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L’Express

Bluesky : ce réseau social qui m’a fait rajeunir de dix ans

Bluesky illustration




C’est un petit coin de ciel bleu inespéré pour tous les internautes “modérés” du monde entier. Depuis l’élection de Donald Trump le 6 novembre, le réseau social Bluesky semble être devenu le refuge des nostalgiques de ce temps où Twitter – devenu X – n’était pas encore un ramassis d’invectives, fake news et vulgarités. Ces derniers jours, Bluesky a atteint le sommet des classements sur l’App Store d’Apple et le Play Store de Google, dépassant ce 19 novembre les 20 millions d’inscrits. Contre 4,9 millions en février dernier lorsqu’il est devenu accessible à tous.Avec un pic d’un million de nouveaux utilisateurs – dont un paquet venus des rangs de la gauche et une poignée de célébrités – enregistrés en 24 heures, a annoncé la plateforme le 14 novembre, soit le lendemain de la nomination d’Elon Musk comme “ministre de l’efficacité gouvernementale”. Même si bien sûr, le dernier-né des réseaux sociaux est encore loin de ses rivaux X (plus de 600 millions d’utilisateurs) et Threads (plus de 275 millions, dont 15 millions de nouvelles inscriptions pour le seul mois de novembre), le premier ayant perdu quelque 115 000 abonnés américains le lendemain de la victoire de Donald Trump.La majorité des nouveaux inscrits sur Bluesky ? Des Américains, des Canadiens et des Anglais. Pensée comme une alternative à X, Bluesky, – co-fondé par l’ancien patron de Twitter Jack Dorsey – qui l’a quitté en mai dernier- et dirigé depuis 2021 par la discrète Jay Graber, dont on sait peu de choses outre son expérience d’ingénieure en informatique et le fait qu’elle a une petite trentaine d’années -, possède une interface au style épuré qui ressemble à s’y méprendre à l’ancien Twitter. L’oisillon bleu ayant laissé place à un papillon bleu en guise de logo. La limite des 140 signes est quant à elle passée à 300.Une plongée dans la décennie 2010Pour le reste, nous voici replongés dans la décennie 2010, lorsqu’Elon Musk n’était qu’un twittos parmi des millions d’autres et que les utilisateurs se contentaient de partager des articles, des analyses, de l’information, sans insultes, interpellations intempestives, jugements à l’emporte-pièce et autres réjouissances. Tout comme X, Bluesky propose un fil de suggestions de comptes à suivre, l’algorithme de la haine en moins. Fini le défilé de comptes pseudo-parodiques, d’extraits de TPMP (Touche pas à mon poste !), de comptes liés à l’extrême droite et de vidéos d’agressions d’individus dont on ne connaît jamais vraiment les tenants ou les aboutissants, l’indignation étant l’enjeu numéro 1. Au placard aussi les comptes racistes, les pubs hideuses et les passes d’armes entre pseudo-intellos “wannabes”. Si on y croise tout de même quelques posts un poil virulents, scroller une quinzaine de minutes sur Bluesky ne vous donnera ni la nausée, ni l’envie subite de prendre une douche et encore moins le désir soudain d’abattre votre voisin de palier qui ne vote pas comme vous. “Bluesky est un refuge pour les personnes qui recherchent une expérience de réseau social similaire à celle que Twitter offrait autrefois, mais sans tout l’activisme d’extrême droite, la désinformation, les discours haineux, les bots et tout le reste”, analyse dans le Guardian – qui vient d’annoncer quitter X – le spécialiste des réseaux sociaux Axel Bruns. Ainsi en va-t-il d’Eli McCann, chroniqueur humoristique pour le Salt Lake Tribune, qui savoure d’avance le bonheur de “ne plus se faire traiter de pédé tous les jours par un mec qui n’a jamais lu un livre”.Passer de X à Bluesky, c’est un peu comme quitter un vieux conjoint autocentré et ultrabordélique – qui ne pense jamais à dire bonjour et encore moins merci-, pour une vie plus douce. C’est le plaisir de repartir de zéro, avec ses impondérables. Là vous aviez mis 15 ans à collecter 3 000 followers, votre compteur Bluesky n’affiche que 12 abonnés. Le prix à payer pour reprendre le contrôle algorithmique de sa vie. On y recroise de vieilles connaissances rencontrées sur X, avec la même excitation que celle de tomber sur un vieux pote de lycée au coin d’une rue. Baignant collectivement dans l’ère de la “nowstalgie” décrite par le sociologue Gérald Bronner,– “une envie que le présent et le passé immédiat se mélangent pour faire advenir ou revenir un monde plus désirable”- nous réapprenons à nous parler, à nous connaître, à partager. On pourrait ainsi tous faire nôtre le premier message posté sur Bluesky par l’entrepreneur milliardaire Mark Cuban, 431 500 abonnés, le 12 novembre : “Hello Less Hateful World” (“Bonjour, monde moins détestable”). Reste une question : combien serons-nous à rejoindre ce ciel bleu ? Ce réseau social a-t-il un avenir ? Les annonceurs suivront-ils ? Selon Jonathan Bellack, directeur du Applied Social Media Lab de Harvard, interrogé par Business Insider, Bluesky semble avoir profité ces derniers jours de “l’effet de réseau” qui provoque le déclic chez les utilisateurs potentiels encore frileux de basculer sur une nouvelle plateforme numérique. Autrement dit, plus un réseau social gagne d’abonnés, plus il est susceptible d’en obtenir. Selon l’expert, “il semble qu’un nombre suffisant de personnes ait rejoint le site pour atteindre une masse critique, ce qui permet aux utilisateurs de ne pas ressentir qu’ils manquent de contenu sur d’autres plateformes ou qu’ils perdent leur communauté en ligne en effectuant la transition”.Si des experts de la tech tempèrent l’euphorie du moment, mettant en garde contre la possible “bulle” Bluesky et contre le fait que X n’est pas près de fermer boutique, ne boudons pas notre plaisir, si éphémère soit-il. Et ne nous berçons pas d’illusions. “Quoi qu’il arrive, Bluesky ne recréera jamais Twitter 1.0, tout comme Threads ne pourra réellement le remplacer”, écrivait le 14 novembre Lance Ulanoff, rédacteur en chef de la version américaine de TechRadar. Avant de conclure : “Je sais que cela ne durera pas, tout comme les bébés ne restent pas mignons. Ils deviennent des enfants mal élevés, puis des adolescents hargneux avant de devenir des adultes inintéressants. […] Nous devrions simplement profiter de ce moment Bluesky — c’est ce que je fais — et peut-être commencer aussi à réfléchir à la manière de retrouver ces expériences dans la vie réelle”.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/bluesky-ce-reseau-social-qui-ma-fait-rajeunir-de-dix-ans-FURJ5AUP4ZHQBBURGJP5PVZTDQ/

Author : Laurent Berbon

Publish date : 2024-11-20 04:30:00

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Jusqu’où Donald Trump est-il prêt à aller pour soutenir Israël ? Par Frédéric Encel

Donald Trump et Benjamin Netanyahou durant une conférence de presse à la Maison blanche, à Washington, Etats-Unis, le 27 janvier 2020.




L’élection de Donald Trump a été applaudie par le gouvernement Netanyahou et ses soutiens. Pourtant, si ce premier est (devenu) très favorable à Israël, en particulier depuis la première de ses trois campagnes présidentielles, c’est d’abord à cause du poids électoral, politique et financier sans cesse croissant des évangéliques aux Etats-Unis (40 millions de personnes en 1993, 98 millions trente ans plus tard, dont l’ancien vice-président ou l’actuel président du groupe républicain à la Chambre des représentants), ensuite du fait de la montée en puissance économique et technologique fulgurante de l’Etat juif depuis deux décennies. D’aucuns ajoutent la place de son gendre Jared Kushner, mais sans preuve tangible que cela constitue une variable explicative primordiale. Or, avant son premier mandat, c’est en Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis et dans d’autres pétromonarchies du Golfe que l’homme d’affaires Donald Trump avait investi, absolument pas en Israël !Par ailleurs, qu’ont coûté concrètement aux Etats-Unis ses gestes symboliques comme le transfert de (la plaque de) l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, et la reconnaissance de la souveraineté sur le plateau du Golan ? Rien. Qu’ont coûté à Washington les accords d’Abraham de 2020 entre Israël et quatre Etats arabes ? Ce fut certes un beau cadeau diplomatique et économique pour l’Etat hébreu – d’autant que ces accords se maintiennent en dépit de la longue et destructrice guerre contre le Hamas et le Hezbollah – mais aussi un vrai plus pour l’industrie militaire américaine, avec la vente d’escadrilles entières de très onéreux chasseurs-bombardiers à Abou Dhabi et à Rabat notamment. Que coûta aux Etats-Unis le “deal du siècle”, ce plan de paix piloté et présenté par Jared Kushner en janvier 2020, et très favorable à Israël en lui attribuant de larges parts de la Cisjordanie ? Son rejet par les chancelleries arabes (Emirats exceptés) et l’absence de soutien de la quasi-totalité de celles du reste du monde ne coûtèrent rien à une administration Trump dont les régimes arabes alliés demandaient aide et assistance face à l’Iran.L’Iran, seul dossier moyen-oriental sérieux pour TrumpReste justement l’Iran, le seul dossier moyen-oriental sérieux aux yeux du nouveau président. Le 14 juillet 2015, sous le second mandat de Barack Obama, les 5 + 1 (cinq membres permanents du Conseil de sécurité + l’Allemagne) avaient conclu avec Téhéran un accord nucléaire en vertu duquel la République islamique s’engageait à suspendre l’essentiel de son processus d’enrichissement d’uranium dix années durant, moyennant l’annulation progressive des trains de sanction. Parvenu à la Maison-Blanche, Donald Trump avait au contraire renforcé les sanctions à l’encontre de l’Iran et, finalement, suspendu la participation américaine à l’accord, entravant le maintien des autres signataires. Joe Biden tenta en vain de réactiver l’accord multipartite. Avec le durcissement du régime des mollahs, sa féroce répression des femmes, et surtout l’activation du Hezbollah libanais inféodé contre Israël dès le lendemain du massacre du 7 Octobre, Donald Trump rappela qu’il frapperait durement l’Iran une fois revenu au pouvoir. De fait, depuis son élection, il a nommé des personnalités très proches d’Israël et hostiles à l’Iran.Jusqu’où soutiendra-t-il Israël ?Laissera-t-il son allié israélien bombarder les infrastructures nucléaires ennemies en le protégeant de rétorsions balistiques ? Peut-être. Mais cela ne se ferait en aucun cas sans que le sort de l’Arabie saoudite et des Emirats ne soit lourdement impacté par une vraie guerre israélo-iranienne, et avec lui celui du pétrole du Golfe. Et donc du plein d’essence à la pompe dans l’Ohio. Jusqu’où Donald Trump soutiendra-t-il donc Israël, autrement dit à quel coût ? Car si l’imprévisibilité et le dilettantisme caractérisèrent son premier mandat, on omet trop souvent sa propension à rejeter toute contribution du contribuable américain aux amis et alliés, à commencer par l’Europe et Taïwan, et tout envoi de troupes. Certes, Israël bénéficie d’une empathie particulière de la part d’une grande majorité de citoyens américains (contrairement à ce qu’ont espéré et cru pouvoir démontrer lors du scrutin du 5 novembre nombre de ses contempteurs), et de cette nouvelle administration à naître en janvier tout particulièrement ; pour autant, si le soutien à l’Etat juif devenait trop coûteux, un Donald Trump clairement isolationniste et en quête d’économies risquerait de devenir moins prodigue.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/jusquou-donald-trump-est-il-pret-a-aller-pour-soutenir-israel-par-frederic-encel-LS3WBWHAA5ADPN2OMFJ7VQNHBM/

Author : Frédéric Encel

Publish date : 2024-11-19 06:00:00

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Notre-Dame de Paris, nos révélations sur la réouverture : le refus du pape, la bataille entre Emmanuel Macron et le clergé

e président français Emmanuel Macron et le roi Charles III de Grande-Bretagne lors de leur visite à la cathédrale notre-Dame de Paris, actuellement en restauration à la suite d'un incendie en 2019 qui a détruit son toit, à Paris le 21 septembre 2023.




Depuis peu, ils taisent leurs différends pour ne pas gâcher la fête de la réouverture de Notre-Dame de Paris, les 7 et 8 décembre prochains. Ce week-end-là, le monde entier applaudira à la renaissance d’une cathédrale qui a failli être réduite en cendres un soir d’avril 2019. L’image sera belle, le symbole fort et l’entente affichée par les pouvoirs laïcs et religieux parfaite. Oubliés les longs mois d’âpres négociations, de réunions agitées, de fâcheries d’anthologie qui ont marqué l’année 2024. Tous voulaient être au cœur de la cérémonie et ne cédaient rien. Un temps, Emmanuel Macron a rêvé d’être le premier chef d’Etat français à s’exprimer dans la cathédrale, l’archevêque de Paris a tout fait pour l’en dissuader. Un temps, le chef de l’Etat a rêvé d’accueillir le pape, François a décliné, lui préférant la Corse. Pour préparer les festivités, les équipes de l’Elysée et du diocèse ont discuté (beaucoup), se sont fâchées (souvent), ont bluffé ou menti (parfois).Premier épisode de notre récit sur les coulisses de ce moment singulier dans la vie d’une nation.1. La nouvelle bataille entre l’Eglise et l’EtatLongtemps, la question ne fut pas tranchée : pour la réouverture, le président parlera-t-il à l’extérieur ou à l’intérieur de la cathédrale ? A l’Elysée, l’entourage d’Emmanuel Macron est divisé. Certains ne voient rien d’inconvenant à une prise de parole dans la nef. Après tout, le chef de l’Etat n’a-t-il pas prononcé un éloge funèbre dans la cathédrale Saint-Jean à Lyon pour les obsèques de Gérard Collomb ? Les plus madrés s’affligent de ce manque de culture qui ne distingue pas la nature des deux événements. Ceux-là plaident pour l’extérieur, gage d’une stricte séparation des rôles. Et pourquoi pas le 8 décembre, jour de la messe inaugurale, et non le 7 dans un parfait équilibre entre l’Eglise et l’Etat ?Emmanuel Macron hésite, il a envie qu’on lui témoigne de la reconnaissance. Après tout, c’est à lui que l’on doit la reconstruction de la cathédrale en à peine plus de cinq ans, délai que beaucoup jugeaient intenables. Il a, lors de ses vœux de la fin de 2023, fait de la réouverture de Notre-Dame de Paris la première des “fiertés françaises” de l’année 2024, avant même les Jeux olympiques. “Les mots-clefs, ce sont mise en valeur, transmission, élévation. Notre-Dame, c’est l’incarnation de notre façon d’être au monde. C’est un objet religieux, c’est un sujet français, c’est un projet universel”, insiste Bruno Roger-Petit, le conseiller mémoire d’Emmanuel Macron.Dès l’origine, le diocèse, lui, est défavorable à l’idée que le président parle depuis l’intérieur de la cathédrale, rappelant qu’il est l’unique affectataire du lieu, et que celui-ci est dédié au culte. Alors quand à la fin du mois d’octobre l’archevêque de Paris annonce à l’AFP que le chef de l’Etat parlera bien depuis l’intérieur de la cathédrale, les initiés sont surpris. Mgr Ulrich présente la chose comme une pure décision technique : un discours sur le parvis aurait été trop complexe à gérer du point de vue de la sécurité, précise-t-il. Rien de technique là-dedans, pourtant, mais beaucoup de politique. La déclaration du prélat – officiellement une simple maladresse de Mgr Ulrich qui a parlé trop vite avant le choix définitif du président – est-elle si innocente ? En réveillant les débats autour de la laïcité, n’a-t-elle pas pour but de dissuader Emmanuel Macron de s’exprimer à l’intérieur de la cathédrale ? Gâcher la fête pour une question d’orgueil, ce serait dommage, entend-on alors chez nombre de catholiques.Le 29 novembre, Macron s’offre une avant-premièreA peine quinze jours plus tard, en tout cas, l’Elysée présente un programme très différent : le 7 décembre, Emmanuel Macron sera accueilli par les autorités religieuses et municipales sur le parvis de la cathédrale, il y prononcera une allocution – “courte”, est-il précisé – avant d’assister, silencieux, à l’ouverture des portes, puis au réveil de l’orgue sous la houlette de l’archevêque. Echec et mat pour le diocèse ? Non, le chef de l’Etat s’accorde le privilège d’une avant-première où il prendra seul la lumière. Le 29 novembre, il effectuera une déambulation dans la cathédrale, puis prononcera un “discours de remerciement”, à l’intérieur, devant les 2 000 compagnons ayant travaillé sur le chantier et les plus grands mécènes. Le moment sera “purement laïc”, précise-t-on au Château. Manière d’inviter Mgr Ulrich à la discrétion jusqu’au 7 décembre. D’ailleurs, sera-t-il même présent le 29 ?, feint de s’interroger, faussement naïf, un membre de l’entourage d’Emmanuel Macron.Le président visite le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris, le 14 avril 2023. L’épisode n’est que la dernière des querelles de ces cinq dernières années, alimentées par l’enchevêtrement des responsabilités né de la loi de 1905. Très vite après l’incendie, l’Etat a imposé une répartition des rôles : à l’Eglise le mobilier liturgique et les aménagements intérieurs, au pouvoir politique le reste. Tout le reste. Une feuille de route que le général Georgelin, nommé président de l’établissement public, décédé en août 2023, applique avec une rigueur toute militaire. Les présents se souviennent encore de l’une des premières réunions du conseil d’administration dans une cabane de chantier : alors qu’un participant s’étonne de recevoir les documents sur table et propose de repousser les décisions à la rencontre suivante le temps de s’imprégner du sujet, le général Georgelin le coupe : “On n’a pas de temps à perdre avec des procédures, faites-moi confiance, j’entends qu’on avance à mon rythme.”Le ton est donné, l’Eglise est reléguée au rang d’observatrice. Elle s’incline, mais s’emploie à montrer qu’elle est toujours chez elle dans la cathédrale. Elle déteste que les pouvoirs publics prétendent lui “rendre les clefs” à l’issue des travaux. Une consécration, un lavement de pieds à l’occasion de Pâques, une vénération de la couronne du Christ, des vêpres à la veille de l’ordination de nouveaux prêtres… : dès les premiers mois après l’incendie, les autorités religieuses “occupent” Notre-Dame sous les caméras de la chaîne catholique KTO. Des images qui rappellent à ceux qui seraient tentés de faire de la cathédrale un musée qu’elle est d’abord et avant tout une église.100 visiteurs à la minute, soit deux carsLa méfiance ne sera jamais totalement dissipée. Des détails alimentent la rancœur réciproque. Pour favoriser les dons dans le cadre de la souscription nationale, le chef de l’Etat offre aux particuliers une exonération d’impôt dérogatoire de 75 %. Mais, petite mesquinerie, le taux reste à 66 % pour la collecte de 7 millions d’euros destinée à financer le mobilier liturgique et les biens propres au diocèse. L’archevêque ne dit rien, mais s’agace en privé de l’arrogance d’un pouvoir qui n’a pas versé un euro d’argent public et revendique les lauriers. A contrario, du côté des autorités, on rappelle volontiers que par le passé l’Eglise a vendu dans la cathédrale des livres non religieux (des guides en particulier), monopole de la boutique du Centre des monuments nationaux attenante, privant ainsi l’Etat de précieuses recettes. “Sous couvert d’une grande courtoisie apparente, les rapports sont en réalité assez durs”, relate Maryvonne de Saint Pulgent, ancienne directrice du patrimoine et autrice de La Gloire de Notre-Dame. La foi et le pouvoir (Gallimard).Mi-novembre, la question de l’intervention présidentielle est à peine réglée que, déjà, une autre guerre se prépare, celle des invitations. Ces derniers mois, toute personne ayant un lien quelconque avec Notre-Dame a reçu un coup de fil, un message pour savoir si, peut-être, il n’y aurait pas moyen de… Mais la cathédrale ne peut accueillir que 1 500 personnes à chacun des trois événements prévus durant le week-end : l’entrée dans la cathédrale et le réveil des orgues le samedi soir, la bénédiction de l’autel le dimanche matin, puis la première messe ouverte au public le soir. L’Elysée et le diocèse se sont partagé les places, mais la sélection des privilégiés est sévère. Le premier attend des dizaines de chefs d’Etat étrangers, les grands mécènes, les représentants des corps constitués, les élus locaux… L’Eglise a d’ores et déjà donné des consignes strictes : dans les paroisses parisiennes, chaque prêtre a droit à deux invités, pas davantage. Les fondations, avec quelques dizaines de places, doivent tirer au sort les donateurs qui en bénéficieront. Pour les déçus, les jours suivants sont conçus comme des lots de consolation : le 11 décembre, la messe est dédiée aux mécènes ; le 15, ce sont les compagnons du chantier qui seront honorés.”La cathédrale a ceci de particulier qu’elle accueille la nation, pas seulement les catholiques, pas seulement le peuple de Paris. Dans une famille, quand on a du chagrin, quand on enterre quelqu’un ou pour un événement joyeux, on se retrouve autour de la mère. Notre-Dame joue ce rôle”, s’enthousiasme le père Olivier Scache, vice-recteur de la cathédrale. Chargé de l’accueil du public, il craint de faire des déçus et des frustrés. Il prépare déjà l’après, avec un parcours de visite qui permet de faire le tour en trente minutes en passant par les cinq points clefs du lieu et des nocturnes les jeudis soir jusqu’à 22 heures. Plus que les 15 millions de visiteurs par an, plus que les 45 000 par jour, c’est un autre mode de comptage qui lui donne des sueurs froides : 100 personnes à la minute, soit deux cars. “Vous imaginez, deux cars à la minute ?”2. Le pape, l’archevêque et le présidentRares sont les catholiques qui refusent d’être présents à la messe inaugurale du 8 décembre à l’occasion de la réouverture de Notre-Dame de Paris. “Je n’irai pas à Paris”, a pourtant lancé le pape François, le 13 septembre dernier, devant quelques journalistes français dans un avion de retour d’une tournée en Asie du Sud-Est et en Océanie. Sans donner plus d’explications. Depuis, le diocèse de Paris multiplie les justifications : le 8 décembre marque la fête de l’Immaculée Conception, le pape sera à Rome comme à l’habitude. Et puis, chuchote-t-on, le souverain pontife préfère rencontrer des communautés plus modestes, dans des pays en conflit. En septembre, il est pourtant allé en visite d’Etat en Belgique, et sera à Ajaccio à la mi-décembre.Il a décliné l’invitation à Notre-Dame de Paris, il était pourtant en Belgique en septembre. En réalité, l’absence papale se nourrit d’un mélange de considérations politiques et religieuses. Lorsque, le 8 décembre 2023, Emmanuel Macron annonce qu’il invite le pape pour la réouverture, nombreux sont les observateurs à être surpris par la manière employée. “Lorsqu’on invite le pape ou n’importe quel chef d’Etat, on ne lui impose pas une date publiquement et oralement, on rapproche les agendas et on suggère un moment”, commente un fin connaisseur du milieu. Ce n’est pas la première fois que les manières d’Emmanuel Macron heurtent Rome. Plusieurs se souviennent du mouvement de recul instinctif du souverain pontife, pourtant tactile, lorsque, en visite au Vatican, Emmanuel Macron l’avait embrassé dans un de ces élans de familiarité dont il est coutumier. Lors de son passage à Marseille en septembre 2023 – à Marseille, pas en France, avait-il précisé —, François, agacé de l’empressement élyséen, avait ostensiblement pris ses distances.L’irritation papale se nourrit de différends de fond. A plusieurs reprises, François a fait savoir qu’il n’apprécie pas la politique migratoire du gouvernement français, qu’il juge inhospitalière. Au fil des années, il a également fait connaître son désaccord sur plusieurs projets sociétaux : l’adoption de la loi PMA pour toutes, la volonté de légiférer sur la fin de vie et l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution. Lors de son voyage récent en Belgique, il a traité de “tueurs à gages” les médecins pratiquant l’avortement et proposé de lancer la béatification du roi Baudouin, qui a refusé d’approuver un texte sur l’IVG.Vatican et diocèse de Paris : je t’aime, moi non plusMais François ne nourrit pas davantage de passion pour l’Eglise de France, et encore moins pour le diocèse de Paris. En octobre, le souverain pontife a créé une vingtaine de nouveaux cardinaux, ces prêtres et archevêques qui, demain, auront le privilège d’entrer en conclave pour désigner un nouveau pape. Seuls les plus fins vaticanistes l’ont remarqué, mais l’archevêque d’Alger est le seul Français sur la liste, Mgr Ulrich n’y figure pas, une situation quasi inédite alors qu’il est en poste depuis plus de deux ans. “Il y a très peu d’archevêques de Paris qui n’ont pas porté le chapeau cardinalice, insiste Maryvonne de Saint Pulgent. Mais il ne faut pas oublier que ce pape est jésuite, et que les jésuites ont une très longue mémoire. Il y a une très longue histoire de désamour entre la papauté et Notre-Dame de Paris.” En 1870, des cardinaux français, et tout particulièrement les parisiens, se sont prononcés contre le dogme de l’infaillibilité pontificale. C’était il y a plus de cent cinquante ans, mais la méfiance subsiste.L’Histoire n’explique pas tout. Les soubresauts récents qui ont agité le diocèse de Paris ont agacé à Rome. En 2021, Mgr Aupetit a dû démissionner parce qu’on le soupçonnait d’avoir eu une relation intime avec une femme de son entourage peu compatible avec ses fonctions d’archevêque. Son départ a conduit à une vaste réorganisation de l’équipe. Mgr Chauvet, l’ancien recteur, a été envoyé à l’église de la Madeleine, passant de la paroisse la plus fréquentée de Paris à celle comptant le moins de paroissiens. Quant à Benoist de Sinety, n° 2 de la cathédrale, en désaccord avec la manière dont le chantier était géré, il a démissionné en 2021 pour rejoindre Lille.Pas question pour le pape de venir soutenir cette Eglise qu’il juge vieillissante, lui préférant ses versions plus jeunes et plus actives de l’hémisphère sud. Ce n’est pas la première fois qu’il montre ostensiblement sa froideur. Il y a quelques années, il est à Strasbourg pour s’exprimer devant les instances européennes, mais il ne prend pas le temps d’un détour par la cathédrale. Plus récemment, à deux jeunes catholiques français partis pour un tour d’Europe à vélo et qui se présentent à lui comme “les enfants de la fille aînée de l’Eglise”, il rétorque : “De sa grand-mère fatiguée, voulez-vous dire ?” D’un trait d’esprit, tout est dit de la distance qui sépare Rome de Paris.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/notre-dame-de-paris-nos-revelations-sur-la-reouverture-le-refus-du-pape-la-bataille-entre-emmanuel-BL3RFQ6NFNGK5A5PPTMMX3MJVU/

Author : Agnès Laurent

Publish date : 2024-11-19 17:00:00

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Guerre en Ukraine : les premiers missiles américains tirés par Kiev sur le sol russe

Un missile ATACMS lancé depuis une installation de l'armée américaine à White Sands (Nouveau-Mexique), le 14 décembre 2021




Deux jours à peine après avoir reçu le feu vert de Washington, attendu depuis des mois, Kiev a lancé lundi les premiers missiles de longue portée américains ATACMS en direction du territoire russe. Ce que le Kremlin avait présenté comme une ligne rouge. “À 03 h 25, l’ennemi a frappé un site de la région de Briansk”, non loin de la frontière ukrainienne, a communiqué ce mardi 19 novembre au matin l’armée russe. Cinq projectiles ont été détruits et un autre endommagé par la défense anti-aérienne russe, selon le Kremlin. Selon CNN, néanmoins, un arsenal d’armes russes aurait été touché par ces missiles.Les tirs ont finalement été confirmés par un responsable ukrainien s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, selon l’AFP. En conférence de presse ce mardi, Volodymyr Zelensky n’a ni confirmé ni infirmé les tirs, réitérant que son pays disposait désormais des armes longue portée et était déterminé à utiliser son arsenal.Bientôt l’utilisation de missiles à longue portée franco-britanniques ?La décision d’autoriser l’utilisation des systèmes de missiles tactiques de l’armée américaine, ou ATACMS, à l’intérieur de la Russie a été examinée pendant des mois par les Etats-Unis, certains responsables de l’armée craignant une escalade. Avant d’être accordée ce dimanche 17 novembre. La résolution a été adoptée à un moment crucial de la guerre qui dure depuis quasiment trois ans : ces dernières semaines, les forces armées de la fédération de Russie n’ont cessé de repousser la ligne de front face à une armée ukrainienne épuisée, en bombardant simultanément les infrastructures électriques du pays dans le but de désactiver le réseau électrique de l’Ukraine.Les ATACMS sont des missiles balistiques supersoniques d’une portée allant jusqu’à 300 kilomètres. Ils peuvent transporter une ogive contenant environ 170 kilogrammes d’explosifs. L’ATACMS permet donc désormais à l’Ukraine de frapper plus loin en Russie que n’importe quel autre missile à sa disposition. L’Ukraine dispose également du missile Storm Shadow de fabrication franco-britannique, qui a une portée d’environ 250 kilomètres. Mais le Royaume-Uni et la France ont pour l’heure refusé à l’Ukraine la permission de frapper des cibles à l’intérieur de la Russie.La Russie élargit le cadre d’utilisation de son arme nucléaireLa Russie a immédiatement promis ce mardi une réponse “appropriée” à l’attaque sur son territoire, estimant que le conflit basculait dans “une nouvelle phase”, annonçant également que les possibilités de recours à l’arme nucléaire étaient ainsi élargies. Au 1000e jour de l’invasion de l’Ukraine, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a invité les Occidentaux à “lire la totalité” de la nouvelle doctrine nucléaire russe, officialisée mardi par Vladimir Poutine. Celle-ci considère désormais l’agression de tout Etat non nucléaire – mais avec la participation d’un pays nucléaire – comme une attaque conjointe contre la Russie. Une référence claire à l’Ukraine et aux Etats-Unis. “Une nouvelle démonstration de la rhétorique irresponsable dont la Russie fait preuve depuis deux ans”, a réagi auprès de l’AFP un porte-parole de la Maison-Blanche à Washington.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/guerre-en-ukraine-les-premiers-missiles-americains-tires-par-kiev-sur-le-sol-russe-NAWO7BR7UFGD7EUVZUUNYTQF7Q/

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Publish date : 2024-11-19 19:08:11

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Peter Wohlleben, auteur de “La Vie secrète des arbres” : “Le chauffage au bois est pire que le charbon !”

La vie secrète des arbres




Il est le forestier le plus célèbre de la planète. En 2015, Peter Wohlleben publiait La Vie secrète des arbres (Les Arènes), qui a dépassé le million d’exemplaires vendus en France. L’auteur y popularisait notamment les travaux de la biologiste canadienne Suzanne Sismard sur le “Wood-Wide-Web” : des réseaux mycorhiziens à base de champignons filamentaires qui permettraient aux arbres de communiquer et s’entraider. Sans doute trop belle, la thèse fait l’objet de plus en plus de critiques de la part de la communauté scientifique.Près de dix ans après le phénomène, Peter Wohlleben est de retour avec Notre héritage sauvage (Les Arènes), un essai qui prend de la hauteur en surplombant l’histoire de l’humanité. L’auteur entend y rappeler notre part d’animalité, mais prend aussi à rebours certains dogmes de l’écologie politique. Pour L’Express, il défend une approche plus positive de la préservation de l’environnement, déplore le tabou sur le chauffage au bois, énergie très polluante, et s’amuse au passage des tentatives françaises de retourner à une retraite à 60 ans…L’Express : Vous soulignez dans ce livre qu’il faut qu’on renoue avec notre animalité pour faire face au réchauffement climatique. Pourquoi ?Peter Wohlleben : On voit que trop peu d’efforts sont faits face au réchauffement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre atteignent de nouveaux records en 2024. Alors que selon les objectifs de l’Accord de Paris, il faudra réduire les émissions de 45 % d’ici 2030. Nous disposons de toute l’information scientifique nécessaire sur ce problème. Mais je pense que nous faisons une erreur en oubliant que les humains sont majoritairement guidés par leurs émotions. Cela concerne même les responsables politiques, comme l’a encore récemment démontré votre président Emmanuel Macron en décidant de dissoudre l’Assemblée. Si telle est notre nature, pourquoi ne pas s’en servir plus pour faire face à la crise environnementale ?Au sujet du réchauffement climatique, on a créé de la peur. Mais nous avons aussi besoin d’espoir, et encore mieux, de joie. Cela devrait être amusant de protéger l’environnement ! Si vous installez par exemple des panneaux solaires sur votre toit, le compteur pourrait ainsi reculer pour montrer les économies que vous faites, ou alors vous recevez chaque année un versement de votre fournisseur d’électricité. Cela ne peut que vous rendre joyeux. A Paris, la maire avait fait la promesse de planter de nombreux arbres dans la capitale, ce qui a suscité de nombreuses résistances. Une fois que les gens réaliseront qu’une ville plus boisée et moins chaude est plus agréable, le soutien à ces mesures sera de plus en plus important. Il y a cependant un laps de temps qu’il faut surmonter sur le plan politique. Pour cela, nous devrions davantage chercher à déclencher des émotions positives, plutôt que de simplement en faire appel à la rationalité, ou à l’inverse à la peur.On n’arrête ainsi pas de nous rappeler ce que nous allons perdre dans la transition écologique, plutôt que de montrer qu’on peut y gagner. Actuellement, en Allemagne, nous avons un grand débat au sujet du passage des voitures thermiques aux véhicules électriques. L’ancien ministre des Finances, Christian Lindner, est un fan de Porsche. Pour son parti, le FDP, il est ainsi impossible de réduire les vitesses sur les autoroutes, même si c’est plus économique, moins dangereux et moins polluant. Une limitation de vitesse réduirait les émissions de CO2 sans réel coût pour nous. Mais en Allemagne, cela reste un sujet incroyablement émotionnel. Sur une autoroute allemande, vous pouvez aujourd’hui toujours aller plus vite que sur le circuit du Nürburgring.La rationalité ne reste-t-elle pas le meilleur outil ? Les pays scandinaves ont aujourd’hui le meilleur indice de performance environnementale, et l’Europe regagne des forêts…La Suède est loin d’être un exemple en matière de forêts, alors même que ce pays est peu peuplé et que la forêt y recouvre 70 % de son territoire. La plupart des lacs suédois sont bruns à cause des coupes d’arbres. Le sud de la Suède a été une forêt primaire. Maintenant, vous y voyez des pins, des épicéas, des plantations comme dans de nombreuses zones en Allemagne. Il reste des zones préservées dans le Nord, mais simplement parce que l’accès y est plus compliqué. Du fait de la surexploitation, les dernières forêts primaires disparaîtront vite, et plus de deux tiers des forêts suédoises ont moins de 100 ans.Vous rappelez dans le livre que l’idée d’un équilibre naturel ou d’un âge d’or environnemental est un mythe…Mes ancêtres ne seraient pas d’accord avec cette idée d’âge d’or (rires). N’importe quel humain de ces 300 000 dernières années, s’il avait eu le choix, opterait pour notre époque. Chaque espèce tente en réalité d’atteindre un équilibre naturel pour pouvoir prospérer. Mais par le passé, il y a eu des astéroïdes, des âges glaciaires, des épidémies, des tsunamis, des éruptions volcaniques… Et si on se projette dans le futur, dans un milliard d’années, l’oxygène aura disparu de cette planète. Dans quelques milliards d’années, le Soleil se transformera en géante rouge. Rien ne dure éternellement. Ce qui compte, c’est donc nous.Il ne reste aujourd’hui que deux rhinocéros blancs du Nord, des femelles. Mais le dernier rhinocéros blanc n’aura pas conscience de l’être, et ceux qui sont à plaindre, ce sont moins les rhinocéros que nous-mêmes. Leur extinction appauvrira notre monde. Préserver l’environnement, c’est d’abord dans notre intérêt à nous humains. Dans un monde déjà malmené par les catastrophes et l’instabilité, n’allons pas en plus éliminer des facteurs de soutien de l’écosystème dont nous dépendons. Hélas, la plupart des personnes n’ont pas compris que protéger la nature, c’est nous protéger nous.En Allemagne, pour la première fois, les forêts ne captent plus de CO2, mais en rejettentComment voyez-vous les évolutions démographiques, avec une chute des taux de fécondité dans de nombreuses régions du monde ?J’ai 60 ans. Du fait de l’allongement de l’espérance de vie, je serai peut-être encore en capacité de travailler dix ans ou plus. Nous devrions travailler plus longtemps du fait du vieillissement. Si dans mon pays il y avait encore 6 cotisants pour 1 retraité en 1960, à l’heure actuelle, on ne compte plus que 1,8 cotisant, et les pronostics pour 2050 sont de 1,3. Croire qu’on peut préserver nos structures de retraites, c’est de la folie.En France, beaucoup souhaitent même revenir sur un départ à la retraite à 64 ans, contre 65 à 67 ans en Allemagne…Nous savons en Allemagne que même partir à 67 ans ne suffira pas. C’est un problème politique, d’autant plus que l’extrême droite estime qu’on va perdre notre culture du fait des immigrés dont nous avons pourtant besoin de façon urgente…Ce vieillissement dans les pays riches ne doit pas occulter le fait que la croissance de la population va, au niveau mondial, créer des problèmes environnementaux. Mais cela reste un tabou pour les écologistes. Pourtant, on pourrait résoudre facilement ce problème de croissance démographique, non pas de façon autoritaire comme l’a fait la Chine avec la politique de l’enfant unique, mais en favorisant l’éducation, ainsi que l’égalité des chances entre hommes et femmes sur le plan professionnel. En Ethiopie, les femmes sans instruction scolaire ont en moyenne six enfants, tandis que celles qui ont fréquenté l’école au moins jusqu’à l’âge de 15 ans n’en ont que deux.Les écologistes comme les agences gouvernementales ont longtemps encouragé le chauffage au bois. Il est pourtant très polluant…Au sein du parti écologique allemand, il y a aujourd’hui un débat à ce sujet. Mais le ministre de l’Economie et du Climat Robert Habeck a décidé de continuer à subventionner les chaudières à bois. Sur le site de la Rhénanie-Palatinat, où j’ai travaillé plus de vingt ans au service de l’administration forestière, on peut toujours lire que le “bois est une source d’énergie neutre en CO2”. Des millions de propriétaires de logements pensent ainsi que la combustion de pellets, bûches ou copeaux de bois est bénéfique à l’environnement. Mais tous les scientifiques – sauf ceux appartenant à l’industrie forestière – s’accordent sur le fait que la combustion au bois est sans doute encore pire que celle au charbon !Au départ, il y a le mythe du cycle éternel : le bois est brûlé et l’arbre suivant absorbe à son tour le CO2. Il y aurait ainsi un jeu à somme nulle. Mais c’est oublier que l’arbre scié aurait continué à croître. Comme l’arbre gagne en diamètre et en hauteur, sa performance en termes de stockage de carbone se serait accrue. Les vieux spécimens emmagasinent une quantité particulièrement importante. Selon une étude, 1 % des arbres les plus vigoureux renfermeraient en moyenne 50 % de la biomasse d’une forêt. Mais l’exploitation forestière ramène continuellement ce stock à zéro. De surcroît, sur les surfaces déboisées, de grandes quantités de carbone du sol sont transformées par des bactéries et des champignons qui décomposent l’humus en gaz à effet de serre. Si l’on prend également en compte que les forêts rafraîchissent massivement l’air et contribuent à augmenter les précipitations, l’effet de serre de la combustion du bois est tout bonnement dévastateur.Selon le rapport décennal sur les forêts qui vient d’être publié par le ministère, en Allemagne, pour la première fois, les forêts ne captent plus de CO2, mais en rejettent. Pourtant, chez nous, le sujet demeure tabou.Que faire avec les forêts ? Peut-on réduire l’exploitation forestière ?Ce sujet est très influencé par le lobby forestier. Nous devrions avoir 30 % de nos forêts protégées. Cela en laisse toujours 70 % pour l’exploitation. D’autant plus que les plantations de conifères, des espèces importées, sont en train de mourir du fait de la sécheresse. Ce qui signifie que dans mon pays, nous allons perdre la moitié de la surface forestière dans les dix prochaines années. Jusqu’à présent, nous avons déjà perdu entre 5 000 et 20 000 kilomètres carrés selon les experts. Mais sur le papier, la surface forestière a gagné du terrain, car les coupes claires, de plus en plus importantes, y sont incluses. Selon les autorités allemandes, la forêt croît donc, alors que selon la FAO [NDLR : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture], l’Allemagne perd de la surface forestière.Je n’ai pas vu un seul pays où le communisme a fonctionnéLa viande est selon vous le principal “tueur” de forêts. Vous-même n’en mangez plus…Par respect pour le bien-être animal et l’environnement, je n’en mange plus depuis 2018. J’aimais beaucoup la viande, et il m’arrive toujours d’en avoir envie. Je ne suis pas dogmatique, alors même que ce sujet déchaîne les passions. Il y a d’ailleurs une vidéo amusante de la Fête de la bière à Munich où l’on demande aux participants s’ils préfèrent boire de la bière vegan ou sans alcool. On les voit répondre “ah non, la bière vegan, ce n’est pas possible. Je ne veux personne qui me dicte ce que je dois boire !”. Comme si le houblon, l’eau ou les levures étaient d’origine animale (rires). Encore une fois, on voit le rôle des émotions.Mais nous savons que 83 % de nos surfaces agricoles dans le monde ne servent à produire que 18 % des calories, et ce, sous la forme de viande. En Allemagne, les terres dévolues à cet usage représentent dans les 100 000 kilomètres carrés, ce qui équivaut à la superficie des parcelles occupées par la forêt. Si nous ne mangions plus de viande qu’une fois par semaine, comme il était encore d’usage il y a quelques décennies avec le fameux rôti du dimanche, cela permettrait d’aménager environ 25 % des terres du pays comme zones protégées. En plus des revenus du tourisme, leurs propriétaires pourraient, en lieu et place des subventions à l’agriculture, obtenir des aides financières pour le climat. L’effet rafraîchissant d’une végétation qui recouvre peu à peu son état originel, l’augmentation de la biomasse, tout cela se mesure avec précision par satellite. Cela serait un système positif qui laisse le choix à chaque propriétaire terrien.Je ne milite ainsi pas pour l’interdiction de la viande. Mais si nous pouvons simplement retourner à notre consommation des années 1960, nous serions proches de l’objectif fixé par le Processus de Montréal.Certains, comme dans cet article du New Yorker, vous ont reproché de ne pas assez critiquer le capitalisme…Comme si l’Union soviétique ou la RDA étaient des modèles écologiques (rires). Le pur capitalisme n’est pas bon, et on a besoin de limites et de lois. Mais c’est la nature humaine de ne pas vouloir payer d’impôts ou d’accumuler les profits. Jésus était un communiste, si l’on se fie aux Evangiles. Regardez où en est l’Eglise catholique aujourd’hui : elle est capitaliste, car tels sont les humains. Montrez-moi un système qui fonctionne mieux en laissant leur libre arbitre aux personnes ? Je n’ai pas vu un seul pays où le communisme a fonctionné. Plutôt que de vouloir renverser le capitalisme, concentrons-nous donc sur de bonnes lois. L’une des pistes est par exemple de donner des droits à la nature.Notre héritage sauvage, par Peter Wohlleben. Les Arènes, 300 p., 22 €.



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/peter-wohlleben-auteur-de-la-vie-secrete-des-arbres-le-chauffage-au-bois-est-pire-que-le-charbon-NWNZ2BBLGZH2XCENGDXMKKVUV4/

Author : Thomas Mahler

Publish date : 2024-11-19 18:43:40

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Gaza : Israël offre une prime de 5 millions de dollars par otage libéré

Un homme passe à Jérusalem devant un grand panneau où sont affichés des portraits d'otages israéliens détenus à Gaza, le 18 novembre 2024




Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé, ce mardi 19 novembre, qu’Israël offrait une prime de cinq millions de dollars à toute personne qui ramènerait un otage détenu à Gaza.”Toute personne qui nous ramènera un otage trouvera chez nous un moyen sûr, pour lui et sa famille, de sortir (de Gaza). Nous donnerons également une récompense de cinq millions de dollars pour chaque otage”, a déclaré Benyamin Netanyahou dans une vidéo filmée à l’intérieur de la bande de Gaza, selon un communiqué de son bureau.Portant casque militaire et gilet pare-balles, Benyamin Netanyahou s’est exprimé dos à la mer dans le corridor de Netzarim, contrôlé par l’armée israélienne dans le nord de la bande de Gaza. “Quiconque ose faire du mal à nos otages est considéré comme mort. Nous vous poursuivrons et nous vous attraperons”, a-t-il dit.”Nous n’y renonçons pas”Accompagné de son ministre de la Défense, Israël Katz, le Premier ministre israélien a réaffirmé que l’un des objectifs de la guerre est que “le Hamas ne gouverne pas dans Gaza”. “Nous faisons également des efforts pour localiser les otages et les ramener. Nous n’y renonçons pas. Nous continuerons à le faire jusqu’à ce que nous les ayons tous trouvés: les vivants et les morts”, a-t-il ajouté.Depuis le début de la guerre à Gaza, une seule et unique trêve a vu le jour en novembre 2023 et permis la libération de plus de 100 otages, emmenés à Gaza lors de l’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/gaza-israel-offre-une-prime-de-5-millions-de-dollars-par-otage-libere-TSMWVYXN7NFJVOLQKPNIY7APNM/

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Publish date : 2024-11-19 18:07:14

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Donald Trump : ce que l’on sait de son plan d’expulsion massive de migrants

Des jeunes immigrés manifestent le 5 octobre 2017 à New York contre l'abrogation par le président américain Donald Trump d'un décret les protégeant de l'expulsion




C’était l’une de ses promesses de campagne les plus retentissantes : Donald Trump a promis à plusieurs reprises qu’il déclarerait, dès son investiture, l’Etat d’urgence aux Etats-Unis pour mener à bien son projet d’expulsions massives de migrants sans-papiers. Sa réponse au post du dirigeant du groupe conservateur Judicial Watch, Tom Fiston, sur le réseau Truth Social lundi 18 novembre, confirme son ambition. Le président élu “déclarera une urgence nationale et utilisera les moyens militaires pour lutter contre l’immigration illégale “par le biais d’un programme d’expulsion massive”, pouvait-on lire sur le post de ce dernier. “VRAI !!!”, a répondu autour de quatre heures du matin le 47e président élu des Etats-Unis.Pas encore investi, le milliardaire a déjà rendu ce plan palpable en nommant la semaine dernière Thomas Homan, son “Tsar des frontières”, à la direction du contrôle des frontières. Lors de son premier mandat, ce dernier avait été un fervent défenseur de la politique de séparation des familles pour dissuader les migrants de rester sur le territoire. En plus de lancer ce qu’il appelle “la plus grande opération d’expulsion” de l’histoire du pays, le prochain président des Etats-Unis s’est engagé à rétablir et à étendre son interdiction controversée des personnes venant de certains pays à majorité musulmane dans le cadre de sa politique d’immigration.Construire des “centres de transit”Que sait-on exactement du plan de Donald Trump pour expulser des millions d’immigrés sans-papiers ? Dans une interview accordée au New York Times pendant la primaire républicaine en novembre 2023, l’ancien conseiller principal en matière de politique d’immigration du milliardaire, et désormais chef adjoint de cabinet Stephen Miller, a promis que des fonds militaires pourraient être utilisés pour construire “de vastes installations de détention qui serviraient de centres de transit” gérées par le département de la Sécurité intérieure, pour détenir les migrants dans l’attente de leur départ par avion vers d’autres pays. Selon l’équipe du président élu, ces infrastructures pourraient permettre d’accélérer les expulsions de sans-papiers, ne leur laissant pas le temps de s’installer puis de s’opposer à leur “déportation”. Mobiliser l’armée dans le cadre de l’Etat d’urgenceAux Etats-Unis, le président dispose du pouvoir de déclencher l’Etat d’urgence à sa discrétion, ce qui permet de débloquer des pouvoirs de réserve comme la réorientation de fonds que les députés et sénateurs avaient alloués à d’autres fins. Lors de son premier mandat, Donald Trump s’en était servi pour dépenser davantage sur le fameux “mur” à la frontière mexicaine, que ne l’y avait autorisé le Congrès. Ce pouvoir avait aussi été utilisé pour mobiliser l’armée fédérale afin de gérer l’urgence en question. Interrogée par le New York Times, la porte-parole du Pentagone Sabrina Singh n’a pourtant pas confirmé la faisabilité d’une telle mesure, la qualifiant d’”hypothétique”, et ajoutant qu’une telle mesure serait en général soumise à “un processus rigoureux” avant d’être mise en œuvre.Selon le quotidien américain, l’équipe de Donald Trump “prévoit aussi d’étendre une forme d’expulsion sans procédure régulière connue sous le nom d’expulsion accélérée, qui est actuellement utilisée près de la frontière pour les nouveaux arrivants, aux personnes vivant à l’intérieur du pays qui ne peuvent pas prouver qu’elles sont aux Etats-Unis depuis plus de deux ans”. La future administration Trump projette par ailleurs, selon le journal, de mettre fin au droit à la citoyenneté par naissance sur le territoire, pour les enfants nés de parents immigrés en situation d’irrégularité.Est-il possible d’arrêter ce plan ?Plusieurs élus démocrates assurent que de telles mesures violeraient les lois fédérales qui régissent notamment l’utilisation de l’armée sur le sol américain. “Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’il soit clair que la loi sur l’insurrection ne devrait pas permettre ce recours à l’armée”, a ainsi déclaré auprès du New York Times le sénateur Richard Blumenthal, élu démocrate du Connecticut. Il fait référence à la loi de 1807 qui accorde aux présidents le pouvoir d’urgence d’utiliser des troupes sur le territoire national pour rétablir l’ordre lorsqu’ils décident qu’une situation le justifie. En vertu de cette loi, “s’il n’y a pas de menace à l’ordre public d’une nature fondamentale et profonde, ce serait illégal”, selon le sénateur.”En Californie, nous pensons à ces possibilités depuis des mois, voire des années, et nous nous préparons en examinant toutes les mesures que Donald Trump a déclaré vouloir prendre”, a récemment renchéri Rob Bonta, procureur général de Californie, auprès de la chaîne américaine ABC News. Tout n’est pas évitable, mais pour atteindre nos communautés d’immigrés par des moyens qui sont en violation de la loi, ils devront passer par moi, et nous les arrêterons devant les tribunaux en utilisant les outils juridiques qui nous sont donnés”, a ajouté le procureur.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/donald-trump-ce-que-lon-sait-de-son-plan-dexpulsion-massive-de-migrants-NJMFEHM6UZGYXKREJE7LFDYIRQ/

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Publish date : 2024-11-19 17:40:05

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Câbles sous-marins endommagés en mer Baltique : “Le but de la guerre hybride est de semer le doute”

Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a estimé qu'un "sabotage" était certainement à l'origine des dégâts constatés sur deux câbles de télécommunications en mer Baltique, entre la Finlande et l'Allemagne d'une part, la Suède et la Lituanie d'autre part




Le deuxième en deux jours. Un câble sous-marin de télécommunication reliant la Suède à la Lituanie a été endommagé au nord de l’Europe. “Il est essentiel de clarifier les raisons pour lesquelles deux câbles ne fonctionnent pas en mer Baltique”, a déclaré ce 19 novembre le ministre suédois Carl-Oskar Bohlin dans un message à l’AFP. Cette annonce fait suite à la déclaration, la veille, selon laquelle un autre câble – cette fois reliant la Finlande et l’Allemagne – avait également été abîmé dans la zone. “Nous pouvons confirmer que l’interruption du trafic Internet n’a pas été causée par un défaut d’équipement mais par un dommage matériel sur le câble de fibre optique, a déclaré Audrius Stasiulaitis”, porte-parole de la filiale lituanienne de l’opérateur suédois Telia. Le trafic Internet du câble sous-marin suédois, endommagé depuis dimanche matin, a été conduit vers d’autres liaisons internationales.Si l’origine précise de ces dégâts reste encore à déterminer, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a déclaré ce mardi qu’un “sabotage” était probablement à l’origine des dégâts constatés sur les deux câbles de télécommunication. “Personne ne croit que ces câbles ont été coupés par accident […] Je ne crois pas aux versions des ancres (de bateaux) qui auraient par hasard provoqué des dommages sur ces câbles”. L’opérateur du second câble – reliant la Finlande à l’Allemagne -, le finlandais Cinia, a également pointé que “ce type de rupture ne se produit pas dans ces eaux sans impact extérieur”. Dès lors, à qui la faute ?Pour tenter d’élucider le mystère, la Finlande et l’Allemagne ont annoncé une investigation concernant la rupture du câble sous-marin entre le port allemand de Rostock et Helsinki. Les deux capitales européennes ont déclaré être “profondément préoccupées” par la situation. “Notre sécurité européenne n’est pas seulement menacée par la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, mais aussi par des acteurs malveillants”, ont estimé les ministres des Affaires étrangères d’Allemagne et de Finlande. Un tel incident suscite immédiatement des soupçons de dommages portés intentionnellement”. L’inquiétude européenne n’est pas surprenante : ces derniers mois, les incidents dans la zone se sont multipliés, tous les regards se tournant vers Moscou. Analyse avec Camille Morel, chercheuse associée à l’Institut d’études de stratégie et de défense, auteure de Les câbles sous-marins. Enjeux et perspectives au XXIème siècle.L’Express : Avez-vous été étonnée de la rapidité avec laquelle les ministres allemands et finlandais ont évoqué la possibilité d’un acte malveillant pour expliquer l’endommagement des câbles ?Camille Morel : Rappelons les faits. Deux câbles ont été endommagés à quelques jours d’intervalle, dans une zone très scrutée – la mer Baltique. Des enquêtes ont été diligentées mais, à ce jour, nous ignorons tout de l’origine de ces défauts. Dans les deux cas, nous savons simplement qu’une partie du trafic a été mise à mal, et qu’une partie du flux a été “rerouté” vers d’autres câbles. A l’heure actuelle, il est donc impossible de désigner le ou les auteurs de ces faits avec certitude. Toutefois, l’environnement international entraîne évidemment des suspicions.D’abord, la tension actuelle avec la Russie, compte tenu du conflit en Ukraine, mais aussi des dernières déclarations des pays baltes, notamment, qui craignent des attaques de Moscou. Nous sommes dans un contexte bien particulier, où la menace russe plane.D’autant que, ces derniers temps, les intimidations se sont multipliées. Il y a cinq jours, un navire russe équipé de missiles de croisière hypersoniques, le Zircon, a traversé la Manche. Ce week-end, notamment, un navire russe, le Yantar, était à proximité des eaux irlandaises. Par le passé, il y a déjà eu des suspicions d’intérêt de ce navire pour les câbles sous-marins. Ces éléments vont peser dans les esprits dans le sens d’un dommage volontaire. Tout l’enjeu va être d’attribuer cet événement à un acteur. Mais nous sommes encore loin d’avoir des preuves de quoi que ce soit.A-t-on seulement une preuve qu’il s’agisse d’une intervention humaine, ou cela peut-il être un problème technique ?Environ 70 % des endommagements de câbles sous-marins ont des causes naturelles. Cette fois-ci, Cinia a mis de côté la possibilité d’un séisme sous-marin. En dehors de cette hypothèse, cependant, il reste beaucoup de possibilités de dommages autres qu’une intervention humaine. Des pêcheurs peuvent avoir fait des dégâts par accident. Cela peut aussi être un défaut technique. Cela peut-être beaucoup de choses en réalité – on ne sait pas s’il s’agit ou non d’un acte malveillant. C’est bien ce que l’enquête va tenter de définir.Quel serait l’intérêt pour la Russie d’endommager ces câbles ?Pour la Russie comme pour d’autres pays, s’en prendre aux réseaux de communication est un levier dans le cadre d’un conflit. C’est un moyen de faire pression sur un gouvernement, sur une population. Moscou utilise beaucoup ce levier des communications – qu’il s’agisse de câbles, mais aussi de satellites, de serveurs Internet. Moscou s’en prend couramment aux infrastructures de communication. L’endommagement des câbles serait donc cohérent avec les techniques russes, et leur manière d’agir hybride. J’insiste sur ce dernier point, car tout l’intérêt d’une telle opération est évidemment qu’elle est difficile à attribuer.Quand un Etat s’essaie à la guerre hybride – ou plutôt aux techniques d’hybridité – il fait le choix de ne pas agir publiquement et ne revendique donc pas son action. Il peut même décider de ne pas mener l’action lui-même, agir par l’intermédiaire d’acteurs non étatiques. Dans le cas qui nous préoccupe, son but ne serait pas de couper un pays de ses communications – les atteintes réalisées sont trop restreintes pour ça – mais de montrer sa capacité d’agir, de nuire. Un pays qui utilise ces techniques veut faire pression et semer le doute dans l’esprit de ceux qu’il attaque.Berlin et Helsinki ont pourtant évoqué la possibilité d’une intervention russe. Cela signe-t-il un changement de doctrine des Etats européens en la matière ?Depuis 2023, on dénombre une série d’attaques d’infrastructures maritimes au sens large en mer du Nord et mer Baltique visant à endommager des câbles sous-marins. Les faisceaux d’indices s’étayant un peu plus au fil des mois, les suspicions à l’endroit de Moscou augmentent toujours un peu plus. Or, ces actes ne sont jamais revendiqués formellement : comme je l’ai déjà, tout leur intérêt est de rester dans le flou. Les pays européens ont donc eu un changement de philosophie depuis le début du conflit en Ukraine, et sont plus prompts à affirmer leurs soupçons quand se produisent des événements similaires aux endommagements de câbles dont nous parlons aujourd’hui.Pourtant, les Etats victimes sont malgré tout assez démunis quand il s’agit d’organiser des représailles face à ce type d’attaques.Effectivement, mais le sujet préoccupe de plus en plus. L’hybridité fait l’objet de discussions dans les cercles européens, avec l’espoir, à terme, de définir une doctrine d’action afin d’avoir une position commune. Plusieurs pays ont appelé à instaurer un service de coopération en matière de renseignement, notamment pour surveiller ces câbles. Mais pour l’instant, ils en restent-là.Ill est important de rappeler que cette éventuelle attaque reste en dessous d’un certain seuil d’intensité. Aucun territoire n’a été coupé du reste du monde. L’auteur éventuel s’en est pris à un flux Internet, qu’il a été possible de récupérer par un autre moyen. Les dommages n’ont donc pas eu de conséquences suffisantes pour entraîner une riposte, à plus forte raison alors que leur auteur n’a pas été désigné avec certitude. Voilà tout l’intérêt de ces attaques hybrides : entretenir l’ambiguïté. La menace plane, mais elle est insaisissable – et donc difficilement arrêtable.L’endommagement des câbles nécessite-t-il une technologie particulière ? Leur localisation est-elle connue, ou demande-t-elle des efforts de renseignement ?Si les dommages ont lieu proches de la surface, il est possible d’atteindre les câbles avec une ancre ou un grappin. En revanche, si vous voulez être discret, vous pouvez agir dans des endroits plus profonds. Il faut alors utiliser des drones et des robots sous-marins pour intervenir en profondeur.Mais cela nécessite un investissement plus important en matière de renseignement, afin de savoir avec précision où se trouve la cible. Cette information n’est pas connue du grand public, mais plutôt des opérateurs et de leurs sous-traitants. C’est également le cas des pays à qui appartiennent les eaux territoriales qu’ils traversent. Obtenir une cartographie précise de leur tracé nécessite donc de regrouper toutes ces informations.Cette volonté de s’en prendre aux infrastructures sous-marines est-elle une nouveauté du conflit ukrainien, ou s’est-elle déjà présentée par le passé ?Elle est au moins aussi ancienne que la Première Guerre mondiale. L’un des premiers objectifs a été de couper les câbles sous-marins allemands à des endroits déterminés afin d’isoler Berlin du reste du monde. A l’époque, cette action avait été d’une tout autre ampleur que les dommages de ces derniers jours : le pays n’avait pas d’autres leviers pour communiquer vers l’international. Plus récemment, le gazoduc Nord Stream avait été endommagé quelques mois après l’invasion russe en Ukraine. L’origine de ces dégâts est toujours aujourd’hui non-élucidée : l’incertitude causée par ce genre d’affaires est toujours un de leurs principaux intérêts.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/cables-sous-marins-endommages-en-mer-baltique-le-but-de-la-guerre-hybride-est-de-semer-le-doute-IXHHRZPASREDNGBAYRCXXLWVW4/

Author : Alexandra Saviana

Publish date : 2024-11-19 17:08:24

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Colère agricole : comment le gouvernement Barnier tente de sortir du bourbier

Michel Barnier, à l'Assemblée nationale, ce mardi 19 novembre 2024.




L’exécutif tente de déminer le terrain face à la colère agricole. Un débat suivi d’un vote sur le traité de libre-échange entre l’UE et des pays du Mercosur, que la France rejette en l’état, va se tenir à l’Assemblée nationale le 26 novembre, a annoncé ce mardi 19 novembre la présidente de la Chambre basse, Yaël Braun-Pivet.”J’entends la colère, les tensions, l’incompréhension des agriculteurs sur le projet d’accord UE-Mercosur. La France y est fermement opposée”, a rappelé sur X le Premier ministre Michel Barnier, en annonçant son intention de faire une déclaration à l’Assemblée nationale suivie d’un débat sur ce traité commercial. Michel Barnier avait consulté au préalable les présidents des groupes qui soutiennent son gouvernement, réunis comme chaque semaine à Matignon mardi matin.En vertu de l’article 50-1 de la Constitution, le gouvernement peut, de sa propre initiative ou à la demande d’un groupe parlementaire, faire sur un sujet déterminé une déclaration donnant lieu à un débat, voire à un vote, sans engager sa responsabilité. La conférence des présidents de l’Assemblée a acté le principe de ce débat mardi matin, en l’inscrivant à l’ordre du jour pour le 10 décembre. Mais le débat a finalement été avancé au 26 novembre, a annoncé lors des Questions au gouvernement Yaël Braun-Pivet.L’alliance FNSEA-JA salue “une première victoire”Les deux syndicats agricoles FNSEA et Jeunes Agriculteurs, engagés dans une mobilisation nationale depuis lundi, ont salué ce mardi “une première victoire”. Dans un communiqué commun, sans plus de précision sur la suite des actions, ils indiquent que “le combat continue”.A l’Assemblée, la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, a salué mardi matin la décision du gouvernement, rappelant que LFI avait voulu débattre du Mercosur dans sa “niche” du 28 novembre, mais que le gouvernement avait jugé irrecevable début novembre sa proposition de résolution l’invitant à rejeter ce traité. Le RN avait tenté une démarche similaire pour sa propre niche le 31 octobre, sans plus de succès. La députée du Val-de-Marne a en outre adressé la semaine dernière au Premier ministre une lettre lui demandant solennellement l’organisation d’un débat au titre de l’article 50-1. Le député LR Julien Dive a lui aussi interpellé l’exécutif, lors de la séance des QAG. “Nous, les 47 députés de la droite républicaine, avons sollicité le gouvernement, au nom de l’article 50-1 de la Constitution, pour un débat suivi d’un vote au Parlement français sur ce traité. Êtes-vous prête à respecter ce vote et à engager un véritable bras de fer avec la Commission européenne pour défendre notre souveraineté alimentaire ?”, a-t-il demandé à la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.”Un bras de fer” au sein de l’UECe débat “sera fructueux et croyez bien que nous serons très, très mobilisés sur cette question”, a répondu Annie Genevard, estimant que le traité avec le Mercosur “est une fermeture de l’avenir” pour les agriculteurs. Le gouvernement proposera également un débat suivi d’un vote au Sénat, “sans doute le lendemain de l’Assemblée”, a indiqué à l’AFP une source ministérielle.La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a promis mardi sur TF1 que la France continuerait “à tenir un bras de fer aussi longtemps que nécessaire” avec la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen contre ce traité, négocié depuis des décennies entre l’UE et des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay).”Contrairement à ce que beaucoup pensent, la France n’est pas isolée et plusieurs nous rejoignent”, a affirmé la veille Emmanuel Macron depuis Rio. Il a cité les “Polonais, Autrichiens, Italiens et plusieurs autres en Europe”. Les agriculteurs poursuivent mardi leur mobilisation dans toute la France, notamment pour dire leur opposition à la signature par l’UE de cet accord. La Coordination rurale fait monter la pression, menaçant de mener des actions plus bloquantes.



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Publish date : 2024-11-19 16:27:51

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Guerre en Ukraine : les points chauds du front après 1000 jours d’invasion russe

Les militaires de la 65e Brigade mécanisée distincte des Forces armées ukrainiennes subissent une cohésion de combat en Ukraine, le 12 septembre 2024.




“L’Ukraine ne se soumettra jamais aux occupants” jure encore et encore Kiev, au millième jour de l’invasion des forces armées de Vladimir Poutine sur son territoire. Le pays voit pourtant la ligne de front s’enfoncer dans ses terres, grignotant village par village les Oblast de l’Est, du Nord jusqu’au Sud. Dans une volonté de maintenir la détermination de ses troupes épuisées, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est lui-même rendu lundi 18 novembre sur certains des points chauds du front, à Pokrovsk (Est) et Koupiansk (Nord). “Nous devons rester forts. Nous ne pouvons nous écrouler maintenant”, a-t-il martelé devant le Parlement ukrainien ce mardi, au lendemain du feu vert tant attendu des Etats-Unis, qui autorise désormais l’Ukraine à frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée américains.Exalté par la “libération” de nombreux villages de l’Oblast ces dernières semaines, Moscou répond aujourd’hui par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov que “l’opération militaire se poursuivra” jusqu’à la réalisation “des objectifs fixés”. C’est-à-dire jusqu’à une reddition ukrainienne, et la cession des territoires aujourd’hui occupés, et la promesse que Kiev ne rejoindra pas l’Otan. Le Kremlin assure que son armée vaincra les forces de Kiev, en difficulté dans plusieurs secteurs du front face à des troupes russes qui avancent depuis des mois.À l’Est, de nombreuses prises de villages dans le DonetskOctobre a marqué le mois le plus prolifique pour Moscou, dont les troupes ont progressé de 478 km², principalement dans le Donetsk, son gain territorial le plus important sur un mois depuis mars 2022 et les premières semaines de la guerre, selon une analyse de l’AFP à partir de données de l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW). Les deux tiers de ces avancées russes, soit 324 km2, ont été réalisées dans la région de Donetsk, à l’est du pays, zone que le président Vladimir Poutine considère comme sa “priorité”.Ce mardi, au millième jour de son assaut contre l’Ukraine, la Russie a ainsi revendiqué la prise d’un nouveau village du Donetsk du nom de Novossélydivka. C’est l’un des secteurs du front où ses troupes avancent face à une armée ukrainienne qui recule depuis plusieurs mois.La ville de Kourakhové prise en étauNovossélydivka se trouve à moins de 10 kilomètres au nord de Kourakhové, une cité qui comptait environ 18 000 habitants avant le conflit, et qui abrite notamment à proximité un important gisement de lithium, un minerai rare. L’armée russe ne cesse de progresser dans cette zone, et se trouve actuellement aux portes des faubourgs de Kourakhové, qui est aussi adjacente à un lac artificiel, immense réservoir d’eau.A une vingtaine de kilomètres au sud de Kourakhové les progrès des troupes de Moscou s’accélèrent aussi, plaçant la cité en étau. Fin octobre, l’armée russe y a revendiqué la prise du village de Iasna Poliana. L’importante cité de Vougledar, à une vingtaine de kilomètres plus au sud, était déjà tombée début octobre aux mains de l’armée russe.Le nœud logistique de Pokrovsk menacé ?A une poignée de kilomètres plus au Nord, la cité industrielle de Pokrovsk, dont l’important nœud ferroviaire et routier est utilisé comme une plateforme logistique pour les troupes ukrainiennes, est elle aussi menacée de conquête. Elle est située juste en dessous de Tchassiv Iar, une ville située sur une ligne de défense naturelle constituée par un canal, saisie par les troupes russes fin octobre. Positionnée en hauteur, cette ville est dotée d’un surplomb stratégique sur d’autres villes importantes pour la logistique des forces ukrainiennes, comme Pokrovsk, mais aussi Kramatorsk et Sloviansk, d’autres bases logistiques importantes de l’armée ukrainienne où de nombreux habitants se trouvent encore.#Ukraine
– Les Forces Armées de la Fédération de Russie (FAFR) maintiennent la dynamique de ces derniers jours et continuent de progresser à un rythme soutenu, surtout sur le front sud.
Les Forces Armées Ukrainiennes (FAU) maintiennent leurs dispositifs de défense ferme et… pic.twitter.com/8sPrFQqXNF— Ministère des Armées et des Anciens combattants (@Armees_Gouv) November 18, 2024Au Sud, la pression augmente sur ZaporijiaLes Russes espèrent, en s’emparant de Pokrovsk, accroître également la pression sur le front méridional, en direction de Zaporijia, où les frappes se multiplient déjà. “Si nous prenons cette ville, nous nettoierons tout l’axe sud de la région du Donetsk et mettrons la pression sur le groupement ennemi de Zaporijia”, estimait mi-octobre auprès de l’agence de presse russe Ria Novosti un représentant de l’occupation russe à Donetsk.Zaporijia est désormais touchée par les puissantes bombes aériennes guidées par les Russes, celles-là mêmes qui ont ravagé Vougledar. Le 11 novembre, au moins six personnes ont été tuées et une vingtaine d’autres blessées dans des attaques russes sur Zaporijia et sa voisine Mykolaïv. Cette ville, située à un peu plus de 50 km du fleuve Dniepr, qui constitue la ligne de front entre les armées ukrainienne et russe dans cette zone, avait jusqu’ici été relativement épargnée par les attaques des forces de Moscou depuis la reprise par Kiev de la grande ville voisine de Kherson en novembre 2022.Au nord, des bombardements à répétition dans la région frontalière de KourskDans la nuit de lundi à mardi, une frappe russe s’est abattue sur le dortoir d’un établissement éducatif dans le nord-est de l’Ukraine, tuant sept personnes dont un enfant. D’autres victimes pourraient être coincées sous les décombres.La région de Soumy, frontalière de Koursk en Russie, où les forces ukrainiennes occupent une partie du territoire après une offensive en août, est depuis le théâtre de bombardements meurtriers. Deux jours plus tôt, un tir de missile avait déjà tué huit personnes, dont un enfant à Soumy.L’armée russe aux portes de KoupianskL’armée russe a également mené ces derniers jours des assauts aux portes de Koupiansk, à 40 kilomètres de la frontière russe, y pénétrant même brièvement, selon les autorités locales ukrainiennes. Cette ville, où vivaient plus de 25 000 habitants avant le conflit, a été occupée par l’armée russe entre fin février 2022 et début septembre de la même année, quand les forces ukrainiennes, à la faveur d’une contre-attaque réussie, avaient repris le contrôle de la zone. Elle est depuis à quelques kilomètres de la ligne de front.



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Publish date : 2024-11-19 14:59:37

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“La Russie n’aura jamais l’esprit indomptable des Ukrainiens” : l’appel à la résistance de l’ambassadeur d’Ukraine en France

Un soldat ukrainien à Tchassiv Iar, dans l'est de l'Ukraine, le 24 juillet 2024




Mille jours depuis le début de l’invasion russe à grande échelle en Ukraine. Mille jours de souffrances, mille jours de combat contre l’ennemi, mille jours de résilience. Le principal résultat est que, durant ces mille jours de résistance face à un ennemi qui, soyons réalistes, dispose de la supériorité dans toutes les ressources possibles, le peuple ukrainien a tenu bon. Il a défendu sa souveraineté nationale, préservé son identité, affirmé son désir de liberté et surtout – protégé la vie de ses citoyens.Nous nous souvenons bien de ce que Poutine avait prévu pour l’Ukraine. Grâce au courage de nos défenseurs et défenseuses, nous avons réussi à déjouer ses plans diaboliques. Nous avons poursuivi notre résistance grâce à l’aide concrète de nos partenaires. Le principal avantage cynique et pervers du régime de Poutine sur le plan militaire réside dans son mépris total pour la vie humaine. Cet avantage repose sur des assauts meurtriers, une mobilisation appuyée par des primes financières – alimentées, malheureusement, par des fonds contournant les sanctions, notamment via la vente de ressources énergétiques. Il est renforcé par le soutien d’autres régimes autoritaires qui nourrissent la machine de guerre russe.Le but de Poutine reste d’anéantir l’UkraineMais Poutine ne disposera jamais de deux éléments essentiels : l’esprit indomptable des Ukrainiens et des alliés et partenaires solidaires et déterminés, comme nous en trouvons, par exemple, dans le peuple français. Croyez-moi, aucun peuple au monde ne souhaite autant la paix et la tranquillité que le peuple ukrainien. Après ces presque trois années de guerre, de sirènes d’alerte incessantes, de pertes civiles et militaires, nous sommes épuisés. Mais les objectifs de notre ennemi ne nous laissent pas le choix. Nous ne baisserons jamais les bras et continuerons à nous battre jusqu’à ce que nous mettions fin à leur agression.Les actes et les déclarations du criminel de guerre Poutine et de ses complices montrent clairement qu’ils ne veulent pas la paix. Leur but est d’anéantir l’Ukraine et d’effacer toute trace de l’identité de notre peuple.L’Europe doit retrouver sa souverainetéJe souhaite profondément que le caractère existentiel de notre lutte soit pleinement compris par tous en Europe et dans le monde. Aujourd’hui, beaucoup s’inquiètent de l’incertitude qui grandit de l’autre côté de l’Atlantique. À ce sujet, je tiens à souligner deux points clés. D’abord, cette incertitude avait été évoquée par le président français depuis un moment. Malheureusement, il n’a pas été entendu par tout le monde – notamment par certains partenaires européens. Ensuite, je suis convaincu que l’Europe doit retrouver sa pleine souveraineté, notamment dans le domaine de sa sécurité. Cela signifie renforcer ses capacités de défense, consolider son industrie militaire et ses forces armées. Aujourd’hui, l’Ukraine est un partenaire stratégique pour l’Europe et pour la France. Nous avons déjà des exemples concrets de coopération entre nos industries militaires et de collaboration entre nos armées. Ce modèle devrait inspirer tous nos alliés et partenaires.Ces derniers jours, les attaques massives de missiles et de drones russes ont été particulièrement meurtrières. L’ennemi cible délibérément les infrastructures civiles et les immeubles résidentiels. Hier encore, des missiles russes ont ôté la vie à des dizaines de civils à Odessa et à Soumy.Je vous en supplie : ne considérez pas ces pertes humaines comme de simples statistiques. Ce sont des vies brisées chaque jour, tout près de vous, sur le sol européen. Ces tragédies se déroulent dans un pays démocratique et pacifique qui résiste aujourd’hui aux armées de deux États nucléaires et autoritaires – la Russie et la Corée du Nord. Plus tôt les peuples européens agiront, mieux ce sera pour nous tous.Ces temps-ci, je pense souvent aux paroles du Général de Gaulle, prononcées en 1940 pour appeler les Français à s’unir et à libérer leur pays, alors plongé dans les ténèbres du nazisme. Ces dernières années, en écoutant son discours lors de la cérémonie au Mont Valérien, ses mots me frappent particulièrement. Le Général constatait que beaucoup de territoires, de soldats et d’équipements avaient été perdus. Mais il ajoutait avec conviction : “La France n’est pas seule. Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule !”Aujourd’hui, j’entends ces mêmes mots de nos partenaires français à propos de l’Ukraine. Je suis fermement convaincu que pour les Français, ce ne sont pas de simples paroles, mais des actes concrets. J’espère sincèrement que leur exemple inspirera d’autres nations, qui hésitent parfois à prendre position aussi clairement que le peuple français et ses dirigeants.* Vadym Omelchenko est l’ambassadeur d’Ukraine en France



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Publish date : 2024-11-19 15:30:00

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“Donald Trump a tout d’un roi” : la Cour suprême, un garde-fou sous influence

Le président élu des États-Unis Donald Trump, le chanteur Kid Rock et l'entrepreneur américain Vivek Ramaswa se lèvent après la victoire par TKO du champion des poids lourds de l'UFC Jon Jones contre le challenger Stipe Miocic lors du combat pour le titre des poids lourds de l'UFC 309 au Madison Square Garden de New York, le 16 novembre 2024




Lors de sa confirmation au Sénat en 2005, John Roberts s’était lancé dans une analogie restée célèbre : “Les juges sont comme des arbitres. Les arbitres ne font pas les règles, ils les appliquent” et “s”assurent que tout le monde les suit”, avait déclaré le juge en chef des Etats-Unis, insistant sur le fait que ce serait “sa tâche” à la tête de la Cour suprême. Ces derniers mois, pourtant, ce (presque) septuagénaire affable n’a pas tenu sa promesse et a pris avec ses collègues des décisions qui ont eu un impact retentissant sur le pays. Et facilité le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump.John Roberts, considéré comme un des juristes les plus brillants de sa génération, a longtemps mené une carrière sans faute. Il a travaillé dans les administrations de Ronald Reagan et de George Bush père, a siégé comme magistrat dans un tribunal fédéral avant d’être nommé en 2005, à 50 ans, président de la plus haute juridiction par le président George W. Bush. Depuis vingt ans, ce catholique père de deux enfants adoptés a affiché des positions conservatrices sans toutefois jouer les idéologues intransigeants. Sa “grande priorité”, a-t-il assuré dans une interview au magazine The Atlantic, est de maintenir l’institution “en dehors de toutes divisions partisanes” et d’encourager ses collègues à rendre des arrêts consensuels, obtenus par le compromis et la modération afin de “protéger la légitimité institutionnelle” de la Cour.Une institution de plus en plus politisée. Sous sa houlette, cependant, les neuf sages ont donné de grandes victoires aux républicains, en décrétant inconstitutionnelle par exemple une section du Voting Rights Act, la loi qui interdisait les discriminations raciales dans l’exercice du droit de vote. Avec des conséquences désastreuses, puisque cela a compliqué l’accès des Noirs aux élections. Mais l’année d’avant, en 2012 John Roberts s’était rangé aux côtés des membres démocrates et avait permis ainsi de sauver la réforme de la santé du président Obama. Il a voté également avec eux pour empêcher l’administration Trump de supprimer un programme qui protège de l’expulsion 700 000 immigrés sans papiers, arrivés enfants sur le sol américain.Le tournant a commencé fin 2020, lorsque Donald Trump a nommé Amy Coney Barrett, après le décès d’une juge progressiste. L’équilibre de la Cour s’en est trouvé bouleversé. Composée désormais de six républicains (contre trois démocrates), elle s’est transformée en bastion ultraconservateur et n’a cessé de prendre des décisions qui ont agressivement renversé ou ignoré la jurisprudence établie de longue date. Elle a mis un terme à la discrimination positive dans les facs, assoupli la législation sur les armes, affaibli le pouvoir réglementaire des agences fédérales au grand bonheur du patronat et supprimé le droit constitutionnel à l’avortement, en vigueur depuis cinquante ans. En 2022, John Roberts avait essayé de trouver un compromis sur l’IVG, il proposait de la restreindre tout en la maintenant dans la Constitution. En vain : ses cinq collègues conservateurs ne l’ont pas écouté.Donald Trump a tout d’un “roi”Ces derniers mois, le président de la Cour semble avoir abandonné toute idée de consensus et a voté majoritairement avec les juges de son camp. Il a surtout impliqué la plus haute instance judiciaire, en théorie au-dessus des partis, dans la campagne électorale. On lui doit notamment la rédaction de deux arrêts cruciaux très favorables à Donald Trump. Selon le premier, les Etats ne peuvent pas déclarer le candidat républicain inéligible en s’appuyant sur le 14e amendement qui exclut de fonctions publiques quiconque se serait livré à des actes de “rébellion”.Encore plus monumental, les six membres conservateurs ont accordé à l’ancien président une vaste immunité contre les poursuites au pénal pour les actes officiels commis dans l’exercice de ses fonctions. Une énorme victoire pour Donald Trump, qui lui a épargné un procès avant les élections. John Roberts s’est justifié en disant que le chef de l’Etat prend “les décisions les plus délicates et les plus cruciales” de tout le gouvernement et doit donc bénéficier de “la capacité maximale de gérer avec impartialité et sans crainte” ses responsabilités. Traduisez : ne doit pas s’inquiéter de possibles poursuites judiciaires. La juge Sonia Sotomayor, au nom de ses trois collègues démocrates, a condamné en des termes virulents cet arrêt “extraordinaire” sans “base légale,” qui “tourne en dérision” le principe selon lequel “personne n’est au-dessus des lois”. L’occupant du Bureau Ovale, conclut-elle, a tout d’un “roi”. John Roberts, qui d’après les médias, n’avait pas anticipé un tel tollé, a répliqué que “le ton apocalyptique” des démocrates était “totalement disproportionné” par rapport à la décision.Nombre de juristes n’ont pas mâché leurs mots. C’est “la plus radicale reconstruction judiciaire de la présidence américaine de l’Histoire, écrit Sean Wilentz, professeur d’histoire à Princeton dans le New York Review of Books. Jamais aucun tribunal n’a protégé un candidat politique de cette manière.” Pour Steve Vladeck, professeur de droit à l’université de Georgetown, “le message envoyé par la Cour dans presque toutes les décisions majeures, c’est qu’elle se moque de la perception qu’en a la moitié du pays”.Il a toujours cru en un exécutif très puissant.Ce virage de John Roberts a suscité moult spéculations. “C’était une Cour suprême conservatrice… mais jusqu’à récemment pas trumpiste,” estime Michael Waldman, responsable du Brennan Center for Justice. “L’affaire de l’immunité suggère que nous entrons peut-être dans une nouvelle ère.” Est-ce parce que le juge en chef s’est droitisé ? Ou plutôt parce qu’il a voulu éviter d’être mis sur la touche par ses collègues conservateurs comme lors du vote sur l’avortement ? Ou est-ce juste parce que le sujet de l’immunité lui tenait à cœur ? “Il a toujours cru en l’idée d’un exécutif très puissant. Il pense que l’affaire du Watergate a conduit à l’érosion du pouvoir présidentiel. Cette décision sur l’immunité, il l’a attendue toute sa carrière”, affirme Carolyn Shapiro, professeure au Chicago-Kent College of Law.Alors que Donald Trump s’apprête à revenir au pouvoir, John Roberts va sans doute avoir plus que jamais un rôle central. La question reste de savoir si la Cour va limiter les ambitions autocratiques du nouveau président ou si elle va jouer les béni-oui-oui et confirmer la constitutionnalité de ses réformes, même les plus litigieuses comme des expulsions massives de sans papiers ou la purge des fonctionnaires. Dans ce cas, compte tenu du fait que les républicains contrôlent aussi le Congrès, il n’y aura plus un seul garde-fou pour contrer la Maison-Blanche.”Selon moi, la Cour va être bien plus ouverte [à ses réformes] parce que la nouvelle administration sera plus apte à les mettre en place, poursuit le professeur Shapiro. Lors de son premier mandat, Donald Trump a perdu un certain nombre d’affaires devant les juges en raison de l’incompétence de ses équipes.” En outre, ajoute-t-elle, “l’élection a enlevé des pressions qui pesaient sur les neuf sages. Après les décisions comme celles sur l’IVG, il y a eu un débat public sur la nécessité de réformer l’institution. Mais depuis le scrutin, ce n’est plus réalisable pour le moment.”Donald Trump a une chance de façonner la plus haute instance judiciaire un peu plus à son image avec de nouvelles nominations dans les quatre ans à venir. Ces derniers jours, on a spéculé, même si c’est totalement improbable, sur le départ de Sonia Sotomayor, 70 ans, la juge démocrate la plus âgée que Joe Biden pourrait remplacer avant janvier. On a aussi évoqué la démission, sous Trump II, des républicains Clarence Thomas, 76 ans et Samuel Alito, 74 ans, ce qui permettrait de nommer des magistrats plus jeunes et d’assurer la domination des conservateurs pour les trente ou quarante ans à venir. Aucun des deux n’a manifesté le moindre désir de partir, malgré de multiples scandales éthiques. Ils ont refusé notamment de se récuser sur les affaires liées au 6 janvier alors que Samuel Alito a planté dans son jardin des drapeaux avec des symboles utilisés par les trumpistes qui contestent le résultat des élections de 2020. Quant à Clarence Thomas, sa femme a été très impliquée dans les manœuvres pour changer le résultat du scrutin il y a quatre ans.Les scandales à répétition ajoutés à l’intense politisation ont érodé la confiance dans l’institution. Selon un sondage Gallup de septembre, seuls 44 % des Américains approuvent son action, une chute de 18 points par rapport à 2000. Et sa crédibilité risque d’en prendre un coup si l’on en croit J.D. Vance. Le vice-président a suggéré avant les élections que, dans le cas où la Cour suprême jugerait la purge des fonctionnaires inconstitutionnelle, Donald Trump n’aurait qu’à passer outre…



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Author : Hélène Vissière

Publish date : 2024-11-19 15:00:01

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Dérapage budgétaire : le rapport accablant contre les macronistes de la mission d’information du Sénat

L'ancien ministre de l'Économie Bruno Le Maire devant la commission des Finances du Sénat à Paris, le 7 novembre 2024




Le constat est sans appel. Une mission du Sénat sur le dérapage budgétaire a égratigné, ce mardi 19 novembre, les précédents gouvernements, coupables selon elle d’une “inaction” et d’un “attentisme dommageables” face à l’explosion du déficit, attendu à 6,1 % du PIB en 2024, contre 4,4 % prévus initialement.Bruno Le Maire, Gabriel Attal, Elisabeth Borne, Emmanuel Macron… Après plusieurs auditions, la commission des finances du Sénat n’a épargné personne au moment d’attribuer des responsabilités au dérapage budgétaire majeur que connaît la France depuis plusieurs mois.”Au sentiment général du déni collectif sur la situation des finances publiques, s’ajoute désormais un sentiment d’irresponsabilité de ceux qui étaient alors au gouvernement”, a lancé lors d’une conférence de presse le rapporteur de cette mission “flash”, Jean-François Husson (Les Républicains). “Le gouvernement connaissait en réalité l’état critique de nos finances publiques dès le mois de décembre 2023. Il aurait dû, selon nous, réagir vigoureusement. Mais il ne l’a pas fait”, a repris le président socialiste de la commission des Finances Claude Raynal.”Calculs à courte vue”Les deux sénateurs estiment aussi que de nombreux mois ont été “perdus” dans le rétablissement des comptes, en raison des remaniements et surtout de la dissolution, prémisse d’une “trop longue attente dans la désignation du nouveau Premier ministre”. Ils regrettent aussi l’absence de budget rectificatif au printemps, décidée selon eux par des “calculs à courte vue” sur fonds d’élections européennes et de risque de censure.La mission de la chambre haute, menée en début d’année 2024 et relancée ces dernières semaines face à une dégradation des comptes bien plus inquiétante que prévu, touche à sa fin juste avant que le Sénat ne se saisisse du projet de budget de l’Etat pour 2025, examiné dans l’hémicycle à partir du 25 novembre. Et l’Assemblée nationale s’apprête à prendre le relais : elle mènera dans les prochaines semaines une commission d’enquête sur le même thème.Le dossier est ultrasensible, en plein coeur d’un automne budgétaire à haut risque pour le gouvernement de Michel Barnier, menacé de censure par les oppositions à l’Assemblée nationale, où le camp gouvernemental est très minoritaire. D’où l’intérêt pour le Sénat et sa majorité de droite de crever l’abcès au plus vite, pour éviter de rééditer de nouvelles “erreurs de pilotage”. Autre intérêt pour LR : se différencier de l’ex-majorité macroniste, alors que la droite fait désormais partie de la coalition gouvernementale et tente de justifier son soutien à un budget très impopulaire, avec 60 milliards d’euros d’effort demandés à toutes les strates de l’économie.Notes internesLes deux sénateurs estiment que les services de l’Etat disposaient d’informations sur le dérapage des finances publiques dès la fin 2023 et que le gouvernement a tardé à agir ou communiquer sur le sujet. Ils s’appuient notamment sur diverses notes internes du Trésor, ainsi que sur une missive envoyée le 13 décembre 2023 par les ministres de l’Economie Bruno Le Maire et des Comptes publics Thomas Cazenave à Elisabeth Borne, alors Première ministre, lui recommandant de communiquer sur “le caractère critique de (la) situation budgétaire”.”Les ministres ont tenu un double discours” entre cette note interne, perçue comme une “alerte” par Elisabeth Borne, et leurs prises de position publiques rassurantes de l’époque, s’indigne la mission sénatoriale.Lors de leurs auditions, les anciens responsables se sont eux défendus de toute “dissimulation”, assurant tous avoir “maîtrisé la dépense” et avoir réagi avec célérité au fil des actualisations économiques, en gelant des milliards de crédits notamment. L’explication, selon eux, réside surtout dans une erreur d’évaluation des recettes fiscales, inférieures de 41,5 milliards d’euros aux prévisions.Bruno Le Maire avait aussi renvoyé une partie de la responsabilité sur ses successeurs, reprochant au gouvernement Barnier de ne pas avoir “mis en oeuvre” des mesures de redressement préparées durant l’été par l’équipe démissionnaire. Gabriel Attal avait lui défendu son ancien ministre, fustigeant un “procès politique et médiatique scandaleux” à son encontre.



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Publish date : 2024-11-19 14:10:51

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Gouvernement Trump : les regrets de la communauté musulmane face à certaines nominations

Le prétendant à la Maison Blanche veut notamment fermer les frontières américaines aux musulmans.




De nombreuses figures musulmanes aux Etats-Unis ont soutenu publiquement Donald Trump durant sa campagne. Une manière de protester contre le soutien de l’administration Biden à Israël, à sa guerre à Gaza et aux bombardements qui détruisent le Liban, tandis que Donald Trump répète à envi qu’il mettra fin au conflit au Moyen-Orient, sans véritablement expliquer comment. Ces mêmes dirigeants musulmans sont désormais profondément déçus du choix des secrétaires d’Etat qui composeront le futur gouvernement Trump.”Trump a gagné grâce à nous, et nous ne sommes pas satisfaits de son choix des secrétaires d’Etat”, a ainsi déclaré Rabiul Chowdhury, un investisseur de Philadelphie et cofondateur de Muslims for Trump, à l’agence de presse britannique Reuters.Des profils pro-israéliensAlors que le vote musulman a, selon des analystes politiques, aidé le président élu à remporter certains swing states (ces Etats clés qui font basculer l’élection) comme le Michigan, Donald Trump a choisi le sénateur républicain Marco Rubio, un fervent partisan d’Israël qui s’est opposé à un cessez-le-feu au Proche-Orient, pour le poste de secrétaire d’Etat.Parmi les nominations qui provoquent l’indignation de la communauté musulmane, on compte aussi Mike Huckabee, nommé ambassadeur de Donald Trump en Israël. L’ancien gouverneur de l’Arkansas est un fervent conservateur qui soutient l’occupation israélienne de la Cisjordanie et rejette depuis toujours l’idée d’un Etat palestinien ; il s’oppose également à une solution à deux Etats, affirmant qu'”il n’y a vraiment pas de Palestiniens”. Tout comme Pete Hegseth, le vétéran et présentateur vedette de la chaîne Fox News choisi pour diriger le Pentagone, qui s’est lui aussi opposé plusieurs fois en direct à la télévision à une solution à deux Etats. L’ancien marine a plaidé en faveur de la reconstruction d’un temple juif biblique sur le site de la mosquée Al-Aqsa, l’un des lieux les plus sacrés de l’islam.Autre personnalité problématique pour la communauté musulmane : l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, Elise Stefanik, qui s’était opposée au financement de l’UNRWA, l’organisation d’accueil et de secours aux Palestiniens à Gaza, avant d’accuser l’ONU de créer de l’antisémitisme en condamnant les morts à Gaza.Emoi et déception au sein de la communauté musulmaneDepuis ces nominations, égrainées par le président élu au cours de la semaine dernière, l’émoi est fort chez les musulmans. Rexhinaldo Nazarko, directeur exécutif de l’American Muslim Engagement and Empowerment Network (Ameen), a déclaré que les électeurs musulmans espéraient que Donald Trump choisirait des représentants du cabinet qui travaillent à la paix. “Nous sommes très déçus. Il semble que cette administration ait été entièrement remplie de néoconservateurs et de personnes pro-israéliennes et pro-guerre”, a affirmé la figure musulmane auprès de Reuters.”Nous avons toujours été extrêmement sceptiques… Il semble que notre communauté ait été trompée”, a réagi quant à lui Hassan Abdel Salam, ancien professeur à l’université du Minnesota et cofondateur de la campagne “Abandon Harris” contre la candidate démocrate Kamala Harris.Campagne intensive auprès des populations arabo-américainesLes espoirs de la communauté musulmane ne sont pas encore anéantis : beaucoup espèrent voir attribuer un rôle important à Richard Grenell, l’ancien directeur du renseignement national de Donald Trump, qui a effectué pendant des mois un travail de sensibilisation auprès des communautés musulmanes et arabo-américaines, et a un moment été présenté comme un prochain secrétaire d’Etat potentiel. Une nomination était également attendue pour Massad Boulos, homme d’affaires libanais et beau-père de Tiffany, la fille de Donald Trump, qui a aussi œuvré pour impliquer la communauté arabo-américaine, en organisant des réunions par dizaines dans les régions à forte population arabe.Les équipes de campagne et le candidat lui-même ont effectué un important lobbying auprès de cette communauté. Lors d’un meeting à Dearborn, une ville à majorité arabe dans le Michigan, Donald Trump a déclaré qu’il aimait les musulmans, tandis qu’à Pittsburgh, en Pennsylvanie, il a qualifié les musulmans de “beau mouvement”. “Ils veulent la paix”, avait affirmé le futur président élu. “Ils veulent de la stabilité.”A l’inverse, la coalition juive républicaine, organisatrice de la campagne de Donald Trump dans le Michigan, se réjouit ouvertement de la nomination des nouveaux ministres trumpistes, rapporte l’agence de presse américaine Associated Press. Pour Sam Markstein, directeur politique du groupe, la composition du nouveau gouvernement est une véritable “dream team pro-israélienne”.



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Publish date : 2024-11-19 07:00:00

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La colère des agriculteurs français vue de l’étranger : “Ils sont à la tête de la révolte européenne”

Manifestation d'agriculteurs le 18 novembre 2024 au Cannet-des-Maures (Var)




“Feux de la colère”, barrages… Près d’un an après une très forte mobilisation, les agriculteurs français mènent de nouveau des actions depuis ce lundi 18 novembre, notamment contre le projet d’accord de libre-échange avec des pays latino-américains du Mercosur. La presse étrangère constate que, si la France s’y oppose toujours, le projet de la Commission européenne est bien parti pour être signé.”La France a encore en mémoire les dernières mobilisations des agriculteurs, qui ont marché jusqu’à Paris et ont bloqué les entrées de la capitale”, se souvient le quotidien espagnol El Pais. Les syndicats avaient alors réussi à négocier diverses promesses de la part du gouvernement, comme la suppression de la surtaxe sur les carburants ou encore l”‘arrêt du plan Ecophyto, qui visait à réduire l’utilisation des produits pharmaceutiques dans l’agriculture”, rappelle le journal.Mais cette fois-ci, c’est, au-delà des mauvaises récoltes et conditions de travail difficiles, surtout l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur qui cristallise la colère des agriculteurs. “Les agriculteurs sont de nouveau sur le pied de guerre”, relate le quotidien italien de gauche Il Manifesto. “Les Français sont à la tête de la révolte européenne, la France étant le premier producteur agricole et le premier bénéficiaire de la PAC.”Opposition au “très mauvais” traité de libre-échange avec le Mercosur”La raison en est l’imminence de la signature du traité de libre-échange agricole UE-Mercosur, conclusion d’une négociation entamée il y a 25 ans entre Bruxelles et les pays latino-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie)”. La France s’y oppose en effet depuis longtemps. “La France ne signera pas ce traité en l’état “, a encore rappelé Emmanuel Macron dimanche depuis l’Argentine, rappelle El Pais, où il venait de rencontrer le président argentin Javier Milei, répétant qu’il juge l’accord “très mauvais” pour l’agriculture.Selon Il manifesto, “les agriculteurs européens dénoncent l’abaissement des droits de douane sur le bœuf, la volaille, le sucre et le miel, qui mettrait en péril la production de l’UE face aux géants sud-américains, Brésil et Argentine en tête”, tandis que “les écologistes soulignent que l’accord ne prévoit pas de protection précise contre la déforestation” et un déséquilibre en matière de normes environnementales et sociales.Des opportunités pour le continent européen ?”Si le traité Mercosur devait être signé malgré tout – ce qui est de plus en plus probable -, une escalade est considérée comme évidente”, analyse le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). Le journal allemand souligne que, si l’opinion publique française et la classe politique sont quasiment unanimement opposées à ce traité, cela est dû, entre autres, “aux traditions et aux habitudes de consommation”. La France est selon le journal un pays “où la nourriture et la cuisine sont des biens culturels importants […] L’immense salon de l’agriculture de Paris, qui se tient chaque printemps, est l’expression de cette fierté nationale.” Cela, ajouté à des pertes industrielles depuis les années 70, expliquerait selon le quotidien allemand un “sentiment anti-libre-échange” bien enraciné.Le traité pourrait pourtant, selon ses partisans, créer des opportunités économiques en Europe. “Les producteurs de vins, de spiritueux, de fromages et de lait en poudre auront accès à un vaste marché. De plus, les appellations d’origine contrôlée de la France seraient reconnues et respectées”, poursuit le FAZ. “De même, des secteurs industriels comme l’automobile, la chimie, le luxe et les cosmétiques pourront augmenter leurs exportations”, estime dans les pages du quotidien allemand Emmanuel Combe, économiste à la Sorbonne. D’autant que “l’ampleur de l’augmentation des importations serait modeste : en gros, un steak par Européen et par an et deux escalopes de blanc de poulet”, selon Il manifesto.La France reste “largement isolée”Pour El Pais, la France reste “largement isolée” en Europe sur la question. “Si la Pologne, l’Autriche, les Pays-Bas et l’Irlande ont également exprimé leurs préoccupations à l’égard de l’accord”, leur poids ne suffirait pas à empêcher un vote au Conseil européen. En face, “l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Portugal, entre autres, font pression pour obtenir l’approbation finale de l’accord dans l’espoir de relancer la croissance de l’économie du continent”, poursuit le journal espagnol, qui rappelle que l’Allemagne y voit notamment “de nouvelles opportunités pour ses constructeurs automobiles, car les droits de douane étaient jusqu’à présent particulièrement élevés pour les voitures particulières.”Cité par l’agence de presse américaine Associated Press, le ministre espagnol de l’Agriculture, Luis Planas Puchades, estime que “le Mercosur est entouré d’une certaine mythologie”. “L’Union européenne souhaite-t-elle, en ce moment, se refermer sur elle-même ? Ou est-elle intéressée, dans le contexte géopolitique particulier que nous connaissons, et surtout après les élections nord-américaines, par l’élargissement du réseau de nos accords commerciaux avec des pays tiers afin de maintenir également notre influence économique et commerciale ? Je pense que la réponse est très claire”, a-t-il déclaré dimanche.La Commission européenne souhaiterait parvenir à une conclusion finale, “si ce n’est lors du G20 à Rio, du moins lors du sommet du Mercosur à Montevideo (Uruguay) les 5 et 6 décembre”, rappelle la journaliste italienne d’Il manifesto. “C’est alors que commencera le long processus de ratification, Conseil, Parlement européen, voire Parlements nationaux – c’est-à-dire avec le droit de veto national”, sauf si une procédure accélérée est “adoptée à la majorité qualifiée, avec au moins 15 pays favorables représentant 65 % de la population de l’UE.”



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Publish date : 2024-11-19 13:29:45

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