’Université de Saskatchewan (Canada). De plus, une simple analyse des recherches sur Google montre une explosion des termes “cétones de framboise” et “extrait de grains de café vert” après les épisodes qui abordaient ces produits”. Inquiets de la popularité du Dr. Oz, les chercheurs dénoncent non seulement les conflits d’intérêts du chirurgien, mais aussi ses conseils potentiellement délétères, notamment lorsqu’il a affirmé, dans une de ses émissions, que “tout ce que les médecins savent sur le cholestérol est faux”. Le Dr. Oz y critiquait alors l’usage de statines pour traiter l’hypercholestérolémie, un traitement pourtant efficace.Plus récemment, lors de la pandémie de Covid-19, le Dr. Oz s’est illustré en faisant la promotion de l’hydroxychloroquine, le traitement anti-Covid-19 promu par le professeur Didier Raoult. A l’époque, le traitement n’avait pas fait preuve de son intérêt et son inefficacité, et même sa potentielle dangerosité, a depuis été démontrée par de nombreuses études.Le docteur Mehmet Oz a finalement arrêté son émission en 2022, lorsqu’il s’est présenté en tant que candidat républicain pour la campagne sénatoriale de l’Etat de Pennsylvanie. Il a perdu, mais il s’est fait remarquer pour ses propositions chocs. Il avait notamment critiqué Medicare, le système d’assurance maladie géré par le gouvernement fédéral des Etats-Unis au bénéfice des personnes de plus de 65 ans et des invalides. Il avait proposé une nouvelle loi qui aurait forcé des millions de personnes âgées à abandonner le système Medicare traditionnel et à souscrire à des régimes d’assurance maladie privés, dont il a fait la promotion dans son émission et dans lesquels il détient des centaines de milliers de dollars de parts. Selon la description d’Oz lui-même, son plan visait à éliminer la couverture Medicare et à privatiser entièrement le programme. S’il obtient le poste promis par Donald Trump, il aura les mains libres pour le mettre en œuvre. Mais aussi pour continuer de faire la promotion de potions miracles et autres remèdes n’ayant jamais fait la preuve de leur efficacité.



Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/gouvernement-trump-les-tres-mauvais-conseils-du-dr-oz-le-magicien-des-pseudosciences-YTVRQZFYE5BQ7BPYWQ3XTXTSHI/

Author : Victor Garcia

Publish date : 2024-11-21 06:00:00

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Derrière Donald Trump, l’inquiétant déluge de messages anti-science de ses futurs ministres

Donald Trump, lors d'un meeting de campagne en Pennsylvanie, le 5 octobre 2024




Ce 22 avril 2022, Pete Hegseth n’est pas encore pressenti pour prendre les rênes du Pentagone. Quelques semaines avant la sortie de son livre Bataille pour l’esprit américain, qui dénonce “l’endoctrinement des élèves de la maternelle à la terminale”, il coanime avec le chroniqueur texan Will Cain une émission sur Fox News consacrée au changement climatique. L’idée de ce show bien rodé n’est pas d’alerter les Américains sur les conséquences néfastes liées à la montée des températures. Au contraire, le but du programme consiste à se moquer des “bobards” racontés par les démocrates à ce sujet.Sur l’écran géant installé derrière les présentateurs, de courtes vidéos de personnalités et des captures d’écran d’articles de presse se succèdent. Des contenus soigneusement choisis et présentés de manière caricaturale. Pas de place ici pour une analyse fine et détaillée des scientifiques du GIEC. En guise d’information, une citation annonçant la fin du monde dans neuf ans, un extrait d’article anticipant la montée du cannibalisme dans le futur en raison de la crise climatique, un autre faisant le lien, sans trop y croire, entre montée des températures et troubles cardiaques…Pete Hegseth se lâche : le changement climatique est l’ennemi parfait. “Il est partout mais on ne le voit jamais. Et on devrait faire tout ce qui est en notre pouvoir pour s’attaquer à ce problème ? Quand il fait trop chaud, trop froid ou qu’il pleut trop, c’est la faute du climat. C’est même notre faute car – selon les démocrates – nous sommes des dieux qui contrôlons le climat”.Will Cain en rajoute lui aussi. Après avoir lancé une vidéo durant laquelle le prince Harry nous prévient que le monde est en feu, il rigole et se tape sur les cuisses “Ça ne tient pas debout, nous sommes au plus bas historique en ce qui concerne le nombre de victimes associées aux catastrophes comme les ouragans ou les inondations”. L’argument est fallacieux mais qu’importe. L’idée est de faire passer la cause climatique pour une obsession infondée. Et de coller ainsi aux idées de Donald Trump, qui a visiblement fait du climatoscepticisme un critère important de recrutement pour sa nouvelle équipe.Le “fanatisme des élites mondiales”En 2019, dans une tribune publiée dans USA Today, le sénateur Marco Rubio – aujourd’hui proposé comme chef de la diplomatie – reconnaît que les températures montent, mais n’attribue pas le phénomène aux activités humaines et surtout, rejette “le fanatisme des élites mondiales et des gauchistes américains autour du changement climatique”. Il cite une étude de l’Agence pour l’environnement sortie deux ans plus tôt, qui, selon lui, assure qu’un effort d’adaptation permettra de réduire les dégâts des intempéries de 90 % sur les côtes de la Floride. Il serait donc inutile de bâtir des digues de protection. Les propriétaires de maison n’auraient pas besoin non plus de déménager. Problème : un journaliste de CBS a lu – vraiment – l’étude, et les conclusions vont plutôt dans le sens inverse.Une goutte de plus dans un océan de désinformation. Elon Musk, chargé par Donald Trump d’éliminer les lourdeurs de l’administration américaine, a publié à plusieurs reprises des messages soutenant que l’élevage n’avait pas d’impact sur le climat. “Tuer quelques vaches ne fera aucune différence”, assure-t-il. Et dire que le propriétaire de Tesla bénéficiait autrefois de la sympathie des écolos, en raison de ses prouesses dans les véhicules électriques…Autre cas d’école : Chris Wright, le candidat pressenti au poste de secrétaire à l’Energie, explique dans une vidéo postée sur LinkedIn l’année dernière que la crise climatique n’existe pas. Il n’y a donc pas besoin de s’atteler à la transition. Des propos qui ne surprennent guère venant de celui qui dirige Liberty Energy, une société proposant des services… de fracturation hydraulique.La gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem, proposée pour le ministère de la Sécurité intérieure et donc, chargée de superviser l’Agence fédérale de gestion des urgences liées aux catastrophes météorologiques, rejette elle aussi l’idée que l’homme est à l’origine de l’augmentation des températures. “À un journaliste qui lui demandait en mars 2022 si elle pensait que le climat était en train de changer, elle a répondu : “Je pense qu’il n’a pas été prouvé que ce que nous faisons affecte le climat””, relève le magazine Scientific American. Kristi Noem serait également le seul gouverneur à s’être retiré d’un programme du ministère de l’Energie, doté de 4 milliards de dollars, permettant aux États de distribuer à leurs habitants des remises sur leurs travaux de rénovation énergétique, poursuit la revue.L’exploitation des hydrocarbures tient encore le haut du pavéAu pays du gaz de schiste et du pétrole, la fin des passoires thermiques attendra bien quelques années de plus. Karoline Leavitt, la future porte-parole de l’équipe Trump, s’inscrit dans cette même vision du monde où l’exploitation des hydrocarbures tient encore le haut du pavé. “Je n’ai rien contre les énergies renouvelables, mais l’Inflation Reduction Act (NDLR : une loi mise en place par l’administration Biden permettant de subventionner massivement les technologies vertes) a siphonné beaucoup d’argent. Celui-ci aurait pu être employé de manière plus utile”, expliquait-elle en 2022.Une telle concentration de profils peu respectueux de l’environnement laisse nombre d’experts pantois. Donald Trump a déjà annoncé que les Etats-Unis sortiraient dès que possible de l’accord de Paris. Ira-t-il plus loin en s’affranchissant de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et en détricotant l’IRA ? Les plus optimistes s’accrochent à l’idée que, sur ce sujet, Donald Trump pourrait faire preuve de pragmatisme. Après tout, les investissements déclenchés par l’IRA bénéficient en majorité à des territoires républicains. Mais comme le rappelle François Gemenne, professeur à HEC et auteur principal du 6e rapport du GIEC, le milliardaire ne fait pas toujours les bons choix en matière d’économie. “Lors de son premier mandat, de nombreux patrons lui avaient demandé de ne pas se retirer des accords de Paris. Il l’avait pourtant fait”. Avant que Joe Biden n’annule cette décision.Une chose semble sûre : sans la coopération des Etats-Unis, la transition énergétique aura du plomb dans l’aile. Les dégâts collatéraux apparaissent déjà. Javier Milei a demandé à ses diplomates de quitter la COP29, trois jours à peine après le début des négociations. Le président argentin aurait pris cette décision après un échange téléphonique avec Donald Trump. “Le risque est désormais de voir l’Argentine sortir de l’accord de Paris avant les Etats-Unis. Cela pourrait même faire tache d’huile auprès de pays comme le Venezuela, la Russie, la Hongrie et d’autres. Et comme il existe un délai de trois ans entre l’annonce de la sortie d’un pays et son départ effectif, les Etats-Unis ont le pouvoir de saboter les négociations des prochaines COP”, note François Gemenne. Lors du premier mandat de Donald Trump, le monde avait réussi à limiter les dégâts sur le plan climatique. Cette fois-ci, la tâche s’annonce plus difficile.



Source link : https://www.lexpress.fr/environnement/derriere-donald-trump-linquietant-deluge-de-messages-anti-science-de-ses-futurs-ministres-CPYWVKSG7BASJKETPGMDXGYBYM/

Author : Sébastien Julian

Publish date : 2024-11-21 05:30:00

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“Si ça arrivait dans mon lycée…” : au procès Paty, le regard des élèves venus observer la justice faire son travail

Croquis d'audience du 4 novembre 2024 lors du procès à la cour d'assises spéciale de Paris de huit adultes accusés d'avoir contribué au climat de haine qui a conduit un radical islamiste à décapiter en 2020 l'enseignant Samuel Paty




Les conversations se sont tues, les téléphones portables ont été placés sur le mode silencieux. Au coeur du palais de justice de Paris, l’excitation d’une trentaine de lycéens, ravis de découvrir la grandeur du lieu et de se prendre en selfie devant les bâtiments, s’est transformée en une concentration studieuse à l’entrée de l’immense cour d’assises spéciale où sont notamment jugées les affaires de terrorisme. En cet après-midi du mardi 19 novembre, ces élèves de terminale sont bien conscients de l’enjeu : ils assistent, avec leur professeure d’histoire-géographie et l’Association française des victimes de terrorisme (AFVT), à la troisième semaine d’audiences dans le cadre du procès de l’assassinat de Samuel Paty. À l’entrée du président de la Cour, Franck Zientara, les étudiants se lèvent simultanément, cahier en main, prêts à prendre des notes. La plupart n’ont jamais mis les pieds dans une cour d’assises, et encore moins assisté à un procès pour terrorisme. “On sait que ça va faire bizarre de voir les accusés à quelques mètres de nous. Ça fait un peu froid dans le dos”, confie Delia, 17 ans, quelques secondes avant le début de l’audience.Lorsque Samuel Paty a été décapité à la sortie de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre 2020, pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet, Delia avait 13 ans. Elle-même était scolarisée en classe de quatrième, dans un collège de région parisienne situé à quelques dizaines de kilomètres de celui du Bois d’Aulne, où exerçait le professeur d’histoire-géographie. “Des adolescents de notre âge étaient impliqués, pas loin de chez nous… Ça nous avait tous beaucoup choqués”, se souvient l’adolescente, qui se remémore la minute de silence organisée en hommage au professeur, les débats en classe sur les caricatures et la liberté d’expression, ou les “quelques reportages” vus à l’époque à la télévision. “Mais les détails de l’affaire, l’enchaînement des événements, les peines encourues par les complices présumés, la manière dont fonctionne un procès… Je n’en avais aucune idée avant de travailler dessus cette année”, souffle la jeune fille, qui se destine à une carrière “dans le droit”.Alors que l’audience débute, elle scrute la cour, observe les avocats de la défense, ceux des parties civiles, tente de reconnaître des visages dans le box des accusés. Ces derniers ne lui sont pas inconnus : avant le procès, Delia et ses camarades ont réalisé un trombinoscope des huit personnes suspectées d’être impliquées dans le meurtre de Samuel Paty, écouté les huit épisodes d’un podcast de France Inter sur le sujet, lu des articles de presse, visionné des vidéos explicatives… “On a beaucoup de détails très choquants en tête. Mais on a aussi la chance d’assister à ce procès, d’en connaître les enjeux, et d’observer en direct la justice faire son travail”, estime son amie Lina.”Est-ce que vous avez déjà eu peur ?”Comme 34 de leurs camarades de l’option “Droit et grands enjeux du monde contemporain”, Delia et Lina travaillent depuis plusieurs semaines sur “l’affaire Paty”. En collaboration avec l’AFVT, leur professeure d’histoire-géographie Sophie Davieau a mis en place le projet “Procès Paty : les classes en audience”, dont l’objectif final est d’écrire collectivement un compte rendu de l’intégralité du procès, basé sur la présence des élèves à la cour d’assises, des articles de presse, des podcasts, des live tweets ou des rencontres avec différents professionnels du droit. La veille, l’avocat Antoine Casubulo Ferro, conseil des collègues de Samuel Paty – qui se sont portés partie civile au procès -, est ainsi venu rencontrer les terminales directement dans leur classe, dans un lycée de Courbevoie.”Mon travail, ce sera de montrer que les professeurs du collège du Bois d’Aulne, où enseignait Samuel Paty, sont aussi des victimes directes et indirectes de l’attentat. Comment continuer à enseigner après ça ? Comment retourner en classe quand votre ami s’est fait décapiter ? Que certains élèves l’ont dénoncé au terroriste ? Le préjudice moral est immense”, martelait alors l’avocat devant une classe pleine à craquer. Sa présence au coeur du projet est précieuse pour Sophie Davieau : avec pédagogie, Me Casubulo Ferro explique aux lycéens l’importante nuance entre les accusations “d’association de malfaiteurs terroristes”, et de “complicité d’assassinat terroriste”, les peines encourues par les accusés, l’importance des termes utilisés lors des expertises et des plaidoiries.Une main hésitante se lève. “Est-ce que vous êtes frustré des peines que risquent les accusés ?”, demande un élève. “Non, puisqu’ils risquent la peine maximale”, répond l’avocat du tac au tac. Même assurance sur le sujet de la “prison à vie”, que le conseil détourne en indiquant “être pour l’individualisation des peines”, ou sur la vocation d’avocat, résumée par un rapide : “C’était un rêve de gosse”. “Et est-ce que vous avez déjà eu peur ?”, interroge un autre lycéen après un court silence. Blanc dans la salle. Me Casubulo Ferro se veut honnête. “Parfois oui, même si c’est rare. Après ce qui est arrivé à Samuel Paty, quand j’allais parler de l’affaire sur un plateau de télévision, il m’arrivait de regarder derrière moi en rentrant à la maison”, lâche-t-il.”Si ça arrivait dans mon lycée, je réagirais”À l’audience, le lendemain, les élèves écoutent avec une attention toute particulière les résumés des experts psychiatres concernant les personnalités de Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov. Ces deux amis d’Abdoullakh Anzorov sont accusés de complicité d’assassinat terroriste pour l’avoir aidé à acheter le couteau qui a servi à décapiter Samuel Paty et pour l’avoir déposé sur les lieux du crime. “C’est important de connaître leur passé, de suivre les événements de leur vie qui ont pu mener à ça, et de comprendre comment et pourquoi ils peuvent être jugés responsables de cet acte devant un tribunal, quatre ans plus tard”, estime Maya au terme de près de quatre heures d’audience. Cette lycéenne reste particulièrement marquée par l’enchaînement des faits. “C’est juste douloureux de se dire que Samuel Paty a été assassiné comme ça, pour ça”, résume-t-elle avec simplicité.Avec ses copines de classe, Maya confie avoir débattu de nombreuses fois du sujet des caricatures – une thématique qui ne serait jamais arrivée au coeur de leurs discussions adolescentes “sans le travail fait avec Mme Davieau”. “On est toutes d’accord sur le fait que certains dessins peuvent ne pas nous plaire, mais qu’il faut faire avec, parce que c’est la liberté d’expression”, lâche-t-elle en haussant les épaules. “Si ça arrivait dans mon lycée, et que j’entendais un élève commencer à diffuser des mensonges sur un cours ou monter les élèves contre un prof à cause d’une caricature, je réagirais. Je lui dirais de faire attention à ce qu’il dit, et surtout à qui il le dit”, assure la lycéenne.Même bilan pour Delia, qui indique avoir “changé d’avis” sur le sujet des caricatures religieuses. “J’avoue qu’au début, je trouvais que c’était un peu humiliant et offensant. Maintenant, j’ai compris que pas du tout. Que c’était la liberté d’expression, et qu’il ne fallait pas le prendre personnellement”, explique l’élève de confession musulmane. Autour d’elle, l’adolescente ouvre le débat avec des amis ou sa famille : “Mon cousin entre en quatrième et va étudier le sujet des caricatures. Je lui ai expliqué que si on lui montrait des images de notre religion, il ne fallait pas mal le prendre, et il a compris”.Une petite victoire pour Sophie Davieau, ravie de former ce qu’elle appelle “des veilleurs” ou “des vigilants”. “Évidemment, ce procès a une dimension toute particulière en tant qu’enseignante. En l’étudiant, on évoque aussi les questions de liberté d’expression, de laïcité, de caricature, de blasphème, qui peuvent être compliquées dans certaines classes”, souligne la professeure, également référente laïcité au sein de l’établissement. Dans les prochaines semaines, sept autres classes assisteront ainsi à des demi-journées d’audience au palais de justice de Paris avec l’enseignante et l’AFVT. “Je n’ai pas encore eu le retour d’expérience de mes élèves, mais je n’ai aucun doute sur le fait que ça les marquera. Et si je réussis à transmettre avec patience et nuance sur ces sujets, c’est gagné”, conclut l’enseignante.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/si-ca-arrivait-dans-mon-lycee-au-proces-paty-le-regard-des-eleves-venus-observer-la-justice-faire-ZZFAOW67HNB2BFSFH62YG3L5PA/

Author : Céline Delbecque

Publish date : 2024-11-21 05:00:00

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“Les Russes planifient toujours un nouveau conflit” : la mise en garde de l’Estonie aux Européens

Un char K9 lors d'un exercice de l'Otan, le 18 novembre 2024, en Finlande




Pour avoir eu raison avant tout le monde (en alertant les Européens du danger russe), l’Estonie, les autres pays baltes et les Etats scandinaves sont aujourd’hui des voix écoutées en Europe. Il faut donc tendre l’oreille lorsque, avec un train d’avance, le ministre des Affaires étrangères estonien incite les Européens à se préparer à envoyer des troupes en Ukraine pour garantir la paix au cas où celle-ci adviendrait plus tôt qu’on ne le pense. “Pour l’Ukraine, la meilleure garantie de sécurité serait d’intégrer l’Otan, explique Margus Tsahkna au Financial Times. Mais si les Etats-Unis s’y opposent, les armées de l’UE devraient y déployer des soldats immédiatement après un éventuel cessez-le-feu afin de dissuader la Russie d’attaquer à nouveau”, explique l’Estonien.En attendant, les Baltes et les Nordiques se préparent à tous les scénarios. Car les événements s’accélèrent sur le front russo-ukrainien, mais aussi en mer Baltique. En Ukraine, Joe Biden vient d’autoriser l’utilisation de missiles américains à longue portée (ATACMS) et de mines antipersonnel en réponse à l’envoi de soldats nord-coréens en Russie. En Europe du Nord, la guerre – hybride – s’intensifie aussi. Deux câbles de télécommunication sous-marins ont été sectionnés en mer Baltique à quelques heures d’intervalle au moment exact où un cargo chinois, le Yi Peng 3, commandé par un officier russe, passait par-là. La Navy danoise a arraisonné le navire. L’un des câbles de fibre optique concerné reliait l’Allemagne à la Finlande ; l’autre, la Suède à la Lituanie, où la connexion Internet a été brièvement interrompue. L’épisode rappelle les dégâts causés au gazoduc sous-marin Balticonnector entre l’Estonie et la Finlande en octobre 2023, attribués par Helsinki à “une puissance extérieure”.”Les activités de sabotage se multiplient en Estonie et dans notre environnement proche”, constate l’ancien patron du renseignement estonien Kaimo Kuusk, aujourd’hui bras droit du ministre de la Défense. “Ce sont habituellement des petits incidents : l’année dernière, la voiture du ministre de l’Intérieur a été vandalisée par des petits malfrats et, de la même manière, des statues sont régulièrement abîmées par des délinquants payés par la Russie.” Ces incivilités s’inscrivent dans le cadre d’une guerre psychologique plus globale. “Il s’agit de générer de l’inquiétude en créant un climat d’instabilité”, explique Jonatan Vseviov secrétaire général du ministère des Affaires étrangères.Les Russes sont en état de guerre permanent”
Voisins de la Russie et géographiquement proches de l’Ukraine, les pays baltes et nordiques subissent l’impact direct des initiatives de Vladimir Poutine dans une région qui fait l’objet d’une guerre de basse intensité depuis les années 2010, au moyen de violations de l’espace aérien et, aujourd’hui, de sabotages. Ce n’est pas un hasard si Stockholm vient de rééditer sa brochure de 32 pages, distribuée aux 5 millions de foyers suédois, qui dresse la liste des premiers réflexes et des produits de première nécessité à stocker chez soi en cas de guerre… “Il faut comprendre que les Russes sont en état de guerre permanent, reprend Kaimo Kuusk. Ils sont constamment en train de planifier un conflit quelque part. S’ils gagnent en Ukraine, les Russes cibleront ensuite la Moldavie, première sur leur liste”, prédit-il.L’Europe du Nord est également dans le viseur de Moscou. En témoigne la réorganisation militaire en cours dans la “région militaire de Leningrad”, selon la terminologie soviétique ressuscitée par Poutine. “Juste derrière les frontières de l’Union européenne, l’armée russe procède actuellement à la modernisation de ses infrastructures en vue d’un renforcement prévu après la fin de la guerre d’Ukraine, explique l’analyste militaire finlandais Tomas Ries.” Cette réorganisation prévoit une augmentation de l’effectif, de 40 000 militaires actuellement à 100 000 soldats pour la prochaine décennie. On comprend mieux pourquoi l’Estonie, de son côté, augmente son budget de défense de 3 % du PIB à 3,7 % (en 2026) et vise à terme l’engagement de la Pologne : 4,1 % du PIB. “Poutine n’a pas varié dans son objectif, rappelle Jonatan Vseviov. Il veut toujours récupérer 100 % de l’Ukraine et redessiner l’Europe avec une zone tampon qui repousserait les frontières de l’Otan là où elles se trouvaient en 1997” [NDLR : avant l’adhésion de tous les ex-pays de l’Est]. Et une fois encore, l’Estonie voudrait qu’on l’écoute.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/les-russes-planifient-toujours-un-nouveau-conflit-la-mise-en-garde-de-lestonie-aux-europeens-LPMQFCTWIFBKBBJU3NIIYLKZSQ/

Author : Axel Gyldén

Publish date : 2024-11-21 04:30:00

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Dépression, idées suicidaires… L’inquiétante dégradation de la santé mentale des jeunes en 2024

Deux jeunes filles sur leur téléphone à Sydney, le 7 novembre 2024




Le chiffre est particulièrement alarmant : en 2024, la proportion de jeunes ayant déjà eu des pensées suicidaires atteint 23 %, soit quasiment un jeune sur quatre, révèle une enquête de l’Ifop, publiée ce jeudi 21 novembre. Sur la tranche plus précise des jeunes adultes (18-24 ans) c’est 13 %, contre 3,3 % selon une étude de Santé publique France en 2014. Commandée par l’entreprise de coaching en santé mentale pour les jeunes “IAMSTRONG”, cette étude par questionnaire auto-administré a été réalisée du 1er au 9 octobre 2024 auprès d’un échantillon de 1 303 jeunes, représentatif de la population vivant en France métropolitaine.Ces pensées suicidaires sont souvent liées à une dépression. Ils sont en effet presque un jeune sur deux âgés de 11 à 24 ans à avoir vécu un épisode dépressif d’au moins deux semaines, “confirmant par-là l’explosion des épisodes dépressifs caractérisés observée chez les 18-24 ans en 2021 par Santé Publique France”, souligne IAMSTRONG. Conséquence de l’aggravation de leur état psychologique, 16 % des jeunes ont déjà pris des antidépresseurs au cours de leur vie, et 7 % au cours de la dernière année.Les jeunes femmes plus touchéesOn constate un écart conséquent entre la santé mentale des jeunes femmes et celles des garçons. 27 % des filles interrogées déclarent ainsi avoir eu des pensées suicidaires, contre 18 % des garçons. Elles sont donc plus vulnérables, “les marques de détresse psychologique allant souvent de pair avec un regard très négatif sur soi-même”, précise l’étude. Les jeunes femmes sont aussi plus sujettes à l’anxiété, 68 % en souffrent, contre 51 % chez les garçons.Le niveau de stress est notamment “plus fort dans les rangs des femmes, et notamment des étudiantes”, pointe l’enquête. En effet, les trois quarts d’entre elles indiquent être stressées, contre six hommes sur dix du même âge. Un mal-être qui là encore est plus concret chez les jeunes femmes, à travers “une envie de tout abandonner (32 % contre 17 % des hommes), un sentiment de solitude plus élevé (55 % contre 45 % des hommes) et un plus fort écœurement à l’égard de la société environnante (68 % contre 49 %)”.Pression académique et standard des réseaux sociauxParmi les raisons évoquées par les jeunes, le manque d’estime de soi sur le plan physique est très présent (les pensées suicidaires sont trois fois plus présentes chez les jeunes qui ne se trouvent pas beau/belle).De nombreux élèves assument également avoir peur “de l’échec” – sentiment éprouvé par 62 % des élèves, dont 93 % chez ceux ayant eu récemment des pensées suicidaires. “La pression académique et l’exposition constante aux réseaux sociaux, où la comparaison avec des standards souvent inaccessibles est omniprésente, accentuent ces insécurités”, juge ainsi Erika Seydoux, coach et cofondatrice de IAMSTRONG.Une génération pourtant moins fatalisteLe désenchantement à l’égard du monde, alimenté par les crises environnementale et sanitaire et par les guerres, est plus répandu chez les jeunes que chez les adultes plus âgés aujourd’hui. Pourtant il n’est pas pour autant plus élevé que celui observé chez leurs aînés il y a une cinquantaine d’années : 57 % des adolescents de 14 à 15 ans se disent aujourd’hui “écœurés par ce qu’ils voient autour d’eux”, soit nettement moins qu’il y a 50 ans (70 % en 1973) dans un contexte post-soixante-huitard.Ce ressentiment tout de même toujours très présent “n’en fait pas pour autant une génération fataliste”, souligne l’étude. Au contraire, la tentation de baisser les bras et de tout abandonner affecte en 2024 à peine plus d’un quart des jeunes âgés de 14 à 15 ans, contre plus d’un tiers il y a une cinquantaine d’années.Malgré ce chiffre encourageant, la psychologue Anne Claire Pracomtal, cofondatrice d’IAMSTRONG, sonne l’alerte. “Ces chiffres alarmants traduisent une souffrance profonde chez les jeunes, exacerbée par la pression des réseaux sociaux et l’isolement. Il est urgent de renforcer l’accompagnement en santé mentale dès le plus jeune âge pour développer des outils de résilience et de gestion des émotions”.



Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/depression-idees-suicidaires-linquietante-degradation-de-la-sante-mentale-des-jeunes-TPH7LPCG6VD7XFK5CKAL3735CI/

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Publish date : 2024-11-21 04:00:00

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Elon Musk : les détails de son projet “radical” de réforme de l’Etat fédéral américain

Elon Musk à un événément de campagne de soutien à Donald Trump, à Oaks (Pennsylvanie), le 18 octobre 2024




Elon Musk, nommé conseiller spécial de Donald Trump, détaille pour la première fois ce mercredi 20 novembre dans le Wall Street Journal son projet “radical” de réforme de l’Etat fédéral, entre renvois massifs de fonctionnaires, suppressions de subventions et dérégulation.”Le 5 novembre, les électeurs ont donné à Donald Trump un mandat clair pour un changement radical, et ils y ont droit”, écrit le multi-milliardaire dans cet article co-signé avec l’homme d’affaires Vivek Ramaswamy, avec lequel il va diriger une toute nouvelle “commission à l’efficacité gouvernementale”.Le patron de Tesla, SpaceX et X, lui-même bénéficiaire de gros contrats fédéraux, s’appuie sur de récentes jurisprudences de la Cour suprême américaine, à laquelle le président élu républicain avait donné une majorité durable de juges conservateurs pendant son premier mandat (2017-2021).Les décisions de la plus haute juridiction “suggèrent qu’une foule de régulations fédérales existantes” ne sont pas fondées légalement, car elles n’ont pas été explicitement validées par le Congrès, et qu’elles pourront être “immédiatement suspendues” par décret présidentiel, écrit Elon Musk.Des “réductions massives d’effectifs dans la bureaucratie fédérale”Le multimilliardaire promet des “réductions massives d’effectifs dans la bureaucratie fédérale”, en assurant que les fonctionnaires limogés seront “soutenus dans leur transition vers le secteur privé” ou bénéficieront de conditions de départ “décentes”.Il suggère de revenir sur le principe du télétravail, ce qui “entraînerait une vague bienvenue de départs volontaires”. Elon Musk avance le chiffre de “500 milliards de dollars” de dépenses, au minimum, qui pourraient être supprimées très rapidement en taillant dans les subventions à l’audiovisuel public ou à des organisations “progressistes” telles que le Planning familial.”Nous faisons les choses différemment. Nous sommes des entrepreneurs, pas des politiciens. […]. Nous taillerons dans les coûts”, écrivent les deux signataires de la tribune, en rappelant que leur rôle doit prendre fin le 4 juillet 2026. Cette date marquera le 250e anniversaire de la Déclaration d’indépendance.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/elon-musk-les-details-de-son-projet-radical-de-reforme-de-letat-federal-americain-NARSYXMCYZEBJC6SC3INDRPBAA/

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Publish date : 2024-11-20 19:48:04

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Johan Norberg : “Vu de Suède, la position de la France sur le Mercosur est très déroutante”

Emmanuel Macron le 5 novembre 2024, à L'Elysée à Paris




C’est un psychodrame bien français qui se répète à chaque traité de libre-échange. Alors que des agriculteurs français sont dans la rue pour protester contre un supposé “grand-remplacement” de la viande française par des boeufs brésiliens ou de la volaille argentine, l’ensemble de la classe politique s’oppose à l’accord UE-Mercosur, devenu le bouc émissaire de tous nos maux. Au niveau européen, Emmanuel Macron, pourtant dépeint comme un “néolibéral” par ses détracteurs, mène la fronde pour faire capoter un accord négocié par la Commission.Pour l’économiste et essayiste suédois Johan Norberg, cette attitude de la France est très “déconcertante”. Selon l’auteur du récent The Capital manifesto (Atlantic Books), notre pays aime alimenter de grands discours sur la puissance européenne, mais “dès qu’il y a un accord négocié permettant de manière concrète d’augmenter cette puissance européenne, la France s’y oppose”. Comme si les Français manquaient de confiance dans leurs propres atouts. Pourtant, ce partisan du libéralisme assure que l’Europe doit plus que jamais défendre le libre-échange, alors même que la Chine et les Etats-Unis risquent de nous entrainer dans une guerre commerciale dévastatrice, et qu’il s’agit de trouver à l’étranger des partenaires désireux de continuer à collaborer avec nous.L’Express : Toute la classe politique française, y compris Emmanuel Macron et Michel Barnier, s’opposent à l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Le comprenez-vous ?Johan Norberg : Non, c’est très triste. Le commerce bénéficie de manière générale à l’économie, mais c’est d’autant plus le cas aujourd’hui, alors que nous, Européens, sommes pris en étau entre d’un côté la politique nationaliste et agressive du “America first” promue par Donald Trump, et de l’autre côté une Chine dont nous tentons de découpler notre économie pour limiter les risques. La voie pour s’en sortir passe justement par une coalition de partenaires désireux de collaborer avec nous à travers le monde. Le Mercorsur est une opportunité pour cela. Ce marché commun en Amérique du Sud dispose des ressources minières dont nous avons besoin pour la transition énergétique, et notamment les batteries et panneaux solaires. L’accord permet de créer un marché conséquent, avec plus de 700 000 consommateurs et un cinquième de l’économie mondiale.Mais les agriculteurs français ont l’impression d’être les grands perdants de cet accord, au profit de l’industrie automobile…Quand on regarde les secteurs agricoles qui réussissent le mieux en Europe, ce sont justement ceux qui se montrent compétitifs et sont valorisés par le consommateur, même si les produits coûtent parfois plus cher du fait de leur qualité ou de leurs normes plus contraignantes en matière d’environnement. Je rappelle que l’agriculture française a grandement bénéficié du marché commun européen. Je parie qu’à l’époque, de nombreux agriculteurs y étaient opposés, avant de largement en profiter.De manière générale, sur le long terme, nous devons en Europe avoir des emplois et des entreprises plus productives, avec des salaires plus élevés. C’est comme ça qu’on soutient d’autres secteurs de l’économie. La solution n’est en tout cas pas de stagner et de se recroqueviller sur nous-mêmes. Vendre des voitures – dont beaucoup sont d’ailleurs fournies par l’industrie française – à des marchés plus larges est aussi une façon de garantir nos niveaux de vie élevés, et donc de soutenir une agriculture de qualité.Les opposants à ce traité mettent en avant le fait que les pays d’Amérique latine n’ont pas les mêmes standards environnementaux ou de santé que nous, ce qui fausse la concurrence…Je peux comprendre ces angoisses. Si nous avons des normes agricoles trop chères et strictes, il sera difficile d’être compétitif. Nous devrions parfois nous assurer que la règlementation européenne ne soit pas excessive. Elle est bien sûr importante quand il s’agit de la sécurité alimentaire, des antibiotiques donnés aux animaux, ou des règles pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais nous ne sauverons pas le monde en nous contentant de ces normes à l’intérieur de la zone européenne. On aura un impact bien plus important si ces changements ont aussi lieu dans d’autres régions du monde. Grâce à la mondialisation, les pays à revenus faibles ou moyens sont en train de faire monter leurs normes environnementales ou sanitaires. Ceux qui le font sont justement ceux qui bénéficient d’une croissance économique. Pour les pays plus pauvres, il faut d’abord pouvoir nourrir sa population avant de pouvoir se soucier de l’environnement. Si nous sommes vraiment sérieux au sujet de ces enjeux écologiques, nous devrions ainsi tout faire pour faciliter l’intégration de ces Etats dans une économie mondiale. L’accord entre le Mercosur et l’Union européenne contient d’ailleurs des clauses sur des normes environnementales et sociales.Si Trump est un libéral, je ne le suis pasLa France mène l’opposition au sein de l’UE contre la signature de cet accord. Notre pays se distingue-t-il par sa méfiance par rapport au libre-échange ?Sur le Mercosur, la France est suivie par d’autres pays, comme l’Italie. Du point de vue de la Suède, on a parfois le sentiment que la France est toujours en première ligne pour faire de grands discours sur la puissance et l’indépendance européenne. Mais dès qu’il y a un accord négocié permettant de manière concrète d’augmenter cette puissance européenne, la France s’y oppose. C’est très déroutant vu de l’étranger. C’est comme si votre pays manquait de confiance en soi culturelle et économique, et qu’il avait l’impression que son industrie ou son agriculture allaient s’effondrer en s’ouvrant au reste du monde. Mais même dans les pays du Mercosur, les entreprises françaises sont très présentes, souvent bien plus que les autres pays européens. La Commission européenne a évoqué plusieurs milliers d’entreprises françaises, de différentes tailles, qui exportent de manière conséquente à destination de ce marché sud-américain. Il y a ainsi une vraie déconnexion entre la réalité et les perceptions. La France a un vrai impact économique à l’étranger, mais dès qu’on veut faciliter ses exportations en rendant le monde encore plus ouvert pour les produits français, il y a un réflexe pavlovien conduisant à dire que ce serait néfaste pour votre pays.Donald Trump veut augmenter les droits de douane pour “rendre sa grandeur à l’Amérique”. Quelles seront les conséquences de ce protectionnisme sur ses électeurs ?C’est très ironique, car Trump a remporté cette élection du fait de l’inflation. Mais il entend mener une politique qui ne va que faire monter les prix encore plus. Cela pénalisera ceux-là mêmes qui ont voté pour lui, surtout les revenus faibles et moyens, ceux qui, même de façon relative, consacrent une plus grande part de leurs revenus aux vêtements, aux produits électroniques ou ménagers. C’est une taxe qui nuira à leur pouvoir d’achat comme à leurs emplois, du fait de la baisse du pouvoir d’achat général. Alors même que la part des emplois industriels a continué à décliner durant le premier mandat de Trump. Les Etats-Unis sont donc en train de se tirer une balle dans le pied.Mais le plus grand danger est que cela finisse, au niveau mondial, par une guerre commerciale, avec des mesures de rétorsion de la part de la Chine et de l’Europe. Toutes les guerres sont stupides, mais les guerres commerciales le sont encore plus.Pour certains à gauche, Donald Trump incarne ce qu’il y a de pire dans le libéralisme. Qu’en pensez-vous ?Si Trump est un libéral, je ne le suis pas (rires). Il représente l’exact opposé de la tradition libérale classique sur deux points importants. D’abord, comme nous l’avons évoqué, Trump rejette un monde ouvert, avec le libre-échange mais aussi l’immigration. Il s’inscrit bien plus dans un courant nationaliste illibéral. Mais sur le plan intérieur également, il rejette l’Etat de droit, la balance des pouvoirs, la protection constitutionnelle des minorités… Son programme populiste s’oppose à ces principes fondamentaux du libéralisme politique. Toute sa vision de l’économie se base sur une conception très transactionnelle et personnelle du pouvoir. Il veut favoriser des entreprises qu’il aime bien parce qu’elles l’ont soutenu ou parce qu’elles ont une main-d’œuvre domestique importante, tout en ciblant les entreprises qu’il n’aime pas parce qu’elles ont financé le parti démocrate. C’est un cauchemar pour n’importe quel libéral, et ce n’est pas ainsi qu’un gouvernement devrait fonctionner. On est bien plus proche d’un gouvernement mafieux que libéral.L’ironie, c’est qu’au niveau mondial, la Chine fait aujourd’hui figure de champion du libre-échange, alors même que ce régime n’a absolument rien de libéral…Cela en dit long sur comment l’Europe et les Etats-Unis ont abandonné ce combat pour la mondialisation, alors que la Chine, elle, ne fait que prétendre être le champion d’un monde plus ouvert. C’est d’ailleurs le grand risque si nous abandonnons cet accord avec le Mercosur, car ces pays ne feront que se rapprocher de la Chine. La même chose est arrivée quand les Etats-Unis, sous Trump, se sont retirés du Partenariat transpacifique. La Chine n’est en rien un bon représentant du libre-échange, puisque ce régime autoritaire ne suit nullement les règles du jeu, avec des représailles commerciales et des politiques très mercantilistes.Pour Francis Fukuyama, la première élection de Donald Trump en 2016 pouvait passer pour une aberration. Mais sa large victoire cette année démontre que nous sommes entrés dans une nouvelle ère rejetant le libéralisme. Etes-vous tout aussi inquiet que lui pour les démocraties libérales ?Je suis d’accord avec Fukuyama que cette seconde victoire de Trump est bien pire que la première. Nous savons désormais que c’est ce que souhaitent une majorité d’Américains pour leur futur. Et Trump a bien moins de garde-fous pour ce nouveau mandat. Je suis donc inquiet pour l’ordre mondial. Mais tout dépend ce que nous ferons ! Il y a un manque de confiance en eux des Européens qui concerne autant l’économie que la guerre en Ukraine. Nous nous disons que si les Etats-Unis nous abandonnent, c’est fichu. Mais notre économie est presque équivalente à l’économie américaine, étant simplement désavantagée par le taux du dollar. Nous avons 100 millions d’habitants en plus. Nous disposons de nombreux atouts ! Et n’oublions pas qu’il y a d’autres pays au monde. Regardez les pays du Mercosur, ou les pays de l’Asie de l’Est qui souhaitent faire partie de l’économie globalisée. Nous pourrions prendre le leadership, ce qui serait bénéfique pour l’Europe comme pour le monde. On pourrait même montrer à Donald Trump, qui ne jure que par le “deal”, que nous sommes capables de prendre notre destin en main.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/johan-norberg-vu-de-suede-la-position-de-la-france-sur-le-mercosur-est-tres-deroutante-PXN3NTXD4FHRZGO3WKY2GOOVK4/

Author : Thomas Mahler

Publish date : 2024-11-20 17:52:56

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Israël – Hezbollah : pourquoi les discussions autour d’un cessez-le-feu patinent

De la fumée s'élève au-dessus d'un site touché par un bombardement israélien dans le village de Khiam, dans le sud du Liban, le 20 novembre 2024, sur fond de guerre entre le Hezbollah libanais et Israël




Israël “ne peut pas nous imposer ses conditions”, a prévenu le chef du Hezbollah libanais Naïm Qassem dans un discours préenregistré. Il a affirmé ce mercredi 20 novembre qu’il n’accepterait aucun accord de cessez-le-feu tant qu’Israël viole “la souveraineté” du Liban, alors que l’envoyé américain Amos Hochstein mène actuellement des négociations sur place.Les Etats-Unis et la France multiplient depuis quelques semaines les efforts, visant à obtenir une trêve dans ce conflit entre le puissant mouvement pro-iranien et Israël. Le mouvement islamiste libanais (soutien du Hamas à Gaza) et l’armée israélienne sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre, et Tsahal mène des incursions dans le sud du Liban depuis le 30 septembre.La fermeté des dirigeants du Hezbollah et d’IsraëlArrivé mardi à Beyrouth, le diplomate américain Amos Hochstein a fait état mercredi de “progrès supplémentaires” après des discussions avec le président du Parlement libanais, Nabih Berri, qui fait la liaison avec le Hezbollah. Il était attendu plus tard dans la journée en Israël. Mais les négociations semblent mal engagées. Pour parvenir à tout cessez-le-feu, le Hezbollah exige “l’arrêt total de l’agression” au Liban. “L’ennemi israélien ne peut pas pénétrer quand il le veut” en territoire libanais en cas de cessez-le-feu, a-t-il encore dit.Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, avait averti lundi qu’Israël “mènera des opérations” militaires contre le Hezbollah même en cas de trêve. Et le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a affirmé mercredi que tout accord devrait laisser à son pays une “liberté d’action” contre le Hezbollah.Des combats et des bombardements intensesEn attendant, les combats continuent de faire rage. Au moment même où des mots sont échangés entre dirigeants et diplomates, l’agence de presse officielle libanaise (ANI) a fait état mercredi “de violents affrontements” dans le sud du pays, et ajouté que les forces israéliennes tentaient de “progresser vers les collines de Kfarchouba” sous une intense couverture de l’artillerie et de l’aviation.La veille, la France a dénoncé avec vigueur les tirs de roquettes “vraisemblablement perpétrés par le Hezbollah” contre deux positions de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Liban (Finul), et les tirs essuyés le même jour par une patrouille de Casques bleus français. “Quatre casques bleus ghanéens ont été blessés” par les tirs de roquettes contre des positions onusiennes, tandis qu'”une patrouille de la Finul composée de casques bleus français a également essuyé des tirs le même jour, sans faire de blessé”, déplore dans un communiqué le ministère français des Affaires étrangères, qui exige “que la Finul puisse exercer sa liberté de mouvement”.Le ministère français a de nouveau souligné le devoir “de respecter la résolution 1701” du Conseil de sécurité de l’ONU qui a acté la fin de la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006. Elle stipule que seuls l’armée libanaise et les Casques bleus doivent être déployés à la frontière sud du Liban, impliquant un retrait du secteur du Hezbollah, mais aussi celui des soldats israéliens du territoire libanais.



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Publish date : 2024-11-20 18:32:30

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Parlement européen : accord politique autour de la Commission von der Leyen II

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le 30 octobre 2024 à Bruxelles




La droite, le centre et les sociaux-démocrates ont trouvé un accord politique ce mercredi soir afin d’approuver la nouvelle équipe de la Commission européenne, ont indiqué des sources au sein des trois groupes du Parlement européen.Les chefs du PPE, de Renew et du groupe social-démocrate soutiennent l’ensemble des commissaires proposés, y compris l’Italien Raffaele Fitto, membre du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia. Le Parlement européen se prononcera lors d’un vote le 27 novembre à Strasbourg, pour une entrée en fonction du nouvel exécutif européen, présidé par Ursula von der Leyen, le 1er décembre.Les tractations ont été difficiles à Bruxelles. Le Parlement avait auditionné du 4 au 12 novembre les potentiels commissaires européens, mais les eurodéputés tardaient à évaluer les prestations des têtes d’affiche de la nouvelle équipe d’Ursula von der Leyen.Des tensions politiques Trois noms suscitaient un blocage : l’Espagnole Teresa Ribera (Transition écologique et concurrence), l’Italien Raffaele Fitto (Cohésion), tous deux vice-présidents potentiels de la future Commission, et le Hongrois Oliver Varhelyi, commissaire européen à la santé et au bien-être animal.La droite pointait du doigt la socialiste Ribera, actuelle ministre de Pedro Sanchez, l’accusant d’avoir mal géré les inondations meurtrières qui ont frappé son pays. Le PPE a attendu les explications de Teresa Ribera devant le Parlement espagnol ce mercredi, avant de sceller un accord au Parlement européen. La gauche et le centre dénonçaient pour leur part la vice-présidence attribuée à l’Italien Fitto, alors qu’il appartient à Fratelli d’Italia, le parti d’extrême droite de la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni. Ils critiquaient de même le profil du Hongrois Varhelyi, proche du Premier ministre nationaliste Viktor Orban, pour la santé. Les sociaux-démocrates se sont divisés jusqu’au bout sur le cas Fitto : les socialistes français ont plaidé en vain pour ne pas sceller d’accord avec les autres groupes si l’Italien conservait son titre de vice-président.Chez les écologistes, la Française Marie Toussaint a dénoncé cet accord, une “rupture historique et dramatique” en raison de l’arrivée d’un représentant de l’extrême droite comme vice-président de la Commission.



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Publish date : 2024-11-20 18:02:41

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Rupture de câbles en mer Baltique : le navire chinois qui intrigue le Danemark

Deux câbles de télécommunications ont été abîmés en mer Baltique en quarante huit heures entre la Finlande et l'Allemagne d'une part, la Suède et la Lituanie d'autre part.




La marine danoise s’intéresse, ce mercredi 19 novembre, à un bateau chinois, le Yi Peng 3, immobilisé à proximité des côtes du Danemark, après la rupture de deux câbles de télécommunications dans la mer Baltique, les dirigeants des pays nordiques n’excluant pas l’hypothèse d’un sabotage.Le vraquier, construit en 2001 et propriété de l’entreprise chinoise Ningbo Yipeng Shipping Co, était proche de la zone où le câble “C-Lion1” reliant la Finlande à l’Allemagne a été endommagé lundi, montre le site internet spécialisé Marinetraffic. La rupture du câble a été localisée au sud de l’île d’Öland dans les eaux suédoises, à quelque 700 kilomètres d’Helsinki.Current location of bulk carrier Yi Peng 3 🇨🇳

Vessel boarded after possibly damaging two sea telecom cables in the Baltic Sea🚢⚓️

🗺️ by @MarineTraffic 🚢 https://t.co/uFFXZbhNWk pic.twitter.com/ngIX2QsUR8— Troels Christensen (@tc_thrane) November 20, 2024La Défense danoise a annoncé mercredi qu’elle surveillait le bateau chinois, qui est à l’arrêt depuis mardi soir dans le Kattegat, entre le Danemark et la côte ouest de la Suède, selon Marinetraffic.Dans le sillage du Yi Peng 3″Nous sommes présents dans la zone proche du navire chinois Yi Peng 3″, a déclaré la Défense danoise dans un message à l’AFP. Le navire chinois se trouve actuellement entre 10 et 12 milles des côtes danoises, d’après les calculs de l’AFP. Jusqu’à 12 milles du rivage, n’importe quel navire peut être interpellé par la marine nationale du pays concerné. Le Yi Peng 3 avait quitté le port russe d’Oust Louga, à l’ouest de Saint-Pétersbourg, le 15 novembre, a signalé le site en ligne VesselFinder. Aucun élément ne l’incrimine pour le moment.La police suédoise, qui enquête depuis mardi sur des soupçons de sabotage, a confirmé qu’elle s’intéressait aux mouvements d’un bateau, sans préciser lequel. “La police et les procureurs suédois s’intéressent à un navire qui a été vu sur les sites en question. Il n’est pas actuellement dans les eaux suédoises”, a-t-elle écrit dans un communiqué. Interrogé par l’AFP à Copenhague, le ministre suédois de la Défense Pal Jonson a dit “ne pas pouvoir spéculer, pour l’instant, sur l’implication de navires en particulier”.De son côté, la diplomatie chinoise a rejeté tout soupçon. “La Chine a toujours rempli pleinement ses obligations en tant qu’État du pavillon et exige des navires chinois qu’ils respectent scrupuleusement les lois et les réglementations en vigueur”, a dit Lin Jian, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.”Paralyser la société”Dimanche matin, un autre câble de télécommunications, l'”Arelion”, reliant l’île suédoise de Gotland à la Lituanie, a été abîmé. “Détruire les télécommunications et d’autres types de câbles est une manière efficace de paralyser, en partie, la société”, a souligné mercredi le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, n’excluant pas l’hypothèse d’un sabotage. “Mais nous n’en savons rien pour l’instant”, a-t-il ajouté.Ces ruptures de câbles n’ont pas eu d’effet majeur : le trafic internet via l'”Arelion” a été rerouté en recourant à d’autres liaisons internationales et les clients ne sont pas affectés, a dit un porte-parole de la filiale lituanienne de l’opérateur suédois Telia. “Il faut démonter un grand nombre de câbles pour que cela se fasse ressentir”, a expliqué à l’agence de presse TT Mattias Fridström, le directeur d’Arelion. Les deux opérateurs ont néanmoins confirmé que les câbles avaient été endommagés par un impact extérieur.En raison des tensions autour de la mer Baltique, notamment avec la Russie, plusieurs dirigeants ont évoqué la possibilité d’une “attaque hybride” ou d’un “sabotage”. “Personne ne croit que ces câbles ont été coupés par accident”, a martelé mardi matin le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius. Mette Frederiksen, la Première ministre danoise, a abondé en ce sens. “Il y a un risque d’attaques hybrides, de cyberattaques et d’attaques contre les infrastructures essentielles”, a-t-elle dit à l’agence de presse Ritzau. Le Kremlin a de son côté jugé “risible” et “absurde” d’accuser la Russie.”Acteur extérieur””Nous suivons de près ce que disent les autorités compétentes et je ne serais pas surprise que ce soit un acteur extérieur qui ait procédé au sabotage”, a lancé Mette Frederiksen. Selon l’ONG Robin des bois, le Yi Peng 3 n’a fréquenté que des ports chinois (13), russes (quatre), turcs (deux) et un port indien depuis un an.Ces deux incidents, survenus à 48 heures d’intervalle, rappellent le sabotage en septembre 2022 des gazoducs Nord Stream, jusqu’ici non élucidé. En août, le Wall Street Journal a mis en cause l’ancien chef d’état-major de l’armée ukrainienne, une accusation qualifiée de “non-sens absolu” par Kiev.En octobre 2023, le Balticconnector, un gazoduc sous-marin entre la Finlande et l’Estonie, avait été endommagé, comme l’a ensuite montré l’enquête, par l’ancre d’un cargo chinois qui avait poursuivi sa route.Les tensions en mer Baltique ont augmenté depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022. La Russie voit l’augmentation de la présence de l’Otan près de ses frontières comme une provocation et une menace pour sa sécurité. Avec l’adhésion de la Suède, après celle de la Finlande, tous les Etats riverains de la mer Baltique, à l’exception de la Russie, sont désormais membres de l’Alliance atlantique.



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Publish date : 2024-11-20 16:34:17

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Les secrets de la réouverture de Notre-Dame de Paris : Rachida Dati et l’affaire des vitraux, ces millions en suspens

Des ouvriers installent le battant sur l'une des huit cloches de Notre-Dame de Paris.




A quoi songeront-ils, le 7 décembre, au moment de franchir l’un des trois portails, de fouler enfin les carreaux noirs et blancs de la nef, de lever les yeux vers la pierre, claire comme elle ne l’a jamais été ? Se remémoreront-ils ce soir du 15 avril 2019 quand, depuis le parvis, ils regardaient Notre-Dame de Paris brûler ? Auront-ils une pensée pour le général Georgelin, décédé à l’été 2023 après avoir impulsé la restauration de la cathédrale en un temps record ? Ou se laisseront-ils simplement porter par le moment, unique dans leur vie de président de la République, d’archevêque de Paris ou de responsable de chantier ? Certains, déjà, se projetteront sur l’après, sur les travaux non terminés, sur les querelles non résolues.Car il ne suffit pas d’avoir tranché les derniers réglages de la cérémonie de réouverture, en particulier le lieu de la prise de parole présidentielle, ni d’avoir garanti l’accès du public à la cathédrale, plusieurs questions agitent encore les couloirs de l’Elysée et les bureaux de la rue de Valois, les dîners de mécènes et les réunions d’amoureux du patrimoine. Pour que l’image de la réouverture de Notre-Dame soit belle, ils ont mis temporairement leurs différends en sourdine. Mais le sujet des vitraux contemporains, des sommes à trouver encore alors que 840 millions d’euros ont déjà été dépensés n’en ressurgiront qu’avec plus de fracas après le week-end de festivités. La suite de notre enquête dans les coulisses de la réouverture de Notre-Dame de Paris.3. “Il ne reste plus qu’à espérer que ce soit un chef-d’œuvre”A l’automne, le gouvernement Barnier doit bâtir en hâte un budget pour 2025. Consigne est donnée à tous les ministères de trouver des pistes d’économies ; la France vit au-dessus de ses moyens, il faut réduire les dépenses. Dans le bordereau récapitulatif du ministère de la Culture, un facétieux fonctionnaire glisse une ligne qui fait sourire ceux qui voient passer le document : il suggère de renoncer au projet de vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris et aux provisions envisagées dans cette perspective. Le secrétariat général du gouvernement, qui n’a aucune envie de se fâcher avec l’Elysée sur le sujet, efface discrètement la proposition, mais le geste est révélateur de la sourde guerre que mène une partie de la Rue de Valois contre le projet présidentiel et contre sa propre ministre, Rachida Dati.Tout commence en décembre 2023 lorsque Emmanuel Macron annonce, à l’occasion d’une visite sur le chantier, qu’il est favorable au remplacement, dans six chapelles de la nef, des grisailles créées par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc par des pièces contemporaines. La fronde est quasi immédiate. Pétition à plus de 140 000 signatures, tribunes dans les journaux, mobilisation des réseaux des uns et des autres, en quelques jours se rejoue la querelle des Anciens et des Modernes. L’Elysée, qui sent un vent mauvais se lever, laisse entendre qu’il n’a fait que répondre à une demande du diocèse. Ce dernier, qui n’est pas réputé pour son attachement patrimonial et a déjà bien d’autres objets de tiraillement avec le pouvoir, accepte de bonne grâce d’endosser la paternité du projet.Personne n’est dupe, c’est bien rue du Faubourg Saint-Honoré que sont prises les décisions. Volonté d’imprimer sa marque sur un monument qui, sans lui, n’aurait jamais repris vie en cinq ans, esprit de revanche pour avoir dû rebâtir à l’identique quand certains auprès de lui rêvaient d’apporter une touche très contemporaine, ou simple caprice d’un prince sans majorité qui refuse l’oubli ? Le monde politico-artistico-religieux se perd en conjectures pour comprendre l’obstination d’Emmanuel Macron. A ses côtés, un homme exerce une grande influence : Bernard Blistène, ancien directeur du Centre Pompidou, que beaucoup pensaient retiré des affaires publiques. Il est un proche du couple présidentiel. On l’a vu au côté de Brigitte Macron dans des expositions ou au Mobilier national, il était aussi le grand ordonnateur de la commande publique de 30 millions d’euros à de jeunes artistes lancée dans le plan de relance post-Covid. Le voici désormais “président du comité artistique chargé d’accompagner la création des vitraux”. Un comité qui passe outre toutes les règles en matière patrimoniale.Les opposants se frottent les mains tant ils ont d’arguments. Ils citent la charte de Venise, signée par la France en 1964, qui prévoit qu’on ne remplace pas des œuvres anciennes en bon état par de plus récentes. Ils se réjouissent du texte de l’Académie des Beaux-Arts, lancé à l’initiative d’Adrien Goetz, qui rappelle ces grands principes. Ils applaudissent lorsque les grands mécènes font savoir qu’ils ont payé pour déposer et nettoyer les vitraux de Viollet-le-Duc et ne comprendraient pas qu’on utilise leur argent à la création de nouvelles pièces. Didier Rykner, qui dirige la Tribune de l’art, devient la figure médiatique de la fronde. L’homme irrite souvent, certains le soupçonnent de choisir ses combats en fonction de ses intérêts propres, mais cette fois, peu importe, sa pétition constitue une formidable caisse de résonance, on se rassemble autour de lui.La pétition passe de 140 000 signatures à 240 000Alors qu’elle s’est stabilisée aux alentours de 140 000 signatures et que l’Elysée feint l’indifférence, un épisode lui donne un nouveau souffle. En juillet 2024, la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) se penche sur les vitraux de Notre-Dame. L’instance, composée de fonctionnaires de la Culture, d’experts et de représentants d’associations, rejette à l’unanimité le projet. L’avis n’est que consultatif, mais ceux qui connaissent la CNPA comprennent immédiatement l’ampleur du séisme. Ce jour-là, les représentants du ministère ont reçu consigne de voter pour le projet. Lorsque la réunion commence, Jean-François Hebert, le directeur des Patrimoines et de l’Architecture, présent en personne, qui sent la révolte gronder dans ses troupes, propose aux fonctionnaires de quitter la salle s’ils ne veulent pas prendre part au vote, manière habile de leur offrir une porte de sortie. Tous restent et votent contre les vitraux contemporains. Contre l’avis de Rachida Dati. Lorsqu’elle l’apprend, la ministre de la Culture passe quelques coups de fil pour faire connaître son courroux. Elle est d’autant plus en colère que l’avis de la CNPA n’a pas été sollicité par le ministère, la Commission a pris l’initiative de s’autosaisir. Pour la Rue de Valois, c’est un camouflet.Qu’à cela ne tienne, quelques semaines plus tard, le ministère de la Culture annonce que le processus de sélection des artistes se poursuit. Rachida Dati sait qu’elle n’a que des coups à prendre en lâchant le projet présidentiel : en devenant ministre, elle a lié son sort à celui d’Emmanuel Macron. Dans le VIIe arrondissement de Paris dont elle est maire, l’Eglise pèse d’un poids certain et sera un précieux soutien dans sa future conquête de l’Hôtel de Ville. En mars 2024, pour les 150 ans de la paroisse Saint-François-Xavier, elle pose avec l’archevêque et tweete tout sourire “une magnifique messe célébrée par @Mgr Ulrich”. En privé, lorsqu’on l’interroge sur les raisons de son soutien au projet de vitraux, elle répond d’une pirouette : “Comment voulez-vous que je refuse quelque chose à Mgr Ulrich, un homme qui prie pour moi tous les jours ?”L’archevêque de Paris Laurent Ulrich lors d’une conférence de presse avant la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, au Collège des Bernardins à Paris le 13 novembre 2024L’annonce du ministère de la Culture relance les oppositions. En quelques jours, la pétition de Didier Rykner recueille 100 000 signatures supplémentaires. Un homme ne l’a pas signé, mais manifeste son mécontentement. Le plasticien Pascal Convert, qui s’était porté candidat, jette l’éponge. Quelques jours plus tard, son associé maître verrier et lui reçoivent un courrier signé de Philippe Jost et Bernard Blistène regrettant “vivement cette décision”, “d’autant que nous connaissons son intérêt et son investissement personnel pour la cathédrale Notre-Dame de Paris”. Pascal Convert persiste, il refuse de participer à une procédure qui ne respecte aucune règle. Pour beaucoup, les jeux sont faits, tout cela n’est qu’une mascarade. La sélection de Daniel Buren pour des vitraux figuratifs, lui qui n’en a jamais fait mais a réalisé la verrière du jardin d’hiver de l’Elysée, n’en est-elle pas la preuve ? L’association Sites & monuments se prépare à une bagarre juridique en s’appuyant sur la législation en matière de protection des monuments historiques.En attendant, les artistes ont déposé le détail de leur projet au début du mois de novembre, et la sélection s’affine. Au Château, un conseiller murmure : “Ça se fera, on ira jusqu’au bout, il ne reste plus qu’à espérer que ce sera un chef-d’œuvre.”4. Et voilà qu’il faudrait encore payer ?Voilà quelques jours seulement que l’intérieur de la cathédrale est prêt à accueillir du public. Tout s’est fait dans la précipitation pour que soit tenu le délai de cinq années fixé par Emmanuel Macron. Depuis l’été, il a fallu enlever les échafaudages de la croisée du transept, terminer les accès pompiers, poser une partie du dallage calcaire sur le petit parvis, réinstaller le trésor et les Mays évacués après l’incendie. Il y a eu des imprévus, le sol intérieur était plus abîmé que prévu, les deux tiers des dalles ont dû être remplacées. Eclairage, sonorisation, le diocèse n’a eu que quelques jours pour tester une “marche à blanc”. Quelques-uns s’en inquiètent : la maîtrise, qui accompagnera les cérémonies de ses chants sacrés, n’a eu que peu d’occasions de répéter in situ. Jean-Charles de Castelbajac, qui a imaginé les vêtements liturgiques et les 120 bannières arborées par les paroisses de Paris, a prévu de rester en coulisses pour s’assurer de l’effet produit par ses créations.840 millions d’euros, jamais collecte n’avait suscité un tel enthousiasme. Dès les premiers jours qui ont suivi l’incendie en avril 2019, les donateurs affluent. Il y en a de petits, plus de 340 000 au total, de plus gros, voire de très très gros comme LVMH, la famille Pinault, les Bettencourt et quelques autres. Pourtant, depuis cinq ans, très peu de mécènes ont eu le privilège d’entrer dans la cathédrale, quelques-uns seront là pour la dernière visite présidentielle du chantier le 29 novembre, et très rares seront ceux qui pourront assister à l’une des cérémonies des 7 et 8 décembre. La Fondation du patrimoine, qui a recueilli les deux tiers des fonds de particuliers, ne dispose, par exemple, que d’un quota de 50 places pour chacun des deux jours et de 400 invitations pour la messe des donateurs le 11 décembre. Très faible au regard de ses 236 000 contributeurs. Elle a prévu de choisir les chanceux par tirage au sort. Les autres attendront pour découvrir la plaque leur rendant hommage dans la cathédrale.L’évêque du diocèse d’Aire-et-Dax, Mgr Nicolas Souchu, bénit les nouvelles chaises de Notre-Dame de Paris, signées de la designer Iona Vautrin, le 18 novembre 2024 à Hagetmau, dans les LandesIls ont donné sans exiger de contreparties. Ils ont même accepté de n’avoir aucune place dans la gouvernance d’un chantier dont ils étaient pourtant les seuls financeurs. Certes, un comité des donateurs se tenait une à deux fois par an, présidé par le général Georgelin d’abord, par Philippe Jost, son successeur, ensuite, mais il a parfois fallu batailler pour avoir des informations. “Nous avons insisté pour avoir un budget, cela a été long, explique Guillaume Poitrinal, le président de la Fondation du patrimoine. Nous avons aussi insisté pour que la destination des fonds soit cohérente avec la collecte, il y a eu parfois des débats sur des frontières un peu floues.”Dans les premiers mois, en l’absence d’appels d’offres, il y a eu aussi des interrogations sur le prix payé aux entreprises intervenant sur le chantier. Des questions vite balayées par le général Georgelin au nom de l’urgence et de la nécessité, mais qui n’étaient pas sans fondement, comme le confirme ce chef d’entreprise qui a travaillé sur la phase de sécurisation du site et a vu ses devis acceptés sans négociation : “Des délais fous comme ceux-là, ça se paye, et ils en avaient les moyens. Pour une fois, nous avons été payés à notre juste valeur. Ce n’est que rarement le cas en matière de monuments historiques.” Dans ses deux rapports en 2020 et 2022, la Cour des comptes avait noté ce point sans y voir de malversations manifestes.”Encore ? Mais on a déjà donné ! “Durant les cinq ans qui ont suivi l’incendie, les mécènes ont parfois dû remettre au pot. Les dépenses qui échouaient au diocèse – le mobilier liturgique, mais aussi la reconstruction d’un éclairage, les vêtements des officiants… – ne pouvaient être prises en charge par la souscription nationale, il a fallu lancer un nouvel appel de fonds. L’exercice n’a pas toujours été simple. Il manque encore 200 000 euros à l’Eglise pour boucler son budget de 7 millions d’euros. La maîtrise de Notre-Dame se souvient des réponses de certains mécènes lorsqu’elle les sollicitait pour traverser la période de fermeture de la cathédrale : “Encore ? Mais on a déjà donné !”Et voilà qu’il faudrait encore payer ? Car si la réouverture de la cathédrale aura bien lieu le 7 décembre, les travaux nécessaires à sa complète remise en état sont loin d’être terminés. Ici, une grue jaune fend encore le ciel à l’arrière du bâtiment, le chevet est toujours couvert d’échafaudages, et les arcs-boutants latéraux restent cintrés de bois. Un nouveau cycle de travaux démarrera au début de 2025, dès les festivités de la réouverture achevées. Tous ne sont pas liés à l’incendie, mais au nécessaire entretien d’un bâtiment vieux de huit cents ans, soumis aux intempéries et à la pollution urbaine. Ils portent en priorité sur la restauration du chevet et de la sacristie. D’autres seront nécessaires, en particulier dans les tours, qui ne pourront pas rouvrir à la visite avant l’été 2025, après la découverte de nouvelles fragilités.L’établissement public chargé de la restauration de Notre-Dame va devoir faire des choix. Car s’il reste environ 140 millions d’euros de la collecte initiale, que les mécènes ont accepté de consacrer à la suite des travaux, la somme ne sera pas suffisante pour couvrir l’ensemble des besoins. En plusieurs endroits, de nouvelles pathologies ont été repérées, des diagnostics sont en cours. Si l’idée d’une collecte supplémentaire est regardée avec lassitude du côté des mécènes français, voire totalement rejetée dans l’hypothèse de la création de viotraux contemporains, l’établissement public espère solliciter les donateurs américains, notamment via Friends of Notre-Dame de Paris. “Depuis cinq ans, nous n’avons pas travaillé sur de nouveaux appels de fonds, c’est maintenant le moment compte tenu des travaux à engager”, note Philippe Jost, le président de l’établissement public chargé de la restauration de Notre-Dame.Certains voient dans l’activisme de l’établissement public, conçu comme une institution éphémère dissoute dès la reconstruction finalisée, l’envie de subsister bien au-delà de son échéance naturelle. Philippe Jost s’en défend : “Nous sommes un établissement de mission. Cela n’aurait aucun sens de perdurer indéfiniment pour conduire des projets beaucoup plus petits, nous ne sommes pas construits pour cela.” La nouvelle phase de travaux doit durer jusqu’en 2028. Au même moment seront aménagés les abords de Notre-Dame sous l’autorité de la Ville, qui a prévu d’y consacrer 50 millions d’euros, mais aussi, s’il doit finalement voir le jour et si les sommes nécessaires sont trouvées, le musée de Notre-Dame de Paris dans les murs de l’Hôtel-Dieu tout proche. Le pari des cinq ans a été tenu, mais il en faudra sans doute presque autant pour que l’île de la Cité retrouve sa sérénité d’antan.



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Author : Agnès Laurent

Publish date : 2024-11-20 17:00:00

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