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L’Express

Etats-Unis : de patronne du catch à future ministre de l’Éducation, qui est Linda McMahon ?

Linda McMahon lors de la Convention nationale républicaine à Milwaukee, Wisconsin, le 18 juillet 2024




Après le milliardaire Elon Musk au département de “l’efficacité gouvernementale”, ou bien le vaccinosceptique Robert Kennedy Jr, nommé secrétaire à la Santé, le président américain récemment élu Donald Trump, qui sera investi le 20 janvier 2025, poursuit les nominations parfois surprenantes en vue de constituer un gouvernement. Mardi 19 novembre, il a ainsi annoncé avoir choisi Linda McMahon pour prendre la tête du ministère de l’Éducation – une institution fédérale que le président élu a promis de mettre à mal, sur fond de fortes divisions aux États-Unis entre progressistes et conservateurs.Le profil de Linda McMahon fait couler beaucoup d’encre : elle est en effet l’ancienne patronne de la fédération de catch WWE. Mariée à Vince McMahon, l’héritier de la WWE, elle en deviendra la présidente en 1993 et la directrice générale en 1997, avant de démissionner en 2009 pour tenter sa chance en politique. Son mari restera à la tête de l’entreprise jusqu’en janvier dernier, finalement poussé à la démission après le dépôt par une ancienne employée d’une plainte contre lui pour agressions sexuelles.Femme d’affaires de 76 ans, Linda McMahon avait été entre 2017 et 2019 ministre chargée des petites entreprises lors du premier mandat du républicain. Elle fait partie de sa garde rapprochée, étant l’une des co-dirigeantes, avec le milliardaire Howard Lutnick, de l’équipe de transition du pouvoir. Celui-ci a été nommé lundi secrétaire au Commerce.Une “amie” de Donald Trump”Avec Linda McMahon, 76 ans, Donald Trump a nommé une personne bien en dehors du moule des candidats traditionnels à ce poste, une dirigeante sans formation d’enseignante ni expérience professionnelle dans la conduite de la politique éducative, autre qu’une nomination en 2009 au Conseil d’éducation de l’État du Connecticut, où elle a servi pendant un peu plus d’un an”, analyse le quotidien progressiste New York Times.N’hésitant pas à parler de Donald Trump comme d'”un ami”, Linda McMahon est une donatrice importante du Parti républicain, apportant dès 2016 un soutien financier à la candidature de magnat de l’immobilier, d’abord pour sa primaire puis dans la course à la Maison-Blanche. “Ces dernières années, elle a présidé le conseil d’administration de l’America First Policy Institute, un groupe de réflexion conservateur qui a cherché à jeter les bases d’un second mandat de Donald Trump”, précise encore le journal conservateur Washington Post.Divisions autour de l’éducation”Linda McMahon se verra probablement confier la lourde tâche de mener à bien ce qui est largement considéré comme un démantèlement complet et déterminé des fonctions essentielles du ministère”, poursuit le quotidien new-yorkais. Le sujet de l’éducation divise particulièrement les Etats américains entre ceux dirigés par les démocrates et ceux tenus par les plus conservateurs, ces derniers s’opposant farouchement aux questions liées aux droits des femmes, des minorités ou encore des communautés LGBT +.”Nous allons RENDRE L’EDUCATION AUX ETATS et Linda sera le fer de lance de cet effort”, a promis Donald Trump. “En tant que ministre de l’Education, Linda se battra sans relâche” pour offrir plus de liberté d’enseignement à chaque Etat américain et “donner aux parents les moyens de prendre les meilleures décisions en matière d’éducation pour leur famille”, a déclaré Donald Trump dans un communiqué. Moins d’une heure après l’annonce, la National Education Association (NEA), le plus grand syndicat d’enseignants du pays, a appelé le Sénat à rejeter sa confirmation.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/etats-unis-de-patronne-du-catch-a-future-ministre-de-leducation-qui-est-linda-mcmahon-KND7A7OCCVHPRIK3XGWYJLZPEQ/

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Publish date : 2024-11-20 09:34:51

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Budget 2025 : cette “ligne rouge” qui pousserait le RN à censurer Michel Barnier

La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 4 juillet 2023




Le Rassemblement national votera, avec la gauche, une motion de censure d’ici fin décembre contre le gouvernement Barnier “si le pouvoir d’achat des Français est amputé” par le budget, a déclaré ce mercredi 20 novembre Marine Le Pen. “Nous n’accepterons pas que le pouvoir d’achat des Français soit encore amputé. C’est une ligne rouge. Et si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure”, a affirmé la cheffe de file des députés RN sur RTL.Le RN votera la censure “si le pouvoir d’achat des Français est amputé” par le budget @MLP_officiel invitée de @ThomasSotto dans #RTLMatin pic.twitter.com/k9H8zNnz9A— RTL France (@RTLFrance) November 20, 2024Les demandes du RN, “c’était de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l’Etat”, a récapitulé la candidate malheureuse à la présidentielle. “Or, nous n’avons pas été entendus, nous n’avons même pas été écoutés”, a-t-elle déploré.Le RN n’entend pas déposer ou voter de motion de censure sur les autres textes (fin de gestion de 2024 et budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par le 49.3 avant le projet de loi de finances de l’Etat pour 2025, a-t-elle précisé.”Nous n’avons pas été entendus”Marine Le Pen, qui sera reçue lundi par Michel Barnier comme chaque chef de groupe parlementaire pour discuter du budget, a en particulier jugé “inadmissible” la hausse envisagée par le gouvernement des taxes sur l’électricité, mais qui a été supprimée par l’Assemblée en première lecture. “Taper sur les entreprises, sur les retraités, c’est inadmissible”, a-t-elle ajouté.Les demandes du RN, “c’était de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l’Etat”, a récapitulé la candidate malheureuse à la présidentielle. “Or, nous n’avons pas été entendus, nous n’avons même pas été écoutés”, a-t-elle déploré.Une éventuelle censure du gouvernement précipiterait la France “dans le désordre et la chienlit”, a estimé de son côté ce mercredi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. “Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d’un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit”, a-t-il déclaré lors d’une interview sur CNews. “Il n’existe aucune majorité alternative au socle qui soutient le gouvernement” actuel de Michel Barnier, a affirmé le ministre.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/budget-2025-cette-ligne-rouge-qui-pousserait-le-rn-a-censurer-michel-barnier-ALABFGVQ5VF3HLMZFFOOBMBNYM/

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Publish date : 2024-11-20 08:43:44

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Guerre en Ukraine : les États-Unis vont fournir des mines antipersonnel à Kiev

Un panneau "Danger ! mines !" dans le village de Kamianka, dans la région de Kharkiv, en Ukraine, le 14 août 2024.




Alors que le tir de missiles américains ATACMs sur le territoire russe dans la nuit de lundi à mardi fait craindre une nouvelle escalade entre Moscou et Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a mis en garde, mardi 19 novembre, contre le risque d’une défaite face à la Russie en cas de fin de l’aide américaine, mesure promise par le président américain prochainement investi Donald Trump.Moscou a pour sa part accusé les Occidentaux de vouloir l’escalade, et promis une réponse “appropriée” après l’attaque ukrainienne, annonçant que les possibilités de recours à l’arme nucléaire étaient élargies. De son côté, le président français Emmanuel Macron a dénoncé mardi une posture “escalatoire” de la Russie en Ukraine, invitant Vladimir Poutine “à la raison”, tandis que l’Ukraine a appelé à “garder la tête froide” face à ces menaces.Les infos à retenir⇒ Les États-Unis vont fournir des mines antipersonnel à l’Ukraine⇒ Zelensky inquiet d’une défaite de l’Ukraine en cas d’arrêt des subventions militaires américaines⇒ Emmanuel Macron dénonce une posture “escalatoire” de la Russie après ses propos sur l’arme nucléaireLes États-Unis vont fournir des mines antipersonnel à l’UkraineLes États-Unis vont fournir à l’Ukraine des “mines antipersonnel non persistantes” (c’est-à-dire équipées d’un dispositif d’autodestruction ou d’auto-désactivation pour empêcher qu’elles ne constituent un danger pendant des générations après la fin de la guerre) pour renforcer ses défenses face à l’invasion russe, a déclaré à l’AFP un haut responsable américain. Cette décision intervient après le feu vert donné dimanche par le président Joe Biden à l’Ukraine pour l’utilisation contre le territoire russe de missiles à longue portée fournis par les États-Unis.Volodymyr Zelensky inquiet d’une défaite de l’Ukraine en cas d’arrêt des subventions militaires américainesAlors que sur le terrain les troupes russes avancent sur plusieurs secteurs du front, Kiev et ses alliés européens s’inquiètent des conséquences du retour au pouvoir le 20 janvier de Donald Trump, très sceptique à l’égard des milliards que l’administration de l’actuel président Joe Biden a accordés à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe en février 2022.”S’ils coupent (l’aide), je pense que nous perdrons”, a déclaré Volodymyr Zelensky lors d’une interview sur Fox News, la chaîne américaine préférée des conservateurs. “Bien sûr, dans tous les cas, nous resterons, nous nous battrons. Nous avons notre production. Mais ce n’est pas assez pour l’emporter. Et je pense que ce n’est pas assez pour survivre”, a-t-il ajouté, insistant sur l’importance de “l’unité” entre l’Ukraine et les États-Unis. Durant sa campagne, Donald Trump a promis à plusieurs reprises de mettre rapidement fin à la guerre, sans préciser comment.Emmanuel Macron dénonce une posture “escalatoire” de la Russie après ses propos sur l’arme nucléaireLe président français Emmanuel Macron a dénoncé mardi une posture “escalatoire” de la Russie en Ukraine, appelant Vladimir Poutine “à la raison” et appelant Xi Jinping à peser de “tout son poids” sur Moscou. Le président russe a signé le décret élargissant ses possibilités de recours à l’arme nucléaire, après que Washington a autorisé Kiev à utiliser ses missiles de longue portée pour frapper des cibles en Russie.”Ces derniers jours et ces dernières heures ont marqué une évolution du conflit de manière inquiétante, avec une posture escalatoire et donc particulièrement belliqueuse de la part de la Russie”, a dit Emmanuel Macron à des journalistes à l’issue d’un sommet du G20 à Rio de Janeiro. “Je veux ici véritablement appeler la Russie à la raison. Elle a des responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies”, a-t-il indiqué. Emmanuel Macron, qui a rencontré plus tôt dans la journée son homologue chinois Xi Jinping en marge du sommet du G20, a aussi dit lui avoir demandé de peser auprès de Moscou, dont Pékin reste un allié.Kiev appelle à “garder la tête froide” face au “chantage” de Moscou sur l’arme nucléaireLe ministre ukrainien des Affaires étrangères a appelé mardi à Washington à “garder la tête” froide face à la révision de la doctrine nucléaire russe, qui élargit la possibilité d’utiliser l’arme atomique. “Leur doctrine nucléaire révisée et leur rhétorique sur l’utilisation des armes nucléaires ne sont rien d’autre que du chantage”, a déclaré Andriï Sybiga devant une commission du Congrès américain, au 1000e jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.Lors d’une conférence de presse, une porte-parole du Pentagone a quant à elle assuré que la révision de la doctrine nucléaire russe n’était “pas surprenante”. “C’est quelque chose que nous continuons à surveiller, mais rien n’indique que la Russie se prépare à utiliser une arme nucléaire en Ukraine”, a affirmé Sabrina Singh.La Russie dit avoir abattu 50 drones ukrainiensLa Russie a annoncé ce mercredi avoir détruit ou intercepté dans la nuit et la matinée, 44 drones aériens ukrainiens, selon un communiqué du ministère russe de la Défense. La majorité des appareils (20) ont été neutralisés au-dessus de la région de Novgorod (nord-ouest), située à environ 1 000 km de la frontière ukrainienne, selon la même source.Une cinquantaine d’États réaffirment leur soutien à Kiev”Cette guerre doit s’arrêter” : au 1 000ᵉ jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une cinquantaine de pays ont réaffirmé mardi à l’ONU leur soutien à Kiev, exigeant le retrait immédiat des forces russes du territoire ukrainien. “Nous réaffirmons notre soutien à la souveraineté, à l’indépendance et à l’unité de l’Ukraine”, a lu l’ambassadeur ukrainien à l’ONU Sergiy Kyslytsya au nom d’une cinquantaine d’États. “Nous répétons notre demande que la Russie cesse l’utilisation de la force contre l’Ukraine et retire immédiatement, complètement et sans condition ses forces militaires du territoire ukrainien dans ses frontières internationales reconnues”, ajoute la déclaration commune.”



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/guerre-en-ukraine-les-etats-unis-vont-fournir-des-mines-antipersonnel-a-kiev-7PAY5RFDH5CU5FCMZ6Y6NXGARA/

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Publish date : 2024-11-20 07:21:59

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Photovoltaïque : Bordeaux et le doux rêve d’une rocade routière solaire

Le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, veut multiplier l'installation de panneaux solaires dans sa ville, y compris sur certains monuments historiques.




“Même un sinistre héritage peut devenir un gisement d’avenir.” Pierre Hurmic voit de la lumière à la base sous-marine construite pendant l’occupation allemande. Ce noir vestige de la Seconde Guerre mondiale sera bientôt couvert de 13 200 mètres carrés de panneaux photovoltaïques. Une étape décisive pour atteindre l’objectif fixé par le maire écologiste de Bordeaux : équiper 60 000 mètres carrés de toitures municipales d’ici à 2026, afin de produire une énergie verte couvrant 41 % des besoins de la Ville.”En 2020, l’autonomie énergétique ne dépassait pas 3 %”, rappelle celui qui multiplie les poses de panneaux à l’occasion de rénovations ou de constructions neuves, sur les écoles, les gymnases ou les piscines. Quelques dizaines de mètres carrés par-ci par-là, jusqu’à cette annonce majeure concernant la base sous-marine, en septembre. Les travaux débuteront en février.Suivront le dépôt de bus (1 000 mètres carrés), un pan de tribune du parc Lescure (1 200 mètres carrés) et des préaux solaires (1 600 mètres carrés) construits au-dessus des cours de tennis de l’enceinte sportive. “Les villes constituent une formidable ressource de foncier déjà artificialisé pour produire de l’énergie décarbonée et locale”, prône Pierre Hurmic. Selon les services municipaux, la capitale girondine offre 588 600 mètres carrés de surface solarisable – y compris les parkings et les bâtiments privés. C’est pourquoi le maire a lancé au printemps l’Alliance de Bordeaux pour l’énergie solaire associant les collectivités locales, l’Etat et une première salve d’acteurs institutionnels et privés (bailleurs sociaux, fédération du bâtiment, enseignes de supermarchés, universités, CHU, SNCF, La Poste, etc.). “Je veux être une courroie de transmission pour promouvoir cette énergie renouvelable sur l’ensemble du territoire.” Chez les particuliers, le nombre de demandes d’autorisation d’urbanisme dans ce domaine a bondi de 37 en 2020 à 276 en 2023, et le taux d’avis favorables de 62 % à 97,8 %. “Le principe, c’est ‘oui’. Une réponse ‘non’ doit être l‘exception.”Celui qui est avocat dans le civil s’est même fait le défenseur de la cause solaire au sein du club des villes Unesco afin de marier le photovoltaïque et le patrimoine dans les secteurs sauvegardés. Il en avait fait le thème de son intervention en 2022 à Québec. “Les matériaux évoluent”, rappelle-t-il, après avoir inauguré 160 mètres carrés de “panneaux ardoise” en juin sur la mairie annexe de Caudéran – classée monument historique. “Devant l’urgence climatique, les esprits évoluent”, glisse-t-il. L’architecte des Bâtiments de France avait initialement rejeté la couverture de la base sous-marine – avant de changer d’avis.”Le temps n’est plus à la construction des pyramides”, affirme celui qui refuse d’être un maire bâtisseur. Mais les pharaons aussi adoraient le soleil et son totem à lui, c’est le projet de couverture du périphérique. Il est le premier politique à avoir porté l’idée de l’urbaniste Jean-Claude Laisné consistant à transformer les rocades en gigantesques centrales énergétiques – et récupérateurs d’eaux de pluie.Les 45 kilomètres en question – 2 millions de panneaux, plus de 3 milliards d’euros d’investissements – sont du ressort de l’Etat. Le préfet s’est dit favorable à une expérimentation “sur un boulevard” dans un premier temps, Aliénor d’Aquitaine ou le cours Jules Ladoumègue, pour tester les modules en ombrière de 60 mètres de long et 17 de haut – séquencés pour éviter l’effet tunnel et permettre l’accès des secours en hélicoptère. L’anneau solaire couvrirait les besoins en électricité des 420 000 foyers métropolitains. Le maire, qui préfère circuler à vélo, songe déjà à équiper aussi les pistes cyclables.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/region/photovoltaique-bordeaux-et-le-doux-reve-dune-rocade-routiere-solaire-2ADGMUYYDVGK3OZCC7E3CRIJTI/

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Publish date : 2024-11-20 08:00:00

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Agathe Demarais : “Le Mercosur est un bouc émissaire facile pour occulter les vrais problèmes de l’agriculture française”

Un véhicule d'agriculteurs français du syndicat CR 34 (Coordination rurale) lors d'une manifestation nationale contre l'accord UE-Mercosur à Béziers, le 19 novembre 2024




Alors que la colère gagne les campagnes, Emmanuel Macron ne cesse de répéter que la France ne signera pas le Mercosur, l’accord commercial actuellement en discussion entre l’UE et les pays d’Amérique du Sud. Reste que le président français n’a pas vraiment les soutiens suffisants au sein du Conseil européen pour faire capoter ce traité de libre-échange. Surtout, loin d’être une catastrophe annoncée pour l’Europe, il pourrait être globalement positif pour l’économie du Vieux Continent. Pour L’Express, l’économiste et chercheur au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR) à Londres, Agathe Demarais, décortique les idées reçues et dissipe les fantasmes entourant cet accord.L’Express : L’accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur suscite une vive opposition en France. Cette inquiétude est-elle réellement justifiée ?Agathe Demarais : On peut toujours pointer les insuffisances – réelles, surtout sur le volet environnemental – de ce type d’accords. Mais posons-nous une question : pourquoi la quasi-totalité de nos voisins européens de l’Allemagne, en passant par l’Italie, l’Espagne ou les Pays-Bas, sont prêts à le signer ? Pourquoi ce sujet ne fait l’objet d’aucune polémique dans les autres pays européens ? Dans tout accord, il y a toujours des gagnants et des perdants mais le résultat en net pour l’économie européenne sera positif, comme le démontrent à peu près toutes les études d’impacts qui ont été réalisées.C’est le cas aussi dans de nombreux secteurs agricoles comme la filière porcine, le secteur laitier ou celui des vins et des spiritueux. Certes, l’élevage bovin et la filière volaille vont souffrir. Mais là encore, il peut être utile de prendre un peu de hauteur. Les quotas tarifaires – c’est-à-dire les volumes de viande qui entreront en Europe à droits nuls ou réduits – représentent seulement 1,6 % de la consommation annuelle totale de l’UE en viande de bœuf et 1,2 % de celle de volaille. Cela représente environ deux burgers et deux filets de poulet par an et par Européen. En outre, l’UE importe déjà de la volaille et du bœuf des pays du Mercosur : il ne s’agit donc pas de se battre pour éviter d’ouvrir la porte à des produits de moins bonne qualité, qui sont déjà dans les rayons. Il faut absolument remettre les choses dans leur contexte.D’ici à 2032, l’impact des accords de libre-échange prévus avec les pays du Mercosur, l’Australie et la Nouvelle-Zélande devraient réduire la production européenne de bœuf et de poulet de moins de 1 %. Si les agriculteurs traversent une crise profonde, ce n’est pas lié au libre-échange, mais, du point de vue économique, au niveau élevé des prix de l’énergie et des engrais, et aux variations de taux de change. L’accord avec le Mercosur est un bouc émissaire. Le rejeter ne permettra pas de résoudre les problèmes des agriculteurs français.Quels sont alors les arguments à opposer à ceux qui dénoncent cet accord ?Ils sont de deux natures. Partons d’abord du champ économique. Quel est l’un des enjeux principaux de toutes nos économies au cours des décennies qui viennent ? Réussir la transition énergétique et climatique. Or, les pays du Mercosur détiennent de vastes réserves de matières premières cruciales pour la transition énergétique verte. C’est une excellente nouvelle pour Bruxelles, étant donné l’objectif de l’Union européenne de réduire sa dépendance à l’égard de la Chine pour ces matières premières.Le Brésil, par exemple, possède environ 20 % des réserves mondiales de graphite, de nickel, de manganèse et de terres rares. Autant d’éléments cruciaux pour les équipements de technologie propre. Le pays détient également 94 % des réserves mondiales de niobium, un métal utilisé dans le secteur aérospatial et figurant sur la liste des matières premières critiques de l’UE. L’Argentine possède les troisièmes réserves mondiales de lithium, un élément également essentiel des batteries des véhicules électriques.Le deuxième argument d’ordre économique est lié à la volonté européenne de réduire notre dépendance économique à la Chine. D’une part, il nous faut trouver de nouveaux débouchés alors que le marché chinois, qui pèse très lourd dans de nombreux secteurs industriels, est en train à la fois de se refermer et de ralentir. Les Italiens sont très soucieux de cette dépendance. Or, aujourd’hui les produits européens sont frappés de droits de douane à l’entrée dans le Mercosur de 18 % dans la chimie et de 14 à 20 % dans les machines et équipements industriels. Cet accord ouvre de nouvelles perspectives pour l’industrie européenne, au moment même où la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine va pousser les groupes chinois à réorienter leurs échanges vers l’Europe. D’autre part, les entreprises européennes sont très présentes en Chine. L’accord avec le Mercosur pourrait les inciter à ouvrir des chaînes de production en Amérique Latine plutôt que sur le sol chinois.La géopolitique entre-t-elle aussi en jeu dans cet accord commercial ?C’est une évidence. Si l’Europe ne signe pas cet accord, c’est la Chine qui prendra sa place en Amérique latine. Et là, sur le volet environnemental, il est clair que la Chine n’imposera aucune condition alors que nous, Européens, aurions pu nous servir de l’accord avec le Mercosur pour bâtir un échange plus approfondi sur le plan de l’environnement.La Chine est d’ores et déjà le premier destinataire des exportations du Mercosur. Et Pékin va dépenser en investissements directs étrangers dans la zone près de 250 milliards de dollars cette année. Enfin, regardons la réalité. L’Europe est mal vue dans une grande partie des économies en voie de développement car elle est accusée de donner des leçons sur une multitude de sujets, tant sociaux qu’environnementaux. A ce titre, cet accord est regardé de très près par d’autres pays, l’Inde notamment. Si l’Europe ne signe pas, le développement de nos relations avec les pays en voie de développement ne partira pas d’un bon pied alors même que la réélection de Donald Trump rend une telle stratégie impérative.La France a-t-elle le pouvoir à Bruxelles de faire capoter cet accord ?Ce sera très difficile. La France joue un peu le rôle du voisin pas content dans une réunion de copropriétaires mais la plupart de nos 26 copropriétaires européens semblent peu enclins à suivre nos positions. Il y a donc un risque que nos gesticulations ne servent pas à grand-chose, si ce n’est à éroder notre crédibilité vis-à-vis de nos partenaires européens, alors même que l’union paraît importante pour se préparer au deuxième mandat de Trump.Comment expliquez-vous cette méfiance de la France envers le libre-échange ?Cela paraît difficile à expliquer alors même que la plupart des études économiques montrent que la libéralisation des échanges au niveau global a permis de réduire la pauvreté. Peut-être faut-il y voir un sentiment “d’exceptionnalisme” de la France – encore plus dans le secteur alimentaire ! A quelques singularités près, la couverture médiatique de ces négociations commerciales et de leurs impacts paraît également biaisée, surtout vu de l’étranger. Vu ce qui est dit et écrit, il paraît compréhensible qu’une large partie de la population française soit contre l’accord alors que c’est un non-sujet ailleurs en Europe. Il me semble que nous devons regarder froidement les impacts de cet accord : l’Europe, dans son ensemble, a beaucoup à y gagner.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/politique-economique/agathe-demarais-le-mercosur-est-un-bouc-emissaire-facile-pour-occulter-les-vrais-problemes-de-AIIMGLL765GLZDNBTJ3BENRKTU/

Author : Béatrice Mathieu

Publish date : 2024-11-20 07:22:09

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“Son bilan sera le nôtre” : Laurent Wauquiez, le faux ami de Michel Barnier

Le chef du groupe parlementaire des Républicains (LR) à l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez (au centre à droite) accueille le Premier ministre français Michel Barnier (au centre à gauche) alors que le président du Sénat français Gérard Larcher (au centre) assiste à l'arrivée de Barnier pour y participer aux Journées parlementaires du parti de droite Les Républicains (LR) à Annecy le 12 septembre 2024.




Annecy. Son lac, son château et… ses braqueurs. Ce 12 septembre, les députés de la Droite républicaine (DR) célèbrent dans la cité savoyarde leur retour aux affaires, quelques jours après la nomination de Michel Barnier à Matignon. Une télévision locale est venue couvrir le hold-up de la droite, auréolée de gloire malgré une énième débâcle électorale. Olivier Marleix est d’humeur taquine. Il se penche vers Laurent Wauquiez. “C’est sur cette chaîne que tu as soutenu la réforme des retraites ?”Sa discrétion lors des débats parlementaires lui avait été reprochée en 2023. Lui ne souhaitait pas s’abîmer dans un débat éruptif. Et puis, il n’était pas député et n’a jamais considéré l’Assemblée comme une rampe de lancement présidentielle. “Personne ne regarde ce qui s’y passe”, glisse-t-il avant la dissolution à un député LR. Une décision d’Emmanuel Macron et tout s’ébranle. La droite retrouve des couleurs, Bruno Retailleau sature l’espace médiatique. Et si l’Assemblée s’invitait dans les foyers ?Chapeau l’artiste ! Le 11 novembre, Brice Hortefeux se fend d’un SMS élogieux à Laurent Wauquiez. “Je ne sais pas comment tu as fait, mais bien joué.” Le patron du groupe DR vient d’annoncer au 20 heures de TF1 une revalorisation partielle des retraites au 1er janvier 2025, à rebours du gel des pensions prévue par le projet de loi de finances. Un chèque de 500 de millions d’euros signé par un simple député, la chose n’est pas banale. La Ve République est décidément souple. L’élu a négocié cet accord avec le ministre du Budget Laurent Saint-Martin et Jérôme Fournel, le directeur de cabinet de Michel Barnier. Le Premier ministre lui a laissé la primeur de l’annonce. Ce sera donc le premier JT d’Europe. Rien n’est trop solennel pour le candidat officieux à la présidentielle.Dès le lendemain, Laurent Wauquiez demande à ses députés de porter la bonne nouvelle auprès de leurs électeurs âgés. Que sa victoire se répande dans les villes et les campagnes ! Laurent Wauquiez ne compte pas sur les députés Ensemble pour la République (EPR) pour jouer le rôle d’ambassadeurs. Eux s’étouffent devant ce “coup”, digne de “l’ancien monde politicard”. S’indignent de “l’humiliation” infligée par leur allié, qui a étrillé leur bilan sur TF1. Ledéputé de Haute-Loire jouerait-il une carte individuelle ?”Le bilan de Barnier sera le nôtre”On découvre la lune en Macronie. Laurent Wauquiez a faim de gains personnels. La nomination de Michel Barnier l’a certes contraint à entrer en coalition avec ses rivaux. Mais l’ancien ministre refuse en réalité d’être dilué dans le “socle commun”, ersatz supposé du macronisme. Il s’en tient à distance, soucieux d’incarner l’alternance en 2027. Et saisit la moindre occasion pour attaquer l’héritage du chef de l’Etat. “Le bilan de Michel Barnier sera le nôtre. Il est hors de question que celui d’Emmanuel Macron le soit”, confie-t-il. Laurent Wauquiez, le solitaire, obligé à l’aventure collective. Les larmes du camp présidentiel le feraient presque sourire. Gabriel Attal, hostile à toute hausse des charges patronales, attend encore sa becquée ? Qu’il soit moins gourmand ! A un député DR, un ministre confie : “Gabriel négocie avec beaucoup d’exigence. Wauquiez est moins exigeant, il obtient plus vite.”Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. L’ex-patron de région refuse tout “intergroupe” avec les députés de la coalition, au grand dam de ses pairs. Pas plus qu’il n’a honoré l’invitation lancée par Gérald Darmanin pour sa rentrée politique à Tourcoing. Et ne lui parlez pas des législatives partielles ! Le drapeau LR sera planté partout. “Il n’y a pas de députés sortants concernés par ces scrutins”, affirme-t-il le 12 novembre lors d’une réunion autour de Michel Barnier. Tant pis pour Gabriel Attal, qui espère reconquérir deux circonscriptions abandonnées par Renaissance au RN et au NFP cet été.Avec la Macronie, le mariage est de raison. Et à durée limitée. Le député de Haute-Loire connaît encore mal les députés EPR, issus d’une autre génération politique. “Avant 2017, il y avait une aristocratie parlementaire qui ne touchait que du bout des doigts les députés de base. Il est dans cette logique, comme Gabriel Attal”, note un cadre EPR. Laurent Wauquiez organise en revanche chaque semaine un déjeuner avec une grappe de députés DR. Il maintient une frontière étanche entre son parti et ses alliés d’un jour. Comme lorsqu’il demande à ses troupes de l’informer des propositions de loi co-signées avec d’autres formations politiques. Ou quand il transforme les “Questions au gouvernement” (QAG) en vitrine de la droite. Les députés DR sont priés d’éviter les thématiques propres à leurs circonscriptions. Place à la politique nationale ! “Le groupe doit incarner une voix de droite qu’on entende”, assume un proche.Cet esprit de corps est assumé. Faute d’accord avec Gabriel Attal pour offrir à DR la présidence de la Commission des affaires économiques, il laisse le 9 octobre la place à la députée insoumise Aurélie Trouvé. A-t-il oublié qu’il qualifiait fin août LFI de “plus grand danger politique pour notre pays” ? Avec Gabriel Attal, le ton monte. “Je ne suis pas ta force d’appoint”, lance-t-il à l’ex-Premier ministre. Laurent Wauquiez assume d’avoir “filé un coup de patte sur un sujet anecdotique” : “La politique, c’est aussi faire comprendre un rapport de force.” Ses députés louent ce “leadership” retrouvé, même si son intransigeance envers la Macronie divise. “Ceux qui lui reprochent d’être trop offensif sont les premiers à pleurer auprès de lui car ils n’ont pas obtenu le secrétariat de la 19e commission de l’exportation du maïs en Inde”, s’amuse le député Ian Boucard.Laurent Wauquiez et Gabriel Attal ont noué une relation utilitariste, mélange d’intérêts communs et de confrontations. Cet été, ils s’accordent sans peine sur la répartition des postes clés à l’Assemblée. Le socle commun a parfois du bon. Quand Gabriel Attal recoupe des informations transmises par Laurent Wauquiez, elles se révèlent… justes ! Tous deux épinglent la raideur de Michel Barnier, si secret lors de la formation du gouvernement. Ce flirt estival a vécu. La confiance est rompue, même si les deux élus s’allient parfois pour épingler la “méthode” du Premier ministre. Et Laurent Wauquiez continue d’appeler son rival “Gabriel” devant ses ouailles. “Je ne suis pas sûr qu’ils aient découvert leurs turpitudes réciproques, sourit un pilier du socle commun. Mais ils peuvent parfois s’aider, se disant qu’ils ne sont pas sur le même créneau.””Il n’y a pas de place pour les frondeurs”Michel Barnier n’a pas envie de sourire. Le Premier ministre juge en privé que seuls le MoDem et Horizons “jouent le jeu” de la coalition. Ô surprise, ces groupes ne sont pas dirigés par un présidentiable. A quoi joue Laurent Wauquiez avec le négociateur du Brexit ? Sa partition est subtile. Le député de Haute-Loire n’a aucun intérêt immédiat à affaiblir le chef du gouvernement, encore soutenu par le peuple de droite. L’échec du Savoyard rejaillirait sur l’ensemble de la droite républicaine. Il demande à ses troupes d’être “irréprochables” et se garde de toute expression publique hostile. “Il n’y a pas de place pour les frondeurs”, théorise-t-il en réunion de groupe. Qu’un député lui suggère de dévoiler ses propositions d’économies avant la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre, et la réplique tombe. “Cela ne serait pas poli envers Michel Barnier.” Il avale même des couleuvres idéologiques. Comme cette hausse de la fiscalité, longtemps dépeinte en ligne rouge par la droite.Là réside le paradoxe Wauquiez. Son soutien officiel au Premier ministre se conjugue à une déstabilisation du “socle commun”, ciment politique de Michel Barnier. Lui montre patte blanche. A-t-il déjà attaqué “Michel” ? Matignon est plus sévère. Nous facilite-t-il vraiment la tâche ? Un interlocuteur récent de Michel Barnier dépeint un homme “scandalisé” par l’attitude du patron officieux de la droite. Il aurait dû dégouliner d’unité et jouer l’union sacrée avec des ex-macronistes, juge un cadre LR. Les Français auraient vu un homme de droite continuer gentiment son OPA sur le bloc central.”Entre les deux hommes, la méfiance règne. Michel Barnier n’a jamais digéré l’investiture de Laurent Wauquiez aux régionales d’Auvergne-Rhône-Alpes en 2015, qu’il convoitait. Leurs relations s’enveniment dès la composition du gouvernement. Au goût du secret de Michel Barnier répondent les doléances de l’ex-patron de région. Le chef du gouvernement prétexte un veto d’Emmanuel Macron pour lui barrer la route de Beauvau. Etrange, une capture d’écran de conversation envoyée par l’Elysée raconterait une autre histoire. Il y a du soupçon de mensonge dans l’air… “Faux, rétorque un soutien de Michel Barnier. Emmanul Macron n’a jamais voulu de Laurent Wauquiez.”Le téléphone de Wauquiez sonnait avant la nomination du Savoyard. Son entrée à Matignon a provoqué une panne de réseau. Début octobre, le patron des députés DR se plaint de ce silence auprès d’un proche de Michel Barnier. Qui alerte aussitôt par SMS à Matignon : il faut vite calmer le jeu. Leurs relations se sont depuis normalisées. “Il soutient Michel Barnier car son groupe et l’opinion le demandent. Mais demain ?”, s’interroge un cadre DR.Les regrets de CiottiDemain ? Michel Barnier et Laurent Wauquiez en ont une vision divergente. Michel Barnier souhaite que le “socle commun” débouche sur une candidature unique à l’élection présidentielle. Laurent Wauquiez rêve d’une simple parenthèse. Le député juge que la tripartition de la vie politique risque de conduire à une victoire des “extrêmes”, faute d’alternative républicaine. Ce “socle commun” entame surtout ses chances élyséennes. Laurent Wauquiez n’est pas au barycentre idéologique de cette alliance, dont il ne peut porter les couleurs. Ses sorties sur les cours suprêmes ou l’immigration l’y marginalisent. “Il n’a pas d’alliés”, note un centriste. Tout l’inverse d’Edouard Philippe, à l’aise dans le bloc central et promoteur d’une alliance “de la droite conservatrice à la gauche mitterrandienne”.Laurent Wauquiez, lui, a des envies d’ailleurs. Il rêve d’une reconstitution d’un clivage gauche-droite, plus homogène. “La véritable opposition dans le pays n’est pas face au macronisme ou au Rassemblement national. Elle est face à une gauche […] déterminée à mener une politique multiculturelle de destruction”, théorisait-il en décembre 2023 dans le Figaro. Un ancien “ami” reste sceptique. Éric Ciotti s’est allié en juin au Rassemblement national, convaincu de l’absence d’oxygène de la droite. “Si Laurent avait pris mon initiative, il aurait pu avoir 90 députés et se positionner de l’intérieur”, a-t-il confié à un élu LR. Après tout, l’ex-patron de région partage les convictions régaliennes du RN. Il ne lui oppose aucun discours de valeurs, même s’il insiste sur leurs désaccords économiques. Laurent Wauquiez n’a pas franchi le pas. Il s’astreint donc la tâche herculéenne de redessiner tout le paysage politique pour croire en ses chances. Et faire du “socle commun” un simple mauvais souvenir.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/lr/son-bilan-sera-le-notre-laurent-wauquiez-le-faux-ami-de-michel-barnier-7A4DUYVHPJCDTFLPMRQODH6I3M/

Author : Paul Chaulet

Publish date : 2024-11-20 07:00:00

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En Corée du Sud, le retour de Donald Trump alimente le désir de l’arme nucléaire

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol (c), le 1er mars 2024 à Séoul




Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, bien des tabous pourraient sauter tant en Amérique que dans le reste du monde. A 11 000 kilomètres de Washington, les Sud-Coréens, inquiets que le prochain président américain ne les laisse tomber face à un Kim Jong-un de plus en plus belliqueux, sont désormais quelque 70 % à vouloir se doter de l’arme atomique, d’après un sondage de l’Asan institute for policy studies.Le président Yoon Suk-yeol et son homologue Joe Biden ont certes signé en 2023 un accord confirmant à Séoul la protection du parapluie nucléaire américain en cas d’attaque par Pyongyang. Mais le pays du Matin-Calme a été échaudé par le premier mandat Trump. Estimant que les Sud-Coréens n’investissaient pas assez dans leur défense, il avait mis fin aux grands exercices militaires communs et menacé de retirer ses soldats de la péninsule. Le milliardaire, alors candidat à la présidence, s’était même dit ouvert en 2016 à ce que le Japon et la Corée du Sud acquièrent la bombe.Une possibilité déjà évoquée par le président sud-coréenLes élites sud-coréennes sont longtemps restées prudentes face à une telle révolution. Mais le chantage nucléaire russe en Ukraine et le fait que la Corée du Nord agite à présent le spectre de recourir à l’arme atomique dans un conflit avec son ennemi du Sud ont fait changer les mentalités des décideurs, a expliqué le chercheur sud-coréen Tongfi Kim, lors d’une intervention à l’Institut français des relations internationales (Ifri).”Bien qu’encore faible, la probabilité que Séoul cherche à développer un arsenal nucléaire est bien plus élevée sous une administration Trump, estime-t-il. Si celle-ci fragilise de nouveau l’alliance bilatérale, il y aura en Corée du Sud un fort soutien pour ce scénario.” Le président sud-coréen lui-même l’a déclaré début 2023 : si la menace nord-coréenne augmentait, son pays envisagerait de demander aux Etats-Unis de déployer des armes nucléaires dans la péninsule. Ou de fabriquer les siennes. Trump n’y verrait sans doute pas d’inconvénient.Pour l’heure, face aux craintes suscitées par la Chine et la Corée du Nord, Séoul et Tokyo investissent massivement pour renforcer leur défense conventionnelle. Le Japon a indiqué fin 2022 qu’il comptait faire décoller ses dépenses militaires pour les porter à 2 % du PIB en 2027, et ainsi devenir le troisième budget de défense mondial derrière les Etats-Unis et la Chine – Il est estimé à 54 milliards d’euros pour cette année.La Corée du Sud, qui consacre 2,7 % de son PIB à sa défense, accélère aussi fortement dans ce domaine (+ 3,5 % de hausse prévue en 2024, pour un total de 43 milliards d’euros). Elle a également accepté récemment de partager davantage avec les Etats-Unis les coûts liés à la présence de 28 500 soldats américains sur son sol. De quoi mettre Donald Trump dans de bonnes dispositions, même s’il mettra sans doute la pression pour aller plus loin.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/en-coree-du-sud-le-retour-de-donald-trump-alimente-le-desir-de-larme-nucleaire-PG7YTJN4CBEFJE54OESFQYNCOE/

Author : Cyrille Pluyette

Publish date : 2024-11-20 06:00:00

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Culte, un making of de Loft story délicieusement scandaleux, par Christophe Donner

Loana, gagnante de Loft Story, quitte le loft en voiture, le 05 juillet 2001 à Saint-Denis, à l'issue de la soirée finale du jeu diffusé sur la chaîne M6.




Au chapitre “Distribution” de la page Wikipédia consacrée à la série Culte, le nom des acteurs est suivi de celui du personnage qu’il incarne dans la série mais aussi, entre parenthèses, du nom de la personne qui a inspiré le rôle. Par exemple, pour le rôle principal : “Anaïde Rozam, dans le rôle d’Isabelle de Rochechouart, productrice de Loft Story (personnage inspiré d’Alexia Laroche-Joubert)”. On trouve ainsi d’autres célébrités comme Patrick Le Lay (le patron de TF1), Nicolas de Tavernost (le patron de M6), Stéphane Courbit (le producteur de Loft story), Axel Duroux (patron de RTL), John de Mol (fondateur d’Endemol), que du beau monde !On note aussi avec surprise que Jacques Essebag, autrement dit Arthur (le célèbre présentateur), aurait inspiré deux personnages (un honneur ?). Ces précisions quant aux sources inspirantes des personnages ne figurent pas au générique de Culte, elles seraient inutiles puisque tout au long de la série, le logo de Loft Story apparaît à maintes reprises, comme le nom des chaînes concurrentes, sans parler des extraits de Loft story – avec la vraie Loana et le vrai Jean-Edouard – et des nombreux reportages d’actualité suscités par l’événement national que fut cette téléréalité diffusée presque H24 pendant plus de deux mois, les émeutes anti-loft, les audiences de folie, les procès, les débats, la vraie vie sortant enfin du petit écran dans tous les sens du terme, toute une ambiance insurrectionnelle que la série Culte rend assez bien.Une sorte de reconstitution d’un making ofCes panneaux indicateurs balisent les six épisodes de 45 minutes et font de Culte une sorte de reconstitution d’un making of de Loft story. Mais, à la différence de nombreuses séries situées dans le milieu de la politique ou du spectacle, comme la géniale Succession, ou la calamiteuse et so frenchie Dix pour cent, l’originalité de Culte, le détail qui change tout et la rend délicieusement scandaleuse, passionnante, jubilatoire, parce qu’en plus elle est bien jouée, bien tournée et, ce qui ne gâche rien, magnifiquement scénarisée, mais la particularité qui en fera, je n’en doute pas, une série véritablement culte, c’est qu’elle est produite par Alexia Laroche-Joubert en personne. Celle qui a inspiré le rôle principal de Culte, la vraie Alexia, celle que j’ai connue une dizaine d’années avant qu’elle ne devienne cette “Isabelle de Rochechouart” qui a toutes les bonnes idées que ses boss lui piquent sans vergogne.Elle avait alors une vingtaine d’années, je portraiturais les invités du talk-show hebdomadaire de Canal Jimmy, animé par France Roche dont Alexia était l’assistante. Elle était déjà pleine d’énergie, intelligente et jolie. On s’entendait bien, me semble-t-il. Je ne savais pas, ou j’avais oublié, qu’elle était la belle-fille de Michel Thoulouze qui avait créé et dirigeait la chaîne à l’époque. Ça aide autant que ça oblige. Il est certain que ce détail manque dans le scénario : on ne comprend pas très bien les raisons qui créent autant d’animosité entre Isabelle de Rochechouard et ses parents. Les scénaristes auront cédé aux sirènes de l’imagination, à moins que le courage autobiographique de la productrice ait montré là ses limites.Quoi qu’il en soit, la grande réussite de Culte reste la love story entre Loana (la seule qui n’ait pas droit à un patronyme de fiction !) et Karim Chedira (supposément inspiré de Benoît Chaigneau, l’animateur télé). Histoire d’amour bouleversante, pimentée par le plaisir inusable de se demander quelle part de réalité elle recouvre.Certes, Anaïde Rozam, dans le rôle Isabelle de Rochechouart, ressemble à l’originale à un point troublant ; certes les chefs sont unanimement abjects de suffisance et d’immoralité ; certes l’idée même de réaliser une série à partir de Loft story est lumineuse, d’une évidence qui fera date et des petits, mais Alexia Laroche-Joubert ne devrait pas s’en contenter, elle a mieux à faire : continuer avec Loana et cette prodigieuse actrice, Marie Colomb. Avec elle, la vie de Loana raconte le siècle.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/culte-un-making-of-de-loft-story-delicieusement-scandaleux-par-christophe-donner-VKPYVLLKJFF3RHNZAD3WW62CPE/

Author : Christophe Donner

Publish date : 2024-11-20 05:45:00

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IA, “Big Tech” et régulation : la périlleuse mission de l’ambassadeur européen dans la Silicon Valley

Le siège d'Apple à Cupertino, dans la Silicon Valley.




Même Tom Cruise ne l’aurait peut-être pas acceptée. Gerard de Graaf a été envoyé il y a un peu plus de deux ans par l’Union européenne (UE) dans la Silicon Valley avec une mission épineuse. Expliquer aux entreprises technologiques américaines comment se mettre en conformité avec les lois sur le numérique promulguées par le Vieux continent, du règlement sur les données personnelles (RGPD) jusqu’au Digital Services Act (DSA), en passant par le récent IA Act. Une fonction inédite, à la fois technique – une connaissance parfaite de ces règlements est requise – et hautement diplomatique. Gerard de Graaf échange le plus souvent avec des firmes comme Meta, Apple ou Amazon, qui dépensent des millions de dollars en lobbying et en avocats afin d’édulcorer ces textes et échapper aux sanctions prévues en cas de manquements. Fair-play, il reconnaît leur droit à défendre leurs intérêts : “La rapidité est essentielle dans le numérique. Avec les effets de réseau, il n’y a toujours qu’un grand gagnant. Forcément, tout cela se fait au détriment du contrôle et de la sécurité.”Mais Gerard de Graaf avait jusqu’ici un puissant atout dans sa manche : une administration Biden avec qui il entretenait “une bonne relation”, reconnaît le diplomated’origine néerlandaise. Celle-ci a notamment promulgué un décret ambitieux visant à réguler le secteur de l’intelligence artificielle (IA). Tout en poursuivant, en parallèle, une politique antitrust offensive face aux “Big Tech”, main dans la main avec l’UE. La Vallée s’en accommodait tant bien que mal. “Le vent est en train de tourner”, assurait ainsi de Graaf, il y a un an, à Politico. Un “effet Bruxelles” commençait, d’après lui, à imprégner l’oasis de la tech américaine. “On ne me demandait plus pourquoi on régulait en Europe, mais pourquoi le processus prenait toujours autant de temps”, se souvient-il, amusé.Patatras. Novembre signe le retour de Donald Trump et d’une toute nouvelle équipe, le couteau entre les dents. Le vice-président élu, J.D. Vance, défie quiconque de réguler les plateformes d’Elon Musk, comme son réseau social X, sous peine de retirer le soutien de son pays à l’OTAN. Le fraîchement nommé à la tête de la Commission fédérale des communications (FCC), Brendan Carr, est lui plus favorable que jamais à ce que les géants de la haute technologie s’alignent sur un niveau de modération le plus minime possible. Sur l’IA plane enfin plus largement l’ombre d’une dérégulation massive. Semblant faire aujourd’hui de la Silicon Valley une terre aussi hostile à Gerard de Graaf que le désert à un pingouin.”Un soutien considérable pour la régulation aux Etats-Unis”Se trompe-t-on ? Polo bleu et blanc, cheveux blonds légèrement en bataille, l’ambassadeur européen vivant près de San Francisco répond avec le sourire à notre matinal appel visio. C’est ici qu’il débute souvent ses journées, afin de débriefer le plus rapidement possible à ses collègues bruxellois pour qui le soleil se couche déjà. Il rejoint ensuite ses bureaux, nichés au 23e étage d’une tour du centre-ville abritant le consulat irlandais. La fondation Wikimédia est au coin de la rue, le siège de X à quelques encablures. A une bonne heure de route vers le sud se trouvent enfin les prestigieux sièges des mastodontes tech, à Palo Alto, Mountain View et Cupertino. Quoiqu’il advienne, la Silicon Valley reste, selon lui, un lieu de premier choix pour quiconque s’intéresse aux technologies de pointe. “Mon rôle est aussi d’observer les progrès effectués ici dans l’IA, le quantique, les puces électroniques…” De séparer le bon grain de l’ivraie. “Quand je suis arrivé en poste, la grande tendance, c’était le métavers.”L’ambassadeur garde cependant foi en ses premiers objectifs. “On doit continuer à travailler avec les Etats-Unis, où il y a toujours un soutien considérable pour la régulation”, livre-t-il, citant l’exemple du sujet de la protection des mineurs, présent dans le Digital Services Act (DSA). Ou de la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, au coeur du Digital Markets Act (DMA). Ce dernier texte permet aux uns et aux autres de se tirer dans les pattes, de bousculer les hiérarchies, ce qui est en fait très apprécié. “Beaucoup d’informations que l’on récupère viennent de concurrents d’entreprises visées par des enquêtes”, confie Gerard de Graaf dont la petite équipe – qu’il compare à une start-up – a doublé de volume en deux ans, passant de 4 à 8 collaborateurs. Un autre bon signe.Concernant l’IA, en réalité, les enjeux de régulation ne laissent pas indifférents les dirigeants politiques, les législateurs, ou encore les dirigeants d’entreprises. Elon Musk s’y est publiquement déclaré favorable, à l’été. Donald Trump, lui, avait publié un décret stratégique sur cette technologie dès 2020, où figurait la volonté de protéger “les libertés civiles, la vie privée, les valeurs américaines et la sécurité économique et nationale des États-Unis”. La politique en matière d’IA est l’un des domaines “où il existe un soutien bipartisan et des objectifs partagés”, note sur le réseau social LinkedIn, Marc Rotenberg, président du Center for AI and Digital Policy, une organisation indépendante à but non lucratif. De Graaf y voit enfin un intérêt grandissant du grand public. “Pourquoi les gens ont-ils confiance lorsqu’ils vont dans un supermarché ou quand ils prennent l’avion ? Parce qu’il existe des règles de sécurité alimentaire et d’aviation. C’est pareil dans l’énergie, le secteur bancaire, les assurances… Tout est réglementé. Alors que l’IA prend de plus en plus d’importance dans nos vies, sur des sujets aussi essentiels que la santé ou l’emploi, pourquoi laisserait-on non régulés ces systèmes qui s’apparentent à des boîtes noires ? Ce n’est pas normal.”L’effet CalifornieLa question centrale demeure : comment ? Aux Etats-Unis, la solution réside sûrement à l’échelon étatique et non fédéral, pressent l’ambassadeur. Une conviction datant bien avant le comeback de Trump à la Maison Blanche. Sur l’IA, rien que cette année, “plus de 700 propositions de loi ont été discutées dans 43 chambres distinctes des Etats”, chiffre Gerard de Graaf. La Californie, bastion démocrate, est particulièrement active. “Si vous additionnez tous les projets de loi poussés ici, vous obtenez plus ou moins la portée de l’IA Act”, poursuit le diplomate. Pour le moment, tous ces processus inégaux sur le fond comme sur la forme, n’aboutissent pas toujours. Si un effort a été réalisé sur la lutte contre la production d’images pédopornographiques créées par IA ou les deepfakes, la régulation du Golden State a encore de nombreux angles morts. Un texte visant à rendre illégale l’utilisation de l’IA de manière discriminatoire dans le logement, la finance, l’assurance et les soins de santé, a notamment été mis à la trappe. Le gouverneur Gavin Newsom, ces derniers mois, a également mis son véto à trois autres tentatives concernant l’IA dont le médiatique SB1047, qui mettait l’accent sur la sécurité des grands modèles de langue (LLM) avec des audits réguliers.Toutefois, une bonne mouture pourrait, si elle réussit, a toutes les chances d’essaimer. “On parle souvent d’un effet Bruxelles, mais il existe aussi un effet Californie, note Gerard de Graaf. Le Règlement sur les données personnelles européen a inspiré en 2018, le California Consumer Privacy Act – le CCPA. Par la suite, ce dernier a été copié par plus d’une quinzaine d’États américains.” Ce qui le conforte dans le fait d’être au bon endroit. Peut-être plus, en revanche, au bon moment.L’imprévisibilité totale de Trump sur le numérique en général, ainsi que l’influence croissante de Musk sur les questions de modération des contenus – un thème si cher à l’Europe – restent de gros points d’interrogations. En bon diplomate, De Graaf, 62 ans, préfère couper court : “on verra bien”. Il temporise au passage sur la forte activité de l’UE sur le plan régulatoire à court terme : “On a eu une intense période d’élaborations de lois. Mais on ne va plus enchaîner les “Act” de cette manière, on sera dorénavant plus sélectif.” De quoi, peut-être, calmer quelques ardeurs. Personne ne semble en tout cas plus qualifié pour affronter les éventuelles tempêtes à venir. Le discret envoyé spécial, dont la mission court jusqu’en 2026, connaît très bien les coulisses de la vie politique américaine grâce à son rôle de conseiller commercial pour l’UE à Washington, de 1997 à 2001. Et encore mieux la technologie : en 30 ans de carrière à la Commission, de Graaf a planché sur la réglementation tactique des technologies, la neutralité du Net, pléthores de problématiques liées à la cybersécurité, au droit d’auteur… “Heureusement qu’il est là”, loue Florence G’Sell, professeure invitée de droit privé au Cyber Policy Center de l’Université Stanford, dans la Silicon Valley. “Il est parfait pour bien expliquer ce que fait l’Europe. C’est extrêmement utile dans un monde où le euro bashing est facile.”



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Author : Maxime Recoquillé

Publish date : 2024-11-20 05:00:00

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Bluesky : ce réseau social qui m’a fait rajeunir de dix ans

Bluesky illustration




C’est un petit coin de ciel bleu inespéré pour tous les internautes “modérés” du monde entier. Depuis l’élection de Donald Trump le 6 novembre, le réseau social Bluesky semble être devenu le refuge des nostalgiques de ce temps où Twitter – devenu X – n’était pas encore un ramassis d’invectives, fake news et vulgarités. Ces derniers jours, Bluesky a atteint le sommet des classements sur l’App Store d’Apple et le Play Store de Google, dépassant ce 19 novembre les 20 millions d’inscrits. Contre 4,9 millions en février dernier lorsqu’il est devenu accessible à tous.Avec un pic d’un million de nouveaux utilisateurs – dont un paquet venus des rangs de la gauche et une poignée de célébrités – enregistrés en 24 heures, a annoncé la plateforme le 14 novembre, soit le lendemain de la nomination d’Elon Musk comme “ministre de l’efficacité gouvernementale”. Même si bien sûr, le dernier-né des réseaux sociaux est encore loin de ses rivaux X (plus de 600 millions d’utilisateurs) et Threads (plus de 275 millions, dont 15 millions de nouvelles inscriptions pour le seul mois de novembre), le premier ayant perdu quelque 115 000 abonnés américains le lendemain de la victoire de Donald Trump.La majorité des nouveaux inscrits sur Bluesky ? Des Américains, des Canadiens et des Anglais. Pensée comme une alternative à X, Bluesky, – co-fondé par l’ancien patron de Twitter Jack Dorsey – qui l’a quitté en mai dernier- et dirigé depuis 2021 par la discrète Jay Graber, dont on sait peu de choses outre son expérience d’ingénieure en informatique et le fait qu’elle a une petite trentaine d’années -, possède une interface au style épuré qui ressemble à s’y méprendre à l’ancien Twitter. L’oisillon bleu ayant laissé place à un papillon bleu en guise de logo. La limite des 140 signes est quant à elle passée à 300.Une plongée dans la décennie 2010Pour le reste, nous voici replongés dans la décennie 2010, lorsqu’Elon Musk n’était qu’un twittos parmi des millions d’autres et que les utilisateurs se contentaient de partager des articles, des analyses, de l’information, sans insultes, interpellations intempestives, jugements à l’emporte-pièce et autres réjouissances. Tout comme X, Bluesky propose un fil de suggestions de comptes à suivre, l’algorithme de la haine en moins. Fini le défilé de comptes pseudo-parodiques, d’extraits de TPMP (Touche pas à mon poste !), de comptes liés à l’extrême droite et de vidéos d’agressions d’individus dont on ne connaît jamais vraiment les tenants ou les aboutissants, l’indignation étant l’enjeu numéro 1. Au placard aussi les comptes racistes, les pubs hideuses et les passes d’armes entre pseudo-intellos “wannabes”. Si on y croise tout de même quelques posts un poil virulents, scroller une quinzaine de minutes sur Bluesky ne vous donnera ni la nausée, ni l’envie subite de prendre une douche et encore moins le désir soudain d’abattre votre voisin de palier qui ne vote pas comme vous. “Bluesky est un refuge pour les personnes qui recherchent une expérience de réseau social similaire à celle que Twitter offrait autrefois, mais sans tout l’activisme d’extrême droite, la désinformation, les discours haineux, les bots et tout le reste”, analyse dans le Guardian – qui vient d’annoncer quitter X – le spécialiste des réseaux sociaux Axel Bruns. Ainsi en va-t-il d’Eli McCann, chroniqueur humoristique pour le Salt Lake Tribune, qui savoure d’avance le bonheur de “ne plus se faire traiter de pédé tous les jours par un mec qui n’a jamais lu un livre”.Passer de X à Bluesky, c’est un peu comme quitter un vieux conjoint autocentré et ultrabordélique – qui ne pense jamais à dire bonjour et encore moins merci-, pour une vie plus douce. C’est le plaisir de repartir de zéro, avec ses impondérables. Là vous aviez mis 15 ans à collecter 3 000 followers, votre compteur Bluesky n’affiche que 12 abonnés. Le prix à payer pour reprendre le contrôle algorithmique de sa vie. On y recroise de vieilles connaissances rencontrées sur X, avec la même excitation que celle de tomber sur un vieux pote de lycée au coin d’une rue. Baignant collectivement dans l’ère de la “nowstalgie” décrite par le sociologue Gérald Bronner,– “une envie que le présent et le passé immédiat se mélangent pour faire advenir ou revenir un monde plus désirable”- nous réapprenons à nous parler, à nous connaître, à partager. On pourrait ainsi tous faire nôtre le premier message posté sur Bluesky par l’entrepreneur milliardaire Mark Cuban, 431 500 abonnés, le 12 novembre : “Hello Less Hateful World” (“Bonjour, monde moins détestable”). Reste une question : combien serons-nous à rejoindre ce ciel bleu ? Ce réseau social a-t-il un avenir ? Les annonceurs suivront-ils ? Selon Jonathan Bellack, directeur du Applied Social Media Lab de Harvard, interrogé par Business Insider, Bluesky semble avoir profité ces derniers jours de “l’effet de réseau” qui provoque le déclic chez les utilisateurs potentiels encore frileux de basculer sur une nouvelle plateforme numérique. Autrement dit, plus un réseau social gagne d’abonnés, plus il est susceptible d’en obtenir. Selon l’expert, “il semble qu’un nombre suffisant de personnes ait rejoint le site pour atteindre une masse critique, ce qui permet aux utilisateurs de ne pas ressentir qu’ils manquent de contenu sur d’autres plateformes ou qu’ils perdent leur communauté en ligne en effectuant la transition”.Si des experts de la tech tempèrent l’euphorie du moment, mettant en garde contre la possible “bulle” Bluesky et contre le fait que X n’est pas près de fermer boutique, ne boudons pas notre plaisir, si éphémère soit-il. Et ne nous berçons pas d’illusions. “Quoi qu’il arrive, Bluesky ne recréera jamais Twitter 1.0, tout comme Threads ne pourra réellement le remplacer”, écrivait le 14 novembre Lance Ulanoff, rédacteur en chef de la version américaine de TechRadar. Avant de conclure : “Je sais que cela ne durera pas, tout comme les bébés ne restent pas mignons. Ils deviennent des enfants mal élevés, puis des adolescents hargneux avant de devenir des adultes inintéressants. […] Nous devrions simplement profiter de ce moment Bluesky — c’est ce que je fais — et peut-être commencer aussi à réfléchir à la manière de retrouver ces expériences dans la vie réelle”.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/bluesky-ce-reseau-social-qui-ma-fait-rajeunir-de-dix-ans-FURJ5AUP4ZHQBBURGJP5PVZTDQ/

Author : Laurent Berbon

Publish date : 2024-11-20 04:30:00

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Jusqu’où Donald Trump est-il prêt à aller pour soutenir Israël ? Par Frédéric Encel

Donald Trump et Benjamin Netanyahou durant une conférence de presse à la Maison blanche, à Washington, Etats-Unis, le 27 janvier 2020.




L’élection de Donald Trump a été applaudie par le gouvernement Netanyahou et ses soutiens. Pourtant, si ce premier est (devenu) très favorable à Israël, en particulier depuis la première de ses trois campagnes présidentielles, c’est d’abord à cause du poids électoral, politique et financier sans cesse croissant des évangéliques aux Etats-Unis (40 millions de personnes en 1993, 98 millions trente ans plus tard, dont l’ancien vice-président ou l’actuel président du groupe républicain à la Chambre des représentants), ensuite du fait de la montée en puissance économique et technologique fulgurante de l’Etat juif depuis deux décennies. D’aucuns ajoutent la place de son gendre Jared Kushner, mais sans preuve tangible que cela constitue une variable explicative primordiale. Or, avant son premier mandat, c’est en Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis et dans d’autres pétromonarchies du Golfe que l’homme d’affaires Donald Trump avait investi, absolument pas en Israël !Par ailleurs, qu’ont coûté concrètement aux Etats-Unis ses gestes symboliques comme le transfert de (la plaque de) l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, et la reconnaissance de la souveraineté sur le plateau du Golan ? Rien. Qu’ont coûté à Washington les accords d’Abraham de 2020 entre Israël et quatre Etats arabes ? Ce fut certes un beau cadeau diplomatique et économique pour l’Etat hébreu – d’autant que ces accords se maintiennent en dépit de la longue et destructrice guerre contre le Hamas et le Hezbollah – mais aussi un vrai plus pour l’industrie militaire américaine, avec la vente d’escadrilles entières de très onéreux chasseurs-bombardiers à Abou Dhabi et à Rabat notamment. Que coûta aux Etats-Unis le “deal du siècle”, ce plan de paix piloté et présenté par Jared Kushner en janvier 2020, et très favorable à Israël en lui attribuant de larges parts de la Cisjordanie ? Son rejet par les chancelleries arabes (Emirats exceptés) et l’absence de soutien de la quasi-totalité de celles du reste du monde ne coûtèrent rien à une administration Trump dont les régimes arabes alliés demandaient aide et assistance face à l’Iran.L’Iran, seul dossier moyen-oriental sérieux pour TrumpReste justement l’Iran, le seul dossier moyen-oriental sérieux aux yeux du nouveau président. Le 14 juillet 2015, sous le second mandat de Barack Obama, les 5 + 1 (cinq membres permanents du Conseil de sécurité + l’Allemagne) avaient conclu avec Téhéran un accord nucléaire en vertu duquel la République islamique s’engageait à suspendre l’essentiel de son processus d’enrichissement d’uranium dix années durant, moyennant l’annulation progressive des trains de sanction. Parvenu à la Maison-Blanche, Donald Trump avait au contraire renforcé les sanctions à l’encontre de l’Iran et, finalement, suspendu la participation américaine à l’accord, entravant le maintien des autres signataires. Joe Biden tenta en vain de réactiver l’accord multipartite. Avec le durcissement du régime des mollahs, sa féroce répression des femmes, et surtout l’activation du Hezbollah libanais inféodé contre Israël dès le lendemain du massacre du 7 Octobre, Donald Trump rappela qu’il frapperait durement l’Iran une fois revenu au pouvoir. De fait, depuis son élection, il a nommé des personnalités très proches d’Israël et hostiles à l’Iran.Jusqu’où soutiendra-t-il Israël ?Laissera-t-il son allié israélien bombarder les infrastructures nucléaires ennemies en le protégeant de rétorsions balistiques ? Peut-être. Mais cela ne se ferait en aucun cas sans que le sort de l’Arabie saoudite et des Emirats ne soit lourdement impacté par une vraie guerre israélo-iranienne, et avec lui celui du pétrole du Golfe. Et donc du plein d’essence à la pompe dans l’Ohio. Jusqu’où Donald Trump soutiendra-t-il donc Israël, autrement dit à quel coût ? Car si l’imprévisibilité et le dilettantisme caractérisèrent son premier mandat, on omet trop souvent sa propension à rejeter toute contribution du contribuable américain aux amis et alliés, à commencer par l’Europe et Taïwan, et tout envoi de troupes. Certes, Israël bénéficie d’une empathie particulière de la part d’une grande majorité de citoyens américains (contrairement à ce qu’ont espéré et cru pouvoir démontrer lors du scrutin du 5 novembre nombre de ses contempteurs), et de cette nouvelle administration à naître en janvier tout particulièrement ; pour autant, si le soutien à l’Etat juif devenait trop coûteux, un Donald Trump clairement isolationniste et en quête d’économies risquerait de devenir moins prodigue.



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Author : Frédéric Encel

Publish date : 2024-11-19 06:00:00

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Notre-Dame de Paris, nos révélations sur la réouverture : le refus du pape, la bataille entre Emmanuel Macron et le clergé

e président français Emmanuel Macron et le roi Charles III de Grande-Bretagne lors de leur visite à la cathédrale notre-Dame de Paris, actuellement en restauration à la suite d'un incendie en 2019 qui a détruit son toit, à Paris le 21 septembre 2023.




Depuis peu, ils taisent leurs différends pour ne pas gâcher la fête de la réouverture de Notre-Dame de Paris, les 7 et 8 décembre prochains. Ce week-end-là, le monde entier applaudira à la renaissance d’une cathédrale qui a failli être réduite en cendres un soir d’avril 2019. L’image sera belle, le symbole fort et l’entente affichée par les pouvoirs laïcs et religieux parfaite. Oubliés les longs mois d’âpres négociations, de réunions agitées, de fâcheries d’anthologie qui ont marqué l’année 2024. Tous voulaient être au cœur de la cérémonie et ne cédaient rien. Un temps, Emmanuel Macron a rêvé d’être le premier chef d’Etat français à s’exprimer dans la cathédrale, l’archevêque de Paris a tout fait pour l’en dissuader. Un temps, le chef de l’Etat a rêvé d’accueillir le pape, François a décliné, lui préférant la Corse. Pour préparer les festivités, les équipes de l’Elysée et du diocèse ont discuté (beaucoup), se sont fâchées (souvent), ont bluffé ou menti (parfois).Premier épisode de notre récit sur les coulisses de ce moment singulier dans la vie d’une nation.1. La nouvelle bataille entre l’Eglise et l’EtatLongtemps, la question ne fut pas tranchée : pour la réouverture, le président parlera-t-il à l’extérieur ou à l’intérieur de la cathédrale ? A l’Elysée, l’entourage d’Emmanuel Macron est divisé. Certains ne voient rien d’inconvenant à une prise de parole dans la nef. Après tout, le chef de l’Etat n’a-t-il pas prononcé un éloge funèbre dans la cathédrale Saint-Jean à Lyon pour les obsèques de Gérard Collomb ? Les plus madrés s’affligent de ce manque de culture qui ne distingue pas la nature des deux événements. Ceux-là plaident pour l’extérieur, gage d’une stricte séparation des rôles. Et pourquoi pas le 8 décembre, jour de la messe inaugurale, et non le 7 dans un parfait équilibre entre l’Eglise et l’Etat ?Emmanuel Macron hésite, il a envie qu’on lui témoigne de la reconnaissance. Après tout, c’est à lui que l’on doit la reconstruction de la cathédrale en à peine plus de cinq ans, délai que beaucoup jugeaient intenables. Il a, lors de ses vœux de la fin de 2023, fait de la réouverture de Notre-Dame de Paris la première des “fiertés françaises” de l’année 2024, avant même les Jeux olympiques. “Les mots-clefs, ce sont mise en valeur, transmission, élévation. Notre-Dame, c’est l’incarnation de notre façon d’être au monde. C’est un objet religieux, c’est un sujet français, c’est un projet universel”, insiste Bruno Roger-Petit, le conseiller mémoire d’Emmanuel Macron.Dès l’origine, le diocèse, lui, est défavorable à l’idée que le président parle depuis l’intérieur de la cathédrale, rappelant qu’il est l’unique affectataire du lieu, et que celui-ci est dédié au culte. Alors quand à la fin du mois d’octobre l’archevêque de Paris annonce à l’AFP que le chef de l’Etat parlera bien depuis l’intérieur de la cathédrale, les initiés sont surpris. Mgr Ulrich présente la chose comme une pure décision technique : un discours sur le parvis aurait été trop complexe à gérer du point de vue de la sécurité, précise-t-il. Rien de technique là-dedans, pourtant, mais beaucoup de politique. La déclaration du prélat – officiellement une simple maladresse de Mgr Ulrich qui a parlé trop vite avant le choix définitif du président – est-elle si innocente ? En réveillant les débats autour de la laïcité, n’a-t-elle pas pour but de dissuader Emmanuel Macron de s’exprimer à l’intérieur de la cathédrale ? Gâcher la fête pour une question d’orgueil, ce serait dommage, entend-on alors chez nombre de catholiques.Le 29 novembre, Macron s’offre une avant-premièreA peine quinze jours plus tard, en tout cas, l’Elysée présente un programme très différent : le 7 décembre, Emmanuel Macron sera accueilli par les autorités religieuses et municipales sur le parvis de la cathédrale, il y prononcera une allocution – “courte”, est-il précisé – avant d’assister, silencieux, à l’ouverture des portes, puis au réveil de l’orgue sous la houlette de l’archevêque. Echec et mat pour le diocèse ? Non, le chef de l’Etat s’accorde le privilège d’une avant-première où il prendra seul la lumière. Le 29 novembre, il effectuera une déambulation dans la cathédrale, puis prononcera un “discours de remerciement”, à l’intérieur, devant les 2 000 compagnons ayant travaillé sur le chantier et les plus grands mécènes. Le moment sera “purement laïc”, précise-t-on au Château. Manière d’inviter Mgr Ulrich à la discrétion jusqu’au 7 décembre. D’ailleurs, sera-t-il même présent le 29 ?, feint de s’interroger, faussement naïf, un membre de l’entourage d’Emmanuel Macron.Le président visite le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris, le 14 avril 2023. L’épisode n’est que la dernière des querelles de ces cinq dernières années, alimentées par l’enchevêtrement des responsabilités né de la loi de 1905. Très vite après l’incendie, l’Etat a imposé une répartition des rôles : à l’Eglise le mobilier liturgique et les aménagements intérieurs, au pouvoir politique le reste. Tout le reste. Une feuille de route que le général Georgelin, nommé président de l’établissement public, décédé en août 2023, applique avec une rigueur toute militaire. Les présents se souviennent encore de l’une des premières réunions du conseil d’administration dans une cabane de chantier : alors qu’un participant s’étonne de recevoir les documents sur table et propose de repousser les décisions à la rencontre suivante le temps de s’imprégner du sujet, le général Georgelin le coupe : “On n’a pas de temps à perdre avec des procédures, faites-moi confiance, j’entends qu’on avance à mon rythme.”Le ton est donné, l’Eglise est reléguée au rang d’observatrice. Elle s’incline, mais s’emploie à montrer qu’elle est toujours chez elle dans la cathédrale. Elle déteste que les pouvoirs publics prétendent lui “rendre les clefs” à l’issue des travaux. Une consécration, un lavement de pieds à l’occasion de Pâques, une vénération de la couronne du Christ, des vêpres à la veille de l’ordination de nouveaux prêtres… : dès les premiers mois après l’incendie, les autorités religieuses “occupent” Notre-Dame sous les caméras de la chaîne catholique KTO. Des images qui rappellent à ceux qui seraient tentés de faire de la cathédrale un musée qu’elle est d’abord et avant tout une église.100 visiteurs à la minute, soit deux carsLa méfiance ne sera jamais totalement dissipée. Des détails alimentent la rancœur réciproque. Pour favoriser les dons dans le cadre de la souscription nationale, le chef de l’Etat offre aux particuliers une exonération d’impôt dérogatoire de 75 %. Mais, petite mesquinerie, le taux reste à 66 % pour la collecte de 7 millions d’euros destinée à financer le mobilier liturgique et les biens propres au diocèse. L’archevêque ne dit rien, mais s’agace en privé de l’arrogance d’un pouvoir qui n’a pas versé un euro d’argent public et revendique les lauriers. A contrario, du côté des autorités, on rappelle volontiers que par le passé l’Eglise a vendu dans la cathédrale des livres non religieux (des guides en particulier), monopole de la boutique du Centre des monuments nationaux attenante, privant ainsi l’Etat de précieuses recettes. “Sous couvert d’une grande courtoisie apparente, les rapports sont en réalité assez durs”, relate Maryvonne de Saint Pulgent, ancienne directrice du patrimoine et autrice de La Gloire de Notre-Dame. La foi et le pouvoir (Gallimard).Mi-novembre, la question de l’intervention présidentielle est à peine réglée que, déjà, une autre guerre se prépare, celle des invitations. Ces derniers mois, toute personne ayant un lien quelconque avec Notre-Dame a reçu un coup de fil, un message pour savoir si, peut-être, il n’y aurait pas moyen de… Mais la cathédrale ne peut accueillir que 1 500 personnes à chacun des trois événements prévus durant le week-end : l’entrée dans la cathédrale et le réveil des orgues le samedi soir, la bénédiction de l’autel le dimanche matin, puis la première messe ouverte au public le soir. L’Elysée et le diocèse se sont partagé les places, mais la sélection des privilégiés est sévère. Le premier attend des dizaines de chefs d’Etat étrangers, les grands mécènes, les représentants des corps constitués, les élus locaux… L’Eglise a d’ores et déjà donné des consignes strictes : dans les paroisses parisiennes, chaque prêtre a droit à deux invités, pas davantage. Les fondations, avec quelques dizaines de places, doivent tirer au sort les donateurs qui en bénéficieront. Pour les déçus, les jours suivants sont conçus comme des lots de consolation : le 11 décembre, la messe est dédiée aux mécènes ; le 15, ce sont les compagnons du chantier qui seront honorés.”La cathédrale a ceci de particulier qu’elle accueille la nation, pas seulement les catholiques, pas seulement le peuple de Paris. Dans une famille, quand on a du chagrin, quand on enterre quelqu’un ou pour un événement joyeux, on se retrouve autour de la mère. Notre-Dame joue ce rôle”, s’enthousiasme le père Olivier Scache, vice-recteur de la cathédrale. Chargé de l’accueil du public, il craint de faire des déçus et des frustrés. Il prépare déjà l’après, avec un parcours de visite qui permet de faire le tour en trente minutes en passant par les cinq points clefs du lieu et des nocturnes les jeudis soir jusqu’à 22 heures. Plus que les 15 millions de visiteurs par an, plus que les 45 000 par jour, c’est un autre mode de comptage qui lui donne des sueurs froides : 100 personnes à la minute, soit deux cars. “Vous imaginez, deux cars à la minute ?”2. Le pape, l’archevêque et le présidentRares sont les catholiques qui refusent d’être présents à la messe inaugurale du 8 décembre à l’occasion de la réouverture de Notre-Dame de Paris. “Je n’irai pas à Paris”, a pourtant lancé le pape François, le 13 septembre dernier, devant quelques journalistes français dans un avion de retour d’une tournée en Asie du Sud-Est et en Océanie. Sans donner plus d’explications. Depuis, le diocèse de Paris multiplie les justifications : le 8 décembre marque la fête de l’Immaculée Conception, le pape sera à Rome comme à l’habitude. Et puis, chuchote-t-on, le souverain pontife préfère rencontrer des communautés plus modestes, dans des pays en conflit. En septembre, il est pourtant allé en visite d’Etat en Belgique, et sera à Ajaccio à la mi-décembre.Il a décliné l’invitation à Notre-Dame de Paris, il était pourtant en Belgique en septembre. En réalité, l’absence papale se nourrit d’un mélange de considérations politiques et religieuses. Lorsque, le 8 décembre 2023, Emmanuel Macron annonce qu’il invite le pape pour la réouverture, nombreux sont les observateurs à être surpris par la manière employée. “Lorsqu’on invite le pape ou n’importe quel chef d’Etat, on ne lui impose pas une date publiquement et oralement, on rapproche les agendas et on suggère un moment”, commente un fin connaisseur du milieu. Ce n’est pas la première fois que les manières d’Emmanuel Macron heurtent Rome. Plusieurs se souviennent du mouvement de recul instinctif du souverain pontife, pourtant tactile, lorsque, en visite au Vatican, Emmanuel Macron l’avait embrassé dans un de ces élans de familiarité dont il est coutumier. Lors de son passage à Marseille en septembre 2023 – à Marseille, pas en France, avait-il précisé —, François, agacé de l’empressement élyséen, avait ostensiblement pris ses distances.L’irritation papale se nourrit de différends de fond. A plusieurs reprises, François a fait savoir qu’il n’apprécie pas la politique migratoire du gouvernement français, qu’il juge inhospitalière. Au fil des années, il a également fait connaître son désaccord sur plusieurs projets sociétaux : l’adoption de la loi PMA pour toutes, la volonté de légiférer sur la fin de vie et l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution. Lors de son voyage récent en Belgique, il a traité de “tueurs à gages” les médecins pratiquant l’avortement et proposé de lancer la béatification du roi Baudouin, qui a refusé d’approuver un texte sur l’IVG.Vatican et diocèse de Paris : je t’aime, moi non plusMais François ne nourrit pas davantage de passion pour l’Eglise de France, et encore moins pour le diocèse de Paris. En octobre, le souverain pontife a créé une vingtaine de nouveaux cardinaux, ces prêtres et archevêques qui, demain, auront le privilège d’entrer en conclave pour désigner un nouveau pape. Seuls les plus fins vaticanistes l’ont remarqué, mais l’archevêque d’Alger est le seul Français sur la liste, Mgr Ulrich n’y figure pas, une situation quasi inédite alors qu’il est en poste depuis plus de deux ans. “Il y a très peu d’archevêques de Paris qui n’ont pas porté le chapeau cardinalice, insiste Maryvonne de Saint Pulgent. Mais il ne faut pas oublier que ce pape est jésuite, et que les jésuites ont une très longue mémoire. Il y a une très longue histoire de désamour entre la papauté et Notre-Dame de Paris.” En 1870, des cardinaux français, et tout particulièrement les parisiens, se sont prononcés contre le dogme de l’infaillibilité pontificale. C’était il y a plus de cent cinquante ans, mais la méfiance subsiste.L’Histoire n’explique pas tout. Les soubresauts récents qui ont agité le diocèse de Paris ont agacé à Rome. En 2021, Mgr Aupetit a dû démissionner parce qu’on le soupçonnait d’avoir eu une relation intime avec une femme de son entourage peu compatible avec ses fonctions d’archevêque. Son départ a conduit à une vaste réorganisation de l’équipe. Mgr Chauvet, l’ancien recteur, a été envoyé à l’église de la Madeleine, passant de la paroisse la plus fréquentée de Paris à celle comptant le moins de paroissiens. Quant à Benoist de Sinety, n° 2 de la cathédrale, en désaccord avec la manière dont le chantier était géré, il a démissionné en 2021 pour rejoindre Lille.Pas question pour le pape de venir soutenir cette Eglise qu’il juge vieillissante, lui préférant ses versions plus jeunes et plus actives de l’hémisphère sud. Ce n’est pas la première fois qu’il montre ostensiblement sa froideur. Il y a quelques années, il est à Strasbourg pour s’exprimer devant les instances européennes, mais il ne prend pas le temps d’un détour par la cathédrale. Plus récemment, à deux jeunes catholiques français partis pour un tour d’Europe à vélo et qui se présentent à lui comme “les enfants de la fille aînée de l’Eglise”, il rétorque : “De sa grand-mère fatiguée, voulez-vous dire ?” D’un trait d’esprit, tout est dit de la distance qui sépare Rome de Paris.



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Author : Agnès Laurent

Publish date : 2024-11-19 17:00:00

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Guerre en Ukraine : les premiers missiles américains tirés par Kiev sur le sol russe

Un missile ATACMS lancé depuis une installation de l'armée américaine à White Sands (Nouveau-Mexique), le 14 décembre 2021




Deux jours à peine après avoir reçu le feu vert de Washington, attendu depuis des mois, Kiev a lancé lundi les premiers missiles de longue portée américains ATACMS en direction du territoire russe. Ce que le Kremlin avait présenté comme une ligne rouge. “À 03 h 25, l’ennemi a frappé un site de la région de Briansk”, non loin de la frontière ukrainienne, a communiqué ce mardi 19 novembre au matin l’armée russe. Cinq projectiles ont été détruits et un autre endommagé par la défense anti-aérienne russe, selon le Kremlin. Selon CNN, néanmoins, un arsenal d’armes russes aurait été touché par ces missiles.Les tirs ont finalement été confirmés par un responsable ukrainien s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, selon l’AFP. En conférence de presse ce mardi, Volodymyr Zelensky n’a ni confirmé ni infirmé les tirs, réitérant que son pays disposait désormais des armes longue portée et était déterminé à utiliser son arsenal.Bientôt l’utilisation de missiles à longue portée franco-britanniques ?La décision d’autoriser l’utilisation des systèmes de missiles tactiques de l’armée américaine, ou ATACMS, à l’intérieur de la Russie a été examinée pendant des mois par les Etats-Unis, certains responsables de l’armée craignant une escalade. Avant d’être accordée ce dimanche 17 novembre. La résolution a été adoptée à un moment crucial de la guerre qui dure depuis quasiment trois ans : ces dernières semaines, les forces armées de la fédération de Russie n’ont cessé de repousser la ligne de front face à une armée ukrainienne épuisée, en bombardant simultanément les infrastructures électriques du pays dans le but de désactiver le réseau électrique de l’Ukraine.Les ATACMS sont des missiles balistiques supersoniques d’une portée allant jusqu’à 300 kilomètres. Ils peuvent transporter une ogive contenant environ 170 kilogrammes d’explosifs. L’ATACMS permet donc désormais à l’Ukraine de frapper plus loin en Russie que n’importe quel autre missile à sa disposition. L’Ukraine dispose également du missile Storm Shadow de fabrication franco-britannique, qui a une portée d’environ 250 kilomètres. Mais le Royaume-Uni et la France ont pour l’heure refusé à l’Ukraine la permission de frapper des cibles à l’intérieur de la Russie.La Russie élargit le cadre d’utilisation de son arme nucléaireLa Russie a immédiatement promis ce mardi une réponse “appropriée” à l’attaque sur son territoire, estimant que le conflit basculait dans “une nouvelle phase”, annonçant également que les possibilités de recours à l’arme nucléaire étaient ainsi élargies. Au 1000e jour de l’invasion de l’Ukraine, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a invité les Occidentaux à “lire la totalité” de la nouvelle doctrine nucléaire russe, officialisée mardi par Vladimir Poutine. Celle-ci considère désormais l’agression de tout Etat non nucléaire – mais avec la participation d’un pays nucléaire – comme une attaque conjointe contre la Russie. Une référence claire à l’Ukraine et aux Etats-Unis. “Une nouvelle démonstration de la rhétorique irresponsable dont la Russie fait preuve depuis deux ans”, a réagi auprès de l’AFP un porte-parole de la Maison-Blanche à Washington.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/guerre-en-ukraine-les-premiers-missiles-americains-tires-par-kiev-sur-le-sol-russe-NAWO7BR7UFGD7EUVZUUNYTQF7Q/

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Publish date : 2024-11-19 19:08:11

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Peter Wohlleben, auteur de “La Vie secrète des arbres” : “Le chauffage au bois est pire que le charbon !”

La vie secrète des arbres




Il est le forestier le plus célèbre de la planète. En 2015, Peter Wohlleben publiait La Vie secrète des arbres (Les Arènes), qui a dépassé le million d’exemplaires vendus en France. L’auteur y popularisait notamment les travaux de la biologiste canadienne Suzanne Sismard sur le “Wood-Wide-Web” : des réseaux mycorhiziens à base de champignons filamentaires qui permettraient aux arbres de communiquer et s’entraider. Sans doute trop belle, la thèse fait l’objet de plus en plus de critiques de la part de la communauté scientifique.Près de dix ans après le phénomène, Peter Wohlleben est de retour avec Notre héritage sauvage (Les Arènes), un essai qui prend de la hauteur en surplombant l’histoire de l’humanité. L’auteur entend y rappeler notre part d’animalité, mais prend aussi à rebours certains dogmes de l’écologie politique. Pour L’Express, il défend une approche plus positive de la préservation de l’environnement, déplore le tabou sur le chauffage au bois, énergie très polluante, et s’amuse au passage des tentatives françaises de retourner à une retraite à 60 ans…L’Express : Vous soulignez dans ce livre qu’il faut qu’on renoue avec notre animalité pour faire face au réchauffement climatique. Pourquoi ?Peter Wohlleben : On voit que trop peu d’efforts sont faits face au réchauffement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre atteignent de nouveaux records en 2024. Alors que selon les objectifs de l’Accord de Paris, il faudra réduire les émissions de 45 % d’ici 2030. Nous disposons de toute l’information scientifique nécessaire sur ce problème. Mais je pense que nous faisons une erreur en oubliant que les humains sont majoritairement guidés par leurs émotions. Cela concerne même les responsables politiques, comme l’a encore récemment démontré votre président Emmanuel Macron en décidant de dissoudre l’Assemblée. Si telle est notre nature, pourquoi ne pas s’en servir plus pour faire face à la crise environnementale ?Au sujet du réchauffement climatique, on a créé de la peur. Mais nous avons aussi besoin d’espoir, et encore mieux, de joie. Cela devrait être amusant de protéger l’environnement ! Si vous installez par exemple des panneaux solaires sur votre toit, le compteur pourrait ainsi reculer pour montrer les économies que vous faites, ou alors vous recevez chaque année un versement de votre fournisseur d’électricité. Cela ne peut que vous rendre joyeux. A Paris, la maire avait fait la promesse de planter de nombreux arbres dans la capitale, ce qui a suscité de nombreuses résistances. Une fois que les gens réaliseront qu’une ville plus boisée et moins chaude est plus agréable, le soutien à ces mesures sera de plus en plus important. Il y a cependant un laps de temps qu’il faut surmonter sur le plan politique. Pour cela, nous devrions davantage chercher à déclencher des émotions positives, plutôt que de simplement en faire appel à la rationalité, ou à l’inverse à la peur.On n’arrête ainsi pas de nous rappeler ce que nous allons perdre dans la transition écologique, plutôt que de montrer qu’on peut y gagner. Actuellement, en Allemagne, nous avons un grand débat au sujet du passage des voitures thermiques aux véhicules électriques. L’ancien ministre des Finances, Christian Lindner, est un fan de Porsche. Pour son parti, le FDP, il est ainsi impossible de réduire les vitesses sur les autoroutes, même si c’est plus économique, moins dangereux et moins polluant. Une limitation de vitesse réduirait les émissions de CO2 sans réel coût pour nous. Mais en Allemagne, cela reste un sujet incroyablement émotionnel. Sur une autoroute allemande, vous pouvez aujourd’hui toujours aller plus vite que sur le circuit du Nürburgring.La rationalité ne reste-t-elle pas le meilleur outil ? Les pays scandinaves ont aujourd’hui le meilleur indice de performance environnementale, et l’Europe regagne des forêts…La Suède est loin d’être un exemple en matière de forêts, alors même que ce pays est peu peuplé et que la forêt y recouvre 70 % de son territoire. La plupart des lacs suédois sont bruns à cause des coupes d’arbres. Le sud de la Suède a été une forêt primaire. Maintenant, vous y voyez des pins, des épicéas, des plantations comme dans de nombreuses zones en Allemagne. Il reste des zones préservées dans le Nord, mais simplement parce que l’accès y est plus compliqué. Du fait de la surexploitation, les dernières forêts primaires disparaîtront vite, et plus de deux tiers des forêts suédoises ont moins de 100 ans.Vous rappelez dans le livre que l’idée d’un équilibre naturel ou d’un âge d’or environnemental est un mythe…Mes ancêtres ne seraient pas d’accord avec cette idée d’âge d’or (rires). N’importe quel humain de ces 300 000 dernières années, s’il avait eu le choix, opterait pour notre époque. Chaque espèce tente en réalité d’atteindre un équilibre naturel pour pouvoir prospérer. Mais par le passé, il y a eu des astéroïdes, des âges glaciaires, des épidémies, des tsunamis, des éruptions volcaniques… Et si on se projette dans le futur, dans un milliard d’années, l’oxygène aura disparu de cette planète. Dans quelques milliards d’années, le Soleil se transformera en géante rouge. Rien ne dure éternellement. Ce qui compte, c’est donc nous.Il ne reste aujourd’hui que deux rhinocéros blancs du Nord, des femelles. Mais le dernier rhinocéros blanc n’aura pas conscience de l’être, et ceux qui sont à plaindre, ce sont moins les rhinocéros que nous-mêmes. Leur extinction appauvrira notre monde. Préserver l’environnement, c’est d’abord dans notre intérêt à nous humains. Dans un monde déjà malmené par les catastrophes et l’instabilité, n’allons pas en plus éliminer des facteurs de soutien de l’écosystème dont nous dépendons. Hélas, la plupart des personnes n’ont pas compris que protéger la nature, c’est nous protéger nous.En Allemagne, pour la première fois, les forêts ne captent plus de CO2, mais en rejettentComment voyez-vous les évolutions démographiques, avec une chute des taux de fécondité dans de nombreuses régions du monde ?J’ai 60 ans. Du fait de l’allongement de l’espérance de vie, je serai peut-être encore en capacité de travailler dix ans ou plus. Nous devrions travailler plus longtemps du fait du vieillissement. Si dans mon pays il y avait encore 6 cotisants pour 1 retraité en 1960, à l’heure actuelle, on ne compte plus que 1,8 cotisant, et les pronostics pour 2050 sont de 1,3. Croire qu’on peut préserver nos structures de retraites, c’est de la folie.En France, beaucoup souhaitent même revenir sur un départ à la retraite à 64 ans, contre 65 à 67 ans en Allemagne…Nous savons en Allemagne que même partir à 67 ans ne suffira pas. C’est un problème politique, d’autant plus que l’extrême droite estime qu’on va perdre notre culture du fait des immigrés dont nous avons pourtant besoin de façon urgente…Ce vieillissement dans les pays riches ne doit pas occulter le fait que la croissance de la population va, au niveau mondial, créer des problèmes environnementaux. Mais cela reste un tabou pour les écologistes. Pourtant, on pourrait résoudre facilement ce problème de croissance démographique, non pas de façon autoritaire comme l’a fait la Chine avec la politique de l’enfant unique, mais en favorisant l’éducation, ainsi que l’égalité des chances entre hommes et femmes sur le plan professionnel. En Ethiopie, les femmes sans instruction scolaire ont en moyenne six enfants, tandis que celles qui ont fréquenté l’école au moins jusqu’à l’âge de 15 ans n’en ont que deux.Les écologistes comme les agences gouvernementales ont longtemps encouragé le chauffage au bois. Il est pourtant très polluant…Au sein du parti écologique allemand, il y a aujourd’hui un débat à ce sujet. Mais le ministre de l’Economie et du Climat Robert Habeck a décidé de continuer à subventionner les chaudières à bois. Sur le site de la Rhénanie-Palatinat, où j’ai travaillé plus de vingt ans au service de l’administration forestière, on peut toujours lire que le “bois est une source d’énergie neutre en CO2”. Des millions de propriétaires de logements pensent ainsi que la combustion de pellets, bûches ou copeaux de bois est bénéfique à l’environnement. Mais tous les scientifiques – sauf ceux appartenant à l’industrie forestière – s’accordent sur le fait que la combustion au bois est sans doute encore pire que celle au charbon !Au départ, il y a le mythe du cycle éternel : le bois est brûlé et l’arbre suivant absorbe à son tour le CO2. Il y aurait ainsi un jeu à somme nulle. Mais c’est oublier que l’arbre scié aurait continué à croître. Comme l’arbre gagne en diamètre et en hauteur, sa performance en termes de stockage de carbone se serait accrue. Les vieux spécimens emmagasinent une quantité particulièrement importante. Selon une étude, 1 % des arbres les plus vigoureux renfermeraient en moyenne 50 % de la biomasse d’une forêt. Mais l’exploitation forestière ramène continuellement ce stock à zéro. De surcroît, sur les surfaces déboisées, de grandes quantités de carbone du sol sont transformées par des bactéries et des champignons qui décomposent l’humus en gaz à effet de serre. Si l’on prend également en compte que les forêts rafraîchissent massivement l’air et contribuent à augmenter les précipitations, l’effet de serre de la combustion du bois est tout bonnement dévastateur.Selon le rapport décennal sur les forêts qui vient d’être publié par le ministère, en Allemagne, pour la première fois, les forêts ne captent plus de CO2, mais en rejettent. Pourtant, chez nous, le sujet demeure tabou.Que faire avec les forêts ? Peut-on réduire l’exploitation forestière ?Ce sujet est très influencé par le lobby forestier. Nous devrions avoir 30 % de nos forêts protégées. Cela en laisse toujours 70 % pour l’exploitation. D’autant plus que les plantations de conifères, des espèces importées, sont en train de mourir du fait de la sécheresse. Ce qui signifie que dans mon pays, nous allons perdre la moitié de la surface forestière dans les dix prochaines années. Jusqu’à présent, nous avons déjà perdu entre 5 000 et 20 000 kilomètres carrés selon les experts. Mais sur le papier, la surface forestière a gagné du terrain, car les coupes claires, de plus en plus importantes, y sont incluses. Selon les autorités allemandes, la forêt croît donc, alors que selon la FAO [NDLR : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture], l’Allemagne perd de la surface forestière.Je n’ai pas vu un seul pays où le communisme a fonctionnéLa viande est selon vous le principal “tueur” de forêts. Vous-même n’en mangez plus…Par respect pour le bien-être animal et l’environnement, je n’en mange plus depuis 2018. J’aimais beaucoup la viande, et il m’arrive toujours d’en avoir envie. Je ne suis pas dogmatique, alors même que ce sujet déchaîne les passions. Il y a d’ailleurs une vidéo amusante de la Fête de la bière à Munich où l’on demande aux participants s’ils préfèrent boire de la bière vegan ou sans alcool. On les voit répondre “ah non, la bière vegan, ce n’est pas possible. Je ne veux personne qui me dicte ce que je dois boire !”. Comme si le houblon, l’eau ou les levures étaient d’origine animale (rires). Encore une fois, on voit le rôle des émotions.Mais nous savons que 83 % de nos surfaces agricoles dans le monde ne servent à produire que 18 % des calories, et ce, sous la forme de viande. En Allemagne, les terres dévolues à cet usage représentent dans les 100 000 kilomètres carrés, ce qui équivaut à la superficie des parcelles occupées par la forêt. Si nous ne mangions plus de viande qu’une fois par semaine, comme il était encore d’usage il y a quelques décennies avec le fameux rôti du dimanche, cela permettrait d’aménager environ 25 % des terres du pays comme zones protégées. En plus des revenus du tourisme, leurs propriétaires pourraient, en lieu et place des subventions à l’agriculture, obtenir des aides financières pour le climat. L’effet rafraîchissant d’une végétation qui recouvre peu à peu son état originel, l’augmentation de la biomasse, tout cela se mesure avec précision par satellite. Cela serait un système positif qui laisse le choix à chaque propriétaire terrien.Je ne milite ainsi pas pour l’interdiction de la viande. Mais si nous pouvons simplement retourner à notre consommation des années 1960, nous serions proches de l’objectif fixé par le Processus de Montréal.Certains, comme dans cet article du New Yorker, vous ont reproché de ne pas assez critiquer le capitalisme…Comme si l’Union soviétique ou la RDA étaient des modèles écologiques (rires). Le pur capitalisme n’est pas bon, et on a besoin de limites et de lois. Mais c’est la nature humaine de ne pas vouloir payer d’impôts ou d’accumuler les profits. Jésus était un communiste, si l’on se fie aux Evangiles. Regardez où en est l’Eglise catholique aujourd’hui : elle est capitaliste, car tels sont les humains. Montrez-moi un système qui fonctionne mieux en laissant leur libre arbitre aux personnes ? Je n’ai pas vu un seul pays où le communisme a fonctionné. Plutôt que de vouloir renverser le capitalisme, concentrons-nous donc sur de bonnes lois. L’une des pistes est par exemple de donner des droits à la nature.Notre héritage sauvage, par Peter Wohlleben. Les Arènes, 300 p., 22 €.



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Author : Thomas Mahler

Publish date : 2024-11-19 18:43:40

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Gaza : Israël offre une prime de 5 millions de dollars par otage libéré

Un homme passe à Jérusalem devant un grand panneau où sont affichés des portraits d'otages israéliens détenus à Gaza, le 18 novembre 2024




Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé, ce mardi 19 novembre, qu’Israël offrait une prime de cinq millions de dollars à toute personne qui ramènerait un otage détenu à Gaza.”Toute personne qui nous ramènera un otage trouvera chez nous un moyen sûr, pour lui et sa famille, de sortir (de Gaza). Nous donnerons également une récompense de cinq millions de dollars pour chaque otage”, a déclaré Benyamin Netanyahou dans une vidéo filmée à l’intérieur de la bande de Gaza, selon un communiqué de son bureau.Portant casque militaire et gilet pare-balles, Benyamin Netanyahou s’est exprimé dos à la mer dans le corridor de Netzarim, contrôlé par l’armée israélienne dans le nord de la bande de Gaza. “Quiconque ose faire du mal à nos otages est considéré comme mort. Nous vous poursuivrons et nous vous attraperons”, a-t-il dit.”Nous n’y renonçons pas”Accompagné de son ministre de la Défense, Israël Katz, le Premier ministre israélien a réaffirmé que l’un des objectifs de la guerre est que “le Hamas ne gouverne pas dans Gaza”. “Nous faisons également des efforts pour localiser les otages et les ramener. Nous n’y renonçons pas. Nous continuerons à le faire jusqu’à ce que nous les ayons tous trouvés: les vivants et les morts”, a-t-il ajouté.Depuis le début de la guerre à Gaza, une seule et unique trêve a vu le jour en novembre 2023 et permis la libération de plus de 100 otages, emmenés à Gaza lors de l’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.



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Publish date : 2024-11-19 18:07:14

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