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L’Express

Ambassadeur des Etats-Unis en France : la nouvelle nomination polémique de Donald Trump

Charles Kushner assiste aux funérailles d'Ivana Trump à l'église catholique romaine St. Vincent Ferrer le 20 juillet 2022 à New York.




C’est une affaire de famille. Donald Trump a annoncé, ce samedi 30 novembre, nommer Charles Kushner comme ambassadeur des Etats-Unis en France. Rien de moins que le père de son gendre et ex-conseiller, Jared Kushner. Ce magnat de l’immobilier, qui lui aussi a connu des démêlés avec la justice, sera envoyé à Paris pour “renforcer le partenariat entre les Etats-Unis et la France, notre plus ancien allié et l’un de nos plus solides”, a expliqué le président américain élu sur son réseau, Truth Social.Charles Kushner a passé un an dans une prison fédérale pour des malversations fiscales et avait été gracié par Donald Trump vers la fin de son premier mandat à la Maison-Blanche – un passé judiciaire qui interroge pour un diplomate américain. Son fils, Jared Kushner, est le mari d’Ivanka Trump, la fille aînée du président, et a été conseiller auprès de Donald Trump, notamment sur le Moyen-Orient, lors de son premier exercice du pouvoir.Aujourd’hui âgé de 70 ans, Charles Kushner a un temps passé les rênes à son fils pour diriger l’empire immobilier familial, Kushner Companies, car il a dû purger une peine d’emprisonnement après avoir plaidé coupable en 2004 de fraude fiscale, subornation de témoins et contributions illégales à des campagnes électorales.L’homme d’affaires a notamment reconnu des actes sordides dans le cadre de cette affaire : il avait engagé une prostituée pour séduire son beau-frère, qui collaborait à une enquête sur des financements de campagne. Charles Kushner avait filmé la rencontre entre eux à sa sœur, l’épouse de cet homme, pour la dissuader de témoigner contre lui.Choix polémiqueDonald Trump a qualifié Charles Kushner de “chef d’entreprise génial”, de “philanthrope” et de “bon négociateur”, sans jamais rappeler ses déboires judiciaires. Depuis son élection face à Kamala Harris le 5 novembre, le républicain multiplie les nominations fracassantes au sein de son administration, en s’entourant de fidèles au profil souvent polémique.Il a notamment nommé comme ministre de la Santé Robert F. Kennedy Jr, un homme notoirement sceptique vis-à-vis des vaccins. Le milliardaire Elon Musk doit lui co-diriger une commission chargée de tailler dans les dépenses publiques.Donald Trump a également nommé comme ministre de la Défense Pete Hegseth, un présentateur de Fox News qui a fait l’objet d’une enquête pour agression sexuelle, sans qu’une plainte ne soit déposée. Le tribun républicain a également tenté d’imposer Matt Gaetz, un parlementaire accusé d’avoir eu une relation sexuelle avec une mineure, pour le ministère de la Justice. Mais face au tollé déclenché par ce projet, l’intéressé a fini par renoncer.A sa place, le président élu a choisi une de ses ex-avocates, Pam Bondi. Elle sera secondée au ministère de trois des avocats personnels du milliardaire – Todd Blanche, Emil Bove et John Sauer. Leur mission est claire : mettre fin à ce que Donald Trump, condamné au pénal fin mai, estime être une “instrumentalisation” de la justice, et devenir le bras armé de sa vengeance.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/ambassadeur-des-etats-unis-en-france-la-nouvelle-nomination-polemique-de-donald-trump-NB5XT7CE7BBLTAHM63RGQAT3GQ/

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Publish date : 2024-12-01 07:55:44

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Quelle imposition pour les cryptomonnaies ? Ce qu’il faut savoir sur ce régime fiscal bien particulier

Money




Peu à peu, les cryptomonnaies s’imposent dans l’univers de la finance comme des produits à part entière. Les lancements, aux Etats-Unis, d’un ETF bitcoin et d’un ETF Ethereum par des géants de la place, tels que BlackRock et Fidelity, ont propulsé ces actifs numériques sur le devant de la scène. L’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis et la nomination d’Elon Musk, fervent défenseur de la cryptosphère, à la tête d’un ministère, ont fait s’envoler bon nombre de cryptomonnaies et notamment le bitcoin, qui caracole à des niveaux historiques proches des 100 000 euros.L’Europe n’est pas en reste. En mettant en place, fin décembre 2024, la réglementation Mica (Markets in Crypto-Assets) sur les actifs numériques, elle leur offre une respectabilité. Résultat, les cryptomonnaies vont peu à peu intégrer les portefeuilles des investisseurs institutionnels et des particuliers en quête de diversification. Etant donné les progressions enregistrées récemment, bon nombre de portefeuilles existants enregistrent déjà des plus-values. Quel est leur régime de taxation ? Dès lors que le montant cédé sur l’année dépasse 305 euros, elles sont imposées à la flat tax de 30 %. Les gains de chaque année civile sont à déclarer sur un formulaire spécifique. Bref, le mécanisme est le même que pour les profits enregistrés en Bourse, avec toutefois quelques subtilités.La plus-value latente, critère essentielTout d’abord, pour les cryptos, vous n’avez rien à déclarer au Trésor public tant que vous ne les échangez pas contre des euros ou toute autre devise. Cela signifie que si vous vendez vos éthers pour acheter des bitcoins, vous ne serez pas taxé, même si cette opération est profitable. Il en est de même si vous vendez votre cryptomonnaie contre des stablecoins. Il s’agit de monnaies numériques ayant la particularité d’avoir une valeur fixe dans le temps, équivalente à la monnaie fiduciaire sur laquelle elles sont adossées : 1 dollar si le stablecoin est adossé au dollar, comme l’USDC et de l’USDT, ou 1 euro s’il est aligné sur l’euro, à l’image de l’EURC et de l’EURCV.Enfin, la plus-value enregistrée lors de la revente d’une partie de votre portefeuille contre une monnaie officielle est à calculer non pas sur ce que vous avez vendu mais sur ce que vous auriez pu vendre. Ce qui compte, c’est la plus-value latente globale de votre portefeuille. Le fisc calcule d’abord le taux de plus-value du portefeuille global. Il applique ensuite ce taux au montant issu de la vente des cryptos contre de l’euro pour déterminer la plus-value taxable soumise au taux de 30 %. Ce qui suppose de connaître précisément le prix d’achat de ses différentes cryptos en portefeuille. Un exercice qui peut se révéler fastidieux.



Source link : https://www.lexpress.fr/argent/impots/quelle-imposition-pour-les-cryptomonnaies-ce-quil-faut-savoir-sur-ce-regime-fiscal-bien-particulier-YR2HQZUCPNCXNE4HNETREMBLBU/

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Publish date : 2024-12-01 10:00:00

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En Géorgie, la présidente pro-européenne ne s’en ira pas avant l’élection d’un “Parlement légitime”

La présidente géorgienne Salome Zurabishvili lors d'une manifestation à Tbilisi le 28 novembre 2024




La présidente pro-européenne de Géorgie, Salomé Zourabichvili, a annoncé ce samedi 30 novembre qu’elle refuserait de rendre son mandat, qui se termine cette année, sans l’organisation de nouvelles législatives. “Tant qu’il n’y aura pas de nouvelles élections et un Parlement qui élira un nouveau président selon de nouvelles règles, mon mandat se poursuivra”, a-t-elle déclaré dans un entretien à l’AFP.La Géorgie est déchirée depuis que le parti au pouvoir, Rêve géorgien, a déclaré sa victoire aux législatives du 26 octobre, que les partis d’opposition pro-UE ont dénoncées comme entachées d’irrégularités. Ces derniers boycottent le nouveau Parlement, et Salomé Zourabichvili a cherché à faire annuler les résultats des élections par la Cour constitutionnelle. “Personne en dehors de la Géorgie, parmi nos partenaires démocratiques, n’a reconnu les élections”, souligne celle qui se présente comme la “seule institution légitime du pays”.Le Parlement nouvellement élu, qu’elle juge illégitime, a annoncé qu’il élirait le prochain président le 14 décembre et que son investiture pour un mandat de cinq ans aurait lieu le 29 décembre. La semaine dernière, Rêve géorgien a désigné Mikheil Kavelachvili, ex-footballeur entré en politique à l’extrême droite, comme son candidat à ce poste.En vertu des changements constitutionnels imposés par ce parti en 2017, le président sera pour la première fois choisi par un collège électoral plutôt que par un vote populaire. Rêve géorgien contrôlant le collège électoral, l’élection de Mikheil Kavelachvili est considérée comme acquise.”Transition stable”Mais pour Salomé Zourabichvili, 72 ans, “lorsque les élections ne reflètent pas la volonté du peuple, alors le Parlement n’est pas légitime, ni le gouvernement, ni le président qu’ils doivent élire”. Ancienne diplomate française née à Paris, elle annonce avoir mis en place samedi un “conseil national” composé de partis d’opposition et de représentants de la société civile, qui assurera “la stabilité dans ce pays”.”Je serai la représentante de cette transition légitime et stable, a-t-elle dit, lançant ce message à la communauté internationale. Pas de relations avec des représentants illégitimes de ce pays. Faites des affaires avec nous, nous représentons la population géorgienne.” “Je suis très optimiste”, a-t-elle poursuivi, “car il se passe ici quelque chose que nous n’avons pas vu dans l’espace post-soviétique, c’est-à-dire une société qui prend son avenir en main”. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues depuis un mois pour protester contre la fraude électorale présumée et soutenir les efforts de la présidente pour organiser de nouvelles élections.”Confiants”La déclaration jeudi du Premier ministre Irakli Kobakhidzé, selon laquelle la Géorgie, candidate à l’UE, ne cherchera pas à ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Union européenne avant 2028, a déclenché une nouvelle vague de manifestations. Des dizaines de personnes ont été arrêtées. Samedi soir, des affrontements ont opposé manifestants pro-UE et policiers devant le parlement à Tbilissi.Après le scrutin d’octobre, un groupe d’observateurs électoraux du pays a déclaré avoir des preuves d’un système complexe de fraude à grande échelle. Ce qu’a nié Rêve géorgien. Au pouvoir depuis plus d’une décennie, ce parti est accusé par ses détracteurs d’éloigner le pays de l’UE et de le rapprocher de la Russie.Bruxelles a exigé une enquête sur ce qu’elle a qualifié de “graves” irrégularités et déclaré qu’elle enverrait une mission à Tbilissi dans les semaines à venir. Cette mission de l’UE doit “nous aider à mettre en place de nouvelles élections”, a souligné Salomé Zourabichvili. “Nous sommes très confiants dans le fait que nos partenaires seront là où se trouve la population géorgienne”, a-t-elle conclu, en référence à Bruxelles et Washington.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/en-georgie-la-presidente-pro-europeenne-ne-sen-ira-pas-avant-lelection-dun-parlement-legitime-MIBCN5CXLBE7VMVKVI3V65WDOU/

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Publish date : 2024-12-01 08:50:59

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De Turin à la Sardaigne, le renouveau du polar italien en quatre romans haletants

Turin, Le Mole




Leurs livres ont la saveur des pasta e fagioli, des sucaï ou des cannoli ; ils nous perdent dans les brumes de Turin ou de la plaine du Pô, dans les ruelles de Parme ou de Cagliari. Longtemps, pour le lecteur hexagonal, le roman policier italien s’est résumé à Giorgio Scerbanenco ou à Andrea Camilleri – l’âge et le goût faisant pencher plutôt d’un côté ou de l’autre. Récemment, quelques auteurs inspirés ont pris la relève sur la scène noire transalpine, désormais plus fréquemment traduite en français. Aux anciens, ils ont emprunté l’ancrage dans les territoires et l’attachement aux contextes sociaux. Mais ils ont su se renouveler en créant une ribambelle de personnages d’enquêteurs, si remarquables qu’on se souvient davantage d’eux que des intrigues qu’ils dénouent.Parmi les auteurs à (re) découvrir en cet automne 2024 : Piergiorgio Pulixi, dont nous avons déjà parlé dans ces pages. Son premier livre traduit en français, L’Ile des âmes (chez Gallmeister) s’autorisait une fascinante plongée en Sardaigne, dans les croyances et les magies de l’île à la suite de deux enquêtrices, Mara Rais et Eva Croce, également héroïnes de ses trois romans suivants. Le cru 2024 de Pulixi, La Librairie des chats noirs, peut dérouter tant il diffère des précédents. Avec son libraire spécialisé dans le roman policier, ses deux chats nommés Poirot et Miss Marple, et son club de lecture, “les enquêteurs du mardi” avides de résoudre des crimes, il prend la forme d’un exercice de style, façon Agatha Christie en terre sarde. Mais les préventions éventuelles contre le genre tombent rapidement grâce au personnage principal, le libraire Marzio Montecristo. Sous ses apparences de “vieille demoiselle anglaise” si acariâtre que sa vendeuse préfère le savoir loin de la boutique pour garder quelques clients, il se révèle un enquêteur hors pair. Et le seul capable de débusquer le tueur qui traumatise la ville en demandant à sa victime qui, de deux êtres chers, elle préfère voir mourir avant d’assassiner l’heureux élu sous ses yeux.Enquêteurs désabusés, Monstre de Florence…Autre très bonne surprise, le retour de Davide Longo avec Une colère simple (Le Masque/Lattès). Après L’Affaire Bramard, où il mettait en piste l’ancien commissaire Corso Bramard, il se concentre cette fois, comme dans Les Jeunes Fauves, sur son “héritier”, Vincenzo Arcadipane. Quinquagénaire désabusé qui redoute d’avoir perdu son flair, il promène ses états d’âme dans les rues de Turin jusqu’à ce qu’un fait divers inhabituel relance ses talents d’enquêteur. Lui seul remarque toute l’étrangeté d’une agression commise contre une femme à la sortie du métro, lui seul s’interroge sur les aveux si facilement obtenus d’un jeune homme arrêté immédiatement après. On adore ce personnage qui suce toute la journée des sucaï, ces gommes au goût de réglisse qu’on ne trouve qu’en Italie, pour mieux affronter les bas-fonds d’Internet dans lesquels son enquête le plonge. Un monde contemporain auquel cet homme ne comprend pas grand-chose, lui qui est empreint de la nostalgie du Turin d’hier “quand un ingénieur de Toulon venait rectifier les lignes de l’usine Fiat”, qui est divorcé mais passe une fois par semaine payer la pension alimentaire à son ex pour ne pas perdre le contact et qui renâcle quand sa psy lui ordonne de prendre trois rendez-vous sur un site de rencontre pour tourner la page.A noter également, la série du commissaire Soneri, écrite par le journaliste Valerio Varesi. Si La Stratégie du lézard, sorti au printemps chez Agullo, se perd dans des péripéties politiques un peu trop complexes pour être vraiment convaincantes, elle n’efface en rien la réussite des huit autres enquêtes. On y découvre notamment la ville de Parme et ses environs, où règne une atmosphère très particulière en raison des brumes qui montent du Pô et qui permettent de dissimuler bien des turpitudes et des illégalités, comme l’évoque le titre du premier opus, Le Fleuve des brumes sorti en 2016. Mais les auteurs italiens ne font pas que dans le polar d’ambiance, ils s’attaquent aussi aux grands crimes de leur pays, comme Sandrone Dazieri avec Le Fils du magicien, à paraître mi-janvier chez Robert Laffont. Le roman revisite l’histoire du Monstre de Florence, auteur de huit doubles meurtres entre 1968 et 1985, en s’invitant dans les interstices de l’enquête officielle et en offrant une lecture originale, parce que centrée sur l’environnement social, aux amateurs de tueurs en série.La Librairie des chats noirs, par Piergiorgio Pulixi, trad. par Anatole Pons-Reumaux, Gallmeister, 288 p., 22,90 €.Une colère simple, par Davide Longo, trad. par Marianne Faurobert, Le Masque/Lattès, 400 p., 22,50 €.La Stratégie du lézard, par Valerio Varesi, trad. par Florence Rigollet, Agullo, 352 p. , 22,90 €.Le Fils du magicien, par Sandrone Dazieri, trad. par Delphine Gachet, Robert Laffont, 192 p., 18 €.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/livre/de-turin-a-la-sardaigne-le-renouveau-du-polar-italien-en-quatre-romans-haletants-2UB5LXFUGRDPRF742SK27CVAIM/

Author : Agnès Laurent

Publish date : 2024-12-01 09:00:00

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Où en est l’épidémie de VIH en France ? Nos infographies pour tout comprendre

Les infections au virus de l'immunodéficience humaine (VIH) sont tombées en 2023 à leur plus bas niveau historique, dans une fourchette entre un million et 1,7 million, selon le bilan annuel de l'agence Onusida




“On est dans le dernier kilomètre, remarque Sandrine Fournier, porte-parole du Sidaction, mais pour vaincre cette épidémie, il faut un dernier coup de fouet. On n’a pas le temps de se relâcher.” Plus de quarante ans après la découverte du virus, il est aujourd’hui possible de vivre une vie normale quand on est séropositif au VIH, à condition de connaître son statut sérologique et d’être sous traitement. Or en 2023, Santé publique France estime que plus de 10 000 personnes vivent avec le virus en France sans le savoir. Plus que jamais, l’association rappelle donc l’importance du dépistage. Et sur ce plan, les derniers chiffres disponibles sont plutôt encourageants.Plus de 7,5 millions de recherches sérologiques du VIH ont été réalisées l’an dernier, une très nette augmentation par rapport à l’année 2022, qui avait déjà vu le nombre de dépistages retrouver son niveau d’avant le Covid-19. “Cette hausse est clairement le produit de l’action politique”, salue le Sidaction, en référence au décret qui a rendu le dépistage du VIH gratuit, sans rendez-vous et sans ordonnance, dans tous les laboratoires d’analyses médicales de France depuis le 1er janvier 2022. A noter que pour les moins de 26 ans, cette gratuité a été élargie au dépistage de quatre autres infections sexuellement transmissibles (les infections à chlamydia, gonocoque, syphilis ou au virus de l’hépatite B) à partir du 1er septembre 2024.Mécaniquement, cette hausse des dépistages a entraîné une hausse des cas positifs détectés. Ainsi en 2023, près de 5 500 personnes ont découvert leur séropositivité – c’est à peu près le niveau des infections dépistées avant le Covid-19. Pour Sandrine Fournier, du Sidaction, “c’est encourageant, cela veut dire qu’on rattrape des gens, avant que leur situation ne devienne trop grave.”En effet, le VIH est un virus qui s’attaque à certains de nos lymphocytes (ce qu’on appelle également les “globules blancs”) qui constituent notre système immunitaire. En l’absence de traitement, ces cellules touchées se multiplient. L’immunité des personnes infectées non-traitées diminue progressivement, jusqu’a atteindre un stade avancé où elles peuvent alors développer un ensemble de maladies opportunes. On parle alors de syndrome d’immunodéficience acquise – le Sida. En 2023, 43 % des diagnostics ont été réalisés à un stade tardif, comme le pointe Santé publique France.A l’inverse, lorsque le virus est détecté à un stade précoce, une mise sous traitement rapide permet de réduire la présence du virus dans l’organisme jusqu’à ce qu’il devienne indétectable. Autrement dit, lorsque la personne séropositive réalise ses analyses, sa charge virale a été réduite à un point où les techniques de laboratoire actuelles ne permettent pas de détecter le virus dans le sang. A ce stade, la personne infectée mène une vie tout à fait normale et ne transmet même pas le virus à ses partenaires sexuels. C’est d’ailleurs le message répété inlassablement par les associations ces dernières années : “I = I”, soit charge virale indéctable = virus intransmissible. “Je ne sais pas pourquoi, mais ça n’imprime pas”, déplore Sandrine Fournier.L’AME, une arme essentielle contre la prolifération du virusAujourd’hui en France, toutes les populations ne sont pas égales face à la contamination. “L’image d’Epinal” de la personne séropositive est souvent celle d’un homme blanc, homosexuel, âgé de 25 à 50 ans, mais dans les chiffres, cette image est de moins en moins vraie. La part des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes parmi les séropositifs a baissé entre 2019 et 2023 (et plus encore si on remonte jusqu’en 2012). En revanche, toutes les catégories de personnes nées à l’étranger sont en augmentation, à commencer par la part des femmes hétérosexuelles nées à l’étranger, qui représentent plus d’un quart des nouveaux cas découverts.”Il ne faut en aucun cas stigmatiser ces personnes”, alerte la porte-parole du Sidaction, en rappelant qu’un peu moins de la moitié des personnes migrantes dont on découvre la séropositivité en France ont été contaminées dans l’Hexagone. Pour Sandrine Fournier, “cela montre bien que la précarité et l’éloignement du système de soin sont des facteurs qui facilitent la prolifération du virus et l’infection de publics fragiles.”Dans ce contexte, les débats au sein du gouvernement sur une éventuelle suppression de l’aide médicale d’Etat inquiètent beaucoup les associations qui craignent un recul des dépistages parmi certaines des populations les plus à risque. Dans le monde en 2023, environ 40 millions de personnes vivraient avec le VIH, d’après le Programme commun des Nations unies sur le VIH-Sida. 1,3 millions auraient été contaminées au cours de l’année 2023.



Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/ou-en-est-lepidemie-de-vih-en-france-nos-infographies-pour-tout-comprendre-7XUWXGXZARB4PHVXAKKGPDVEYY/

Author : Mathias Penguilly

Publish date : 2024-12-01 08:30:00

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Face à la Russie de Vladimir Poutine, la tech finlandaise se militarise à marche forcée

Les micro-satellites de IceEye servent notamment à l'Ukraine en guerre contre la Russie.




D’Angry Birds aux satellites à basse orbite. Ces dix dernières années, la tech finlandaise a brillé dans le domaine du jeu vidéo, des succès du studio Supercell aux célèbres oiseaux revanchards de Rovio. La guerre en Ukraine a tout changé. La crainte d’un conflit direct avec l’agresseur russe frontalier habite désormais toutes les têtes. La Finlande, comme la Suède et la Norvège, ont récemment actualisé les conseils adressés à ses habitants en cas d’attaque future. La semaine dernière, les câbles de télécommunications “C-Lion1” et “Arelion” ont été sectionnés au fond de la mer Baltique. Bien que l’incident n’ait pas encore été formellement attribué à la Russie, il rappelle à tous ces pays que le conflit ne se limite pas au Donbass, mais s’étend aux infrastructures stratégiques et au cyberespace. Et qu’en définitive, les humains sont plus méchants que les cochons virtuels. Dans ce contexte, les start-up finlandaises se tournent de plus en plus vers les technologies à double usage, militaire et civil, à l’exemple des micro-satellites nouvelle génération lancés par IceEye.Installée dans la deuxième plus grande ville de Finlande, Espoo, voisine d’Helsinki, l’entreprise incarne bien ce changement de priorité. Fondée en 2014, IceEye – l’oeil de glace – se concentre dans un premier temps sur la surveillance terrestre de phénomènes naturels, comme la dérive de la banquise de mer. Mais sa technologie radar à synthèse d’ouverture (SAR) permet bientôt d’aller plus loin en fournissant des images précises du sol dans n’importe quelle condition météorologique, à travers les nuages ou dans le noir le plus complet, à 500 km au-dessus de la Terre. Un savoir-faire qui intéresse beaucoup plus les Etats au climat accueillant. Le Brésil, notamment, sous couvert d’une surveillance de ses forêts menacées par la déforestation – un accord critiqué, mené par une administration Bolsonaro faisant plutôt partie du problème que de la solution. Puis directement les armées. En 2022, grâce à l’argent des donations internationales, l’Ukraine devient officiellement cliente de IceEye.Sur un écran de télévision, le cofondateur d’origine polonaise, Rafal Modrzewski, montre comment ses satellites arrivent à modéliser des bases russes avec une résolution de 25 centimètres, en actualisant le cliché toutes les deux heures. Dans le cadre de ce conflit, il améliore sa technologie plus vite, se servant des retours sur place. Dernièrement, IceEye a introduit un système de colorimétrie permettant de distinguer des troupes en activité, jusque dans d’épaisses forêts de pins sibériens. “La sécurité d’un Etat dépend maintenant des yeux que l’on a dans le ciel”, indique Rafal Modrzewski, qui compte une constellation d’une quarantaine d’appareils. IceEye a levé au total plus de 438 millions de dollars depuis sa création. Avec également Kuva Space ou ReOrbit, le “New Space” (nouveau spatial) finlandais est aujourd’hui le troisième mieux financé du continent derrière le Royaume-Uni et la France, renseigne un rapport publié à la mi-novembre par Dealroom sur l’état de la défense scandinave.”New Defence”Dans un Etat longtemps forcé à la neutralité par la Russie, IceEye, n’est que la pointe de l’iceberg. D’après Tesi, une société d’investissement publique locale, 144 start-up grandissent actuellement “rapidement” dans la défense, avec 30 à 40 % de croissance par an en moyenne pour les technologies à double usage. Les créations d’entreprises grimpent en flèche, plus d’une dizaine par an dans ce secteur, toujours selon Tesi. Sauli Eloranta, directeur défense du VTT, le centre de recherche technique public, appelle cet essor des technologies duales la “New Defence”. Une référence au “New Space”. Les gouvernements s’intéressent de plus en plus aux entreprises privées, car celles-ci sont agiles, rapides et réactives. En effet, elles ne dépendent pas nécessairement des contrats de défense à long terme, et peuvent grandir grâce à des contrats civils.La guerre sur le sol européen change la donne pour ce secteur. Le créateur de Sensofusion, Tuomas Rasila, a ainsi longtemps hésité avant de laisser son détecteur de drones d’une grande légèreté (5 kg) et monté sur trépied être utilisé sur le champ de bataille ukrainien. Pas encore sûr de son efficacité, il a eu peur d’être vu comme un “profiteur” du conflit. “Je pensais que mon produit aurait du succès auprès des aéroports”, glisse-t-il. Comme IceEye, Sensofusion a cependant été rattrapé par les conflits armés. Outre l’Ukraine, la start-up finlandaise équipe les services de sécurité israéliens, lesquels revendiquent avoir stoppé 70 attaques de drones à leur frontière, et même d’avoir pu arrêter des pilotes. Tuomas ne peut s’empêcher d’ouvrir son ordinateur et de dévoiler une image “volée” à un drone russe en action – son détecteur peut aussi aspirer les données et prendre le contrôle de l’appareil.Il n’est pas nécessaire d’aller en Ukraine pour voir ces technologies de défense en situation. Janne Hietala, de Kelluu, a reçu l’autorisation, compte tenu de la menace qui pèse sur la Finlande, de promener son dirigeable de pointe fonctionnant à l’hydrogène le long des 1 370 kilomètres de la frontière qui la sépare de la Russie. Il y évoque des “nuisances hebdomadaires”, sans en dire plus. Il s’agit en tout cas d’un lieu où les tensions ne devraient que s’accroitre, alors que l’Otan, à laquelle vient d’adhérer la Finlande, compte y installer une base proche. L’alliance multiplie par ailleurs les exercices dans l’Arctique. “Cette nouvelle frontière terrestre élargie de l’Otan avec la Russie crée des conditions inédites pour la plupart des alliés”, indique à L’Express Janne Hietala, qui comme IceEye et Sensofusion destinait plutôt son appareil chromé d’une dizaine de mètres de long à des usages civils. Ce dernier voit une opportunité pour les compagnies finlandaises, habituées à cet environnement difficile. “La Finlande est petite, mais elle est plus forte que sa taille ne le laisserait supposer pour soutenir la défense des alliés de l’Otan”, veut-il croire. “Nous possédons une longue expertise en matière d’opérations efficaces dans des environnements exigeants, depuis les conditions arctiques jusqu’aux scénarios de menaces hybrides, et ce, tout au long de notre histoire. Cette capacité d’adaptation, associée à l’innovation technologique de pointe des start-up et des entreprises établies, nous donne un avantage concurrentiel”, abonde, Marianna Mattila, spécialiste défense au sein de la firme Reaktor, spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA).Besoin d’exporterUn critère important pour une tech finlandaise qui, tous domaines confondus, a toujours eu besoin de s’exporter en raison de son petit marché local de seulement 5,4 millions d’habitants. Avec succès jusqu’ici, grâce à des technologies axées vers le grand public, à l’image des jeux vidéo sur mobiles ou des téléphones portables ultra-robustes longtemps commercialisés par Nokia. Le double usage n’échappe pas à la règle. Conforté par les succès de IceEye – déjà près de 10 contrats avec des armées – ou de Sensofusion dont le boîtier à 160 000 euros a séduit le département de la Défense américaine et la Nasa, Tesi espère atteindre 10 milliards d’euros d’exportations grâce à ce type technologies d’ici à 2030. “Désormai, une plus grande partie des dépenses militaires est directement consacrée aux besoins opérationnels, ce qui ouvre des portes aux entreprises compétentes, que l’on voit de plus en plus sur le terrain”, souligne Tuomas Rasila, de Sensofusion.Le montant reste ambitieux. Se concentrer sur le froid extrême et les environnements hostiles, proposer des articles à prix réduit : ces éléments peuvent ne pas être suffisants. Des raisons stratégiques, de souveraineté, même au sein de l’Europe, limitent aussi les perspectives. “La défense est un marché extrêmement complexe, très régulé, dont il n’est pas toujours facile de connaître les vrais besoins”, explique de son côté Sauli Eloranta, du VTT. Certaines compagnies s’agacent cependant de cette lenteur. “Un grand navire tourne toujours très lentement”, commente Janne Hietala de Kelluu, qui n’hésite pas à critiquer le projet de drone européen (eurodrone). Selon lui, un projet “dépassé avant même d’être opérationnel et coûtant des milliards d’euros aux contribuables”. Il appelle à changer “les politiques et les règlementations en place” afin d’introduire plus de technologies civiles. Mais auraient-elles des répercussions à ce stade en Ukraine ? “Les drones et l’intelligence artificielle jouent un rôle important, mais le véritable tournant ne peut se produire que si l’Europe soutient davantage l’Ukraine, car la Russie, elle, est en économie de guerre”, rétorque Sauli Eloranta, appelant à la patience. “Il faut que les technologies soient dignes de confiance, et cela prend du temps.” L’homme siège au sein du conseil d’administration du “Digital Defence Ecosystem”, un réseau créé en 2022 juste après le début de la guerre, et réunissant pour l’heure une quarantaine d’entreprises prêtes à collaborer dans le domaine. “Plus on en aura, plus le gâteau deviendra grand et on pourra exporter davantage”, affirme-t-il. Et avoir un impact sur le cours des conflits.D’autres facteurs vont favoriser le virage finlandais. L’Otan va contribuer à un accélérateur de start-up et à la construction de deux centres d’affaires dans le pays, dans le cadre du programme “Diana”. La Finlande va de son côté consacrer 2,3 % de son PIB (environ 6 milliards d’euros) à la défense cette année, en mettant l’accent sur le renforcement de la sécurité aux frontières. Le chiffre se situait sous la barre des 2 % demandés par l’Otan deux ans auparavant (1,90 %).La maturité de l’écosystème tech compte également. Les talents, ici, ne manquent pas, grâce à Nokia, le plus gros employeur européen dans la technologie. La “Mafia” locale. Rares sont les jeunes pousses qui ne disposent pas de leur “ex-Nokia”, à l’instar de ReOrbit, ou bien Hoxhunt dans la cybersécurité. Le nombre de PhD (docteurs) progresse, notamment grâce à une main-d’oeuvre très qualifiée venue de l’étranger, renseigne Youssef Zad, chef économiste pour l’organisation “start-up Finland”. Côté infrastructures, la puissance de calcul disponible est en constante augmentation. Le Français Eviden va bientôt aider ce pays qui jouit d’une énergie quasi totalement décarbonée à la tripler.”Sisu”Il y a enfin l’insondable. Sur place, tous nos interlocuteurs aiment à rappeler à quel point le pays du sauna est le pays “le plus heureux du monde”. Sous-entendu : il compte bien le rester. En finnois, les habitants emploient un terme à la fois unique et intraduisible : “sisu”, mêlant sentiment de bravoure, de résilience, de persévérance et de détermination. Un état d’esprit national, qui a aussi donné naissance à une gamme de véhicules militaires. Aujourd’hui, 74 % des Finlandais seraient prêts à se battre dans le cadre d’un conflit, l’un des plus forts taux d’Europe, renseigne le groupement Digital Defence. Rappelons enfin qu’un service militaire obligatoire subsiste pour les jeunes hommes, en Finlande, avec l’espoir qu’il fasse naître des vocations dans l’entreprenariat tech-défense, comme en Israël, devenu roi de la cybersécurité.De fait, la Finlande se positionne déjà sur une large gamme de technologies à double usage. L’IA d’abord, grâce à des compagnies comme Silo AI, qui a lancé au printemps le premier grand modèle de langue (LLM) nordique, Viking 7B, focalisé sur les langues scandinaves. Helsinki et sa périphérie sont aussi en pointe dans l’informatique quantique, qui pourrait s’avérer stratégique demain, face à une Russie dont les avancées dans le secteur sont présumées moindres en raison des sanctions internationales. IQM figure parmi les entreprises les plus matures en Europe dans ce domaine, avec des financements records atteignant plus de 200 millions d’euros. La Finlande dispose également du leader européen dans la technologie VR avec Varjo, qui met en ce moment ses casques à disposition de la formation de pilotes d’avion.Parfois, le militaire s’implante là où l’on ne s’y attend pas. A Slush, un événement majeur de la tech européen organisé chaque année à Helsinki, on remarque facilement un petit gadget brillant aux doigts d’une foule de participants. La bague connectée Oura, pépite locale et leader du marché, est partout. Toni, la cinquantaine, nous raconte comment il surveille les battements de son coeur avec ce petit gadget placé à son majeur. Son palpitant, parfois, s’arrêtait brièvement de battre ; il a fourni toutes ces données utiles à son médecin. Il ignore cependant qu’Oura, plus discrètement, a aussi conclu un contrat à plusieurs dizaines de millions de dollars avec les Etats-Unis, afin d’équiper les armées de l’oncle Sam. L’objectif : surveiller l’état de forme des militaires, et pourquoi pas prévenir de toute maladie pouvant les affecter, eux et leur régiment entier. Un usage détourné et une morale sous forme d’avertissement à la Russie : le seigneur des anneaux est finlandais.



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Author : Maxime Recoquillé

Publish date : 2024-12-01 08:00:00

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Visionnaire ou fou à lier ? Michael Saylor, le Crésus du bitcoin

MIAMI BEACH, FLORIDA - MAY 19: Michael Saylor speaks on stage during Bitcoin Conference 2023 at Miami Beach Convention Center on May 19, 2023 in Miami Beach, Florida.   Jason Koerner/Getty Images for Bitcoin Magazine/AFP (Photo by Jason Koerner / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)




A Wall Street, les valeurs stars de la tech s’appellent Nvidia, le maître de la puce IA, Microsoft, Apple, Tesla ou Netflix. Pourtant, leurs progressions ne sont en rien comparables avec celle de MicroStrategy. Le cours de cette entreprise a augmenté de près de 600 % cette année ! Sa capitalisation boursière atteint plus de 80 milliards de dollars. Un montant surprenant pour une société inconnue du grand public et dotée d’un chiffre d’affaires pour son activité historique dans le logiciel de “seulement” 500 millions de dollars. Sa réussite, Michael Saylor, son fondateur, la doit en réalité au bitcoin.En 2020, alors que la valeur de la cryptomonnaie explose, le patron met en place au sein de son entreprise un mécanisme d’achat récurrent. Des émissions d’obligations convertibles à taux zéro lui permettent de lever d’importantes sommes qu’il utilise pour acheter du bitcoin en masse. Si le prix de ce dernier augmente, les actions de MicroStrategy augmentent aussi, étant donné que sa stratégie repose essentiellement là-dessus. Michael Saylor émet alors de nouvelles obligations, ou, plus rarement, revend des actions qui elles-mêmes ont pris énormément de valeur depuis quatre ans, afin d’alimenter la machine. Le média économique Bloomberg a comparé le mécanisme à un “glitch”. Une sorte de bug, comme dans un jeu vidéo, grâce auquel il est possible de créer de l’argent indéfiniment. Enfin, tant que le prix du bitcoin gonfle, évidemment. Ce qui a été le cas, jusqu’à présent : malgré des hauts et des bas, l’unité est passée d’environ 10 000 dollars en 2020 à près de 90 000 dollars, récemment dopée par l’élection d’une administration Trump pro crypto aux Etats-Unis.Aujourd’hui, MicroStrategy détient 386 700 bitcoins d’une valeur totale de plus de 35 milliards de dollars, dont 134 000 achetés le mois dernier. Un trésor de guerre qui fait de l’entreprise l’un des plus grands détenteurs d’actifs numériques coté en Bourse. Personne ne dispose actuellement d’autant de bitcoins, à l’exception du créateur de la cryptomonnaie en personne, l’inconnu Satoshi Nakamoto, dont le portefeuille serait supérieur à 1 million d’unités. Et qui semble voué à rester en l’état.”Au service de la déesse de la sagesse”Pas celui de Michael Saylor. L’homme n’a jamais vendu de bitcoins – il en possède aussi plusieurs dizaines de milliers à titre personnel – et il est prêt à mobiliser 42 milliards de dollars pour continuer ses emplettes. Parce qu’il croit aux bénéfices de l’actif numérique. Voilà ce qu’il expliquait, à L’Express, lors d’un entretien il y a trois ans. “Le bitcoin est, comme l’or, en quantité limitée. Il n’y en a pas plus de 21 millions, donc c’est un actif “déflationniste”, il n’est pas sensible à l’augmentation des prix.” En outre, l’entrepreneur y a vu le moyen de sauver son business.Le cours de son action stagnait, sa société de technologie luttait pour rivaliser avec les géants du logiciel. “Soit nous mourrions d’une mort rapide ou lente, soit nous nous embarquions dans une stratégie risquée”, confessait-il au Wall Street Journal il y a quelques années.Saylor a donc adopté les codes de la communauté bitcoin. Des yeux flanqués d’éclairs – d’autres mettent des lasers – sur ses photos de profil en ligne. Et des propos mystiques. “Bitcoin est un essaim de cyber-frelons au service de la déesse de la sagesse, se nourrissant du feu de la vérité, devenant de plus en plus intelligent, plus rapide et plus fort de façon exponentielle derrière un mur d’énergie cryptée” est son seul message épinglé sur le réseau social X. Sa foi le pousse à croire que la cryptomonnaie atteindra, un jour, un million de dollars l’unité. MicroStrategy serait alors assis sur un butin inégalé dans l’histoire de l’humanité. Et Saylor deviendrait Crésus.Faut-il succomber au discours ? On ne peut enlever à ce diplômé du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) une certaine force de conviction. Il fonde MicroStrategy en 1989, et l’introduit avec succès en Bourse moins de dix ans plus tard. Son ascension rectiligne dans le numérique lui vaut quelques récompenses dans la presse économique américaine. Essayiste à ses heures perdues, il est l’auteur d’un livre remarqué sur la place de la technologie mobile dans le futur, en 2012. Dans le bitcoin, il a essuyé les corrections sévères infligées au jeton il y a deux ans, sans broncher. Mais rien à voir avec son échec entrepreneurial fracassant lors de l’explosion de la bulle Internet. Dans son édition du 21 mars 2000, le Daily News, grand tabloïd new-yorkais, titre sur la mine déconfite de Michael Saylor : “[Il a] perdu 6 milliards de dollars en une journée”. MicroStrategy est alors accusé par le gendarme américain des marchés financiers d’avoir maquillé ses comptes pour les faire basculer dans le vert. Quand les investisseurs en ont vent, l’action s’effondre. Personne n’avait jamais perdu autant d’argent en vingt-quatre heures.”Si Bill Gates et Steve Jobs s’étaient accouplés…”Dans la foulée, Slate publie un portrait au vitriol. “Vous seriez troublé de perdre 6 milliards de dollars en un seul matin. Mais Saylor semble totalement indifférent et largement désintéressé. Il a insisté sur le fait que son entreprise n’avait rien fait de mal, et il est passé à autre chose.” L’article dépeint un homme autoritaire, brillant mais profondément narcissique, se voyant comme l’égal d’Edison, Ford, Carnegie ou Rockefeller, des inventeurs et industriels légendaires : “Si Bill Gates et Steve Jobs s’étaient accouplés […], ils auraient engendré Saylor. Comme Gates, Saylor est un nerd impitoyable et intimidant. Comme Jobs, il est un chef de culte, un orateur envoûtant.”Les connaisseurs des marchés sont dubitatifs. “Généralement, en finance, on dit qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Or, c’est exactement ce qu’il fait. Sera-t-il plus fort que le dicton ?”, s’interroge Alexandre Baradez, chef analyste chez IG France. Antoine Fraysse-Soulier, son homologue chez le courtier eToro, souligne le “jeu dangereux” opéré par l’entrepreneur, connu dans le milieu de la jet-set pour ses fêtes endiablées dans le quartier SoHo, à New York.La valorisation de l’entreprise interroge. Sa dépendance au cours du bitcoin inquiète : une stagnation ou une chute du cours de la cryptomonnaie la fragiliserait à coup sûr. Si Saylor qui a perdu la majorité des droits de vote de MicroStategy se met – de gré ou de force – à vendre les bitcoins de l’entreprise pour rembourser ses dettes, l’édifice tiendra-t-il par ailleurs ? Compte tenu des avoirs de l’entreprise, le cours du bitcoin s’en trouverait probablement bouleversé. Une spirale infernale bien connue du monde crypto, déjà ébranlé par les scandales Terra-Luna, Binance, ou FTX. A l’image de Sam Bankman-Fried, les “gourous” crypto finissent mal en général.Le goût du risqueA court terme, toutefois, rien ne semble ébranler la conviction de Saylor, qui fêtera ses 60 ans l’année prochaine. Ni la concurrence des “altcoins” vis-à-vis du bitcoin, ni celle des firmes qui tentent d’imiter MicroStrategy, ni la montée en puissance des ETF, ces fonds indiciels qui remplissent peu ou prou le même rôle. Ni, enfin, les raids des traders spécialisés dans le “short”, qui misent de temps à autre sur la chute du cours de MicroStrategy.Au contraire, les investisseurs les plus sérieux se bousculent à la porte, à l’exemple de l’assureur allemand Allianz, qui a souscrit pour 2,6 milliards de dollars d’obligations convertibles. Et l’action de la société fondée par Michael Saylor demeure l’une des plus attractives du moment. “En une seule séance, le 21 novembre, elle a oscillé entre un plus haut à 540 dollars et un plus bas à 371 dollars, soit un écart de 170 points. C’est énorme”, souffle Antoine Fraysse-Soulier. Les amateurs de sensations fortes apprécient de pouvoir jouer avec ce titre plus sulfureux encore que le bitcoin. “Il n’y a rien de rationnel, il s’agit de spéculation, autour d’une valeur spectaculaire”, abonde Alexandre Baradez.”Les gens finiront par se rendre compte que le plus grand risque réside dans le fait de ne pas adopter la technologie Bitcoin”, répète à l’envi Saylor, qui estime avoir encore le temps de convaincre. Il espère, comme les adeptes de la crypto, que Microsoft, le 10 décembre, votera une proposition en assemblée générale pour investir dans le bitcoin en tant qu’actif de trésorerie. Ou que les Etats-Unis adoptent la récente proposition de loi de la sénatrice républicaine du Wyoming, Cynthia Lummis, visant à établir une “réserve stratégique” de cet actif. Des évènements qui feraient bondir le cours du jeton, et celui de MicroStrategy, qui connaît ces derniers jours un léger coup de mou, autour des 100 000 dollars. Michael Saylor va prendre son bâton de pèlerin. Il a besoin que le bitcoin aille plus haut. Beaucoup plus haut. To the moon, “vers la lune”, comme aime le scander la communauté.



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Author : Maxime Recoquillé

Publish date : 2024-12-01 06:45:00

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Christianisme : ces étranges croyances qui ont bouleversé notre sexualité

Giuseppe della Porta Salviati, “Adam et Eve”, vers 1526-1550. Toulouse, musée des Augustins.




C’est un débat théologique qui, en dépit de son absurdité, a duré plusieurs siècles. Par quel organe ou orifice de Marie le Saint-Esprit est-il passé pour se faire l’agent de l’Incarnation ? En termes plus prosaïques : comment Dieu a-t-il pu mettre une vierge enceinte ? Le vagin de Marie étant bien sûr exclu, des auteurs des premiers siècles du christianisme ont suggéré qu’elle aurait conçu Jésus à la seule vue de l’ange Gabriel, d’autres par son nez ou sa bouche. Mais l’option la plus populaire a été l’oreille. Aujourd’hui, toute personne un tant soit peu familière avec la génétique peut se demander comment Jésus a pu être déclaré de sexe masculin si ses chromosomes terrestres dérivaient entièrement d’une femme…Dans son monumental essai Lower than the Angels. A History of Sex and Christianity (Allen Lane), salué par la critique anglo-saxonne, Diarmaid MacCulloch, professeur émérite d’histoire de l’Eglise à l’université d’Oxford, rappelle que les origines mêmes du fondateur du christianisme ne pouvaient qu’entraîner un rapport pour le moins complexe de cette religion avec le sexe. On peut certes sourire en parcourant les querelles théologiques autour de l’Immaculée Conception, du péché originel ou du célibat. Mais c’est oublier que le christianisme, sous ses multiples formes, continue à influencer la vie intime de millions de croyants, tout comme les législations de grands Etats. En 2022, la Russie de Vladimir Poutine a voté une loi interdisant la promotion “des relations sexuelles non traditionnelles”. Aux Etats-Unis, ce sont des juges catholiques qui, à la Cour suprême, ont invalidé l’arrêt Roe vs Wade garantissant depuis un demi-siècle le droit à l’avortement.Enfant de Jérusalem et d’AthènesAu départ du christianisme, il y a l’influence de deux cultures très différentes, l’une juive, l’autre grecque. Cette religion, telle que définie par les Evangiles et les Epîtres de Paul de Tarse, est autant enfant de Jérusalem que d’Athènes. Entre, d’un côté, l’obsession pour la pureté du Lévitique, qui traite avec grand soin des menstruations, ou les anathèmes des prophètes Osée et Ezéchiel contre l’infidélité féminine, et, de l’autre, le très olé olé Cantique des cantiques, le sexe est traité de manière variée dans la Bible juive. Avec cependant une ligne directrice : le parallèle dressé entre l’inconduite sexuelle (souvent attribuée aux femmes…) et l’infidélité au Dieu d’Israël. “Le judaïsme était heureux de permettre à l’érotisme et à la sensualité du Cantique de colorer sa vision du mariage, mais la littérature juive qui couvrait l’ensemble du message de la Bible hébraïque insistait de plus en plus sur le fait que le mariage était le seul cadre autorisé pour de tels plaisirs physiques. Les prophètes et la tradition deutéronomiste avaient inextricablement lié la fornication et l’adultère à un comportement spirituellement équivalent envers Dieu, en particulier si le peuple de Dieu se tournait vers un autre dieu ou un autre temple que celui de Jérusalem”, note MacCulloch.A l’inverse, dans la culture grecque, la sexualité est moins une question de moralité que d’honneur et d’image de soi. La pénétration indique un statut social supérieur. Ceux qui sont pénétrés sont les femmes, les adolescents ou les esclaves. La culture grecque tolère ainsi l’homosexualité en cas de rapports entre un homme plus âgé et un partenaire plus jeune. En revanche, la fellation et le cunnilingus y sont très mal vus, car ces pratiques sont associées à une attitude passive niant le privilège masculin de la pénétration. Des positions qui contrastent avec la ferme condamnation de l’homosexualité dans le judaïsme. L’ironie étant qu’avec la romance entre David et Jonathan, on retrouve dans la Bible hébraïque “l’un des exemples les plus purs de l’amour héroïque entre personnes de même sexe dans l’ancienne Méditerranée”.La polygamie, longtemps la norme dans l’Asie occidentale, représente un héritage délicat pour le christianisme. Le roi Salomon avait une collection de 700 femmes, sans parler de 300 concubines. Surtout, Abraham, figure la plus respectée du judaïsme, a épousé Sarah, puis la servante Hagar. Au contraire, les Grecs et les Romains ont eux privilégié des unions purement monogames.”Ils étaient trois dans ce mariage”C’est dans ce contexte que surgit un prédicateur de Galilée, Jésus de Nazareth. Si l’évangéliste Matthieu fait une référence à sa naissance virginale, c’est avant tout pour établir un lien entre Jésus et la prophétie d’Isaïe qui, neuf siècles plutôt, annonçait : “la vierge concevra et elle enfantera un fils”. Selon les Ecritures, Jésus avait des frères et sœurs. Mais à partir du moment où l’Eglise a développé la thèse d’une Marie vierge pour l’éternité, cette mention ne pouvait qu’embarrasser. Au IVe siècle, Jérôme de Stridon a par exemple assuré que “frères” signifiait en réalité “cousins”. Constatons en tout cas qu’une religion dont les représentants ont autant insisté sur les valeurs familiales a débuté par un bien curieux trouple entre Marie, Joseph et Dieu. “La Sainte Famille, si apparemment familière sur les cartes de Noël, s’accorde mal avec les multiples visions de la famille que les églises chrétiennes ont construites au fil des siècles. Pour reprendre de manière irrévérencieuse une célèbre remarque de la défunte princesse Diana, ils étaient trois dans ce mariage, qui était donc un peu encombré d’un point de vue théologique”, s’amuse Diarmaid MacCulloch.L’enseignement du célibataire Jésus, si l’on se fie aux Evangiles, dit très peu de choses sur la sexualité. Il condamne le divorce (à l’époque facile à obtenir) tout comme la polygamie en se référant à la Genèse : “C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.” Mais face à la femme adultère, Jésus se montre clément : “Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre.” Questionné sur le mariage dans l’au-delà, il répond que les hommes et femmes, à la résurrection des morts, ne se marieront plus parce qu’ils “seront semblables aux anges”. Rien sur l’homosexualité ou la masturbation.Le devoir conjugal de Saint-PaulDans ses Epîtres, Paul de Tarse est plus loquace. Celui que Michel Onfray a caricaturé en “impuissant sexuel” présente une masculinité différente de celle en vogue dans le monde hellénique. Paul apparaît comme un homme physiquement faible souffrant d’une “écharde dans la chair”, et prêt à travailler au milieu des femmes et des esclaves. Sur le mariage, il met en avant la réciprocité et théorise un devoir conjugal : “Toutefois, pour éviter toute immoralité sexuelle, que chaque homme ait sa femme et que chaque femme ait son mari. Que le mari rende à sa femme l’affection qu’il lui doit et que la femme agisse de même envers son mari. Ce n’est pas la femme qui est maîtresse de son corps, mais son mari. De même, ce n’est pas le mari qui est maître de son corps, mais sa femme.” Paul invite aussi les femmes à voiler leurs cheveux (“à cause des anges”), et condamne les hommes qui “abandonnant l’usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres”.La société romaine considérait le sexe comme un espace pour la détente comme pour l’amour et estimait peu le célibat. Persuadés de l’imminence de l’avènement du royaume de Dieu, les premiers chrétiens en font à l’inverse l’éloge. Les grandes figures sont généralement célibataires, à l’exception de l’apôtre Pierre, qui selon les Evangiles, était marié (sa belle-mère a bénéficié d’un miracle de Jésus). Au second siècle, les livres apocryphes Le Protoévangile de Jacques et Les Actes de Paul et Thècle promeuvent la virginité. Justin Martyr est le premier à souligner le contraste entre la première femme, Eve, qui a provoqué la chute de l’humanité du fait d’une attirance sexuelle, et Marie, qui l’a inversée par sa pureté virginale. Tertullien écrit, lui, à destination de sa femme, un traité sur l’égalité dans le couple, mais il s’oppose à tout remariage à la suite d’un veuvage, contrairement à ce qu’avait préconisé Paul de Tarse.La société romaine considérait le sexe comme un espace pour la détente comme pour l’amour et estimait peu le célibat. Persuadés de l’imminence de l’avènement du royaume de Dieu, les premiers chrétiens en font à l’inverse l’éloge.Au IVe siècle, le christianisme, religion minoritaire, accède au pouvoir via l’empereur Constantin. Au sein de l’Empire romain, c’est la fin de la culture classique du corps, symbolisée par l’abandon des Jeux olympiques après 393. L’homosexualité est criminalisée. Dans la théologie chrétienne, l’abstinence, la virginité et la vie ascétique occupent alors une place privilégiée. Mais en même temps, il faut bien gérer les désirs des fidèles. C’est là qu’Augustin d’Hippone a une influence décisive. A l’âge de 16 ans, le jeune homme connaît une érection inopinée dans les thermes, sous le regard amusé de son père, un païen romanisé. Associant désir et honte, le futur Saint-Augustin va ainsi façonner la notion de “péché originel”. Avant la Chute d’Adam et Eve, l’acte sexuel était un acte si peu honteux qu’on aurait pu s’y adonner en public. Mais après l’éviction du jardin d’Eden, la reproduction a été souillée. Le péché originel devient une maladie sexuellement transmissible de génération en génération.Les révolutions sexuelles grégorienne et protestanteAu début du XIe siècle, le pape Grégoire VII fait subir à l’Eglise une “révolution sexuelle” majeure avec la réforme grégorienne, qui impose le célibat des prêtres. Une vaste majorité du clergé en Europe était alors toujours marié avec des familles. C’est aussi l’essor du culte de Marie et de l’Immaculée Conception, renforçant l’idée d’impureté de la chair. Mais la réforme grégorienne organise également le mariage chrétien pour les laïques, qui devient un sacrement, alors même que durant les premiers siècles, les pères de l’Eglise avaient délaissé le sujet. Castré après sa liaison avec Héloïse, le théologien Pierre Abélard est bien solitaire quand il conclut que le sexe n’est “aucunement péché” : “Imaginez un religieux enchaîné et contraint de s’étendre au milieu de femmes sur un lit douillet. Il est clair que le contact de ces corps féminins déclenchera en lui un plaisir, mais non pas un consentement à ce plaisir. Qui osera alors appeler péché le (simple) plaisir auquel la nature nous contraint (si) inéluctablement ?”La deuxième révolution sexuelle a lieu au début du XVIe siècle, initiée par le moine allemand Martin Luther qui remet en question le célibat des prêtres. “Le long règne du célibat comme option par défaut de la perfection chrétienne était terminé”, souligne Diarmaid MacCulloch. Le protestantisme retire aussi au mariage son statut de sacrement. Celui-ci redevient ainsi un simple contrat pouvant être rompu, comme dans le monde antique. En revanche, protestants comme catholiques s’accordent sur le fait que les relations préconjugales relèvent de la “fornication” qu’il faut plus que jamais combattre.Les Lumières, qui inversent le récit judéo-chrétien de la chute de l’humanité, adoucissent peu à peu la criminalisation de la sexualité hors mariage. “En 1600, il aurait été largement accepté que des faits tels que la fornication et l’adultère soient sanctionnés publiquement et de manière exemplaire par des châtiments corporels. En 1700, cela aurait semblé inutile ; et en 1800, toute punition publique de tels délits était presque inconcevable, en particulier en milieu urbain”, observe l’historien. Mais l’essor de la vie privée et l’individualisation de la société provoquent de nouvelles condamnations en matière de sexualité. Longtemps ignorée par les théologiens, la masturbation fait alors l’objet d’une flopée de traités.Le Vatican s’arc-bouteEn 1791, à la suite de la Révolution française, le nouveau Code pénal abolit des siècles de culture catholique en matière de mœurs. Il légalise le divorce et ne dit rien sur la sodomie et l’homosexualité, consacrant le principe que ce n’est pas au législateur de se préoccuper de la vie privée. Mais au XIXe siècle, ces bouleversements provoquent une réaction ultramontaine. En 1854, le Vatican fait de l’Immaculée Conception un dogme. En 1869, Pie IX qualifie l’avortement de péché mortel, quelles que soient les circonstances. L’Eglise catholique devient une forteresse face aux évolutions sociétales. Situation paradoxale, des prêtres célibataires encouragent les laïques à procréer autant qu’ils le peuvent. En 1930, Pie XI interdit aux catholiques de faire appel à toute forme artificielle de contrôle des naissances. En 1989, alors que l’épidémie du sida fait des ravages, Jean-Paul II qualifie les préservatifs de “moralement illicites”.Comme un retour du refoulé, l’Eglise catholique a, depuis la fin du XXe siècle, vu se multiplier les scandales sexuels et les affaires d’abus sur mineurs commis par des prêtres. Dans son enquête Sodoma, parue en 2019, Frédéric Martel révèle que cardinal Alfonso Lopez Trujillo, longtemps à la tête du Conseil pontifical pour la famille et grand pourfendeur de l’avortement et de l’homosexualité, menait une double vie avec des jeunes hommes, séminaristes ou prostitués. Selon Frédéric Martel, plus des prélats tiennent publiquement des propos sévères contre l’homosexualité, plus ils ont des chances d’être gays…”Loi naturelle”Que retenir de ce voyage à travers trois millénaires d’exégèses, d’interdits ou de préconisations dans le domaine de l’intime ? Pour Diarmaid MacCulloch, “il n’y a pas de théologie chrétienne du sexe”, seulement de multiples interprétations. Avec sa soixantaine de livres (en fonction des canons), la Bible chrétienne peut dire tout et son contraire sur le sujet. Souvent d’ailleurs, la défense de la moralité sexuelle de la part des autorités religieuses ne s’est pas faite au nom des Ecritures, mais d’une supposée “loi naturelle” qui se résume à une vision étriquée de l’hétérosexualité. Un argument encore brandi par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI pour justifier leurs positions très conservatrices. Finalement, les enseignements de l’Eglise sur la sexualité, au fil des siècles, nous en apprennent moins sur la Bible que sur les angoisses et les fantasmes de ses commentateurs ultérieurs.Aujourd’hui au cœur des revendications des chrétiens traditionnalistes, le mariage n’était nullement une préoccupation pour les premiers chrétiens. Il ne s’est imposé comme un sacrement qu’après un millénaire, afin d’encadrer des relations sexuelles considérées comme peccamineuses. Conclusion de l’historien : “les traditionalistes autoproclamés en savent rarement assez sur la tradition qu’ils mettent en avant.”



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Author : Thomas Mahler

Publish date : 2024-12-01 07:00:00

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Syrie : “Le régime de Bachar el-Assad n’avait pas de plan B, l’armée est en pleine débandade”

Des combattants antigouvernementaux armés à bord d'un véhicule dans la ville d'Alep, dans le nord de la Syrie, le 30 novembre 2024




Après trois jours d’une offensive éclair, des rebelles islamistes opposés au régime de Bachar el-Assad, dominés par le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ont pris le contrôle de la “majeure partie” d’Alep, deuxième ville du pays. Ces violences sont les premières d’une telle ampleur depuis des années en Syrie, où les belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales aux intérêts divergents étaient dans une phase de guerre d’usure, avec des bombardements réguliers sur les zones tenues par l’opposition.Le directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH) a déclaré à l’AFP que djihadistes et rebelles, dont certains soutenus par la Turquie, avaient rapidement pris de vastes secteurs d’Alep “sans rencontrer de résistance significative”. Pour L’Express, Arthur Quesnay, docteur en sciences politiques, affilié à l’université Paris I Panthéon Sorbonne, analyse cette attaque qui relance brutalement le conflit syrien. Entretien.L’Express : Le groupe djihadiste HTS et ses alliés ont pris le contrôle de la “majeure partie” d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Était-ce prévisible ?Arthur Quesnay : On s’attendait à une attaque du groupe Hayat Tahrir al-Sham, aussi dit HTS, contre le régime syrien. Depuis longtemps, HTS laissait entendre qu’il voulait profiter de l’opportunité du retrait du Hezbollah libanais pour défendre le sud Liban et des frappes israéliennes massives contre les cadres iraniens en Syrie. Convaincus que l’affaiblissement de l’axe de la résistance leur donnait une vraie chance pour réouvrir la bataille d’Alep et un nouvel horizon stratégique. Par ailleurs, HTS savait que l’armée syrienne est exsangue et incapable de tenir la ligne de front seule, encore moins de mener des combats urbains. La situation actuelle est radicalement différente de 2020 lorsque le régime, soutenu par ses alliés russes, iraniens, milices irakiennes et Hezbollah libanais, parvenait à reprendre plus de 30 % de la province d’Idlib, alors tenue par HTS.Ainsi, si l’on s’attendait à une attaque de HTS pour conquérir quelques villages et diminuer la pression militaire sur Idlib, la surprise vient de la rapidité de l’effondrement des forces du régime. En à peine deux jours de combats la ligne de front s’est effondrée, le régime n’avait pas de plan B. Incapable de contre attaquer ou de mener des combats urbains, on a assisté à une débandade. Le régime évacue ses troupes du nord du pays sans parvenir à établir une nouvelle ligne de front. Après avoir conquis Alep presque sans combats, HTS est ce soir entré de la ville de Hama. Personne ne sait où le régime va parvenir à établir une ligne de front.Cette attaque met un terme à des années de calme très relatif dans le Nord-Ouest syrien…On était dans une situation de guerre d’usure, mais pas d’accalmie. Depuis le gel des lignes de front en 2020, les bombardements étaient hebdomadaires contre les zones tenues par l’opposition au nord du pays, notamment contre Idlib, contrôlée par le HTS, où plus de 3 millions de déplacés vivaient dans la misère de camps de fortune. Dans le reste du pays, la répression des services de sécurité du régime contre la population n’a jamais faibli. En l’absence de vainqueurs, la guerre était loin d’être terminée, ce que prouvent ces récents événements.Que sait-on au sujet du groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Sham ?A l’origine, il s’agit d’un groupe djihadiste formé après une scission au sein du Jabhat al-Nosra, qui était la branche syrienne de l’État islamique. L’EI suivait un projet de califat, avec un djihad tourné vers l’étranger, une répression massive contre la population et l’ensemble des groupes refusant de lui faire allégeance, alors que certains cadres du Jabhat al-Nosra, comme Abu Mohammed al Jolani, l’actuel leader de HTS, voulaient rejoindre la révolution syrienne pour faire tomber le régime de Bachar el-Assad. La rupture avec l’État Islamique en 2013 a été sanglante et jusqu’à aujourd’hui le HTS et l’EI s’affrontent. De son côté, HTS tente de se normaliser et d’obtenir une reconnaissance internationale. Par exemple, en modérant ses modes de gouvernance et en combattant ouvertement l’EI, il espère est être retiré des listes qui le recensent parmi les groupes terroristes. D’ailleurs, depuis 2015, les frappes occidentales contre les cadres djihadistes ont toujours évité les positions du HTS.Le groupe revendique plus de 30 000 hommes, peut-être plus de 10 000 en réalité, entraînés et motivés, mais aussi bien équipés et très organisés, comme le montrent les vidéos qui nous parviennent. Ils n’ont quasiment pas de soutien à l’international. L’armée turque les considère d’ailleurs comme un groupe terroriste. La force de HTS a été avant tout de préserver son autonomie stratégique avec un souci de contrôler des points économiques importants, comme les postes frontières. HTS s’est donné les moyens de ses ambitions là où les autres groupes rebelles sont passés sous contrôle turc et sont connus pour leur corruption.Comment analysez-vous le timing de cette attaque, alors que l’allié du régime syrien, le Hezbollah libanais, est occupé sur le front de la guerre avec Israël ?L’affaiblissement de l’axe de résistance iranien, avec des bombardements réguliers d’Israël, ainsi que le retrait des forces d’élites du Hezbollah libanais pour le sud Liban, ont de facto fragilisé les zones de front syriennes et le régime.En termes de perspectives stratégiques, le HTS se devait de bouger et de changer le rapport de force s’ils voulaient éviter l’étouffement dans la poche d’Idlib, avec des problèmes de gouvernance insolubles – 3 millions de déplacés pour seulement 9 000 fonctionnaires payés par HTS – et des bombardements réguliers. Idlib était semblable à Gaza. Une fois hégémonique, HTS n’avaient d’autres choix que d’attaquer pour relancer le jeu. La stratégie de terre brûlée du régime syrien et son refus de négocier une sortie de conflit se sont finalement retournés contre Bachar el-Assad dès lors que le rapport de force régional a basculé avec la guerre au Liban et l’affaiblissement de ses alliés.D’après les témoignages de l’OSDH, il n’y a pas eu de combats, les autorités se sont retirées d’Alep. Le régime de Bachar el-Assad a-t-il les moyens de reprendre la ville rapidement ?Impossible. Son armée est en pleine débandade et le régime n’a jamais remporté seul combat urbain. À part tenir la ligne de front à 15 kilomètres d’Alep grâce aux bombardements russes, le régime n’avait pas de plan B. Dès lors que cette ligne de front s’est fracturée, c’était terminé, d’où l’absence de combats importants. Comme en 2012-2013, le régime est actuellement en train d’abandonner ses positions au profit des forces démocratiques syriennes (les FDS, une milice kurde opérant surtout au nord de la Syrie). Les autorités syriennes parlent de “repli stratégique”, mais en réalité il s’agit d’une défaite massive. La prise d’Alep porte un coup très dur au régime de Bachar el-Assad, qui avait construit son autorité sur la reprise de la ville en 2016. HTS s’est emparé de beaucoup de matériel militaire, ce qui va probablement en faire un acteur militaire de premier plan. Avec le retour d’opérations militaires d’envergures, le conflit syrien se retrouve dans la même situation de fluidité et de volatilité qu’en 2013.Depuis hier, la Russie soutient le régime syrien par des frappes sur les quartiers occupés. Est-ce utile ?La Russie frappe en continue les zones occupées par l’opposition depuis des années. Mais l’utilisation de l’aviation ne sert à rien. Il s’agit d’opérations punitives où ils bombardent des zones civiles. Il est quasiment impossible de renverser la situation sans l’appui de troupes au sol. Aussi, le HTS aurait récupéré des moyens de défense antiaérienne aux forces du régime syrien et donc la possibilité de contrer ces frappes.Le retour de l’État islamique et des groupes rebelles à Alep pourrait-il amorcer une chute de Bachar el-Assad, ou du moins fragiliser son pouvoir ?Fragiliser le pouvoir très certainement. Néanmoins, il est encore trop tôt pour parler de la chute du régime. Trois éléments ressortent de cette attaque. D’abord, sur le plan politique, en faisant chuter le régime dans le nord du pays, le HTS remporte un crédit révolutionnaire longtemps recherché, devenant un acteur de premier plan. Ensuite, sur le plan militaire, la conquête de nombreuses bases militaires et d’immenses quantités de matériels et munitions vont permettre à HTS de recruter massivement et de construire une véritable armée. Enfin, les gains territoriaux sont immenses : Alep, la deuxième ville du pays ; Hama est en train de tomber ; et qui sait ensuite. Ces gains sont cruciaux dans la perspective des négociations qui viendront par la suite. Que ce soit avec les groupes rebelles de l’opposition, avec les pays de la région, ou encore avec les forces Kurdes soutenues par les Occidentaux.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/syrie-le-regime-de-bachar-el-assad-navait-pas-de-plan-b-larmee-est-en-pleine-debandade-2TGHEPYRYVBD7AMAEW3P5CO35M/

Author : Célia Cuordifede

Publish date : 2024-11-30 18:07:39

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Les aînés d’une fratrie sont-ils vraiment plus intelligents ? Par Franck Ramus

Franck Ramus, chercheur en sciences cognitives, se bat depuis des années pour remettre la science au centre des débats de société.




De nombreux parents observent de grandes différences chez leurs enfants. Pourtant, ils estiment qu’ils ont grandi dans le même environnement et n’ont pas été élevés différemment les uns des autres. Bien souvent, ces parents expliquent ce phénomène par l’ordre de naissance, qui façonnerait le développement cognitif et la personnalité de leur progéniture. Ces intuitions ont été reprises, amplifiées et théorisées par de nombreux auteurs et exposées dans quantité de livres.L’une des intuitions les plus répandues est que les enfants entourés d’une fratrie nombreuse évoluent dans un environnement plus riche et stimulant que les enfants uniques et que les petits derniers en bénéficient forcément plus d’un point de vue cognitif que les premiers nés. Tout aussi populaire, l’idée selon laquelle les aînés, placés en position dominante, se retrouvent à défendre des avantages acquis et développent une personnalité plutôt conservatrice, alors que les cadets sont obligés de contester l’ordre établi et ont ainsi plus de chance de développer une personnalité rebelle, anticonformiste et progressiste. Et pourtant, il s’agit d’un cas d’école de croyances populaires qui s’effondrent lorsqu’elles sont confrontées aux données des études scientifiques.Les différences de QI en fonction de la place dans la fratrie sont faiblesPour tester de telles hypothèses, on ne peut bien sûr pas se fier aux anecdotes et aux cas particuliers. Il est nécessaire d’analyser de grandes populations pour lesquelles on connaît à la fois la place de chaque individu dans sa fratrie et diverses mesures cognitives et de personnalité. Il est également nécessaire de démêler plusieurs facteurs confondus. En effet, le rang de naissance est en partie corrélé à la taille de la fratrie (on ne peut être le quatrième dans une fratrie de deux enfants). En outre, les parents sont plus âgés à la naissance du dernier que du premier né. Enfin, les familles nombreuses sont sociologiquement différentes de celles qui ont peu d’enfants. Il est donc nécessaire de prendre en compte ces facteurs afin d’isoler l’effet du rang de naissance. Plusieurs études réalisées aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Norvège ainsi qu’en France, par mon équipe, ont mené de telles analyses et obtenu des résultats convergents.Premièrement, plus le rang de naissance est élevé, plus les scores cognitifs sont faibles (indépendamment des facteurs évoqués ci-dessus). Ce résultat très général vaut pour des scores de langage, de quotient intellectuel (QI), tout comme des mesures de performance scolaire. Mais cet effet est faible (1 à 2 points de QI par rang de naissance) et ne vaut qu’en moyenne. Il existe donc de nombreux contre-exemples. Et cela ne doit pas vous dissuader d’avoir un autre enfant si tel est votre désir. L’interprétation la plus compatible avec les données est celle de la “dilution des ressources”. En effet, le premier né bénéficie pendant quelques années de l’attention exclusive de ses parents, alors que les suivants doivent la partager avec les grands frères et sœurs. De fait, nos analyses dans la cohorte Elfe montrent que plus il y a de frères et sœurs, moins les parents passent de temps à interagir avec le dernier né.Aucun effet du rang de naissance sur la personnalitéBien sûr, les aînés interagissent aussi avec le petit dernier et peuvent combler ce déficit. Mais force est de constater qu’ils ne le comblent que partiellement, signe que leur manière de le stimuler n’a pas la même qualité que celle des parents. En revanche, nous avons également trouvé que l’effet négatif du rang de naissance sur le vocabulaire était atténué voire annulé lorsque aucun des parents ne parle français à la maison. Dans ce contexte particulier, le fait d’avoir un grand frère ou une grande sœur francophone est susceptible de contribuer positivement à l’acquisition du français.Concernant la personnalité, les résultats sont tout aussi clairs : aucun effet du rang de naissance n’a été mis en évidence. Cela ne manquera pas de surprendre les parents qui constatent que les aînés, cadets et benjamins adoptent souvent des rôles différents au sein de la famille. Ils n’ont pas entièrement tort ! Mais il faut comprendre que ces rôles sont spécifiques à la sphère familiale. Les mêmes enfants peuvent se comporter bien différemment dans d’autres situations, et les parents aussi. Ainsi, il semble que ces rôles joués au sein de la famille ne soient qu’induits par le contexte. Ils n’ont pas d’impact durable sur les traits de personnalité stables que la personne manifestera à l’âge adulte.



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Author : Franck Ramus

Publish date : 2024-11-30 15:30:00

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Qui pour succéder à Laurent Fabius au Conseil constitutionnel ? Dans la tête d’Emmanuel Macron

Laurent Fabius, à Paris en décembre 2023.




Soirée printanière à l’Elysée, remise de décoration à l’avocat d’affaires Jean-Michel Darrois, convives agréables et amis, la dissolution n’a pas encore plissé les fronts… Joli mois de mai 2024, c’est peut-être ça le bonheur, pourrait songer Emmanuel Macron. Mais dans la grise salle des Fêtes, son voisin de nappe, Laurent Fabius, semble en avoir décidé autrement. Le président du Conseil constitutionnel, qui quittera son poste le 7 mars 2025 à minuit et dont le successeur sera nommé par le chef de l’Etat, déjà, s’inquiète : “Il faudra pouvoir résister à des tentatives de subversion de la Constitution, la question de la personnalité appelée à me succéder sera évidemment décisive, peut-être comme elle ne l’a jamais été.” Emmanuel Macron a-t-il conscience de la gravité que recouvre cette nomination ? Ce président qui quand il est à l’heure pense qu’il est en avance et préfère donc être en retard pour se croire dans les temps a, comme pour ses rendez-vous, réunions, discours, déplacements, une fâcheuse tendance à faire patienter avant de nommer. “Surtout, ne lui dites pas que le Conseil peut fonctionner sans président, plaisante un de ses amis. Sinon, il prendra deux ans pour choisir un remplaçant !” Mais Laurent Fabius, lui, n’entend pas repousser sa mise en garde et n’attend même pas le dessert pour dresser la liste de ses angoisses, toutes liées à la possible accession au pouvoir de Marine Le Pen en 2027. Jusqu’à ce que le décoré Jean-Michel Darrois intervienne : “La personnalité du nouveau président comptera, mais pas seulement. Celle des autres membres aussi.”Au premier étage, rue de Montpensier, trois nouveaux membres prendront, en mars prochain, place sur les fauteuils de cuir beige, trois personnalités dont les noms devraient être annoncés à la mi-février et qui pour neuf ans, le regard plongeant entre les rideaux turquoise à pompons dorés, seront “les défenseurs de l’Etat de droit”, comme le résume un fin connaisseur. Qui Gérard Larcher, président du Sénat, désignera-t-il pour prendre le siège de Michel Pinault ? Qui Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, choisira-t-elle à la place de Corinne Luquiens ? Et surtout, à qui pense Emmanuel Macron pour succéder à Laurent Fabius, président du Conseil depuis 2016 ? “Aucune nomination n’est plus importante que celle-ci”, insiste un constitutionnaliste réputé. Car le successeur de Laurent Fabius sera en place lors de la prochaine élection présidentielle, et c’est donc lui qui pourrait voir élu le candidat d’un parti extrémiste, possiblement la tête de proue du Rassemblement national, Marine Le Pen. Or, celle-ci a prévenu les neuf Sages, elle les éprouvera.A son programme, l’organisation d’un référendum sur l’immigration afin de “refondre l’ensemble du droit applicable aux étrangers” et de modifier les premiers articles de la Constitution pour y inscrire la “maîtrise” de l’immigration. Pour ce faire, elle promet de s’appuyer sur l’article 11 de la Constitution. Or la voie autorisée par l’article 11 est celle du référendum direct, réservé aux domaines tels que “l’organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent”. La priorité nationale et l’immigration ne relèvent pas de ces champs, ni – surtout – la révision de la Constitution. Pour la réviser, et y inscrire la préférence nationale par exemple, il faut en passer par l’article 89, qui prévoit que les deux chambres (l’Assemblée et le Sénat) donnent en amont leur accord. La candidate RN connaît la distinction. Si elle prévoit d’en passer par l’article 11, c’est qu’elle envisage de ne pas disposer de la majorité au Sénat, et donc qu’elle ne pourrait utiliser l’article 89. Et elle tient dans la manche un précédent arrangeant.En 1962, le général de Gaulle se servit de l’article 11 pour faire adopter l’élection du président de la République au suffrage universel, contre les avis outrés du Conseil constitutionnel et du Conseil d’Etat. “Ce fut une monstruosité juridique”, rappelle Denys de Béchillon, professeur de droit constitutionnel. La “monstruosité” régale Marine Le Pen. Dans ce scénario, il incomberait au Conseil constitutionnel d’empêcher “la tentative de subversion de la Constitution”. Pour contrer une telle manœuvre, la Cour suprême n’aura pour outil… que le droit. En l’occurrence, la jurisprudence Hauchemaille. En 2000, le Conseil constitutionnel a en effet considéré qu’il lui revenait de décider par avance si le décret de convocation d’un référendum était dans les règles. Si la présidente Le Pen produisait un décret de convocation visant à modifier la Constitution en utilisant l’article 11, le Conseil le recalerait. Enfin, il devrait en être capable. “Qui pour tenir la jurisprudence Hauchemaille face à une présidente RN fraîchement élue ?” s’alarme un juriste de poids, qui s’en est ouvert à Emmanuel Macron, lequel n’a pipé mot.Car l’habitude est prise d’envoyer rue de Montpensier des soutiens fidèles, d’y placer des personnalités qui, au nom du prestige, acceptent de quitter la scène et de maîtriser leur expression publique jusqu’au mutisme. Et de bosser dur. A ses débuts, le Conseil traitait 30 affaires par mandat de neuf ans, aujourd’hui ce sont plus de 700. “C’est un travail monacal, on passe des heures sur des têtes d’épingle, la tâche est aride”, se souvient un ancien membre. Quand ce fut l’heure pour Richard Ferrand, alors président de l’Assemblée nationale, de trouver le digne successeur de Lionel Jospin en 2019, il se rendit chez Robert Badinter et l’interrogea sur le profil idéal d’un Sage. “Inutile de savoir faire du droit, la Constitution est limpide ; il faut quelqu’un qui ait des valeurs, qui respecte la république”, tranche alors l’ancien président du Conseil. Désormais, Laurent Fabius nuance : “Il est indispensable de connaître le droit, mais il n’est pas mal aussi d’avoir une expérience du fonctionnement de l’Etat.” Parce qu’entre le législateur et son contrôleur les relations se sont singulièrement tendues, la Macronie n’ayant pas ménagé le Conseil. “Quand le gouvernement fait adopter la loi Immigration sachant que 32 articles relèvent du cavalier législatif, il renvoie au Conseil constitutionnel la responsabilité de les retoquer. C’est un jeu auquel les gouvernants ont pris goût pour pouvoir dire que les juges les entravent”, commente un haut magistrat. “L’organe régulateur des pouvoirs publics doit être constitué de personnalités optimales, ce n’est pas tout à fait le cas aujourd’hui”, pique un autre, s’inquiétant lui aussi de l’avènement de temps difficiles pour les gardiens de la Loi fondamentale. Des personnalités optimales, donc, mais lesquelles ? Gérard Larcher devrait nommer un sénateur, circule le nom du conseiller d’Etat, sénateur de la Manche, Philippe Bas, qui pourrait refuser, tant il espère être un jour élu à la place de Larcher. Yaël Braun-Pivet a toujours donné à entendre qu’elle désignerait une femme.Eric Dupond-Moretti, Didier Migaud, Richard Ferrand…Et le président ? Serait-il tenté d’utiliser son pouvoir de nomination dans cette prestigieuse institution pour évincer un adversaire ? Non, voyons, Emmanuel Macron ne fait pas de politique, il n’a qu’une boussole, “nommer une vigie républicaine”, jure-t-on à l’Elysée. Pourtant, certains l’ont entendu un an plus tôt s’exclamer : “Un type comme Edouard [NDLR : Philippe] qui est passé au Conseil d’Etat, qui a été avocat, Premier ministre, ce serait un bon profil…” Il n’a pas échappé au chef de l’Etat que l’intéressé nourrit d’autres ambitions, dont le devoir de réserve ne fait pas complètement partie. Il faut chercher encore.Ce n’est un secret pour personne, aussi gouailleur et turbulent soit-il, Eric Dupond-Moretti rêve de l’ambiance feutrée et raisonnable de la Rue de Montpensier. Mais deux obstacles devant lui semblent se dresser. Premièrement, par un vote des deux commissions des Lois à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés, il peut être fait barrage à la nomination du candidat choisi par l’Elysée. En ces temps parlementaires agités pour Emmanuel Macron, comment espérer qu’une personnalité honnie par le Rassemblement national et par La France insoumise remporte les suffrages ? Deuxièmement, et c’est un éminent constitutionnaliste qui le rappelle, “le Conseil constitutionnel est juge électoral : difficile d’imaginer un acteur aussi investi dans la politique que Dupond-Moretti se prononcer de façon parfaitement impartiale dans une affaire d’irrégularité de votes dans l’élection de Marine Le Pen, par exemple.”Un nom surgit à chaque renouvellement d’un membre du Conseil, celui de Didier Migaud. L’ancien président de la Cour des comptes s’en amuse et, en privé, ne cache pas son intérêt. En 2019, Emmanuel Macron hésite. Mais finit par nommer son ancien ministre Jacques Mézard. En précisant tout de même à l’actuel ministre de la Justice que le président de l’Assemblée nationale pourrait aussi le choisir. Fin politique, Migaud en reste là. Il se doute que Richard Ferrand, conscient de son rôle et de ses responsabilités, n’a aucun intérêt à céder à l’Elysée et prendre ainsi le risque de donner l’impression d’être aux ordres. Il n’y a que le président pour ne pas voir le problème. “Ce ne serait pas idiot que tu nommes Migaud ou Moscovici”, susurre Macron aux oreilles de son ami breton, début 2019. “Président, c’est comme reine d’Angleterre ; moi, j’ai un pouvoir de nomination, celui-là, tu me le laisses !” trompette Ferrand.Et si c’était lui ? Eloigné de la vie politique active, assez proche du président de la République pour avoir osé prouver son indépendance d’esprit lors de ses années au Perchoir, Richard Ferrand pourrait, pense un juriste avisé, apparaître comme un choix intelligent, ne suscitant pas une levée de boucliers de cette Assemblée sans majorité. Sauf si les députés voient dans cette nomination l’occasion d’infliger une défaite au chef de l’Etat… Refuser la personnalité proposée au simple prétexte qu’elle serait suggérée par ce dernier, “c’est la jurisprudence Boris Ravignon, dont la candidature à la tête de l’Ademe a été rejetée par l’Assemblée”, souffle un stratège élyséen…. ou un profil plus technique ?Pour éviter le fossé, le contourner. Comment ? En s’orientant vers une personnalité plus technique que politique, peut-être, qui ne s’attirerait pas les foudres des parlementaires. Ainsi le nom de Jean-Denis Combrexelle, haut fonctionnaire, ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne à Matignon, affleure-t-il dans les conversations de ceux qui s’inquiètent de la succession de Laurent Fabius. Tout comme celui de Marc Guillaume, préfet de Paris et ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel. “Deux candidats légitimes”, juge un spécialiste de la Rue de Montpensier. A la question “Comment les départager, font-ils campagne ?” notre interlocuteur s’étouffe : “On ne fait pas campagne pour le Conseil constitutionnel !” Et pince : “Vous croyez que Combrexelle sort un livre par hasard, guidé par le seul amour des normes ?” Pourcentage de réussite de cette discrète opération promotionnelle selon les sondés (un prochissime du président, un constitutionnaliste et un avocat) : aucun. L’un d’eux résume : “Emmanuel Macron n’a aucune idée sur la justice constitutionnelle, il ne nommera jamais quelqu’un qui n’est pas un vrai politique.”Ce qui donne bien du souci à François Bayrou, las que “toute la journée”, ses amis et bien d’autres le supplient d’y aller. Le président du MoDem et maire de Pau admet qu’il aurait “le profil idéal”, mais voilà : “Bien que je mesure l’importance dans les temps qui viennent de ces responsabilités, je ne peux pas descendre du bateau.” Un bateau gardant le cap vers la présidentielle de 2027. Sa retenue ne l’empêche pas d’estimer au passage que Jean-Denis Combrexelle serait un mauvais candidat : “Il n’a jamais touché un micro de sa vie… Non, il faut un politique, un vrai.” On y revient. Et si justement le président de la République, soucieux d’éviter le couperet d’un vote négatif en commission, surprenait son monde en optant pour une professionnelle du droit, une magistrate sachant opposer au prurit plébiscitaire la force des lois ? Comme Gwenola Joly-Coz, première présidente de la cour d’appel de Poitiers, ou encore Isabelle Gorce, ex-directrice de l’administration pénitentiaire aujourd’hui présidente de la cour d’appel de Bordeaux, ou surtout Anne Levade, professeur de droit public, qui serait ainsi consolée de ne pouvoir obtenir le poste laissé vacant par Didier Migaud à la tête de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) ? Fantasmatique ? Possiblement, sauf que “le président mesure chaque jour les limites des candidats qu’on lui propose”. La première des limites étant qu’il le choisisse, et ce faisant le transforme en cible.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/qui-pour-succeder-a-laurent-fabius-au-conseil-constitutionnel-dans-la-tete-demmanuel-macron-VDQKM677YREGPOGJXDSRJSUXJU/

Author : Laureline Dupont, Emilie Lanez

Publish date : 2024-11-30 15:00:00

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Bijoux : “Le goût des Françaises reste traditionnel”

Elsa Vanier




La filière de la bijouterie française doit sa notoriété aussi bien à l’excellence de sa haute joaillerie qu’à l’inventivité du segment fantaisie. Entre les deux, des maisons traditionnelles et une myriade de petits créateurs parviennent à tirer leur épingle du jeu. Le champ des possibles s’élargit ainsi à tous les styles de consommateurs. Les uns accumulent des parures iconiques de grandes marques, comme pour s’identifier à une appartenance sociale qui les rassure. Les autres préfèrent se distinguer en arborant une pièce au design singulier, généralement portée en dissymétrie, voire en solo. D’aucuns encore imaginent de nouvelles manières d’associer matières et formes. S’ils transgressent quelque peu les codes, leur posture conserve néanmoins un certain sens de la dérision. De fait, chacun contribue à redéfinir les standards de l’intemporel.Elsa Vanier est une spécialiste du bijou contemporain, mis en lumière dans sa galerie ouverte en 2003 à Paris. Aujourd’hui commissaire d’exposition, elle continue de défendre les créateurs.L’Express : Quelles périodes anciennes se voient réinterprétées dans la joaillerie moderne ?Elsa Vanier : Les bijoux de certains grands joailliers, inspirés par la faune et la flore, se réfèrent à l’Art nouveau, quand René Lalique incorporait des couleurs et même des éléments comme la pâte de verre, ouvrant la porte à des matériaux moins précieux. Beaucoup s’appuient aussi sur le style Art déco – jamais daté – avec ses lignes géométriques.Comment définir le goût français ?D’une manière générale, nos compatriotes apparaissent plutôt traditionnels. Par exemple, ils n’imaginent l’or que jaune et poli, à la différence de traitements satinés ou mats en vogue chez nos voisins. D’autre part, nous observons un hiatus entre la haute joaillerie, toujours plus précieuse et flamboyante, et les accessoires portés dans la rue : une accumulation de petites pièces souvent sans grand caractère, serties de pierres minuscules.Ces styles à la mode pourront-ils traverser les âges ?Il est difficile d’estimer si une tendance pourra s’installer durablement. Ce n’est pas la préoccupation actuelle des jeunes générations. Elles s’interrogent davantage sur des notions éthiques : origine des gemmes, or recyclé comparé au minerai et à la pollution, choix d’un diamant de synthèse, consommateur d’énergie, ou d’un diamant naturel, nécessitant des moyens d’extraction colossaux.Que penser des nouvelles technologies ?L’impression 3D permet d’envisager des formes extraordinairement complexes, qu’il est néanmoins nécessaire de reprendre ensuite à l’établi. Le travail manuel a encore de beaux jours devant lui.Les nouvelles représentations de la féminité et de la masculinité changent-elles la donne ?La principale évolution est l’attrait des jeunes hommes de la génération Z pour les bagues et les bracelets, voire pour les ornements d’oreilles. Ils semblent plus à l’aise avec ces parures masculines que la génération de leurs parents. Leur sélection reste cependant sobre, on est loin des bagues excentriques de l’antiquaire Yves Gastou. Du côté des femmes, en dépit du mouvement #MeToo, et alors que beaucoup travaillent et achètent leurs propres bijoux, elles apprécient toujours qu’ils leur soient offerts. Y trouvent-elles une réassurance qu’on les aime ?



Source link : https://www.lexpress.fr/styles/plaisirs/shopping/bijoux-le-gout-des-francaises-reste-traditionnel-LYZD7CQIHJF2RA67TEUF6UBYL4/

Author : Carine Loeillet

Publish date : 2024-11-30 14:00:00

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De gifles en camouflets, l’interminable fin de règne de la France en Afrique

Le président tchadien Mahamat Idriss Deby Itno, avec Emmanuel Macron, à Villers-Cotterêts, le 4 octobre 2024.




Il y a divorce à l’amiable et rupture sans préavis, avec supplément humiliation. Le Tchad et le Sénégal ont choisi la seconde formule pour en finir avec la présence militaire française sur leur sol. D’abord le timing, fatal. Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot vient d’achever sa visite au Tchad ce 28 novembre quand, dans une déclaration surprise, son homologue tchadien dénonce les accords de défense avec Paris, allié indéfectible de la dynastie Déby qui règne sur le pays depuis des décennies. Le ministre aurait appris la nouvelle dans l’avion en direction de l’Ethiopie, deuxième étape de sa tournée africaine.Quelques heures plus tôt, le premier coup de tonnerre venait du Sénégal. Dans une interview accordée au Monde, son président Bassirou Diomaye Faye annonçait qu’il n’y aurait “bientôt plus de soldats français” dans son pays, où 350 hommes sont préposés. Emmanuel Macron venait de reconnaître officiellement le massacre de Thiaroye, ce camp militaire où les forces coloniales ouvrirent le feu sur des tirailleurs sénégalais en 1944, faisant des dizaines de morts. Deux déclarations à quelques heures d’intervalle, au moment même où le chef de l’Etat français reçoit un autre président africain, le dirigeant du Nigeria Bola Tinubu. L’opération ressemble à un sabotage.Les éléments de langage choisis par N’Djamena et Dakar sont sans équivoque. “La France est un partenaire essentiel mais elle doit aussi considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri et que le Tchad est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté”, déclare son chef de la diplomatie ce 28 novembre. “Quel pays peut avoir des militaires étrangers sur son sol et revendiquer son indépendance ? La France ne l’accepte pas, elle ne doit donc pas l’imposer à d’autres pays”, affirme de son côté le président souverainiste sénégalais.Un modèle à bout de souffleLa pilule est dure à avaler pour l’armée française, qui freine des quatre fers pour quitter l’Afrique, souvent désignée comme son “bac à sable”, un camp d’entraînement géant et le symbole, jadis, de l’influence tricolore. Dans leurs vœux de 2024 adressés aux militaires actifs et retraités lecteurs de L’Ancre d’Or, la revue des troupes de marine, les généraux Vidal et Bonnet espéraient encore “de nombreuses missions hors de l’Hexagone”. Avant de conclure par cette formule : “Et au nom de Dieu, vive la Coloniale !”. L’anecdote, rapportée par Stephen Smith et Jean de La Guérivière dans leur récent ouvrage Requiem pour “la Coloniale” (Grasset, 2024) montre l’ampleur du déni au sein d’une partie de l’état-major français au sujet de la présence militaire en Afrique.”Le modèle d’opérations extérieures en Afrique est parvenu à la fin d’un cycle, souligne Elie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Il y a une difficulté à comprendre les attentes nos partenaires, souvent vus comme devant se conformer aux intérêts français.” Avec le Tchad, les généraux français pensaient encore avoir une relation privilégiée. Dans ce pays d’Afrique centrale, situé aux confins de la Libye, du Soudan, du Niger, du Nigeria, du Cameroun et de la Centrafrique, l’armée française a longtemps occupé une place stratégique. Et sauvé plus d’une fois le président Idriss Déby de la menace de mouvements rebelles. Après sa mort en 2021, Emmanuel Macron était le seul chef d’Etat occidental présent à ses obsèques et a même adoubé son fils, Mahamat Idriss Déby, entérinant une succession dynastique contestée. Trois ans plus tard, l’idylle est bel et bien enterrée. Au sommet de l’état-major, pourtant, la rupture n’est pas une totale surprise. “Le Tchad, ça nous pend au nez !” soufflait-on déjà en haut lieu il y a quelques mois.Pivot vers l’Europe de l’Est”Une fois de plus, la France est doublée par ses partenaires à l’heure où elle cherche à reprendre la main sur l’agenda”, poursuit Elie Tenenbaum. Ce lundi 25 novembre, Jean-Marie Bockel, envoyé spécial d’Emmanuel Macron pour l’Afrique, lui remettait un rapport préconisant une refonte du dispositif militaire français et une réduction drastique de ses effectifs. “Ce rapport a été discuté avec les Etats africains, reprend le chercheur. Or, ni le Sénégal ni le Tchad n’avaient exigé le départ des soldats français. En réalité, les partenaires de Paris veulent maîtriser le narratif en présentant leur décision comme une marche vers l’émancipation et l’achèvement de la décolonisation.”La Côte d’Ivoire et le Gabon, où l’armée française est encore implantée, emboîteront-elles le pas à leurs voisins ? “Une lame de fond nationaliste traverse le continent”, rappelle Elie Tenenbaum. A l’approche d’élections présidentielles dans ces deux pays en 2025, le vent pourrait rapidement tourner. “En Afrique, la France risque de subir un Waterloo intellectuel, militaire, politique et économique ; autrement dit, une défaite intégrale après laquelle personne ne voudra plus d’elle”, avertissait dans L’Express l’historien camerounais Achille Mbembe. Paris file tout droit vers ce scénario. La fin d’une ère et le début d’une autre, cette fois sur le continent européen.”Un nouveau cycle émerge avec des menaces beaucoup plus proches du territoire français, dans le contexte de la guerre en Ukraine”, pointe Elie Tenenbaum. Le pivot vers l’Europe orientale est déjà amorcé. A l’Elysée comme dans les armées, on multiplie les signaux en faveur d’une contribution française, y compris par le déploiement de soldats, dans les garanties de sécurité qui pourraient être offertes à l’Ukraine demain. Kiev pourrait être le premier bénéficiaire de la retraite précipitée d’Afrique.



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Author : Charlotte Lalanne

Publish date : 2024-11-30 08:00:00

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Syrie : les djihadistes et leurs alliés anti-Assad contrôlent la majeure partie d’Alep

Des combattants rebelles sur une position à New Aleppo, à la périphérie d'Alep, la grande ville du nord de la Syrie, le 29 novembre 2024




En Syrie, les djihadistes et leurs alliés ont pris la “majeure partie” d’Alep après une offensive contre les forces gouvernementales de Bachar el-Assad, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ce samedi 30 novembre. “Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et les factions rebelles alliées ont pris le contrôle de la majeure partie de la ville” située dans le nord de la Syrie, ainsi que “des bâtiments gouvernementaux et des prisons”, a fait savoir l’ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.Le bilan de cette offensive, lancée mercredi, a grimpé à 311 morts -183 combattants du HTS et leurs alliés, 100 soldats et membres des forces progouvernementales et 28 civils, selon l’OSDH. Des médias gouvernementaux syriens ont fait état de quatre civils tués dans une résidence d’étudiants à Alep bombardée par le HTS. L’OSDH a ajouté que “le gouverneur d’Alep et les commandants de la police et des services de sécurité se sont retirés du centre-ville”. Les frappes aériennes russes de la nuit ont coïncidé avec “l’arrivée d’importants renforts militaires” (rebelles) dans la région, a ajouté l’ONG.Fin d’un calme relatifLes combattants djihadistes et leurs alliés étaient entrés vendredi à Alep, après deux jours d’une offensive qui met fin à des années de calme relatif dans le nord-ouest syrien. Pendant la guerre civile qui a éclaté en 2011, et qui a fait plus d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes, HTS, dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, a pris le contrôle de vastes pans de la province d’Idleb, et des territoires voisins dans les régions d’Alep, Hama et Lattaquié.Le régime syrien a repris en 2015 le contrôle d’une grande partie du pays avec l’appui de ses alliés russes et iraniens. Un cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara, après une offensive du régime en mars 2020, avait permis d’instaurer un calme précaire dans le nord-ouest du pays.



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Publish date : 2024-11-30 08:53:50

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Pourquoi Marc Levy est bien plus qu’un auteur de comédies romantiques

L'écrivain Marc Levy en juin 2022.




Automne 1999 : Marc Levy reçoit le fameux appel de Steven Spielberg lui annonçant qu’il veut acheter les droits d’adaptation d’Et si c’était vrai… – et ce n’est pas un bobard. Le roman n’est même pas encore sorti et voilà que son auteur, un inconnu de 38 ans, devient célèbre du jour au lendemain. Comme souvent dans les contes de fées, le héros est frappé par un mauvais sort. Alors que le livre de Levy démarre en flèche, une certaine critique se bouche d’emblée le nez – et se le bouche encore.Assis face à nous au bar de l’hôtel parisien où il nous reçoit, l’écrivain aux 50 millions d’exemplaires vendus dans le monde sourit de ce vieux malentendu : “Mon premier roman est une comédie romantique : j’ai donc été estampillé à vie auteur de comédies romantiques. Quand on regarde ce que j’ai fait, c’est cocasse… Où es-tu ? se passe dans l’humanitaire au Honduras. Ça parle de la misère, de la pauvreté, de l’incapacité de sauver, de la difficulté d’aimer, il y a 17 000 morts au bout de deux pages – c’est tout sauf une comédie. Mais toute la presse à l’époque parlait de ma nouvelle comédie romantique. Ce n’était pas très grave, c’était même amusant… Les Enfants de la liberté s’inspire de la vie de mon père, qui a été résistant. L’Etrange Voyage de Monsieur Daldry évoque le génocide arménien. Si c’était à refaire est un roman sur les enfants disparus de la dictature argentine ; il y est question de la torture, avec plein d’atrocités et de scènes insoutenables. Une autre idée du bonheur revient sur le Weather Underground, qui avait fusionné avec les Black Panthers avant que le FBI n’infiltre le mouvement et commette des actes terroristes en son nom pour le discréditer. Ma trilogie 9 (C’est arrivé la nuit, Le Crépuscule des fauves et Noa) est un thriller politique. Quant à La Symphonie des monstres, ça traite de la guerre en Ukraine. Mais à chaque fois, paf, comédie romantique ! Il y a une extraordinaire légèreté à se foutre complètement de ce qu’on dit de vous. Ne me regardant pas dans le miroir, je m’en fiche. Les lecteurs, eux, savent…”Exilé à Londres puis à New York dès le début de sa starification en l’an 2000, Marc Levy observe tout cela de loin. Si d’autres auteurs marchent mieux que lui en France, ses chiffres de ventes demeurent colossaux. Son avant-dernier roman, Eteignez tout et la vie s’allume, s’est arraché à 430 000 exemplaires tous formats confondus. Le dernier, La Symphonie des monstres, en est à 185 000 exemplaires en grand format. Déjà tiré à 243 000 exemplaires, le nouveau, La Librairie des livres interdits, devrait connaître le même succès. Marc Levy serait-il un écrivain maudit ? Tous les auteurs le sont, au fond. Les avant-gardistes incompris qui se noient dans les bides et l’anonymat (souvent à juste titre) comme certains romanciers populaires que les prétendus arbitres du bon goût ne prennent pas le temps de lire.”Mon père se demandait souvent à quoi sert un livre”Aux esprits curieux qui voudraient se défaire des préjugés qu’ils auraient à l’égard de notre homme, on conseille le visionnage de Marc Levy, confidentiel, documentaire diffusé sur Canal + en 2022. Plein d’humour sur lui-même mais mélancolique à souhait, Levy y apparaît attachant, notamment quand il retourne sur les lieux de ses premières années, à Villefranche-sur-Mer. Serait-il resté cet enfant triste ? “Mon père se demandait souvent à quoi sert un livre. Il me semble que le premier livre dont on se souvient est celui qui a fait qu’on ne se sentait plus seul – de cette solitude de l’adolescence que personne n’avoue et ne reconnaît. J’en ai particulièrement souffert quand je suis arrivé à Paris en 6e. Les Parisiens prennent de haut les provinciaux, et le passage du primaire au secondaire n’était pas simple. Une prof de français nous a fait lire Paroles de Prévert, et je suis tombé sur ‘Le Cancre’ – un électrochoc. Puis La Nuit des temps de Barjavel m’a fait rêver, et j’ai pris une claque incroyable avec Les Raisins de la colère de Steinbeck…”Aujourd’hui âgé de 63 ans, Marc continue à parler souvent de son père, Raymond Levy, un éditeur d’art qui s’évada du train qui l’emmenait vers Dachau et fut plus tard l’auteur de Schwartzenmurtz ou l’esprit de parti (paru chez Albin Michel en 1977), roman qui lui valut son quart d’heure de gloire à Apostrophes : “Il était très drôle. Dans Schwartzenmurtz, tout est au second degré, il y a une forme d’autodérision : c’est l’histoire d’un homme qui entre dans la Résistance sans le faire exprès ! Il fait tout presque malgré lui… Mon père était un passionné des mots. Quand son copain Bernard Pivot avait des doutes sur un mot, il l’appelait lui en priorité !” En l’an 2000, ce fut au tour du fiston (visiblement mort de trouille quand on revoit les images) de passer à Bouillon de culture : “Pivot était incorruptible. Il ne m’avait pas invité par amitié pour mon père – il ne l’aurait jamais fait. Par la suite, il se réjouissait de ma réussite mais ne me parlait pas de mes livres. Si vous tombez sur un ami médecin dans un dîner, vous ne l’embêtez pas avec votre mal de gorge. Pivot était ainsi… Il y a dix ans, on s’était retrouvés à Madrid : on avait dîné ensemble pendant quatre heures, mais nous n’avions parlé ni de mes romans ni de ses émissions.””Un inventeur d’histoires devenu écrivain”On touche ici à l’un des mystères de Levy. Proche de Pivot, son père l’était également de Jorge Semprun et de Michel Piccoli. Bref, le jeune Marc était un enfant de la balle. Comment se fait-il qu’il n’ait jamais eu la carte, contrairement à Vincent Cassel, Sylvain Tesson, Thomas Dutronc et tant d’autres “fils de” plus ou moins doués qui ne récoltent que louanges dans la sphère culturelle ? Alors qu’on passe tout à ces héritiers, on ne pardonne rien à Levy. Guillaume Gallienne, un de ses amis de longue date (avant même Et si c’était vrai…), glisse cette explication : “Marc n’est pas un homme de lettres mais un inventeur d’histoires qui est devenu écrivain.” Le prix Goncourt n’est pas pour demain.Avec La Librairie des livres interdits, Marc Levy a-t-il signé une comédie romantique ? Merci de ne pas ressortir ces gros mots. Cette fable contemporaine, qui met en scène un libraire poursuivi pour avoir distribué sous le manteau des romans prohibés, est une réflexion sur la place de la littérature dans nos sociétés où la liberté a tendance à reculer. Un journal, intitulé Le Phare, soutient le régime autoritaire. Levy aurait-il des titres de presse réels en tête ? “Quand les démocraties prendront réellement les mesures impératives pour se protéger, l’acquisition des médias par des oligarques sera interdite. Ça devrait l’être. C’est impossible, comme si les pharmacies et les hôpitaux étaient achetés par les labos pharmaceutiques. On peut faire autrement : le Guardian est un journal indépendant, l’un des plus grands quotidiens d’information au monde, et probablement l’un des plus crédibles. A l’inverse, la ligne éditoriale prise depuis peu par le JDD de Vincent Bolloré témoigne exactement des dérives qui arrivent quand un homme qui a beaucoup d’argent s’achète un journal à grande diffusion et en fait son arme idéologique. J’ai lu le JDD de la semaine dernière : ses journalistes considèrent que le grand enjeu qui va détruire notre civilisation est la culture ‘woke’. Leur ennemi public n° 1, c’est la drag-queen ou le transsexuel – car, comme on le sait, il y a eu une explosion du nombre de meurtres commis par des transsexuels ces dernières années.” Tel est le véritable Levy : critique et volontiers caustique. Qu’on ne le travestisse plus en auteur de romans à l’eau de rose.La Librairie des livres interdits, par Marc Levy. Robert Laffont, 343 p., 21,90 €.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/livre/pourquoi-marc-levy-est-bien-plus-quun-auteur-de-comedies-romantiques-EFWIA643I5BM3J4MSVW3E2QKJA/

Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld

Publish date : 2024-11-30 12:00:00

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