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L’Express

Algérie : ces “doutes” de la France sur les intentions d’Alger

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot à une conférence humanitaire pour Gaza au Caire le 2 décembre 2024




Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a émis ce dimanche 5 janvier des “doutes” sur la volonté d’Alger de respecter la feuille de route des relations bilatérales franco-algériennes. “Nous avons en 2022 […] rédigé une feuille de route […], nous tenons à ce (qu’elle) puisse être suivie”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères lors d’un entretien sur la radio privée RTL.”Mais nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l’intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Parce que pour la tenir, il faut être deux”, a-t-il ajouté.Jean-Noël Barrot s’est aussi déclaré, “comme le président de la République, très préoccupé par le fait que la demande de libération adressée par Boualem Sansal et ses avocats a été rejetée”. Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, né d’un père d’origine marocaine et d’une mère algérienne, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’Etat et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre.”Nous souhaitons entretenir les meilleures relations””Je suis préoccupé par son état de santé et […] la France est très attachée à la liberté d’expression, la liberté d’opinion et considère que les raisons qui ont pu conduire les autorités algériennes à l’incarcérer ne sont pas valables”, a relevé le ministre des Affaires étrangères. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait évoqué pour la première fois dimanche dernier l’arrestation de l’écrivain à la mi-novembre à Alger, le qualifiant d'”imposteur” envoyé par la France.L’auteur de “2084 : la fin du monde”, naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne “comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions”. “Nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec l’Algérie […] mais ce n’est pas le cas aujourd’hui”, a regretté Jean-Noël Barrot.Alger a retiré son ambassadeur à Paris fin juillet 2024 quand le président français Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé aux propositions marocaines concernant le Sahara occidental, avant de se rendre à Rabat fin octobre.



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Publish date : 2025-01-05 14:06:47

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“Comme un chien qui s’est fait tabasser. Toute sa vie, il a cette vibration en lui.” Dix ans après Charlie.

Le procès des attentats de Charlie Hebdo s'ouvre mercredi 2 septembre à Paris. (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)




Bernard Verlhac, dit “Tignous”, avait cela en commun avec son animal fétiche – le panda – qu’il était un cœur tendre, mais du genre impressionnant quand il se mettait en colère. Et en ce mardi de l’été 2013, Tignous était en rogne. Ce qui tourmentait le dessinateur de Charlie – il officiait alors également à Marianne où nous étions collègues –, c’était une information selon laquelle les deux policiers chargés de la sécurité de Charb allaient certainement être réaffectés, car considérés comme une “protection de confort”. Cela faisait plusieurs fois en quelques mois qu’au travers de fuites dans la presse, le dispositif de sécurité du directeur de la publication de Charlie Hebdo était pointé du doigt, parmi d’autres, comme superflu. “Profiteurs de la République”, titrerait même VSD le 4 décembre 2014.Alors ce jour-là, Tignous fulminait. Son visage de rocker bonhomme – rouflaquettes brunes et dents du bonheur – avait viré à la tempête. Assis à son bureau, au cœur de l’open space aux murs rouges de Marianne, il rappelait que Charb était menacé par de très sérieuses fatwas ; qu’en 2011, un incendie au cocktail Molotov avait ravagé les locaux de Charlie ; qu’en septembre 2012, un jeune homme avait été arrêté à Toulon en possession d’un couteau : il parlait de s’en servir à Paris contre les dessinateurs de l’hebdomadaire… Alors : “qui [étaient] ces connards qui [laissaient] sous-entendre un caprice de VIP ?”Bien sûr, personne n’imaginait ce qui allait se passer rue Nicolas Appert, le 7 janvier 2015. Et notamment : pas ceux de Charlie. Reste que les années précédant l’attentat, dessinateurs, journalistes, employés du journal satirique persistaient à défendre un droit – le nôtre –, une liberté – la nôtre -, malgré les menaces d’ennemis qu’ils savaient sérieux. Le courage, voilà ce que disait la colère de Tignous. L’inconscience, voilà ce que répondait la désinvolture en écho. Dans un magnifique chapitre de son Lambeau, le journaliste et écrivain Philippe Lançon, grièvement blessé au visage par une rafale des frères Kouachi, décrit la scène suivant l’attentat, où il se retrouve allongé à côté des corps inertes de Bernard Maris et de Tignous : “Je n’ai pas vu sur le moment ce que le rapport de police, lu dix-huit mois plus tard m’a révélé : un stylo restait planté droit entre les doigts d’une main, en position verticale. Tignous était en train de dessiner ou d’écrire quand ils ont fait irruption. Les enquêteurs ont noté ce détail qui indique la rapidité du massacre et la stupeur qui a précédé l’exécution de chacun d’entre nous. Tignous est mort un stylo à la main comme un habitant de Pompéi saisi par la lave […]”. L’image dit la soudaineté de la violence qui fige les gestes de l’ordinaire dans sa brutalité – un dessinateur en train de dessiner. On ne peut s’empêcher de voir également dans ce feutre planté à la verticale, l’image d’un homme mort avec, à la main, l’instrument de son droit et de sa liberté.Où en sommes-nous, dix ans plus tard ?Dix ans ont passé. “Le drame est achevé. Quel est donc celui qui s’avance ? – Moi car il y eut un survivant au naufrage.” Quand j’ai rencontré Riss pour la première fois, au printemps dernier, ces mots de la fin de Moby Dick se sont frayé un chemin. Un survivant s’avançait, assez fidèle aux photos : grand et mélancolique. Au cours de la conversation, nous avons parlé de Salman Rushdie, dont Flammarion venait de publier Le Couteau. Dans ce récit, on apprend qu’au moment de l’attaque à laquelle il a survécu, Rushdie vivait à sa demande sans protection policière : l’écrivain voulait croire que l’eau avait coulé sous les ponts, que la fatwa s’était émoussée, et que la haine l’avait oublié. Je demandais à Riss, désormais directeur de la publication de Charlie, ce qu’il en pensait. Lui qui, depuis 2015, vit avec l’ombre des policiers qui le précèdent en tout lieu. “Je comprends la tentation de l’optimisme, a-t-il répondu. On voudrait croire à un moment qu’on peut respirer, se passer de la protection. Mais cet espoir-là, c’est quand on n’a jamais vécu le surgissement de la violence, la confrontation avec la mort… Parce qu’après, ça ne te quitte plus jamais. C’est comme une vibration dans le corps, en permanence : tu sais que ça peut basculer à tout instant. Comme un chien qui s’est fait tabasser. Toute sa vie, il a cette vibration en lui…”A quoi servent les anniversaires qu’on ne fête pas ? Les anniversaires douloureux, comme celui des dix ans des attentats de janvier 2015, qui ont tué rue Nicolas Appert, à Paris, le mercredi 7 ; à Montrouge le jeudi 8 ; et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes le vendredi 9 ? A commémorer les morts, c’est entendu ; à célébrer les vivants. Mais aussi : à faire le bilan. Où en sommes-nous, dix ans plus tard ? Que dirions-nous aux 11 de Charlie Hebdo ? Que la liberté d’expression a triomphé ? Il faudrait leur taire la vérité : Samuel Paty, décapité à la sortie de son collège pour avoir donné un cours sur la liberté d’expression à ses élèves de 4e et, pour illustrer son propos, montré deux caricatures de Mahomet publiées par Charlie. Il faudrait leur taire Dominique Bernard, poignardé dans son lycée d’Arras parce qu’il était professeur de français et que, selon les termes de son assassin, “c’est l’une des matières où l’on transmet la passion de la République, de la démocratie, des droits de l’homme, des droits français et mécréants”. Il faudrait leur taire la peur qui s’installe partout – “la trouille bleue”, comme l’avait décrite un jour Riss dans un éditorial. Que dirions-nous à Ahmed Merabet ? A Clarissa Jean-Philippe ? Que la République tient ferme face à l’islamisme ? Que dirions-nous aux quatre de l’Hyper Cacher ? Que l’antisémitisme a reculé ? Alors que depuis le 7 octobre 2023, il a flambé comme jamais depuis des décennies ? Que pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de Français juifs ont peur au point d’enlever leurs noms des boîtes aux lettres ? Cet anniversaire n’est pas seulement triste parce qu’il commémore des attentats qui ont meurtri la France. Il l’est aussi parce que, dix ans plus tard, on ne peut s’empêcher de tirer un bilan amer, et inquiet.



Source link : https://www.lexpress.fr/societe/la-confrontation-avec-la-mort-ca-ne-te-quitte-plus-jamais-dix-ans-apres-charlie-le-triste-bilan-ZC3TGRYH7JHUNNS4QCADTYFPYY/

Author : Anne Rosencher

Publish date : 2025-01-05 07:45:00

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Autriche : le chancelier annonce sa démission après l’échec des négociations pour une coalition

Le chancelier autrichien sortant, le conservateur Karl Nehammer à Vienne, en Autriche, le 29 septembre 2024




Le chancelier conservateur autrichien Karl Nehammer a annoncé, ce samedi 4 janvier, qu’il quittera ses fonctions de chancelier et de président de son parti “dans les prochains jours”, après avoir mis fin aux négociations avec les sociaux-démocrates pour tenter de former le prochain gouvernement. “Je permettrai une transition ordonnée”, a-t-il indiqué dans un message écrit et vidéo posté le réseau social X, plus de trois mois après les élections législatives du 29 septembre.Cette décision inattendue pourrait entraîner des élections anticipées ou forcer les conservateurs à négocier avec l’extrême droite, arrivée en tête aux législatives. Elle intervient au lendemain de la décision du parti libéral Neos de se retirer des négociations tripartites visant à former un gouvernement centriste, dont le but était d’écarter du pouvoir le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême droite). Le FPÖ avait rassemblé 28,8 % des voix aux législatives, mais a été incapable de trouver des alliés pour former un gouvernement dans le pays alpin membre de l’UE.”Rempart contre les radicaux”Le Parti populaire autrichien (ÖVP, conservateurs) était arrivé en seconde position avec 26,3 % des voix, suivi par le Parti social-démocrate d’Autriche (SPÖ, centre-gauche) avec 21,1 %. Ces résultats avaient conduit Karl Nehammer à engager des discussions avec le SPÖ et Neos (9 % des suffrages) pour former un gouvernement et faire barrage à l’extrême droite. Mais les négociations ont échoué. 24 heures après le départ de Neos, le chancelier a annoncé sur X qu’un “accord avec le SPÖ est impossible sur des questions clés” et que “par conséquent”, il mettait “fin aux négociations avec le SPÖ”.Les principaux sujets de discorde cités par les médias autrichiens sont l’impôt sur la fortune, les droits de succession, les retraites, et des divergences sur la façon de contrôler le déficit budgétaire. Karl Nehammer a déploré n’avoir pu créer une “force du centrisme politique afin de bâtir un rempart contre les radicaux”. “J’ai la conviction profonde que les radicaux n’offrent pas la solution à un seul problème, mais ne vivent que pour souligner les problèmes”, a-t-il ajouté, affirmant s’être “toujours battu pour la stabilité”, même si ce n’était “pas sexy en politique”.Dans un communiqué, le chef du parti d’extrême droite, Herbert Kickl, a qualifié de “losers” les partis impliqués dans les discussions de coalition. “Au lieu de la stabilité, nous avons le chaos” après trois “mois gâchés”, a-t-il ajouté. Le leader des sociaux-démocrates, Andreas Babler, a estimé que ceux qui, au sein du parti conservateur, “ont toujours flirté” avec l’extrême droite “l’ont emporté”, pointant le risque d’un “gouvernement FPÖ-ÖVP avec un chancelier extrémiste d’extrême droite”.Vers de nouvelles élections ?Vendredi, le président Alexander Van der Bellen avait appelé l’ÖVP et le SPÖ à former un gouvernement “sans délai”. Il avait initialement demandé aux conservateurs de former un gouvernement stable qui respecte les “fondations de notre démocratie libérale”. Par le passé, il a plusieurs fois exprimé des réserves concernant le radical leader du FPÖ, Herbert Kickl.Si les conservateurs de l’ÖVP décident de former un gouvernement avec le FPÖ d’extrême droite, le président “doit se préparer à introniser Kickl comme chancelier”, a prévenu auprès de l’AFP l’analyste politique Peter Filzmaier. Si les deux partis n’engagent pas de discussions ou échouent à s’entendre, “il y aura de nouvelles élections”, a-t-il ajouté. Les derniers sondages placent le FPÖ autour de 35 %.Une coalition de trois partis pour former un gouvernement aurait été une première depuis 1949 en Autriche, où l’économie est en perte de vitesse tandis que le déficit public s’envole. Le chancelier conservateur avait déjà prévenu que les discussions de coalition, qui avaient commencé en octobre – initialement sans les libéraux -, s’annonçaient ardues.L’ÖVP a participé aux différents gouvernements du pays de 9 millions d’habitants depuis 1987. Il a déjà gouverné à deux reprises avec le FPÖ en tant que partenaire minoritaire, en 2000 et en 2017. Le chancelier Nehammer s’était dit ouvert à des discussions avec le FPÖ, mais il a toujours exclu de travailler avec son leader Herbert Kickl.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/autriche-le-chancelier-annonce-sa-demission-apres-lechec-des-negociations-pour-une-coalition-MRCH7FRUJBAPVCLWOJZTNPPUNE/

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Publish date : 2025-01-05 07:54:36

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Marine Le Pen à Mayotte : ce que la cheffe du RN a prévu pour sa visite sur l’île dévastée

Marine Le Pen, lundi 25 novembre, à son arrivée à Matignon où elle a été reçue par le Premier ministre Michel Barnier.




C’est une visite qui devrait s’annoncer bien moins tendue que celles d’Emmanuel Macron, François Bayrou ou encore Elisabeth Borne ces derniers jours. La cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, entame ce dimanche 5 janvier une visite de deux jours à Mayotte où elle prévoit de rencontrer secouristes et sinistrés, trois semaines après le passage du cyclone Chido.Marine Le Pen doit arriver sur l’île dévastée “en début d’après-midi, par un vol militaire”, précise son entourage. Une fois sur place, “elle rencontrera la sécurité civile, puis ira à la rencontre des habitants”, avant “un temps d’échange prévu en fin d’après-midi à Mamoudzou avec des sinistrés”. La suite de son programme, lundi et mardi, n’est pas encore connue, mais “l’objectif est d’aller à la rencontre des sinistrés sur plusieurs points de l’île”.A défaut d’apporter des tonnes d’aide, ou de pouvoir annoncer des mesures comme Emmanuel Macron puis François Bayrou avant elle, cette visite de Marine Le Pen est “un signe de soutien (et) d’affection pour nos compatriotes Mahorais”, a affirmé son porte-parole Laurent Jacobelli, samedi sur France Inter.A la suite de la présentation par François Bayrou du plan “Mayotte debout” pour reconstruire l’île, la triple candidate à la présidentielle avait affirmé que “les annonces faites par le Premier ministre vont incontestablement dans le bon sens”. Mais par ce déplacement, l’opposante d’extrême droite entend également exercer “une pression supplémentaire sur le gouvernement”, à quelques jours de la présentation d’un projet de loi d’urgence pour Mayotte, avait souligné vendredi le député Thomas Ménagé sur Franceinfo. @lexpress Mayotte ravagée par le cyclone Chido. Une catastrophe historique pour l’île et ses habitants. Emmanuel Macron préside ce lundi soir une réunion de crise sur la situation. #mayotte #chido #sinformersurtiktok #apprendreavectiktok ♬ original sound – L’Express Une nette popularité aux électionsDans le département le plus pauvre de France, en proie à une forte pression migratoire venue notamment des Comores voisines, le RN et sa dirigeante ont été plébiscités aux dernières élections présidentielles et législatives. Le parti à la flamme y a même obtenu, en juillet dernier, un de ses deux premiers sièges de députés en Outre-mer. “Marine Le Pen est très appréciée à Mayotte”, où “la population réclame sa descente”, assure ainsi l’élue mahoraise à l’Assemblée, Anchya Bamana.L’accueil s’annonce en tout cas moins hostile que pour le chef de l’Etat, chahuté lors de sa venue, quelques jours à peine après la catastrophe. Une prise à partie qu’il a attribuée à “des gens du Rassemblement national”. “Que des élus de cette envergure nationale pensent à nous en ces temps troublés, c’est important”, estime le président du collectif des citoyens de Mayotte, Fatihou Ibrahim.Mais pour d’autres, la présence de Marine Le Pen est au mieux un non-événement. “Je ne vois pas ce qu’elle peut nous apporter en ce moment”, juge Anfida, une auxiliaire de vie de 32 ans, interrogée vendredi par l’AFP. Abou, un employé de TotalEnergies de 28 ans, considère, lui, que “tous ces politiciens viennent pour nous bluffer”.Du côté de l’exécutif, Laurent Marcangeli se montre plus conciliant. “Je jugerai sur pièce”, déclare le ministre de la Fonction publique dans La Tribune Dimanche, relevant que la finaliste des deux dernières élections présidentielles “n’avait pas tenu de discours caricatural sur la visite du Premier ministre” en début de semaine.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/marine-le-pen-a-mayotte-ce-que-la-cheffe-du-rn-a-prevu-pour-sa-visite-sur-lile-devastee-EY5PGRJ34NC5HHZKUGUMBOITTY/

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Publish date : 2025-01-05 09:52:46

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Les startupeurs à succès sont-ils tous psychopathes ?

Le PDG de Tesla et SpaceX, Elon Musk, le 15 mai 2023 à l'Elysée à Paris




Longtemps, les startupeurs ont rêvé de faire partie du célèbre “30 Under 30” de Forbes, ce classement qui liste les jeunes talents jugés les plus prometteurs. Mais depuis quelque temps, ce classement fait l’objet d’autant de convoitises que de quolibets. Car plusieurs de ses lauréats s’avèrent peu dignes de la récompense. Le mois dernier encore, le FBI a accusé l’une d’entre elles, Joanna Smith-Griffin, fondatrice d’AllHere Education, d’avoir commis une fraude envers ses investisseurs pour un montant de près de 10 millions de dollars. Elle risque une peine de prison maximale de vingt ans si elle est reconnue coupable. Joanna Smith-Griffin avait été distinguée dans la liste Forbes de 2021. L’année précédente, elle aurait pu y côtoyer Charlie Javice, fondatrice de Frank, une start-up aidant les étudiants à financer leurs études, acquise par JPMorgan Chase pour 175 millions de dollars. Sauf que les cinq millions d’étudiants que l’entrepreneuse revendiquait comme clients n’étaient en fait que 300 000. Son procès aura lieu en février 2025 et elle encourt une peine maximale de trente ans.La liste Forbes est devenue l’objet de moqueries récurrentes car ces deux cas ne sont pas ses seuls ratés. Elle a également distingué Sam Bankman-Fried, le fondateur de la plateforme crypto FTX par la suite condamné à vingt-cinq ans de prison. Mais aussi Martin Shkreli (MSMB Capital Management) condamné pour monopole et banni à vie de l’industrie pharmaceutique. Ou encore Trevor Milton, fondateur de Nikola Motor, un camion électrique dont la vidéo de démonstration était tournée en descente, caméra inclinée, pour donner l’impression qu’il roulait par ses propres moyens. Condamnée à passer onze ans derrière les barreaux, Elizabeth Holmes (Theranos) n’a quant à elle jamais figuré sur la liste des “30 de moins de 30 ans”, mais elle a été la tête d’affiche du Forbes Under 30 Summit.De multiples commentaires ont été faits sur la propension de psychopathes chez les créateurs d’entreprise et, plus globalement, les dirigeants. En 1941, le livre de référence de Hervey Cleckley, The Mask of Sanity [NDLR : Le Masque de la raison] a défini les psychopathes comme un type distinct de personne identifiable selon 16 traits de personnalité et comportements. Le psychopathe est charmant mais insincère, intelligent mais sans remords. Il ment sans vergogne et agit de manière impulsive. Le plus troublant est qu’il est indifférent à la douleur des autres et éprouve peu d’émotions lui-même. Il a tendance à avoir une estime de soi exagérée. Environ 1 % des personnes pourraient répondre aux critères d’une psychopathie totale même s’il faut rappeler que, quatre-vingt ans après sa définition, la psychopathie n’est pas un diagnostic officiel dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association américaine de psychiatrie.Une diabolisation qui n’est pas sans risqueEn 2010, Robert Hare, un psychologue spécialiste des criminels, qui a établi un lien entre la psychopathie et la violence, publie une étude intitulée “Corporate Psychopathy : Talking the Walk”, qui estime que près de 4 % d’un groupe de 203 managers ont des traits psychopathiques. Les médias ont largement relayé ces résultats. Et des livres de développement personnel surfant sur l’intérêt pour le sujet sont apparus. Le psychopathe archétypal du XXIe siècle est apparu comme le criminel en col blanc, de Bernard Madoff à Bill Hwang. Les séries populaires retraçant la vie d’hommes d’affaires, telle que Succession avec les personnages de Logan Roy et ses enfants, ont eu tendance à mettre en avant ces traits de caractère. L’idée du psychopathe carriériste, dont le terme a dérivé en sociopathe dans une forme de version atténuée, est devenue si répandue que l’habitude a été prise de diagnostiquer ainsi toute personne qui a réussi en étant antipathique, comme Donald Trump ou Elon Musk.Cette diabolisation des fondateurs et dirigeants d’entreprise présentés comme des malades mentaux n’est pas sans risque. L’assassinat début décembre du PDG d’UnitedHealthcare, Brian Thompson, par Luigi Mangione le rappelle. Au lendemain de cet acte prémédité, de nombreux Américains ont défendu l’acte de Mangione, estimant que Thompson, patron d’une importante compagnie d’assurance-maladie, était lui-même le psychopathe, complice de refus ou de report de soins nécessaires. Dans un contexte d’accroissement des inégalités salariales, notamment aux Etats-Unis, la popularité de ces thèses n’est pas près de faiblir.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/high-tech/les-startupeurs-a-succes-sont-ils-tous-psychopathes-KLJAPIRVONH2NPVWI2B6UO2CFQ/

Author : Robin Rivaton

Publish date : 2025-01-05 11:00:00

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Paul Lynch : “Il y a quelque chose de particulier dans l’écriture irlandaise”

Paul Lynch, Un ciel rouge le matin




Epuisé ! Paul Lynch n’a pas d’autre mot pour qualifier son état. Depuis le 26 novembre 2023, jour de la remise du Booker Prize pour Le Chant du prophète (Prophet’s Song), époustouflant roman dystopique sur une Irlande basculant dans la tyrannie, l’écrivain de 47 ans a effectué deux à trois tours du monde, vendu plus de 500 000 exemplaires en langue anglaise de son best-seller, dont les droits ont été achetés par un producteur britannique et a été traduit dans une bonne trentaine de pays.Pour autant, eu égard à la fidélité de son éditeur français, Albin Michel, le romancier au débit TGV, petite barbe de trois jours, yeux de loup et sourire d’agneau, accueille longuement la presse dans son antre dublinois. Aussi, en ce début décembre, lorsque, confortablement installé devant une bière, on lui demande ce que ce prestigieux prix a changé pour lui, la réponse est nette : “Tout ! Le lendemain de ma victoire, mon nom est apparu dans 3 000 médias et j’ai été en quelque sorte catapulté sur la scène mondiale, alors que je passe ma vie à écrire, au calme, du matin au soir.” Cinquième Irlandais à recevoir la prestigieuse distinction anglophone depuis 1969, Paul Lynch revient de loin. Confidences de Francis Geffard, son éditeur de chez Albin : “Peu avant le prix, Paul était très mal financièrement, il sortait d’une grave maladie, d’un Covid long, d’un divorce, avec la garde de ses deux enfants une semaine sur deux. Il en était réduit à acheter un vélo électrique d’occasion.”Mais n’exagérons pas, Paul Lynch n’est pas passé soudainement de l’ombre à la lumière. Ses quatre précédents romans, Un ciel rouge, le matin, La Neige noire, Grace et Au-delà de la mer ont tous reçu des prix divers et été loués par la critique qui a vu dans cet ancien critique de cinéma un digne héritier de Cormac McCarthy ou encore un petit frère de Colum McCann, tandis qu’en bon Irlandais, il avoue avoir “absorbé” Joyce, Beckett et Yeats.”Il y a quelque chose de particulier dans la façon dont nos écrivains abordent la langue, l’écriture irlandaise est unique, confie l’auteur. Vous savez, je plaisante toujours en disant que les Anglais ont colonisé les Irlandais, mais, nous, nous avons colonisé leur langue.” C’est à 30 ans que le natif de Limerick s’est décidé à se consacrer à la fiction. “J’étais dans un taxi sur l’île de Lipari et j’ai eu une révélation absolue, cette épiphanie qu’il me fallait écrire, que je vivais un mensonge et que si je ne changeais pas ma vie, je mourrais en homme amer. Je devais entrer en terra incognita.”Fin 2018, autre changement de cap subit, Lynch abandonne un manuscrit travaillé depuis six mois. “C’était un vendredi. Je savais au fond de moi que ce n’était pas le bon livre, je suis un conteur avant tout et là, je ne racontais pas d’histoire.” Le déclic est venu de la relecture du Loup des steppes d’Hermann Hesse, dévoré à l’âge de 20 ans. Harry Haller, son héros, regarde l’Allemagne de 1927, et voit le chaos, l’antisémitisme, la xénophobie et la guerre à venir, inéluctable. “Je me suis souvenu de ce passage, et j’ai eu un frisson, je me suis dit “mon Dieu, nous y sommes maintenant. C’est différent, mais nous y sommes maintenant”.Et c’est comme cela que, dès le lundi, Paul Lynch a écrit sa première page, avec Alice au centre.” Alice ? Le personnage clé de ce roman, épouse d’un enseignant syndicaliste arrêté par une police secrète, qui va, tout au long de ce récit édifiant aussi angoissant qu’exaltant, tenter de protéger ses quatre enfants dans une Irlande tombant peu à peu dans l’arbitraire et la violence – jusqu’à ce que ses citoyens cherchent à s’exiler à l’instar de tous les persécutés du monde. Le lecteur est pris à la gorge, notamment en raison du style riche en longues phrases qui le propulsent au plus près des événements et des émotions, tandis que l’absence de paragraphes provoque une sensation de claustrophobie et d’asphyxie.Afin de rendre le drame universel, l’action se déroule en Irlande, pays démocratique par excellence, et non en Syrie, en Ukraine ou à Gaza. C’est que Paul Lynch est très pessimiste : “Hier, nous avions un consensus sur ce qu’était la vérité objective, nous respections les experts et les institutions. Avec les médias sociaux, la raison objective se fragmente et le tribalisme, souvent destructeur, prend le dessus sur la civilisation.” Mais rassurons-nous, comme dit Lynch : “Je ne suis pas un prophète, je suis juste un romancier”.Le Chant du prophète, par Paul Lynch, trad. de l’anglais (Irlande) par Marina Boraso, Albin Michel, 304 p., 22,90 €.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/livre/paul-lynch-prophete-en-son-pays-6HFDYZMHSVB7BIQKWKFVL7XLXY/

Author : Marianne Payot

Publish date : 2025-01-05 10:00:00

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Ces trois résolutions à prendre pour votre épargne (sans être un expert de la Bourse)

CT 3827 PLACEMENTS RETRAITE




En quête permanente du placement le plus rentable, on en oublierait presque que la performance d’un patrimoine dépend de nombreux critères, dont la fiscalité ou la qualité de l’allocation. Bonne nouvelle : sans être un expert de la Bourse, il est possible d’améliorer sa situation en adoptant quelques bonnes habitudes. Tout d’abord, commencez par une analyse de la composition de vos placements : quelle est la part accordée à l’épargne de précaution ? De nombreux Français y conservent des montants bien trop élevés. Pour cela, cumulez les encours du livret A, du livret de développement durable et solidaire (LDDS), de l’épargne logement et des livrets fiscalisés. Vous pouvez aussi y ajouter les sommes placées dans des comptes à terme ou dormant sur un compte courant. Il est généralement recommandé de conserver l’équivalent de six mois de salaire sur ces supports, mais ce chiffre est indicatif et il peut grimper jusqu’à douze mois en fonction de l’ampleur de vos revenus et de la stabilité de votre situation professionnelle. Au-delà, mieux vaut réfléchir à un placement de plus longue durée et, de ce fait, plus rentable : immobilier, obligations, actions…Ensuite, prenez votre courage à deux mains et faites la liste des contrats d’épargne en votre possession, sans oublier les enveloppes collectives auxquelles vous avez adhéré via une entreprise. S’agissant de ces dernières, il est souvent possible de les transférer : une démarche fastidieuse mais qui vous évitera des oublis à l’avenir et vous permettra une meilleure vision globale de vos avoirs et donc une meilleure gestion. C’est en particulier le cas pour les anciens dispositifs retraite, à rassembler sur un PER nouvelle génération. En cas de doute, recourez au service Mes contrats épargne retraite, accessible sur le site info-retraite.fr et sur l’application mobile Mon compte retraite. En matière d’assurance vie, un bilan des performances passées permettra d’identifier les contrats à préserver et ceux à mettre de côté, voire à clôturer.Troisième étape : automatisez ce qui peut l’être pour avoir l’esprit tranquille tout au long de l’année. Mettez en place des versements programmés sur vos différentes enveloppes (assurances-vie, plans d’épargne en actions ou plans d’épargne retraite notamment). Fixez-vous des montants raisonnables étant donné votre capacité d’épargne, car il sera toujours possible de réaliser un versement complémentaire en fin d’année. Vous pouvez aussi opter pour une gestion pilotée, proposée dans de nombreux contrats. Renseignez-vous toutefois sur les performances passées et le tarif avant de signer.



Source link : https://www.lexpress.fr/argent/placements/ces-trois-resolutions-a-prendre-pour-votre-epargne-sans-etre-un-expert-de-la-bourse-GFOIOF4DE5BFBKMAVCT22VU3FE/

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Publish date : 2025-01-05 09:00:00

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Israël confirme la reprise des négociations avec le Hamas pour la libération des otages

Une manifestation pour demander la libération des otages retenus à Gaza, le 4 janvier 2025 à Tel-Aviv




Israël a confirmé, ce samedi 4 janvier, la reprise de négociations indirectes avec le Hamas au Qatar en vue de la libération des otages retenus dans la bande de Gaza, où des frappes israéliennes ont fait plus de 30 morts selon les services de secours locaux.La branche armée du Hamas, comme elle l’avait déjà fait à plusieurs reprises, a publié une vidéo d’une des personnes kidnappées lors de l’attaque du 7 octobre 2023 : Liri Albag, une Israélienne de 19 ans. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a informé ses parents “des efforts en cours pour libérer les otages, notamment la délégation israélienne partie hier (vendredi) pour des pourparlers au Qatar”. Si Israël met l’accent sur la libération des otages, le Hamas, qui avait fait état vendredi de la reprise des discussions, souligne quant à lui l’objectif de parvenir à une trêve à Gaza.Les infos à retenir⇒ La branche armée du Hamas diffuse une vidéo d’une otage retenue à Gaza⇒ L’armée israélienne annonce avoir intercepté un missile tiré depuis le Yémen⇒ L’administration Biden annonce une nouvelle vente d’armes à IsraëlLa branche armée du Hamas diffuse une vidéo d’une otage retenue à GazaLa branche armée du Hamas a diffusé ce samedi une nouvelle vidéo d’une des personnes kidnappées le 7 octobre 2023. La vidéo d’environ 3 minutes et 30 secondes, dont la date d’enregistrement ne peut être vérifiée, montre une jeune femme s’exprimant en hébreu et appelant le gouvernement israélien à agir pour obtenir sa libération.Liri Albag, 19 ans, a été enlevée alors qu’elle faisait son service militaire à la base de Nahal Oz, dans le sud d’Israël, en même temps que six autres soldates, dont cinq sont encore captives. Alors qu’Israël a confirmé samedi la reprise de négociations indirectes avec le Hamas à Doha pour une libération des otages, les parents de l’otage ont affirmé dans un message vidéo avoir “demandé au Premier ministre et au ministre de la Défense que l’équipe des négociateurs ne revienne pas (du Qatar) sans un accord”.L’armée israélienne annonce avoir intercepté un missile tiré depuis le YémenL’armée israélienne a annoncé ce dimanche matin avoir intercepté un missile en provenance du Yémen avant qu’il ne pénètre sur son territoire, un tir revendiqué par les rebelles houthis soutenus par l’Iran. “A la suite des sirènes d’alerte qui ont retenti […] à Talmei Elazar (dans le nord d’Israël, NDLR), un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté avant de pénétrer le territoire israélien”, a annoncé l’armée dans un message sur le réseau social Telegram.Un peu plus tard, les rebelles yéménites ont revendiqué l’attaque. L’opération militaire visait “la centrale électrique Orot Rabin liée à l’ennemi israélien au sud de la région de Haïfa”, et a été menée à l’aide d'”un missile balistique hypersonique”, a affirmé le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree.Des combats en Syrie entre Kurdes et pro turcsPlus de 100 combattants ont été tués ces deux derniers jours dans les affrontements dans le nord de la Syrie entre factions armées soutenues par la Turquie et forces kurdes syriennes, a indiqué ce dimanche l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).Depuis vendredi soir, les combats dans des villages aux alentours de la ville de Manbij ont fait 101 morts, 85 membres des factions syriennes pro turques et 16 des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), a précisé à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. Dans un communiqué, les FDS ont affirmé avoir repoussé “toutes les attaques des mercenaires de la Turquie appuyés par les drones et l’aviation turcs”.Le ministre syrien des Affaires étrangères entame sa première visite au QatarLe nouveau chef de la diplomatie syrienne, Asaad Al-Shaibani, a entamé une visite officielle au Qatar, sa première dans le pays du Golfe depuis la chute du président Bachar al-Assad il y a près d’un mois. Le ministre est arrivé ce dimanche matin pour des réunions, ont affirmé à l’AFP un diplomate syrien à Doha et un responsable qatari. Le Qatar a été le deuxième pays, après la Turquie, à rouvrir son ambassade dans la capitale syrienne après la chute du pouvoir d’Assad.L’administration Biden annonce une nouvelle vente d’armes à IsraëlL’administration américaine de Joe Biden a annoncé samedi une vente d’armes à Israël estimée à 8 milliards de dollars, peu avant le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. La vente, qui doit encore être approuvée par le Congrès, comprend notamment des munitions de défense antiaérienne, selon une source proche du dossier.Avant son départ du pouvoir, Joe Biden balaie ainsi une nouvelle fois la pression mise par certaines organisations de défense des droits humains et des élus démocrates, qui s’opposent à de telles ventes à Israël. “Le président a exprimé de manière claire qu’Israël a le droit de défendre ses citoyens, conformément au droit international et au droit humanitaire international, et de dissuader toute agression venant de l’Iran et de ses organisations affiliées”, a déclaré cette même source.



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Publish date : 2025-01-05 09:02:35

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“C’est peut-être le plus important de mes livres” : Dans les nuits tourmentées de BHL

Entre deux insomnies, Bernard-Henri Lévy, ici à Rome le 21 octobre 2021, publie aujourd'hui "Nuit blanche".




Yeux écarquillés, air surpris, “BHL” ne comprend pas la question, et ça paraît sincère. Non, vraiment, pourquoi à la parution de Nuit blanche (Grasset), son dernier livre, lui reprocherait-on un quelconque snobisme ? Narrer ses insomnies et se présenter ainsi à la face du monde en perpétuel état de conscience et de cogitation, pendant que d’autres, moins tourmentés, oublient le monde le temps d’une nuit, cela n’a rien d’une crânerie.Que ses “frères en insomnie” s’appellent Pessoa et Lautréamont – certainement pas Proust, “trop voluptueuses” ses heures sans sommeil –, ou encore Emmanuel Macron, président de la République, dont il observe, de sa fenêtre, la dernière lumière qui s’éteint, n’a rien d’une fanfaronnade. “C’est une maladie”, nous coupe-t-il, sévère. Alors, ceux qui se moqueront… Il s’en fout royalement. Même s’il lira chaque ligne écrite sur lui, car “ceux qui ne lisent pas sont des mauvais guerriers”. Il lira, mais il promet qu’il n’en sera en rien entamé. Sans doute vrai, sinon se serait-il autorisé, à la fin de son ouvrage, ce qui ressemblerait presque à une provocation : “Je ne comprends pas qu’on puisse consacrer son temps à autre chose qu’à écrire (sur Lautréamont), penser (à l’Ukraine et Israël), travailler (sur Raymond Roussel ou le Maharal de Prague)” ?Bernard-Henri Lévy a le calme des auteurs sûrs d’avoir enfanté une œuvre essentielle. Pas nécessairement pour les autres mais pour eux-mêmes. Il dit : “C’est peut-être le plus important de mes livres”, il complète : “Peut-être celui dont j’attends le moins”, il précise : “Je ne cherche pas à convaincre”. Et on songe qu’il y a dans ces derniers mots beaucoup de sagesse et de résilience, puisque c’est le terme à la mode. Convaincre sur l’Ukraine, convaincre sur Israël, convaincre sur la Libye, mais ne pas chercher à convaincre que lui, le philosophe à la chemise blanche malgré ses guerres, est autre chose que sa caricature publique. Raisonnable.Depuis bien longtemps donc, il ne dort plus et cet éveil ininterrompu peuple ses nuits des figures qui comptent : ses amours, celui de sa vie, Arielle Dombasle, sa fille adorée Justine, les amis précieux… Voilà pour la joie. Puis ses morts. Voici le problème, lui suggérait le camarade Philippe Sollers, “c’est que tu en as trop vu”. Comment se laisser aller après avoir observé les charniers, les cadavres, les blessés ? Tous le persécutent, il y tient : “Défendre Israël et sa stratégie n’empêche pas d’être bouleversé par ce qui se passe à Gaza à moins d’être un barbare, une brute.” Il insiste : “Les gens pensent que je fais le malin quand je dis que j’en ai trop vu. Mais non. Pas tant que ça. […] Mais s’il y en a un qui sait, qui a vu et entendu, je crois hélas que c’est moi, et ce n’est pas évident de retrouver le sommeil après ça.” On grimace. A peine 20 pages et déjà le BHLisme point. Cette tentation toujours de se tenir au centre. Au centre de l’événement, au centre des guerres, au centre de l’image…On poursuit notre lecture, et on croise au fil de ses nuits agitées d’autres personnages, plus intimes ceux-là. Ici le père, André Lévy, qui dort peu et surgit au milieu de la nuit pour lire les pages raturées par son fils avant que l’encre n’ait fini de sécher. Aux côtés de “ce roi secret qui régnait sur la plupart de ceux qui l’approchaient, j’ai assisté à des renversements d’ascendant avec des personnages extrêmement considérables qui avaient toutes les raisons d’avoir de l’ascendant sur lui, confie BHL. Je me souviens de François Mitterrand face à mon père, en six minutes l’autorité s’était retournée, un phénomène chimique étrange.” Admiration sereine pour cet homme ou angoisse narcissique de ne pas le talonner ? Bernard-Henri Lévy n’en dit rien, pas un mot, et soudain le lecteur repense avec plus de compassion au beau rôle qu’il s’est façonné.Enfin, la mort apparaît. La sienne. “Je me demande si l’insomnie n’est pas mortelle et je n’ai pas de réponse”, murmure-t-il. Serait-il inquiet ? Bien sûr que non, lui qui en a tellement vécu qu’il a “tendance à se sentir hors d’atteinte”. Il relate “les risques inconsidérés” pris sur ses tournages, il espère, il réclame une mort consciente, hanté par ces gens qui rêvent de mourir dans leur sommeil. On songe : “Encore une bravade toute BHLienne.” Il clarifie : “Je veux habiter ma mort, pour transmettre. C’est l’un des moments où on a des choses à dire à ses proches.” Alors tout s’éclaire. La cause de ses insomnies, de ce bouillonnement, de ces excès… La peur de partir sans bruit, sans trace.Nuit blanche, par Bernard-Henri Lévy. Grasset, 190 p., 18,50 €.



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Author : Laureline Dupont

Publish date : 2025-01-05 08:15:00

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Frédéric Beigbeder : “On dit que les boomers étaient tous des dingues, et c’est peut-être vrai”

L'écrivain Frédéric Beigbeder, ici lors du 75e Festival de Cannes, le 22 mai 2022.




On avait laissé Frédéric Beigbeder avec ses Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé (Albin Michel), livre au succès ambivalent : il a plu à un lectorat conservateur mais a valu à son auteur les foudres des néo-féministes. Dans la foulée, Beigbeder a perdu son père. Ecrire aujourd’hui sur ce géniteur insaisissable dans Un homme seul (Grasset, parution le 8 janvier) lui permet de doubler l’analyse psycho-généalogique d’une réflexion sociologique sur une figure aujourd’hui décriée : le mâle blanc du XXe siècle. Pionnier dans le secteur des chasseurs de têtes en France, Jean-Michel Beigbeder (1938-2023) fut un homme d’affaires international, couvert de femmes et doté d’une empreinte carbone à donner des cauchemars à Marine Tondelier. Mais, bien avant cela, il fut aussi un enfant brisé, envoyé par ses parents dans un pensionnat sinistre (Sorèze, dans le Tarn) où l’on se demande jusqu’où allèrent les châtiments, voire les abus. Sans l’excuser, son fils cherche à comprendre cet homme miné toute sa vie par une profonde mélancolie – les transfuges de classe n’ont pas le monopole du spleen…Au bar de l’hôtel des Saints-Pères, où il nous reçoit un matin, Beigbeder a toujours la silhouette et la bonne humeur de sa vingtaine alors qu’il fêtera ses 60 ans dans quelques mois. Le “jeune homme dérangé” des années 1990 a désormais l’âge d’être grand-père. Assagi, mais toujours aussi drôle, il répond à nos questions avec son éternel esprit.L’Express : La mort du père est un sujet intemporel, mais on observe en ce moment une tendance : Clémentine Mélois et Thibault de Montaigu à la dernière rentrée littéraire, Vanessa Springora ce mois-ci. Comment l’expliquez-vous ?Frédéric Beigbeder : Tous ces auteurs que vous citez sont nés dans les années 1970-1980, je suis un peu plus vieux mais nous avons le même cheminement. Ils tentent de savoir qui ils sont, et pour ça on ne peut pas faire l’impasse sur ce qu’ont été ces hommes qui ont connu la guerre ou l’après-guerre, et ont ensuite eu envie de faire exploser toutes les structures (familiales, religieuses, sociales), des schémas qui duraient depuis des siècles. Ma génération essaie de comprendre quelles ont été les conséquences de la libération sexuelle, de la société de consommation, comment c’était pour nous de grandir dans une période de perte des repères, de disparition des structures qui faisaient tenir le monde occidental. Pardon pour cette réponse un peu ambitieuse !En exergue, vous citez Balzac : “La patrie périra si les pères sont foulés aux pieds. Cela est clair. La société, le monde roulent sur la paternité, tout croule si les enfants n’aiment pas leurs pères.” Vous partagez cet avis ?La fin du Père Goriot est déchirante, mais elle raconte le contraire que j’ai vécu : dans le roman de Balzac, les filles récupèrent un héritage et ne viennent pas le voir quand leur père meurt ; à l’inverse, je n’ai hérité de rien et j’étais là avec mon frère à tenir la main de notre père. Honnêtement, je ne voulais pas faire ce livre. J’ai écrit un discours pour l’enterrement de mon père, et des choses me sont revenues. Il y a une émotion incontrôlable à perdre celui sans lequel on ne serait pas là. Des émotions contradictoires vous envahissent et vous inspirent. Cela dit, j’espère que tous les écrivains qui perdront leur père ces prochaines années ne nous infligeront pas leurs 200 pages. Il y a beaucoup de livres sur la mort du père qui me plaisent, mais aussi beaucoup qui m’emmerdent !Quels sont vos préférés ?Franz et François de François Weyergans est l’un des plus beaux. Weyergans dit qu’il a un rapport idolâtre et rancunier avec son père, qui était écrivain comme lui. Ces mots me vont bien, je les lui emprunte volontiers pour qualifier mon propre livre. J’ai lu La Place d’Annie Ernaux, et j’ai trouvé que c’était plutôt réussi : elle est remontée dans mon estime ! Autant Edouard Louis a été trop rancunier et pas assez idolâtre, autant Annie Ernaux a trouvé le bon équilibre. Eric Neuhoff dit qu’il est impossible de rater un livre sur ce sujet, il n’a pas tort : même Alexandre Jardin a réussi Le Zubial…Un homme seul est-il une défense du mâle blanc bourgeois, si décrié depuis quelques années ?Au contraire, je crois que je suis assez sévère avec lui. Dans le milieu bourgeois béarnais dont était issu mon père, né en 1938, on traitait les enfants comme des objets et on les exilait à l’âge de 8 ans dans des pensionnats sinistres. Les parents voyaient leurs enfants deux fois dans l’année. J’ai peu échangé avec mon père. Il était claquemuré, incapable de parler à ses fils. Son enfance l’a fait souffrir, puis il a voulu s’échapper, il a eu ce rêve américain, des vies cachées… Dans mon livre, je ne cherche pas à l’excuser, mais à faire connaissance avec lui. Il a voulu vivre dans une utopie de voitures de sport, d’agences de mannequins, d’hommes d’affaires internationaux. Le capitalisme, la jet society, les clubs de dirigeants en costume-cravate qui ne parlent que de fric et de sexe : ce monde à la Mad Men, dont je me suis moqué dans mes livres, c’est le sien.”Le divorce est un cataclysme”Votre père pesait 150 kilos. Le fait que vous soyez si mince est une réaction ?C’est sûr que sa silhouette m’angoissait… Son laisser-aller physique me semblait contraire au dandysme. J’y voyais un manque d’exigence. En étudiant son enfance, j’ai compris que s’y cachait probablement un secret qu’il ne nous a jamais dit, un traumatisme au pensionnat qui expliquerait son obésité. Ce n’était pas de la négligence, mais un appel au secours : il avait toujours trois pull-overs tellement il était frileux, il mangeait tout le temps pour compenser quelque chose dont il ne parlait pas. Je suis assez critique envers l’exhibitionnisme ambiant, mais écrire permet parfois d’aller percer quelques mystères, combler quelques non-dits… On dit que les boomers étaient tous des dingues, des Harvey Weinstein en puissance – et c’est peut-être vrai. Il faut se demander d’où cela venait. Je suis convaincu qu’éduquer les garçons dans des pensionnats n’a pas aidé à former des hommes équilibrés et respectueux. Ils étaient aux mieux victimes de châtiments corporels, au pire d’abus sexuels. En Angleterre, c’est encore le cas. L’élite anglaise n’est constituée que boomers traumatisés.Vous écrivez : “Le divorce est un cataclysme que mes deux parents ont tenu à faire passer pour un non-événement, banal et détendu.” Puis : “La plus grande honte de ma vie est d’avoir fait subir le même sort à ma fille aînée.” La banalisation du divorce vous semble être un fléau civilisationnel ?Vous m’entraînez sur un terrain réactionnaire… J’ai divorcé deux fois. Quand on ne s’aime plus, il faut se quitter, on n’a pas le choix. Mais je n’aime pas qu’on fasse semblant que ce n’est pas grave et que tout va bien, alors que c’est un cataclysme. Pour protéger l’enfant, on lui raconte n’importe quoi, et il grandit dans le mensonge. J’ai attendu l’âge de 40 ans pour apprendre que c’est ma mère qui avait quitté mon père. Je pensais que c’était lui le salaud, alors que l’histoire était plus complexe… Le divorce est un chagrin. En ce qui me concerne, il y a un lien entre le divorce de mes parents et l’écriture, car j’ai commencé à écrire quand mon père nous emmenait en vacances. On le voyait tellement peu qu’il me fallait en garder une trace.Votre père ne s’est vraiment pas du tout occupé de vous ?Quand il venait me rendre visite au Pays basque et qu’il me voyait m’occuper de mes enfants, il était sidéré. Nous sommes la première génération à l’avoir fait. C’est parfois pénible, mais on l’a fait ! Quand on doit jouer au Uno ou aux Lego, le temps peut sembler long… Dans un de mes livres précédents, Un barrage contre l’Atlantique, j’écrivais que mon métier, c’est ramasseur de Playmobil. Nous sommes les premiers ramasseurs de Playmobil de l’histoire de l’humanité.Votre père fut un pionnier de la chasse de têtes en France. Il a brillamment réussi mais est mort ruiné. Dans votre livre, vous n’en donnez pas clairement la raison…Je parle d’une vérification fiscale qui a dû être entreprise sur délation. Au sommet de sa gloire, dans les années 1980, mon père avait des maisons à Londres, New York, Verbier, Paris, Saint-Tropez… Du jour au lendemain, il a tout vendu pour payer une énorme dette fiscale – c’était ça ou la prison. Il a fait fortune et il a tout perdu, ce qui le rend romanesque mais m’a fait me construire sur un sable mouvant. Si des patrons du CAC 40 lisent Un homme seul, ils seront surpris : ils ont dû croiser mon père au Club des Cent, au Siècle, au Travellers, au polo. Il donnait le change : il était cultivé, brillant, original. Jusqu’au bout, quand il a eu la maladie de Parkinson et un cancer, il faisait bonne figure. Personne ne se doutait qu’en fait il ramait, qu’il n’avait plus son mode de vie flamboyant d’antan. Mon père était un homme du XXe siècle qui n’a pas su s’adapter au XXIe siècle.Une émission de télé transformée en tribunal, j’avais trouvé ça hallucinant.Et vous, quelle est votre place dans le paysage littéraire actuel ? Vos Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé ont été un succès commercial, mais j’ai l’impression qu’elles ont nui à votre image…C’est un livre que j’assume, qui est composite : dans un chapitre, je raconte pourquoi j’ai arrêté la cocaïne, dans un autre je fais une retraite dans un monastère, puis je passe un séjour extraordinaire dans l’infanterie de marine. Cette démarche a été perçue comme un éloge de la réaction, alors que c’est purement empirique : quand on cesse de se droguer, on a besoin de retrouver des structures. Chez les moines et les militaires, je me suis bien senti. Après, j’ai ajouté mon délire hétéro en me présentant comme un obsédé fou des femmes. Je n’avais pas l’impression que c’était scandaleux. La plupart des gens qui ont attaqué ce livre ne l’ont pas lu. Et quand ils le lisent, ils sont très déçus. C’est un livre assez tranquille, le bilan d’un quinquagénaire. Dans Un homme seul, je me demande aussi d’où vient ma fascination pour la beauté féminine, mon goût pour la satire et le sarcasme. Je réponds à mes détracteurs : si vous m’en voulez pour mes Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé, sachez que tout est la faute de mon père !La promo des Confessions… n’avait pas été de tout repos. A C à vous, Anne- Elisabeth Lemoine et ses chroniqueurs vous étaient tombés dessus…Une émission de télé transformée en tribunal, j’avais trouvé ça hallucinant. Hors antenne, Anne-Elisabeth Lemoine me disait “j’ai adoré ton livre, c’est bien de dire tout ça”, et dès qu’on était en direct : “Comment osez-vous ?” Quelle tartufferie ! Je parle de mes problèmes avec transparence, j’interroge l’atrocité d’être un homme, je m’autoflagelle en me présentant comme un pauvre toxicomane obsédé sexuel qui essaie de se soigner. Et on me répond que je suis un porc dégueulasse, que je ferais mieux de m’écraser et de foutre le camp. C’est fou ! Je crois qu’Un homme seul tente de comprendre ce pétage de plombs et de déconstruire l’hétéro dépassé…Vous avez longtemps travaillé à la télé. Comment jugez-vous l’évolution moralisatrice des émissions de divertissement ?Au risque de vous décevoir, je trouve ça très bien, la morale. Je pense qu’il y a le bien et le mal, et qu’il est préférable de faire le bien plutôt que le mal. C’est un scoop : je suis un individu moral ! En revanche, je n’aime pas qu’on fasse la morale dans les livres et les films. Des œuvres d’art n’ont pas à nous expliquer quoi penser, avec manichéisme. Les journalistes s’abandonnent à une forme de lâcheté par rapport à l’air du temps, ils veulent être dans le camp du bien pour se faire aimer du public. Il y a une tendance à l’aseptisation des artistes, ce qui transforme les interviews en séances d’autocritique ou en procès, c’est un mélange de démagogie et d’inculture – j’y vois une méconnaissance de toute l’histoire de l’art. Les médias traditionnels devraient se méfier : en devenant des endroits où l’on reçoit des leçons de morale, ils poussent le public vers les extrêmes, jugés plus libres, et favorisent à terme l’élection de populistes à la Donald Trump. Heureusement, il y a encore des endroits où l’on peut converser librement, comme nous le faisons là.Vous n’êtes plus l’écrivain à la mode de l’époque de 99 francs et, bien que travaillant pour Le Figaro Magazine, vous ne pouvez pas être une icône de la droite conservatrice. Je dirais que vous devenez peu à peu un François Nourissier pop. Quelle peut être la place d’un Nourissier pop en 2025 ?Tout à fait centrale ! Indispensable ! Blague à part, physiquement, je ne peux plus être ce branché qui se couchait à 6 heures du matin tous les jours. “Nourissier pop”, je trouve ça flatteur ! J’aimais beaucoup ses livres, et je suis triste qu’on l’oublie. Un petit-bourgeois est un chef-d’œuvre – c’est d’ailleurs un livre où il raconte que son père est mort à côté de lui dans un cinéma. Il m’a sûrement influencé, comme Franz et François de Weyergans. Il y a quelques années, un patron de Livres Hebdo, Pierre-Louis Rozynès, m’avait surnommé “François Nourrisson” – il y a donc une continuité dans ce que vous dites. Quand j’étais jeune, je voulais faire partie de ce milieu, être publié, parler des livres des autres, recevoir les nouveaux romans gratuitement par la poste, rencontrer les auteurs que j’admirais, descendre les autres, grenouiller dans ce monde de gens intelligents, marrants, alcooliques… De ce point de vue, je suis heureux : je vis loin de Paris et, quand je viens, je rencontre des gens pas complètement cons, qui ont un autre but dans la vie que le fric. Le monde entier devrait nous envier ce luxe !Je vous prédis qu’Edouard Louis va devenir intéressant.Vers la fin de votre livre, vous écrivez : “Aujourd’hui encore, crier’ouin-ouin’me rapporte du pognon.” Pourquoi vous dénigrez-vous ainsi ? Vous valez bien mieux que ça !C’est un petit pied de nez aux néo-féministes radicales : chaque fois que je parlais de la souffrance intense du mâle blanc quinquagénaire, j’entendais des “ouin-ouin” de manifestantes dans les librairies où je signais. Elles ont raison : je suis un pleurnichard, et c’est mon fonds de commerce depuis Mémoires d’un jeune homme dérangé. Je me lamente sur mon sort, si possible avec quelques blagues pour désamorcer.De nos jours, beaucoup d’auteurs font “ouin-ouin” sans la moindre plaisanterie…C’est l’autodérision qui manque. Le “ouin-ouin” n’est supportable que s’il est suivi d’un “ah ! ah !”. S’il est suivi de “snif snif”, ça ne va pas. La tournure qu’est en train de prendre cette interview !Qui rangez-vous dans la catégorie “ouin-ouin snif snif” ? Edouard Louis ?L’Effondrement, qu’il a fait paraître en octobre, est à mon avis son meilleur livre. J’ai l’impression qu’il va bien évoluer. Il a fait le tour de sa famille, il va falloir qu’il parle d’autre chose. Louis a beaucoup de défauts, c’est le Calimero des lettres, mais il est lucide sur son embourgeoisement. Je vous prédis qu’il va devenir intéressant.Vous qui connaissez bien les deux milieux, êtes-vous d’accord avec Eric Neuhoff quand il dit que les écrivains sont moins susceptibles que les cinéastes ?C’est à relativiser : les nouvelles générations ne sont pas du tout prêtes à être critiquées. Les jeunes sont très douillets, ce que Bret Easton Ellis a bien décrit dans White. J’ai grandi en lisant dans la presse les articles souvent saignants de Renaud Matignon et Angelo Rinaldi. Je tiens l’éreintement pour un art respectable. J’ai d’ailleurs eu la chance d’être descendu par Rinaldi pour Windows on the World. J’en avais été blessé mais honoré. Il faut de la polémique, ou la littérature mourra.Un peu de culture générale pour finir. Le livre préféré de votre père était Les Thibault de Roger Martin du Gard. L’avez-vous lu ?Oui, et j’ai été très agréablement surpris. C’est ample, impressionnant. Ce n’est pas pour rien que Martin du Gard a reçu le prix Nobel de littérature en 1937. Sur la psychologie des personnages, il est parfois meilleur que Proust. J’ai été touché par la relation des deux frères, par cette famille qui ressemble à la mienne, la description d’un milieu engoncé, hypocrite… Cette saga mérite d’être redécouverte. C’est facile à lire, les phrases y sont moins longues que chez Proust. Et la description du pensionnat, que Martin du Gard compare à un pénitencier, me fait comprendre pourquoi mon père aimait tant ce livre – il devait lui rappeler son enfance…Au début de votre livre, vous mettez en boucle Never Going Back Again de Fleetwood Mac ; à la fin, votre père n’écoute plus que la Sonate pour piano n°16 de Mozart. Vos goûts musicaux évoluent-ils avec le temps ?J’ai travaillé pendant deux saisons sur Radio Classique. N’étant pas tellement mélomane, cela m’a permis de me cultiver, grâce aux morceaux que mes invités passaient dans mon émission. J’ai des goûts de vieux : j’aime la musique baroque, Lascia ch’io pianga de Haendel, les compositeurs français… Pour clore cette interview, j’ai d’ailleurs une proposition à vous soumettre. Je suis favorable à ce qu’on remplace La Marseillaise par Les Indes galantes de Rameau. Relisez les paroles : “Forêts paisibles/Forêts paisibles/Jamais un vain désir ne trouble ici nos cœurs…” Ça ferait un excellent hymne national, vous ne trouvez pas ?Un homme seul, par Frédéric Beigbeder. Grasset, 213 p., 20 €. Parution le 8 janvier.



Source link : https://www.lexpress.fr/culture/livre/frederic-beigbeder-on-dit-que-les-boomers-etaient-tous-des-dingues-et-cest-peut-etre-vrai-JPGZNPZZQNDQVA3UVQQHTVW5WQ/

Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld

Publish date : 2025-01-05 08:00:00

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Claude Allègre, ancien ministre de l’Education nationale, est mort

Former Education minister Claude Allegre poses on April 5, 2008 during the Cit? de la R?ussite in Paris. This year?s key focus of the Cit? de la R?ussite was "Commitment". Since 1989, La Cit? de la R?ussite has gathered students from Europe?s most prestigious universities and elite schools to listen to an exceptional panel of speakers coming from various backgrounds. Tackling political, cultural and scientific issues, it is highly regarded as a forum for reflection, debate and discussion in order to better understand the world of today and to envisage its foundations of tomorrow.    AFP PHOTO/FRANCOIS GUILLOT




L’ancien ministre de l’Education nationale, Claude Allègre, est décédé ce samedi 4 janvier à Paris à l’âge de 87 ans, a annoncé son fils à l’AFP. Ce géochimiste de formation, connu pour son franc-parler, a occupé la rue de Grenelle de 1997 à 2000, lorsque Lionel Jospin, un de ses proches, était Premier ministre. A peine quelques semaines à ce poste que ses déclarations détonnent, notamment celle promettant de “dégraisser le mammouth” de l’Education nationale – qui perdurera.Longtemps membre du Parti socialiste, avant de se rallier à Nicolas Sarkozy en 2007, Claude Allègre, scientifique internationalement reconnu et ayant exercé un rôle majeur à l’Institut de physique du Globe de Paris, s’était aussi fait remarqué, plus récemment, pour des prises de position très controversées sur le changement climatique.>>> Plus d’informations à venir



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/claude-allegre-ancien-ministre-de-leducation-nationale-est-mort-OUIIGVFGFFGC3JGOD45SYMYMNU/

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Publish date : 2025-01-04 17:21:05

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Marée noire en Crimée et en Russie : le “désastre écologique” continue de s’étendre

Des sauveteurs interviennent sur une marée noire le long du littoral de la mer Noire, causée par le naufrage de deux pétroliers russes lors d'une tempête dans le détroit de Kertch entre la Crimée et la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, le 15 décembre 2024, image tirée d'un document diffusé par le ministère russe des situations d'urgence le 17 décembre 2024




Une catastrophe pétrolière aux conséquences écologiques majeures. La péninsule de Crimée, région ukrainienne annexée par la Russie depuis 2014, connaît une importante marée noire sur ses côtes ces derniers jours. En cause : les naufrages successifs de deux pétroliers russes dans le détroit de Kertch, passage entre la mer Noire et la mer d’Azov. Ces deux navires se sont abîmés après le passage d’une forte tempête dans la région.Les plaques de mazout s’accumulent dorénavant sur le littoral ukrainien et ont même atteint, ce samedi 4 janvier, la grande ville de la région, Sébastopol. Selon le gouverneur russe de la région, Mikhail Razvozhaev, quelques traces de pétrole ont été retrouvées sur quatre plages de la péninsule, mais ont été “rapidement éliminées” par les services locaux. Selon les autorités russes, environ 200 000 tonnes de sols pourraient être concernées par une pollution liée à cet écoulement de fioul ces dernières semaines dans la zone. 86 000 tonnes de sable ont déjà été nettoyées sur place, précisent-elles.Le président russe, Vladimir Poutine, a lui-même évoqué la catastrophe, la qualifiant de “désastre écologique”. Des volontaires ont rejoint les équipes mobilisées pour tenter d’assainir le littoral, a ajouté le maître du Kremlin, engagé dans une guerre depuis près de trois ans avec Kiev. Un conflit qui empêche d’ailleurs la coopération entre les deux États sur ce dossier, à l’inverse de la précédente marée noire dans la région, en 2007. À l’époque, les gouvernements des deux pays avaient collaboré pour endiguer la pollution liée au mazout. Celle-ci avait tout de même causé à l’époque la mort de plusieurs dizaines de milliers d’oiseaux et de poissons.”Flotte fantôme” russeL’accident révèle aussi une autre problématique liée à l’affrontement militaire entre les deux pays. L’Ukraine pointe en effet le rôle dans cette marée noire de la “flotte fantôme” russe, ces bateaux, souvent vieux, affrétés dans l’ombre par Moscou pour transporter du carburant en contournant les sanctions internationales. Les deux navires russes échoués en mer Noire avaient ainsi été fabriqués il y a plus de 50 ans.”La plupart des plus de 1 000 pétroliers de la ‘flotte fantôme’ russe sont désespérément obsolètes, ont des polices d’assurance fictives, dissimulent leurs véritables propriétaires et surchargent souvent le pétrole en mer. D’autres accidents de grande ampleur sont statistiquement inévitables”, déplorait en décembre Mykhaïlo Podoliak, un des conseillers du président ukrainien Volodymyr Zelensky.Fioul aux caractéristiques uniquesMercredi 25 décembre, plusieurs scientifiques russes avaient ouvertement critiqué la gestion de la crise par les autorités – chose rare dans un pays où ce genre de propos est généralement réprimé de façon sévère. “Il n’y a pas de bulldozers sur place, pas de camions. Pratiquement aucun équipement technique”, avait ainsi pointé l’hydrologue Viktor Danilov-Danilian, directeur scientifique de l’Institut des problèmes d’eau de l’Académie russe des sciences, lors d’une conférence de presse. Le spécialiste avait aussi fustigé la distribution aux volontaires de “sacs en plastique inutiles qui éclatent” pour nettoyer le mazout. “En attendant que ces sacs soient enfin récupérés, la tempête arrive et ils se retrouvent de nouveau dans la mer. C’est impensable !”Les autorités russes, elles, défendent leur stratégie, invoquant le caractère inédit de la catastrophe en raison du type de pétrole propagé. Le naufrage des deux navires constitue “le premier accident au monde impliquant du fioul ‘lourd’ de qualité M100”, a ainsi déclaré le service russe chargé des sauvetages en mer. Ce type de fioul “ne flotte pas à la surface”. Or, “il n’existe aucune technologie éprouvée dans le monde pour l’éliminer dans l’eau […] ; c’est pourquoi la principale méthode est la collecte sur le littoral”, affirme cette même source.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/maree-noire-en-crimee-et-en-russie-le-desastre-ecologique-continue-de-setendre-D7PY4RGMYZCJRDBJRWL3QV3X6Q/

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Publish date : 2025-01-04 15:36:13

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LSD, champignons hallucinogènes, ecstasy : “Certaines thérapies psychédéliques peuvent soigner”

Démonstration faite à la clinique Field Trip, à Toronto le 28 août 2020 de la manière dont les patients sont installés lors de l'administration de psychédéliques




Du LSD aux champignons hallucinogènes en passant par l’ecstasy… Les drogues psychédéliques ont bien des visages. On les associe volontiers à des dérives et à des menaces sanitaires, moins aux espoirs qu’elles suscitent dans le champ de la santé mentale. Pourtant, le phénomène n’a rien de nouveau. La médecine occidentale a expérimenté les substances psychédéliques dans les années 1950 à 1960, avec des résultats intéressants. Puis le président américain Richard Nixon a déclaré sa fameuse “War on drugs” (guerre aux drogues). Bannies, honnies, ces substances sont devenues illégales, puis oubliées du monde de la recherche… Jusqu’à ce que quelques militants et médecins parviennent à convaincre les autorités de leurs pays – Etats-Unis, Canada, Pays-Bas, Suisse – de lancer des essais cliniques, persuadés de l’intérêt de ces substances pour les troubles mentaux. Une “remédicalisation des drogues” souhaitée par de nombreux spécialistes et patients atteints de dépressions résistantes, de troubles du stress post-traumatique ou souffrant d’addiction.C’est cette passionnante renaissance que Dominique Nora, grand reporter au Nouvel Obs, décrit dans son livre Voyage dans les médecines psychédéliques (Grasset, à paraître le 8 janvier) à travers des témoignages, mais aussi en s’appuyant sur de nombreuses études scientifiques, ainsi que sa propre expérience. Car la journaliste de 67 ans a aussi expérimenté une thérapie avec de la MDMA (ecstasy) en France, avec un thérapeute pratiquant en toute illégalité. “La preuve que malgré l’interdiction la demande existe et doit être encadrée”, plaide-t-elle.L’Express : Votre livre n’est “pas une incitation à devenir psychonaute” (un expérimentateur de drogues), mais veut montrer “les bienfaits de ces nouvelles anciennes thérapies”, écrivez-vous. La ligne de crête entre les deux mondes peut parfois être étroite. Comment avez-vous gardé le cap ?Dominique Nora : Mon cap, c’est l’intérêt thérapeutique. J’ai voulu aborder ce sujet par la médecine et la science et rappeler que plus de 300 essais cliniques prometteurs ont été menés sur la planète ces dernières années. Bien sûr, il reste des questions, et certains résultats doivent encore être affinés. Le message que je veux faire passer avec ce livre, c’est que certaines thérapies psychédéliques peuvent soigner. Elles ne fonctionnent pas à tous les coups, ce ne sont pas des remèdes miracle, mais il s’agit d’une piste d’innovation pour le secteur de la santé mentale. La science et la médecine doivent s’en saisir, car la psychiatrie se trouve dans une impasse. Près de 300 millions de personnes sont atteintes de dépression dans le monde, il y a un suicide toutes les quarante secondes, des vétérans de guerre souffrent de stress post-traumatique, sans parler des addictions. C’est contre-intuitif, mais le LSD ou les champignons sont testés contre l’alcoolisme et des essais cliniques ont montré que cela peut fonctionner.Avant que les essais cliniques ne reprennent partout dans le monde, il y a eu une période de black-out de cinquante ans, à cause de la “guerre aux drogues” menée par le président Nixon. Pourquoi a-t-il voulu enterrer ces substances ?Dans les années 1960 et 1970, ces psychoactifs sont devenus totalement hors de contrôle. Il y a même eu des professeurs d’université comme Timothy Leary, à Berkeley (Californie), qui ont fait des expérimentations sur leurs étudiants avec du LSD ! Ces substances se sont ensuite répandues de manière incontrôlée dans la société civile, notamment sur les campus universitaires. Or si on les prend sans contrôle, cela peut être extrêmement dangereux. Et il y a eu des accidents. Mais ces problèmes de santé publique bien réels ont été récupérés par le politique parce que les gens qui se droguaient – dont les étudiants – étaient ceux qui contestaient la politique de Nixon et la guerre au Vietnam. C’est cette contre-culture que le gouvernement américain a voulu abattre avec la “guerre aux drogues”.Le 9 août 1974, le 37e président des Etats-unis Richard Nixon, sous le regard de sa fille Tricia Nixon Cox et son gendre Edward Cox.Vous écrivez que cette guerre a eu un impact mondial – les Nations unies ont déclaré les psychédéliques illégaux – et a même touché la France…Un fait amusant concernant la propagation à la France est le rôle de Claudine Escoffier-Lambiotte, une journaliste du Monde [NDLR : elle dirigeait la rubrique médicale du quotidien de 1956 à 1988]. Elle a complètement exagéré les problèmes américains en se basant sur le témoignage d’un médecin français peu informé. Il y a alors eu une surmédiatisation des dangers du LSD et nous avons été le premier pays à l’interdire, avant même les Etats-Unis ! Il y avait aussi eu des expérimentations ratées du LSD en psychiatrie. A l’hôpital Sainte-Anne (Paris), les médecins l’ont utilisé sans les protocoles américains qui visaient à mettre en condition les patients, à les accompagner pendant le trip dans un cadre bienveillant, etc. Ces thérapies étaient administrées de manière très abrupte, donc les patients qui faisaient des mauvais voyages (bad trips) n’étaient pas secourus et en gardaient de très mauvais souvenirs.Ces stigmates historiques expliquent que la France soit la lanterne rouge aujourd’hui. Notre culture de la prohibition n’arrange rien – on l’a vu sur le cannabis thérapeutique -, pas plus que l’état de la psychiatrie. La situation est tellement dégradée que les soignants et chercheurs n’ont pas le temps de faire des études cliniques en plus de leur travail habituel.Malgré les centaines d’essais cliniques récents, il reste encore des questions. Les chercheurs n’ont-ils pas des difficultés à déterminer la part entre l’effet placebo, l’effet de la thérapie, et celui de la drogue dans la réussite des traitements ?Mes recherches ainsi que mon expérimentation personnelle – avec la MDMA, l’ayahuasca, l’hypnose, la transe – m’ont appris que les substances psychédéliques induisent un état de conscience modifié. Et cette plasticité de l’état de conscience modifié peut être un moyen d’approfondir une psychothérapie. Cet état peut être obtenu par la respiration ou la transe, mais les psychédéliques l’induisent de manière plus puissante. C’est ce que j’ai expérimenté : j’avais fait des psychothérapies dans ma vie, mais je n’avais jamais pu dire ce que j’ai exprimé sous MDMA, car cette substance enlève toutes les barrières mentales : le cerveau n’est plus aux commandes, c’est le cœur et les tripes qui parlent.Quelles modifications ces substances opèrent-elles sur le cerveau ?Mon chapitre dédié à l’aspect scientifique s’appuie beaucoup sur un webinaire produit par le centre psychédélique de l’université de Berkeley. Il a été montré que la plupart de ces substances éteignent le “mode par défaut” du cerveau, c’est-à-dire le mental et l’ego, et qu’elles favorisent des connexions nouvelles dans le cerveau, avec des axones et des dendrites [NDLR : deux des trois principales parties des neurones] qui “poussent” et se connectent différemment. Ces connexions neuronales différentes entraînent une nouvelle plasticité neuronale. Les circuits cognitifs sont modifiés, ce qui autorise la personne à penser différemment.Pourquoi est-ce thérapeutique ? On ne connaît pas tous les liens entre la plasticité neuronale et le mieux-être psychologique. Mais cela peut remettre en perspective des traumas, des obsessions, des addictions, etc. Tous ces circuits obsessionnels et ruminatoires peuvent être modifiés dans cet état de conscience modifiée. Des personnes que j’ai interrogées m’ont dit : “c’est comme si on avait ouvert les rideaux” ou “j’ai enfin ouvert les yeux sur la réalité, sur qui je suis, sur ma vie”, comme si on enlevait des filtres nocifs.De gauche à droite : psilocybine (champignons hallucinogènes), kétamine et LSD. Le rouge indique une plus grande diversité de l’influx nerveux.Outre la prise de la substance, l’autre partie de cette thérapie est l’accompagnement dans un cadre médical et le suivi par psychothérapie. Pourquoi est-ce important ?Selon moi, le soin n’est pas obtenu par la molécule, mais par l’état de conscience modifié qui permet d’aller plus loin en psychothérapie. Toutes les thérapies par psychédéliques doivent être accompagnées et encadrées. Penser que la molécule seule va faire effet sans psychothérapie est une fausse piste. Il faut donc un bon thérapeute : les gens ne doivent pas prendre ces substances seuls et se dire “cela va me soigner et je vais régler tous mes problèmes”.Existe-t-il des études permettant de savoir avec précision quelle psychothérapie est la plus efficace, si ce sont les prises de parole en groupe ou les accompagnements seuls avec un thérapeute ?Il existe des essais cliniques sur la prise de parole en groupe aux Etats-Unis dont les résultats sont très bons. Cela concerne en particulier deux populations : les vétérans de guerre qui souffrent de troubles du stress post-traumatique et les personnes en fin de vie, par exemple celles qui souffrent de cancer incurable. Ces deux populations font face à l’angoisse de la mort et le fait de se retrouver en groupe et de pouvoir en parler avec des pairs est très bénéfique.Le thérapeute Tyler Case (à droite), lors d’une formation dispensée par l’entreprise Fluence pour devenir superviseur en “thérapie psychédélique”, le 10 mai 2023 à Portland, en Oregon, Etat américain qui a autorisé les cures de psilocybine.De manière générale, je l’ai vu lors des cérémonies ayahuasca [concoction hallucinogène à base de plantes], cela fait du bien de se confier après un voyage, de sentir une solidarité, qui est thérapeutique en soi. Mais cela ne convient pas à tout le monde. Ce qu’il faut rappeler, c’est que ces thérapies coûtent très cher car il faut accompagner les personnes pendant leur voyage, qui peut durer six à dix heures. Or le temps des soignants est précieux. Donc la prise de parole collective est économiquement plus viable pour les systèmes de santé. Idéalement, la préparation devrait se faire en face-à-face avec un soignant, et le voyage en groupe.Vous citez une soignante pour qui l’important dans la prise en charge des patients est d’assurer “la distance dans l’hyper présence”. Qu’est-ce que cela signifie ?J’ai eu la chance d’assister à la formation de médecins du CHU de Nîmes qui mènent des essais cliniques sur les psychédéliques. Des médecins suisses et un médecin allemand sont venus les former et c’est une infirmière suisse qui m’a dit cette phrase : elle signifie que les soignants doivent avoir la faculté de calmer et rassurer les patients qui sont en bad trip, mais sans faire de thérapie à vif. Ils ne rentrent pas dans les problématiques sur le moment, mais leur disent que tout va bien, que leurs réactions sont normales. La formation était très amusante, car des médecins simulaient des paniques ou des euphories afin de confronter les personnels soignants français à ce genre de situation. Chaque voyage est complètement différent, et c’est donc tout un panel de cas qu’il faut savoir gérer.Quelle a été l’histoire qui vous a le plus marquée ?Celle du Canadien Thomas Hartle, qui souffrait d’un cancer en phase terminale. Je lui ai parlé au mois d’avril 2024. Il était incroyablement serein, alors qu’il était branché à tout un tas de machine. Il m’a expliqué que sa thérapie à la psilocybine lui avait changé sa fin de vie. Avant, il était si déprimé qu’il n’arrivait plus à parler à ses enfants parce qu’il savait qu’il allait mourir. Puis une première cure lui a permis de récupérer non pas une vie normale, mais au moins une vie de famille où il a pu profiter de ses proches. Ensuite, il est retombé dans ses angoisses et a demandé une nouvelle cure. Il en voulait une par an. Sauf que les autorités canadiennes mettent des mois à les autoriser. Il leur a donc écrit une lettre pour leur dire que les malades comme lui ne disposent pas de ce temps. Il est mort en août.Vous écrivez aussi qu’il existe une centaine de “thérapeutes” en France qui offrent leurs services de manière illégale. Cela ne pose-t-il pas la question de la sécurité des patients et des potentielles dérives ou de manipulations de personnes fragiles ?Je ne conseille à personne de se lancer là-dedans. D’abord parce que c’est complètement illégal. Ensuite, parce qu’on trouve de tout. Il y a des thérapeutes qui ont été formés dans des pays comme les Pays-Bas, la Suisse, les Etats-Unis, où certaines de ces thérapies sont autorisées. Mais ils ne sont ni médecins ni psychiatres. Il y a aussi des psychothérapeutes et des personnes qui n’ont aucune qualification. Cela va du psychologue au chaman, du sérieux au charlatan. Les substances psychédéliques peuvent aussi être utilisées par des gourous et donner lieu à des dérives mercantiles ou sectaires. C’est d’ailleurs déjà le cas. Car le besoin de soin est tel que le marché parallèle prospère.C’est pourquoi il serait nécessaire d’établir une législation claire, qui donne la possibilité à des professionnels compétents et formés d’utiliser ces substances dans le cadre de psychothérapies augmentées, dans les hôpitaux et en cabinet privé. La Suisse, qui n’est pas un pays de fous furieux, de drogués ou de gauchistes, a une réglementation que je trouve intéressante. Les soignants peuvent demander l’autorisation, patient par patient, pour telle ou telle substance, pendant un an. Cela permet d’éliminer tous les dangers inhérents au monde clandestin. Car les personnes sous substances psychoactives sont dans un état de vulnérabilité absolue. Cela peut être extrêmement dangereux, avec des charlatans non compétents qui soutirent de sommes d’argent ou qui abusent des patients, comme cela est arrivé dans une affaire en Grande-Bretagne.Pourtant, vous avez pris ce risque. Pourquoi ?J’ai lu le livre Voyage aux confins de l’esprit de Michael Pollan, le journaliste de référence aux Etats-Unis, qui parle aussi de ses expériences. J’ai ensuite contacté quelqu’un qui m’a recommandé un psychothérapeute français extrêmement sérieux. Je l’ai fait par intérêt journalistique – parce que lorsque j’ai commencé mon enquête, les personnes que j’ai interrogées m’ont dit que je n’écrirai pas bien sur le sujet sans l’avoir expérimenté -, et aussi parce qu’à ce moment de ma vie, je me suis dit que je ne risquais pas grand-chose à faire ça. J’étais dans une situation compliquée, avec deux deuils familiaux et une séparation. J’avais besoin d’une thérapie et je me suis dit : pourquoi pas celle-là. En plus, j’écrirai mieux. Cela m’a fait beaucoup de bien, parce que je suis tombée sur une personne très compétente. Mais je ne le recommande pas.



Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/lsd-champignons-hallucinogenes-ecstasy-certaines-therapies-psychedeliques-peuvent-soigner-M6CHJDPEFBFEFJUGC4IAZMGEKQ/

Author : Victor Garcia

Publish date : 2025-01-04 15:00:00

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Corée du Sud : ces quatre scénarios sur l’avenir du président déchu Yoon Suk-yeol

Yoon Suk Yeol prend la parole lors d'une cérémonie, le 1er mars 2023 à Séoul




Comment faire pour arrêter Yoon Suk-yeol ? Le président sud-coréen déchu n’a toujours pas été interpellé par la police du pays. Sous le coup d’un mandat d’arrêt pour avoir imposé brièvement une loi martiale en Corée du Sud début décembre, le dirigeant est le premier chef d’État en exercice de l’histoire à être visé par une telle procédure. Il avait aussi envoyé l’armée au sein du Parlement national pour tenter de le museler, un épisode rappelant les heures sombres de la dictature dans la région.Finalement, le président de 64 ans avait été destitué le 14 décembre par les députés. Mais Yoon Suk-yeol n’a pour autant manifesté aucun regret quant à ses actes, promettant même à ses partisans de “se battre jusqu’à la fin”. Alors que le secrétaire d’État américain Antony Blinken est attendu en début de semaine en Corée du Sud, le pays vit au rythme de cette intense crise politique. Toujours officiellement président dans l’attente de la confirmation de sa destitution par la Cour constitutionnelle, Yoon Suk-yeol reste cloîtré chez lui, dans le centre de Séoul. Ce vendredi 3 janvier, les enquêteurs ont une première fois manqué son arrestation… Ce qui ouvre la voie à plusieurs scénarios pour la suite.Une nouvelle tentative d’arrestationLe mandat émis à l’encontre de Yoon Suk-yeol court jusqu’à ce lundi 6 janvier. Les enquêteurs peuvent donc réessayer d’arrêter le président déchu, après l’échec d’une première opération en raison de la présence d’environ 200 soldats et agents de la garde présidentielle devant le logement du dirigeant. Plusieurs altercations “mineures et majeures” ont eu lieu entre ces forces de protection et les services de sécurité venus interpeller ce dernier. La tentative avait finalement été abandonnée à la mi-journée, vendredi.Si Yoon Suk-yeol, visé notamment pour “rébellion”, était arrêté, il pourrait être ensuite maintenu en détention pendant 48 heures. Les enquêteurs auraient ensuite le choix entre demander un autre mandat, dit formel, pour le garder à vue plus longtemps, ou le relâcher. L’actuel document est qualifié d’”illégal” par les avocats du président déchu, qui promettent de le contester en justice. Un nouveau mandat peut par ailleurs être délivré à l’expiration du précédent.Un mandat d’arrêt plus contraignantSeconde option possible, toujours sur le plan judiciaire : essayer d’obtenir un mandat d’arrêt formel plus contraignant au lieu de l’ordre classique. Cela pourrait permettre au Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), qui centralise les investigations, de placer Yoon Suk-yeol en détention pendant plus de 48 heures.D’après les spécialistes, ce scénario n’est pas improbable. La raison avancée ? Yoon Suk-yeol a repoussé trois convocations pour un interrogatoire avant d’être finalement ciblé par le mandat actuel, qu’il rejette aussi. Or un mandat d’arrêt formel est généralement émis quand “un suspect refuse de coopérer à l’enquête”, explique le commentateur politique Park Sang-byung, selon des propos rapportés par l’AFP. Yoon Suk-yeol a par ailleurs “encouragé ses partisans” à le soutenir, ce qui pourrait être perçu par les tribunaux comme une “reconnaissance des accusations criminelles portées contre lui”.Un appui du président par intérimFace à leur obstruction, le CIO et la principale force de l’opposition, le Parti démocrate, ont demandé au président intérimaire Choi Sang-mok d’obliger les gardes du dirigeant déchu à coopérer. “Il est, dans la pratique, impossible d’exécuter le mandat d’arrêt tant que les responsables de la sécurité […] continuent leur protection” de Yoon Suk-yeol, a déploré le CIO dans un communiqué.Cette requête semble difficilement acceptable pour le président par intérim. Choi Sang-mok se trouve déjà dans une situation politique délicate et n’a pas encore réagi à l’échec de la première tentative d’arrestation de Yoon Suk-yeol. Le nouveau chef d’État provisoire est ainsi critiqué par le PPP, le parti de son prédécesseur, pour avoir nommé deux nouveaux juges à la Cour constitutionnelle, qui comptait jusqu’alors trois sièges vacants sur neuf.La majorité des deux tiers au sein de la juridiction est requise pour entériner une destitution. Ainsi, l’arrivée de ces nouveaux magistrats pourrait donc constituer une chance plus importante de voir la destitution de Yoon Suk-yeol bel et bien confirmée. Sans ces nominations, la Cour constitutionnelle aurait donc dû valider cette décision à l’unanimité des juges.L’attente du verdict de la Cour constitutionnelleDernière possibilité : il s’agit simplement d’attendre que la Cour constitutionnelle confirme ou infirme d’ici à la mi-juin la destitution de Yoon Suk-yeol. Seulement suspendu pour le moment, celui-ci est toujours officiellement président titulaire de la Corée du Sud. Selon les experts, les enquêteurs auraient beaucoup moins de mal à l’arrêter si son titre lui était retiré.Le premier jour d’audience est fixé au 14 janvier prochain. Mais le délai jusqu’au verdict pourrait être long et il est possible que les procédures impliquant le président déchu traînent, même si la Cour entend mener un procès rapide, au vu de la gravité du dossier. Pour les avocats de l’intéressé, les juges doivent au contraire absolument utiliser tout le temps qui leur est imparti, les appelant à examiner en détail “les circonstances qui ont conduit à la déclaration de la loi martiale”.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/asie/coree-du-sud-ces-quatre-scenarios-sur-lavenir-du-president-dechu-yoon-suk-yeol-2S6I46KFJZF4NB5ZKVH2ICPG5I/

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Publish date : 2025-01-04 13:51:12

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Grippe aviaire : les Etats-Unis vont allouer plus de 300 millions de dollars pour lutter contre le virus

Le risque d'infection par la grippe aviaire aux Pays-Bas a été estimé comme faible à modéré par le groupe d'experts.




Les Etats-Unis vont dépenser des centaines de millions de dollars pour renforcer la réponse nationale à la grippe aviaire, a annoncé ce vendredi 3 janvier l’administration sortante du président Joe Biden. Les 306 millions de dollars de financement soutiendront les programmes de préparation et de surveillance nationaux, étatiques et locaux, ainsi que la recherche médicale contre le virus H5N1. “Même si le risque pour l’homme est faible, nous nous préparons toujours à tous les scénarios possibles”, a déclaré dans un communiqué le ministre de la Santé, Xavier Becerra. “La préparation est la clef pour garder les Américains en bonne santé et notre pays en sécurité”, a-t-il ajouté.Les Etats-Unis ont détecté 66 cas humains de grippe aviaire depuis le début de l’année 2024, et d’autres pourraient être passés inaperçus, selon les autorités. Aucune propagation de la maladie d’une personne à l’autre n’a été observée, mais le niveau de circulation du virus inquiète les chercheurs : le risque étant qu’il se mélange à celui de la grippe saisonnière, risquant de déclencher une pandémie meurtrière, comme celles de 1918 et 2009.Cette annonce survient au moment où des inquiétudes émergent concernant la manière dont l’administration Trump gérera la menace. Le président élu, dont l’investiture est prévue le 20 janvier prochain, avait déclaré en avril au magazine Time qu’il supprimerait le bureau de la Maison-Blanche chargé de préparer la réponse à la prochaine pandémie, mis en place sous l’administration de Joe Biden – bien qu’il ne soit pas certain qu’il puisse le faire, cet organisme ayant été créé par le Congrès.Critiques contre l’administration BidenSon choix au ministère de la Santé, Robert Kennedy Jr, est notoirement sceptique vis-à-vis des vaccins et a promis de réformer les agences sanitaires. Ce dernier a aussi fait la promotion du lait cru, considéré comme un vecteur de la grippe aviaire.L’administration Biden fait également l’objet de critiques pour sa réponse à la grippe aviaire, jugée insuffisante par certains. Dans un rapport publié en décembre, le Centre d’études stratégiques et internationales, un institut de recherches basé à Washington, avait notamment critiqué la “surveillance incomplète” et la “coordination lente” des autorités.Autre source d’inquiétude : le virus de la grippe aviaire aurait muté dans l’organisme d’un patient américain pour s’adapter aux voies respiratoires humaines, ont annoncé les autorités sanitaires américaines fin décembre. Elles surveillent également de près l’augmentation des cas de grippe aviaire chez les félins, qui pourraient exposer leur propriétaire à un “risque” de contracter la maladie lors de contacts rapprochés.



Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/grippe-aviaire-les-etats-unis-vont-allouer-plus-de-300-millions-de-dollars-pour-lutter-contre-le-UFITHVS5T5F5JARKD25ZJACDFI/

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Publish date : 2025-01-04 13:08:23

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